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 L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Dim 25 Juin 2023, 11:21

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Kitoe
L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence
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Kitoe se pencha vers l'entrebâillement du four. Le souffle brûlant des flammes caressa son visage, ajoutant plusieurs degrés à la température qu’elle peinait déjà à supporter.

-Allez, allez...

Le gâteau cuisait lentement. Trop lentement. Elle avait pourtant bourré la cheminée de bûches jusqu'à avoir du mal à en refermer la porte. La cuisine était devenue une véritable fournaise et l’atmosphère irrespirable. La Démone transpirait à grosses gouttes. Au fourneau était ajoutée l'odeur écœurante et anormalement insupportable de sa confection. Parfois, Kitoe était prise d'un haut le cœur qu'elle réprimait violemment en plaquant sa main contre sa bouche et en serrant la mâchoire. Son estomac la brûlait de l'intérieur. Il bouillonnait d’une décoction de bile acide.

La cuisson à peine terminée, la cuisinière s'empressa de sortir sa préparation et de la mettre à refroidir sur un rebord de fenêtre. Elle en profita pour ouvrir en grand toutes les ouvertures de la propriété et respira l'air frais. Le nœud qui l'empêchait de respirer se délia, mais celui dans son estomac, lui, continuait de la retourner. Kitoe poussa un râle éprouvé, essuyant son front avec sa paume et fléchissant son dos. Elle tira une chaise proche du gâteau fumant et l’observa longuement avec la plus grande inquiétude. Sa jambe était parcourue d'un tic frénétique et nerveux qui trahissait encore davantage son impatience. L'attente ne dura qu'une dizaine de minutes tout au plus. N'en pouvant plus, la pâtissière fila récupérer un couteau. La vapeur s'échappa de la confection dès que la lame perça la croute supérieure. Une grimace de dégoût déforma ses lèvres, mais Kitoe tint bon et ce fut au prix de longs efforts et de doigts brûlés qu’elle se servit une part. Elle scruta cette dernière de longues minutes dans un duel de regards glaçant. Son port dressé dans la petite assiette la provoquait de toute évidence. Une longue inspiration, la Démone saisit le gâteau et mordit.

Aussitôt, un goût immonde se répandit dans sa bouche. Kitoe mâcha, puis tenta d'avaler. Le réflexe d'ingurgitation s'arrêta à mi-chemin et la jeune femme dut recracher son dessert. La bouillie de miettes termina son périple à même le sol. Kitoe toussa, saliva, cracha le gâteau jusqu'à la dernière particule. C'était immonde. Infect. Une horreur comme elle n'en avait jamais goûté. Que se passait-il ? Kitoe transpirait encore. Était-elle malade ? Tremblante, elle considéra son propre rejet, puis se tourna vers le reste du gâteau. Elle se pinça les lèvres. Ce n'était pas normal. Elle avait pourtant tout fait comme d'habitude. Se détournant finalement pour ne pas pleurer, Kitoe décida de monter dans sa chambre. Elle était fatiguée. Elle réessaierait plus tard.

*


-J'AI REUSSI ! S'écria-t-elle soudain.

Kitoe tournoya sur elle-même, les mains jointes en une prière de joie et de pure reconnaissance. Elle avait mangé du gâteau. Et c'était bon ; mieux, c'était délicieux. Le maléfice était levé. Elle pouvait à nouveau manger normalement. Retournant à son assiette, Kitoe s'empressa de s'empiffrer. Elle mourait de faim. Elle n'avait quasiment pas mangé la veille et le jour d’avant. Deux journées sans manger n'étaient pas des journées et il était de son devoir de rattraper son retard en consommant par trois.

Il ne fallut que quelques minutes à la pâtisserie pour disparaître complètement. Repue, la Démone posa une main sur son ventre et bâilla. Ses dernières nuits avaient été aussi agitées que son appétit dernièrement. Trop chaud, trop froid, tension, elle avait beaucoup d'heures de sommeil en retard depuis plusieurs jours. Chaque occasion de dormir, entre ses heures de travail, était devenue une aubaine qu’elle s’empressait de saisir. Elle gagna le salon, puis un canapé, où elle plongea dans les doux bras de la Sieste.

Kitoe fut réveillée en sursaut par l'état de son propre corps. Elle respirait comme un goret, elle était trempée de sueur. Le moindre de ses muscles était endolori comme si elle venait de rentrer d'une Purge. La Démone se décolla difficilement de son siège et à peine eut-elle fait ses premiers pas qu'elle dut s'accrocher à un meuble. Son ventre bouillonnait et bourdonnait, victime d'une difficile digestion. Que se passait-il ? Qu'avait-elle fait de mal avec sa cuisine ? Quel était le problème de ce foutu gâteau aux pommes et à la cannelle ? Ce n'était pas possible, elle n'avait jamais rien raté jusqu'ici, pas à ce point-là. Elle n'y avait même pas mis de corps humain. Cette pensée atténua à peine ses maux. La remontée acide dans son estomac persistait. Vite, la cuisinière se précipita dans la salle d'eau, mais n'eut pas le temps de se pencher vers un récipient qu'elle y vomit ses tripes. Les larmes montèrent aussitôt. A bout de souffle, Kitoe expira, renifla, cracha. Elle essuya la transpiration qui perlait sur ses tempes. Une nouvelle contraction la plia en deux tandis qu'elle régurgitait du vide. La Démone termina à genoux et s'appuya sur ses mains, qui par accident plongèrent dans son propre dégueulis. Elle gémit. Elle voulait contenir des sanglots mais n'y parvînt pas. Kitoe poussa un cri de désespoir. Un filet de bave s'écoula de sa bouche. Même ça, elle n'arrivait plus à contrôler. Ça la fit encore plus pleurer.

*


Allongée dans son lit, la tête relevée à l'aide de son plus gros oreiller – elle adorait les oreillers – Kitoe observait avec méfiance et inquiétude le médecin qui l'auscultait. Les médecins en Enfer n'étaient pas une source aussi rare que l'on pouvait le penser. A l'instar des Sorciers, la discipline était un domaine extrêmement lucratif. Toutefois, la création de nouveaux maux chez ces derniers n'était pas aussi aisée au sein de l'Enfer. La valeur de la pratique se faisait davantage sur la garantie de sa qualité. Ici, l'unique façon de s'assurer l'honnêteté des soins du praticien était de le payer grassement par le biais d'un Pacte.

-Vous avez des pertes de sang d'habitude ?

Kitoe avait payé le prix fort pour cette consultation. Une bonne partie de ses économies était partie à la trappe, c’était la raison pour laquelle elle ne tombait jamais malade. Néanmoins, elle espérait qu'avec les conseils de l'expert, elle pourrait reprendre le travail rapidement, et ainsi renflouer les caisses. La Démone réfléchit à la question qu’on venait de lui poser. Toutes les femmes de son espèce ne possédaient pas un cycle menstruel semblables aux autres peuples. Cette caractéristique était très variable d'une apparence démoniaque à l'autre.

-Oui, parfois.

Elle avait toujours considéré sa constitution proche de la constitution humaine. En ce sens, sa réincarnation ne lui avait pas posé de complications. Elle aurait détesté avoir à pondre des œufs toutes les semaines, quoique cela aurait pu lui être utile en cuisine. La seule caractéristique physiologique monstrueuse dont elle avait connaissance était l'incroyable capacité de son estomac à ingurgiter tout ce qu'elle avalait. Avec un peu d'efforts de sa part, elle était à peu près sûre de pouvoir en faire un puit sans fond.

-C'est régulier ? Quand est-ce que vous les avez eues pour la dernière fois ?

-Je ne sais pas.

Ses menstruations ne faisaient pas partie de ses préoccupations quotidiennes. Avec ses différentes identités, il était d'autant plus difficile d'être à jour sur le calendrier. Parfois, la notion du temps lui échappait. Ça n'avait pour autant pas posé de problème jusqu'ici. Elle n'avait jamais eu à se soucier de rien de ce côté. Le praticien posa une main sur le ventre de sa patiente. Il avait beau être le médecin traitant de Kitoe, sa plus grande difficulté était justement de poser un diagnostic sur un énième organisme unique en son genre.

-Nausées, vomissements, odorat et goût sensibles, fièvres, c'est ça ?

-Oui.

-Vous avez mal quand j'appuie ici ?

-Non.

De l'estomac, il descendit de quelques centimètres. Il avait cet air et cette manière de faire qui le rendaient très professionnel. Sa physionomie fine sans être maigre, son veston sur-mesure, ses cheveux taillés au millimètre et ses petites lunettes rondes le rendaient d’autant plus pertinent.

-Ici ?

-Non.

-Et là ? Demanda-t-il en descendant encore.

-Aïe !

Il fut surpris et retira ses mains.

-Hm...

-Quoi ?

-Vous avez eu des relations sexuelles au cours des dernières semaines ?

-...

Il la scruta avec son œil expert avant de revenir à son sujet d’étude : le bas du ventre.

-Je prends ça pour un oui.

-Je vois pas ce que ça a à voir avec mon problème. Fit Kitoe.

-Vous voyez très bien où je veux en venir.

-Non.

-Si.

-Non.

Ils se défièrent du regard. Le sujet était en train de prendre une tournure qu’elle n’appréciait pas du tout. Pour autant, la Démone ne comprenait pas où il voulait en venir.

-Il se pourrait que vous soyez enceinte.

Kitoe cligna des yeux. Est-ce qu'elle devait rigoler ? Elle faillit en réalité, mais en même temps, ses muscles se crispaient. Elle n’était plus seule au contrôle du corps. Elle sentait qu’elle allait bientôt le perdre.

-Bien sûr que non.

Elle ne le payait pas pour dire des blagues, mais pour qu'il la soignât. Le docteur ne semblait pas l'écouter. Il enfilait prestement des gants. Elle eut peur.

-Permettez un examen gynécologique ?

-Je vous ai dit que je ne suis pas enceinte. Grinça-t-elle.

Elle serrait les draps entre ses poings fermés. Ses jambes étaient serrées et aussi raides que des bâtons. Elle croisa son regard. Sa peur termina de se transformer en colère.

-Ça nous permettra d'être sûrs. Mais j'ai besoin de votre autorisation.

Il avait beau être maléfique, les plus prudents évitaient de s'aventurer dans tout ce qui pouvait avoir des dents sans assurer leurs arrières. Ellie scruta le professionnel de tout son long. Elle l’avait rarement rencontré parce que Kitoe lui avait fait confiance jusqu’ici. Ce n’était plus le cas.

-Qu'est-ce que vous allez faire ? Demanda-t-elle d'une voix aussi grave que menaçante.

-En admettant que vous êtes doté d'un utérus standard, je voudrais vérifier l'ouverture du col.

