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 [Q] Premier mouvement : adagio [Wao]

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 291
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Lun 15 Aoû 2022, 16:33


Premier mouvement : adagio
II. Après le RP Adieux

Objectif : Wao [compagnon Orine de Min] découvre la musique Alfar et fait connaissance avec le fils de son Aisuru potentiel.

Wao est las. Il ne le croyait pas possible dans une ville aussi pleine de vie que Drosera, mais c’est bien le cas. Eöl est parti depuis plusieurs jours. Au début, inspiré par la mélancolie de son absence, il peignait des portraits de l’Alfar. Mais maintenant, l'inspiration a laissé place au manque. Sans lui, il n’y a personne pour combler sa solitude dans cette ville. L’ennui est le vivier des angoisses : pourra-t-il un jour mériter sa place parmi les Alfars ? Sa famille finira-t-elle par l’accepter ? Eöl à lui seul-sera-t-il suffisant pour son bonheur ? Il a conscience de ne pas être la première Orine à être assaillie de ces doutes, mais cela n'apaise en rien ses inquiétudes.

D’un autre côté, les Alfars ne font pas partie des peuples les plus simples auxquels s’acclimater, et c'est un constat douloureux. Ses heures de cours de culture, de géographie, d'art... tout cela semble ne lui avoir servi à rien. Wao pensait naïvement que leur fibre artistique commune créerait des connexions naturelles, mais il s’est fourvoyé : beaucoup d’Alfars sont indifférents. Ils n'ont pas le temps de faire sa connaissance ni de partager leurs intérêts communs. Ils sont si pressés ; beaucoup à faire du matin au soir, sans jamais se laisser le temps du vide. Certains sont aussi hostiles à son arrivée dans la maisonnée, il le sent. Mais la confrontation n'est jamais frontale. Elle est même presque impalpable. Derrière les sourires, la méfiance. Derrière les conseils, les menaces. Je suis certain que vous ne nous ne décevrez pas. Coup par coup, regard par regard, la carapace de l’ancien d’Onikareni se craquelle face au doute. Près d’Eöl, il tenait. Mais maintenant qu’il est absent, Wao se sent vulnérable, comme une bougie laissée dans le froid, sans protection.

Instinctivement, Wao serre son collier entre ses doigts. C’est une chaîne ornée de pierres violettes, offert par Eöl à son arrivée à Drosera. Après tout, cette absence n’est que temporaire... une vague de chaleur parcourt son corps alors qu’il s’imagine leurs retrouvailles. *Je peux tout endurer pour lui.* Wao se lève avec détermination. Il ouvre sa porte et se dirige vers le salon où se trouvent les fils de son futur Maître. Il lui semble qu’ils ne l’entendent pas arriver, ou ils font bien semblant. L’Orine les surprend en pleine conversation et quelque chose le pousse à s’immobiliser. Il écoute. Peut-être qu'il obtiendra des informations pour mieux s'entendre avec eux...

« …surtout pas ! » « Il m’a assuré qu’il y avait une réelle chance de bonne surprise. Quel risque prendrais-tu à y assister avec moi ? Personne ne te jugera pour lui donner une seconde chance. Tous seront là car croiront à sa rédemption. » Wao reconnaît instantanément le ricanement de l’aîné, Eülièn. En jetant un œil derrière le mur, il remarque qu’il lui rend une petite feuille comme si elle était empoisonnée. « Quel risque ? Mais enfin ! Le risque de perdre deux heures de ma vie. » Ils ne parlent pas de lui. Ouf. Mais d’ailleurs, que fait-il ici, à tendre l’oreille dans un coin ? Depuis quand écoute-t-il aux portes ?

Alors qu'il décide d'entrer dans la pièce, un servant passe soudainement à côté de lui et le fait sursauter. Décidément, il ne s'habitue pas à leur présence. Eux ont l'air plus curieux de faire sa connaissance, mais la famille lui interdit de leur parler. A Onikareni, la notion de hiérarchie est nébuleuse, mais à Drosera, c'est au cœur de tout. « Bonjour. Je me demandais à quelle heure nous dînerons ce soir », prétexte-t-il. « Oh, Wao. Vous tombez bien. Rubèn a quelque chose à vous proposer. Bonne soirée à vous deux. » Les cheveux longs d’Eülièn couvrent son visage alors qu’il s’incline vers Wao à la façon d’une Orine, puis fait un signe rapide à son frère avant de disparaître derrière la porte d’entrée.

Wao se tourne vers Rubèn, curieux d’en savoir plus. Les deux se montrent très aimables envers lui, mais aucun ne lui a proposé quelque activité jusqu'ici. Il a bien tenté d’en proposer, mais ils semblent toujours avoir quelque chose de plus important à faire. Rubèn semble d'ailleurs être pris de court : il décèle des émotions successives dans son regard, ne sachant pas laquelle a fini par dominer. « J’ai quelque chose pour vous. » Wao peine à contenir sa joie. « Quoi donc ? » Le cadet sourit en remarquant sa lueur d’espoir. « C’est une surprise. Mel, amenez nos manteaux. » La chance lui sourirait-il enfin ?

*

Wao et Rubèn traversent les rues du Troisième Plateau de Drosera. Leurs pas résonnent sur les pavés alors que l'Orine admire l’architecture de la ville. Drosera est majestueuse. Le perfectionnisme des Alfars se ressent à tous ses niveaux, des fleurs tapissant les rues aux fenêtres immaculées des bâtisses. « Nous y sommes. » Soudain, la longue chevelure de jais de l’Alfar disparaît derrière un coin de rue. Wao se précipite pour le suivre ; il veut à tout prix éviter de se retrouver seul dans la cité des elfes noirs. Comme une rose, elle est magnifique, mais tout aussi dangereuse.

