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 Bienvenue dans mon cauchemar

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Aaliah Z'Odra
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◈ Parchemins usagés : 2211
◈ YinYanisé(e) le : 22/02/2011
◈ Âme(s) Soeur(s) : On ne peut conquérir un coeur qui abrite l'amour d'un défunt...
◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Dim 15 Jan 2023, 21:57


Crédits : Forsaken par Mingchen Shen
Bienvenue dans mon cauchemar


Ses souvenirs se mélangeaient et elle peinait à les rassembler pour former une suite logique. Il lui semblait que des pans entiers de sa vie passée manquaient à l’appel pour reconstituer son parcours. Elle contemplait son visage endormi à la recherche d’une réponse, espérant voir un murmure s’échapper de ses lèvres fermées pour lui fournir une quelconque clef de compréhension. Le sang maculait le sol, s’étirant et se répandait tout autour de sa silhouette allongée tel un drap carmin qui l’enveloppait pour un repos éternel. Dansèrent alors devant ses yeux de vagues réminiscences la transportant vers un lieu qui réveillèrent une profonde douleur.

Là aussi le sang maculait abondamment l’herbe, mais elle savait que ce n’était pas le sien. Le corps allongé était celui d’un homme et il était aisé de deviner qu’une tierce personne l’avait aidé à perdre la vie. Elle souffrait autant qu’il avait dû souffrir de l’incompréhension d’un tel meurtre. Elle devait l’épouser, mais un vil individu en avait décider autrement en emportant à jamais son âme sœur sans même une explication. L’absence soudaine de l’être aimé et l’incapacité de comprendre l’acte barbare l’avait amené à retourner vers le lieu du carnage. Le réconfort des siens ne suffisait pas à panser sa blessure au cœur et, poignard à la main, elle souhaitait retrouver celui qu’elle aimait tant, espérant peut-être le rejoindre en tant qu’épouse dans l’au-delà. Elle se souvenait de la froideur de la lame lorsque celle-ci lui perça sa chair, puis, c’était le noir. Et elle était là…

Plus d’herbe verdoyante, le sol était fait de terre rocailleuse. Plus de margelle sur laquelle s’appuyer pour discuter au bord du puit, face à elle, des parois rocheuses la défiaient de toute leur hauteur. C’était de là-haut qu’elle avait fait le grand saut. Du moins, le supposait-t-elle. Mais comment s’était-elle retrouvée là ? Elle ne parvenait pas à retracer son propre chemin. Ce qui l’agaçait au plus au point, c’était la bague étincelante à son doigt dont elle n’avait plus ignoré l’éclat. Une alliance. Elle devait donc s’être marié… mais là encore, les souvenirs lui faisaient défaut. Avec qui ? Quand ? Avait-elle eu des enfants ? Tant d’ignorance sur sa propre existence qui avait pris fin subitement la fit hurler de colère et de désespoir. Elle avait tant de question et si peu de réponse. Elle était seul, ou presque.

« Bienvenue dans votre cauchemar »

Ce murmure venu de nulle part s’entêtait à raisonner à l’intérieur de son crâne. La jeune femme ne parvenait pas à s’en extraire, comme un écho inlassable. Cela revenait sans cesse. Elle avait essayé de partir, de s’éloigner de son corps allongé dans une mare rougeâtre. En vain. Elle tournait en rond et revenait inlassablement à son point de départ. Elle avait tenté toutes les directions, chaque fois, ses pieds l’avait ramené près de son corps. Aaliah avait dû se résigner à rester là, à côté de son cadavre. Dans un premier temps, elle s’était assise pour contempler horizon sans vraiment savoir ce qu’elle attendait. Cependant, s’élancer seul du bord d’une falaise avait un inconvénient de taille. Le sentier sur lequel elle avait atterri était peu fréquenter. Le silence n’était brisé que par le vent qui s’engouffrait entre les rochers et ses pensées qui lui donnaient envie d’arracher sa tête si elle en avait eu la possibilité. Qui l’avait donc maudite à ce point ? Incapable de quitter ce lieu, impossible de faire taire ses pensées et pour toute vision, son corps.

