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 [Q] Sang amer

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2341
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Jeu 22 Juil 2021, 16:45

Partenaire : N/A
Intrigue : Changement de race. Lysium est enrôlé parmi les assassins noirs contre son gré, et une mission finit par mal de tourner.


« Cher journal,

Les déchus, ça craint. Avalon grouille de vie et d’activité. Jamais ils ne cessent de gigoter : s’il ne s’agit pas d’un Orgueilleux se prenant pour le crieur public, c’est un groupe de Luxurieux organisant une orgie, ou même un Colérique se donnant en spectacle. Comment suis-je censé me reposer ici ? Je peux à peine fermer l’œil. Ces gens sont une mauvaise influence. Ce n’est pas surprenant que les magiciens aient fini aussi dégénérés : à s’allier aux déchus, ils ont perdu le peu de bon sens qu’il leur restait.

Je ne comprends pas pourquoi ces bestioles m’agacent autant. Je pense que c’est dû à leur manière d’exister, tout simplement. La Déesse qu’ils prient et chacune de leurs paroles transpirent la liberté et l’émancipation. Ils sont pires que les orishas, en leur temps. J’ai l’impression qu’ils se moquent de moi, qu’ils essayent de me ridiculiser. En quoi sont-ils libres ? Je suis plus libre qu’eux, moi. Je n’ai aucun péché qui affecte ma personnalité. Je fais mes propres choix. Je pourrais choisir de revenir en territoire sorcier à n’importe quel moment. C’est en mon pouvoir, et c’est ce que je ferai.

Je n’ai aucun problème avec le fait d’être élu d’Hel’Dra : ce sont des sottises, et je suis certain que mon gouvernement le sait. Les sorciers sont plus malins que ça, et ils ne laisseraient pas quelqu’un d’aussi précieux que moi être accusé de pactiser avec l’ennemi. Ils savent que je leur suis fidèle et que je ferai tout ce qu’ils me demandent. C’est pour ça que je suis tout à fait en confiance : une fois revenu à Valera Morguis, rien de spécial n’arrivera. Tout sera comme avant.

Avalon est misérable et manque d’organisation, comparée à Amestris. Franchement, je ne sais même pas pourquoi je reste ici. C’est sans doute par politesse vis-à-vis de mes hôtes : des âmes simples, que je suspecte d’être atteintes respectivement d’Envie et de Gourmandise. Ils ne sont pas si agréables que ça, mais je continue à payer mon séjour par charité. Hier, Eulalie et son mari m’ont proposé de les rejoindre au festival. J’ai bien évidemment décliné cette offre : pourquoi aurais-je besoin de me rouler parmi les porcs ? Je suis un mage noir, et je n’ai pas de temps à perdre en frivolités. Je dois devenir l’un des plus puissants, et il serait stupide de ma part que je parte m’amuser au milieu de ces rues infestées de vie. Néanmoins, je pense que je regrette peut-être d’avoir refusé. Peut-être qu’en m’y rendant, j’aurais pu rencontrer de nouvelles personnes. Et les intégrer à mon réseau : je ne vois dans ce festival qu’une opportunité purement professionnelle. Le laisser-aller et l’insouciance ? Non merci, j’ai passé l’âge. »


Lysium avait la nausée, ces derniers temps. Il ne s’agissait pas du mal du pays, ou même d’une maladie. C’était quelque chose de plus fondamental. Il y avait une sorte de malaise ambiant, que lui seul semblait ressentir. Tout le monde était si… normal. Parfois heureux, souvent neutres, rarement de mauvaise humeur. Mais lui n’arrivait plus à identifier ses émotions. Il ne restait que la confusion, et ce mal au ventre indescriptible. Serait-il tué par les sorciers à son retour ? Serait-il déshérité ? Quand devrait-il rentrer ? Devait-il rentrer, tout simplement ? Quels éléments de sa vie changeraient ? Aurait-il son diplôme ? Est-ce que tout ceci était lié à Datura ? Est-ce qu’Hel’Dra existait ? Où était Siruu ? Qui était la femme qui lui avait conseillé de venir ici ? Il avait trop longtemps mastiqué ces questions, si bien qu’elles en avaient perdu leur saveur. Il avait maintenant envie de les vomir, mais elles restaient logées au fond de son estomac.



Amandine avait directement retrouvé le nouveau lieu de vie du sorcier, mais avait préféré attendre quelque temps avant de s’y téléporter. Il y avait des avantages, à être une poupée démoniaque et omnipotente. Elle avait vu Datura, mais ne s’était jamais manifestée à elle. Son objectif avait toujours été Lysium. Elle comptait l’élever et, au vu de l’état catastrophique dans lequel sa vie se retrouvait, elle n’avait jusqu’ici pas fait un assez bon travail. Puisque la subtilité ne suffisait pas, il faudrait employer d’autres mesures. La créature ne pouvait pas échouer : elle avait été construite ainsi. Avait-elle un créateur mortel, ou était-elle née de la volonté d’un Dieu ? Seuls les aetheri le savent, car ma position de narrateur n’offre pas l’omniscience.

740 mots.


[Q] Sang amer 3v8q
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Jeu 22 Juil 2021, 16:51


Le fidèle d’Asresh cherchait ses livres. Il n’avait plus travaillé l’économie depuis un certain temps. Il préférait encore manger des muffins aux boyaux que de réviser cette matière, mais avait besoin de se distraire avec quelque chose qui prendrait toute son attention. Néanmoins, il ne trouvait pas le manuel recherché. Pourtant, il était certain de l’avoir posé dans cette pile en particulier. Est-ce que l’un de ses hôtes lui aurait volé ? Il doutait qu’un propriétaire de gîte ait envie de lire sur les secteurs institutionnels en Obien Syliath, mais les déchus étaient connus pour avoir ce genre de lubies. On peut toujours être surpris par les ailes noires : il vaut mieux ne pas leur faire confiance.