Au détour de la rue, l’Orine découvre un édifice grandiose. Encadré par quatre tours au sommet rond, construit dans le style d’architecture typique des Alfars, il trône devant un bosquet lugubre. Au rez-de-chaussée, des arches vitrées dévoilent un intérieur luxueux. Il manque de lâcher un soupir de soulagement quand Rubèn se dirige vers la bâtisse au lieu du bosquet. « Attention, le col de votre manteau s’est rabattu d’un côté », lui glisse l’Alfar avant de pousser la porte. « Oh… je vous remercie. » Il remarque que ce dernier attend qu’il remette son tissu de cachemire en place avant de passer la porte. Wao est taraudé par un millier de questions, mais il a bien compris qu’il doit faire semblant de savoir exactement où il met les pieds pour ne pas avoir l'air d'un benêt. De toute façon, Rubèn ne lui répondra pas. Autant qu'il le découvre par lui-même.

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Min Shào
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Min Shào
Lun 22 Aoû 2022, 15:51


Premier mouvement : adagio

En passant le pas de la porte, Wao ne sait plus où poser le regard. Sur les piliers de marbre ? Les peintures murales au plafond ? Ou simplement les tenues élégantes de ce qui semblent être des spectateurs ? L'Orine est prise d'assaut par la Beauté de la pièce. Il l'a compris : Rubèn l'emmène voir une sorte de représentation. C'est une... bonne surprise de sa part ? Il jubile. Il aimerait s'arrêter ici, stopper le temps et peindre cette scène pour l'immortaliser. Mais l'Alfar est déjà en train de disparaître de l'autre côté du vestibule. Il se dépêche pour le rejoindre, sans s'attarder sur les regards insistants posés sur sa personne. Il s'est habitué au phénomène : apparemment, les Alfars de ce quartier ne sont pas si habitués que cela à rencontrer des Orines.

« Suivez-moi. » Rubèn retient le rideau de velours pour laisser passer son invité. Derrière, l'entrebâillement dévoile une salle majestueuse, marbrée d'or et de vert. Quand il entre, Wao découvre qu'il s'agit bien d'une salle de spectacle. Elle forme un demi-cercle orné de sièges de velours sur plusieurs étages, qui convergent vers son centre où trône la scène. L'Alfar se fraye un chemin vers une rangée au bord d'une rampe qui donne directement sur la scène. Le balcon est-il une bonne ou une mauvaise place ? Il n'a aucune idée de comment fonctionne l'acoustique dans ces espaces fermés. Il préfère la nature aux murs froids pour exprimer l'art.

La scène est remplie de sièges et d'instruments en tous genres : il s'agit d'une représentation musicale. La répartition des instruments lui indique qu'il est emmené voir un concert symphonique. Il en a rêvé et il y est enfin. Wao est heureux de pouvoir vivre cette expérience, mais il nourrissait l'espoir de le découvrir avec Eöl et personne d'autre. Cela aurait été un moment unique pour lui. Malheureusement, l'atmosphère sera bien différente aux côtés de Rubèn...

Quand les deux convives s'assoient, il glisse à ce dernier : « C'est un plaisir d'être ici avec vous. Je vous remercie de m'avoir proposé de venir. »  L'Alfar hausse les épaules. « Je suis ici pour travailler... autant que quelqu'un puisse en profiter à sa juste valeur. » Il dégaine son carnet de notes et sa plume enchantée. Rubèn est un journaliste en herbe. Il affirme être le prochain Moldart -le critique d'art apparemment le plus connu au sein du Plateau, mais selon Eöl, il n'est pas prêt d'atteindre son but. Il attend encore de pouvoir s'emparer de son Anoraë, au grand dam de son père. D'une certaine façon, son retard sur ses proches lui rappelle Min et ses lacunes. Son cœur se serre à la pensée de sa terre natale et de ses amis, mais soudain, des notes de musique résonnent et le tirent de ses réflexions.

Les musiciens sont arrivés et accordent leurs instruments. Il les a tous appris, des plus connus aux plus superflus. Il reconnaît les bassons, les hautbois ou encore la variété de percussions placée au fond de la scène. Tout ce qui lui manque, c'est de les avoir entendus pour de vrai. Son sourcil droit tressaille, trahissant sa fébrilité. « Tenez, c'est le programme. » L'Alfar lui tend une feuille cartonnée et ornée d'encre dorée. Le programme est écrit en Llandreri ; l'Orine a du mal à le déchiffrer, mais il ne veut pas montrer cette faiblesse à l'Alfar. Il se contente de hocher la tête comme s'il avait compris. « Hm... oui, d'accord. Je vous remercie. » Il le range dans la poche intérieure de son manteau, se promettant de le déchiffrer plus tard.

Enfin, les lumières se métamorphosent et indiquent le début de la performance musicale. L'audience tombe dans l'ombre. Les musiciens reviennent cérémonieusement sur la scène, applaudis par ce qui semble être au moins un millier de spectateurs, alors que la moitié des sièges sont vides. Les musiciens semblent nullement impressionnés. Wao n'a jamais joué devant une si grande audience. Quel effet cela fait-il d'être applaudi par autant de monde ? Cela doit être grisant. Il aimerait bien connaître cette sensation, un jour. Soudain, les applaudissements gagnent en intensité : le chef d'orchestre est arrivé. La ferveur de la foule fait bondir le cœur de l'Orine alors-même que la performance n'a pas commencé. D'un signe du chef d'orchestre, l'audience se tait. La foule est maîtrisée, docile, prête à tendre ses oreilles pointues.


Le piano démarre le premier mouvement. L'Orine sursaute : il entend ses touches résonner comme s'il était installé juste devant lui. Fasciné, il se penche vers la scène sans s'en rendre compte. Il ne remarque pas que l'Alfar tente de masquer son sourire en voyant sa réaction. Rubèn le sait : l'acoustique de cette salle est comme nulle autre, ensorcelée par son créateur. Il a omis de mentionner ce détail à l'Orine et il n'est pas déçu de sa réaction.

