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 Les vendeurs de lavande | Astriid

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Taj
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Taj
Dim 26 Fév 2023, 22:23

Astriid & Amphytria
Les vendeurs de lavande
Night Club - Therapy (Get High)


Mes mains cachées dans les poches de mon manteau, j'enfonçai nerveusement mes ongles dans mes paumes. Mes pouces se joignaient à mes index pour les maltraiter également. Le même manège se produisait dans ma bouche, où je frottais mes dents les unes contre les autres. Le regard braqué sur le pavé, j'avançais sans but apparent. J'errais, m'engageant parfois dans une rue avant de rebrousser chemin.

Cela faisait à peine deux semaines que j'avais rejoint mon nouveau foyer : une famille tout aussi cul-cul que cette ville. Je ne sais pas qui avait eu l'idée de tout foutre en rose ici, mais l'architecte avait dû fumer un sacré joint. Ici, la lumière me faisait mal aux yeux. Je les plissais en permanence pour éviter de me cramer la rétine. Cela n'avait rien à voir avec la couleur – après tout, pourquoi pas et qui étais-je pour juger – mais c'était plus une histoire de clarté. A Amestris, tout était sombre et terne, si bien que quand il faisait gris – ce qui était tout le temps le cas – alors il faisait gris, et quand il faisait beau, eh ben c'était tout comme s'il faisait gris. Les bâtiments sorciers étaient si austères qu'ils absorbaient au moins la lumière, sinon ton âme pour les plus imposants. Ici, les tons pastel reflétaient tout. J'avais l'impression de m'être perdue dans mes propres cheveux éclairés de trop près par une lanterne.

Je résistai à l'envie de jeter un coup d'œil derrière moi. J'étais nerveuse car je savais que j'étais surveillée. On ne me prenait pas encore pour une Magicienne. Au total, cela faisait presque deux mois que j'avais vu Amestris pour la dernière fois. J'avais passé beaucoup de temps à l'ambassade, afin d'effectuer toutes ces procédures administratives. Il y avait eu plusieurs étapes et quelques malentendus. Lorsque je m'étais jetée aux pieds du type et l'avais supplié de me sortir de là, il m'avait forcée à me lever et m'avait enfermée dans son bureau. Je lui avais expliqué ma situation. Il avait manqué de me rapatrier chez moi en me sommant qu'une dispute mère-fille n'était pas un prétexte pour changer de pays, mais j'avais réussi à négocier une nuit à l'abri. Cela m'avait donné quelques heures supplémentaires pour établir mon argumentaire et les jours qui avaient suivi s’étaient résumés par des déclarations sur mon affiliation, mes compétences magiques et des témoignages de mes professeurs, que j'avais accepté de faire convoquer. Ensuite, lorsqu'on avait conclu que je n'étais pas assez Sorcière pour ce monde, soit près d'une semaine plus tard, j'avais été transférée à Caelum. Là-bas, j'avais ensuite longtemps erré à l'ambassade Sorcière, jusqu'à ce que l'on me trouvât une famille d'accueil. Ce lapse de temps avait été interminable. Mes sorties avaient été fortement restreintes, pour ne pas dire interdites, j'étais fauchée et surtout, tout ce personnel administratif avait eu affaire à une ado en manque. Je n'avais pas été jusqu'au stade de la violence, car je n'étais pas une aussi grande consommatrice, mais j'avais été particulièrement nerveuse et irritable. Au bout d'un moment, j'avais commencé à sentir les effets du sevrage, mais cela s'était fait au prix d'angoisses et d'insomnies légendaires.

Mon arrivée chez Fred et Margot avait été une véritable aubaine : j'avais acquis une liberté suffisante pour aller prospecter les coins sombres que réservait Cael, à la recherche de ses meilleurs contrebandiers. Parfois cependant, je m’attardais sur les vitrines dans grandes rues. Malgré mes penchants pour l'illicite, je tenais à offrir un cadeau à mes tuteurs pour les remercier de leur accueil. C’était ma nouvelle psychologue qui me l'avait conseillé et je pensais qu'elle n'avait pas tort.

Quoi qu’il en fût, j'en étais là, à retomber dans la drogue alors que le bout du tunnel était juste devant moi et à portée de vue. Même si j'étais sobre, je pensais qu'en reprendre une fois juste pour le plaisir et la détente ne me ferait pas de mal.

Alors que je passais devant une rue commerçante, je m'arrêtai et levai le nez devant l'enseigne élégante d'un chocolatier artisan. Je m'approchai des fenêtres pour observer les fameux produits, présentés comme de véritables pièces d'exposition. Je rentrai.

-Bonjour.

Derrière le large présentoir vitré se tenait une jeune femme rousse, à peine plus vieille que moi. Je la détaillai sans rien dire avant d'investir mon attention sur l'objet de ma venue.

-Hm...

Il y avait trop de choix. Trop de goûts et trop de formes. Je ne comprenais rien aux assortiments, mais je n'avais pas l'intention de tergiverser sur le sujet. Après tout, c'était l'intention qui comptait et tout le monde savait que les chocolats fourrés avaient huit chances sur dix d’être dégueulasses.

-J'vais vous prendre ça. Je pointai un petit coffret que je trouvais joli, avec des chocolats brun clair et d'autres très foncés avec un petit chapeau rose sur le dessus. Mon avis était certainement biaisé par les couleurs de l'extérieur. C'est pour offrir, je sais pas si c'est possible d'emballer ?

En même temps, je fouillai mes poches et déposai le montant nécessaire sur le comptoir. C'était l'argent que Fred et Margot me donnaient toutes les semaines. Alors que je relevai les yeux vers elle, je remarquai les oreilles en pointes de la vendeuse. Je plissai les yeux. Si je n'étais pas une Mage Noire, j'avais tout de même hérité de leur éducation. Mon ressenti envers ces brouteurs d'herbe n'était pas de ce qu'on pouvait qualifier de positif. Le pire était que je savais que j'étais dans le faux. Je ne pouvais juste pas m'en empêcher. Je récupérai le coffret et la remerciai.

-Au fait... J'inspirai. J'étais nerveuse, mais rien ne coûtait d'essayer. Je suis nouvelle dans le coin, je ne connais pas la ville. Est-ce que t-... enfin… vous sauriez où je pourrais trouver des vendeurs de lavande ?

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Astriid
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Astriid
Lun 06 Mar 2023, 16:10

Les vendeurs de lavande | Astriid Fznv
Les vendeurs de lavande




Voûté sur le façonnage d'un nouveau moule pour les confiseries, Laurier sourit en entendant Astriid pousser la chansonnette. Il était encore tôt dans l'après-midi, c'était le moment le plus calme de la journée, la plupart des clients étant trop occupés à digérer leur repas pour avoir l'envie de faire des emplettes. Sa disciple en profitait pour réarranger la décoration à son goût et, par dessus la petite porte à battant en bois, il apercevait parfois le sommet de son chignon qui était un écosystème à lui tout seul. Quand elle l'avait assisté le matin sur le glaçage d'une sculpture en chocolat, sa magie avait échappé à son contrôle et des pâquerettes avaient poussé dans ses cheveux. Cela l'avait fait glousser et elle avait décidé de les y laisser pour la journée, ce qui convenait parfaitement aux quelques abeilles qui avaient adopté la rousse.