Le sorcier se décida à vérifier dans l’autre pièce de son modeste logement de vacances. Généralement, il ne perdait rien, car ses domestiques lui ramenaient ce qu’il leur demandait. Il ne savait pas que la vie en autonomie lui ajouterait cette difficulté. Peut-être avait-il laissé le manuel près de son lit. Malheureusement, lorsqu’il voulut l’ouvrir, la porte lui résista. Ce qui était pour le moins étrange, puisqu’il était possesseur des clés — qui se trouvaient de l’autre côté —. Est-ce que ses hôtes l’auraient enfermé ? Étaient-ils des agents payés par quelqu’un pour le tuer ? Toutes les possibilités lui paraissaient plausibles, tandis qu’il tentait tant bien que mal d’enfoncer la porte. Chacun des coups qu’il assénait semblait confirmer ce qu’il commençait à penser : il avait vraiment besoin de démarrer la musculation. Mais pour se faire, il fallait sortir d’ici en vie, et cela nécessiterait de partir par la fenêtre. Au moins, il n’aurait pas à payer pour tout mobilier cassé.

« Halte. » Le mage noir haletant savait que le son provenait de la pièce où il était, mais peinait à en trouver l’origine. Jusqu’à ce qu’il voie la poupée, sur l’une des étagères. Ce n’était pas Datura, mais il commençait à comprendre le principe. « Est-ce que vous êtes possédée par un démon ? »« Non. » Voilà qui ne l’aidait pas. « Reviens à Valera Morguis. » Il sembla perplexe pendant un certain temps. Était-elle un agent du gouvernement ? En avaient-ils après lui ? Il avait quitté les territoires sorciers trop tôt pour réellement observer la réaction en temps réel de son peuple. « Je comptais le faire. »« Tout de suite. » Étrangement, maintenant que la vague possibilité de revenir devenait une obligation limitée dans le temps, Avalon lui semblait bien plus attrayante.



« Cher journal,

Je n’ai jamais vraiment cru à la théorie selon laquelle le Destin finit par arranger les choses. Depuis mon enfance, l’on m’a appris que cette superstition n’est qu’un énième moyen trouvé par les faibles pour justifier leur mollesse chronique. Toutefois, je dois bien l’avouer, le cours des événements a évolué d’une manière si comique que j’en viens à me demander s’il s’agit vraiment du simple hasard. Quoi de plus drôle que d’imaginer Lysium en tant qu’élu de la Déesse de la Conciliation ? Lui, avatar de tout ce à quoi Ethelba s’oppose ?

Je dois bien admettre que mon frère se retrouve systématiquement dans des positions délicates, entre l’opportunité et la catastrophe. Ces dernières années, il devait se prendre pour l’enfant doré. Il faut dire qu’obtenir la position d’héritier alors qu’il était, en principe, le plus désavantagé… oui, ça a dû lui donner l’impression que tout lui souriait. Il s’est enorgueilli, mais, lorsque l’aîné de notre fratrie mourut, j’étais trop confuse pour réaliser que Lysium ne serait pas apte à diriger cette famille. Il pouvait évoluer, mais cela ne suffisait pas : il était strictement incapable de développer les compétences nécessaires.

Cette réalisation tarda à venir. C’est peut-être après un an ou deux que je finis par comprendre cela. Dès lors, je me mis en tête de prendre l’initiative. Je savais que ma malédiction, mon mutisme et mes actions passées me disqualifiaient de la position d’héritière, mais j’espérais pouvoir entrer dans les bonnes grâces de Lysium et, à la manière d’une éminence grise, le conseiller. J’imaginais aussi que les actuels chefs de notre charmant foyer me pardonneraient s’ils voyaient que je jouais le jeu. Peut-être aurais-je dû me montrer moins docile.

Mon frère, ce fils unique. Il n’écoute pas mes conseils. Il ne travaille pas assez. C’est un idéaliste incapable d’atteindre ses objectifs. Alors oui, même s’il m’est pénible de l’admettre, le voir qualifié d’élu d’une soi-disant déesse me fait presque croire en une punition divine. Peut-être que les niaiseries à base de “les mauvaises personnes seront punies à la fin” ont une part de vérité, après tout. Tout ce qu’il a toujours souhaité, c’était l’attention. Sans doute qu’il aurait rêvé d’être choisi par un aether. Et bien le voilà satisfait, j’imagine. Il lui faudra du temps pour imprégner cette vérité dans son crâne creux, mais il finira par comprendre qu’il n’a jamais été et ne sera jamais digne d’Ethelba.

J’étais surprise de le voir rentrer. Il était différent. Si, en cet instant, quelqu’un avait employé Metum pour matérialiser sa plus grande peur, rien n’aurait changé. Il vivait un cauchemar et, d’une certaine manière, ça me faisait l’apprécier un tantinet plus. Je n’ai pas eu le temps de communiquer avec lui, car il fût rapidement remis aux autorités. Ils n’étaient pas violents. Je ne savais pas s’il serait tué : le sujet des élus d’Hel’Dra était tabou, et il était communément admis que tout ceci n’était qu’une mauvaise farce. Pourtant, je sentais que beaucoup prenaient cette rumeur avec un grain d’appréhension. Les aetheri n’avaient jamais été aussi présents dans nos vies, et qui était-on pour juger de la véracité de telle ou telle soi-disant divinité ? Le gouvernement devait avoir un doute. Beaucoup d’actions peuvent être engendrées par une légère sensation de malaise, mais je ne savais pas quelle route ils emprunteraient. Est-ce que Lysium me reviendrait ? C’est difficile à admettre, mais, pour une fois, j’en savais à peu près autant que mon frère. Je suis curieuse de savoir en quoi cette histoire m’impactera : Mère-Grand est inquiète à l’idée que cela ne ternisse la réputation de notre famille, mais je crains que les conséquences soient plus désastreuses encore. »


1024 mots.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Jeu 22 Juil 2021, 17:04