Le piano fait résonner une mélodie dramatique. Il est fidèlement suivi par les cordes frottées. Mais c'est le chef d'orchestre qui contrôle la scène. Sa baguette laisse des traînées en suspension dans l'air. Elles hypnotisent Wao : d'abord blanches, faisant l'effet d'une traînée d'étoiles, elles se transforment en espèces de ronces de glace quand la musique devient tragique. Chaque moment d'intensité laisse place à des airs doux et lents qui renforcent le drame à chaque remontée. Wao a l'impression d'être embarqué pour un voyage à travers des contrées oniriques.

Il imagine des silhouettes qui n'ont d'autre forme que celle des émotions. Le premier mouvement, tragique et macabre, laisse percer une lueur d'espoir dans le deuxième. Les doigts du pianiste caressent les touches, puis les frappent quand les bassons annoncent les envolées intenses. C'est une danse comme il n'en a jamais vues. Et quand les lumières s'adoucissent sur la scène et que les musiciens s'immobilisent jusqu'au silence complet de la salle, il lui semble que ça n'a duré que quelques minutes.

Les musiciens se lèvent et partent. La salle n'applaudit pas. Wao regarde Rubèn, d'un air interrogateur, son esprit encore loin, très loin dans la danse du pianiste.  « C'est l'entracte après le deuxième mouvement... comme indiqué dans le programme. » En voyant l'air perdu de l'Orine, il poursuit : « Allez donc vous ressourcer ! Le journaliste que je suis doit préparer mes questions pour le chef d'orchestre. » Rubèn semble plus touché par le son du mot "journaliste" dans sa bouche que la représentation. Il n'attend pas sa réponse et se replonge dans ses notes. Comment peut-il se montrer si indifférent à ce qu'il vient de se passer ? Wao en est encore tout retourné. « Très bien. » Il se lève et suit machinalement la foule, mais il n'a qu'une envie : que le concert recommence.

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Min Shào
Jeu 25 Aoû 2022, 14:25


Premier mouvement : adagio
II. Après le RP Adieux


Wao passe le rideau de velours et se retrouve dans le vestibule. Mais la salle a changé : les étendues de marbre sont ponctuées de tables nappées sur lesquelles trônent des amuse-bouche. Il le conçoit : les Alfars connaissent l'art des saveurs. S'il était seul, Wao aurait certainement embarqué plusieurs morceaux de chaque mets. Pour la science. Mais ce n'est pas le cas : la salle est remplie d'Elfes Noirs aux sens aiguisés. Sans chercher à initier la moindre conversation, l'Orine va droit au but, en faisant mine de ne pas avancer trop vite. D'un mouvement naturellement gracieux, il prend un amuse-bouche, se retourne vers un coin et s'apprête à le porter à ses lèvres. Désormais, il est bien revenu sur terre et salive à l'idée d'enfin avoir quelque chose pour dîner.

Mais on ne lui laisse pas ce plaisir. Son mouvement est interrompu une voix doucereuse à côté de lui : « C'est vous, l'Orine de Rubèn ? Enchanté, j'étais intrigué de faire votre connaissance. » Wao se tourne et n'a pas le temps de rectifier l'inconnu, dont la grande taille l'intimide quelque peu. « L'Orine de Rubèn ? Enfin, Elyon ! Tu n'y es pas du tout. » Le jeune homme a le temps de voir une micro-expression de dégoût sur le visage de l'inconnu, mais elle est vite masquée quand il se tourne vers l'autre Alfar. Ce dernier tient une flûte à moitié remplie d'un liquide à pétillant. Il est plus petit que le géant, mais arrive quand même à le regarder de haut, comme s'il jetait un regard à une souris sans importance. « Il s'agit de Wao Ming, fils de Hana Ming. Il a rencontré Eöl, mais ce n'est pas encore son Maître. Ai-je tort ? »

Wao ne sait que trop dire : jamais un inconnu n'a parlé à sa place pour le présenter lui-même. Télépathie ? Est-ce un pouvoir commun chez les Alfars ? Face à son air désemparé, ce dernier poursuit en souriant :  « Pardonnez-moi. Je m'appelle Vesstan Araleth, et voici Elyon Mirajor. Eöl est un ami. Nous avons fait nos études ensemble. Il n'a pas tari d'éloges sur vous avant de partir... où ça, déjà ? » Ouf ! Il n'est pas en train de lire dans ses pensées. Il incline sa tête en signe de politesse. « Je vois ! C'est un plaisir de rencontrer des amis d'Eöl. Il reviendra demain d'Avalon. » -  « Ah oui, Avalon ! Une ville grandiose... malgré ses habitants. L'architecture est inoubliable. Vous y êtes déjà allé, n'est-ce pas, Wao ? » -  « Non jamais, pourquoi ? » A vrai dire, Wao ne connaît que peu de choses sur les Déchus. Il a étudié beaucoup de civilisations, mais celle-ci n'a jamais réellement retenu son attention. « Et il ne vous a pas emmené ? Quelle occasion manquée ! » Sentant qu'il a perdu la main sur la conversation, l'autre inconnu s'excuse et s'éloigne.

Wao n'y porte pas attention : il est concentré sur Vesstan. Il a tellement de questions sur Eöl. Quel type d'étudiant était-il ? Certainement brillant. Ce dernier prend une gorgée de son breuvage, fier de son petit effet sur l'Orine. « J'imagine qu'Eöl était déjà une tête brûlée à l'époque », remarque Wao en souriant au souvenir du visage de son Aisuru potentiel. « Oh ! A qui le dites vous. Il a l'audacité d'un dragon... sauf qu'il ne crache pas de feu. C'est comme ça que je l'appelais en classe. Le dragon d'Othrelas. » L'Alfar fait une pause pour ménager son effet et humecte ses lèvres du liquide pétillant. « Les Professeurs ne le portaient pas toujours dans leur cœur... mais ils reconnaissaient son talent pour l'art. Il était déjà très marqué. Nous jouions de la musique ensemble en primaire. C'était un pianiste remarquable. Il aurait pu prendre la place de ce soliste, s'il l'avait voulu...» Wao laisse presque tomber sa mâchoire au sol par surprise. Eöl lui a parlé de ses talents; il lui a tout appris sur la peinture des Alfars, ses grands artistes, ses chefs d'oeuvre. Mais jamais il ne lui a pipé mot sur le piano. Pourtant, Wao lui a beaucoup parlé de cet instrument qui le fascine. « Vous ne le saviez pas ? ...oh, après tout, chacun a son jardin secret. » La curiosité laisse place au malaise.