Ellie plissa les yeux. Elle n’avait pas envie de s’engager dans un duel psychologique et même si ça ne lui plaisait pas du tout, elle rejoignait le médecin sur une chose : mieux valait être sûr.

-Très bien. Mais vous vous dépêchez.

Elle écarta les jambes et il s'exécuta. Le contact froid et désagréable crispa Ellie. La mâchoire serrée, elle regardait un point fixe sur le mur d'en face en se concentrant sur sa respiration. Sentir ses doigts en elle lui donnait envie de lui faire bouffer ses orteils, mais elle préféra se concentrer sur sa respiration. Comme promis, l'examen fut bref. Il se réintéressa au ventre avec quelques palpations. Certains points de pression étaient douloureux et son corps réagissait en conséquence, par à-coups. C'était étrange.

-Ça bouge là-dedans. C'est curieux que votre ventre ne soit pas gonflé. Peut-être que ça finira par venir. Quoi qu’il en soit, vous êtes effectivement enceinte. Articula le médecin.

Ellie ferma les yeux et souffla. A qui allait-elle bien pouvoir faire bouffer le parquet ?

-Vous voulez sentir ?

-Non.

Le docteur afficha un sourire narquois. C'était toujours plaisant d'annoncer des mauvaises nouvelles.

-Dégagez. Siffla Ellie.

Ou il y aurait de fortes chances qu’il fît partie des dommages collatéraux. L'homme retira ses gants et se leva.

-Non, attendez. La patiente se redressa vivement. Vous pouvez m'enlever ce truc de mon corps ?

Il se retourna. Toujours souriant.

-Vous êtes déjà enceinte depuis un certain nombre de semaines. Je crains que vous faire avorter vous ferait courir plus de risques qu'autre chose. Je ne connais pas totalement votre constitution, mais une femme humaine aurait plus d'une chance sur deux d'y passer.

Ellie ne broncha pas. De l’énervement, elle passait à l’ahurissement. Putain. C'était à peine croyable, mais Kitoe était tombée enceinte et elle allait le rester. Cette dernière n'y arriverait pas. Ellie allait devoir porter ce fardeau avec elle, et putain qu'elle n'en avait pas envie. Elle détestait les gosses.

-Qu'est-ce qu'on peut faire au niveau des symptômes ?

-Pas grand chose, sinon les médicaments habituels pour réduire certains maux.

Ces mêmes drogues qui pourraient porter atteinte à la pleine santé du foetus, mais à quoi bon ? Au médecin, ça n’était pas son problème. L’homme dégaina un calepin.

-Voici une prescription. Il posa la feuille sur le lit. Pas d'inquiétude, vous n'avez qu'à attendre. Il y a tout un tas de choses à faire avec un bébé, vous savez.

*


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]-Madame, euh, ... Toki ?

Appuyée à la fenêtre de sa nouvelle propriété, Ellie quitta des yeux le paysage pour les poser sur le gringalet qui venait de l'appeler. Elle lui adressa un coup de menton et souffla la fumée de sa cigarette sans se détourner. Heureusement, il était suffisamment loin pour ne pas se la prendre dans le visage.

-Euh, vous avez du courrier.

Elle tendit la main. Après un bref instant d'hésitation, le postier y déposa la missive.

-Merci. Déclara Ellie avant de prendre une nouvelle bouffée de nicotine.

D'un regard sombre, elle lui fit comprendre que le garçon n'avait plus qu'à dégager. Il s'exécuta et disparut sur le chemin communal en un rien de temps. De nouveau seule, Toki examina d'abord le papier du parchemin et le sceau qui le décorait.

-Hm.

C'était la première fois que Kitoe tentait de reprendre contact avec elle depuis que le Reflet avait déserté. Pour requérir son attention, c'était que la situation devait être plus ou moins grave. Elle déplia le papier :

"Toki,

J'ignore ce que tu fais et où tu es en ce moment, mais sache que je suis tombée malade. J'ai des montées de fièvre et cela fait plusieurs jours que j'ai à peine mangé car ça me donne envie de vomir. J'ai beaucoup d'autres maux qui me mènent la vie dure et par-dessus tout, Lia a disparu. Elle ne me répond plus et je ne la ressens plus près de moi lors des situations qui devraient s'y prêter. J'ai vu un médecin hier à propos de tout ça. Je l'ai payé très cher et tout ce qu'il a été capable de me dire, c'est que je suis enceinte. J'ai dû commettre une erreur lorsque nous avons conclu le Pacte de consultation. Mais de toute évidence, c’était un menteur et un escroc.

Quoi qu'il en soit, je me sens un peu seule ces derniers temps. C'est à peine si je peux travailler tant je passe mon temps entre les brûlures d'estomac, les migraines et les nausées. J'aurais besoin que tu reviennes pour m'aider un peu. Juste quelques jours, histoire que je me remette sur pieds. Je te revaudrai ça, promis.

S'il-te-plait.

Kitoe
"


Ellie émit un rictus à la fois moqueur et dégoûté. Si cette lettre était une blague, elle était bien mauvaise. Néanmoins, elle la confortait dans sa décision de s’être séparée de son modèle. Cette dernière était devenue ridicule. Toki prit une inspiration, soupira. Tellement ridicule qu'elle était tentée de lui répondre. Malheureusement, elle n'était pas aussi dénuée d'empathie qu'elle l'aurait voulu.

*

"Chère Kitoe,

Je vais bien, merci d'avoir demandé. Je suis ravie de constater que mon sort t'inquiète tout particulièrement.
Au vu de ce que tu racontes, et connaissant le médecin puisqu'il s'agit toujours du même, tu sais toi-même qu'il est suffisamment professionnel pour ne pas pouvoir sortie des âneries pareilles sans raison. A moins que tu ne me démontre l'existence de ces dites raisons, tu as donc tout intérêt à le croire sur parole. Le cas échant tu risques d'être guérie le temps que je revienne, ce qui rendrait mon déplacement parfaitement inutile. Je te propose donc de te débrouiller comme tu as su le faire avant que je revienne dans ta vie, et comme tu l'as sûrement fait après mon départ.

J'ai hâte que tu me révèles qui est le père. Je parie qu’il s’agit de l'un de tes clients ou de tes collaborateurs. J'espère que le contrat en valait la chandelle. Tu me diras.

Bon courage quoi qu'il en soit. Il est hors de question que je remette un pied dans ta baraque. Assume.

Toki
"


Kitoe reposa la lettre sur la table et fixa le mur en face d'elle. Elle relut. Puis le mur. Une larme, puis une autre, perlèrent sur ses joues. Elle secoua la tête et froissa le papier en une boule compacte qu'elle balança de toute ses forces. Elle se leva brusquement, faisant basculer sa chaise en arrière, et poussa un cri de rage. Lorsque l'air vint à lui manquer, elle éclata en sanglots. Même son Reflet l'avait envoyée chier. Kitoe tenta en vain de sécher ses larmes qui coulaient à flot. Elle fit quelques ronds dans la pièce. Elle avait envie de tout casser. La morsure de la provocation lui donnait envie de répondre avec autant de sel que son double, mais cela ne servirait à rien. Elle devait se ressaisir et vite. Elle ne pouvait pas donner satisfaction à Toki en lui montrant à quel point elle ne gérait pas sa situation. Une ridiculisation était suffisante. Kitoe remit sa chaise en place et se rassit face à son bureau, son front appuyé sur ses paumes. Elle pleurait toujours et se griffait la peau, prise d’une crise d’angoisse sans précédent. Il fallait qu’elle trouvât une solution, mais était incapable de se calmer pour le moment. Elle tremblait, avait du mal à respirer. Elle se sentait faible et toute petite, comme une enfant qu’on venait d’écraser sous toutes les responsabilités du monde. Elle avait envie qu’on la rassurât, qu’on la prit dans les bras en lui murmurant que tout irait bien. Kitoe se concentra sur cette image, celle d’un contact réconfortant. Soudain, son regard fut attiré par un objet apparu sur un coin de la table. Kitoe attira la feuille blanche vers elle, l’observa. De la même façon, du nouveau matériel d’écriture lui était parvenu. Était-ce le médecin qui avait oublié ça là ? La Démone se saisit de la plume. C’était un bel objet, au même titre que l’encrier qui allait avec. Elle fixa le papier et renifla. Elle ne pouvait pas vider son sac auprès de Toki. Mais elle pouvait vider son sac.

2992 mots


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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
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◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Dim 25 Juin 2023, 22:33

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Illustration - Maksim Larionov

L'encre de tes plaintes coule sur
le parchemin de mon indifférence


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Observer Mancinia écrire, mois après mois, à une Alfar aux moeurs artistiques ne le rassurait pas. Ils étaient retors et elle attendait souvent la réponse assez longuement, au point de ne plus savoir comment entretenir une conversation dont les retours n'étaient que lettres inexistantes. Peut-être que la créature s'amusait de l'insistance de son interlocutrice ? Peut-être se sentait-elle importante ? Ils se croyaient souvent au-dessus de tous, alors que personne ne savait qui ils étaient. Dans tous les cas, Neah n'avait pas l'intention d'en rester là. Tenter de raisonner son aimée était vain, sa position ne changerait pas et ... sa tentative de se débarrasser de l'écritoire s'était soldée par un échec ; il avait retrouvé son lieu de résidence en moins de trois heures. Ce n'était décidément pas un objet ordinaire et, peut-être qu'au-delà de l'Elfe Noire, c'était son origine qui l'inquiétait. Un Ange, vraiment ? Peut-être devrait-il simplement laisser tomber. Mancinia n'était pas en sucre et ils pouvaient intervenir l'un et l'autre en cas d'imprévus.

Ses tentatives de persuasion ne marchaient pas lorsque l'Humaine était concernée ; tout se cristallisait d'une manière dévorante et insondable pour le tourmenter avec ses Et si ? ... un moyen de rappeler au Gardien sa condition immuable.

Je sentais mes muscles totalement tiraillés des deux côtés de mon corps. Je constatais que l'on avait tendu mes membres à l'extrême, de sorte que le moindre mouvement me soit douloureux. En soi, je ne savais pas vraiment remuer quoi que ce soit, à peine parvenais-je à tourner la tête. J'étais attaché à une table et les odeurs nauséabondes sautaient à ma gorge comme les propos cinglants à mon encontre. J'ignorais la raison de ma présence ici, mais je savais que le moment ne serait pas agréable. J'avais beaucoup d'ennemis, après tout, cependant, cet homme ne me disait rien. Un inconnu dans la masse. Et ... Kitoe. Je voulu l'invectiver d'insultes, mais ma voix mourrait dans le bâillon. Comment avaient-ils réussis à m'avoir ? Je n'étais pas un oisillon et ce n'était pas la plus douée de mes adversaires, bien qu'elle soit parvenue à survivre, encore, tel un cafard. J'avais mal. Je devais me concentrer pour ne faire qu'un avec cette douleur, pour ne pas qu'elle me domine. Je cèderais certainement, à un moment, mais pour l'heure, je comptais me battre. Son regard sur moi ne me faisait rien ; elle pouvait se parer des plus beaux ornements, elle resterait un asticot à mes yeux. Et même si j'étais nu, je devais l'être aux siens, peu importait que son sourire s'amusasse de ma condition. Un Ange se devait d'être timide et gêné d'être ainsi exposé, mais je ne l'étais plus depuis longtemps.