La clochette sur la porte l'alerta de l'entrée d'un nouveau client et Astriid jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. Dressée sur la pointe des pieds, elle essayait de lisser l'autocollant en forme de tournesol qui s'était froissé quand elle l'avait collé sur la vitre. « Bonjour et bienvenue aux Bonheurs de Laurier ! » Scanda-t-elle joyeusement. « Oh ! » Elle n'avait pu retenir l'exclamation de surprise de partir. À Caelum, elle voyait fréquemment diverses couleurs de cheveux, les Magiciens était un peuple coloré, et il valait mieux aimer les couleurs pour vivre à Cité pastel.

L'Elfe pivota pour lui faire complètement face et retroussa ses manches. « Je peux vous aider ? Vous conseiller ? En ce moment, nous faisons goûter des pistaches enrobées de caramel, vous en voulez ? » Récita-t-elle très vite sans cligner des yeux, prête à se pâmer si la nouvelle venue accepterait de goûter les nouveaux bonbons. Elle suivit du regard ce que la colorée lui désignait. « Oui, bien sûr ! Très bon choix ! Les bleus sont mes préférés ! Ils sont à la myrtille. D'ailleurs, je n'ai jamais compris pourquoi ils étaient bleus comme ça, une myrtille c'est plus violet non, comme les prunes ? » Bavarda l'Ygdraë en ficelant la boîte d'un pimpant ruban jaune poussin, s'appliquant à faire un joli nœud comme Laurier lui avait appris. « Voilààà ! Ça vous plaît ? Vous voulez que je rajoute du parfum sur la boîte ? » S'enquit-elle le plus sérieusement du monde. Elle avait découvert l'attrait des Mages pour les effluves. Astriid n'aimait que les florales, les autres sentaient un peu trop la cocotte mais elle se gardait bien de le dire pour ne pas froisser ces dames - et même parfois ces messieurs.

« Oui ? » Les paumes appuyées sur le comptoir, Astriid se pencha, toute ouïe. Cette fille lui plaisait, et ses cheveux fantasques y jouait pour beaucoup. « Bien sûr ! » Les fleuristes, ce n'était pas ce qui manquait ici, au plus grand plaisir d'Astriid dont l'appartement était devenue une jungle en à peine quelques mois. « Voyons voir, attendez, je vais vous y accompagner, ce n'est pas très loin. Je demande à mon patron, attendez une seconde ! »

Quelques instants plus tard, Astriid glissait familièrement son bras sous celui de la cliente et l'entraînait dans le dédales des ruelles proprettes de la ville. « Bienvenue à Caelum d'ailleurs ! Vous avez de la famille ici ? C'est pour vos études ? Un travail ? Oh pardon, je suis trop indiscrète ! En tout cas, j'espère que vous plaisez ici ! Je suis ici moi-même depuis quelques mois et j'a-do-re. Tout le monde est adorable, c'est un véritable plaisir. Je crois que je tombe amoureuse des Magiciens un peu plus chaque jour ! Ah voilà, c'est au bout de cette ruelle, vous voyez ce n'est plus très loin. Au fait, on peut se tutoyer ? Je m'appelle Astriid, enchantée ! » Leurs pas s'arrêtèrent face à la devanture surchargée de fleurs. L'Ygdraë se mit à rire. « Il y en a de toutes les couleurs, c'est comme tes cheveux ! Ils sont magnifiques d'ailleurs ! C'est toi qui leur a fait un sort ? C'est vraiment réussi, je veux bien le nom de ton coiffeur ! Tu voulais quoi déjà ? De la lavande ? Il doit y avoir ça ici. » Elle se mit aussitôt à fureter dans les rangs de plantes, reniflant amoureusement au passage les fragrances lourdes s'échappant des corolles ouvertes.

Message I | 739 mots



Les vendeurs de lavande | Astriid Aoyv
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Taj
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Taj
Mar 07 Mar 2023, 21:50

Astriid & Amphytria
Les vendeurs de lavande
Alissic - Everybody's Dead Inside


-Non merci pour le parfum, ça suffira.

Je n’aimais pas les parfums. Ça me rappelait ma mère, les amies de ma mère, les collègues de mon père, et toutes ces personnes pompeuses et austères qui avaient rythmé ma vie à coups de regards sévères et de paroles acerbes. Je n’avais connu que des parfums aussi étouffants que leurs porteurs oppressants, et leurs tenues de circonstances qui engonçaient le corps jusqu’au cou. Cela m’évoquait des brumes noires, à l’image de l’encre épaisse d’une pieuvre se dispersant dans l’eau. Une sorte de pétrole qui prenait à la gorge. Par ailleurs, j’avais toujours cru que les myrtilles étaient noires.

-Ah euh, d’accord, merci. C’est cool de votre part.

Je n’en avais pas demandé autant ; une direction et quelques indications sur les rues auraient amplement suffi. Toutefois, l’enthousiasme de l’Elfe était particulièrement déroutant et je n’avais pas envie de l’arrêter en si bon chemin. J’étais naïvement optimiste et aimait à croire qu’elle connaissait les bons plans de la ville. Nous sortîmes de la boutique.

-Merci.

Je passai une main dans mes cheveux multicolores, peu à l’aise, puis replongeai celle-ci dans la poche de ma veste. J’écoutai la rousse qui me bombardait de questions.

-Euh…

Je n’arrivais pas à en placer une, pour la simple et bonne raison que je ne parvenais pas à assimiler ses paroles, puis à former des phrases dans ma tête dans le temps imparti. Ce n’était pas que je ne voulais pas répondre, mais mon sujet était délicat et requérait une certaine patience dans son énonciation.

-D’accord.

Je n’avais jamais apprécié le vouvoiement de toute façon. Encore une norme qui me foutait rendait ridicule, cette distance glaciale et autoritaire qui m’avait trop souvent rappelé que je n’étais qu’une moins que rien. Pourtant, c’était parfois difficile de m’en détacher avec certaines personnes. Je vouvoyais Fred et Margot malgré tous leurs efforts pour m’inciter à passer au “tu”.

-Enchantée. Je m’appelle Amphytria, mais c’est un peu lourd comme prénom, alors Amphy, voire Fifi, ça fait aussi l’affaire.

On m’avait rarement appelée Fifi par le passé. Seulement un bébé cousin éloigné, quand celui-ci apprenait encore à parler. J’avais bien aimé ce surnom. C’était resté sur les lèvres quelques semaines avant de disparaître, aussi rapidement que c’était venu. Ça me manquait un peu, je devais l’avouer.

-Merci. Répétai-je en repassant une main dans mes cheveux. Nan, c’est ma magie qui fait ça. Mais je suis pas très douée, je contrôle pas la couleur. Je haussai les épaules. Tant mieux si ça te plait.

J’étais habituée aux remarques sur mes prouesses capillaires, mais les compliments étaient suffisamment rares pour que je ne susse plus où me mettre lorsque j’en recevais un. Ce même sujet avait hérissé les poils de ma mère, exaspéré mon père, et m’avait valu du harcèlement scolaire à n’en plus finir.

