« Eiko, c'est quoi ton signe ? » La fillette prit un instant pour réfléchir. C'était toujours une étape cruciale : d'abord, elle devait choisir quel animal elle allait incarner et cette étape seule lui demandait de longues secondes d'intense réflexion. Ensuite, il fallait se décider sur le signe qu'elle utiliserait pour l'incarner - il fallait quelque chose de compréhensible mais de poétique, ou bien de rigolo. Sans toute fois que la chose soit trop compliquée à réaliser. « Mmh... Je vais faire... Comme ça ! » se décida-t-elle finalement en agitant ses mains au dessus de sa tête. « Je suis un lapin ! » expliqua-t-elle fièrement en se retournant vers ses aînées, tout sourire. Les plus âgées lui retournèrent son enthousiasme. « Et toi Kôta ? » Le petit garçon lâcha sa poupée et porta ses mains de chaque côté de sa tête, au niveau de ses oreilles. Là, il commença à les étirer en avant. « Je suis un éléphant. » fit-il du ton calme qui le caractérisait.

« Bien, maintenant que tout le monde a choisi son animal, nous allons pouvoir commencer ! » fit Eya. Elle se retourna vers son voisin, le fils d'une Geisha qui était venu quelques mois dans la capitale du peuple des Arts. « Est ce que tu as compris les règles ? » demanda-t-elle. « Chacun est caractérisé par un animal et son imitation. La première personne doit faire ce signe et la personne ainsi désignée doit le répéter, avant de choisir quelqu'un d'autre, en répétant son signe... Le tout en restant en rythme... C'est à peu près ça ? » récita-t-il pour s'assurer d'avoir bien compris comment se jouait ce nouveau jeu. « Oui c'est ça. Mais ne t'inquiète pas. C'est en jouant que tu comprendras le mieux. Ça paraît peut être un peu compliqué pour l'instant mais tu verras, tu vas vite comprendre en nous voyant. » Le rassura l'aînée du groupe. Le jeu pouvait paraître impressionnant aux premiers abords. Il nécessitait de la mémoire, pour se souvenir du symbole des autres, le sens du rythme, pour ne pas se désynchroniser du tempo, et surtout de la concentration, pour réagir lorsque l'on était désigné. Parfois, les plus expérimentés s'amusaient à corser la partie en jouant un rythme plus soutenu, ou en ajoutant des mélodies ou des vers de haïku à leur symbole. Mais pas cette fois : il y avait deux jeunes enfants et un nouveau qui n'y avait jamais joué.

« Alors, je me lance ! » s'exclama Chizu. Elle se mit à inventer la chorégraphie : taper sur ses genoux, taper dans ses mains deux fois puis un claquement de doigts. Tout en se mettant à bouger, l'Orine entonna le chant de début de partie : « Venez nous rejoindre, dans cette danse, Bondissez dans le Royaume des animaux ! » La cheffe d'orchestre commença ensuite par reproduire son propre symbole, un battement d'ailes qui, malgré la vitesse d'exécution, était imprégné de la grâce du papillon qu'elle souhaitait incarner. Elle enchaîna ensuite avec le symbole de Kôta, se tirant doucement sur les oreilles. Pendant ce temps, les autres participants continuaient à reproduire le tempo et la chorégraphie inventée par la première joueuse.

Le Hanatsu réagit paisiblement, répondant par son propre symbole, avant d'imiter l'Hirondelle d'Eya, joignant ses mains en crochetant ses pouces et en dessinant un arc au dessus de sa tête. La jeune fille s'élança puis imita le lapin d'Eiko. Cette dernière, le coeur battant, se fendit d'un large sourire. Elle adorait cette sensation grisante lorsqu'on la désignait et que son tour arrivait enfin, tout comme elle détestait qu'on la fasse languir en oubliant son signe. Souvent, dans ces cas là, l'impatience lui faisaient perdre sa concentration et lorsque son tour arrivait enfin, elle ne réagissait plus assez vite. De manière générale, la fillette était plutôt sensible aux feintes des autres joueurs : lorsqu'on la regardait en faisant l'appel du joueur suivant, elle était souvent déstabilisée et réagissait parfois en se mettant à jouer ; au contraire, lorsque l'on regardait quelqu'un d'autre, elle oubliait parfois de réagir. Cette fois-ci cependant, le jeu était parfaitement adapté pour elle et la Hitoka enchaîna parfaitement son signe avant de recopier le papillon. Le tour était revenu à Chizu qui désigna Henri, le visiteur qui s'était joint à eux. Le garçon avait décidé d'incarner un tigre, en donnant deux puissants coups de griffes. Les tours s'enchaînèrent et les manches se succédèrent, ponctués d'éclats de rires enjoués lorsque quelqu'un se trompait. Eiko, au bout d'un moment, se tourna vers l'étranger. « Tu es fort dis donc ! » fit-elle, surprise de voir un joueur aussi doué alors qu'il venait de découvrir leur jeu. « Ce n'est pas moi. » murmura l'adolescent sur le ton de la confidence. « C'est parce que je suis un tigre ! » lui avoua-t-il.

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Eiko venait de raconter son aventure dans une lettre. Elle avait appris à écrire récemment et s'amusait à recopier le texte qu'elle dictait d'abord à sa maman. Souvent elle écrivait des lettres, à Bae ou à madame Mancinia. « C'est vrai que les tigres, c'est très très fort. Alors je t'offre ce bracelet, pour que les tigres te protègent. » écrivit-elle avant de dessiner un petit coeur au bas de sa missive. Là, elle glissa le bracelet qu'elle avait fait.

Le cri du tigre - un bracelet tressé d'orange et de noir. Une griffe de tigre le décore. Lorsque son porteur se trouve en situation dangereuse, un bouclier apparaît, sous la forme d'une tête de tigre imposante qui rugit pour effrayer ses ennemis.