Son corps. Il lui rappelait son trépas.
Son sang. Il avait maintenant séché, mais la douleur restait vive.
Son regard ne pouvait s’empêcher de l’observer, comme une curiosité malsaine. Elle souffrait de voir ainsi ce qu’il restait d’elle. Un corps sans vie que le temps finirait par émietter. Devrait-elle rester là jusqu’à sa complète décomposition ? Ses lèvres avaient bleui, ses doigts aussi. Son corps était devenu bien pâle et probablement raide. Personne n’était encore venu pour la pleurer. La cherchait-on seulement ? Qui passerait par-là pour retrouve ce qu’il restait d’elle. La jeune femme se pencha sur son corps en pleurant sur ce qu’elle s’était infliger. Son corps sans vie était aussi paisible que son fantôme était dévasté. Elle ne pouvait rien faire, même pas s’offrir une sépulture. Les jours passèrent, les nuits défilèrent et les insectes investirent son corps comme une seconde résidence de choix. Ses hurlements de changèrent rien et la phrase bienvenue dans votre cauchemar prenait tout son sens. Elle était coincée face à un spectacle donc elle se serait bien passée, prisonnière d’un questionnement sans fin auquel elle ne trouvait aucune réponse satisfaisante.


769 mots


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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Dim 15 Jan 2023, 21:59


Crédits : Forsaken par Mingchen Shen
Bienvenue dans mon cauchemar


Des oiseaux finirent eux aussi par trouver sa carcasse et leur bec vinrent ciseler son corps, mettant fin à l’illusion d’une jeune femme endormie. Les gestes qu’elle firent pour les chasser, accompagné de ses cris n’y changèrent rien. Elle n’effrayait personne. Elle était invisible, visiblement…  Son cauchemar semblait sans fin. Toujours incapable de s’éloigner de lieu de son trépas, elle devait maintenant observer son corps déchiqueté et malmené. Pouvait-elle vivre pire ? La jeune ne pouvait de façon que subir, jour après jour, les aléas de cette malédiction. Le dos accolé à la paroi rugueuse, elle se morfondait dans une dépression interminable.  Elle essayait encore de ressembler ses souvenirs, de comprendre, en vain. Son esprit était un immense puzzle auquel il manquait des pièces assurément. Les dernières brides de son passé ne correspondaient pas à son présent actuel. Il n’y avait aucune raison qui expliquait sa venue en ce lieu éloigné de toute civilisation et elle ne parvenait pas à mettre un visage sur son mari. Pourtant, mariée, elle l’était. La bague était toujours là, la narguant en s’illuminant sous la clarté du soleil tandis que son corps se ternissait.  

Elle se retourna contre la paroi, la frappant de toutes ses forces, allant même jusqu’à se fracasser le crâne. Sans succès. La mort l’avait déjà emporté et rien ne semblait pourvoir affecter le nouveau corps qu’il lui était offert. Un être chimérique, c’était tout ce qu’elle était, tout ce qu’il restait d’elle. La jeune femme ne ressentait aucune douleur physique, même en y mettant toute sa colère. Par contre, rien ne semblait pouvoir mettre un terme à sa souffrance mentale. Elle priait la nuit de venir rapidement, préférant se retrouver dans l’obscurité, finalement plus salutaire que la luminosité du jour. Dans le noir, elle pouvait se détacher un peu de son corps malmené par les intempéries et les oiseaux charognards. Dans le noir, elle pouvait oublier qu’elle était prisonnière de ce lieu. Dans le noir, elle pouvait ignorer qu’elle était faite de brume invisible à quiconque posait les yeux sur elle. Malheureusement, dans le noir, des murmures se faisaient entendre plus fort encore, l’invitant à ne pas oublier qu’elle vivait un cauchemar éveillé et que celui-ci n’avait pas encore pris fin.

Dans le noir, elle priait pour mourir de froid, de faim ou de soif. Dans le noir, elle quittait parfois le petit sentier pour sauter dans le vide, mais la chute était brève et se retrouvait auprès de son corps glacial. Dans le noir, elle n’avait pas besoin de voir pour comprendre son cadavre poursuivait sa lente décomposition. L’odeur nauséabonde était assez puissante. Alors, elle priait le jour de revenir dans l’espoir de mettre fin au cauchemar, pensant naïvement se réveiller dans un lit chaud et confortable. Il n’en était rien. Et les rayons du jour éclairaient son corps, comme pour le mettre en évidence. Comme pour lui rappeler qu’elle avait chercher à échapper à la vie. Et apparemment, l’on ne pouvait fuir son existence comme bon lui semblait. Désormais enchainer à ce lieu, elle devait composer avec sa propre décomposition et les souffrances qu’elle s’imposait.