« L’instructrice t’a présenté les règles ? » C’était la première personne s’adressant directement à Lysium depuis son arrivée dans ce bâtiment. Tout s’était déroulé trop rapidement : il avait atterri chez lui, puis fût confié à d’autres sorciers par sa sœur et s’était retrouvé à cet endroit, où une dame lui avait expliqué ce qu’ils allaient faire. « Elle a dit que, vu que certains peuples croient à la rumeur d’élus d’Hel’Dra, il vaut mieux tuer ceux des autres races pour éviter que ça ne soit une prophétie autoréalisatrice. »« C’est l’idée. Ils veulent faire de nous des assassins. » Elle ne le présentait pas comme une mauvaise chose, mais demeurait sceptique quant à la réalisation de ce projet. Beaucoup d’entre eux avaient déjà du mal à tenir une épée par le manche. « Comment tu t’appelles ? »« Lysium Fortas-Petraliphas, vicomte. » Il se dit qu’il valait mieux établir sa crédibilité dès le départ.

« Enchantée, Lysium Fortas-Petraliphas Vicomte. Moi, c’est Cassiopée. » Elle pouvait se permettre de lui manquer de respect : les hiérarchies importaient peu, dès lors qu’ils se parlaient en tant qu’Assassins Noirs. À ce propos, elle avait essayé de négocier avec leur instructrice pour obtenir un titre un peu plus subtil, mais avait essuyé un refus cinglant. Il semblait que le gouvernement sorcier tenait à ajouter une épithète signifiant l’obscurité après chaque profession. Ayant vécu parmi les lyrienns avant son exil à Nementa Corum, il avait fallu à Cassiopée un certain temps pour s’habituer aux titres d’Empereur Noir, de Chancelier des Ténèbres, d’Assassin Noir, de Comptable Noir ou encore au fameux Maréchal-Ferrant du Chaos.

« Tous les élus sorciers ne sont pas ici, mais la plupart ont déjà été informés. On a presque tous été contactés en même temps. Ton nom n’était pas sur la liste initiale ? » Le nobliau hésitait à répondre. Confier qu’il s’était caché était hors de question, mais pouvait-il mentionner son voyage à Avalon ? Cela montrerait qu’il était un homme du monde, mais si elle était un peu perspicace, elle pourrait comprendre la vraie raison de son départ. « Je ne sais pas. On ne m’a pas expliqué quoi que ce soit. » Il valait mieux rester discret. Cette fille lui semblait insupportable et irrespectueuse, et il préférait ne pas lui donner de quoi l’attaquer. « Aïe, pas de chance. J’ai été assignée pour être ta mentore, en quelques sortes. Tu ne connais pas d’autre élu ? »« Non. » Il aurait préféré avoir comme tuteur quelqu’un de son rang, qui avait été éduqué avec des manières.

« Tu en rencontreras peut-être certains. On n’est pas nombreux, c’est sûr, mais on est dans la même galère. Et d’ici là je vais pouvoir t’expliquer comment t’y prendre. »« M’y prendre pour quoi ? »« Chasser les autres élus d’Hel’Dra. »« On le fait tous ? »« Non, certains s’entraînent encore ou ont à peine été contactés. Mais tu as l’air de tenir debout, et il vaut mieux s’y prendre tôt. »« Pourquoi ? »« Parce qu’ils sont cajolés par les autres nations et vont peut-être devenir des menaces. » Elle se sentait d’humeur très patiente, aujourd’hui. C’était tant mieux, puisque son apprenti lui posait des questions qu’elle ne trouvait pas pertinentes. « Bon, si tu veux je vais te montrer- «

Leur instructrice venait d’entrer dans la salle. « On en a traqué un. Je vais vous envoyer tout de suite à sa poursuite. »« Oh. » Jusqu’ici, Cassiopée n’avait effectué que quatre sessions de chasse. Aucune n’avait mal tourné, mais elle n’était pas encore habituée à ce genre de situations. « Ses caractéristiques ? »« Lynn Vaughan. Orisha, d’un père magicien. Elle a les yeux bleus, les cheveux noirs et fait soixante-dix centimètres. » Lysium n’était pas sûr d’avoir entendu correctement. « Pardon… quel âge a-t-elle ? »« Neuf mois. Soyez prudents, au cas où. » La dame leur donna un papier contenant plus d’informations et, sans plus de cérémonie, les téléporta à Megido.



« C’est plus résistant que je pensais, un nourrisson… quand il s’est mis à léviter, j’ai vraiment cru qu’on ne le tuerait pas avant que ses parents n’arrivent. Et franchement, ça contient beaucoup de sang pour un si petit corps. » Après un assassinat ainsi qu’un délit de fuite somme toute réussit, le duo pouvait se permettre de marcher sur les côtes d’Amestris. C’était aussi l’occasion parfaite pour récapituler le déroulé de leur mission. Lysium ne s’était toujours pas remis de sa journée : ce matin, il était à Avalon, et moins de dix heures plus tard voilà qu’il se retrouvait à parler avec une sorcière impolie et sans titres nobiliaires. Quelque part entre les deux, il s’était fait harceler par une poupée hantée et avait participé à l’avortement postnatal d’un orisha. C’était beaucoup d’émotions à encaisser pour une seule journée, et le soleil n’était pas encore entièrement tombé.

« Est-ce qu’on avait vraiment besoin de le poignarder ? On aurait juste pu le jeter. » C’était assez embarrassant à avouer, mais, pour un sorcier, il était parfois gêné à la vue du sang. Ce n’était pas une phobie, mais il avait tendance à ressentir un pincement au cœur lorsqu’il observait des blessures trop importantes. « Je voulais te montrer les propriétés de ça. » Elle lui tendit l’arme, encore teintée. Le sang de nourrisson était apparemment un mets favori des vieilles sorcières. « Quoi donc ? »« Un glaive. Enfin, un Glaive Noir. » Elle s’empêcha de faire une remarque sur l’adjectif choisi. « Ne touche pas sa lame : c’est une sorte de sangsue à énergie d’élu d’Hel’Dra. Une pépite de technologie, tout droit sorti de Valera Morguis. Tu en auras un, toi aussi. » Un membre de la Milice qui patrouillait ce secteur leur fit un regard sombre, sans doute attribuable au fait qu’elle était en train de brandir une arme en pleine ville.