Vraiment ?

Je détestais qu'elle me touche. Sa main était du feu chauffé à blanc qui laissait des marques répugnantes sur ma peau. Qu'essayait-elle de faire ? Ces quelques plumes arrachées à la hâte me donnaient une sensation désagréable, mais surmontable. Ce n'était qu'un avant-goût. Ce n'était pas grave. Je ... Je pouvais encaisser la douleur, même si son corps réagissait à tous les supplices en sursautant et en coulant autant de larmes que de sang. Je supporterais tout. Je ne voulais pas plier.

Vrai ... ment ?

J'avais mal. J'avais envie de vomir de la ressentir en moi d'une telle manière, alors que sa main touchait des lieux inadéquats à l'intérieur de moi. En vérité, m'évanouir semblait être la seule option envisageable et humainement tolérable, mais mon esprit luttait d'autant pour rester conscient ; Kitoe m'avait certainement administrée une drogue pour me maintenir dans un état où je ressentais tout. Les Démons pouvaient être imaginatifs en terme de souffrance, ils dépassaient allègrement les limites que pouvaient établir la morale, comme pour tester toutes les limites d'un corps mortel. Je n'avais plus de souffle, mais mon esprit en oubliait de respirer tant j'étais concentré sur autre chose. Toute ma haine à leur encontre. Et le sang. Celui qui remontait mes conduits, plus que la bile, pour tenter de sortir par tous mes orifices. Le bâillon avait été réduit en cendres et un cri émergeait de ma gorge. Je ne reconnaissais plus ma propre voix. J'allais très certainement mourir ici, mais je n'avais pas de regrets.

V... rai ... ment ?

J'avais Mancinia. Je ... Je n'en revenais pas que nous allions être séparés si tôt. J'aurai aimé la considérer comme mon épouse pour de longues années encore, lui faire un enfant, l'emmener visiter tous les plus beaux recoins de ce monde, la voir concrétiser ses ambitions dans un sourire solaire et un maintien royal. J'imagine que ... ce sera dur pour elle de surmonter mon trépas. J'espérais qu'elle n'abandonnât rien pour se consacrer à la Vengeance. Je l'en savais capable, même si cela lui prenait toute la vie ... Ah ... J'aurais voulu la voir une dernière fois, admirer son éclat. Je n'aurais pas dû y penser. Je l'avais vu dans le regard de Kitoe. Ça l'amusait, hein, à cette sale connasse de le tourmenter avec des illusions ?! Voulait-il tenter de briser mon dernier rayon dans les ténèbres qu'ils avaient établis ? Et pourtant, je ... cette femme soudainement à leur merci ... Elle ... Non, ce ... C'était ... Là. Absolument tétanisée devant ses yeux, traînée par les cheveux pour être propulsée dans une position immonde pour la briser complètement ; c'était Mancinia. Je remuais. Ah, cela m'avait soudainement donné un regain d'énergie accentué par le désespoir. Je ne pouvais pas ... Je ne pouvais pas la laisser être abuser. Pas ainsi, pas comme ça. C'était ... C'était sa plus grande terreur, depuis son enfance. Sa plus grande crainte que d'être réduite à sa sexualité, à sa potentielle faiblesse dont on pouvait disposer sans son consentement.

Non, non ... Non ! Je ne pouvais pas l'abandonner là ! Je devais l'arrêter ! Debout ! Peu importe que tes tripes te sortent du corps, peu importe que tes ligaments soient retirés ou que tu meurs en essayant ! Bat-toi, Neah, pour Mancinia ! Elle observait mon état, les dégâts dans mes chairs et mon esprit prêt à se rompre, alors, courageusement, elle essayait de me dire d'arrêter. Elle essayait de retenir ses larmes, ses supplications éventuelles. Elle n'y échapperait pas, moi non plus. Nous l'avions bien compris. Elle allait l'affronter, comme je l'affrontais et nous surmonterions cette épreuve ensemble. Son cri avait été incontrôlable, le mien l'avait accompagné. J'ALLAIS LE TUER ! J'allais lui faire subir ce qu'il m'avait fait pour venger Mancinia ! Je le jurais ! Et Kitoe ... Kitoe, toi, tu auras un sort plus terrible que la mort, que Luftë m'en soit témoin ! J'ALLAIS LES TUER TOUS LES DEUX ! Je crois qu'elle le vit clairement dans mon regard, mais tu peux rire, salope, je te promets que je reviendrai te hanter après ma mort ! Toutes ces visions que tu m'imposes, jamais je n'oublierais ! Je n'oublierais jamais comment tu as fais souffrir Mancinia ! JAMAIS. Qu'est-ce que tu viens de ... non ... ne pense pas à ... ! KITOE ! D'un geste précis, elle mit un terme à la vie de ma partenaire. Cette idée me brisait d'autant plus que la Brisure, à moins que ... Non. Je la ressentais encore ; elle était encore bien présente. Je le voyais dans son regard. Il ne restait rien du reste ; son corps s'était rompu, paralysé.

Je su alors, comme un dément, que ce n'était pas terminé.

Qu'allaient-ils nous ... Attends.

Tu n'oserais pas.

Kitoe, tu n'oserais pas ... !

L'évidence me sautais aux yeux sans que son esprit confus ne puisse l'admettre, il était évident que je ne manquerais rien de ce spectacle, alors que je me vidais de mon sang.

Je voyais distinctement la souffrance de celle que j'aimais, au creux de ses yeux, tandis qu'ils la dévoraient vivante.


Mancinia s'était réveillée en sursaut, son corps se propulsant de quelques centimètres sur le lit, en entendant la voix inhumaine hurlant dans ses oreilles. Passé le choc de la surprise, elle reconnu les teintes vibrantes de Neah. Posant une main sur sa poitrine, l'Humaine manquât d'éclater de rire. Ce n'était jamais arrivé, pas de cette manière, mais son sourire disparu rapidement ; ce n'était pas normal. L'Ange s'était redressé d'un coup en la laissant sur le côté, il tenait son visage dans sa main tout en marmonnant des choses inintelligibles.

Neah ?

Sa main sur son épaule le ramenait en douceur à la réalité, mais le sursaut qui accueillit son geste la surprit.

Ça va ? demanda-t-elle inquiète.

Ses yeux hagards ne semblaient pas admettre sa présence. Avait-il rêvé du passé ? Avait-il rêvé du Génocide ? Cela lui arrivait plus souvent qu'on ne le pensait. Elle se redressait à son tour.

Mancinia.
... Oui, c'est moi, articula-t-elle sans brusqueries, cherchant une explication. Tu as fait un cauchemar.
Mancinia, tu es là ... !

Sa voix s'était rompue et il s'était jeté dans ses bras pour la serrer tout contre lui. L'Humaine eu légèrement mal, vu que le soldat ne contrôlait pas sa force, mais sa surprise était trop grande pour qu'elle protestât.

Mancinia, ma Mancinia ...

Ce rêve semblait avoir été particulièrement réaliste. Et horrible.

Je suis là, tout va bien ... Neah, regarde-moi.

Elle avait du mal à bouger ses bras, mais ses mains atteignaient ses avant-bras et son aimé se reculait, conscient de ce qui s'était produit. Il était relativement pâle, une main sur sa bouche, avant qu'il ne se détourne pour vomir au bas du lit.

Je ...
Ce n'est rien, ne t'en fais pas.

Il tremblait, sans oser la regarder, presque incapable de se redresser de lui-même. Ça n'allait pas du tout. Comment un simple rêve pouvait-il mettre un aussi puissant gaillard dans cet état ? Mancinia écartait ses draps, se relevant, avant de venir se mettre devant lui en évitant le vomi, essayant de l'aider à se redresser, mais l'Ange était comme vidé, ailleurs ... mine de rien, ce n'était pas un poids plume, mais la Matasif parvenait à le traîner dans la salle d'eau attenante, décidant de le hisser dans la baignoire avant d'y verser quelques seaux d'eau, pas très chaud, mais qui réveillerait son aimé. Rien n'y faisait. Neah ne savait plus trop où regarder, qui écouter, ni quoi faire. Dépité, inquiète, Mancinia décidait de l'y suivre et glissait dans l'eau, habillée, sa présence lui semblait être le seul remède convaincant.

Je suis là.

Ailleurs, son Capitaine lui sourit vaguement, avant d'embrasser longuement son front en la serrant contre lui, avec plus de délicatesse. Il ne la lâchait pas et se rendormit, ou plutôt, il s'évanouit presque dans ses bras. La Doctoresse restât une heure à veiller sur lui, sa température corporelle chutait en lui donnant envie de dormir à son tour, mais elle tenu bon jusqu'au réveil de son mari qui, perdu devant sa décision de rester, demeurait coin.

Tu te sens mieux ? demanda-t-elle, souriante.
... Tu es resté avec moi ?
Je serais toujours à tes côtés, tu le sais.
...
Si tu ne veux pas me raconter, ne me dis rien. Je veux seulement savoir si tu te sens mieux ?

Il sourit, faiblement.

Neah allait mieux depuis qu'il savait que ce n'était qu'un cauchemar. Jamais ... cela ne se réaliserait.

Il veillerait à être encore plus fort, si besoin est.

Lorsque l'Ange entrait dans le bureau commun qu'il partageait avec Mancinia sur presque toutes leurs demeures, le changement dans le décor ne manquait pas d'attirer son regard. Lui qui s'était changé, avant que Mancinia ne replonge dans des draps chauds pour terminer sa nuit, observait cet objet avec un air glacé.

Je vois que l'on s'amuse à nos dépends.

Un écritoire, presque identique à celui de la Marquise, trônait devant lui.

Bien. Et si j'entrais en piste ?

Post I - 1960 mots


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Dim 02 Juil 2023, 21:39

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L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence
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Elle n'aimait pas particulièrement écrire, mais le papier l'appelait. Elle avait besoin de s'exprimer, de poser sur le papier ses mots trop lourds pour ses épaules dans l'espoir absurde que quelqu'un les lût un jour. Elle ne voulait pas apprendre que quelqu’un lût cela un jour, pourtant. Il n’y aurait qu’elle et quand elle relirait ça, elle trouverait ça ridicule. Mais peu importait.

