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 [Quête] - Des pieds et des mains

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4732
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Mer 06 Juil 2022, 18:41

Intrigue/Objectif : Être plus obstinée que l'Obstiné, c'est compliqué



Des pieds et des mains

Je restais statufiée devant le spectacle qui s'offrait à moi. Un peu blessée et blasée également. Yovan m'accompagnait dans ce silence que j'affichais depuis notre arrivée. C'était consternée que je détaillasse les dégâts. Toute la façade avait été vandalisée d'insulte et de dessin caricaturaux. La porte était en miettes. La cave effondrée. Les meubles saccagés. Les lèvres pincées, j'essayais de contenir ma déception. Ce n'est pas comme si c'était la première fois. Mais voir avec quelle insistance ceux qui s'amusaient à détruire mon commerce s'acharnaient... Si je ne m'entêtais pas autant qu'eux, je serai déjà repartie loin d'ici, rentrée chez moi, à Avalon, où ce même commerce verrait le jour avec bien plus de facilité. « Ça va ? ». J'exhalai un souffle à la question de mon ami. « Ça va. C'est juste... C'est pas la première fois. Il y a une garde dans cette ville, non ? Ils sont donc assez incompétents pour être incapable de choper ne serait-ce qu'un seul gamin à l'origine de ça ? ». J'étais en colère aussi, oui, et c'était légitime quoi qu'on en dise. « Comment tu peux être sûre que ce sont des gamins ? » - « J'ai au moins cinquante ans de plus que le plus âgé des Humains sur terre, à ce titre vous êtes tous des gamins pour moi. ». À peine avais-je prononcé ces mots que je le regrettai. Plus exactement, je regrettai d'avoir inclus Yovan dans le groupe et d'avoir été si virulente avec lui. « Pardon, je veux dire– » - « Non, tu as raison. » me coupa-t-il. « Mis à part les Anges, personne ne te surpasse en âge ici. ». Je souris. Il était trop gentil. « Cependant tu critiques la Garde, mais apparemment elle est largement en manque de moyens depuis la– ». Ce fut lui qui s'interrompit cette fois, incrédule face à mon éclat de rire. « En manque de moyen ? Bah voyons. Dès le lendemain du Fessetival tout le monde à Avalon savait la somme démentielle que Max avait récolté. Largement assez pour restaurer l'armée et trop au regard des Sirènes pour que les jours suivants plus un navire ne pouvait quitter les ports sans craindre finir par le fond. » - « Moyen matériel et moyen humain sont deux choses différentes. ». Je ronchonnai. C'était vrai. Mais quand même. C'était agaçant. Je tournai alors vivement les talons et m'éloignais de la bâtisse à grands pas. « Où tu vas ? » - « Je dois lui parler. » lui répondis-je en maugréant. Ça me tordait l'estomac de songer à telle chose. Mais en l'état actuel, je ne voyais aucune autre solution.

Je donnai quelques coups sur la porte de bois et attendis que l'on m'ouvrît. « Tu comptes lui faire la morale sur les compétences de la Garde à lui aussi ? » ria doucement Yovan, quoiqu'il ne douta pas un instant que j'en sois capable. « Évidemment que non. Ça avancerait à quoi ? » - « Question rhétorique. À rien j'imagine. » - « Je me ferai envoyer boulet et c'est tout. Et c'est pas le but. ». Je soupirai puis retoquai à la porte un peu plus fort. « Ah ! » lâchai-je un peu malgré moi lorsqu'elle se dévoila pour dessiner la silhouette de celui que je cherchais, laissant mon poing s'écraser dans le vide. « Sabah Del Haftavân Eraël. ». Je me tournai vers Yovan qui avait pris les devants, le fourbe. Il s'écoula une seconde avant qu'il n'obtienne une réponse. « Le Munaqadh. Vous êtes Muasis Alaitihad. » - « L'un des rares titres que vous ne revendiquez pas. ». La réplique donnée, je pus constater un sourire rieur se dessiner sur le visage de Maximilien. L'échange, en Alikir évidemment, n'avait duré que quelques secondes et pourtant j'avais déjà l'impression de paraître inexistante, aussi je me préparai à rappeler ma présence mais fut coupé par la nouvelle prise de parole du voyageur, en commun cette fois-ci et je l'en remerciai mentalement. Je me fis également la réflexion de lui indiquer que la prochaine fois qu'ils échangeraient tout les deux, autant attaquer direct avec le commun. « Je m'appelle Yovan Telvrel. Nous aimerions vous parler, est-ce qu'on peut entrer ? ». Après une œillade de Max que j'interceptai sur moi, il s'écarta pour nous devancer dans le couloir. Yovan lui emboita le pas quand je fermai la marche ainsi que la porte derrière moi. « Nous ? Parce que tu sais pourquoi je suis venue ? » soufflai-je à Yovan en me rapprochant de lui. « Non, mais de ce que j'ai cru comprendre entre ce que l'on se raconte et ce que tu me racontes... ». Il ne conclut pas, mais je devinais ce qu'il sous-entendait. Et ça me faisait mal.