944 mots.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Jeu 22 Juil 2021, 17:07


« Cher journal,

Aujourd’hui, j’ai tué un nourrisson. J’ai l’impression que son odeur me suit et, accessoirement, j’ai envie de me jeter d’une tour et de m’écraser contre les pavés d’Amestris. Ma vie est ratée. Dans l’archipel, j’étais bien : les autres me considéraient comme plus audacieuse, plus sûre d’elle et moins gênée par les conventions. Je me sentais comme une carpe dans un aquarium : je régnais, car j’étais plus libre que mes camarades. Ma révélation tardait, mais j’agissais comme si cela ne me dérangeait pas. À l’échelle locale, j’avais fini par obtenir une petite réputation. Je me sentais intimidante, puissante et indomptable. C’était si satisfaisant que j’en oubliais le futur. Un futur où je compris que les éléments me rejettent. J’aurais peut-être dû prier plus. Travailler plus. J’aurais dû montrer que j’avais du potentiel, et qu’ils pouvaient me choisir. Maintenant, je donnerais tout pour vivre dans une réalité alternative où un élément se serait imprégné de moi.

Sauf que je vis dans ce monde, chez les mages noirs. Je ne suis pas une bonne sorcière. Une bonne sorcière n’a pas à faire semblant d’être imperturbable lorsqu’elle commet des actes cruels. Elle n’a peur de personne et n’a aucune limite. Je ne sais pas comment les autres font, pour être honnête. Lorsque je repense à l’époque où je me croyais forte, ma mâchoire se contracte. Si avant, j’étais une carpe dans un aquarium, je me trouve désormais dans un océan — et les carpes ne vivent pas dans l’eau salée —. Ici, les gens sont si différents que j’ai l’impression d’être à la place des jeunes lyrienns naïfs et fragiles dont je me moquais auparavant. Mon seul atout, c’est de savoir jouer le jeu : montrer mes faiblesses serait m’offrir en pâture aux autres mages noirs. Je dois paraître extatique à l’idée de commettre des atrocités.

Parfois, j’en viens presque à me demander si je ne pourrais pas être une magicienne. Néanmoins, je peux rapidement me raisonner : un mage bleu ne pourrait pas faire ce que j’ai fait. Il ne pourrait pas préserver la mascarade aussi longtemps. J’imagine qu’après un certain stade, il y aurait un blocage. Sauf que je ne l’ai pas, ce mécanisme de sécurité. Je suis trop attachée à ma propre survie, et pas assez investie dans celle des autres. Alors, je fais tout ce que mon rôle de sorcière exige, sans pouvoir taire la résistance qui, logée au fond de mon esprit, essaye de me punir pour mes méfaits. J’aimerais pouvoir faire disparaître ce sentiment de culpabilité, mais toutes mes tentatives ont été vaines. Peut-être est-ce simplement dû au fait que je ne suis pas née ici. Celui dont je suis la mentore semblait si peu affecté lorsque l’on mit fin à la vie de cet enfant. Je faisais semblant d’être encore plus confortable que lui, mais chaque grimace retenue me faisait l’effet d’une lame dans le thorax. Je suppose que je n’ai pas à me plaindre : ce n’est pas moi qui suis morte, dans cette histoire. C’est sans doute cet égoïsme qui me rend aussi détestable. »




L’ygdraë regardait Lysium sans cligner des yeux. Elle était morte, donc il ne lui en tenait pas rigueur. Les cadavres avaient vraiment une manière ridicule de tomber au sol. Il trouvait dommage que les gens n’aient pas la présence d’esprit de prendre une pose élégante avant de mourir. Lui, s’il était attaqué, il y penserait. Bien sûr, le sorcier savait aussi qu’un assaut à son encontre serait improbable : comment pourrait-il se faire des ennemis alors qu’il était si agréable ? Il pensait se débrouiller correctement, lorsqu’il s’agissait de se faire des amis. « Amis » était un mot étrange, tout de même. Aucun prénom ne lui venait à l’esprit lorsqu’il y pensait, mais cela importait peu. Il se dit que ce devait être normal.

« C’est fait. Il n’y a personne de ton côté ? » Cassiopée semblait un peu moins joueuse, ces temps-ci. Il ne comprenait pas pourquoi. « Oui. » Lysium échangea un dernier regard à leur victime avant de se tourner vers sa coéquipière. « Il y a beaucoup d’élus ? »« Pas tant que ça, je pense. On essaye juste d’agir vite sur ceux qui sont encore vulnérables. » Leur proie de ce soir avait été une Isäth. Elle ne bénéficiait d’aucune protection gouvernementale, et pensait sans doute que son mode de vie nomade empêcherait quiconque de la traquer. Peut-être ne songeait-elle même pas à la possibilité d’être tuée simplement parce que son nom semblait apparaître sur une liste. Aurait-elle pu concilier toutes les races entre elles et diriger le monde ? L’idée semblait d’autant plus absurde maintenant que ses intestins s’échappaient de son ventre au travers d’une plaie béante. Ces histoires d’élus d’Hel’Dra devaient avoir été inventées par un magicien trop rêveur.