« Il ne l'a pas mentionné, mais il est impossible de connaître toutes les facettes d'une personne en une lune, vous savez. Vous, par exemple, vous connaissez mon nom et celui de ma Mère, mais vous ignorez tout de moi. » Ce n'est pas une invitation : il y a un air de défiance dans sa réponse envers cet Alfar qui semble vouloir lui plomber le moral. Wao se sent piégé dans cette conversation. Son regard s'échappe vers la sortie alors qu'il cherche une excuse pour s'éclipser, mais Vesstan lui épargne cette recherche. « Et j'espère en savoir plus sur vous à l'avenir, Monsieur Ming. Votre peuple est un joyau nimbé de mystères. Si Eöl devient votre Maître... nous aurons de toute manière l'occasion de nous revoir. Je vous souhaite une bonne fin de concert. » -  « Vous de même ! Je suis ravi d'avoir fait votre connaissance. » Non.  « À bientôt. » Il ne l'espère pas. Vesstan repose sa flûte à moitié remplie sur le buffet. Et à la grande stupeur de l'Orine, il a été vidé de toute victuaille. Wao a raté le coche. Il s'humecte les lèvres en imaginant le goût qu'il ne connaîtra jamais de cet amuse-bouche et quitte le vestibule, frustré.

Mots: 964

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Min Shào
Dim 25 Sep 2022, 16:30


Premier mouvement : adagio

« Pardon... oh ! Rubèn. Quel plaisir de te voir ! Je dois te parler de cet article... » Soudainement, un Alfar menu aux yeux brillants passe devant les deux spectateurs pour s'installer au bout de l'allée. « Bonsoir, Telhn. Je suis en plein travail -vois-tu, je suis accrédité et non juste spectateur-, mais voyons cela après la performance. » Rubèn a levé le nez pour lui répondre poliment, mais il se replonge déjà dans ses notes. « Félicitations ! Et avec plaisir ! » Lui répond Telhn, nullement vexé. L'Alfar fait un signe de salut à Rubèn, puis à Wao qu'il avait à peine remarqué, avant de se diriger vers son siège. Cette fois, l'Orine laisse échapper une question. « Qui est-ce ? » - « Une personne de guère importance. » Devant son air interrogateur, il poursuit : « Il me harcèle pour transmettre des sujets plus inintéressants les uns que les autres à mon responsable de rubrique... il a de la chance que je n'affectionne nullement la violence. Comme il a gagné un prix dans la gazette d'Avalon, il se prend pour l'étoile montante du moment. C'est pathétique. » Sa réponse dégouline de mépris qui laisse imaginer un profond ressentiment envers l'Alfar. Il y a certainement des histoires entre eux qu'il ignore... ou une jalousie bien enfouie. Entre Alfars, les moindres indices dévoilent souvent un filet de toiles tentaculaires de stratégies et de manigances.


Les lumières de la salle s'éteignent et coupent court à la conversation. Les spectateurs interrompent leurs conversations pour laisser un silence s'installer. La salle est prête à profiter du reste du concert. Les musiciens reviennent et Wao se joint à la foule pour les applaudir avec enthousiasme. La seconde partie du concert est tout autant un plaisir pour les oreilles de l'Orine. Après le troisième mouvement, le chef d'orchestre décide d'interpréter une ancienne pièce, référence chez les Alfars : la Danse Macabre. Wao se délecte de cette performance autant musicale que visuelle : une peinture géante est dévoilée. Elle représente des squelettes qui dansent autour des tombes. Au début, la peinture est noire. La musique commence dans un murmure. Puis, d'un coup, l'orchestre lance une valse diabolique. La peinture se dévoile. Et au fil de la performance, l'atmosphère de la salle change. L'air est parcouru de brises nocturnes chargées d'une odeur morbide. L'apparence des instruments des musiciens se métamorphose doucement, comme si Wao était happé par une illusion générale. Ils se noircissent et, quand la pièce se termine, se volatilisent dans un nuage de poussière. Les spectateurs, impressionnés par la performance, n'applaudissent pas tout de suite. Tous apprécient le silence qui donne suite à la musique, comme la mort s'empare de toute vie. Et puis l'orage gronde. Les applaudissements fusent de parts et d'autres de la salle.

Soudain, les lanternes se rallument et l'illusion disparaît : les instruments sont réapparus, les musiciens ont changé d'apparence. Ils saluent le public, chacun leur tour. Les bois, les cordes, les percussions : tout le monde a son moment de gloire. Et enfin, le chef d'orchestre, majestueux, comme un Roi qui s'est emparé du cœur de son peuple dans le creux de sa main. Après de longues minutes d'applaudissement, les musiciens quittent la scène et un rideau de soie tombe sur le plancher. Rubèn se lève avec hâte pour se diriger vers l'arrière de la scène. Wao peine à le suivre. D'ailleurs, il ne sait même pas s'il est censé le suivre, mais en l'absence d'indications, il s'interdit de le perdre de vue. Il souhaite éviter à tout prix de se retrouver une nouvelle fois assailli par des Alfars.