Je tournai le regard vers l’enseigne où Astriid m’avait emmenée. J’étais de marbre face à l’accablant constat qu’elle n’avait pas compris ma demande. Les lèvres pincées, je n’osai rien rétorquer dans un premier temps et la laissait fouiner dans les bouquets. Pouvais-je seulement lui dire ? Ou devais-je faire mine de rien et acheter ses foutues fleurs pour accompagner les chocolats ? Je crois que j’eus un peu pitié de la laisser s’affairer pour rien.

-Euh… Excuse-moi. Arrête s’il-te-plait. Enfin, merci pour tout ce que tu fais hein, c’est super gentil de ta part. Mais je crois qu’il y a mésentente.

Je reculai d’un pas, comme si je m’attendais à recevoir une baigne. Je fis une moue embêtée et me frottai le front. Je baissai la voix et me penchai légèrement en avant.

-Je parlais pas de cette lavande-là.

Je la scrutai pour savoir si elle avait compris, mais après quelques secondes, je me résignai à mimer la cigarette. Moi qui avais cru qu’une Elfe de sa trempe – à savoir, aussi détendue – aurait forcément su quelque chose à ce propos… Je me redressai. Mes joues rosirent. J’avais envie de disparaitre.

-J’aurais pas dû t’embêter avec ça. Mais si tu connais un coin, je suis preneuse. Un silence. Mais le dis à personne s’te-plait.

J’hallucinais. Je me mettais à faire confiance à une inconnue. Je joignis mes mains devant moi et me mis à les torturer nerveusement. Je ne voulais pas que Fred et Margot l’apprissent. C’était eux qui me donnaient l’argent, et s’ils venaient à savoir... Je ne voulais pas les décevoir.

-C’est juste que ça fait un moment que je cherche, mais je connais pas les contacts par ici. C’était plus facile avant, j’habitais à Amestris. Tu peux trouver des vendeurs dans toutes les ruelles sombres de la ville ou dans les magasins de potions. Mais… c’est différent ici, c’est… Je regardai les alentours. Bizarre.

Verbaliser tout ça, extérioriser le terme "bizarre" que je ruminais depuis des jours, me donnait envie de fondre en larmes. Je ne savais pas ce qui me prenait. Était-ce à cause du manque que je n’avais pas tout à fait sevré, ou simplement à cause de la fatigue ? Je tournai la tête et battis des paupières. Il n'était pas question que je me décomposasse comme ça, pas devant quelqu’un : c’était le pire acte de faiblesse dont j’étais capable. Je me frottai le bord d’un œil, faisant mine de chasser une crasse, alors que la réalité était bien plus humide.

-Ca fait rien.

Je reniflai et pivotai vers la rousse. Je fouillai dans ma poche et attrapai quelques pièces.

-Je t’ai fait perdre ton temps. Tiens, pour compenser.

A Amestris, les erreurs ne s’excusaient pas ; c’était le meilleur moyen de montrer sa défaillance. Alors on les payait.

935 mots


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Astriid
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Astriid
Lun 20 Mar 2023, 08:34

Les vendeurs de lavande | Astriid Fznv
Les vendeurs de lavande




Surprise, Astriid leva le nez et rabattit en arrière une boucle échappée de son chignon, manquant accidentellement d'assommer l'une des abeilles. « Ah bon ? » La lavande était de la lavande, non ? Ou s'agissait-il d'autre chose portant le même nom que la fleur ? Sa perplexité s'accrut davantage et elle se gratta machinalement la tempe. « Oh. Non, c'est moi qui m'excuse si j'ai mal compris. C'est une variété rare de lavande ? Tu sais, je suis une Ygdraë, je ne m'y connais peut-être pas autant que des Faes mais j'en connais assez pour pouvoir t'aider je pense. Si tu me la décris, on peut continuer à chercher ! » Fifi porta alors deux doigts à sa bouche dans un mouvement répétitif et Astriid fronça les sourcils, concentrée pour tâcher de comprendre le rébus proposé. La compréhension finit enfin par s'étaler sur ses traits. Elle cacha un début de gloussement derrière sa main. « Ça se fume la lavande ? Je ne savais pas ! Ou... » Ou elle ne parlait absolument pas de lavande. C'était un nom de code pour une autre substance. Intriguée, la rousse adopta un ton plus bas en notant que le fleuriste avait passé la tête par le chambranle de la porte pour les observer. « Non, je ne dirais rien, tu n'as pas à t'en faire. » Elle ne voyait pas bien pourquoi il fallait en faire des cachotteries. Elle ne voyait pas le mal à user de plantes pour se détendre, même si elle en avait rarement fait usage, n'étant que très rarement sous le joug du stress. Ce n'était pas tout à fait vrai récemment mais elle n'avait pas eu le réflexe de songer à cette alternative pour souffler quelques heures.

« Amestris ? » Releva l'Elfe, la mention de la Dévoreuse l'arrachant à ses réflexions. Elle ouvrit des yeux grands comme des soucoupes. « Tu ... Tu es une Sorcière ? » Chuchota-t-elle en l'étudiant d'un oeil nouveau. « Tu n'en as pas du tout l'air. » Elle était un peu choquée et elle pâlit. Un nuage grisâtre se referma sur son coeur. Était-elle destinée à ne cesser de croiser des représentants des races problématiques, même en se terrant à Caelum ? N'y avait-il qu'à Melohorë qu'elle serait tranquille ? Le soulagement déferla quand Amphytria la démentit, à tel point qu'elle se serait bien accrochée à son cou si la fille n'avait pas paru aussi troublée.


« Non, attends. » Protesta Astriid en reculant pour éviter les pièces comme s'il s'agissait d'une arme pointée sur elle. « Il y a malentendu, je crois. Tu n'as pas à me donner d'argent et ça ne me gêne pas de t'aider. » Elle inspira. « J'avoue que je ne sais pas où trouver ce que tu cherches. Mais si tu veux, je me renseigne et après la fermeture de ma boutique, tu me rejoins et on y va ? Tu verras que Caelum n'est pas si bizarre, enfin certes, les Magiciens ont une étiquette particulière mais c'est plus amusant qu'autre chose, ils ne sont pas méchants. Et puis, j'en profiterai pour te faire faire un tour de la ville en même temps ? Il n'y a rien de mieux que se faire des amis pour apprécier un déménagement, j'étais amie avec tout mon voisinage jusqu'à un malheureux incident, enfin bref. En plus, c'est mieux qu'Amestris, non ? J'ai toujours entendu dire que cette ville était sinistre comme tout. Je ne comprends pas bien pourquoi d'ailleurs. D'accord, les Sorciers sont eux-mêmes aussi lugubres que s'ils vivaient leur dernier souffle, mais est-ce que c'est une raison pour n'avoir aucun goût décoratif ? Peut-être que l'architecte qui l'a conçu était juste incompétent... Peut-être qu'en reconstruisant, ils vont l'améliorer ! Avec quelques parcs fleuris et des jolies briques colorées, ce serait nettement plus agréable ! Et des points d'eau, des jolies sculptures... » Songea-t-elle à voix haute. « Mais je m'égare ! Je n'y suis jamais allée personnellement, ça ne donne pas trop envie. Il y a quelqu'un que j'aimerai bien rencontrer mais je préfère ne pas la rejoindre là-bas, on ne sait jamais, je ne veux pas devenir une esclave. » Elle gloussa comme si l'idée avait quelque chose de drôle. Elle le serait sans doute moins si Eméliana se décidait à dépasser le stade des menaces à son encontre. « Au fait, qu'est-ce que tu faisais là-bas si tu n'es pas une Sorcière ? »

Message II | 776 mots



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Taj
Lun 17 Avr 2023, 21:45

Astriid & Amphytria
Les vendeurs de lavande
DeathbyRomy - Problems


J’haussai les épaules et regardai ailleurs. J’enfonçai mes mains dans les poches de ma veste. Tout en moi transpirait le malaise. Ce n’était pas la faute de la chocolatière ; c’était entièrement la mienne. Peut-être n’aurais-je pas dû mentionner Amestris. Le nom était sorti de ma bouche pour me justifier de je-ne-savais-quoi moi-même, alors que nul n’avait attendu ça de ma part. Je craignais d’avoir effrayé mon interlocutrice. Je me sentais nulle et stupide.