« À ce rythme, tu penses qu’on en aura fini quand ? » Cassiopée haussa les épaules. Ils ne connaissaient pas les résultats des autres Assassins Noirs. Certains étaient encore en entraînement, tandis que d’autres avaient le potentiel d’être plus efficaces que leur duo. C’était le second meurtre de Lysium, depuis le nourrisson qu’ils avaient tué il y a de cela trois mois. La chasse n’était donc qu’une activité sporadique, car il était difficile de traquer et de localiser chaque cible — d’autant plus que les homonymes étaient nombreux —. « Si chaque Assassin Noir peut tuer deux potentiels élus par trimestre, au bout de quelques années on pourrait en être débarrassés, non ? »« Les choses risquent de se corser. Les gens vieillissent, se renforcent. Ils peuvent mettre en place des protections ou changer d’identité. » Cassiopée n’était pas optimiste quant au succès de leur mission. « Mais ne t’inquiète pas, on verra bien. Allez, viens. » Elle lui tendit la main, prête à le téléporter. Loin des bois où le crime avait été commis, et loin de sa culpabilité.

960 mots.


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Siruu Belhades
Jeu 04 Aoû 2022, 23:47


Leur inquiétude remplissait l’air. Ce n’était pas comme les autres missions. C’était plus grand qu’eux, cette fois. Ils n’avaient pas la certitude de réussir. Cassiopée s’avançait dans les couloirs, les doigts blanchis tant ils étaient pressés contre la garde de son arme. Dans ce manoir insalubre, éclairé par quelques minces filets de lumières provenant de l’extérieur, ils n’avaient pas l’avantage stratégique. On leur avait dit que la cible n’était qu’une gamine, mais ils peinaient à imaginer un enfant en ces lieux. Lysium se demandait s’ils ne s’étaient pas trompés d’endroit, mais la magie ne mentait pas. Il savait qu’il était tout de même possible que cette fillette vive ici, de la même manière qu’un esclave prépubère est en mesure vivre dans les donjons de l’Empereur Noir. Autrement dit : pas longtemps.

Pour se ressaisir, le sorcier se plaça à côté d’une horloge, essayant par la même de retenir son souffle afin de n’alerter personne. Il voulait se rassurer. Pourquoi avait-il si peur ? Pourquoi est-ce que cette mission serait différente ? Vaincre un enfant était dans ses capacités, et cette demeure était visiblement inhabitée. La seule chose qu’il pouvait craindre dans un manoir aussi délabré, c’était d’être empoisonné par la moisissure, ou écrasé par une poutre chancelante. Pourtant, toutes ces pensées ne suffisaient pas à apaiser l’émotion qu’il ressentait. Au fond, il savait ce qui allait se passer, car ce n’était pas la première fois qu’il le vivait.

« Ici. » La voix de Cassiopée était plus lointaine : elle n’avait pas remarqué que son compagnon s’était arrêté, et avait continué sans lui. Lysium se dépêchait de la rattraper, prêt à ce que cette histoire se termine rapidement. Elle pointait du doigt une pièce fermée, dans laquelle leur cible devait se trouver. « Attends, j’arrive. » L’élue d’Hel’Dra détourna son attention de la porte, constatant que son camarade était à une dizaine de mètres de sa position — ce qui était contraire aux règles qu’ils s’étaient établis —. Elle croisait les bras, presque attendrie par la démarche de Lysium qui essayait sans succès de trottiner silencieusement. Il avait l’air un peu stupide — il l’était sans doute — mais ces moments donnaient un aspect humain à leur situation.

Elle ne s’était jamais sentie apte à devenir ce que les assassins noirs étaient censés incarner : des brutes méticuleuses, sortant de l’ombre pour tuer et disparaissant aussitôt. Elle peinait à imaginer une version d’elle correspondant à ces critères : elle ne se trouvait tout simplement pas assez robotique et rigoureuse. Alors, il était toujours agréable de voir qu’elle n’était pas la seule sorcière qui s’était retrouvée jetée dans cette situation et tentait de faire de son mieux. C’était rassurant, d’observer Lysium galoper maladroitement et de… non, il s’était arrêté. Il ne courait plus dans sa direction. Ses yeux traduisaient de la terreur. Il regardait dans sa direction, mais Cassiopée savait qu’il ne la regardait pas. Elle aurait aimé pouvoir poursuivre cette pensée, réaliser que quelqu’un était derrière elle, peut-être même réagir. Elle n’eut le temps de faire aucune de ces choses-là. Peut-être était-ce pour cela qu’elle ne serait jamais un assassin noir compétent.



Lysium ne se réveillait pas d’un cauchemar, qu’il ferait chaque nuit depuis l’incident. Il n’avait plus besoin de dormir, pour visualiser en détail le moment où la mission échoua. Le récit s’était écrit une centaine de fois dans sa tête, et il avait essayé d’imaginer des alternatives positives, mais force était de reconnaître qu’elles n’existaient pas. Ils avaient mis pied dans un domaine qui les dépassait largement. Aucun réflexe, aucun sort et aucune arme n’auraient pu changer l’issue de leur entreprise : à partir du moment où il les avait remarqués, leur destin était déjà scellé.

Le mage noir découvrait de nouveaux détails, sur les reliefs du sol où il était enchaîné. Il ne résistait pas. Oh, que personne ne dise qu’il n’avait pas essayé. Il avait hurlé, insulté, menacé, marchandé, supplié et prié. Ses tentatives étaient vaines, et il lui était désormais douloureux d’envisager un retournement soudain de la situation, car il savait que cette possibilité n’existait que dans son imagination. Les émotions, positives comme négatives, sont des signaux incitant à décourager ou à renforcer un comportement. Il arrive que ces messages soient tronqués ou malavisés, mais, la plupart du temps, l’esprit est juste. Le dégoût, la honte et la peur suggèrent à celui qui les ressent à se distancer de la source de son mal-être, d’une manière ou d’une autre. La colère défend, la joie récompense, la tristesse aide à accepter. Il y a dans chacune de ces émotions un certain degré de subtilité, qui laisse place à de mauvaises interprétations… à l’exception du désespoir. Son nom est équivoque, et son signal est le plus limpide d’entre tous : « arrête d’espérer ».