"Il paraît que je suis enceinte."


Ça lui déchirait les tripes rien que de l’écrire au conditionnel. La réaction de Toki avait rendu tout ça encore plus insupportable que ça ne l’était déjà.

"C’est faux."


Pour plus d’exactitude, et même si ça lui déchirait toujours les tripes, elle ne put s’empêcher d’ajouter :

"Je suis sûre que c’est faux, mais personne ne veut me croire. Si j’avais vraiment été enceinte, je l’aurais été il y a longtemps ; pas avec un abruti tout pâle et tout sec qui ne devrait même pas être capable. C’était nul en plus. Ça faisait mal. Il a failli me tyer TUER."


Elle écrivit le mot “tuer” en petites lettres capitales, en repassant plusieurs fois sur les traits – le premier essai avait dégouliné à cause de ses pleurs et de sa main maladroite. Ce n’était pas tant sur le terme qu’elle voulait insister, mais plutôt sur la colère qu’elle ressentait en écrivant. Épaissir la typographie jusqu’à en faire baver sa plume l’aidait à se vider de ses émotions, mais aussi à faire une pause dans sa rédaction. L’encre traversa tout l’épaisseur du papier et la Démone ne s’arrêta que quand elle sentit la fibre s’effriter face aux frottements de la pointe.

"J'ai envie de mourir."


Elle appuya fort, créant un relief. Personne ne pourrait l’effacer comme ça. Même si l’encre disparaissait, le parchemin s’en souviendrait.

"Je ne veux pas du bébé. Je n'en ai jamais voulu et je ne saurai pas m'en occuper. Il faudrait que je puisse tout arrêter maintenant, tout supprimer. Je voudrais le tuer, mais le docteur a dit qu'à ce stade, j'ai trop de chances d'y passer. Je ne le crois pas. C'est un menteur et je le sais. Je n’irai plus jamais le voir. Je devrais le faire à sa place, toute seule. Tomber dans les escaliers, me mettre des coups de poing dans le ventre ou utiliser un couteau. Mais à chaque fois que je me dis que je vais le faire, je me dégonfle. Ça m'énerve."


Le visage de Kitoe était trempé, les larmes étaient plus nombreuses à tracer leur chemin jusqu’au papier, où elles s’écrasaient mollement avant de disparaitre entre les fibres. Elle renifla. Elle avait besoin d’un mouchoir. Il n’y en avait pas à proximité et elle ne comptait pas se mettre à la recherche de quoi que ce fut.

"Je vais être une mauvaise mère. Je ne sais pas m'occuper d'un enfant. Je ne sais pas accoucher. Je ne sais même pas comment ça se passe. Peut-être que je vais mourir à ce moment-là."


Elle qui se pensait invincible concevait davantage sa propre mort que la naissance d’une progéniture qui serait sienne. Elle avait envie de se punir en se faisant saigner. Elle voulait voir du rouge colorer le papier.

"Je n'ai pas envie que ça arrive. Ça ne peut pas arriver, ce n'est pas possible. C’est de sa faute. Je ne veux pas d’un truc de lui. C'était une erreur stupide."


Elle se mordit les joues en écrivant ce dernier mot. Elle était nulle. La reine des idiotes et la pire des incompétentes.

"STUPIDE"


Voilà un terme qui la définissait parfaitement. Elle l’avait écrit à la ligne d’après, en plein milieu de la feuille. Elle repassa sur les traits, comme avec le mot "TUER".

"Madame Stupide"


Et voilà une stupide signature pour la stupide fille qu’elle était. Kitoe regardait ce qu’elle avait écrit avec mépris, quand tout à coup la feuille s’évapora.

-Que…

Elle passa sa main là où le parchemin aurait dû être. Plus rien. Elle se leva vivement.

-Non…

La lettre avait-elle disparu, ou n’avait-ce été qu’une illusion ? Est-ce que quelqu’un allait la lire ? Qui ? Où ? La Démone prit quelques respirations, serra et desserra les poings plusieurs fois et se pinça. Elle était bien là, bien présente et pourtant, elle n’était plus certaine d’avoir vraiment écrit ce qu’elle venait d’écrire. Pourquoi aurait-elle halluciné ? Qui était-ce ? Qui était dans sa tête pour lui faire croire à des choses qui n’existaient pas ? Elle gémit.

-Laissez-moi tranquille…

Tout ce qu’elle essayait de faire était voué à tourner au désastre, comme si on cherchait à l’étouffer et à la faire taire. Prise dans l’étau d’une crise de panique, Kitoe se roula en boule dans un coin de la pièce.

784 mots


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Mancinia Leenhardt
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Lun 07 Aoû 2023, 22:17

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L'encre de tes plaintes coule sur
le parchemin de mon indifférence


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'Anjonù n'aurait certainement pas dû dédier son temps à de telles frivolités vu son temps devenu plus que précieux ces dernières semaines, pour être d'autant restreint sur ses loisirs. Pourquoi se consacrer à un étranger curieux plutôt qu'aux siens ? ... Tant que l'incertitude n'aurait pas quitté son esprit, il ne serait pas tranquille quant à la sécurité de son épouse. Mancinia aimait s'amuser avec le feu, il craignait d'autant plus qu'elle reste coincée sur un bûcher éternel. En analysant de nouveau la structure, il ne détectait rien de particulier ; il était en tout point identique à celui trônant sur le bureau de son aimée. En ouvrant le dessus, il trouvât un morceau de lettre. Neah aurait sans doute dû être surprit, mais il ne l'était pas. Avait-il un correspondant, lui aussi, désormais ? Était-ce le même que celui de son épouse ? Après tout, rien ne garantissait que l'auteur de ces boîtes ne soit pas le même personnage, rédigeant ainsi des missives pour passer le temps. En premier lieu, l'introduction le laissait muet. On ressentait l'impression de ne pas y croire ... ce qui n'était pas étonnant. En dehors des Anges, ou de quelques rares exceptions, ils étaient nombreux à s'adonner au coït sans la moindre réflexion, sans la moindre idée des conséquences potentielles. Cette pensée lui faisait déjà lever les yeux au ciel. Seulement, quelques phrases plus loin ... il dû raviser son jugement hâtif, la nervosité lui causait des sursauts.

Il ressentait une sorte de poison se répandre dans son organisme. Il avait le doux nom de Colère. Si un Péché devait l'attraper un jour, c'était bien celui-là, mais l'Ange n'y cèderait pas. Il ne sombrerait pas, parce qu'il connaissait ses limites et tout être vivant normalement constitué savait à quel point c'était justifié. Tout cet aspect répugnant ne l'orientait que vers un seul être. Emelyn. Elle était née d'un acte aussi abject et sa mère ... n'avait su tenir le traumatisme. Malgré les recherches, Mancinia n'avait pas été capable de la retrouver, surtout dans le chaos qu'avait été l'arrivée des Enfants des Cieux. Est-ce que cette inconnue qui leur avait laissé leur démon roux sur le devant de la demeure allait bien ? Ils étaient incapables de répondre à cette question et, certainement, le resteraient-ils devant les interrogations de leur enfant qui grandirait. Ou alors, avait-elle eu envie de mourir, elle aussi ? Avait-elle commis ce geste aussi stupide que désespéré ? Ce serait ... terrible. Tout cela à cause d'un être abject qui mériterait qu'on le saignasse ! ... Emelyn, sa fille si précieuse, sa tornade rousse, leur boudeuse attitrée. Si sa mère avait fait un choix différent, elle ne serait pas là, il n'aurait pas connu ce bonheur et ces ennuis. Un bébé ne devait pas être tenu responsable, tout au plus, on le confiait à des gens aimants.

Mais la réalité était beaucoup plus complexe et cruelle que cela.

Sans rien connaître de cette étrangère, il ne pouvait décemment pas la laisser demeurer dans un désespoir si criant. Ça pouvait très bien être une Magicienne, comme tout autre chose, mais malgré toute son aversion potentielle, il demeurait un Ange. Mancinia ne cessait de le marteler et se montrait d'autant plus ravie de le voir aller à l'encontre de ses convictions. Organiser une veillée funéraire pour les Enfants de Réprouvés et bénir une Déchue en mal d'enfants en faisaient parties. Est-ce que cet échange mémoriel avait impacté son existence plus qu'escompté ? Certains diraient que oui, d'autres, qu'il s'agissait d'une excuse. Pouvait-il être le représentant de la Bienveillance et de la Famille s'il reniait son devoir sous prétexte de ... rien ? Il n'y avait pas d'hésitation à avoir, dans ce cas précis. Quelqu'un avait besoin d'aide, il y avait au moins deux vies dans la balance et ce n'était pas dans son intérêt de ne pas respecter les volontés d'Ësse'Aellun. Il en assumerait les conséquences.

Comment agir au mieux sans se mettre dans une position délicate ? Si elle ne désirait pas garder l'enfant, cela voulait dire qu'elle se mettrait dans des situations absurdes et dangereuses ; il valait mieux l'aiguiller sur une possibilité d'adoption. L'ennui, ce serait certainement la grossesse. Le corps changeait, une autre vie grandissait en vous et il y avait des dangers à tous les niveaux, surtout si c'était une première. Il n'y connaissait rien, ou plutôt, il ne connaissait que la pratique et l'aspect médical. Dire qu'elle serait seule pendant quelque chose d'aussi important. Que dire de voir un événement si joyeux qu'une naissance entaché par des souvenirs de violences ... Non. Il devait penser au bien-être de cette femme. Ce n'était qu'une âme en peine dans un océan de problèmes. En sauver une, c'était au moins dans ses cordes.

Hey, Madame Stupide,

Ta situation a l'air dramatique, mais elle n'est pas insurmontable. Tu as l'air beaucoup plus forte que ce que tu prétends. Tu es sans doute paniquée, mais sache que personne ne sait comment élever un enfant. Si quelqu'un dit le contraire, c'est qu'il est juste con. Ça peut sembler inné chez certaines femmes, mais elles ont toutes des doutes, des craintes, des envies soudaines ... Ce qui est certain, c'est que cette impression existe chez tous les parents.

Tu ne veux pas de l'enfant et, vu ce que tu as écrit, c'est compréhensible. Ça me rend assez amer de voir que tu ne peux pas vivre la situation normalement, tu as l'air très seule avec tous ces mauvais souvenirs. Je comprends que tu es envie de te rouler en boule dans un lit pour tout oublier, mais tu sais aussi que le monde ne s'arrête pas de tourner ... Une grossesse n'est simple en rien, c'est même plein d'inconvénients, surtout avec tes hormones en vrac, mais il y a des moyens de la rendre plus aisée.

