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Astriid
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◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Ven 13 Aoû 2021, 00:00

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Intrigue/Objectif : Flashback sur la transformation de Dorian en Vampire

RPs liés : La valse des songes & À ces souvenirs que nous chérissons ; à notre futur souhaité



Je n'aime pas me souvenir de cette période de ma vie. La perfection de ces réminiscences est aussi douloureuse que fixer le soleil sans ciller et ne fait que souligner la tristesse qui m'étreint le coeur. Pourtant, mû par une obstination perverse, je persiste à les ressasser comme si j'allais y trouver l'apaisement. Alors que le sommeil se tient à nouveau à distance après m'avoir accablé de rêves troublants, j'inscris inlassablement sur le vélin ces souvenirs de la vie d'un autre, pour guérir et oublier. Mais plus je progresse dans cette tâche fastidieuse et plus les mots semblent se graver profondément en moi alors que je cherche à comprendre à quel moment tout a basculé. Les cauchemars ont rompu la digue que j'avais dressée contre ce passé doré et s'amassent en questionnements migraineux sur la pointe acérée et imperturbable de ma plume. Les images que j'ai vues en rêve se mélangent à la réalité et proposent des vérités alternatives à mon traumatisme tandis que je remet tout en question. Puis-je vraiment accuser Laysa de tous mes maux ? Est-elle la seule fautive ? M'a-t-elle menti ? Me suis-je voilé la face ? Les réponses hésitent au dessus du parchemin. Je pose ma main à plat sur la table pour qu'elle cesse de trembler. Ma respiration redevient régulière après plusieurs secondes. Me libérer des tourments me paraît incontournable si je ne veux pas sombrer dans la folie. Laysa ne supporte plus ma paranoïa et je crains que malgré les liens qui nous unissent, elle ne regrette son choix. Son expression demeure indéchiffrable lorsque je la sonde mais c'est justement par ce lien que je perçois sa déception et son incompréhension. Je la sais capable de lire dans mes pensées, elle sait donc que je la soupçonne d'avoir fomenté la mort de Suna. Mais elle ne dit rien. J'ai conscience que c'est un nouveau test. Vais-je m'opposer à elle et l'affronter ? Ou me soumettre et me plier à son autorité sans discuter ? Notre relation de Créatrice et d'Enfant ne laisse que très peu de suspense quant à l'issue de ce qui n'est un dilemme que dans ma tête. La réalité est toute tracée, et ce peu importe ce qu'il s'est passé.
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«Je sors rejoindre Tam et Eléa. Tu nous rejoins après ?» Suna me jeta un regard critique, sa main suspendue en l'air au dessus de sa peinture : «Tu comptes sortir comme ça ?» «Mmh ?» Je jetais un bref coup d'oeil à ma tenue, une simple chemise en coton épais qui avait dû être blanche à l'origine mais arborait désormais une teinte brunâtre peu engageante. Mon pantalon marron faisait des poches à mes genoux, je flottais dedans et si ce n'était pour la simple corde le retenant à ma taille, il serait déjà sur mes chevilles. Je portais ces vêtements depuis trois jours. Peut-être quatre ? Je ne faisais pas vraiment attention. D'une voix prudente, je répondis : «Euh... Je suppose que non.» «C'est bien ce qu'il me semblait.» Acquiesça-t-elle plutôt fraîchement avant d'effleurer la toile de son pinceau. Résigné, je traversais en sens inverse la pièce baignée de la lueur mordorée du soleil couchant pour attraper des vêtements qui satisferaient la dame. Avant de sortir, j'effectuais un détour pour la rejoindre et l'enfermer dans le cercle de mes bras. Espiègle, je fourrais mon nez dans son cou pour humer l'odeur solaire de ses cheveux auburn avant de souffler dans son oreille. Elle rit aux éclats et se tortilla pour se dégager. «Arrête Dorian, tu sais que je déteste quand tu fais ça... Arrête !» Essoufflée, elle me repoussa mais échoua à consolider son air sévère. «Désolé !» Dis-je avant de lui dérober un baiser et de prendre le large. Son cri parvint à mes oreilles après que j'eusse fermé la porte. «Je sais très bien que ce n'est pas vrai !»