Lysium découvrait ce Désespoir. Il ne l’avait jamais vraiment laissé s’approcher : les protections de ses demeures empêchaient ce genre d’opportuns de venir l’ennuyer. Cette défense semblait le suivre même à l’Université d’Asresh, ou en ville, comme si les murs de sa demeure le suivaient où qu’il aille, invisibles, mais toujours aussi solides. Seulement, il était là bien loin des terres sorcières, de sa famille, de ses titres. Il avait toujours su qu’il était somme toute assez faible, mais cela ne lui semblait pas insurmontable. Néanmoins, maintenant qu’il était coincé ici, son ressenti avait changé.

900 mots. C'était le RP "L'échec" (que je supprime), je le mets ici pour que ça soit plus logique parce que c'est la suite directe de ce RP.


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Siruu Belhades
Jeu 04 Aoû 2022, 23:48




Est-il si mal de se laisser tenter par un lavage de cerveau, à l’occasion ? Est-ce qu’être influencé est une mauvaise chose, pourvu que cela nous rende plus heureux ? Pourquoi détester les convertis obsédés par leur vision du monde nouvellement acquise ? La colère que certains ressentent à l’égard des illuminés révèle sans doute une envie d’équilibre bien cachée. Peu ont le privilège de ressentir un changement si profond en eux, et plus rares encore sont ceux qui arrivent à créer une illusion d’ordre dans un moment aussi chaotique.

C’était en tout cas ce que pensait Lysium, qui était absolument conscient de la catéchisation qui s’opérait en lui, par la faute des adeptes de Rhéa Latia. Il n’était pas du genre à philosopher, mais il lui restait tout de même assez de raison pour savoir qu’il était censé résister au processus. Pourtant, le sorcier n’en faisait rien. Il acceptait ce qu’on lui disait — pire encore : il le considérait sérieusement —. Ce n’était pas juste une stratégie pour gagner l’approbation du vampire. En vérité, il aimait la conception du monde qu’on lui vendait. À l’entendre, cela semblait logique, parfois même plaisant. Il savait qu’il était censé reculer et préserver sa réalité derrière les faibles barrières que son esprit pouvait hérisser, mais force est d’admettre qu’il ne le voulait pas.

Alors, le sorcier réfléchissait au sens de sa vie. C’était à l’opposé de sa personnalité. L’idée d’être introspectif de cette manière avait quelque chose de dégoûtant. Seul le perdant se demande s’il doit adopter la morale du vainqueur. Aucun conquérant ne s’assoit en tailleur, entre deux villages pillés, pour examiner la possibilité que son mode de pensée soit incorrect. Celui qui est fort a raison, celui qui change doit admettre qu’il a eu tort, ce qui le place en bas du rapport de dominance. Il fallait donc se rendre à l’évidence : Lysium n’avait du guerrier triomphant que l’arrogance. Dans le cas contraire, il ne se serait pas retrouvé entre quatre murs, emprisonné par une sangsue humanoïde aux motifs douteux.

Il aurait aimé être un corrupteur, capable de tordre le monde. Il l’avait été, en un sens. Sauf qu’il ne faisait que ployer de hautes herbes en pensant briser les montagnes. Son environnement n’avait été qu’une illusion conçue pour maintenir cette sensation de pouvoir. Chacun de ses servants et esclaves avait contribué à cette dynamique. En répondant à ses ordres, en l’honorant, en acquiesçant, ils ne faisaient qu’éviter d’être punis. Aucun d’entre eux ne pensait vraiment qu’à force de le traiter comme un être suprême, il se mettrait à les croire. Lysium avait la sensation d’être le dindon de la farce. Pourquoi est-ce que personne ne lui avait dit qu’il était aussi faible ? Sans doute parce que la moitié des individus avec qui il interagissait vivaient à ses dépens. En réalité, si une personne sortie de nulle part s’était amusée à lui dire ses quatre vérités, il ne l’aurait pas crue. Il aura fallu la captivité pour que Lysium réalise que ce qu’il pensait à propos de lui-même était faux. Ces murs étaient opaques, mais ils lui tendaient un miroir qui lui permettait de s’observer tel qu’il était réellement. Et, alors que sa propre image se brisait, le reste de ses croyances suivait. Cela faisait de lui un terrain fertile, prêt à accueillir une conception de la réalité différente.

Les métaux avaient quelque chose de fascinant, aux yeux de Lysium. Peut-être était-ce pour cela, qu’il avait cherché à investir dans des mines et non des bateaux de pêche. Un matériel solide, et qui pourtant peut prendre n’importe quelle forme ? On prend cela pour acquis, mais, quand on y réfléchit, c’est assez majestueux. Il n’y a pas de secret : pour passer d’une forme à une autre, le métal doit être réchauffé à la bonne température, puis battu. Lysium sentait que, lui aussi, venait d’atteindre un état semblable à la fusion. S’il n’agissait pas maintenant, il reviendrait au point de départ. Il resterait un sorcier terrorisé par le monde, par les conséquences de sa propre incompétence et, finalement, par la mort.

S’imaginer dans un tel état le dégoûtait, si bien qu’il se sentait désormais prêt à prendre des risques. Le risque. Si d’autres mages noirs pouvaient observer sa situation à distance, ils se diraient sûrement que le nobliau avait avalé la putride propagande du temple de Rhéa Latia. Lysium en était conscient, mais ça ne lui importait plus. Il n’avait jamais été un digne serviteur du Chaos. Alors, le moins qu’il puisse faire pour honorer sa race une dernière fois, c’était emprunter le sentier du désordre : rebattre les cartes, jeter les dés et fermer les yeux. En d’autres mots : il voulait subir le Shaazka de cette Lignée soi-disant corrompue, laissant le hasard décider de son destin.

Il s’était réveillé, sans savoir combien de temps s’était écoulé. Ses mains étaient pâles. Ce n’était pas nécessairement signe de vampirisme : après tout, il était roux. Cependant, il y avait un signe qui ne trompait pas : la Soif.