La jeune femme tournait en rond. Dans un sens, puis dans l’autre. Pleurant un jour, hurlant une autre nuit. Elle hantait le lieu de son désespoir, mais les falaises ne semblaient pas transporter sa peine au-delà du petit sentir. Depuis combien de temps était-elle là ? Elle n’avait pas pris la peine de comptabilisé les couchers et levé des astres. De toute façon, à quoi cela aurait-il bien pu lui servir. La jeune femme était maintenant certaine que le temps n’avait plus aucune emprise sur elle. C’était son châtiment, sa sanction. Condamnée d’office, sans jugement, sans défense, pour un acte. Un seul acte. Celui d’avoir sauté dans le vide et mis fin à son existence probablement plus tôt que prévu par le destin. Si encore elle avait un souvenir des raisons qui l’avaient poussée à franchir ce pas mortel. Son mari était-il mort ? Avait-elle voulu le suivre dans l’au-delà ? Était-il mort dans ce lieu ? Etait-ce un marcheur imprudent ?  Un escaladeur ? Cherchait-il quelque chose ? Avait-il chuté ? l’avait-on poussé ? Avait-il volontairement sauté ? Était-il prisonnier comme elle ? Peut-être l’avait-il quitté pour une autre ? La tristesse l’avait-elle poussé à commettre ce geste ? Avait-elle eu un enfant ? Et si c’était son enfant qu’elle avait perdu ? De quoi était-il mort ? Assassiner ? Emporter par une maladie incurable ? Et si elle avait subi des violences ? Était-ce la honte, la tristesse ou la colère qui avait, l’espace d’un instant, pris le pas sur la raison et motiver son dernier geste fatal ?

Et si ?

Deux mots si petits, si insignifiant. Et pourtant, il était la source de son insupportable folie. Et si quoi ? Deux mots qui la rongeaient lentement. Son esprit ne se focalisait plus que sur ces deux mots et la suite à leur donner tandis que son regard ne parvenait toujours pas à s’éloigner de son cadavre qui lui rappelait qu’elle était morte. Morte. En décomposition. Et seule. Elle hurla pour la énième fois, mais cette fois, des bruits se firent écho à sa peine. La jeune femme se tut un instant. Et si c’était encore un murmure lui rappelant sa malédiction ?  Cette fois, ce n’était pas la folie qui lui répondait. Il y avait bel et bien des gens. Au moins deux, qui discutaient ensemble. Ou plutôt, ils râlaient et pestaient. L’un avait un caillou dans sa chaussure, il l’avait retiré pour ôter le responsable de sa douleur. La jeune femme recula pour tenter de les apercevoir. Ils n’étaient clairement pas à sa recherche et sa voix ne parvint pas jusqu’à eux. Seuls les oiseaux reçurent une réponse. Des insultes volèrent auprès des volatils encombrant, ainsi qu’une chaussure…

La bottine crasseuse termina sa chute près de son corps, à quelque centimètre à peine de son visage. La jeune femme s’énerva devant tant de maladresse. Il ne pouvait pas faire attention ? L’homme avait toutefois besoin de sa chaussure pour continuer leur voyage et elle les entendait se préparer à escalader un étroit passage pour emprunter le chemin et récupérer l’objet égaré. La jeune femme s’approcha de son corps, le regard sombre. Ils n’allaient pas tarder à avoir une drôle de surprise, mais Aaliah éprouvait quelques réticences à voir des inconnus foulés son sanctuaire maudit. Que feraient-ils en apercevant son corps ?


1073 mots


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Aaliah Z'Odra
Dim 15 Jan 2023, 22:03


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« Pourquoi a-t-il fallu que tu balance ta godasse dans la tête de ce piaf ?
Parce qu’il m’insupportait et m’énervait à tourner autour de moi
Ouais, ben tu retiendras que balancer sa chaussure sur un oiseau au bord d'une falaise, ce n’est pas l’idée lumineuse du siècle !
Agnagnagna agnagnagna… » maugréa le deuxième homme à défaut d’une défense plus constructive.

Lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, la jeune femme découvrit qu’ils étaient finalement trois. Deux adultes et un jeune homme désigné probablement comme porteur au vu du lourd sac à dos qu’il transportait. Difficile de dire s’il était consentant pour ce dur labeur ou même payé. Lorsque les deux premières s’immobilisèrent devant le corps sans vie, il s’arrêta un peu plus loin. Son visage se décomposa à son tour, c’était probablement la première fois qu’il voyait un cadavre. Les deux grands gaillards se regardaient sans un mot, légèrement moins choqué et probablement plus habitués à la mort. L’un deux étaient grand, costaud, mais ses plaies mal cicatrisées ci et là sur son visage trahissait un mauvais caractère qui avait dû l’amener à vivre de nombreuses bagarres pas toujours remportées. Il semblait hautain et très impulsif, comme si la moindre remarque le mettrait en colère. Il donna un coup de coude à son camarade de marche pour le motiver à reprendre sa chaussure. Le deuxième était légèrement plus petit, mais restait un gaillard que l’on ne voudrait pas énerver. Ses phalanges abimées trahissaient de nombreux coups de poing distribués et son nez tordu dénonçait de nombreux retour en pleine face. Il avait l’air moins malin que le premier et plus mal à l’aise avec un corps sans vie. Il hésita, dodelina de la tête et fit des yeux de chien battu pour que l’autre récupérât son soulier à sa place. Finalement, ils se retournèrent vers le plus jeune qui sursauta en hoquetant.