Nous débouchâmes sur le salon ouvert duquel s'échappaient des cris d'enfants. Mon regard suivit la direction que prit Maximilien, celui-ci s'agenouillant devant eux pendant que je découvrais le visage des petits. Si la petite ailée savait se tenir debout, son équilibre précaire dû à ses appendices dorsaux était perceptible. « Allez jouer dans la chambre. On doit parler entre grands et vous y serez plus tranquille. » Quant au garçonnet, un étrange sentiment m'envahit brusquement, incapable de définir ce dont il s'agissait exactement. Un nœud dans la gorge et un poids dans la poitrine. Comme la résurgence d'un mauvais rêve volontairement oublié. Les enfants soufflèrent de déception face à la tendre injonction, mais obéirent tout de même. Jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision, je ne les lâchai pas des yeux. « Il te ressemble. » commentai-je une fois les enfants disparus comme je m'installais sur l'un des fauteuils. « De quoi vous vouliez parler ? » répliqua Maximilien sans s'attarder sur mes derniers mots. Ce n'avait pas beaucoup d'importance de toute façon en plus d'être un constat que n'importe qui pouvait faire. « J'ai un... Service, à te demander. » fis-je avant que Yovan n'ait le temps de répondre une nouvelle fois à ma place. Je m'étais fait une première fois surprendre, ça ne recommencerait pas. « On passe de nous à je alors ? ». J'entendis Yovan soupirer. « Ils sont moins nombreux qu'on le pense ceux qui aident les autres comme ça. Et souvent c'est plutôt une action irréfléchie et immédiate. ». Ce qui n'était pas le cas de Yovan et ça se lisait sur son visage. « Curiosité : vous vous êtes connus où ? » reprit Maximilien en attrapant une cruche pleine et des verres. « Près d'Avalon. En pleine guerre des dieux avant qu'on ne parle de "Conciliation", si tant est qu'il y en eut une. » répondit le second concerné par la question. Ça remontait à quelque temps maintenant. Une période compliquée. « Hum. ». Je discernai un léger changement dans l'attitude de Max. « T'as l'air de t'attacher avec une étrange facilité aux Humains quand ils sont gosses, Kyra. ». Ce n'était pas de l'indulgence. Pas de l'aigreur. Un étrange cocktail suave de tout ce que l'on pouvait rejeter sur l'autre en sous-entendant sa culpabilité totale et incontestable. Je préférai ne pas relever mais m'empressai de le contredire. « Yovan n'était ni un gosse quand je l'ai rencontré, ni même un Humain. N'affirme rien que tu ne sois pas certain de savoir vraiment, Maximilien. ». Rivé sur le visage à présent tendu de celui-ci, je croisai son regard véhément et entendis un souffle las de la position de Yovan. Nous n'étions pas venus pour parler de sa condition, mais c'était trop tard pour écarter le sujet maintenant, même lui le sentait. Ainsi expliqua-t-il ce qui l'avait ramené chez les Humains d'où il était parti, son passif magique, notre rencontre, son intégration aux Voyageurs, la Vaakum, la malédiction de Sympan et aujourd'hui. « Je n'ai fais que rentrer chez moi finalement. » conclu-t-il en gratouillant le sommet du crâne du Simurgh. Je le détaillai longuement, puis exhalai un souffle. Ses mots avaient été posés avec tant de paix malgré les difficultés traversées. « Pardonne-moi, tu n'avais pas à t'exposer comme ça. » fis-je cependant, consciente d'avoir été responsable de cet aveu pour ainsi dire extorqué. D'un signe de la main il me fit comprendre que ce n'était rien. Mais tout de même...

