Pas vus, pas pris : Une Nucidim apparaît de temps en temps à votre personnage, où qu'il se trouve. Il suffit que l'un des personnages liés entre dans cette dernière pour que l'autre s'y retrouve. À l'intérieur, il y a tout le nécessaire pour passer des heures d'intimité particulièrement torrides. Heureusement, les vêtements et accessoires sont rangés correctement et hors de la portée des enfants (donc on grandit okay ?). En dehors de ce caractère sexuel, la pièce est très agréable à vivre, même si certains objets, qui font de la lumière notamment [cf Jour IV] ne sont sans doute pas ici pour éclairer ses occupants.
Le nez dans les végétaux qui encombraient son salon, Astriid déchargeait les plantes du poids des feuilles et branches mortes. Cette activité avait le don de lui vider la tête et de s'occuper les mains. Ses gestes étaient emprunts de tendresse pour ceux qu'elle chérissait autant que Piäh Nour ou ce petit lapin qui surgissait de temps en temps pour sauter autour d'elle. Son pelage du même roux que ses cheveux lui donnait l'apparence d'un feu follet quand l'excitation s'emparait de ses petites pattes pour lui faire parcourir la pièce à toute vitesse. Ce n'était pas le cas actuellement et il s'était installé près des pieds de l'Elfe, blotti de telle sorte qu'on aurait pu le confondre avec une brioche. Ce fut son mouvement soudain qui alerta la rouquine d'une anomalie à son domicile. Les oreilles pointées vers l'avant, l'animal alla renifler le bas d'une porte qui n'était pas là auparavant. Astriid fronça les sourcils et frotta ses mains pour les débarrasser de la terre qui s'y était accumulée.
Avec l'expérience, ces inexplicables apparitions ne la surprenaient plus, tout comme les téléportations. Il y avait parfois de bonnes surprises et c'est sur cet espoir qu'elle abandonna son entretien pour s'approcher et actionner la poignée, cédant volontiers à la curiosité et impatiente de découvrir ce que les Ætheri lui avaient concocté cette fois. Aussitôt ouverte, le lapin fila à l'intérieur, suivi avec davantage plus de prudence par la rouquine pour déboucher sur une salle circulaire et sans fenêtres. Abondamment fournie en fournitures mobilières, il y avait partout des malles, des étagères, des armoires ainsi qu'un grand lit à baldaquins recouvert d'un édredon semblable à un nuage par l'aspect et la couleur. Au sol, un immense tapis épais et moelleux s'étirait sous la pupille séduite de l'Ygdraë qui se voyait déjà y rouler. La porte se referma dans son dos et c'est là qu'elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule, une silhouette dressée à l'autre bout de la pièce. Ses yeux se plissèrent pour tâcher de distinguer les traits de l'arrivant. Le lapin s'était figé dans une posture similaire à Astriid, une patte levée en l'air et ses yeux noirs fixés sur l'adolescent, son museau frémissant.
« Oh ! » Fouillant dans ses souvenirs, l'Elfe pointa enfin un doigt sur le brun et c'est d'un ton complètement dénué de chaleur qu'elle déclara : « Mais tu es l'étudiant de Basphel que j'ai rencontré à Avalon. Faust, c'est ça ? » Elle croisa les bras et un pli dur barra sa bouche. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Message I | 462 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Une heure de colle. Pour quoi ? Pour ne pas avoir fait ses devoirs et avoir insulté Jared ? C'était n'importe quoi. On ne lui avait jamais dit qu'il y avait des devoirs à faire en cours de langues, et Jared était un idiot fini qui n'avait eu que ce qu'il méritait. Faust ne soufflait pas malgré la punition qui, à son avis, n'était pas du tout juste. Jared aussi était collé, c'était son voisin de table. Il y avait au moins ça pour le consoler : cette face de pet clouée derrière son bureau devait analyser un texte d'un imminent auteur. Mais bon, c’était aussi ce que Faust était condamné à faire. Le duel silencieux battait son plein, un duel où l'un comme l'autre était ravi d'avoir entrainé son ennemi dans sa chute, mais où ils avaient tous les deux un travail pénible à faire et à rendre avant la fin de l'horaire. Les deux fautifs étaient donc suffisamment occupés pour ne pas trouver de prétexte pour se disputer encore.
Soudain, un bruit sourd retentit : celui de la chute de Faust, alors que sa chaine se dérobait sous ses fesses. Il poussa un cri de surprise et en un rien de temps, l'adolescent se retrouva étalé sur le sol. Conscient que Jared allait ricaner et se foutre encore plus de lui s'il ne reprenait pas contenance rapidement, Faust se remit sur pieds au prix de quelques vertiges. Ce ne fut qu'alors, comme aucun rire de retentissait et que la luminosité dans la pièce avait subitement baissé, qu'il se rendit compte qu'il n'était plus dans une salle de classe.
Quand on le héla, le Démon cligna des yeux. En face de lui, il découvrit une jeune femme, rousse. Son visage lui disait quelque chose et il suffit à la concernée de prononcer quelques mots pour que son souvenir lui revienne en pleine poire. Il fronça les sourcils, mécontent. C'était l'Elfe qui l'avait giflé à Avalon. A cause de cette pouffe, il avait passé une journée particulièrement humiliante. Comment elle s'appelait déjà ? Asteurde ?
-C'est plutôt toi, qu'est-ce que tu fais ici ? Renchérit-il sur la défensive.
En réalité, Astriid avait posé une très bonne question : qu'est-ce qu'il foutait dans une chambre, bordel ? Il était censé terminer sa colle ! Sa disparition allait encore lui entrainer des ennuis dont il ne serait pas responsable. Cependant, l'insolent ne se donna pas la peine de répondre directement à celle qui, peut-être, serait capable de le ramener à l’école. Le tout était un problème d'égo. Il n'avait pas l'intention de se faire ridiculiser une seconde fois par un chien de prairie.
-Et puis c'est quoi cet endroit ? C'est ta chambre ?
Cette idée lui procura un frisson de dégoût qu’il ne réprima pas. Faust était agacé et le faisait savoir. Il n'avait aucune envie d'être ici, encore moins avec cette fille gênante. A croire que Jared lui manquait.
« Moi j'étais chez moi, alors techniquement cette pièce est aussi chez moi. » Rouspéta Astriid avec une logique discutable.