Le duo traverse d'innombrables couloirs avant de se retrouver face à une porte fermée. En son centre, il aperçoit une gemme. Rubèn approche un bijou de cette gemme et soudain, la porte se déverrouille.  « Venez vite. » Wao accélère et se faufile dans l'entrebâillement de la porte. Devant eux, un groupe d'Alfars trépigne d'impatience devant ce qu'il semble être des loges. Et au bout du couloir, sur le côté, Wao aperçoit l'arrière de la scène. Sa curiosité piquée, il brûle d'envie d'aller explorer les secrets de cette performance. A quoi ressemble l'immense peinture vue d'en bas ? Comment a-t-elle été peinte ? Avec quel style de traits ? Sans s'en rendre compte, l'Orine se mord la lèvre, forcé d'attendre sagement derrière Rubèn comme un vulgaire sbire. Il attend quelques minutes avec lui, mais il l'ignore et ne le présente pas à ses connaissances. Il est invisible. Alors, quand les loges s'ouvrent enfin et laissent apercevoir le chef d'orchestre et ce qu'il semble être les musiciens, Wao décide de s'éclipser vers la scène. Après tout, Rubèn ne partira pas bien loin... alors qu'il s'éloigne de son seul point de repère dans cet endroit inconnu, son cœur bat la chamade. Il sait qu'il prend un risque, et cela rend cette exploration encore plus tentante.

Mots: 847
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Min Shào
Mer 28 Sep 2022, 21:48


Premier mouvement : adagio

Wao entre en terre inconnue. Il traverse le couloir à pas de loups. Les sons des discussions des journalistes s'amenuisent à mesure qu'il s'éloigne. La lumière de la scène se rapproche et enfin, l'Orine débouche sur la scène. Le rideau a été relevé : d'en bas, la salle est encore plus impressionnante, telle un monstre qui dort. « W...wooooh... » L'écho de sa voix résonne longuement. Comme hypnotisé, il monte les marches et se tient sur la scène, s'imprégnant de cette sensation de grandeur. « Vous n'êtes pas autorisé à être ici. » La voix est dure, sévère. Wao sursaute, ne pouvant pas cacher sa surprise. Il se sent comme un enfant pris en train de faire une bêtise. Cela doit se lire sur son visage, parce que l'inconnu s'approche et poursuit :  « Veuillez quitter la scène. » L'Orine se tourne vers lui. Il s'agit d'un Alfar âgé aux longs cheveux châtains. Il le reconnaît : c'était le pianiste du concert. Sa peur se teint d'admiration et, au lieu de tourner les talons, il s'incline. « Monsieur ! Pardonnez-moi, j'étais si curieux... je m'incline devant votre prestation ce soir. Subtile, puissante, de très beaux phrasés... d'artiste à artiste, j'admire votre technique. »

Ce n'est même pas une technique de flatterie pour se sortir du pétrin : il est sincère. « Je vois que cela vient du cœur. Je vous remercie... mais partez, maintenant. » L'Alfar semble s'adoucir, mais reste ferme. En détaillant son visage, il semble réaliser quelque chose. « Jouez-vous du piano, Hanatsu ? » A la couleur de son yukata, il a réussi à deviner sa race et son rang. Impressionnant. « J'espère avoir cette chance très prochainement », avoue-t-il en regardant l'instrument encore sur scène. « C'est très... différent de ce que l'on connaît à Onikareni. Utiliser les cordes pour appuyer sur des touches... c'est inattendu... mais brillant. » L'Alfar suit son regard pour se tourner vers le piano. Il entreprit d'aller s'asseoir devant et fait signe à Wao de venir. Ne sachant pas encore déterminer s'il est dans le pétrin ou non, l'Orine obéit.


« Le piano est le plus bel instrument au monde. » L'Alfar lui sourit puis ferme les yeux. Ses mains se posent délicatement sur les touches de l'instrument. Le pouls de Wao s'accélère. Il s'apprête à jouer juste pour lui. Une bien curieuse façon de le sanctionner... l'Orine ne sait plus où se mettre. Alors il se contente de rester debout, maladroitement, en plein milieu de la scène. L'Alfar se concentre, trouve son tempo et presse son index contre la première touche. Puis une seconde, et d'autres, toutes en même temps. Ses doigts dansent de gauche à droite, comme une vague qui avance et recule. La mélodie retentit dans la salle. C'est une musique mélancolique. Inconsciemment, le corps de Wao commence à bouger sous lses ordres. Est-ce qu'il s'agit d'un pouvoir magique ou de son art, il l'ignore. Toujours est-il que son corps est entraîné dans une danse donnant vie à la musique. Il se laisse emporter et exécute de lents mouvements grâcieux. « Par la mélodie de l'instrument, Mes courbes sont légères comme le vent. » En utilisant son pouvoir de l'Invocation Céleste, Wao défie la gravité. Il fait une pirouette au ralenti et ne retombe qu'après une longue seconde. Le but : en mettre plein la vue au musicien. La danse n'étant pas sa spécialité, il exécute des mouvements simples et abstraits. L'Orine glisse sur les notes du piano, fait corps avec la musique... et sa performance improvisée ravit le pianiste.

L'Alfar achève la musique et Wao termine sa danse quand il lui fait signe. Peu endurant, il est essoufflé mais tente de maintenir l'illusion d'un effort minimal en retenant sa respiration haletante. « Bravo, bravo ! » Soudain, il entend la voix de Rubèn retentir au loin. Elle est accompagnée par de lents applaudissements. Quand il se tourne vers le fils d'Eöl, Wao décèle une contrariété, trahie par ses mains qui jouent nerveusement avec sa plume. Il s'attend au pire... mais il n'en est rien. Un sourire s'étire sur le visage du frère Liën alors qu'il monte sur la scène à son tour. « Notre Orine est toujours là où l'on ne s'y attend pas. Quelle belle performance, je m'incline. » Est-il sincère ou se moque-t-il de lui ? Wao ne sait plus quoi penser autour de ces êtres aussi impénétrables qu'imprévisibles. « Monsieur Minursky, je vous cherchais. Consentiriez-vous à m'accorder quelques minutes de votre temps afin de partager vos impressions de ce premier concert qui, je me dois de le préciser, est déjà loué par les critiques ? »  L'Alfar se lève et s'incline auprès de Wao, puis de Rubèn. Il semble hésiter pendant un moment puis, en jetant un ultime regard à Wao, répond : « Votre Orine ? Cette personne me semble assez indépendante pour ne pas être décrite ainsi par la famille qu'elle a le privilège d'Inspirer. » Wao ne peut s'empêcher de sourire face à cette défense inattendue. « Je n'ai pas beaucoup de temps ; voyez-vous, je m'apprêtais à ranger mon piano. Mais je suppose que je puis vous accorder quelques questions. » Il fait signe à Rubèn de le suivre à l'arrière de la scène, en direction de sa loge. L'Orine n'est pas invitée. « Et quel est votre nom, cher danseur ? » Demande-t-il avant de fermer la porte. « Je me nomme Wao Ming. » - « Je suis certain que vous deviendrez un grand pianiste, Hanatsu Wao. »

