Par Sympan, Alcide est une fille !

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Lorsqu’Aäron pénétra dans la partie qui avait été destinée à son prochain tête à tête et qu’il vit la tignasse blonde d’Alcide, il se stoppa net. Il tenta un demi-tour mais son corps heurta celui d’une des organisatrices qui le regarda en fronçant les sourcils. « Où est-ce que tu crois aller ? On ne change pas l’ordre ! » Il se fit l’effet d’un chiot face à un monstre. Il baissa donc les oreilles et retourna en Enfer sans broncher. L’Enfer avait les yeux bandés, ce qui était légèrement rassurant. Néanmoins, l’Alfar n’était pas sûr de vouloir rester en sa compagnie longtemps. Depuis leur rencontre, il ne cessait de penser à lui et à ce qu’il lui avait dit. Bien sûr, il avait pris la lettre pour la lui rendre, mais entre la théorie et la pratique, il y avait tout un monde.

Il s’assit donc en face de lui et commença à le détailler. C’était plus facile lorsque les yeux de l’autre ne pouvaient pas se poser sur lui et l’observer en retour. Il était bien plus libre. Aäron n’était pas motivé par grand-chose et ses remarques avaient souvent peu de pertinence mais la pensée qui lui passa par l’esprit fut très juste : Alcide était comme le jour, là où il était comme la nuit. Il y avait quelque chose de solaire qui irradiait de son vis-à-vis alors que lui semblait plutôt froid et éteint. Il en ressentit une forme d’envie. Dans une autre vie, il aurait peut-être pu être ainsi : insouciant, à croire que le monde est fait de gentils et de gâteaux au chocolat.

L’Alfar se râcla la gorge, tout en se demandant si… Non ?! Il écarquilla les yeux. Alcide était une fille ! C’était la raison pour laquelle il se retrouvait face à lui… enfin, elle. Mais… Oh. C’était pour ça le « Poupou » de la lettre ? Poupou, ça sonnait féminin un peu. Crotte… « Hum… Je ne savais pas… » bredouilla-t-il, en regardant le visage de son rendez-vous. C’est vrai qu’il avait des traits doux. Elle. Elle avait des traits doux. Et pas de poitrine. C’était peut-être une particularité propre aux femmes de son peuple ? Il n’y connaissait rien. Il s’y connaissait surtout en Orisha mais n’avait qu’un seul modèle : son frère. « Je t’ai ramenée ta lettre… Je l’ai ouverte par inadvertance. » Peut-être qu’elle ne voulait pas que les autres sussent qu’elle était une fille ? C’était possible. « Ne t’inquiètes pas, je dirai rien. Je garderai ton secret. Je pourrai même dire aux membres de l’AAAP qu’ils exagèrent et que ça ne se fait pas… »

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« ‘lut. » C’est vrai qu’il ne l’avait pas salué. Aäron étudia l’aveugle. Sa voix n’était pas spécialement féminine. Elle n’était pas non plus très grave. C’était peut-être une particularité raciale. L’Alfar attrapa son lobe de l’oreille et commença à jouer avec. Il n’était plus très sûr. Néanmoins, il ne voyait pas d’autres explications au fait qu’Alcide se trouvât en face de lui maintenant. Je ne pensais pas me retrouver avec un garçon non plus. « Hum… » Était-il une fille qui préférait les filles ? Ou était-il un garçon qui préférait les filles ? Aäron aurait tout le temps de répondre à cette épineuse question plus tard puisqu’il allait bientôt être envoyé dans le dortoir du blond. « Non c’est rien… » finit par conclure le brun. Il n’avait pas envie d’aborder la question de son sexe avec son interlocuteur. Il résoudrait ce mystère autrement, quand il aurait le temps et en demandant par ci par là. « Elle est de ton père. » Parce qu’il y avait marqué Papa qui t’aime aussi à la fin. « La lire ? » Aäron passa son index sur le col de son vêtement. Il était un peu gêné. Il n’était pas très doué pour lire à voix haute. « Lucius ? » Ce nom-là ne figurait pas dans la missive. « Bon… Je lis alors… Et ça va comme d’hab’. » Il avait commencé à raccourcir quelques mots. C’était moins chiant à prononcer et le sens demeurait compréhensible.

Il commença donc la lecture, butant sur quelques mots malgré le fait qu’il avait déjà lu le contenu cent fois. L’anxiété couplée à la perspective du poupou de la fin n’étaient pas pour le rassurer. Il finit. « J’ai hâte de te revoir mon poupou. Gros bisous. Papa qui t’aime aussi… » Il aurait bien aimé que son père lui dît qu’il l’aimait. Néanmoins, il lui semblait pouvoir toujours rêver. Son père manifestait son amour autrement, malheureusement : en fabriquant des jeux et mettant en place des énigmes à lui faire tester. Il en avait marre des jeux et des énigmes. « C’est qui ton père ? » demanda-t-il. « C’est qui Adam ? Et c’est qui Laëth ? Pourquoi elle est triste ? Et pourquoi ton père t’appelle mon poupou ? » Il ne savait même pas ce que ça voulait dire, mon poupou. Il trouvait pourtant ça étrangement approprié pour Alcide. S’il avait dû inventer un mot pour lui, assurément, ça aurait été poupou. « Avant toi j’étais avec une fille qui aime le groupe Aptéramor. Tu connais ? » Il n’avait pas retenu le nom en réalité et n’avait pas compris non plus qu’il s’agissait d’un animal.

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