Son regard se promena sur la pièce à nouveau. « Oui. » Elle venait de décider que ça l'était. Après tout, ce lit avait l'air très douillet, tout comme ce tapis qui devait être merveilleux lorsqu'on marchait pieds nus dessus. Le lapin avait dû se faire la même réflexion car il venait de s'y installer, pas tout à fait détendu car ses oreilles bougeaient de temps à autre, une sur Astriid, l'autre sur Faust. Ce serait sa nouvelle chambre tant qu'elle resterait accessible et qu'un éventuel propriétaire ne viendrait pas la réclamer, ce qui serait gênant.
« Et tu ne devrais pas pénétrer dans les chambres des autres sans prévenir ni t'annoncer. C'est malpoli et c'est un peu pervers si tu veux mon avis. » Ajouta-t-elle avec un air suffisant. « Enfin, j'imagine que c'est de ton âge. » Soupira-t-elle en haussant les épaules. Une moue désabusée déformant l'arc perpétuel de son sourire, la sylvestre l'interrogea. « Tu es toujours à Basphel ? J'espère qu'ils ont su améliorer tes manières depuis la dernière fois. J'ai rarement vu un enfant aussi mal élevé et ingrat. » Elle se tut subitement en plaquant un poing sur sa bouche. Son visage se transforma et elle piqua un fard, embêtée. « J'ai l'impression d'entendre ma mère. Excuse-moi. Je suis juste surprise de te revoir et comme on ne s'est pas vraiment quittés en bons termes, j'ai réagi un peu excessivement. » Le regard fuyant, elle déplaça son poids d'un pied sur l'autre. La perfidie ne lui convenait pas, elle y avait cédé avec un naturel qui la faisait se remettre en question.
L'air las, l'Ygdraë marcha jusqu'au lit sur lequel elle se laissa tomber, son poids s'enfonçant confortablement dans le matelas. Elle se tortilla pour en savourer tout le moelleux avant de relever le nez sur le turbulent. Qu'allait-elle faire de lui ? Pas particulièrement heureuse de le revoir, elle n'avait pas non plus beaucoup de choses à lui dire. Les confessions étaient réservées aux amis. Elle soupira, ennuyée de devoir gérer un adolescent et, cerise sur le gâteau, aussi un démon. Ce détail la fit tiquer. Quand ce n'était pas l'une, c'était un autre qui s'introduisait dans sa routine. Elle le fixa quelques secondes en silence avant de faire un geste vague de la main pour désigner un énorme fauteuil installé dans un coin de la pièce. « Ne reste pas planté là. Maintenant que tu es là et si tu ignores comment repartir, va t'asseoir. Tu as été téléporté, non ? Tu faisais quoi ? »
Message II | 468 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Mécontent, le garçon croisa les bras. L'aplomb de la rousse le prenait par surprise, certes, mais cela alimentait surtout sa colère. Faust ne se souvenait pas l'avoir connue avec un tel caractère de fifille capricieuse. C'était comme si la situation actuelle était la suite directe de leur dernière interaction, à savoir la fameuse baffe. Était-elle si rancunière que les émotions qui accompagnaient ses souvenirs étaient intacts ? Chelou.
-C'est ce que je viens de dire.
Pourquoi disputait-elle l'appartenance de cette chambre ? Il ne l'avait jamais réclamée, mais sa manière d’insister était suffisamment agaçante pour qu’il souhaitât remettre en question l’évidence s’il lui en prenait l’envie.
-Je... non, mais...
Il s'interrompit. Astriid s'emballait comme le vent sifflant un début de tempête. Il ne pouvait pas en placer une.
-Mais... Putain !
Plus ça allait, plus ses sourcils se fronçaient. Elle allait arrêter de lui couper la parole, oui ? Pour dire des âneries, en plus ! Il claqua sa langue contre son palais. Visiblement, le temps ne lui réussissait pas. L’Ygdraë était passée de neuneu suprême à grognasse suprême en seulement quelques années.
-Ouais, c'est ça. Grommela-t-il sur un ton dédaigneux.
Son regard coula sur la petite tache rousse qui s'était installée au milieu d'un épais tapis. Le Démon s'en approcha, puis tendit son pied. De sa pointe, il toucha le museau du lapin. Il souffla par le nez. Faust était toujours irrité, mais au moins l'autre débile était redescendue de son poney ridicule. Si elle avait assurément gagné en maturité – au moins physique, car mentalement il venait d'être témoin du contraire – il était important de préciser que lui aussi. Mieux : il avait grandi de quelques centimètres, ce qui voulait dire qu'elle lui semblait moins grande que la dernière fois. Il eut un rictus.
-Qu'est-ce que ça peut te faire ?
Même si elle avait une autorité qui frôlait de drôlement près celle de sa mère, Astriid n’était pas sa maman. Et lui, il n'avait pas envie de s'assoir. Pourquoi faire, attendre que le temps passe ? Auprès d'elle, en plus ? Non merci. Il préférait caresser le lapin avec son pied, c'était bien plus divertissant.
-J'étais en plein devoir.
Ce n'était qu'un demi-mensonge, car le travail qu'il faisait en colle allait être évalué. Souligner le fait qu'il était en punition, cependant, ne ferait que donner raison à l'Elfe, alors il n'était pas question de lui révéler cet élément.
-Mais à cause de t-... de la téléportation, j'vais avoir un zéro.
A moins qu'il ne disparaisse suffisamment longtemps pour que l'on s'inquiète et qu'on lui pardonne ? C'était une piste à exploiter. Après un court instant de réflexion, Faust s'assit par terre.
-Et j'suis pas un pervers. Dit-il en gratouillant la petite tête du lagomorphe. J'en ai rien à faire de regarder les filles, et encore plus les filles comme toi.
Astriid n'était pas intéressante. Il espérait qu'elle le comprenait.
-D'ailleurs t'avais pas l'air plus choquée que ça de me voir ici. Ça t'arrive souvent de faire débarquer des gars chez toi, comme ça ? Tu sais comment ça marche ?
Pour sa part, c'était sa première fois. Et contrairement à l’apparition ponctuelle de prostitués dans son environnement proche, il était à peu près sûr que cette téléportation-là n'était pas de son fait.