Je fredonnais un air que j'avais entendu la veille en rejoignant la taverne. Je marchais lentement, m'imprégnant de la douceur du début de soirée et de l'odeur alléchante d'un ragoût qui mijotait sûrement dans l'immense cheminée. Une agréable fatigue s'était emparée de mes membres après avoir passé la journée à aider nos amis à la construction de leur maison et la perspective de les retrouver pour récompenser nos efforts en descendant quelques chopes de bière me fit accélérer le pas. Une brise fraîche allégeait l'atmosphère lourde de cette fin de journée moite qui n'avait alterné qu'entre périodes où les rayons de soleil frappaient notre nuque avec des averses aussi soudaines que torrentielles. Malgré la météo changeante de l'île de Sülh, je ne me séparais pas de ma bonne humeur. Loin du climat toxique de Yangin qui ne nous convenait pas, nous avions trouvé une bulle de bonheur avec Suna ici-même et chaque nouvelle journée était une pierre de plus à l'édifice de notre mariage. Son esprit créatif s'épanouissait et son caractère enjoué avait rapidement gagné le coeur de nos nouveaux voisins. Quant à moi, j'avais trouvé ma voie en étant devenu l'assistant d'un médecin. Je n'y connaissais rien et n'avait aucune prédisposition particulière à ce métier mais l'âge avancé du Lyrienn couplé à ma volonté de bien faire avait eu raison de ses réticences. Sous sa coupe, je m'étais révélé méticuleux et adroit de mes doigts et je ne rechignais pas à m'abîmer les yeux pendant plusieurs nuits blanches pour étudier les livres qu'il m'ordonnait d'apprendre.
Je franchis le seuil de la taverne et en quelques enjambées, je m'installais à la table du couple de Lyrienns. «Suna n'est pas avec toi ?» Je fis signe à la serveuse de me servir la même chose que mes amis. «Non, elle est en plein élan d'inspiration. Tu sais comment elle est, elle ne décolle plus de ce tabouret tant qu'elle n'a pas reproduit sur sa toile ce qu'elle a dans sa tête. Mais elle va nous rejoindre. Elle m'a menacé de me faire dormir dehors si j'osais être ivre avant qu'elle n'arrive.» Je levais les yeux au ciel mais mon sourire démentait mon agacement. Le chant d'une barde accompagnée de ses deux musiciens recouvrait les murmures des bavardages et Suna, qui nous avait rejoints entre temps, se fendait d'imitations à mes dépens, sous les éclats de rires de nos amis. Elle était actuellement en train de rejouer le moment où, en équilibre sur une échelle, j'avais été saisi d'un vertige aussi soudain qu'embarrassant qui m'avait paralysé de longues minutes sur l'échelle. J'affichais un sourire crispé qui se détendit quand elle passa sa main sur ma cuisse en me glissant un clin d'oeil à la dérobée. Je sentis le sang affluer sur ma nuque et me penchais pour l'embrasser quand la porte s'ouvrit, laissant une bouffée de vent rafraîchir la salle surchauffée.
Elle se tenait sur le seuil, le dos droit, son regard d'aigle inspectant la taverne de ses yeux sans expression. Une cape recouvrait sa silhouette menue mais ce qui me frappa fut son teint crayeux, comme si aucune flamme ne saurait jamais réchauffer cette peau glacée étirée sur ses pommettes osseuses. Il devait s'être remis à pleuvoir car ses cheveux noirs aile de corbeau brillaient à la lueur des bougies et l'ourlet de sa cape dessinait un cercle humide autour d'elle. Son regard croisa le mien et je cessais de respirer, capturé par l'intensité de ses iris luisant comme des rubis étincelants. Un sourire étira ses lèvres minces.