-Non, je ne suis pas une Sorcière. Enfin… Je crois pas.

J’étais à peu près certaine de ne pas en être une, mais parfois le doute revenait m’assaillir. Si je n’en avais pas les traits, ma personnalité avait été façonnée là-bas et cela se voyait parfois. Lorsque j’étais arrivée à Caelum, les personnes ayant ma charge m’avaient considérée avec trouble et curiosité. J’avais eu peur d’elles, pour la simple et bonne raison qu’elles avaient jusqu’ici été mes ennemies. J’avais passé une petite batterie de tests. Nous avions effectivement admis que je n’avais pas grand-chose d’une Mage Noire, mais j’avais ressenti chez eux davantage de réserves à affirmer complètement mon affiliation bleue. Nous avions communément et silencieusement choisi de rester sur le fait que mes pouvoirs de Magicienne n’étaient pas très développés car ma magie ne l’était pas non-plus, et que cela viendrait avec le temps.

Je me frottai le front avec le plat de ma main et celle-ci finit par terminer dans mes cheveux. Ma mère détestait que je fisse ça, car ça rendait les cheveux gras, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Et puis, je l’emmerdais, ma mère.

-Je ne sais pas…

Je n’avais pas envie de l’impliquer dans mes histoires et mes problèmes. Astriid avait l’air d’être une personne particulièrement gentille. Je ne voulais pas lui faire perdre plus de temps que nécessaire. Je m’efforçai de calmer le cours de mes pensées et me concentrant sur le flux incessant des paroles de la rousse. Cela m’aida à repousser l’idée de pleurer. Pour une raison qui m’échappait, cette fille avait une aura douce et joviale qui avait tendance à me réconforter. Son énergie me dépassait, mais il me semblât que je l’appréciais. Je n’en étais pas certaine pour autant.

-J’ai grandi à Amestris. Confessai-je dès lors qu’elle termina de parler. Mais je me suis enfuie y’a quelques semaines. J’étais… Je laissai un silence planer. J’hésitais à le dire car j’ignorais comment Astriid le recevrait. Je me défilai finalement. J’avais des problèmes avec ma famille. C’était pas fait pour moi, de toute évidence.

J’initiai le mouvement de demi-tour, en direction de la chocolaterie. A moins qu’elle ne me posât davantage de questions, je ne souhaitais pas en parler plus que ça. Malgré les apparences, je n’aimais pas être au centre de l’attention. Même si j’aimais ma physionomie, car je considérais qu’elle me correspondait le mieux, elle avait été ma pire malédiction et m’avait inculquée la peur des autres.

-Je chercherai ce dont j’ai besoin toute seule. Je ne voudrais pas que tu aies des ennuis. J’avais été vraiment idiote de lui demander son aide. C’est… Comment dire ? C’est un milieu un peu bizarre, parfois.

Ceux qui développaient des addictions étaient bizarres de manière générale. Au départ, me procurer des substances seules, sans l’intermédiaire d’un camarade, m’avait mise profondément mal à l’aise. S’engager dans les petites rues de la ville, entrer dans ces boutiques de potions lugubres où les marchands étaient parfois complètement atteints par leurs propres substances, c’était des choses que le cerveau devait apprivoiser. Il y avait probablement des meilleures manières de se fournir, des commerçants sobres qui laissaient aux Démons leur appellation d’origine protégée, ou qui testait leurs concoctions sur des subordonnées, mais mes moyens financiers ne m’avaient jamais permis de me fournir dans des conditions aussi luxueuses. J’imaginais un système à deux étages relativement similaires chez les Magiciens, à l’exception près qu’ils devaient être moins effrayants aux premiers abords. Cela ne rendait toutefois pas ces lieux plus fréquentables. Les problématiques étaient les mêmes.

-Mais je ne suis pas contre une visite de la ville, je crois. Complétai-je avec une petite voix. Enfin, si tu veux bien.

Je ne connaissais personne ici, hormis elle et le couple qui m’hébergeait. Je ressentais le besoin de m’accrocher à ces présences rassurantes, et ce bien malgré moi. J’aurais préféré avoir l’assurance d’agir seule et ne pas être remarquée par les autres. J’avais peur de les déranger.

-Tu vis ici depuis longtemps ?

Je me demandais ce qui avait pu amener une Ygdraë à s’installer ici. Mon crâne avait été bourré de préjugés dégradants toute ma vie. Si j’avais développé un esprit rebelle à l’adolescence, je n’avais pas échappé au formatage réservé aux enfants d’Ethelba.

779 mots


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Astriid
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Astriid
Ven 02 Juin 2023, 19:54

Les vendeurs de lavande | Astriid Fznv
Les vendeurs de lavande




Astriid hocha du chef avec toute la compréhension du monde. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis son installation à Caelum, mais quelques jours avaient suffi pour constater l'attrait des Magiciens pour les potins. Ces derniers portaient sur des sujets divers, dont l'un était justement la possibilité pour les Mages de voir leur âme tendre vers le côté opposé de celui de leur naissance. Des histoires de Magiciens ayant tourné Sorciers et inversement, Astriid en avait entendu des dizaines, rapportées dans son oreille à la chocolaterie, tantôt avec excitation, tantôt avec tristesse. Aussi, le discours d'Amphytria fit sens dans son esprit. Manifestement perdue et en quête de repères, la mage aux couleurs si vives avait justement trouvé une bonne âme qui l'aiderait à trouver sa place. Emue par son histoire, elle récupéra une de ses mains entre les siennes comme pour lui communiquer sa chaleur solaire. « Ce serait avec plaisir ! Je vis ici depuis quelques temps maintenant alors je connais bien pas mal de coins, suffisamment pour t'éviter les écueils touristiques en tout cas. Retrouve-moi à la chocolaterie demain, et on passera la soirée ensemble ! » Une journée suffirait de son côté pour se renseigner sur les fameux vendeurs de lavande disséminés dans la ville.