839 mots. C'était le RP "Le sentier du désordre" (que je supprime), je le mets ici pour que ça soit plus logique parce que c'est la suite directe de ce RP.


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Siruu Belhades
Ven 05 Aoû 2022, 00:22



Edgar aimait agacer sa progéniture. C’était comme jouer avec un chat qui se prenait trop au sérieux. Il avait beaucoup d’autres enfants – sa Lignée était particulièrement prolifique ces derniers temps – mais aucun n’était aussi têtu que Lysium. Cela le ménerait certainement à sa mort mais, pour l’instant, il était en relative sécurité. « Les vampires ne sont pas faits du même bois que les sorciers. Je ne dis pas que vous êtes des sauvages mais… vous n’avez pas la même aura de pouvoir que nous. »« Nous ? Tu n’es plus un mage noir. »« Je me considère comme un sorcier atteint par le vampirisme. »« Tu es en plein déni. Tu as accepté de me rejoindre de ton plein gré, je te rappelle. »« Je n’ai juste pas envie d’être associé avec d’anciens magiciens, orishas ou je ne sais quelle autre communauté douteuse. Nous ne sommes pas faits du même bois. »« Tu n’es pas associé avec eux. »« Si, puisqu’ils sont de nouveaux vampires et moi aussi. »« Mais voyons mon enfant, seuls les sorciers peuvent devenir des vampires. »« Très drôle. Je sens que tu n’étais pas sorcier dans ton ancienne vie. »« Bonne observation. J’étais un ange. »« Tu peux arrêter de raconter des bêtises pendant un instant ? »« C’est la vérité. Veux-tu que je te raconte l’histoire de ma transformation ? »« Pourquoi pas. »

« Je devais avoir... trois ou quatre siècles. J’étais médecin de guerre. On m’avait muté à Avalon. Enfin, pour être plus exact, l’armée angélique m’avait mis à la porte après une sordide histoire impliquant un suppositoire imbibé d’alcool. On m’avait comme qui dirait ‘déchu’, mais je préférais me voir comme un ange temporairement indisposé. J’ai donc loué mes services en tant que chirurgien pendant une dizaine d’années, dont deux ans de sobriété donc qu’on ne vienne pas me dire que j’ai pas fait d’efforts. Ceci dit, il m’arrivait souvent de faire des gaffes. Commencer une amputation sur le mauvais patient… enfin, ce genre de choses. Généralement, j’arrivais à compenser avec une bonne dose de magie, mais ma clinique était un endroit assez sanglant. J’avais les meilleurs tarifs de la ville, donc je m’en sortais pas mal malgré ça. Les familles qui visitaient mes patients se plaignaient parfois de l’odeur d’hémoglobine. Il y avait une femme, cependant, qui ne me faisait jamais de remarques à ce sujet. Elle venait chaque jour au chevet d’un nouveau malade, expliquant qu’il s’agissait d’un proche. Après quelques semaines, j’ai commencé à suspecter qu’elle n’avait pas trois maris, quatre nièces et sept cousins, et qu’ils n’avaient pas tous eu des accidents au même moment. Quand je réalisa qu’elle était vampire, Nadezhda m’avait déjà séduit. »

« C’était long. »« Tu voulais entendre mon histoire. » Lysium fit mine d’ignorer son Créateur. Il n’avait jamais eu bon caractère mais, ces derniers temps, un malaise s’installait en son sein. Ce n’était pas simplement l’incaracération, le lavage de cerveau et la violence : au contraire, ces éléments lui rappelaient Valera Morguis. Non, en vérité, l’aspect le plus dérangeant de cette nouvelle vie était l’illusion collective auquel il devait prendre part. Il fallait faire semblant d’êtré né hier, et agir comme si les rémanents de son ancienne vie n’importaient pas. Cet exercice était douloureux. Pourtant, il s’y était prêté en toute connaissance de cause. Il avait décidé de dire adieu à Amestris et savait qu’il ne pourrait plus y vivre. Ce qui lui manquait le plus, c’était sa famille. Enfin, l’argent familial, pas les personnes. Les Fortas-Petraliphas pouvaient tous aller se faire bouffer par des vampires : ils le méritaient.

« Tu as avancé dans ton étude du Latia Libri ? »« Oui. » Edgar savait ce à quoi songeait sa progéniture. Il s’assurait de le distraire, de tester ses capacités et, comme tout bon parent, de l’accompagner dans la voie qu’il emprunterait. Ce chemin se soldait la plupart du temps par la mort de son enfant. La plupart des Baisers corrompus engendrent un Cersharg. La plupart des jeunes suceurs de sangs, toute lignées confondues, ne vivent pas assez longtemps pour fêter leur première anniversaire. La plupart des recrues du Temple de Rhéa Latia se sacrifient lors de leurs premières missions. Un Lech adulte est une triple exception. Une mauvaise herbe, trop tenace pour se laisser être arrachée. Edgar allait donner à Lysium toutes les chances de vivre, et ne regretterait rien lorsque ce dernier viendrait inéluctablement à mourir.

« Bien. Cela mérite une récompense. » Le rouquin était perplexe, car son créateur n’était pas du genre généreux. « Je vais te montrer les sous-sols. » Les vrais sous-sols s’entend. Car si Lysium avait jusque là passé le plus clair de son temps dans une espèce de dongeon au sein du manoir Lech, il savait qu’il exsitait une pièce plus profonde encore, interdite à l’accès des étrangers et des faibles. Une sorte de Sanctuaire Noir, sauf que cet endroit-là ne servait probablement pas à entreposer des livres. Lorsqu’on passait près des imposantes portes de bronze qui menaient à ces souterrains, l’on entendait parfois des hurlements. Cela laissait peu de doutes quant à la nature des activités prenant place dans ces caves. Soit on y organisait un gigantesque festival où l’alcool coulait au rythme des percussions des musiciens, soit il s’agissait de l’antre des Cershargs.

880 mots.