« Va récupérer ma chaussure ! demanda l’homme au pied déchaussé et à la chaussette trouée.
Je ne sais pas si... Bégaya le jeune homme
T’es là pour obéir gamin, pas pour savoir. Va récupérer la chaussure de cet idiot » ordonna celui qui semblait s’être auto proclamé chef de la petite bande.

Le gamin n’hésita pas plus longtemps, il releva son sac à dos et accouru presque pour atteindre la chaussure. Sa gorge se serra et son nez se retroussa. Il eut un haut le cœur et son visage verdit, visiblement très mal à l’aise, prêt à faire à malaise ou pire.

« Ne me vomis pas dessus, merci ! » ne put s’empêcher d’émettre la jeune femme, mais le gamin ne l’entendit pas et d’une main tremblante s’approcha du soulier perdu.

A cause de sa frêle carrure, il fut forcé de se pencher au-dessus de son corps et tendit le bout des doigts. Il n’était pas pêcheur, assurément. Il galéra à attraper l’objet pourtant inanimé. Le poids de son baluchon finit par le déséquilibré et il s’écroula de toute sa masse sur le cadavre. L’Ombre s’emporta devant tant de maladresse, les deux hommes rigolèrent à gorge déployée et le jeune homme ondula pour se redresser rapidement. Ses mains prirent appuie sous son torse fragilisé par le temps et un craquement lui firent prendre conscience que ce n’était pas une bonne idée de prendre appuis sur un cadavre en décomposition depuis longtemps. Il pleura, hurla et gigota comme un ver de terre pour glisser un peu plus loin. Malgré ses jérémiades, il trouva le réflexe d’agripper la chaussure réclamée et de se redresser. Il tremblait d’effroi et se frotta rapidement, étalant insectes et chairs nauséabondes sur lui.

Les rires des deux hommes se firent plus fort tandis que la jeune femme ne put qu’observer son corps malmené par la maladresse du jeune homme. Là où le temps avait encore eu la dignité de laisser un semblant de forme, le gamin avait brisé son torse, mettant à nu ses os et ce qu’il restait encore de chair. Les insectes dérangés fuyaient le lieu et se répandaient partout dans un bourdonnement et un mouvement de vagues qui la dégoutèrent. Ses coups de pied pour s’extirper avaient soulever quelques pans de sa robe et dévoiler des bracelets scintillants. Ils étaient faits dans des métaux nobles et trahissaient leur valeur marchande. Le regard du plus grand scintilla comme les bijoux de la jeune femme. Le second s’arrêta de rire devant le silence soudain de son chef. Un regard sur le corps lui fit comprendre le sourire de l’autre.


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Dim 15 Jan 2023, 22:10


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« N’y pensez même pas ! » cria l’Ombre qui avait compris le regard complice des deux hommes. Comme pour les oiseaux, rien ne fit. Ses gestes comme ses plaintes restèrent invisibles. Elle voulut s’interposer, mais son corps de brume fut balayé en un instant par un geste du chef de la bande. Il chassa quelques insectes volants et sans aucune once de remords ou de dégoût, il se pencha pour attraper les bracelets. Il lui fut aisé de les lui prendre et il sembla même prendre plaisir à les lui ôter. Probablement imaginait-il déjà le prix de leur revente. Il tenta également de lui retirer ses bagues, mais quelques-unes résistèrent et l’homme ne semblait guère motiver à lui caser les os pour ôter les rebelles. Non pas qu’il éprouvait des remords, mais il ne souhaitait pas perdre plus de temps. Il lui en laissa donc quelques-unes à ses doigts, dont l’alliance. Aaliah le frappa au ventre, au visage, dans le dos, tournant autour de lui dans l’espoir de l’arrêter, mais ses mains ne rencontrèrent que le vide. Même ses bijoux échappèrent à son emprise, incapable de refermer ses doigts. L’homme les firent glisser dans un petit sac qu’il ferma rapidement avant de le lancer au jeune homme.