La clochette de la porte chanta dans l'air lourd de fin de journée quand Astriid referma avec soin la boutique. Elle glissa la clé dans son sac en bandoulière, retira le crayon qui retenait ses cheveux en l'air et s'étira avec un petit gémissement heureux. La fatigue physique ne parvenait pas à atténuer le bien-être ressenti après avoir passé une journée réjouissante. Les Magiciens se révélaient plus charmants de jour en jour, ils lui donnaient l'impression d'évoluer dans un rêve tissé de boules de coton, ou de chamallows pastels. Elle frappa deux fois ses joues pour leur redonner des couleurs, et fit un signe à la silhouette qui l'attendait de l'autre côté de la rue. « Coucou Fifi ! Tu as passé une bonne journée ? La mienne était excellente ! Laurier m'a appris à faire des petits animaux en chocolat qui s'animent ! Le problème, c'est que je n'avais plus envie de les manger après, c'est idiot car ils ne sont pas vraiment vivants, mais on aurait dit ! Finalement, Laurier a conclu qu'il valait mieux ne pas continuer sur cette idée, qu'il était trop cruel de leur donner un semblant de vie pour les manger ensuite. C'est vraiment un homme délicieux ! Il est vraiment patient avec moi et m'apprend beaucoup de choses ! Hier, il m'a autorisée à faire les dessins sur le gâteau d'anniversaire d'un grand-père, quel honneur ! Oh et j'ai rencontré un petit garçon qui voulait offrir des chocolats à la fille dont il était amoureux, j'ai fondu ! » L'Ygdraë continua ainsi sans s'essouffler sur plusieurs ruelles, les guidant d'un pas assuré vers un de ses lieux préférés.

« Et toi alors, tu as fait quoi aujourd'hui ? Est-ce que tu aimes le thé ? Avec cette chaleur, ils font du thé glacé, c'est vraiment rafraîchissant, et je meurs de soif ! » Elles débouchèrent sur une petite place circulaire aux pavés blancs. Au centre, des chevaux ailés étaient figés dans la pierre d'une fontaine. Une serveuse les guida jusqu'à une table en fer forgé et une fois leur commande prise, Astriid se pencha vers son amie et lui signifia de faire de même. Près de son oreille, elle chuchota. « Bon, je me suis renseignée. Vois-tu, je ne suis pas la seule Ygdraë ici. Nous sommes un peu partout entre ceux qui voyagent, ceux en mission et les Erëla comme moi plus tard qui s'assurent que les saisons se déroulent comme il faut. En tout cas, j'ai trouvé quelqu'un qui a avec lui de la lavande séchée, de chez moi ! » Elle poussa un petit cri ravi et frappa dans ses mains. « On va aller le voir après, parce qu'il travaille encore là. Il est menuisier, c'est bien, non ? J'ai vu une de ses maisons, il fait "chanter" le bois, c'est à dire qu'il arrive à sculpter dedans par la magie pour faire ce qu'il veut, c'est incroyable ! Enfin, non, je vois souvent ça à Melohorë, mais c'est fantastique de retrouver ça ici ! Je me demande s'il y a des Erëla à Amestris, parce que j'ai l'impression que cette cité n'a pas souvent vu le printemps. Enfin, pas que je veuille insulter là d'où tu viens ! Mais je n'ai pas tout à fait tort, tu admettras. » Elle prit une pause le temps de siroter la boisson qui leur avait été apportée quelque part entre la quinzième et seizième minute de son monologue. « J'espère que tu vas te plaire ici. Moi j'adore ! J'avais vraiment besoin d'une pause dans un endroit comme ça pour me ressourcer. Et je ne voulais pas rentrer chez moi sinon on m'aurait posé des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. Et puis je suis une adulte non ? Je ne vais pas rentrer chez mes parents au premier tracas. » Dit-elle en étalant par accident du jus de fraise sur sa joue en jouant à attraper sa double paille d'un coup avec ses lèvres. « Tu as un tuteur ici ? J'ai entendu qu'on assigne des personnes pour accompagner les premiers mois de quelqu'un comme toi, pour l'aider à s'y retrouver. Comment tu as découvert que tu n'étais pas une Sorcière, si ce n'est pas indiscret ? Ou tu l'as toujours su ? Oh je n'espère pas pour toi sinon ça n'a pas dû être très drôle pour toi. Je crois qu'il n'y a pas moins drôle qu'un Sorcier. Ah pardon, je ne veux pas insulter ta famille. Décidément, quelle maladroite ! » Elle se donna une petite tape sur la main et gloussa.

Message III | 1010 mots



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Taj
Jeu 15 Juin 2023, 21:52

Astriid & Amphytria
Les vendeurs de lavande
MOTHICA - NOCTURNAL


J'attendais devant la boutique depuis une bonne vingtaine de minutes. J'avais préféré m'y prendre à l'avance, incertaine de l'horaire auquel Astriid terminait son service. J'avais horreur d'être en retard. Cela faisait partie de mes nombreuses hantises, l'un des moteurs de mes plus grandes angoisses. Ainsi, je préférais souvent arriver trop en avance, au risque de perdre mon temps, plutôt que de faire attendre qui que ce fut. Néanmoins, je me sentais aussi mal à l'idée qu'on me vit attendre comme une idiote devant la boutique. J'avais donc entrepris de faire des tours de pâtés de maisons, revenant régulièrement près de notre point de rendez-vous afin de vérifier qu'Astriid n'était pas encore sortie. Par chance, j'en étais à ma troisième halte quand elle ferma la porte de la chocolaterie. Je m'approchai lorsqu'elle m'en fit signe et affichai un sourire timide. Je haussai légèrement les sourcils en entendant mon surnom si vite adopté.

-Salut.

J'eus à peine le temps de confirmer que j'allais bien que je me retrouvai, comme la veille, aspirée dans une tornade verbale. J'étais assez perplexe quant au contenu de la journée de l'Ygdraë et décidai de ne pas faire de commentaire. Je me contentais de la suivre alors qu'elle m'emmenait dans les rues de Cael. Elle me semblait parler comme si elle était encore une enfant, alors que je pensais que nous tournions autour du même âge. J'acceptai son invitation pour un thé glacé. Tandis que nous allions chercher notre dû, j'en profitais pour réfléchir à sa précédente question.

Savoir ce qu'on avait fait le jour même pouvait paraître un exercice d'une facilité déconcertante pour la majorité des gens ; ce n'était pas le cas pour moi. Les drogues étaient une affliction sévère pour la mémoire. Je ne comptais plus le nombre de jours que j'avais passé à planer dans ma chambre, à Amestris. J'avais plusieurs fois perdu la notion du temps, ou était tombée dans des trous noirs dont je ne sortais encore rien aujourd'hui. J'y avais laissé une multitude de souvenirs. Des mauvais pour la plupart, mais aussi des bons, dont je n'avais même pas conscience de l'existence. J'avais supprimé une partie de ma vie et j’avais longtemps appelé ça mon quotidien.

-Pas grand-chose. Je n'avais finalement pas envie d'y réfléchir. De toute manière, c'était plutôt vrai. Mais mes tuteurs ont adoré tes chocolats.

J'ignorais si c'était elle qui les avait faits, et si je pouvais donc parler de siens à proprement parler. Si ma mère avait été là, elle m'aurait reprise. Heureusement, j'avais tendance à la considérer comme morte à l'heure actuelle.

-Oh, d'accord. Fis-je, inexpressive.

J'ignorais de quelle lavande nous parlions et me permettais d'émettre des doutes quant aux paroles de l'Elfe. Si toutefois nous parlions de la même plante, j'étais très reconnaissante de sa dévotion. Elle n'aurait pas dû. J'étais parvenue à me calmer depuis la veille. En rentrant chez Fred et Margot, j'avais tourné ma frustration vers la nourriture. J'avais fait semblant de ne pas prêter attention aux drôles de regards de mon tuteurs et étais partie me coucher juste après le dîner.