« Mmh. » Allongée, Astriid fixa le sommet du lit. Elle passerait outre les relents d'accusation qui perçaient dans la voix de Faust car s'il fallait corriger chacun de ses travers, quelques heures ne suffiraient pas et il n'était pas prévu de sacrifier une centaine d'années de sa vie pour ce malotru. En attendant, elle tâcha de retrouver sa précédente humeur enjouée et de ses doigts jaillirent de fines lianes qu'elle se mit à tresser distraitement. « Vois le bon côté des choses, tu as échappé à ton devoir. En plus, on ne te donnera pas un zéro, on va te le faire repasser, non ? Donc, le mieux que tu puisses faire, c'est de profiter de cette parenthèse. En plus, il y a pire que tomber sur moi. » C'était une logique simple et efficace. De plus, un torrent d'idées abondaient sa cervelle pour tirer le meilleur de ces moments, par exemple organiser un goûter, se raconter des anecdotes amusantes, jouer avec le lapin ou Piäh Nour, faire des essayages de vêtements ou de coiffures. L'expérience lui avait toutefois démontré que Faust n'était jamais disposé aux activités qu'elle pourrait proposer et elle n'allait pas se plier en quatre comme la dernière fois. Les Ygdraë avaient bonne mémoire ; l'étiquette plaquée sur le front du brun mettrait du temps à se dissoudre. Surtout s'il n'y mettait pas du sien comme actuellement. Ses phalanges s'immobilisèrent et les bourgeons qui commençaient à éclore dessus s'arrêtèrent à mi-parcours, son flux de magie distrait par la pique du Démon.
« Quoi ? » S'étouffa-t-elle avant de rouler sur le ventre pour ficher deux pupilles noircies sur le Démon. Avec quelle facilité il parvenait à l'enrager. À l'opposé de Kitoe, il lui donnait envie de céder à des pulsions qu'elle croyait mortes et enterrées la plupart du temps.
« En quoi ça te regarde de ce que je fais ? » Les joues rouges d'outrage, elle s'étais mise à quatre pattes et ses oreilles s'étaient rabattues en arrière. Est-ce qu'il insinuait qu'elle était libertine ? Et quand bien même, elle était libre de faire comme bon lui semblait, et ce n'était pas un adolescent titillé par la puberté qui allait lui imposer son jugement arriéré. « Tu te prends pour qui à m'insulter ? » Elle quitta son support pour s'approcher, les poings sur les hanches et le regarda de tout son haut même si la différence de taille n'était pas si flagrante. « Retire ce que tu as dit. Excuse-toi. Excuse-toi ou bien... » Elle n'avait pas réfléchi à la suite, espérant que l'idée lui viendrait en parlant. « Ou bien... » Son regard tomba sur les lianes serrées dans son poing. « Je t'attache avec mes lianes. » Sa menace proférée, les végétaux dans sa main gonflèrent en volume et s'allongèrent pour former un réseau de cordes. « Tu as de la chance que je ne sois pas une Alfar, sinon il y aurait des épines dessus. Mais ce n'est pas parce que je suis une Ygdraë que tu peux dire tout ce qu'il te chante. »
Message III | 532 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Faust cligna des yeux. La réponse à sa question avait été immédiate, mais un peu trop virulente à son goût. Qu'avait-il dit de mal ? Le sexe était-il un sujet si tabou pour l'Elfe ? Il pouvait comprendre : lui aussi était gêné, mais surtout lorsqu'il s'agissait de son propre cas. Les sous-entendus, ou bien parler des expériences des autres, ne le dérangeaient en revanche pas. Faust mettait cela sur le fait qu'il était puceau – à l'école, lui et ses camarades arrivaient à l'âge des premières expériences, souvent ratées, mais qui donnaient lieu à la spéculation. C'était l'âge où ceux qui l'avaient déjà fait gagnaient en grade aux yeux et autres, et au contraire, où ceux qui tardaient devenaient petit-à-petit la risée de la classe. Est-ce qu'Astriid était vierge, elle aussi ?
-Bah quoi ? C'était juste une question. Tu m'as bien demandé ce que je faisais avant d'atterrir ici. Grogna-t-il. Peut-être que c'était inapproprié. Peut-être que je faisais un truc gênant, tu sais pas.
Il choisit de ne pas la regarder dans les yeux, bien qu'une confrontation fût sûrement ce que l'Elfe recherchait. Le Démon ne comptait pas lui donner ce plaisir de le surpasser dans cet échange. Ce n'était pas le jeu qu'il choisissait de jouer.
-J't'ai jamais insulté !
Les fausses accusations, par contre, avaient le don de l'agacer très rapidement. Peniel lui avait dit maintes fois de ne pas être aussi réactif, mais c'était plus fort que lui. Aussitôt, ses pupilles s'ancrèrent dans les siennes.
-M'excuser de quoi ? J’t'ai pas insulté, j't'ai dit.
Il manqua de cracher par terre à la manière des gros kékés de la teustri, mais se ravisa avant qu'il ne se bave dessus. Il fixa l'Elfe avec défi et ne céda rien, même s'il se sentait relativement ridicule à côté d'elle. Il ricana.
-C'est ça, attache-moi. Je suis curieux de voir ça. N'oublie pas les bracelets et la couronne de fleurs, surtout.
Ce n'était pas des tiges minables qui allaient l'immobiliser. Les plantes étaient fragiles et Astriid était particulièrement pitoyable avec ses menaces, malgré l'autorité qu'elle cherchait à avoir. Il fallait seulement avoir un peu de recul et de jugeotte pour comprendre que ce n'étaient que des paroles en l'air.
-Ouuh la la, j'ai peeuuur.
Ça l’amusait d’autant plus que les Alfars étaient déjà moqués à Basphel. Astriid venait expressément d'avancer que son peuple était inférieur à leur antagoniste. Pourquoi cherchait-elle tant à marquer contre son camp, comme ça ? Est-ce qu'elle le faisait exprès ? Est-ce qu'il devait rire ? Faust en avait très envie, mais au fond, il craignait de se prendre une claque digne de celle qu'il gardait d'Avalon.
-Sérieux, arrête de te prendre pour ma mère et va boire une verveine. Je t'ai pas insultée. Tu baises avec qui tu veux, j'm'en fiche, okay ?
Faust espérait que cela désamorcerait la bombe. Ils avaient mal commencé la conversation et ça devenait très lourd. Astriid avait raison sur un point : tant qu'à louper son devoir, autant qu'il profitât de cette parenthèse, non ? Il en avait marre de se faire taper sur les doigts en permanence.
-C'est ma présence qui te met dans cet état, ou c'est autre chose qui t'a carré une enclume dans le cul ? T'es constipée ?
Oui, maintenant qu'il n'était ni dans l'enceinte de l'école, ni en présence de sa mère, il se lâchait un peu sur le vocabulaire.