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Astriid
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Ven 13 Aoû 2021, 01:15

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Laysa était-elle une sauveuse ou une menteuse manipulatrice ? À cet instant, elle n'était qu'une étrangère mais je me souviens encore de la forte impression qu'elle a faite sur moi. Tandis que je ne pouvais détacher mon regard du sien, Suna nous regardait, tour à tour, les sourcils froncés et une hostilité grandissante sur son visage lunaire. Comment expliquer l'emprise d'un Vampire sur sa proie ? Je ne suis pas le mieux placé pour en parler, c'est un art que je ne maîtrise pas encore et bien que ce moment soit gravé dans ma mémoire, je serai incapable de relater avec précision l'attraction soudaine et irraisonnée dont j'ai été saisi à la vue de Laysa. S'agissait-il d'une fascination mutuelle pour qu'elle en soit venue à me séduire pour plus que mon sang ? La Vampire a toujours gardé le silence à ce sujet et je ne l'ai jamais interrogée. J'ignore encore à ce jour ce qu'elle a vu chez moi qui l'a convaincue que je serai son Enfant, sa nouvelle Création. En réalité, nous parlons très peu de notre rencontre ce qui me fait m'interroger. Ressent-elle de la honte ? Cet épisode étant révolu, elle ne s'en préoccupe peut-être plus, maintenant qu'elle a obtenu ce qu'elle voulait ? Ou bien n'a-t-elle pas le même goût que moi pour ressasser le passé ? Selyne, dans un accès de sagesse surprenant de sa part, m'a confié qu'il était normal pour un jeune Enfant de la Nuit de faire le point sur son passé. Elle avait ensuite ajouté d'une voix désagréable que je mettais toutefois notre Créatrice mal à l'aise en affichant ostensiblement mes états dépressifs et qu'elle allait me jeter dans les égoûts si je persistais à m'apitoyer sur mon sort.
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«Je n'aime juste pas la façon dont elle te regardait.» L'oreiller qu'elle frappait entre ses mains pour lui redonner un semblant de volume rejoignit le lit avec un peu plus de force qu'il n'était nécessaire. Jugeant plus prudent de rester à distance, je demeurais au centre de la pièce, tel un petit garçon qui attend sa punition. Suna se pencha pour tirer d'un mouvement sec les draps et je fis une tentative pour alléger l'atmosphère. «Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à ce qu'il n'y ait pas un pli alors qu'on s'apprête à aller se coucher et qu'on va tout défaire de toute façon.» Elle m'opposa un regard polaire digne d'un Lyrienn de glace qui me fit taire sur le champ. «Tu la connais ?» Mes yeux s'écarquillèrent. Je songeais à feindre l'incompréhension, mais je me ravisais devant l'air péremptoire de Suna. «Quoi ? Mais non pas du tout !» «Où vous êtes-vous déjà vus ?» Insista-t-elle, sa voix grimpant d'un octave. J'esquissais un sourire incrédule. «Enfin c'est ridicule, je te dis que...» «Menteur !» Elle s'approcha vivement de moi et je voulus reculer en voyant de la fumée s'échapper de son index brandit dans ma direction mais la pièce était trop petite pour espérer longtemps lui échapper. Elle enfonça brutalement son doigt sur mon torse, ses boucles auburn formant une crinière de cheveux ébouriffés après qu'elle eut passé plusieurs coups de brosse rageurs dedans. «Tu crois que je ne sais pas que tu culbutais toutes les filles dans tous les coins avant notre mariage ?» J'eus le malheur d'esquisser un sourire crâneur. «Mon expérience dans ce domaine ne t'a jamais dérangée à ce que je sache.» «Tu !» Je bloquais aussitôt ses poignets et elle me lança un regard furibond. Je jetais un coup d'oeil inquiet à la flamme qui léchait ses pieds et s'approchait des miens. «Tu ne vas quand même pas brûler notre maison, où dormirions-nous ?» Elle en était capable, elle l'avait déjà fait. Ses colères cuisantes avaient fait le tour du village et personne ne se risquait plus à ennuyer la Lyrienne. Personne sauf moi lorsque j'étais assez stupide et éméché pour croire pouvoir la tempérer. D'une voix plus sérieuse, je lui lâchais les poignets pour venir caresser ses bras dans l'espoir de l'apaiser. «Je te promet que je ne l'ai jamais vue avant ce soir.» Elle se dégagea d'une torsion du buste et me jeta un regard noir, ce qui me dissuada d'ajouter que ce n'était pas le moment de parler des effets ravageurs de mon charme sur les femmes. Je n'avais vraiment pas envie de dormir à la belle étoile ce soir.