«
Mais ce n'est pas de moi que nous étions censés parler, je me trompe ? » - « Oui, c'est vrai. » repris-je avant une inspiration. « J'ai... Besoin de toi. » déclarai-je en me tournant vers Max après une ultime hésitation. Rapidement je levai haut l'index pour taire toutes répliques potentiellement acerbes pouvant sortir de sa bouche. « Tu es probablement au courant, j'ai acquis un établissement dans le coin. » - « Oui ? » - « Qui n'a, cela étant, toujours pas ouvert. » - « J'ai cru entendre ça oui. » - « Parce qu'il se fait régulièrement vandaliser. » - « C'est pas de bol. ». Je m'arrêtai dans mes explications, interdite, face à cette dernière remarque. Il me fallut une seconde et une nouvelle inspiration pour décider n'avoir jamais remarqué le cynisme de cette dernière phrase. « C'est pour ça que j'ai besoin de toi. Pour que je puisse ouvrir ce truc. Que j'arrête de payer mes gars pour des constructions qui finiront de toute façon en miettes et que je paye enfin ceux qui auraient déjà dû embaucher y a une plombe. » énumérai-je rapidement. « Comment ça ? Qu'est-ce que t'attends exactement de moi ? ». Kinath soit louée, enfin j'arrivai à obtenir son attention pleine et sérieuse. « Je souhaiterais, que... ». Je marquai un temps. À l'origine je voulais compter seulement sur moi-même et ma persévérance pour ça. Si elle n'était pas partie, j'avais compris que mes détracteurs en étaient tout autant imprégnés. J'aurais préféré un autre moyen pour les contrer, mais celui-ci me paraissait être le plus rapidement exécutable en plus d'être fonctionnel. À condition qu'il accepte, évidemment. « Je souhaiterais que tu te fasses, comment dire, protecteur ? De ce chantier et, plus largement, de l'établissement. ». Un long silence marqua ma demande. Du coin de l'œil je discernai Yovan croiser les bras en s'enfonçant dans son assise. En face, je perçus la surprise de Maximilien. Ce n'était pas étonnant. Le contraire m'aurait même stupéfié. « Attends. Je m'assure de bien comprendre. Tu veux que je devienne... Ton protecteur ? » - « Pas mon protecteur. » répliquai-je sans attendre. « Je sais me débrouiller seule. ». En fait, je n'aimais pas cette expression-ci. Protecteur. Il y avait quelque chose de trop personnel. Évidemment que la plaie se recousait, même si c'était lentement. Mais ça... Le Lien ne disparaît jamais vraiment. La différence avec l'originel, c'était une brisure irréparable et qui touchait bien trop l'âme pour la laisser indemne. « Je ne peux pas rester éternellement à Utopia. Et si déjà en ma présence je suis incapable d'assurer la sécurité de mon établissement, alors quand je reviendrai je ne trouverai même plus la bâtisse. Je pourrai demander à quelqu'un d'autre, bien sûr, mais je ne sais pas sur qui compter suffisamment pour ça et– » - « Et ton ami n'est pas une personne sur qui compter ? » - « Je préfère prôner la non-violence en ce qui me concerne. » répondit à ma place Yovan sans bouger de sa position. De mon côté, je masquai un rictus et posa une vive œillade sur Maximilien qui encaissa la pique en silence. La remarque était inattendue, de sa part en tout cas. « Aurai-je eu le bénéfice d'être reconnu, ça n'aurait pas posé plus de problèmes que ça. Mais ce n'est pas le cas. Sans compter que je suis un nomade. Ma présence à Utopia est ponctuelle. » intervint Yovan. Un nouveau silence s'insinua entre nous. « Et qu'est-ce que tu cherches exactement ? » - « Simplement à tenir éloigné les vilains. Ça ne devrait pas être trop compliqué. Je suis persuadée qu'ils te croisent une seule fois sur place et s'en est fini de tout ça. ». Un soupir se posa entre nous où j'attendais avec un brin d'impatience une réponse. « Franchement, j'ai d'autres chats à fouetter. Y a la Garde qui est faite pour ça. Vois avec eux. » - « Pourquoi je suis là à ton avis ? Ça a déjà été fait. Mais on dirait que la volonté à arrêter des fauteurs de troubles dépend de la personne qui demande