Oui, il y a d'autres possibilités, moins radicales que celles auxquelles tu penses. J'éviterais de te sortir les habituels sermons, ceci dit, ce serait plus rassurant si tu ne maltraitais pas ton corps, ne serait-ce que pour toi. Chasser un enfant est tout aussi dangereux que de le mettre au monde. Oh, je sais que les Déchus ont de supers potions, mais on sait jamais quels effets secondaires ont ces choses-là ! Franchement, je te recommande de ne pas leur faire confiance là-dessus !

Si tu es déterminer à accomplir ce que tu as écrit, je ne suis personne pour t'arrêter, mais si tu es soucieuse quant à cette décision et surtout, que tu es seule, tu peux toujours te rendre sur Boraür. C'est un endroit paisible, où les habitants sont très gentils. Tu peux visiter pour te changer les idées, ou bien rester le temps que tout se passe, tu seras aidée et écouter durant tout le temps nécessaire. Si tu ne veux pas de l'enfant, eh bien, tu pourras toujours le laisser dans cet endroit, où l'on prendra soin de lui.

Oui, un total inconnu est en train de te suggérer de le mettre au monde. Tu peux brûler cette lettre, je comprendrais. D'autant qu'un bébé, c'est une lourde responsabilité. Si tu as déjà peur de l'assumer, c'est peut-être que tu ne le peux pas et c'est bien de le reconnaître, c'est un bon point pour être un parent. Je te le redis, personne n'est prêt à ça. Je sais ce que je dis, je suis un expert en bébé ... J'en ai six. Enfin, disons qu'ils ont été adopté lorsqu'ils étaient bébés. Ce qui ne change rien au fait que ce sont les miens. Tout cela pour te dire que si tu n'as pas assez de place dans ton coeur pour ton bébé, il y a une autre famille qui l'aura.

Et puis, s'il est heureux et que tu parviens à surmonter tout cela courageusement, ce sera ta plus belle revanche, tu ne crois pas ?

Si tu as besoin de conseils ou quoi, il te suffira de me répondre. J'ai cru comprendre que c'était un artéfact magique d'échanges de lettres ... J'ai jamais vécu de grossesse - en même temps, je suis un homme -, mais je connais un excellent médecin si tu as peur de poser des questions de crainte qu'on ne te juge.

Tu n'es pas toute seule, tu as ton super nouvel ami qui est là !


Argenti.

Pourquoi avait-il signé avec un pseudonyme, est-ce que cela changerait quelque chose ? ... Peu importe. Son devoir était d'éviter que des rumeurs ne naissent. Neah ne savait, certes, pas quoi faire de ce rôle de Prophète devant le mutisme du Dieu qu'il devait représenter, mais ce n'était pas une raison pour salir son nom. Argenti, le paternel aux nombreux enfants, serait une couverture parfaite s'il devait l'aider par voie écrite durant quelques mois ...

Post II - 1550 mots


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Dim 03 Sep 2023, 22:11

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L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence
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Kitoe avait complètement oublié l’existence de son précédent message quand une lettre apparut magiquement sur sa table. Le papier s’était littéralement matérialisé sous ses yeux, au prix d’un ébahissement total, entre le plat principal et le dessert. Elle avait commencé par regarder autour d’elle, à la recherche d’un intru qu’elle n’aurait pas remarqué. Bien évidemment, elle n’avait trouvé personne. Angoissée, elle s’était mise à manger de plus belle. La Démone s’était beaucoup laissée aller ces derniers temps. Elle mangeait littéralement pour deux, mais uniquement des aliments très spécifiques, jusqu’à s’en rendre malade. En ce moment, c’était les fraises au sucre avec de la crème fouettée. Demain, ce serait peut-être les biscottes au beurre ou les lentilles-saucisses. Nul ne pouvait prévoir.

Kitoe déplia la lettre. Elle mit un moment à comprendre ce à quoi le message faisait allusion mais quand elle saisit, elle fut prise de panique. Elle poussa un cri de colère et se mit à pleurer. Sa pire crainte s’était produite : la complainte qu’elle avait écrite sous le coup de la rage avait effectivement été lu. Elle essaya de tenir le papier sans trembler.

Dès les premières phrases, elle comprit que le message qu’on lui avait adressé était supposé la consoler. Kitoe sécha ses larmes de crocodile. Quelqu’un dans ce monde lui voulait du bien et la rassurait. Il lui arracha l’ombre d’un sourire reconnaissant. Sans le savoir, elle avait eu besoin de ces mots. Ils avaient momentanément remplacé la nourriture, le lieu réconfortant de ses draps et de ses oreillers, dans lesquels elle avait effectivement désiré disparaître tant de fois. Jamais elle n’avait aussi vite ressenti de l’affection pour quelqu’un qu’elle n’avait même pas rencontré.

*

"Cher Monsieur Argenti,

Personne n’aurait dû lire ce message. Je ne sais même plus ce que j’y ai mis. J’étais triste et j’avais besoin de sortir toutes mes pensées de ma tête. Je ne savais pas que ce papier allait disparaître et qu’il serait reçu par quelqu’un. Autrement, je ne l’aurais pas rédigé. Est-ce que c’est vous qui avez apporté ce papier à lettre chez moi ? Si oui, pourquoi avez-vous fait cela ? Est-ce que vous me connaissez ?

Quoi qu’il en soit, votre message est gentil. Merci. Je ne sais pas trop quoi penser de plus parce que je ne sais pas qui vous êtes. Si vous voulez être mon ami, je suis contente et je veux bien. J’aimerais apprendre à vous connaître. Personnellement, je n’ai pas beaucoup d’amis. Je n’en ai pas, en fait… Beaucoup de personnes pensent que je suis folle. Et vous ? Vous avez des amis ?

J’ai entendu parler de Boraür, mais je n’y suis jamais allée. Cela semble être un drôle d’endroit. Est-ce que vous y habitez ? Je ne sais pas si j’y trouverais ma place. Peu importe ; j’ai des choses à faire chez moi. Je tiens une boutique et depuis que je suis enceinte, c’est un peu plus compliqué à gérer. Est-ce que c’est normal d’avoir autant de symptômes ? Au début, je n’arrivais plus à manger et maintenant, j’ai tout le temps faim. J’ai la sensation d’être malade en permanence parce que je me sens lourde et que mes émotions font n’importe quoi. Parfois, j’ai mal au ventre. J’ai l’impression que cette bébé me dévore de l’intérieur.

Mon ventre a gonflé ces derniers temps. Ce n'est pas beaucoup, mais ça commence à se voir sous les vêtements. Je ne veux pas que ça se voit. Que vont penser les autres ? J'ai peur que ça continue. Je ne veux pas devenir une grosse baleine comme on en croise parfois. Il paraît que certaines n'arrivent même plus à marcher, passé un certain stade.

Vous avez beaucoup de bébés, je ne sais pas comment vous faites. Ce n’est pas trop dur ? Est-ce que vous les élevez seul ?

Je ne sais pas si cet enfant sera heureux avec moi. Je ne le suis pas moi-même et pour être honnête, et j’ai d’autres occupations qui m’intéressent bien plus que d’élever un gamin. Un nouvel être à gérer, c’est une charge mentale dont je n’ai pas besoin. Je crois que je serai capable de l’oublier plusieurs jours avant de m’en apercevoir. Si je ne trouve personne pour l’adopter – j’en doute – je devrais au moins trouver une nounou ou quelque chose comme ça.

En tout cas sachez que je vais un peu mieux depuis la dernière fois, même si j’ai beaucoup de problèmes en ce moment. Je me suis plus ou moins faite à ma condition. Je reste terrifiée par ce qui va sortir de mon ventre un jour, mais je n’ai pas le choix. Ce n’est pas la douleur qui me fait peur, mais véritablement ce qui va en sortir. Peut-être qu’il ou elle sera tellement hideux que je ne supporterai pas de le voir. Peut-être qu’il va me faire tellement souffrir que je vais le haïr, que je vais mal l’éduquer. Il me détestera en retour. Est-ce que ça vous est déjà arrivé ? De détester l’un de vos enfants ? De faire des erreurs ? Est-ce qu’ils vous en veulent ?

Je ne vais pas brûler votre lettre. Elle me sera probablement utile pour les prochains mois. Quoi qu’il en soit, j’espère que la mienne ne vous paraîtra pas trop bizarre.

Madame Bizarre.
"


883 mots


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Mar 31 Oct 2023, 23:30

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L'encre de tes plaintes coule sur
le parchemin de mon indifférence


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'Ange comprenait la raison pour laquelle Mancinia trouvait cet artéfact intéressant, même si cela l'indisposait d'être immiscé de cette manière dans la vie d'une inconnue, dans une situation aussi délicate que la sienne. Maintenant qu'il avait endossé l'identité d'Argenti pour l'aider aux travers de ses mots, Neah ne pouvait plus se permettre de disparaître, de crainte que cet acte soit celui qui la plonge dans une anxiété plus vaste. La vie d'un enfant en dépendait et même si on pouvait le trouver immoral, voire égoïste de l'encourager à donner naissance, c'est le souvenir d'Emelyn qui lui donnait conscience que tous pouvait créer une famille heureuse. Certes, Bizarre n'avait pas eu la même chance que de nombreuse femmes, c'était à lui de rendre la suite plus tolérable. Il ignorait le nombre de mois depuis ... Peu, puisque la nouvelle était récente. Et dans tous les cas, il se devait d'arrêter tout geste inconsidéré ; Edel ne pardonnerait pas une telle offense à la vie. C'était bientôt l'heure de sa réunion, mieux valait lui répondre maintenant.

Ma chère Bizarre,

Ne t'inquiète pas, c'est sans doute mieux de se décharger sur un morceau de papier que de se rendre malade dans son coin. Je m'excuse néanmoins d'avoir été atteint de voyeurisme en lisant ta lettre, mais j'ai décidé de ... vouloir t'aider. Je te rassure, je n'ai aucun complexe du chevalier servant, ça me semble juste normal.

Pour répondre à ta question, non. À mon avis, il est apparu chez toi comme cela a été le cas chez moi. J'ignore qui est le responsable et j'en déduis par tes mots que ce n'est pas toi. J'imagine que quelqu'un s'est amusé à offrir ces boîtes à des étrangers ? L'on dit que certains objets ont pour but de lier les gens entre eux. Peut-être que celui-ci a également cet objectif ? Auquel cas, cela fait sens à ma volonté de t'aider et comme tu le dis, devenir ton ami de grossesse.

Bon sang, c'est vraiment ridicule. Je vois bien que tu ris. On va dire que c'est un objectif atteint.

J'imagine que je n'en ai pas beaucoup non plus. J'ai des collègues et des partenaires dans divers domaines, mais des amis véritables, c'est assez rare. Il est certain que ma compagne est est plus sociable que moi, il faut dire que c'est épuisant d'être debout des heures à discuter. Je ne sociabilise uniquement parce que je veux la suivre où qu'elle aille.