-J'espère pour eux qu'il n'y en a pas.

Amestris n'avait aucun intérêt. Ni pour les étrangers, ni pour les Sorciers eux-mêmes. C'était une ville pourrie. Tout ce qu'elle avait pour elle, c'était de faire peur. Je perdis mon regard dans ma boisson. Je n'avais jamais goûté de thé glacé auparavant. Lors de la commande, je m'étais contentée de prendre la même chose qu'Astriid. Je voulais découvrir ce qu'une fille aussi joviale consommait au quotidien.

-Hm hm.

Je ne me reconnaissais pas dans le schéma familial que l’Elfe me dressait, et pourtant, je comprenais son besoin de fuir. Paradoxalement, ses parents avaient l'air aussi étouffants que les miens avaient été oppressants. Je me sentais bizarre.

-Je suis hébergée chez un couple, Fred et Margot. Ils sont gentils, mais ça ne fait pas très longtemps que je suis chez eux, alors je ne me sens pas très à l'aise.

Tout à coup, le contenu de ma journée d'aujourd'hui me revint. Je l'avais passée dans ma chambre à feuilleter les manuels que l'on m'avait fourni pour m’informer sur la vie en peuple magicien. Je n'avais pas été très studieuse. J'avais aussi aidé le couple à préparer le repas du midi. Je leur avais parlé d'Astriid et leur avais expliqué que je devais la revoir le jour même. Ils avaient été enthousiastes et m'avaient félicité. Obtenir leur approbation m'avait fait du bien.

Pour répondre à la deuxième question d'Astriid, je me contentais d'empoigner l'une de mes mèches de cheveux et de la lui montrer. Mon fardeau.

-J'ai toujours été nulle en magie mais un jour, je me suis réveillée avec ça. C'est jamais parti.

J'avais la même chose aux yeux, mais c'était moins frappant. Quoi qu'il en fût, c'était depuis ce jour que j'avais réellement commencé à détester ma vie sorcière.

-C'est rien.

Elle pouvait insulter ma famille autant qu'elle le souhaitait, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Je ne m'étais jamais reconnue en eux et ne m'identifiait pas plus au venin que l'on pouvait répandre sur eux.

-Je me suis réfugiée chez les Magiciens parce que ma mère essayait de me tuer. Je n'en avais pas des preuves concrètes et tangibles, mais j'en étais certaine au fond de mes tripes. Je l'avais rendue folle. On a eu une violente dispute, et puis... Voilà.

Je me frottai la nuque. J'avais de nouveau envie de drogue. A la place, je bus. Je fus surprise par l'intensité du sucré. Le thé, je l'avais toujours connu chaud et amer. Moins bon.

-J'veux pas plomber l'ambiance. Moi, ça me gêne pas vraiment d'en parler. Maintenant que je suis sortie de tout ça, je suppose que ça va. Le plus difficile, c'est de m'habituer à mon nouveau mode de vie. Je suis bien entourée, mais… Ce n’est pas ce à quoi on m’a accoutumée… Ça doit te paraître bizarre.

Le temps et l'éducation nous apprenait à tout supporter, même le pire. De là où j'étais à présent, je ne comprenais plus comment j'avais pu endurer tout ça sans mettre fin à mes jours.

-Qu'est-ce qui te plaît dans cette ville ? J'avoue avoir du mal à m'habituer à sa... lumière. Je ne sais pas. Amestris est sombre et terne. C'est presque si la pierre ne m'éblouit pas, par ici.

J'essayais de m'expliquer en plaisantant, mais c'était difficile. Peut-être que si elle me racontait, je trouverai plus facilement les choses auxquelles me raccrocher.

-Tu as beaucoup voyagé avant d'arriver ici ?

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Astriid
Dim 23 Juil 2023, 18:37

Les vendeurs de lavande | Astriid Fznv
Les vendeurs de lavande




« Il faut laisser le temps au temps. » Répondit Astriid sur un ton sentencieux, avant de siroter bruyamment le fond de son thé. Sa paille se mit à jouer avec les fruits au fond du verre. « Et puis, si tu es toujours mal à l'aise avec tes nouveaux tuteurs, tu peux toujours changer de foyer, non ? En plus, quel âge as-tu ? D'ici peu, tu pourras même vivre seule. Et, si tu as parfois envie de respirer, tu peux toujours venir me voir. On ne se connaît pas beaucoup, c'est vrai, mais je serais heureuse de passer du temps avec toi. Tu es plutôt sympathique pour quelqu'un qui a grandi à Amestris. » Sans doute la raison pour laquelle elle n'y était plus. Là-bas, ils avaient dû dévorer son caractère.

« De te tuer ? » Horrifiée, Astriid pâlit et ouvrit de grands yeux. Elle restait toujours stupéfaite lorsqu'on lui servait sur un plateau des exemples concrets du fond intrinsèquement mauvais de certaines races. Son esprit dissociait, comme si un gouffre immense éloignait d'un côté la conscience, de par son éducation, que certains étaient mauvais, et de l'autre côté en avoir la preuve en dur, comme s'il y avait une chance infime qu'on ait pu lui mentir à leur sujet, qu'il ne s'agisse que de légendes urbaines destinées à instruire la méfiance dans le coeur des jeunes Ygdraë. Le fait est que leur histoire aurait dû suffire à Astriid pour intégrer et enregistrer les informations, seulement les relations humaines se révélaient beaucoup plus complexes que les livres n'osaient le décrire.

« Non, pas du tout ! » Protesta-t-elle. « J'ai juste du mal à comprendre comment un parent peut en arriver à vouloir tuer son enfant. J'ai beau savoir que les Sorciers n'ont pas le coeur tendre, je... je ne comprends pas. » Peut-être n'y avait-il rien à comprendre. Peut-être valait-il même mieux ne pas essayer. À trop étudier le poison, on risquait d'en ingurgiter. Mais l'inverse aussi était vrai. Kitoe en était un bon exemple. Sans Neah et Mancinia, elles auraient été amies. Potentiellement, elle n'en aurait rien dit à son entourage elfique, mais ce n'était pas comme si elle les voyait beaucoup.

« Je la trouve jolie et paisible. Sécurisante. Il valait mieux, sinon on ne m'aurait pas laissé m'y installer seule. Mon peuple a une définition très prononcée de la sécurité de ses membres les plus jeunes. Généralement, nous nous déplaçons en groupe quand nous quittons nos terres. J'ai décidé de prendre une pause dans ce voyage. Nous avions visité plusieurs continents, nous avons été à Avalon, sur les Terres du Lac Bleu, à l'Edelweiss enneigée. En vérité, c'est fatiguant parfois de ne jamais vraiment s'arrêter plus de quelques jours quelque part. J'ai un appartement à Stenfek, et à Port Dirælla, mais ils n'auraient jamais voulu me laisser seule dans l'un ou l'autre de ces villes. » À juste titre. Les Réprouvés, bien que ceux de Stenfek ne se soient pas déplacés, s'étaient lancés dans une guerre suicide avec les Sorciers, et les autres avaient d'abord subi une invasion de Zihaags et il lui semblait avoir entendu parler d'une barrière de sauge attaquant les Sirènes. La situation sur leur cité à la surface devait donc être devenue relativement instable. Les Ondins n'apparaissaient pas comme des êtres acceptant avec calme et sérénité d'être bloqués à la surface. « Tout le monde est plutôt gentil ici. C'est un bon cadre pour commencer un apprentissage. Toi aussi, tu pourrais regarder ce qui t'intéresserait. Il y a des domaines qui t'intéressent ? »