Le culot avait un visage, celui de la jeunesse assurée et insolente et pendant un bref mais intense instant, l'envie de le frapper de nouveau la saisit, si fort que l'air lui manqua et son les martèlements de son coeur frappèrent ses tempes. Des éclairs de fureur dans les yeux, ses poings se serrèrent un peu plus à chaque méchanceté qui l'éclaboussait. Chacune était une invitation lancée pour le gifler comme à Avalon. Mais elle avait mûri. Elle voulait croire qu'elle était plus mesurée et lentement, ses muscles se détendirent. Maquillées par une touche légère de magie, ses émotions s'adoucissaient et elle réussit à retrouver un semblant de sang froid qui lui permit de ne pas céder à ces pulsions viscérales qui lui donnaient la nausée. La violence ne résolvait rien, et d'ailleurs, Astriid exécrait les conflits au plus haut point. Agacée de s'être laissée atteindre à ce point par un adolescent, elle fit claquer sa langue et se pinça l'arrête du nez. « Tu es vraiment un ... » Elle chercha ses mots, rejetant ceux qu'elle jugeait trop violents, en priant pour que les Ætheri soient témoins de sa sainte retenue face à plus faible et plus jeune qu'elle. « voyou ! » Dès l'instant où ce fut prononcé, la gêne la fit rougir jusqu'aux racines. Il y avait une raison pour laquelle l'Elfette n'aimait pas se fâcher avec qui que ce soit ; ses compétences dans ce domaine jonglaient entre piètre et médiocre. Même ce Démon mal léché y arrivait mieux qu'elle et il en était le témoin direct. Contre sa paume, la plante fut parcourue d'un frémissement en réaction à ses dons naturels enhardis par le sang qui bouillait dans ses veines. « Tu ferais mieux de te taire. » Articula-t-elle en le fixant. « Et si tu n'y arrives pas, je vais t'y aider. » Elle glissa d'un pas dans sa direction et posa deux doigts sous le menton de Faust. Son regard plongé dans le sien, elle savoura un moment son incompréhension et se permit même un sourire chafouin. Puis sur son injonction, une motte de mousse poussa directement dans la bouche du Démon, encombrant sa cavité sous le regard amusé de l'Ygdraë. Profitant du choc, elle passa dans son dos et attrapa ses mains pour les attacher avec les lianes. « Tu es chez moi. Je ne veux pas entendre de grossièretés ici. Tu me respecteras parce que sinon, je serai bien tentée de te couvrir de fleurs jusqu'à ce que tu ne puisses plus respirer. J'espère que tu n'es pas allergique au pollen. » Elle poussa sur ses épaules pour le replacer face à elle. « Ils te laissent parler comme ça à Basphel ? Ou c'est parce que tu n'y es pas que tu te comportes ainsi ? » Elle pouffa face à son expression. « Désolée ! J'ai oublié que tu ne pouvais plus parler ! Bon tant pis, je n'ai pas envie d'entendre tes réponses de toute façon, elles seront certainement désagréables. En plus, j'ai l'habitude de parler pour deux. » Elle se pencha pour se saisir du lapin et le gratifia de caresses fébriles. « Ne me regarde pas comme ça. » Protesta-t-elle enfin. « Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. »
Message IV | 556 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Ses pupilles scrutaient férocement la rousse. Faust comprenait qu'il avait franchi une barrière, peut-être depuis longtemps, mais ce qu'il venait de dire le confirmait bien. Il le savait parce qu'il percevait la colère d'Astriid. Il y avait des signes qui ne trompaient pas et dont il était lui-même victime. Il aurait pu s'arrêter là, mais c'était trop bon. Avoir l'ascendant sur autrui lui était aussi plaisant qu'une douce brise d'été. C'était un instant de satisfaction profonde dont il n'hésitait pas à se délecter : ils étaient encore trop rares pour qu'il n'en savourât pas la moindre miette. En plus, l'Elfe n'arrangeait absolument pas son cas : chacune de ses paroles était un prétexte supplémentaire pour la tourner en dérision. Elle lui tendait généreusement des perches, tellement longues que l'on aurait pu relier Megido et Avalon avec (Merci Jil ).
-Par l'Œil, tu m'apprends de ces choses !
Outre le fait que le terme "voyou" était passablement ridicule – sérieusement, qui disait ça ? Les mamies de Vervallée peut-être ? – cela ressemblait davantage à un compliment à son égard qu'à une insulte. Faust était un Démon ; pas un farfadet. Qu'est-ce qu'elle croyait, cette idiote ? Ses menaces n'avaient aucun effet sur lui.
-Sinon quoi, tu vas me bâillonner avec une carotte ?
Ce qu'il avait du mal à accepter, c'était que ces plaisirs étaient éphémères. Dans son cas, ils étaient même très éphémères. Le Démon réfléchissait assez peu aux conséquences de ses actes, une fois qu'il avait commencé à goûter à leur plaisir récréatif. La chute était un élément qu’il voulait être capable d’éviter.
Faust ne quittait pas Astriid des yeux, bien curieux de quel bois elle comptait se chauffer et persuadé qu'il serait déçu de sa performance. Elle allait faire quoi, le gifler encore ? S'il croyait que cela allait le mettre sur le cul comme la dernière fois, elle se trompait. Faust sentit un étrange goût de terre parfumer son palais. Un fourmillement chatouilla sa langue. Le grouillement s'intensifia si vite qu'il n'eut pas le temps d'en dire quoi que ce fût. Le coton froid et humide qui envahit sa bouche le força à l'entrouvrir et la surprise le fit inspirer. Un morceau se détacha pour se loger dans sa gorge. Le garçon toussa. Il voulut extraire la mousse à l'aide de ses doigts, mais l'Ygdraë venait de le ligoter. Il fut pris d'une violente quinte de toux. Sa langue se tordait pour se débarrasser de ce qui l'encombrait. A force de crachats, il extirpa le principal. Il toussa tellement qu'il aurait pu être diagnostiqué d'une pneumonie, ou de la rage vu la quantité de salive qu'il produisait, ou bien des deux à la fois. Faust avait l'impression qu'il allait mourir, mais les circonstances étaient affreusement ridicules. Ses yeux brillaient de larmes. Par ce qui était pour lui un heureux miracle, il réussit enfin à se débarrasser du corps étranger.
-Espèce de folle ! J'étais en train de m'étouffer ! Rugit-il avec une voix éraillée.