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Min Shào
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Min Shào
Jeu 29 Sep 2022, 22:40


Premier mouvement : adagio

En sortant de l'opéra, Wao ressert son écharpe contre son cou. La morsure du froid nocturne fait frissonner tout son corps. Mais l'Orine est encore excitée de sa soirée pleine de nouveautés et de sa rencontre impromptue ; son cœur continue à battre fort dans sa poitrine et à propager sa chaleur dans sa poitrine. « Ah... suivez-moi. » Rubèn pousse un long soupir de satisfaction et s'avance dans la ruelle éclairée par la pleine lune. Mais après quelques pas seulement, Wao s'immobilise. « Rubèn ? » - « Qu'il y a-t-il ? » Il se retourne et revient vers l'Orine. Il montre le bosquet sombre du doigt : il vient d'apercevoir une lueur rouge à l'intérieur. « Qu'est-ce que cet endroit ? J'ai cru voir quelque chose... » Le lieu est plus que sombre ; il semble absorber la moindre lumière, ce qui a rendu la lueur rouge d'autant plus voyante. « Oh... il s'agit d'un rituel en l'honneur de la Déesse Dothasi... je suppose. » Il semble vague et lui indique de reprendre le chemin, visiblement pressé de rentrer au foyer Liën. Dothasi... cette Aether n'est vénérée par nul autre que le peuple Alfar. En réalité, elle effraie Wao. Certaines de ses représentations sont dérangeantes, voire cruelles. Et ce rituel... n'est certainement pas une chose qu'il a envie de voir.

« Rubèn ? » interpelle-t-il en traversant les ruelles grises. « Hm... oui ? » Rubèn n'a pas l'air très coopératif, mais Wao ne peut plus retenir le flot de questions qui se bouscule dans son esprit depuis leur départ à l'opéra. « Pourquoi Eülièn a-t-il tenu à me laisser sa place au concert ? » Illuminé par la lueur blafarde de la lune, une expression incrédule semble se dessiner sur le visage de l'Alfar, mais disparaît tellement vite qu'il a presque l'impression de l'avoir imaginée. Il semble hésiter avant de lui répondre. « Ce concert était une véritable surprise. » Quel rapport ? « Voyez-vous... le compositeur ne partait pas gagnant. Son précédent concerto était un échec cuisant. Notre critique l'avait même qualifiée de "cimetière abhorré de la lune". Il était tellement mauvais, figurez-vous », poursuit-il avec véhémence, « Qu'il fut annulé après sa première représentation. » Il s'esclaffe. « Et le plus amusant dans tout cela… c'est que tous voudront l'entendre, après ce chef d'oeuvre qu'est son second concerto. » Il secoue la tête en signe d'incrédulité et lâche un autre rire. « Je vous montrerai la critique de mon collègue. C'est une véritable mélodie vengeresse. » Wao a la sensation qu'enfin, pour la première fois, Rubèn commence à s'ouvrir à lui. Il perçoit une chaleur dans sa voix qui l'encourage à s'ouvrir à son tour. « L'Art est une compagne parfois cruelle. L'artiste déchire son cœur pour construire son oeuvre et l'ouvre pour la partager... mais il est parfois incompris. » Surpris, Rubèn s'immobilise. « Insinuez-vous qu'il n'existe aucune forme d'objectivité possible dans la critique de l'Art ? Permettez-moi de vous contredire. Si l'inspiration définit l'architecture de l'oeuvre, seules des fondations solides peuvent être gage d'une qualité minimale. »  

Le duo échange sur sa vision de l'Art sur le reste du chemin. Echaudé par la conversation, l'Alfar monte la voix ou s'arrête. Et quand ils arrivent au perron du foyer, il ouvre grand les yeux. « Déjà ? Je n'ai pas vu le temps passer. Après vous, Wao. » L'Orine s'incline et passe le pas de la porte. Ravi par la conversation, mais qui lui a aussi donné encore plus matière à réfléchir, il manque de buter sur la table et ne remarque que la table est affublée de quatre couverts. « Bienvenue, Messires », les accueille l'intendante des domestiques. Sans attendre leur réponse, elle s'incline et court donner des ordres à ses employés afin de servir le dîner et de rassembler le foyer. Au quotidien, la famille Liën ne mange pas ensemble : chacun a un calendrier trop décalé pour prendre le temps de se retrouver tous les soirs. Mais une fois par semaine, elle met un point d'honneur à l'organiser. Wao avait oublié qu'il s'agissait de ce soir-là.