Boraür est une île située dans les mers de l'ouest, elle est assez commune quant à son architecture, mais la vie y est assez déroutante. Sache que les habitants ne font jamais rien payé, ils pratiquent l'échange. Qui plus est, il n'y a pas de magie, mais aucun sentiment de négativité ne s'en ressent ; au contraire, cela ne change en rien des habitudes quotidiennes, à moins que vous n'utilisiez trop la vôtre ... Oh, je n'y habite guère, mais j'en suis l'un des représentants, après tout, c'est l'endroit où j'ai adoptée l'une de mes filles.

Tu tiens quelle genre de boutique ? Est-ce qu'il y a des personnes pour te remplacer quand cela ne va pas ? Il faut demander de l'aide autour de toi, ou bien si tu as peur que ça devienne pénible, engage un suppléant. Les étudiants ne demandent pas mieux que de travailler un peu sur le côté, certains peuvent aider à moindre coût.

Oui, c'est normal d'avoir des sensations donnant envie d'engloutir un sanglier, de ce que je sais, ce sont des variations du corps que seules les femmes ressentent. Tu peux aussi ressentir du dégoût pour certaines choses, avoir de folle envie d'autres. Manger de manière régulière peut t'aider à diminuer cette envie de dévaliser tes armoires, mais dans tous les cas, il est primordial de bien manger, pour tous les deux, alors ne te prive de rien. Progressivement, cela reviendra à la normale - mon épouse m'explique que c'est parce que l'utérus compresse l'estomac que la digestion est ralentie et diminue l'appétit. Ceci dit, la cause la plus logique est tes émotions ; tu es très stressée ! Tu as l'impression qu'elle permet de gérer la situation, mais pas du tout, dans tous les cas, je ne peux que te donner des conseils d'ordre nutritionnel ; J'imagine que tu bois assez d'eau, mais la déshydratation peut provoquer la faim, n'hésite pas à boire plus de verres que d'habitude. Tu devrais aussi prendre des aliments légers, en privilégiant les pâtes et le riz, tout en prenant ton temps.

Tu peux aisément le dissimuler sous des vêtements amples, si vraiment ton apparence est un problème, n'oublie pas que la magie transformiste fait des miracles. Il doit bien y en avoir dans les environs ? Et puis, ce n'est qu'un mythe ces histoires de grosses baleines. Quel est le souci avec ces animaux ? Elles sont intelligentes et chantent de sorte à reconnaître les leurs, c'est pour ça que l'on compare ces dernières aux femmes enceintes, tu crois ?

Je ne sais pas comment on fait non plus pour s'occuper de tout ce petit monde. Je suis marié, mais nous avions adopté des Jumeaux peu de temps avant nos fiançailles. Ils étaient sans parents et nous les voulions. Puis, progressivement, notre famille s'est agrandie. Avec mon travail, c'est plutôt mon épouse qui s'en occupe. Je ne sais pas comment elle fait, c'est au-dessus d'être dévouée. La puissance de son attachement, certainement. Évidemment, d'autres femmes l'aide dans cette charge. Elle délègue, mais veille toujours à passer le plus de temps possible avec eux.

Tu t'inquiète pour lui alors qu'il n'est pas né et tu penses l'oublier ? Tu es consciente que toutes ces inquiétudes sont naturelles et montre que tu as tout de même envie d'être prudente à l'avenir. De plus, ils peuvent être infernaux quand ils veulent et bien te faire rappeler leur présence ; avoir du soutien pour prendre du repos est nécessaire, dans ces cas-là. Si tu as besoin d'une liste de personnes pour t'aider, à défaut d'un long voyage, je peux te l'envoyer. L'essentiel pour moi est que ta grossesse se passe dans les meilleures conditions, que tu es envie ou non de le garder ne me regarde malheureusement pas. Je veux juste être un phare quand tu déprimeras, ou te conseiller quand tu en ressentiras le besoin. Et ... Non. Je n'en déteste aucun. Ils sont tous des êtres dont j'ai la responsabilité, même s'il m'arrive d'être maladroit et de ne pas savoir toujours comment réagir. Comme ils grandissent, cela va devenir de plus en plus compliqué, mais je vais faire en sorte que mon amour soit plus grand que leur rancoeur s'il m'advient d'être nul.

En tout cas, Madame Bizarre, vous me permettez aussi de m'interroger sur mon rôle de père, ce qui n'est pas plus mal. C'est toujours intéressant de s'améliorer tous les jours, tu ne crois pas ? Au final, j'imagine qu'on est bizarre tous les deux ?

Argenti

Post III - 1250 mots


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Kitoe
Ven 24 Nov 2023, 21:34

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Kitoe
L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence
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Kitoe posa une main sur son ventre et en caressa l’arrondi avec précaution. Une crainte de faire éclater cette sorte de ballon qui gonflait peu à peu en elle la prenait à chaque fois que son abdomen entrait en contact avec quelque chose. Elle ignorait pourquoi elle se faisait subir ça. A chaque fois une pointe d’angoisse revenait à la surface de ses émotions. Quelque chose vivait là-dedans, étirait sa peau, déplaçait ses organes et se pressait contre les parois. Elle ne pouvait déjà plus le cacher, même sous sa forme démoniaque. Elle qui avait le don de changer d’apparence détestait voir son corps se déformer de la sorte. Et dire que dans une autre vie, elle avait rêvé d'avoir des enfants… Elle avait été stupide et naïve à l’époque. Elle aurait été mauvaise, si mauvaise…

Son correspondant lui avait répondu. Il avait éclairci ses doutes et ses interrogations d’une certaine manière. La Démone comprenait qu’elle et lui n’avaient pas les mêmes méthodes. Elle comprenait qu’elle ne devait pas lui révéler ce qu’elle était, car lui n’était certainement pas d’un monde compatible au sien. Elle le détestait profondément et pourtant, elle avait attendu son courrier avec impatience et se projetait déjà sur le prochain.

Cher monsieur Argenti,

Votre dernière lettre m’a arraché un sourire et peut-être un rire, il est vrai. J’ai imaginé que quelqu’un eut pu avoir l’idée de nous lier, et j’ai essayé d’imaginer de quelle façon je pouvais vous être utile, quand vous m’apportez des conseils. Si je vous aide à réfléchir à votre rôle de père, j’en suis ravie. Je suis aussi un peu désolée car j’ai le sentiment que tout nous oppose et qu’il me paraît paradoxal que je puisse apporter un élément positif à votre existence.

Vous avez de la chance d’avoir une compagne. Vous avez l’air de vous aimer beaucoup. J’ai déjà été amoureuse de quelqu’un. Tout aurait pu être parfait, mais ça s’est mal terminé à cause d’une dispute. Depuis, je n’ai plus jamais eu de relation stable. Je crois que je ne suis pas très douée pour ça, vous l’aurez remarqué. C’est un peu comme si j’avais un talent particulier pour détruire tout ce qui a le malheur de se trouver sur mon passage. C’est pour cette raison que l’île dont vous parlez ne m’a pas tout à fait l’air adaptée à ma condition. A l’inverse, votre titre là-bas explique pourquoi vous êtes gentil. Vous devez être quelqu’un d’important pour avoir un tel rôle là-bas. Vous devez être un Ange, ou un Ygdraë, ou un Magicien et vous devez avoir une vie chargée, mais bien rangée. Et vous êtes riche, de toute évidence. Est-ce votre femme, l’excellent médecin que vous m’avez conseillé la dernière fois ? Décidément, vous êtes tous les deux très talentueux…

Pour ma part, je tiens une boulangerie. Même si j’ai d’autres activités commerciales, il s’agit de mon métier principal. J’avais une remplaçante très efficace pendant quelques temps : ma sœur. Elle est partie faire sa vie ailleurs, je ne sais pas vraiment où même si j’ai une vague idée. C’est sûrement pour le mieux. Nous nous marchions dessus et je crois que je l’étouffais. Je ne peux pas lui en vouloir, même si c’est un peu le cas malgré tout. Je peux faire appel à d’autres employés lorsque j’en ai besoin, mais ils ne sont pas aussi efficaces et je ne leur fais pas entièrement confiance.

J’essaie de camoufler mon ventre, mais c’est de plus en plus difficile. Les changements d’apparence me fatiguent. J’ai peur qu’à trop le faire, ça ne fasse plus de mal que de bien. Cette grossesse est à la fois rapide et interminable. Parfois, j’ai l’impression que ça bouge, mais je ne sais pas si c’est le cas. Quoi qu’il en soit, cette mobilité ne me rassure pas. Cet être pourrait me perforer à donner des coups de pieds trop forts. Vous pensez que c’est possible ?

Je déteste vous exposer tout cela. L’écrire me fait me rendre compte à quel point ma vie est chaotique. Ça fait partie du personnage, me direz-vous, mais vous comprenez que la personne que je suis n’est pas propice à l’éducation d’un gamin.

Une liste de personnes ? A quoi pensez-vous ? Vous savez, ils risqueraient de ne pas y survivre.


Ce n’était pas qu’un trait d’humour. Elle découperait tout ceux qu’elle enverrai au front.

Est-ce que vous adopteriez mon enfant si jamais je n’en voulais pas ? Je ne voudrais pas être un poids, mais c’est seulement une éventualité si jamais les événements venaient à mal tourner. Désolée, oubliez cette ligne. Je n’ai pas la foi de recommencer toute cette rédaction.

Oui, vous êtes bizarre aussi. Je crois que vous m’intriguez un peu parce que je n’arrive pas à vous comprendre complètement. Mais vous n’êtes pas nul ; là est la différence entre vous et moi. Je ne sais pas si j’ai déjà rencontré quelqu’un comme vous. Peut-être, il y a longtemps…

Madame Nulle


828 mots


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Dim 07 Jan 2024, 22:47

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L'encre de tes plaintes coule sur
le parchemin de mon indifférence


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]— Ça te conviendrait si nous adoptions un autre enfant ?

La main de Mancinia avait sursauté sur le parchemin en entendant cette phrase, causant un trait maladroit sur sa lettre manuscrite. Elle allait certainement devoir recommencer, mais ce n'était pas ce qui lui importait. Son regard confus se posait ensuite sur son mari qui, voyant sa réaction, soupirait délicatement avant que sa bouche n'émette un son.

— Oublie ma demande, c'était idiot.
— Ça ne l'était pas.

Comment pourrait-elle dire l'inverse alors que les petits êtres dont ils avaient la charge avaient tous été adopté ? Ils n'étaient certainement pas les meilleurs parents, ce qui ne les empêchaient pas de vouloir le meilleur et de rendre heureux ceux qui n'en auraient pas eu la chance, ni l'opportunité autrement. Ils devaient être bienveillants pour guider autrui. Posant sa plume, l'Humaine baissait les yeux vers son ventre.