Je me hâtais le long de la route caillouteuse. La plaie du patient que nous étions allés voir s'était révélée bien plus grave que celle à laquelle nous nous attendions et le médecin n'avait pas assez de sa magie et de son matériel de secours pour le soigner. Mon rôle était alors d'aller récupérer ce qu'il lui manquait pour mener à bien les soins. Au pas de course, je franchis le seuil de la remise de mon maître pour y chercher les instruments dont il avait besoin. Il y faisait sombre et froid et il me fallut du temps pour que mes yeux s'habituent à la faible luminosité de la pièce sans fenêtres. Je jetais mon sac sur la table en pierre au centre avant de jurer en me cognant le pied dans mon mouvement trop brusque. J'étais si agacé et pressé par l'urgence qu'allumer une flamme au bout de mes doigts nécessita plus de temps que d'ordinaire. Je sursautais alors en voyant une ombre bouger en face de moi. J'eus un mouvement de recul instinctif en reconnaissant le visage anguleux de l'étrangère de la veille. «Qu'est-ce que vous faites ici ?» Elle haussa un sourcil surpris. «Ce n'est pas toi qui m'a dit de venir ici pour le problème dont je t'ai parlé hier soir ?» Sa voix était basse, si basse qu'en fermant les yeux, je pouvais l'entendre susurrer dans mes oreilles. Mes yeux papillonnèrent, comme si je sortais d'un rêve et je secouais la tête pour éclaircir mes pensées. «Je... Euh... Oui, c'est vrai.» Je ne me souvenais pas de quel problème elle parlait. Il me fallait faire des efforts considérables pour ne pas perdre le fil de ce que je disais. «Mais c'est que... Ce n'est pas le moment. Enfin, je crois ?» Je devais faire quelque chose, quelque chose de très important mais je ne savais plus quoi et j'oscillais stupidement entre mon sac béant sur la table et la femme de l'autre côté qui fixait son regard sans ciller sur le mien. Je notais distraitement qu'elle avait les prunelles aussi rouges que les miennes. Mais là où les miennes évoquaient les braises rougeoyantes de mon élément, les siennes avaient la dureté et la froideur de la pierre, comme du sang figé par la glace, et m'emplissaient d'effroi. Pourtant, je ne pouvais plus la quitter des yeux, pétrifié par sa présence. Lentement, elle longea la table, ses longs doigts fins effleurant la surface de ses ongles dans un crissement qui me fit dresser les poils sur la nuque. Comme la veille, elle portait une robe aussi noire que ses cheveux, vêtement qui semblait peu adapté à une visite au village et dans l'ombre prégnante de la pièce, sa silhouette arachnéenne paraissait onduler et miroiter au dessus du sol. Elle s'arrêta à quelques pas de moi, assez près pour sentir son souffle sur moi, m'observant en silence. Une fois de plus, je fus surpris de la pâleur cadavérique de son teint. C'était un élément important, qui devait m'amener à une conclusion tout aussi importante mais le mouvement de sa main me distraya aussi facilement que si un dragon venait de piétiner le toit. Son index resculptait mon profil sans jamais me toucher. Figé, c'était à peine si je respirais. «Tu penses que tu peux m'aider ?» La tête complètement vide, j'acquiesçai d'un murmure brumeux. Je rechigne à relater cet instant. Avec le recul, je réalise que je m'étais comporté comme un crétin attardé et les détails m'apparaissent flous, comme si je regardais au travers d'une vitre sale. Je me souviens seulement avoir désiré ardemment son contact sur ma peau et d'avoir gémi quand elle me l'avait refusé. Quand elle quitta la pièce la première, il me fallut du temps pour reprendre pied avec la réalité. J'étais terriblement en retard et je me fis sévèrement sermonner par le médecin ce jour-là. Nous avions perdu le patient mais je me surprenais à ne pas m'en soucier autant qu'il l'aurait fallu. La rencontre dans la remise m'avait chamboulé et le médecin confondit mon silence morose par la culpabilité de n'avoir pas pu sauver à temps notre patient. Il me renvoya chez moi avec un soupir et j'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne me souvint pas du chemin du retour.

Message II | 1548 mots

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Astriid
Jeu 06 Jan 2022, 08:41