Malheureusement, Eöl ne serait pas de la partie. L'idée de se retrouver seul avec les trois membres de la famille Liën, sans son Aisuru futur pour faire office de bouclier, lui provoque un frisson plus poussé que la morsure du froid. « Quoiqu'il en soit, Rubèn... » poursuit-il alors qu'ils s'attablent : « Je suis curieux de lire votre critique demain. » - « J'ai presque tout écrit. Je ne resterai pas longtemps pour le dîner afin d'y ajouter mes derniers touches. Bonsoir, Mère. Rebonsoir, Eülièn. » L'air vient de devenir un peu plus glacial alors que le regard de la Maîtresse de maison se porte sur Wao. Il se force à croiser son regard et à sourire : « Bonsoir, Dame Liën. Bonsoir, Eülièn », dit-il sobrement. Les deux membres de la famille sont les plus hostiles à Wao depuis son arrivée dans le foyer. Il en ignore la raison et, en conséquence, ne sait pas quoi faire pour améliorer la situation. A chaque fois, il lui semble faire face à deux montagnes imperturbables dans leurs idées. Cela le démoralise, mais les Orines de l'ambassade l'avaient prévenu : les Alfars ne sont pas des êtres faciles à apprivoiser. Il prendra son temps. Ce n'est ni les jours, ni la patience qui manquent.


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Sam 15 Oct 2022, 14:08


Premier mouvement : adagio

Les premiers rayons du soleil percent les volets de la chambre de Wao. Il ouvre les yeux doucement et regarde autour de lui, confus. Où est son miroir...? Oh, c'est vrai. Il est à Drosera. Il se lève en position assise et se frotte les yeux. *Ma chambre est si triste*, songe-t-il en regardant autour de lui. Dans la pièce, quelques meubles ont été posés ; un lit, un secrétaire et une penderie. Il y a bien quelques éléments de décoration Alfar, mais Wao ne se sent pas chez lui. Il se promet de demander à Chuan de lui livrer quelques décorations d'Onikareni puis se lève. Sur son secrétaire trônent son kit de peinture et son xun, ultimes témoins de sa culture.

Au petit déjeuner, Wao est, une fois de plus, seul. Le reste de la famille s'est levé un peu avant l'aube. A moins que Rubèn ne soit encore au lit ? Il a travaillé très tard la veille. En s'attablant au petit-déjeuner, son regard se pose sur le journal. Il s'agit de celui pour lequel Rubèn travaille. Wao sourit et l'ouvre maladroitement, peu habitué au grand format de la presse quotidienne. Il déchiffre le sommaire et feuillette le journal jusqu'à la rubrique des arts. Son regard se pose sur un portrait animé par magie : il reconnaît aussitôt le pianiste de la veille. Et en bas de l'article, le nom de l'Alfar est apposé.

Les grands concerts -
Concerto pour piano de M. Offachman

Je crois personnellement à une certaine vertu poétique de la première impression, c'est pourquoi cette critique a été réalisée d'après mes notes prises sur-le-champ, puis complétée avec les impressions plus objectives de mes confrères.
Nous avons tous écouté le second concerto de Offachman avec un intérêt soutenu. Le musicien s'est tiré du cimetière abhorré de la lune pour s'élever jusqu'aux étoiles avec cette oeuvre d'art. De caractère fataliste, parfois mélancolique, la pièce a monté des sursauts de fougue et un finale d'une ampleur superbe.
La partie du piano, âme substantifique de cette pièce, est traitée avec une aisance, une liberté, que le pianiste M. Fuda Mirnusky a magnifiquement rendues d'une virtuosité précise, comme naturelle. « Dans cette pièce, M. Offachman utilise et embellit toutes les beautés du piano », nous confie-t-il après la pièce. « Jamais je n'ai pris tant de plaisir à interpréter une partition. » Et pour cause : par cette oeuvre, le compositeur signe sa rédemption absolue. Nul doute n'est permis quant à l'ancrage de cette pièce dans l'histoire de notre peuple. Intemporel et sincère, le second concerto d'Offachman est à aller écouter de toute urgence.


Wao sourit en imaginant la fierté de Rubèn en lisant ces lignes imprimées dans un papier que des centaines d'Alfars ont certainement reçu chez eux le matin-même. « Vous l'avez lu ! » Soudain, une voix tonne dans l'escalier. Rubèn affiche un sourire que Wao n'a jamais vu sur son visage. Deux soleils ont remplacé ses yeux. Il irradie. « Bonjour, Rubèn ! C'est un très bon papier. Il rend honneur à la pièce. » L'Alfar s'installe en face de lui. « L'article était trois fois plus long... toutes les citations de Mirnusky ont été retirées. D'un entretien de cinq minutes, il ne reste que cette phrase. C'est toujours frustrant quand quelqu'un nous a offert quelques minutes. Mais c'est le métier », soupire-t-il en prenant la tartine qui lui a été préparée.

Wao sourit. « Vous pouvez être fier de vous. » L'Alfar ne s'autorise pas à être satisfait. C'est un problème qu'il a remarqué dans la famille entière. Ce dernier semble être touché par la sincérité de sa réponse : « Monsieur Wao Ming... c'est grâce à vous. Sans l'entretien avec le pianiste, je n'aurais simplement rien sorti aujourd'hui. » L'Orine penche la tête en signe d'interrogation. « Quand vous êtes parti sur la scène, nous attendions le chef d'orchestre. N'est-ce pas ? Nous avions été accrédités avec la promesse d'obtenir quelques réponses chacun. » Il secoue la tête, excédé. Son sourire a déjà disparu. « Sauf que ce... ah ! Cette saleté d'opportuniste m'est passé devant au moment où je voulais poser ma question et il est reparti avant que je ne puisse obtenir quoi que ce soit. » Il lève glorieusement sa tasse de thé vers Wao. « Pour résumer, vous m'avez sauvé la mise hier soir. »

Wao est confus. Pourquoi ne pas lui avoir dit la veille ? Lui qui s'est tant culpabilisé après avoir bravé les interdits ! Il pensait avoir sali la réputation des Liën. « L'entretien hier soir, l'information sur les marins il y a quelques jours... emmenez-moi à votre prochain événement, et on verra comment je vous sauverai la mise la prochaine fois », blague-t-il en imitant son geste. Le thé cuisiné par les domestiques vient de sa terre natale ; souvent, Wao profite de l'absence de la famille pour partager ses connaissances de cuisinier à ces derniers. Il sait qu'il n'est pas censé être familier avec eux, mais personne ne lui a reproché jusqu'ici. Alors il continue. Wao sourit quand le goût familier du thé noir envahit ses papilles. « Vous savez quoi ? C'est ce que je vais faire. Un bal masqué, cela vous sied-il ? » Wao hausse les sourcils. « Je dois dire que je n'y ai jamais assisté... pourquoi pas. »