— J'aimerais seulement tomber enceinte plus rapidement.

Elle s'attendait à avoir une heureuse annonce aux bords des lèvres, mais rien encore n'avait altéré son anatomie ni bouleversé ses hormones. Implacables, ses menstrues revenaient chaque mois, marquant ainsi la mort d'un enfant. Neah voyait bien son air dépité et la tristesse dans son regard. Se redressant, l'Ange vint mettre une main sur ses épaules.

Cela fait moins d'un an que nous sommes mariés, Mancy.
... Et si j'étais stérile ?
Je crois que tu te prends trop la tête là-dessus, conclu-t-il en embrassant son front. Ton corps réagit à tes sombres pensées et cela cause un blocage, tu ne penses pas ?
Capitaine Katzuta ... aurais-je fais de vous un médecin ?

Pour toute réponse, il embrassait furtivement ses lèvres, avant de retourner s'asseoir. Mancinia se sentait apaisée.

— C'est à propos de ta correspondante ? demanda-t-elle. C'est ironique que tu me fasses les gros yeux pour avoir une Alfar dans mes contacts, mais que tu te prêtes toi-même au Jeu sans savoir qui se trouve derrière.
Je voulais voir s'il s'agissait de la même personne, mais elle semble m'écrire plus souvent que la tienne. D'ailleurs, elle attend un enfant.

Un léger voile assombrit son regard.

Et elle n'en veut pas ?
Elle l'a sous-entendu, mais je crois que c'est une naissance non-désirée à cause d'une agression.
Je vois.

Une part d'elle-même aurait voulu se plaindre de celles qui avaient la chance d'avoir un bébé au détriment de celle qui ne le pouvait, mais Mancinia avait appris à ravaler cette rancoeur sans savoir ce qui se cachait derrière. Et cela lui était bénéfique au vu de la situation de l'inconnue. Elle-même avait énormément de chance de n'avoir jamais subi cela dans sa vie, que ce soit lorsqu'elle était nomade ou même adulte, sur les champs de bataille. Elle avait Neah pour la protéger si sa main faiblissait, mais ce n'était pas le cas de toutes les femmes.

Elle voudrait le confier à des inconnus ?
Je ne pense pas. C'est simplement la désorientation parce que je lui ai dit avoir l'habitude. Je lui ai même conseillé d'aller sur Boraür pour qu'ils puissent l'aider dans ses besoins, ou pour céder l'enfant dans une famille adéquate, mais cela à l'air de ne pas lui convenir. Elle hésite.

L'Ange semblait s'investir et son Humaine en comprenait la raison. Emelyn. Et encore, parce que sa mère n'avait pas eu le courage de ... la tuer. Certaines femmes n'auraient pas hésitées. C'est peut-être ce que voulait éviter son mari à ce petit être pas encore né et déjà prêt à être abandonné.

Je ne veux pas la contraindre à ce qu'elle ne veut pas, seulement que ça se passe bien.
— Que ferais-tu si elle nous confiait un bébé qui se révélerait Sorcier, ou Déchu ?
— Ce serait mon rôle de le guider sur la voie du Bien.

Un Magicien ou un ... Ange. Si toutefois cela était possible.

— Et si c'était un Démon, Neah, tu y as pensé ?

Sa main s'était crispée sur la lettre.

— Aucun Démon ne se soucierait de son enfant comme ça.

Sur ce point, l'Humaine ne pouvait qu'être d'accord. Et dans le silence, ils reprirent chacun leur écriture.

Ma chère Dame,

On ne peut jamais être certain du Bien ou du Mal que l'on fait aux autres. Il n'y a jamais vraiment de milieu de ce qu'on ressent contre ce que ressentent les autres, l'essentiel est de rester Juste. Ce n'est pas parce que vous avez l'impression d'être inutile en raison de votre état que vous l'êtes, il y a simplement des ajustements à opérer dans votre vie.

J'imagine que mon amour transparait aux travers de mes lettres. Cela m'embarrassait à une époque que tout le monde puisse voir mes sentiments, mais ce n'est plus le cas. J'aime ma compagne. Je souhaite à tous de connaître ce même bonheur, même s'il peut sembler inatteignable dans certains moments de nos existences. Nous avons tous une âme-soeur, il faut seulement parfois un peu de temps avant de trouver la vôtre. Et a une longue existence devant nous, après tout. Vous avez une chance de réussir sur une vingtaine de races, je vous laisse dans vos suggestions.

Il y a elle, mais la gynécologie n'est pas sa spécialisation, mais elle a des collègues parfaitement adaptés, même féminines si vous voulez être plus à l'aise. Je vous joins une petite liste à côté. J'espère que ce ne sera pas trop éloigné de chez vous.

Vous n'avez pas un métier de tout repos, vous non plus. Surtout si vous êtes polyvalente, ce qui n'est pas offert à tous ! C'est normal de développer un état anxieux après ça, surtout si vous n'avez plus l'un de vos piliers avec vous. Vous n'avez plus de contact avec votre soeur ? Je pense que parfois, il faut se disputer pour mieux se retrouver. Sait-elle ce qui vous arrive en ce moment ? Peut-être que la tenir au courant, même si elle donne l'impression de n'en avoir cure, lui montrera que vous tenez encore à elle, même si vous parlez de pluie et de bon temps.

Vous semblez avoir un petit bébé énergique, mais aucun d'entre eux ne peut vous blesser à ce point. Il y a des grossesses plus particulières que d'autres, mais je ne pense pas que vous soyez dans ce cas. Dans un sens, c'est rassurant de le sentir bouger, c'est que tout se passe bien, même si cela vous secoue.

Il n'y a pas de mal à reconnaître ses faiblesses pour les corriger, au contraire, cela démontre que vous en avez conscience. Il n'y a pas beaucoup de monde qui accepte cette réalité, quand bien même ils ont la sensation de voir leur existence s'effondrer ... Même si vous ne vous sentez pas le courage de le relever, il y a d'autres possibilités. Je ne peux pas faire comme si je n'avais rien lu. Cela étant, si vous en avez vraiment besoin, je peux en discuter avec mon épouse. Elle n'est pas fermée sur ce genre d'idées, même si c'est temporaire et que vous voulez faire partie de sa vie, à l'avenir, il n'y aura pas de problèmes.

Oh, je ne fais que ce qui me semble Juste ; vous aviez besoin d'une oreille attentive et j'étais à l'autre bout de la boîte ! C'est pourquoi il ne faut pas hésiter !

Votre correspondant dévoué,
Argenti


Post IV - 1210 mots


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Kitoe
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Kitoe
Dim 21 Jan 2024, 17:14

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Kitoe
L'encre de tes plaintes coule sur le parchemin de mon indifférence
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Un soubresaut fit frémir la feuille qu’elle tenait entre ses doigts. Le tremblement se poursuivit et le couinement qui l’accompagnait s’intensifia. Prendre connaissance de cette liste que lui avait transmise son interlocuteur la faisait rire de plus en plus fort. Les professionnels qu’il lui avait conseillés résidaient à Vervallée. Il s’agissait donc probablement d’un Magicien. Ce pauvre homme était tombé sur une affreuse correspondante, le comprenait-il ? A quel point ? Quel abruti.

Les soubresauts se transformèrent en véritables éclats, qui furent aussitôt tus par une plainte rauque. Kitoe posa ses mains sur son ventre. Une contraction avait mis fin à son amusement. Elle souffla par la bouche. Elle n’était pas à terme, loin s’en fallait. Seulement, certains mouvements ne semblaient pas plaire au petit qui parasitait son utérus. Se redressant enfin, essoufflée, la Démone fit glisser une feuille de papier vierge jusqu’à elle.

Cher monsieur Argenti,

J’ai bien reçu la liste que vous m’avez transmise et je vous en remercie. Je tâcherai de me pencher sur la question et de trouver un rendez-vous.

Ma sœur ne sait rien de ma situation. Elle est partie un peu avant ce qu’il s’est passé. Quoi qu’il en soit, vous avez raison : je devrais la contacter. Lorsqu’elle est partie, j’étais tellement en colère que j’estimais que c’était à elle de faire le premier pas. D’un autre côté, je la sais tellement têtue qu’elle serait capable d’attendre plusieurs dizaines d’années que je lui envoie le premier message. Je ne lui en veux pas pour autant. Moi-même, je suis un peu pareille. Sans oublier qu’elle doit être très occupée : refaire sa vie ailleurs prend beaucoup de temps.

Vous avez dit que vous croyez aux âmes-sœurs. Avez-vous pris du temps avant de trouver la vôtre ? Pensez-vous que l’on puisse en avoir une à un moment puis en changer ? Je me pose la question, comme ça n’a pas fonctionné avec la première personne, mais que j’en apprécie une autre aujourd’hui. Ce n’est pas tout à fait pareil. J’étais amoureuse du premier, là où je suppose que nous nous rapprochons davantage de l’amitié avec l’autre, mais… J’ai le sentiment que nous avons une connexion particulière, comme si nous nous comprenions mutuellement sans avoir besoin de nous parler. Et lorsque l’un souffre, même à distance, l’autre souffre aussi… Vous comprenez ?

Je ne parviens pas à cacher mes faiblesses, alors je suis obligée d’en avoir pris conscience et de vivre avec. Je suis ma propre cheffe d’entreprise car il me serait impossible de gérer celles-ci autrement. Cela m’a pris du temps. J’ai beaucoup lutté contre moi-même avant de trouver ma place. Ce bébé pourrait tout bouleverser. Vos mots me rendent plus optimiste qu’au début, alors j’ose espérer que cela me bouleversera pour le meilleur. Je tiens d’ailleurs à vous dire merci pour vos lettres. Vous n’imaginez pas à quel point elles me font le plus grand bien et comme elles m’ont aidée à aller mieux jusque-là. En échange, j’aimerais vous transmettre un cadeau également. Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que ça vous plaira et que ce n’est pas trop sucré. Si vous aimez, je pourrai vous en faire d’autres pour nos prochains échanges. Est-ce que vous avez un dessert préféré ? Je pourrai essayer de vous le préparer. Je vous assure que cela me ferait plaisir.

Madame Faiblesse


Bien sûr que la perversion la rattrapait. C’était comme son instinct de survie répondant à toute cette gentillesse qu’ils s’échangeaient depuis déjà trop longtemps. Kitoe n’y tenait plus. La tarte aux fruits rouges qu’elle avait confectionnée n’était pas qu’une pâte brisée sur laquelle reposait une épaisse couche de fraises et de framboises cuites à la manière d’une confiture. La recette comportait un peu de sang et des minuscules morceaux de chair qui avaient mariné de longues heures dans le jus des fruits jusqu’à en obtenir le goût et la texture.