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Les jours qui suivirent cet incident furent ponctués d'évènements similaires. Les rencontres avec Laysa semblaient toujours dues au hasard mais je savais aujourd'hui que ce n'était que le résultat du plan soigneusement orchestré par la Vampire qui s'arrangeait toujours pour me voir de nuit ou dans des endroits clos. Je ne m'étais pas posé de question à l'époque. Bouffi d'orgueil, j'étais, et est toujours, un idiot arrogant, persuadé que je lui avais tapé dans l'oeil, sans remettre en question qu'une femme aussi charismatique puisse baisser les yeux sur moi pour voir autre chose qu'un paysan parmi d'autres. J'étais trop subjugué par sa présence près de moi pour avoir le moindre discernement, et plus le temps passait, plus mon esprit s'obscurcissait et tenait des raisonnements incohérents. Les seules questions que je me posais à son sujet étaient d'une futilité qui me faisait honte, j'étais redevenu un adolescent transi d'amour, quêtant la moindre seconde de son attention, à me demander si elle pensait à moi autant que je pensais à elle. Mon attitude d'alors me dégoûte, d'autant plus que je sais aujourd'hui que je n'étais rien de plus qu'une bête traquée par un prédateur sublime, j'étais presque mûr pour tomber volontairement entre ses griffes.
Où que mon regard se portât, ses prunelles carmines brûlaient ma nuque. La simple pensée d'elle la rendait présente, elle devenait mon ombre, une extension de moi-même, toujours attachée à mes pas mais jamais assez proche pour la toucher, aussi inaccessible qu'un ruban de brume. Jamais là quand je ne voulais rien d'autre que la voir, toujours là quand enfin mon esprit me donnait un instant de répit en pensant enfin à autre chose. Un vide grandissait en moi et elle était la seule à pouvoir le combler. Peu à peu, je me faisais avaler par une paranoïa me donnant l'illusion que la brune était toujours dans mon champ de vision. J'étais partagé entre l'envie dévorante d'aller la voir, de lui parler, d'entendre le son de sa voix, et celle d'écouter mon instinct me hurlant de fuir à l'opposé. Insidieusement, Laysa avait créé chez moi une obsession grandissante, à tel point qu'elle régnait sur mes rêves, assouvissant les désirs inavoués que je taisais le jour. Je m'éveillais alors avec un sentiment grandissant de culpabilité et mu par la volonté de la revoir. J'interrogeais chaque personne dans mon entourage pour voir si elle parlait avec d'autres villageois. J'étais dévoré par la jalousie à l'idée qu'elle puisse passer du temps avec d'autres que moi, il m'était intolérable qu'elle puisse susurrer à d'autres oreilles que la mienne.
Fatalement, cela impacta mon comportement de façon exponentielle et ma relation avec Suna en pâtit lourdement. Nos derniers jours ensemble ne sont pas les meilleurs et là encore, j'étais fautif. Rongé par la frustration, j'étais devenu plus irritable, je souriais moins, j'étais souvent distrait, mes pensées hantées en permanence par la Vampire. Quand Suna me parlait, je ne l'écoutais plus qu'à moitié, ce qui la rendait bien sûr folle de colère. Notre mauvaise humeur mutuelle bondissait entre nous, lourde de non-dits et de colère ravalée et nous nous disputions à longueur de journée, utilisant le moindre prétexte pour accuser l'autre de tout sauf de ce qui nous plombait réellement le cœur. Habituellement d'une franchise désarmante, elle avait cessé de m'interroger ouvertement sur Laysa mais le doute l'empoisonnait. En refusant d'insister à ce sujet, elle voulait me prouver qu'elle me faisait confiance mais la contrariété se lisait dans tous ses gestes, dans le pli de sa bouche lorsqu'elle m'opposait un silence glacial mais que ses yeux traduisaient mille accusations. Je faisais comme si je ne voyais rien, évidemment. Maintenant comme alors, je manquais du courage nécessaire pour faire face aux véritables problèmes.
Laysa n'avait pu manquer de percevoir l'aversion de ma femme pour elle et lorsque la Lyrienne de feu était là, la brune était impossible à localiser. La situation me rendait fou, j'étais écartelé entre elles, incapable de me décider à ignorer l'une pour l'autre et mâchonnant le sentiment de faire quelque chose de mal, sans savoir exactement de quelle façon. Je ne trompais pas Suna. Je n'étais pas amoureux de Laysa, ni n'avait fait quoi que ce soit qui puisse être qualifié d'adultère. Je ne me l'avouais pas alors mais c'était un regret que j'avais, je brûlais de sentir son corps contre le mien, persuadé que ce serait une libération pour donner libre cours à cette passion qui me grignotait de l'intérieur. Lorsque nous étions seuls, c'est à peine si elle me touchait et j'étais trop impressionné pour oser faire le premier pas. J'étais comme un poisson hors de l'eau, en manque cruel de ce qui était vital pour moi mais incapable d'y accéder par mes propres moyens. Et j'aimais toujours Suna, malgré notre lien qui se détériorait, c'était même le contraire et la raison pour laquelle je devenais de plus en plus désagréable. C'était parce que je l'aimais et que je me sentais coupable que la situation empirait. Incapable de prendre une décision mature et responsable, je m'enfonçais dans la peau d'un homme que je méprisais. C'était la première fois que je ressentais un tel dégoût pour moi-même et cela n'allait pas aller en s'arrangeant.