Si c'était ainsi qu'elle avait cru pouvoir s'épargner ses jurons, elle s'était mis le doigt dans l'œil jusqu'à l'os occipital. L'adolescent essuya sa bouche à l'aide de son épaule.
-Allez, lâche-moi maintenant. J'ai compris.
Il s'efforçait de reprendre son calme, conscient que ce n'était pas en s'énervant qu'elle allait se plier à ses demandes. En revanche, il n'était pas encore prêt à franchir le pas des formules de politesse. Cette cruche ne le méritait pas, elle l'avait trop soûlé. En même temps, Faust forçait sur ses liens, mais contre toute attente, ils étaient solides, en plus d'être très serrés. Il baissa la tête pour qu’Astriid ne perçut pas son embarras. Lui qui avait juré qu'il ne se ferait pas coincer par des plantes, il avait fière allure. Cependant, il n'était pas prêt à admettre qu'il était à sa merci. En cas de refus d'obtempérer, le Démon avait encore une solution : sa condition lui permettait de changer de forme et d'apparence. Cependant, le Démon n'avait jamais su se démarquer par sa Magie.
En vain, Astriid sonda son coeur à la recherche de la plus mince pointe de culpabilité en le voyant s'étouffer sur sa motte de mousse. À l'inverse, c'est une satisfaction perverse qu'elle découvrit, celle d'accomplir un premier pas vers la prise de conscience qu'elle n'était pas démunie. Impavide, la rouquine n'esquissa pas un mouvement pour l'aider quand il toussa, des larmes encombrant ses yeux. C'était amplement mérité, ce n'était pas faute de l'avoir prévenu. Un léger sourire en coin, elle câlinait son lapin, sa sérénité retrouvée. Par cet acte, l'Elfette se prouvait qu'elle était capable de tenir tête si elle voulait, sans aide extérieure, d'être peut-être enfin, véritablement indépendante. Le problème Faust prenait l'apparence d'un test que la vie lui imposait, un galop d'essai avant de s'occuper du cas plus épineux de Kitoe. Le temps où les Démons pesaient sur sa vie était terminé et elle s'ancrerait à cette résolution tant qu'elle vivrait.
« Tu es un peu dramatique. Je n'allais pas te tuer pour si peu. » Le rassura-t-elle avec un ton légèrement condescendant. Le gratifiant d'un sourire sans chaleur, Astriid se détourna au lieu d'accéder à sa demande et alla s'asseoir sur un fauteuil. « Comment te croire ? En plus, je n'ai pas vraiment envie de te détacher. Qui me dit que tu ne vas pas t'en prendre à moi dès la première seconde pour te venger ? Tu parais encore un peu en colère, ce n'est pas vraiment rassurant. » Elle croisa ses jambes. Elle était à moitié sérieuse. Le sortilège lui avait coûté, elle n'était pas certaine de pouvoir le renouveler sans rencontrer un échec s'il venait à l'attaquer. En conclusion, l'adolescent était très bien, ligoté ainsi, en attendant de retrouver son calme. « On pourrait en profiter pour trouver un consensus, qu'en dis-tu ? Je ne te déteste pas, tu sais ? » Lui apprit-elle. « Je ne t'apprécie pas non plus, ceci dit. C'est pourquoi il y aura toujours des conséquences si tu m'agaces. On ne t'apprend pas ça à l'école ? Ou tu as cru que les punitions n'étaient valables qu'entre les murs de Basphel ? » Elle secoua la tête, désapprobatrice puis soupira. Ce garçon était une montagne d'ennuis. « Bref, n'en parlons plus. Tant que tu es coincé ici, il va bien falloir qu'on cohabite. En gage de ma bonne volonté, je vais te détacher. » Elle s'approcha en feignant d'être plus détendue qu'elle ne l'était réellement. Passant dans son dos, ses doigts jouèrent avec le nœud. « Je te propose une trêve. On pourra même en profiter pour voir comment te renvoyer d'où tu viens, voilà qui sera certainement plus productif. » Elle s'écarta et lui refit face. Elle le fixa un moment avant de glousser. « Il te reste un peu de mousse ici. » Son index s'orienta sur le coin de sa propre bouche.
Message V | 512 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
C'était quoi son problème à celle-là ? Qu'est-ce qu'il lui avait fait, hein ? Pas grand-chose, par rapport à ce qu'elle lui faisait subir, ça c'était certain ! Séquestrer un enfant, quel genre de malade mental faisait ça ? Si on lui avait dit qu'il s'agirait d'une Elfe, Faust n'y aurait jamais cru, sauf si cela avait eu trait à une histoire de drogues hallucinogènes. Astriid était-elle sur le point de faire pousser des champignons dans la paume de sa main ? L'étudiant défia son interlocutrice du regard avec rage. Il avait essayé de se contenir un peu, mais elle le faisait systématiquement sortir de ses gongs. Quelle grosse conne.
-J'suis pas un chien, j'vais pas te sauter à la gorge. Cracha-t-il.
Tout à coup, Madame Pouffiasse se prenait pour une reine, alors qu'elle n'était rien d'autre qu'un ramassis d’humus moisi. Le Vil grommela quelques injures pour lui-même. Elle voulait un consensus ? Et puis quoi encore ? Ils n'allaient jamais s'entendre de toute façon, alors à quoi bon chercher ? Faust souffla par le nez. Astriid était d'une incohérence effarante. Elle n'avait pas tardé à venir le détacher, ce qui la rendait encore plus pitoyable qu’elle ne l’était déjà. Une fois ses mains libres, le jeune Démon songea à faire semblant de se jeter sur elle, histoire de lui faire peur. L’obtention de sa nouvelle liberté l’en dissuada. Il s'essuya nonchalamment la bouche à l'aide de sa manche.
-Pourquoi est-ce qu'on devrait cohabiter ? C'est ta chambre. T'as qu'à me dire où on est et je me démerde pour rentrer, non ? C'est où Avalon par rapport à ici ?
Lui-même n'avait pas envie de se débrouiller seul. Avoir une assistance était bien plus confortable, d'autant plus qu'il n'avait pas d'argent pour se déplacer. Ceci-dit, il n'avait pas l'intention de donner satisfaction à l'Elfe aussi facilement. La laissant à ses discours bidons, Faust décida de s'éloigner le plus possible d'elle en entamant de tour de la pièce. Il laissa son attention se balader sur les meubles et les rangements. Parfois, ses doigts venaient effleurer la poignée d'un tiroir ou le rebord d’une armoire. Il n'avait pas l'insolence de les ouvrir ; ce n'était pas chez lui. Soudain, il fit volte-face.