« Attrape ! Le prévint-il. Le garçon devait avoir l’habitude de recevoir des objets de cette manière, car contrairement à l’Ombre, il parvint à réceptionner le sac avec une agilité proche d’un réflexe instinctif. Et ne le perd pas ! précisa l’homme d’une voix menaçante.
Est-ce bien raisonnable… les bijoux d’une défunte ? s’inquiéta le jeune homme
Que veux-tu qu’elle en fasse à présent ? Les oiseaux auraient fini par les emporter, autant se faire un peu de sous. Se justifia l’homme en récupérant la chaussure qu’il lança aussitôt à son partenaire. Chausse-toi, assez perdu de temps.
Mais, et elle… bégaya le garçon en pointant un menton mal assuré vers le corps
Nous sommes en pèlerinage, pas fossoyeurs. Et je ne te payerais pas plus si tu perds ton temps à cela ! »

Le gamin n’insista pas, il n’avait ni la stature, ni le caractère pour s’interposer entre les deux hommes qui le dominait de leur hauteur. Il finit donc par détourner le regard tout en soulevant son lourd sac pour le remettre correctement sur son dos. La jeune femme hurla, le supplia de lui rendre ce qui lui appartenait, cherchant désespérément à s’accrocher à un bras pour les retirer. Les trois hommes se remirent en route, reprenant leur pèlerinage sans même se retourner, sans même lui accorder un dernier regard. Ils l’abandonnaient tout simplement, délestée de quelques bijoux, persuadé qu’elle n’en aurait plus besoin. Au contraire, la jeune femme avait longuement scruté ses bijoux, cherchant un message gravé qui lui aurait permis de combler ses souvenirs manquants. Ses bijoux étaient les derniers témoins de son existence, eux seuls portaient des noms qui lui auraient permis de retracer son passé. Elle leur emboita le pas, assurant de les hanter à défaut de pouvoir leur infliger la moindre douleur. Elle les maudit sur un nombre surprenant de générations, même le jeune garçon pour sa faiblesse à suivre les autres. Il aurait pu faire semblant de perdre le sachet contenant ses joyaux afin de les lui restituer en toute discrétion, mais il ne fit rien. Bien au contraire, il chercha déjà à savoir s’il pourrait bénéficier d’un petit surplus grâce à la vente. Leur discussion prit fin subitement et ils disparurent de sa vue. Un pas de plus et elle fit de nouveau face à son corps. La jeune femme était revenue à son point de départ, prisonnière encore et toujours de son lieu de mort. Elle cria à s’en déchirer les cordes vocales lorsqu’elle réalisa qu’elle ne pourrait suivre ses dépouilleurs.

« Pourquoi ! Ils m’ont volée. N’ai-je pas le droit de les hanter pour cet acte ? »

Aaliah ne savait pas vraiment à qui elle s’adressait, ni si une quelconque divine prenait le temps de l’écouter. Ses prières avaient été, jusqu’à présent, vaines et décevantes. Elle tomba à genoux, contemplant une nouvelle fois son corps. Sa chevelure avait recouvert ses colliers et dans son empressement, l’homme n’avait pas pris la peine de les repousser pour vérifier si des pendentifs ornaient son cou. Il lui restait donc quelques bijoux, mais d’autres marcheurs risquaient de se perdre dans ce petit sentier. D’autres feraient-ils les mêmes choix, la dépouiller sans une once de moralité ? Que resterait-il de son corps d’ici là ? Finirait-elle en l’état de squelette avant qu’un être quelque peu digne n’accepte de lui donner une demeure correcte ? Devait-elle encore contempler longuement cette lente décomposition ? Ne pouvait-elle pas s’en aller ? S’évaporer ? Disparaitre ? La nuit tomba une nouvelle fois et dans l’obscurité, l’Ombre se questionna sur son avenir et sur son passé. Tout se mélangeait et devenait confus. Devait-elle rester là pour l’éternité ? A se questionner, à se torturer ? Elle posa ses mains sur sa tête, sanglotant sur son sort avant de reprendre ses hurlements lorsque son esprit fut à nouveau envahi par des murmures.

« Ce cauchemar ne cessera donc jamais ! »

Elle se leva d’un bond et frappa la paroi de la montagne avec véhémence, déversant sa haine et son désespoir. La jeune femme était coincée, dans ce lieu et dans ses pensées. Elle avait l’impression de tourner en rond, inlassablement, physique et mentalement. Tout se mélangeait dans sa tête et le temps lui échappait totalement. Impossible de compter les jours et les nuits. Sa seule référence du temps qui s’écoulait, finalement, c’était son corps. Perdue dans ses délires, son regard eut la surprise de constater que ses chairs n’étaient plus à certains endroits et que ses os devenaient de plus en plus apparents. Le temps défilait, défiant chaque jour sa résistance face à ce triste spectacle.


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