C'est pas censé se faire tout seul ?

Musique

Depuis qu’Aäron avait eu cette conversation avec Alcide, il ne cessait de penser au fait qu’il était potentiellement malheureux. Il avait également fini par savoir que la lettre qu’il avait lue par erreur était en réalité adressée au Magicien. Il avait enquêté, demandé à plusieurs personnes, avant que l’une d’elle émît cette hypothèse. Depuis, il hésitait à la lui rendre. Il n’avait pas envie que ce dernier le confrontât de nouveau sur son état émotionnel. Il soupira en y pensant mais prit tout de même la missive avec lui, dans l’objectif de s'en défaire si jamais il venait à croiser le blondinet.

« Bon… » s’encouragea-t-il, avant de descendre l’un des escaliers qui menait à la salle dans laquelle se déroulaient les événements. Il avait décidé de participer pour se prouver qu’il pouvait ne pas être seul s’il le voulait ; en théorie. En réalité, il voulait surtout démontrer à Alcide qu’il était parfaitement entouré et heureux. Dans les faits, ce n’était pas le cas mais il se disait que s’il donnait le change, les autres lui foutraient la paix. Il n’avait pas franchement goût à toutes ces choses. Il préférait être seul de toute façon. Rien ne valait son livre regroupant les dessins de Dan Emossa. Il s’agissait de paysages et de personnes dessinés à l’encre noire. Ils étaient surchargés. Quand il les voyait, il avait l’impression qu’ils lui parlaient. Il se sentait attiré par ces ténèbres et ces visages tordus. Parfois, il hésitait à se coiffer autrement. Depuis quelques jours, il avait déjà accentué le noir qui entourait ces yeux. Personne ne lui avait rien dit. Tout le monde s’en fichait.

Arrivé à la place qui lui était destinée, il attendit qu’une fille fût dirigée dans l’espace à son tour. Il la regarda et se racla la gorge. Il n’était pas très à l’aise. Dans l’Antre de la Dame, il avait été habitué aux domestiques, pas à des personnes ayant le même rang social que lui. Il y avait, bien sûr, son père et son frère, mais Kahel avait plutôt l’air d’un imbécile heureux et son paternel était souvent occupé à fabriquer des trucs et des machins. Il soupira. « Bon… Je crois qu’on est censé voir si on se plaît. Je ne sais pas trop comment ça marche… Y a une astuce pour savoir ? » Il doutait avoir quoi que ce soit en commun avec elle. Gêné, il amena ses doigts sur la pointe de son oreille et la tripota. « Je ne sais pas… ce n’est pas censé se faire comme ça, par magie ? » reprit-il. Parce qu’il ne ressentait que du vide, une certaine fatigue et une certaine honte à se trouver là. Il aurait peut-être dû rester seul.

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C'est pas censé se faire tout seul ?

Musique

Aäron avait regardé la fille tout au long de son exposé. Elle l’avait perdu à peu près au moment où elle avait commencé à parler de papillons dans le ventre. Il s’était demandé si l’attirance produisait réellement des papillons et c’en avait été fini de lui. Son esprit avait totalement décroché et les mots s’étaient répercutés sur sa tête brune sans entrer dans son crâne. Au lieu d’écouter, il avait commencé à l’observer elle, avec ses cheveux et sa façon de s’habiller bizarroïde. Il s'était dit que l’uniforme avait parfois du bon, même s’il ne la trouvait pas moche pour autant. Elle ressemblait juste à… une sorte de sapin d’Ësse’Aellun. Son père en plaçait parfois par magie dans la pièce principale du château. Il ne les coupait pas. Les arbres prenaient racines dans le carrelage qui s’écartait pour laisser passer la terre. Puis, ils accrochaient tous ensemble des décorations dans les branches. Il n’avait jamais réellement compris. Soi-disant que cette mise en scène ferait peut-être venir son oncle. Il ne connaissait déjà pas le prénom de son père alors autant dire que celui de son oncle lui était parfaitement étranger. Au demeurant, il ne l’avait jamais vu ; pas qu’il sût.

« Je vois… » répondit-il. C’était sa phrase, quand il ne comprenait pas ou qu’il désirait meubler un silence ou faire semblant d’écouter. Il ne connaissait pas d’Humains et il ne voyait pas le rapport avec la magie. En plus, les phéromones ne lui disaient rien non plus. « Aptéquoi ? » répéta-t-il. « Ah… » Si une goutte de sueur avait pu couler le long du front d’Aäron, elle l’aurait fait. Il était complètement perdu. Cette fille le noyait dans un océan de minuscules points d’interrogation. Il avait tendance à ne pas trop se poser de questions et il n’était pas franchement assidu dans la recherche de réponses. Aussi, il ne lui demanda même pas ce qu’était que les Aptéroptor. Des gens qui se maquillaient, visiblement. Peut-être qu’il s’agissait d’un groupe dans Basphel ou… un groupe de musique ? Dans tous les cas, il ne connaissait pas. « Tu pourras me redonner le nom quand on aura de quoi écrire ? J’aimerais bien écouter. J’aime bien Chaos et Mélancolie. Ils se maquillent comme moi aussi. » assura-t-il. Il avait décidé qu’Aptéroptor était un groupe de musique. Il ne voyait que ça. « En tout cas, toi tu ressembles à un sapin d’Ësse’Aellun. C’est bien l’hiver. » dit-il, sans aucune once de mépris ou de moquerie. Il pensait de nouveau aux sapins, et plus du tout à elle. « Quand j’étais petit, je montais dessus parfois. Une fois, je… » Une personne de l’AAAP apparut, afin de leur signaler que le rendez-vous était terminé. « Ah… ? Ah bon. Bon… Bah... si tu veux, on pourra se revoir ? Je te ferai écouter Chaos et Mélancolie et tu me feras écouter Apquelquechose... » fit-il, avant de se lever pour aller voir ailleurs.

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