Message III | 949 mots



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Jeu 06 Jan 2022, 13:09

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D'un geste distrait de la main, Laysa chassa une mouche qui l'importunait. Son regard, deux fentes d'où filtrait une lueur rubis sur son visage de craie, ne quittait pas le ruban pâle de la route. Il allait apparaître dans le coude du virage dans quelques secondes. Elle percevait déjà son odeur, sa magie améliorant son odorat de façon significative. Il l'ignorait mais elle le connaissait déjà par coeur. Ses mimiques, ses habitudes, ce qu'il aimait et n'aimait pas, ses amis, son idiote de femme qui entravait sa stratégie. Mais cette dernière faisait désormais partie du plan que Laysa montait, puisqu'elle ne pouvait l'ignorer, sa présence trop prépondérante dans la vie de Dorian, elle serait un rouage supplémentaire, un sacrifice qu'il faudrait faire. Les ténèbres s'épaississaient, avalant le paysage sous le nez des dernières lueurs du jour. Son heure arrivait et avec elle, le renforcement distinct de sa magie qui crépita au bout de ses doigts, exprimant ce que son visage impassible refusait de dévoiler. Laysa se contraignit au calme, la chasse touchait à sa fin mais elle ne devait pas laisser l'excitation l'envahir et gâcher tous ses efforts. Pas si près du but.
Les cailloux roulèrent sur la chaussée et la brune quitta l'abri du chêne contre lequel elle s'était adossée pour se placer face à lui, dans la lumière blafarde de la lune. La surprise marqua son visage pour laisser place rapidement à l'avidité. Cela lui plaisait. La possession, cela avait été sa première réaction lorsqu'elle avait fait ses premières tentatives. Il la voulait de la seule façon que les mortels pouvaient le concevoir. Son corps demeurait de marbre mais elle se réjouissait de ce trait de caractère. Elle aimait se voir valorisée dans ses yeux, bien qu'il lui soit inférieur à tout point de vue et qu'au final, c'était elle qui l'aurait lui. Il ne le savait pas encore mais cette avidité ne le quitterait bientôt plus jamais et guiderait toutes ses actions. Seule la cible allait changer. « Vous m'attendiez ? » Il avait dû vouloir poser la question avec la suffisance qu'il affichait habituellement avec ses proches mais la Vampire n'entendit qu'un espoir pathétique dans sa voix légèrement tremblante. Pauvre petite chose, songea-t-elle avec un rictus qu'elle modifia rapidement en un sourire distant. « Suis-moi. » Elle lui tourna la dos et quitta la route sans vérifier que Dorian la suivait, elle était certaine qu'il le ferait. Le magnétisme dont elle s'était entourée avait déjà logé son poison dans le cœur du Lyrienn. L'ayant déjà expérimenté lorsqu'elle avait courtisé Selyne, sa première Enfant, l'aliénation lui venait avec plus de facilité et Dorian était un sujet sensible à sa séduction. Des bavardages qu'elle avait surpris, il n'avait pas eu le temps de s'ennuyer dans ce petit village et elle imaginait qu'il voudrait mettre la charismatique étrangère dans son lit, comme tant d'autres avant elle. Lorsqu'il serait un Zvedas capable de dominer ses pulsions de jeune assoiffé de sang, elle espérait qu'il saurait mettre cette expérience à profit pour traquer ses proies et les faire consentir à se laisser mordre. Cela prendrait du temps, beaucoup de temps mais ce concept n'était pas un véritable problème pour les Enfants de la Nuit. Ils élevaient la patience au rang de qualité naturelle, certains Vampires élaborant parfois des plans sur plusieurs centaines d'années. Mais ils étaient rares et de ce fait, leur peuple était de moins en moins puissant. Désormais, qui avait peur des Vampires ? Oh bien sûr, les plus faibles prenaient peur à la vue de l'impressionnante rangée de crocs mais ils n'étaient pas craints comme une menace réelle. Ceux assez âgés pour avoir connu l'ancienne grandeur de la race repensaient avec nostalgie à cette époque mais Laysa aimait les choses ainsi. Si on venait à trop les craindre, ils risquaient un génocide et ils perdraient tout, comme cela avait pu être le cas auparavant. Mieux valait continuer à œuvrer dans l'ombre et l'anonymat, sans faire de vagues. Magnus espérait davantage et avait envoyé ses Enfants intégrer tous les territoires sous la coupe de leur peuple en espérant ainsi étendre son influence partout à la fois et Laysa caressait l'espoir de lui succéder un jour pour tenir les rênes de ce petit empire qu'il se construisait. Mais c'était des plans pour plus tard. Ce n'était pas avec un seul Enfant qu'elle réussirait à briller aux yeux de son Géniteur, il lui faudrait prouver qu'elle savait choisir avec pertinence des hommes et des femmes capables de redorer la Lignée de Douria, de la rendre puissante et invulnérable face aux autres Lignées. Selyne était satisfaisante, elle avait su dominer ses instincts plus rapidement que prévu et s'appliquait à s'adapter au monde de la nuit avec une volonté presque féroce qui enchantait Laysa. Quant à Dorian, c'était un pari qu'elle lançait. Elle espérait que son instinct ne la tromperait pas.
Arrivée au faîte d'une colline battue par le vent dominant le village, elle se tourna vers lui. Il la contemplait avec des yeux énamourés, suppliants. La magie de la Vampire n'était pas si conséquente mais comparativement à celle du Lyrienn, qui était elle quasiment inexistante, il prenait de plein fouet l'ensorcellement qu'elle tissait sur lui. La fierté des non mortels ne valait rien face à l'aliénation, ils étaient tous réduits, hommes et femmes, à un véhicule dont la seule fonction était d'attendre qu'on s'occupât d'eux et de les remercier pour cela. Elle lui sourit et déclara d'un ton presque enjoué. « Dorian, tu dois t'en douter maintenant. As-tu déjà entendu parler des Vampires ? » C'était surestimer l'intellect du jeune homme qui écarquilla les yeux, son sourire idiot se figeant lentement. Il fit un pas en arrière et, tentatrice, Laysa posa une main légère sur son bras qui agit aussi efficacement que des chaînes sur Dorian qui s'immobilisa. « Ne fuis pas. » Il ne pouvait pas fuir. Elle était une chasseresse et il n'était rien. Ses prunelles s'agitaient mais il ne fit pas un geste pour lui résister, incapable de se soustraire au regard carmin de la Sëhnvors. « Tu ne réussirai qu'à te blesser. »