-J'ai faim, t'aurais pas un truc à manger ?
Il était un adolescent en pleine croissance, alors c'était tout naturel et elle devait le savoir.
-S't'eu-plait. Compléta-t-il.
En espérant qu'elle ne fît pas encore la chieuse. Il détestait ses cheveux roux, d’ailleurs.
-Même si c'est un fruit, ça me va.
Les fruits étaient des trucs nuls à manger, sauf les pommes. Les pommes donnaient du charisme lorsqu’on les mangeait en société : c'était propre, simple, et ça croquait lorsqu'on mordait dedans. Le seul problème des fruits était qu’ils ne rassasiaient pas et de fait, Faust risquait de lui en demander un toutes les demi-heures. Astriid voulait-elle seulement subir un jeune affamé et malpoli ?
« Je ne te dis pas d'habiter avec moi. » Rétorqua sèchement l'Elfe, piquée au vif, avant de soupirer et de se passer une main dans les cheveux. Ce garçon l'épuisait comme peu y arrivaient et elle eut une brève pensée compatissante pour tous ceux à qui elle avait pu faire ressentir la même chose. Redoublant d'une patience plus surfaite que sincère, Astriid poursuivit plus posément : « Je parle juste de tenter d'essayer de ne pas s'écharper jusqu'à ce qu'on trouve une façon pour toi de repartir. Tu vas peut-être repartir comme tu es venu au bout d'un moment ? Avalon n'est pas vraiment à côté mais je suppose qu'on peut s'arranger avec des portails de téléportation ou envoyer une lettre à Basphel ou à ta maman pour que quelqu'un vienne te chercher. » Elle haussa les épaules, peu lui importait comment il retrouvait son chemin du moment qu'il partait. Comme le lapin s'agitait, elle se se détourna pour le déposer sur le tapis duquel il jaillit pour bondir sous le lit.
Il n'était pas le seul à avoir la bougeotte et Astriid épia avec méfiance les gestes de Faust dans sa chambre. Ses sourcils se froncèrent et elle dut se mordre la langue pour s'empêcher de le rabrouer de ne pas toucher à ses affaires. Elle était de fait si concentrée sur cette retenue qu'elle sursauta quand il pivota brusquement pour lui soumettre sa demande. « Quoi ? Euh... » Prise au dépourvu, elle cligna bêtement des yeux. Y avait-il seulement à manger ici ? « Il doit y avoir à manger quelque part. » Supposa-t-elle d'une voix faussement assurée avant de se diriger vers des rangées d'étagères dissimulées par des rideaux transparents pourpres. Les écartant, elle poussa une exclamation victorieuse qui s'évanouit dans un gargouillis étranglé. Il y avait bien de la nourriture, mais peu conventionnelle. Rougissante, Astriid prit soin de se placer de façon à ce que son corps cache du mieux possible à l'adolescent le contenu des étagères.
Les yeux ronds comme des billes, l'Ygdraë avança une main vers ce qui paraissait le plus neutre entre les bonbons en forme d'appareils génitaux : de petits pots en terre peinte. Sur les étiquettes était inscrit en belles lettres étirées : "Stimulants sexuels - goût fraise" ; "lubrifiant groseille" ; "peinture corporelle au chocolat", et autres qualificatifs du même acabit. Sa respiration se fit sifflante et la gêne bourdonna contre ses tempes. « Qu'est-ce que... » Bredouilla-t-elle. Dans sa précipitation pour reposer les pots à leur place, l'un d'entre eux tomba et roula au sol. « Oh non ! » Catastrophée, l'Elfe se jeta dessus pour le récupérer. Elle jeta un bref coup d'oeil à Faust et grimaça un sourire. « Attends une seconde. » Un mauvais pressentiment croissait en elle et au terme d'une réflexion rapidement conclue, elle referma d'un coup sec les rideaux. « Je n'ai que des bonbons. Ce n'est pas nourrissant et puis, la dernière fois tu n'en voulais pas. Pas de bonbons pour toi donc. »
Message VI | 519 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Le Démon croisa ses bras. L'idée de faire la paix à proprement parler ne lui plaisait pas. Il ne voulait pas fournir cet effort. Mais puisqu’il ne souhaitait pas non-plus envenimer la situation plus que nécessaire, eh bien il ne faisait rien pour l’envenimer. Faust n'était pas dans sa zone de confort, pas sur son territoire, alors il ne pouvait pas se permettre de s'avancer plus que nécessaire là où il n'était pas censé aller. Le garçon haussa les épaules. Pourquoi retournerait-il subitement à Basphel, comme par magie ? La suggestion lui paraissait complètement absurde, presque aussi absurde que sa présence ici. On disait que deux gouttes d'eau ne tombaient jamais au même endroit, alors avec la chance qu’il avait, il était certain qu’il ne retournerait pas aussi facilement chez lui. Faust couvrit son embarras en baissant la tête. Sa mère, il ne voulait pas en entendre parler, surtout pas de la bouche de cette idiote. Elle l'avait assez humilié la dernière fois et maintenant, Astriid savait des choses sur lui qu'elle n'aurait jamais dû savoir. Enfin, il fronça les sourcils.
-Tu sais pas si t'as à bouffer chez toi ?
Il regarda l'Elfe évoluer dans sa propre chambre. Curieux comportement. Ses sourcils se relevèrent tout à coup.
-Quoi ? Grogna-t-il.
Il s'avança vers la jeune femme. Le pot qui tomba par terre le fit s'arrêter. Qu'est-ce que c'était ? De la confiture ? Pourquoi Astriid était-elle si paniquée ? Tant que ça ne s'était pas cassé, il n'y avait aucune raison de se mettre dans un état pareil. Tout ceci était très louche. Il insista :
-Qu'est-ce qu'il y a ?
Faust ne savait pas comment réagir, plongé dans une profonde incompréhension.
-Mais c'est très bien des bon-... Rétorqua-t-il avant de s’interrompre.
Oh. Oh, c'était donc ça. Sa soi-disant trêve à la con n'était donc qu'une feinte pour prendre le dessus sur lui. Elle le prenait pour un con ou quoi ? Il serra les poings. La rage ressurgissait dans sa poitrine comme l’orage en plein été.
-Putain, mais t'es vraiment qu'une grosse chieuse.