Quelques bavardages plus tard, elles payèrent leurs consommations et quittèrent la pittoresque place ovale pour arpenter les ruelles pastel de Caelum envahies de la pénombre du début de soirée. En arrivant chez le menuisier, les lanternes s'étaient illuminées. Celle au dessus de la porte de l'Elfe diffusait une clarté particulièrement vive. Lui-même travaillait à l'extérieur, son établis installé sur le pas de sa porte. Grand et massif comparativement aux standards habituels de la race, il avait relevé ses longs cheveux en queue de cheval et son front luisait de sueur malgré la fraîcheur qui s'installait progressivement. Ses lèvres frémissaient et en s'approchant, Astriid devina qu'il chantait. Ses mains caressaient une petite boîte en bois sur laquelle des roses trémières croissaient dans le bois. Il leva les yeux au moment où elle allait annoncer leur présence. « Ah oui ! Bonsoir ! Je terminais des fioritures en vous attendant. Enchanté. Je suis Olonorin. » Acheva-t-il en direction d'Amphytria. « Suivez-moi à l'intérieur. ». Son ouvrage sous le bras, il les suivit et referma la porte sur eux.

À l'intérieur, l'odeur du bois était partout. Des copeaux gisaient au sol et la pièce ne ressemblait en rien à un lieu de vie. Plusieurs meubles à divers stades de finalisation l'encombraient, patientant que l'Ygdraë daigne les terminer. Quant au mobilier permanent, il semblait avoir été gravé directement dans les murs, comme des champignons. « Désolé, c'est un peu le bazar. Asseyez-vous ou vous pouvez, il y a des chaises je crois, empilées dans le coin là-bas, sous le drap. » Il disparut, l'air un peu rêveur et distrait. Astriid le soupçonnait d'être sous l'emprise de ses psychotropes en permanence. Il lui était arrivé d'en rencontrer à Melohorë. Comme les herbes qu'ils faisaient pousser n'avaient aucun effet néfaste, rien n'était fait pour endiguer l'addiction.

Après avoir déniché les chaises, Astriid s'assit et invita la Magisorcière à faire de même. « Tu n'as pas d'allergies au fait ? À certaines plantes ou fleurs ? Normalement, c'est sans danger, mais on ne sait jamais. » L'homme revint, un sachet en papier dans une main, trois pipes dans l'autre. « Ça ne vous ennuie pas si je vous accompagne ? » Il s'installa à même le sol et commença ses préparatifs directement sur ses jambes avec l'aisance que confère l'habitude. « Tu avais déjà essayé, Astriid ? » « Une ou deux fois. J'arrive à bien m'amuser sans ça en général. Mais je crois qu'en ce moment, ça peut me faire du bien. » « Besoin de détente ? » Elle acquiesça avec un sourire qui s'amenuisait. « Et toi ? » Interrogea-t-il Amphytria en lui tendant une pipe.

Message IV | 1081 mots



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Taj
Jeu 03 Aoû 2023, 22:05

Astriid & Amphytria
Les vendeurs de lavande
Nothing But Thieves - Keeping You Around


J’avais laissé Astriid mener le reste de la conversation durant notre entrevue en terrasse. Je n’avais pas tout de suite compris pourquoi l’écouter me rassurait à ce point. Son enthousiasme m’avait d’abord frappée avec une violence à laquelle je ne m’étais pas encore faite. Mes connaissances dans mon nouveau monde étaient peu nombreuses. L’administration magicienne avait été une transition douce et c’était la générosité de Fred et Margot qui m’avait véritablement touchée en premier lieu. Maintenant, c’était cette Elfe qui m’assénait des coups de poing dans l’estomac. Contrairement à la violence avec laquelle j’avais grandi, je n’en gardais aucun bleu et ça ne me donnait pas envie de pleurer. J’étais, en revanche, aussi profondément troublée que les premières fois où l’on s’en était pris à moi. C’était un trouble différent mais tout aussi brutal.

J’avais répondu à ses dernières questions : je lui avais indiqué mon âge, l’abysse de mes ambitions inexistantes pour le moment, et j’avais plus ou moins réagi à ses anecdotes. Ensuite, nous étions parties. J’avais suivi Astriid sans dire un mot. Elle m’avait parlé de ce menuisier, mais je n’avais pas la moindre idée d’où elle m’emmenait. Curieusement, je ne m’attendis pas à ce qu’elle nous plantât face à la devanture d’un atelier. De l’extérieur, je sentais déjà la poussière. J’enfonçai mes mains dans mes poches. La fraîcheur avait gagné du terrain avec la nuit. J’avais un peu froid, et surtout j’étais intriguée, ce qui était souvent synonyme de méfiance chez moi. Je dévisageai l’homme à l’intérieur de la tête aux pieds, avant même qu’il ne nous eût remarquées. Quand il le fit, je notai un enthousiasme particulier de sa part. Il était similaire à celui de ma guide.

-Amphytria. Me présentai-je.

Selon les ménages, les intérieurs des maisons d’Amestris étaient parfois un bordel sans nom. La plupart du temps, ils étaient lugubres, sombres et humides. La poussière était grasse lorsqu’on y posait les doigts, si bien qu’il valait mieux ne rien toucher. Ici, c’était différent. Malgré la nuit, l’endroit était lumineux et la poussière en suspension semblait propre et sèche. Je n’avais jamais considéré auparavant que cela fut possible. Outre cela, le désordre ne me dérangeait pas. Le bazar et la saleté en général ne me dérangeaient pas. Je n’avais jamais vécu dans un endroit plus sale et chaotique que chez les Mages Noirs, alors tout me paraissait propre ici. J’avais l’intime conviction qu’aucune infection ni aucune maladie ne pouvait m’affecter tant que je me tenais éloigner de ma race d’origine. Je m’installai sur la chaise qu’on me proposa.

-Euh, non. Répondis-je à Astriid, à propos des allergies.

Je ne compris qu’alors le lien avec notre conversation au café. Je n’avais pas la moindre idée de la raison pour laquelle je n’avais pas percuté plus tôt. Je me savais stupide ; j’oubliais souvent à quel point. Aussitôt une lueur d’émotion s’alluma dans mon regard. Cette chocolatière m’avait dégoté un vrai vendeur de lavande. J’étais tellement obsédée par ce qui allait suivre que je ne m’étonnai même pas d’apprendre qu’Astriid s’adonnait elle aussi à la drogue. Je la connaissais à peine, mais elle m’avait dépeint jusqu’ici le portrait d’une fille modèle, une sorte de Magicienne des forêts. Je me surpris à m’emparer de la pipe comme je me serais emparée de nourriture si j’avais été affamée. Je la manipulai entre mes mains comme s’il s’était agi du plus précieux des trésors. J’aurais pu en pleurer. Je regardai notre hôte les yeux brillants.

-Ouais. Soufflai-je.

Je sentis aussitôt un poids quitter mes épaules. Avouer que j’en avais besoin était une sorte de libération.

-Merci.