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Sam 15 Oct 2022, 15:21


Premier mouvement : adagio

Enfin un membre de la fratrie qui reconnaît sa valeur. Plus que deux à convaincre. « Mais qu'auriez-vous donc à écrire sur un bal ? » demande-t-il en reprenant une gorge de thé. « Pas sur le bal, mais sur un invité en particulier... j'ai entendu cette conversation au détour du bureau qui mentionnait quelqu'un avec qui je souhaite discuter depuis longtemps comme l'un des convives. » - « Qui donc ? » - « Un écrivain extrêmement réputé. Habituellement, il fuit les événements sociaux et se terre dans un lieu secret. Autant vous dire que la presse n'est pas dans son collimateur. » Wao commence à comprendre comment cela fonctionne pour Rubèn. « Et vous gagneriez un bel espace dans le journal pour cette exclusivité », continue-t-il, plutôt fier de sa conclusion.

« Exactement. Et quoi de mieux qu'une Orine pour intéresser un artiste ? J'ai vu que votre art de la conversation égale votre talent en peinture. »  Rubèn le gratifie d'un nouveau sourire. « En attendant... » Il glisse un rectangle cartonné sur la table. « Fuda Minursky est votre nouveau professeur de piano. Si Eöl l'accepte, bien évidemment. » Wao sursaute et regarde la carte, comme pour vérifier qu'elle était réelle. « Lui, me donner des cours ? Mais je n'y connais rien ! Je suis un débutant. » - « En échange, j'imagine qu'il s'attend à ce que vous lui parliez des Orines. Votre culture, vos arts... votre œil pour le Beau. » Il s'avance vers Wao. « Un Alfar ne donne pas de faveurs. Souvenez-vous en. » Un frisson parcourt la colonne vertébrale de l'Orine. Est-ce de la peur ou de l'adrénaline ? Il commence à ne plus distinguer les deux, dans cette ville.

*

La dernière phrase que Rubèn lui a prononcée tourne dans son esprit. Elle se nourrit de ses angoisses et de ses doutes. Et puis il pense aux secrets d'Eöl. Pourquoi lui a-t-il caché son passé de pianiste ? Quel est l'intérêt ?  *Des souvenirs douloureux ? De la tristesse ou de la culpabilité ?* Il essaie de se convaincre de cette hypothèse. Mais les doutes continuent à revenir inlassablement. L'Orine aimerait vouer une confiance presque aveugle à ses proches. Malheureusement, il en est incapable.

« Wao Ming. » Cette voix... Wao se tire de son état méditatif et se tourne vers son origine. Ses yeux s'illuminent quand il voit son futur Aisuru. L'homme aux cheveux blancs se tient sur le pas de la porte du jardin, sa tenue de voyage encore sur ses épaules. Une lueur dans son regard, qu'il ne décèle que quand il se plante dans ses yeux, le fait fondre. « Maître Eöl ! Vous... vous êtes déjà de retour ! » Il se lève maladroitement et manque de tomber alors que ses jambes se sont affaiblies, après avoir maintenu une position en tailleur.

En le voyant tressaillir, Eöl s'avance vers lui pour le rattraper. Ses bras soutiennent sa hanche et Wao replonge ses yeux dans les siens. « Je vous remercie... je... c'est une si belle surprise. » Wao a enfoui ses mains dans son tissu et ne veut plus les retirer. La chaleur de sa peau qu'il ressent à travers le coton se répand à travers son corps. « Vous m'avez manqué. » Il a envie de se coller contre son corps pour l'enlacer, mais se retient de toutes ses forces. « Vous aussi. » Comme si l'Alfar avait deviné ses envies, il se rapproche de l'Orine et l'enlace un court instant, avant de se défaire de son étreinte. Elle n'a duré qu'un battement de cœur, mais le temps semble s'être étendu pendant cette seule seconde.

Celui de Wao commence à tambouriner contre sa poitrine. « Non pas que je me suis ennuyé ici en votre absence », poursuit-il. Ce n'est pas totalement faux, en soi. « Racontez-moi donc vos aventures dans notre belle Cité. Marchons ensemble », lui intime Eöl. Il lui tend son bras. Wao glisse le sien auprès de lui et initie une promenade dans le grand jardin familial. Près des plantes des Alfars, des bourgeons d'arbres venant d'Onikareni ont poussé hors du sol. Wao a commencé à remanier le jardin il y a quelques jours. « Etes-vous certain de ne pas vouloir d'engrais magique pour accélérer la croissance des cerisiers ? Je ne puis attendre de voir leurs pétales couvrir notre jardin de rose. » Wao sourit et suit son regard, se délectant de la sensation de proximité entre leurs deux corps et esprits. « Vous êtes si pressé, vous, votre famille et, oserais-je dire, votre peuple en général... la nature est le meilleur des professeurs. Nous devons apprendre de sa patience. »

Eöl s'immobilise. « Vous avez raison. » Une lueur d'admiration pointe dans ses prunelles sombres. « Vos réflexions m'ont terriblement manqué. Plus que ce à quoi je m'attendais. Je suis heureux de vous retrouver, Wao. » Et au fond de son cœur, l'Orine perçoit autre chose. Une promesse. Celle de nouer le Lien dans un futur proche. C'est évident : il le veut autant que lui. Et soudain, son voile de doutes fond comme neige au soleil. Ce regard, ce moment, cette proximité... il est prêt à tout pour rester à ses côtés. Eöl Liën est l'entièreté de son univers et plus rien d'autre ne compte. Ni maintenant, ni jamais.

Mots: 856
FIN

Explications sur la ref pour qui veut:
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