A nouveau, la colère effaçait ses filtres et Astriid, cette sale lunatique de merde, dépassait les bornes de la connerie. L’adolescent abrégea la distance qui les séparait et posa une main sur son bras. S'aidant de son poids afin d'assurer son geste – elle restait plus grande que lui, donc aussi plus grosse par définition – il la poussa le plus brusquement possible sur le côté. Là, il s'empara vite d'un pan du rideau, qu'il tira. Ses mires parcourent les étagères.
-…
Oh. Oh, c'était donc ça. Pétrifié sous l'effet de la surprise, Faust sentait une chaleur désagréable envahir tout son corps. Il lâcha le rideau, qu'il tenait fermement jusqu'alors, au cas où Astriid n'aurait tenté de l'intercepter. Doucement, comme dans un mouvement d'effroi, il tourna la tête vers cette dernière.
-T'es sérieuse ? Demanda-t-il d'une voix blanche.
Il essaya de rester concentré sur son visage. Il ne savait pas pourquoi, mais dès que les conversations tournaient au sexe, le Démon avait cette fâcheuse tendance à dériver sur les poitrines, les entrejambes et les fesses des uns et des autres.
-Comme je te l'ai dit, tu fais ce que tu veux avec tes partenaires. Mais moi je suis mineur, tu sais.
Il savait qu'elle en était consciente, mais il aimait appuyer sur la gravité de son acte. Il ne comprenait pas très bien à quoi avait pensé l’Elfe. Il envisagea l'hypothèse d'une bouffée délirante, suivi d'une prise de conscience et d'un profond regret. Puis, il se demanda ce qu'Astriid avait réellement fait lors de sa visite à Avalon, la dernière fois.
Il n'y avait pas trente-six façons pour réagir à une situation gênante due à un malentendu qui était principalement de son fait. Un sourire bête défigurait Astriid, ceux qui n'atteignaient pas les yeux car ceux-ci étaient déjà occupés par l'épouvante. En interne, c'était la panique, le manager, ne sachant pas comment réagir à la situation de crise, s'était replié dans son bureau fortifié par des briques de déni. Et Astriid souriait, comme si cela avait le pouvoir de remonter le temps pour rectifier certaines choses, comme cet énorme mensonge sur le véritable propriétaire de cette chambre. L'usurpation d'identité est un crime et l'Ygdraë en payait directement le prix. C'était la dernière fois qu'on la prendrait à prétendre posséder un terrain qui n'était pas le sien. Néanmoins, les regrets ne lui étaient d'aucun secours, pas plus que son sourire crispé d'ailleurs.
En temps normal, elle aurait gratifié Faust d'une seconde gifle pour son insulte mais les évènements s'étaient enchaînés, trop vite, et l'impolitesse de l'adolescent était le dernier de ses tourments actuels. « Je... » Commença-t-elle sans trop savoir quelle explication pourrait bien être fournie. Et à bien y réfléchir, elle n'avait pas à se justifier à ce morveux mal léché. « Tu vois, ça t'apprendra à fouiller dans les affaires des gens. La prochaine fois, tu t'occuperas de ce qui te regarde. » Siffla-t-elle. L'attaque était la meilleure des défenses, c'était Raïm qui le lui avait longtemps répété mais c'était aujourd'hui qu'elle imprimait pour le mettre en application. Au diable ses résolutions, ce garçon ne méritait pas ses efforts à essayer de temporiser les choses. En plus de l'insulter, il exigeait d'être nourri et se croyait tout permis. Si c'était ça que Basphel élevait, elle allait revoir à la baisse l'opinion qu'elle se faisait de cette prétendue prestigieuse institution.
« Je n'allais rien te proposer de sexuel toute façon. Tu t'es regardé ? Tu as cru que j'aurai envie de faire quoi que ce soit avec toi ? » Son sourire se teinta de condescendance. « Je ne voudrais pas te vexer mais il te manque quelques centimètres en plus de quelques années pour prétendre à ce rôle. Plus tard peut-être ? À quel âge un Démon arrête de grandir ? » La mesquinerie devenait son héroïne pour la tirer de ce mauvais pas. C'était bas, très bas, comme lui, mais c'était la faute de Faust, d'ailleurs ça rimait presque et ça ne pouvait être une coïncidence. Les bras croisés, elle le toisa de haut en bas avec une morgue qu'elle ne savait pas posséder. « De toute façon, même si tu es mineur, t'es assez grand pour avoir déjà des connaissances et un minimum d'expérience non ? Pas la peine de jouer aux choqués. À ton âge, je savais déjà un certain nombre de choses. » Et elle pouvait remercier l'éducation sexuelle des Ygdraë distribuée à Melohorë pour ça, car elle ne devait guère ses connaissances de l'époque à son expérience, qui se résumaient à des attouchements maladroits avec d'autres adolescents, plus nés de la curiosité que d'une véritable poussée d'hormones. Et elle espérait que Basphel prenait également le temps d'informer ses élèves de ces sujets primordiaux. Envoyer des adolescents en proie à une guerre hormonale sans les connaissances requises pour se protéger ou apprendre à respecter son partenaire, c'était la meilleure façon de créer des complexes qui pourraient les bloquer plus tard ou de fabriquer des comportements abusifs.
Elle regarda l'un des bonbons en forme de pénis, puis Faust. « Bon, maintenant que tu les a vus, ça n'a plus tellement de sens de te les refuser. Tu en veux un ? Tu n'as qu'à le prendre puisque tu as faim. Tu n'auras rien d'autre de toute façon. Crois-le ou non, mais je n'allais pas te préparer un petit plat. Je ne suis pas ta mère. »
Message VII | 682 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1701 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
La scène semblait figée. Le silence avait subitement fondu sur eux après l'appel du cor de guerre, les muscles étaient si tendus qu'ils étaient marqués dans le marbre. Le constat était sans appel : il s'agissait là d'un instant digne dans plus grandes instances du Malaise. En faisant ce constat, l'ombre d'un sourire se dessina à la commissure des lèvres de Faust. Une bataille sur la campagne de l'embarras venait d'être gagnée, et pour une fois, il en était le vainqueur. Le Démon était fier, très fier. Cette idiote d'Astriid venait de se faire tomber toute seule. A trop se prendre pour une maline, elle finissait par se brûler les ailes – ou un truc comme ça.
-Quoi ? Croassa-t-il, encore perdu dans ses éloges à sa propre personne.