Il me tendit des allumettes alors que je coinçais l’instrument entre mes lèvres. Je retrouvai aussitôt les gestes habituels. Je m'imprégnai aussi vite que possible de la fumée salvatrice. L’air chaud brûla ma gorge de manière familière et ce premier contact avec la substance suffit à me détendre. La tête levée vers le plafond, je fermai les yeux et me laissai retomber sur mon dossier. J’expirai.

-Putain c’est bon.

Je n’avais pas voulu le dire, mais je l’avais pensé tellement fort que c’était sorti tout seul. De la même façon, je laissai échapper un long soupir de soulagement. Je n’avais pas réalisé que j’avais été aussi tendue tout ce temps. Je me sentais presque voler, alors même que la drogue avait à peine donné ses premiers effets.

-Où est-ce que tu te procures ça ?

Je reniflai et me rassis correctement pour prendre une nouvelle bouffée. Je regardai dans le vide.

-La plupart du temps, c’était pas des plantes que je prenais. Ça coûtait trop cher.

La plupart du temps, je n’avais pas su ce que j’injectais dans mon corps. Les poudres et les potions chimiques étaient les substrats les plus abordables à Amestris. Même chères, les plantes étaient souvent de mauvaise qualité. Ce truc qui emplissait mes poumons actuellement était bien meilleur que tout ce que j’avais pu goûter. Je me sentis tout à coup pencher vers l’avant. Je me redressai d’un coup.

-Wow.

J’avais saisi l’avant-bras d’Astriid pour me rattraper. Je pouffai.

-Pardon. Puis je me tournai vers le menuisier. Putain ça défonce.

Était-ce fort ou n’étais-je juste pas habituée à ce nouveau produit ? Je pensais pourtant reconnaître l’odeur.

-Uuuuuuhhhhh.

Rester sur cette chaise commençait à être dangereux. Je me laissai couler par terre. M’accrochant aux vêtements de mon amie, j’essayai de l'entraîner dans ma chute.

-Viens avec nous. Détends-toi.

Le sol était plein de sciure de bois. Ça formait un fin tapis moelleux que nous avions percé avec nos traces de pas. Cela me fascina.

-Vous avez déjà vu de la neige ?

Il paraissait que lorsqu'elle tombait, elle donnait le même effet par terre. Amestris étant une ville côtière, je ne l’avais jamais vue tenir assez longtemps pour pouvoir le constater de mes propres yeux. Au mieux, elle se transformait en verglas tellement solide qu’on aurait pu construire des bâtiments avec. Une fois, je m’étais rétamée dessus et j’avais obtenu un énorme bleu sur la cuisse droite. J’avais boité pendant des jours et on s’était moqué de moi à l’école. Et moi, je m’étais moquée de moi avec eux.

1021 mots


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Jeu 10 Aoû 2023, 11:56

Les vendeurs de lavande | Astriid Fznv
Les vendeurs de lavande




Plus posément que sa comparse, Astriid inséra l'extrémité du calumet entre ses lèvres et inspira une première petite bouffée. Les volutes descendirent dans ses poumons et ses yeux se réfugièrent derrière le calme de ses paupières. Elle put presque sentir chaque molécule se connecter à ses nerfs, les cisailler pour les resculpter. Ses pensées se débarrassèrent de leur manteau gris et voletèrent, adoptant des couleurs au gré du hasard comme un pinceau se promenant sur la tablette d'un peintre. Elle expira et reprit une inspiration plus longue. Son esprit se sépara en myriades d'étoiles. Son dos rejoignit le dossier de son siège et ses paupières s'entrouvrirent. Elle surprit Olonorin qui les regardait mais elle s'aperçut que son esprit lui, était fixé ailleurs. Amusée, elle agita une main devant elle et il ne réagit pas. Elle pouffa de rire. En écho à son hilarité, l'Elfe aussi fut secoué de rire et se balança doucement d'avant en arrière.

La voix d'Amphytria à ses côté lui fit tourner la tête. Heureuse, Astriid acquiesça. Elle n'avait pas ressenti cette légèreté depuis une éternité. « Je me sens comme une grosse bulle. » leur confia-t-elle avec émoi. « Mais une bulle indestructible, que rien ne pourrait briser. Ou bien... » Elle réfléchit, ce qui lui demanda un effort colossal. Tout requérait son attention, immédiatement, comme l'agencement des poutres au plafond, la tâche de chocolat sur une de ses manches, cette mèche sur son front qui refusait de rejoindre les autres. Elle tâcha de se concentrer. « J'exploserai en un million de petites bulles, de différentes couleurs, et je flotterai un peu partout dans le monde. Comme ça, je pourrais être avec tous ceux que j'aime. Oh, ce serait vraiment merveilleux... »

Olonorin, qui avait la tête renversée, la redressa pour déposer un index sur ses lèvres. « Secret d'Ygdraë. » chuchota-t-il, la malice insérant des pattes d'oies à la commissure de ses yeux. Astriid, elle, soupçonnait qu'il devait cultiver ses plantes quelque part chez lui car cela aurait été trop coûteux en magie de téléporter la marchandise depuis Melohorë ou de les acheminer jusqu'à Caelum.

« Qu'est-ce que tu prenais à la place ? » s'entendit demander Astriid, d'une voix qui lui paraissait appartenir à quelqu'un d'autre. Elle posa sa main sur sa gorge et fut distraite pendant une longue minute par la sensation du toucher peau contre peau et de la différence de sensations selon la pression qu'elle appliquait sur sa trachée. Elle se souvenait de Jämiel qui l'avait presque étranglée et du plaisir ressenti. Ce souvenir qui la tourmentait n'avait soudainement plus d'importance. Elle ne le reverrait jamais, sans doute avait-elle même halluciné ce moment. À vrai dire, le souvenir devenait même flou avec le temps. Ce devait être un mauvais rêve.

« Ravi que ça te plaise. » Olonorin observait les ombres produites sur le mur par ses doigts jouant à attraper le rai de lumière d'une des lampes. « Woah. » fit Astriid, fascinée par la même chose. « C'est du théâtre d'ombres ! Oh ! » Amphytria venait de l'entraîner avec elle au bas de sa chaise. Comme une poupée de chiffon aux articulations usées, elle n'opposa aucune résistance et tomba même presque à moitié sur la Magisorcière en gloussant. « Pardon ! » Elle se dépêtra de la jeune fille aux cheveux singuliers.

« Oui... » Astriid approcha son nez du sol pour loucher sur les particules claires. « J'aime la luge. » les informa-t-elle. Puis elle s'amusa à faire un petit tas de sciure qu'elle déposa dans le creux de sa paume. Puis elle se redressa et souffla dessus d'un coup, les enveloppant dans un nuage qui les fit éternuer. « Et voilà, il neige ! Et quand il neige, on s'embrasse et on fait la fête ! » Elle venait d'inventer cette règle. Vivement, l'Ygdraë attrapa Amphytria par le cou pour lui coller un gros bisou sur la bouche, avant de la lâcher pour faire de même avec Olonorin qui se mit à rire bêtement. « Il faut danser aussi ! » les exhorta Astriid en se mettant debout. Elle tira sur leurs manches pour qu'ils l'imitent car il lui était inconcevable que les murs et les couleurs dansent autour d'eux et qu'ils restent immobiles. Elle voulait juste être vivante.

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