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Siruu Belhades
Ven 05 Aoû 2022, 00:43



Lysium observait de loin la créature difforme et sauvage qui fut, il y a quelques mois de cela, sa coéquipière. « Elle n’a pas eu de chance. » Son créateur essayait de discerner l’émotion qui troublait le regard de l’ancien sorcier. Un exercice futile, puisqu’il pouvait tout aussi bien lire dans son esprit, mais l’inconnu lui plaisait parfois. « Elle a eu une chance différente. »« Je ne partage pas votre vision. »« Pour le moment. » Le rouquin ne rétorqua pas. Il n’avait pas l’esprit combatif, ce soir. Il voulait juste se débarrasser de cet étrange haut-le-coeur qui le saisissait. « Voulez-vous aller dans la bibliothèque ? » Question rhétorique. Il préférait évidemment s’éduquer sur la Mère des invocations, au lieu de contempler les monstres conjurés dans le sillage des vampires corrompus.

La téléportation fut si subite qu’il en tourna de l’oeil. Pour le moment, son créateur voyait sa dernière progéniture comme une faible sangsue humanoïde. Néanmoins, si Lysium avait été capturé, c’est qu’il avait du potentiel. La prophétie d’Hel’Dra avait bien évidemment pesé dans la prise de décision : les groupes opprimés veulent toujours tenter leur chance dans la loterie du destin. Qui sait, si un vampire Lech dirigeait le monde, peut-être que cela signifierait l’anéantissement des autres Lignées. Néanmoins, la superstition n’était pas le seul élément qui avait fait pencher la balance.

Le sorcier qu’il fût avait une certaine aura qui, sous quelques couches de médiocrité, laissait supposer un avenir prometteur. Tous les dictateurs naissent nus, mais tous les nourrissons ne torturent pas leurs jouets. Lysium pensait que le monde lui était dû. Beaucoup de nobliaux sont victimes de cette illusion, mais peu absorbent le mensonge avec autant d’intensité que l’héritier des Fortas-Petraliphas. Son vrai don n’était pas la magie noire dont il était désormais privé : c’était de vivre en équilibre entre le réel et l’idéal, dans ce délire de grandeur perpétuel qui frôlait la psychose sans complètement abandonner la réalité. Trop fou pour résister à l’endoctrinement, mais assez rationnel pour ne pas paraître dément au premier coup d’oeil. Cela pourrait faire de lui un vrai dévot, et un pion efficace. Pour l’heure, il n’en était rien. Il devait réviser.

La bibliothèque était austère. Lysium ne comprenait pas pourquoi mal décorer un endroit aussi spacieux : à Valera Morguis, son propre salon dédié à la lecture était somptueux. Les livres qu’il y stockait ne l’intéressaient que peu : ils étaient là pour être beaux. Ici, c’était différent. Il avait envie d’apprendre, et les informations contenues dans cette pièce lui semblaient inestimables. Alors, pourquoi la rendre si laide ? Les membres du Temple n’avaient-ils aucun sens du goût ? « Où en es-tu ? » Edgar savait qu’il interrompait son dernier-né en pleine réflexion esthétique. C’était le but. « Vous vouliez me faire étudier la parabole du homard. » La morale de ce court récit religieux était équivoque. Un homard ne peut pas être savouré après avoir été tué n’importe comment : il doit être bouilli vivant. N’empruntez pas toujours la voie la plus simple pour arriver à un résultat. Maximiser la souffrance, c’est maximiser le résultat. Ce genre d’enseignement n’était pas si différent de ceux que les sorciers prodiguaient. Pour Lysium, c’était comme redécouvrir une éducation et un système de pensée familier, illustré par des exemples différents. Ethelba et Rhéa Latia auraient pu s’entendre : les points de contention idéologique n’étaient pas nombreux.

Pourtant, il faisait parfois face à de légers obstacles de compréhension. En lisant entre les lignes, on pouvait déduire des interprétations radicalement différentes de que ce qui lui avait été enseigné à Amestris. Il aurait bien dit que le message lui semblait davantage malsain, mais le mot ne serait pas exact : il n’y avait pas grand-chose de sain dans les leçons de vies sorcières. Cependant, une chose était certaine : ce livre encourageait une approche autodestructrice. C’était écoeurant, stupide et pourtant, lorsqu’il laissait son esprit y songer trop longtemps, cela attisait sa curiosité. Il n’osait pas le dire, mais, en réalité, cette négligence vis-à-vis de l’autopréservation avait quelque chose de séduisant.



« Cher journal,

Je crois que je commence à comprendre. Je n’ai peut-être pas fini ici par malchance. C’était impossible pour moi de montrer ma grandeur parmi mon peuple d’origine. Ma famille m’étouffait, mes études m’assommaient et j’avais l’impression de devoir constamment expliquer au monde que j’avais du potentiel. C’est seulement maintenant que je réalise que je prenais le problème à l’envers depuis le début. Si je n’arrivais pas à creuser ma place à Amestris, c’est tout simplement parce que la providence avait d’autres plans pour moi. Des plans qui impliquaient de devenir vampire et, surtout, d’intégrer le temple.

Quand j’essaye de m’analyser, j’ai faim. Mais étrangement, ce n’est pas toujours la seule chose que je ressens. J’ai du mal à savoir pourquoi, mais, de temps à autre, j’ai l’impression que j’étais destiné à terminer ici. Journal, ne te détrompe pas : cet endroit est inconfortable et j’ai beaucoup de reproches à faire. Malgré tout, je dois bien admettre qu’Edgar est probablement le meilleur Créateur de tous ceux sur lesquels j’aurais pu tomber. Il a dit que, si je continuais comme ça, on me donnerait une mission. Je ne sais pas ce que le Temple pourrait bien demander d’un Rahzden comme moi : j’ai envie de manger environ trente fois par minute. Néanmoins, s’ils me donnent une tâche aussi tôt, c’est qu’ils doivent avoir reconnu mon talent. »



894 mots.


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