l'aide. » grognai-je. « Et dis-moi, pourquoi j'accepterai ? ». Je me renfrognai. « Un secret bien gardé, c'est suffisant comme contrepartie ? ». À peine eussè-je terminé qu'il se mit à ricaner. « Quoi ? » - « C'est trop tard maintenant. Tout ce que tu pourras dire aura plus l'effet de diffamation qu'autre chose parmi les Humains. Chez les autres, ce sera une rumeur croustillante, et alors ? ». Je grimaçai. Il avait raison. J'espérais seulement qu'il ne se soit pas fait cette réflexion. « Soit. Un acte de pure bienveillance alors, c'est dans tes cordes ça ? » - « N'est-ce avant tout pas une porte ouverte afin de montrer que la cohabitation avec les autres races, en dehors des Anges, est possible. ». Je me tournai vers Yovan. Oui. La justification était valable. « Une entente primaire, comme un test, entre un Humain et un Déchu pour voir ce que ça peut donner. Les prémices de quelque chose de potentiellement plus grand. » continua-t-il en se redressant sur son assise. C'est en voyant l'expression qu'affichait Maximilien dont l'attention se portait à présent sur Yovan que je me tournai également vers lui. « Surtout si cette entente vient de vous deux ensemble. Si ça tient sur la durée, je ne vois aucune raison empêchant une entente entre inconnus. » conclu-t-il d'un même air, ponctuant la proposition en portant un verre à ses lèvres. C'était une vision des choses. Une belle vision. Réaliste, ça, c'était encore un autre débat. Outre les Anges trop proches de la race pour ignorer totalement leur vision des choses, il est des Déchus trop attachés à leur magie pour s'en passer ainsi. Mais je comprenais pourquoi cette idée lui était parvenue. Je fermai les yeux, en proie à la réflexion. « La dernière tentative de rapprochement avec une race extérieure et différente s'est avérée être un échec. Plus que ça, la tolérance envers les autres races a diminué. ». Je levai les yeux sur Max. « Aucune guerre n'est engagée chez les Déchus. Quant à la tolérance, je suis persuadée que les Magiciens sont les seuls à l'être plus que nous. En bref, s'il y a problème je ne suis pas certaine que ça viendra de notre part. ». Inconsciemment mon corps initia à mouvement de recul suite à ce propos. Je compris rapidement pourquoi. Si j'avais vivement remarqué l'œil surprit et un brin réprobateur de Yovan, je ne pouvais manquer la crispation de Maximilien, une véritable irritation dans ses traits et une lueur de colère naître dans ses prunelles. Jamais je ne reviendrai sur mes mots, je les pensais trop sincèrement. Cependant je m'houspillai moi-même en décidant d'insulter une race tout en me trouvant dans sa capitale. Je me rassurai toutefois en songeant qu'il ne prendrait pas ce risque d'aller plus loin. Ce serait me donner raison et je me doutais qu'il s'y refusait. Je décidai me lever, prête à quitter l'habitation considérant notre conversation achevée. J'adressai toutefois un dernier regard aux deux Humains. « Le chemin sera peut-être compliqué, mais j'accepte la proposition de Yovan. Il faudra un peu plus qu'une poignée de main cependant, c'est évident. » commençai-je avant insister à l'attention de Maximilien. « Tes ailes. Tu es toujours incapable de voler n'est-ce pas ?  ». Sans un mot ni un geste je compris que c'était le cas. « On l'a alors notre marché. » - « Je pourrai demander aux Anges. » - « Mais tu ne l'as pas fait. ». Un silence ponctua ma répartie. « Tu peux demander aux Anges. Fais-le même. Demande à un militaire. Et réfléchis à ce que ça peut t'apporter d'apprendre de soldats provenant de deux races différentes. ». Sans paroles, le regard qu'il me donna m'avait suffi. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour voir ce que je sous-entendais apparemment, aussi décidai-je qu'il était temps de partir avant qu'une réplique quelle qu'elle soit envenime à nouveau notre échange.
©gotheim pour epicode


Mots 2505 (et des patates)
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