Mais elle s'entendait parler, celle-là ? Se croyait-elle si intelligente à se comporter comme ces pétasses de l'Obsidienne ? Hébété par ce soudain revirement de situation, Faust baissa les yeux vers son propre corps. Elle avait un problème avec son physique, la grognasse ? Le garçon serra les poings. Cette abrutie finie oubliait que les Démons créaient leur apparence humaine. En tout temps, Faust était capable de devenir l'homme de tous ses fantasmes s'il le désirait. Pour cela, il lui fallait simplement être un peu meilleur en magie.
-Mais va te faire foutre !
Après une courte interruption, son sang se remettait à bouillonner, plus que jamais. Il soupçonnait Astriid d'être bipolaire, avec ses semblants de trêves, puis ses coups bas dignes de la pire vermine infernale. Cette fois, c'en était assez. Oreilles-Pointues allait trop loin.
-C'est pas de ma faute si t'es mal baisée, connasse !
Et ce n'était certainement pas cette conne qui allait lui faire un cours d'éducation sexuelle à base d’essaims d’abeilles, de butinage de fleurs et de pistils.
-Ferme. Ta. Gueule ! Hurla-t-il.
La colère ne le faisait plus penser très clairement. Ses dents étaient tellement serrées qu'elles grinçaient. Il avait l'impression qu'il allait exploser. Son sang battait sur ses tempes, un bruissement de cendres et de débris matérialisait sa fureur. Il ne se rendait pas compte que la peau de son visage se délitait, que son épiderme tombait en lambeaux, révélant un être que la lumière n'atteignait plus. Des cornes de bélier avaient poussé sur son front et ses iris étaient mortes, ne laissant à la place que deux globes ternes. D'une main, le diable saisit l'insolente à la gorge.
-Si tu ne sais pas te taire toute seule, je vais t'y aider.
Faust désirait tellement qu'elle la fermât, qu'elle cessa de jouer les intéressantes alors qu'elle n'était rien. Il avait envie de la faire disparaître. Il voulait lui broyer la gorge, les cervicales, la colonne vertébrale, et qu’elle cessa de le tourner au ridicule. Il en avait marre de ne pas être pris au sérieux. Et il en avait marre de son petit jeu de gamine de merde. Plus fort. L'entité sombre disparut en sa quasi-totalité. Néanmoins, l'emprise se resserra davantage sur le coup de sa victime. Une main, un avant-bras et un grincement angoissant, ce fut tout ce qu'il resta de Faust pendant à peine cinq secondes. Tout à coup, la force disparut. La main lâcha sa prise et tomba au sol sans plus de cérémonie, reprenant la forme originelle de son possesseur. Faust avait perdu connaissance.
« Pardon ?! » Outrée, Astriid était plantée sur ses orteils comme une poule sur ses ergots, prête à le becqueter. Jamais elle n'avait été si proche de céder à la violence. Ou plutôt si, mais elle préférait bannir de sa mémoire sa rencontre avec Jämiel, un accident qu'elle refusait de revivre, en tant qu'Elfe civilisée et mature qu'elle essayait de devenir. Il était difficile de s'en tenir à cette résolution quand un adolescent lui hurlait ces insanités à la tête. Comme à Avalon, rien ne servait de lui parler. La patience comme la réprimande n'avaient aucun effet sur le Démon. En fait, elle aurait voulu qu'il disparaisse, purement et simplement, avant que l'envie de l'étriper ne se concrétise.
« Toi, tais-toi ! » Hurla-t-elle en retour. La colère ne lui avait pas offert le don de la répartie mais à cet instant, l'Ygdraë se fichait bien du ridicule dont elle se couvrait.
Le faciès de Faust commença à se modifier et Astriid crut être soumise à une hallucination provoquée par l'échauffement excessif de quelques nerfs. Une grimace affreuse tordait les traits du brun et le doute s'insuffla dans son esprit. Était-il en train d'avoir une crise ? Elle avait déjà entendu parler autour d'elle de personnes dont le coeur succombait sous le coup d'une émotion trop forte. Faust était un peu jeune pour ça, mais Astriid n'était pas non plus très au fait sur le phénomène. Sa crainte s'estompa à mesure que la transformation se déroulait sous son nez. Ce fut seulement quand les excroissances germèrent de son front que la rousse percuta enfin. Elle recula d'un pas en blêmissant. Ce n'était pas la première fois qu'elle se frottait à ce côté-là de la nature démoniaque mais c'était la première fois qu'il était si marqué visuellement. Lorsque Jude l'avait menacée, c'était sous l'apparence de Neah, ce qui n'était guère mieux à bien y réfléchir, mais la peur éprouvée alors n'était pas comparable à l'aspect monstrueux de Faust. Jude lui avait pris les tripes et elle avait cru sa dernière heure arrivée. Quand sa version juvénile la prit à la gorge, elle s'arrima aussitôt au poignet, les sourcils froncés. Il semblait sortir tout droit d'un cauchemar mais Astriid savait ce qui se cachait en dessous et elle ne craignait pas Faust. « Lâche-moi. » Siffla-t-elle contre sa poigne. « Et calme-toi. » Dire à quelqu'un de se calmer n'avait jamais eu l'effet désiré mais il était difficile de réfléchir dans cette situation et la pression s'accentua en même temps que Faust disparaissait, purement et simplement. Elle eut un hoquet de stupeur qui se brisa sur un gargouillis. Elle suffoquait désormais et une pointe de peur chatouilla son ventre. Puis aussi soudainement qu'il avait disparu, la pression s'en alla et un râle rauque s'échappa de la bouche de la rousse alors qu'elle aspirait l'air à grande goulées. À ses pieds, Faust était allongé, de nouveau réduit à son apparence humanoïde. Massant sa gorge, elle le contempla dans le silence qui régnait désormais.
Quelques instants plus tard, après avoir tergiversé un moment avec elle-même, Astriid termina d'installer le coussin sous la tête du garçon. Elle s'apprêtait à le recouvrir de la couverture mais s'arrêta en plein milieu de son geste. « Qu'est-ce que t'es en train de faire ma pauvre ? » Se fustigea-t-elle avant de repousser la couverture. Elle tourna les talons et s'immobilisa, prise par un sentiment de culpabilité féroce. Les dents serrées, elle pivota lentement. Sa magie se concentra et illumina ses mains. Quand elle quitta la pièce peu après, elle ne laissa dans son sillage que l'arôme entêtant de cookies disposés sur un plateau sur la table de chevet à côté du lit.
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