Kitoe avait empaqueté le présent avec soin, dans une boîte en carton qu’elle avait scellée à l’aide d’un ruban coloré. Cela lui rappela les colis qu’elle avait personnalisés pour celles et ceux qui avaient eu la chance de croiser son chemin par le passé. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas offert quelques gourmandises anonymes. Ces derniers mois avaient été trop intenses avec le départ de son Reflet. La Démone repensa à Argenti et leur échange au sujet de sa soi-disant sœur. Kitoe ne souhaitait pas lui annoncer qu’elle attendait un enfant, car elle savait que Toki se moquerait d’elle et la prendrait de haut. En revanche, elle n’était pas contre l’idée de rétablir le contact.

Toki,

Je serais curieuse de savoir où tu as atterri. Est-ce que tu aimes la campagne ? Comment vont les Déchus ? Si tu ne t’es pas installée chez eux, je suis certaine que tu y es au moins passée.
Au plaisir que tu m’invites à découvrir ton nouvel établissement.

Kitoe


Pour elle, elle fit accompagner la missive d’une boîte de cookies parfaitement végétariens.

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Mancinia Leenhardt
Mar 09 Avr 2024, 22:45

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L'encre de tes plaintes coule sur
le parchemin de mon indifférence


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En entrant dans le bureau d'un pas aérien, l'Humaine avait l'esprit enchanté de ses échanges de l'après-midi. En ôtant son châle, elle notait que son mari ne l'avait pas salué, plongé dans la lecture d'une missive, ce qui était rare. Même en l'observant de dos, elle pouvait dire que son air était grave. Une mauvaise nouvelle ? Un rapport qui ne convenait pas ? Un problème sur ses terres qu'il devrait résoudre en urgence ? Elle choisit de ne rien dire pour ne pas l'interrompre dans son travail. Elle se vengerait brutalement avec un bisou dans le cou dans quelques instants. Sans se dissimuler, Mancinia se dirigeait vers le bureau. Leurs bureaux. Ils étaient côte à côte. Plus romantique, vous mourriez, mais ils aimaient travailler ensemble et c'était mieux que de parcourir le bâtiment. Dans le paysage, quelque chose avait également changé, trônant sur l'outil de travail, une pâtisserie qui semblait lui être destiné ; devait-elle la subtiliser ? Dans son esprit, le déclic se fit.

C'est ta correspondante qui t'a envoyé ça ?
N'y touche pas.

Sa main se trouvait à quelques centimètres de l'oeuvre. Habituellement, l'Humaine se serait amusée à le taquiner sur sa gourmandise, sur sa jalousie imaginaire de le voir correspondre avec une autre femme, mais il y avait clairement quelque chose qui n'allait pas. Cela se voyait dans son regard.

Une mauvaise nouvelle ?

Elle n'était pas sans savoir que cette femme attendait un enfant. Qu'elle le rejetait, à cause d'un vécu qui lui remémorait la lettre que tenait Emelyn lorsqu'ils avaient choisis de la recueillir. Un ... abcès qui la rendait malade à cause d'une conception violente qu'elle n'aurait jamais souhaité à personne. Aurait-elle ... perdu ce dernier ?

Du sang.

En observant son mari, ainsi que la missive dans sa main, cela ne lui sautait pas aux yeux.

Je ne vois rien.

Comme si un peu de liquide carmin lui ferait peur ...

Dans ce truc.

Mancinia clignait des yeux, puis reportait son attention sur le gâteau, avec un air décontenancé. Neah n'avait nullement l'air de tenter une plaisanterie, leur Lien pulsait divers sentiments, alors que ce dernier repliait le papier en prenant soin de ne pas la déchirer dans la manoeuvre. Tremblait-il de Colère ? Ce n'était pas à ce point, mais cela pourrait le devenir. D'un mouvement du poignet, usant de magie, les rideaux se fermaient pour baisser la luminosité de la salle. La pâtisserie devint recouverte d'un amas visqueux et vert.

C'est un liquide, relativement rare, certes, mais qui permet de distinguer certaines tâches. Mes collègues s'en servent sur certaines enquêtes et j'en ai demandé un flacon par sécurité, puisque la forme et la manière me rappelait quelque chose ... Ce que tu vois en vert, c'est du sang.
De quoi ?

L'Humaine avait le souffle coupé, ce n'était pas une quantité qui pouvait être provoqué par une petite blessure, de plus, cela n'aurait pas été aussi bien camouflé. À quoi s'amusait cette femme ? Voulait-elle lui faire une mauvaise plaisanterie, après tout ce que son mari avait fait pour elle ? Quelle idée saugrenue. Non, c'était les sentiments de son mari qui brouillait ses sens fatigués, ce devait être elle qui devait être rationnelle du couple.

Je ne comprends pas, Neah.
Tu en es sûre ? demanda-t-il, les lèvres pincées. Tu m'avais prévenu, pourtant.

À quel avertissement faisait-il allusion ? Il était tellement commun qu'ils s'en fassent et qu'ils les ignorassent.

Cette femme est un Démon.

Cette phrase lui coupait le souffle, elle n'osait imaginer la réalité de ce qu'avait dû éprouvé Neah. Pourtant ...

As-tu la moindre preuve qu'elle ne l'est pas acheté ?
Elle l'a elle-même réalisée, dit-il en agitant doucement la missive. Je suis certain de ce que j'avance.
Et ... comment tu le sais avec une telle assurance ?

Un léger silence régnait, ce n'était pas son genre d'accuser sans preuves.

Tu te souviens du Goût de l'Idéal ?
Je devrais ? Ça ne me ... Ah, si ! En effet, oui. Et ?
J'avais fait analyser la composition puisque tout me semblait répugnant. Eh bien, c'était des gâteaux avec plusieurs ingrédients à base d'êtres vivants.

Mancinia n'était pas prête pour cette succession de révélations, écarquillant les yeux en se demandant si Neah ne la menait pas en bateau. C'était toujours non.

Je ... Quoi ?!

Désormais, elle regardait cet appétissant gâteau comme le dernier déchet. Sa main sur sa bouche, comme si son estomac allait rendre son repas.

Je n'en reviens pas, c'est ... !
Tu imagines que pendant des semaines, j'ai réconforté un Démon ?

La voix de son Ange noyait la sienne. Il ne l'avait nullement haussée, mais tout était dans le ton. Si elle ne le connaissait pas, Mancinia aurait été intimidée dès les premières notes, craintive au point de perdre ses moyens, de vouloir disparaître. Seul de la tristesse émanait de son regard en le posant sur lui, les traits dissimulés n'enlevait rien à son allure distante. À quoi ressemblait-il réellement, en cet instant ?

Je lui ai parlé de ma vie, de nos amis, de toi ... Je lui ai donné des conseils et du réconfort ...

Son poing s'abattit violemment sur son bureau.

Quel Ange fait ça avec ceux qui ont massacrés son peuple, putain !

L'Imprévisible avait prit son courage à deux mains pour ne pas sursauter, ni reculer. Cette Colère n'était pas dirigée contre elle, mais son éclat demeurait impressionnant. Elle ne voulait pas que Neah s'en veuille de lui avoir fait peur, plus sous le coup de la surprise qu'une réelle crainte. Tout ce que sa femme pouvait faire, c'était d'être là.

Ce n'est pas de ta faute, tu as été trompé.

Pouvait-il réellement dire que c'était le cas ? Il ne l'avait jamais interrogé sur sa nature il ne l'avait lui-même pas communiqué avec certitude. Son statut et sa réputation rendaient son identité précieuse, à manier avec précaution puisque l'attitude d'autrui variait dès l'instant où Neah Katzuta se présentait. C'était une inconnue qui avait besoin d'aide et rien n'avait laissé présager l'horrible vérité. Si elle avait su ... l'aurait-elle attirée dans un piège plus macabre encore ? Mancinia ? Ses enfants ... ?

La seule chose que je puisse faire pour racheter ma bêtise, c'est de mettre un terme à l'existence de ce lieu abject.

Sous le regard de son épouse, l'Ange prit sa plume en réfrénant son envie d'oublier l'écritoire dans un coin obscur de ce monde et de ne plus jamais répondre. De continuer sa vie comme si de rien n'était, mais les dommages étaient bien présents et il veillerait à ne pas fuir ses responsabilités.

Ma chère correspondante,

J'espère que vous avez su contacter votre soeur depuis votre dernière missive. Faire le premier pas est le plus difficile, mais lorsque l'étape est franchie, l'on se sent plus léger. C'est mon cas en ce moment, arranger ses affaires est parfois primordial pour mener une vie meilleure. Dans votre état, c'est d'autant plus important que vous attendez un enfant.

Vous savez, en rencontrant mon épouse, je n'y croyais pas du tout. Je l'ai vu et j'ai su. Ça n'a pas toujours été simple, c'était même parfois énervant entre nous, mais le temps à apaiser les tensions et nous avons appris à nous connaître. Elle est vraiment l'incarnation même des Vertus.

Il n'y a aucun mal à se tromper, je vous l'ai dit. Comment savoir si on n'essaie pas ? Comment réparer ses torts si l'on reste aveugle ? Non, se vautrer rend certainement en Colère et misérable, mais la solution n'est jamais bien loin. Je comprends ainsi très bien ce que vous ressentez. J'imagine que c'est comme le Lien des Anges avec les Humains, non ? Ce doit être merveilleux de ressentir ce que l'autre ressent, cela à ses inconvénients, mais ils sont certainement moindres lorsque la relation est aussi pure, ne croyez-vous pas ?

Je vous remercie pour votre cadeau, c'était vraiment délicieux ! On en a savourer chaque bouchées. Vous avez un ingrédient secret ? Non, ne dites rien, je sais ce que signifie le secret professionnel.

Je me rends compte que je n'ai jamais eu le loisir de vous demander votre véritable prénom, chère correspondante. Après tous ces mois de dialogue, j'imagine que votre fidèle Argenti peut bien avoir la chance d'en avoir la révélation. Idiote ne vous sied plus trop, sauf si vous y tenez. D'ailleurs, quel est le nom de votre commerce ? Sait-on jamais que j'y vienne y faire un tour.

Amicalement vôtre,
Argenti.


Neah savait sa comédie s'étioler. Il n'attendait que d'obtenir cette adresse pour rendre la Justice, que ce soit en brûlant l'endroit, ou en agissant pour sa ruine. Lui qui avait sincèrement cru aider une personne en détresse ... Maintenant que ce doute avait germé dans son esprit, rien ne pouvait l'en défaire. Il savait avoir raison. Peut-être que le moment venu, elle aussi, il devrait la tuer.

Tout ce que pouvait faire Mancinia, qui assistait à toute la scène, c'était d'être le soutien qu'il attendait.

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