Message IV | 1077 mots



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Jeu 06 Jan 2022, 16:13

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La première vague de panique passée, ce fut presque un soulagement d'avoir la réponse à une question que j'ignorai me poser. Ayant été élevé dans un village et sans accès à une véritable école, mes connaissances sur le monde oscillaient entre le vague et le médiocre. J'ignorai tout de cette fascination factice que les Vampires opéraient sur leurs proies, je n'avais donc aucune rancœur à son égard étant donné que je ne me considérais pas comme trompé ou trahi, si on omettait qu'elle m'avait dissimulé sa nature de tueuse. Ce que je savais, c'était qu'ils étaient des chasseurs suceurs de sang. Tout autre étranger m'aurait tenu le même discours, je l'aurai repoussée violemment et me serait ligué avec les autres villageois pour, sinon la tuer, au moins la faire fuir. C'est ce que je croyais alors, ne sachant pas que n'importe quel Vampire était capable de se frayer un chemin jusqu'à mon cœur en réduisant au silence ma raison. À l'époque, j'étais certain que Laysa était différente, spéciale et j'aurai pu la croire si elle avait décrété que la mer et le ciel s'étaient inversés. Mais elle était ma muse et mon obsession et, pour la première fois, elle me touchait enfin. Electrisé, cela me donnait envie de prolonger le contact, de la serrer contre moi, de sentir ses mains et ses lèvres sur moi. Je voulais tout, tout de suite, plus fort et plus vite, davantage jusqu'à l'overdose. Je suffoquais sous la violence de mon désir, en venant presque à la haïr pour me tourmenter ainsi. C'était ses doigts sur mon bras, plus que le reste, qui m'empêchait de fuir ou de bouger. Je gardai le silence, espérant ainsi la pousser à poursuivre, à me fournir une explication, quelque chose à quoi me raccrocher. Je ne comprenais pas. Finalement, je n'y tins plus. « Alors, vous allez me mordre ? Maintenant ? » La brune eut un petit rire amusé qui me vexa un peu. J'étais là, à faire face à cette révélation désastreuse et elle riait ? Se moquait-elle de moi car elle s'apprêtait à me tuer et que j'avais été trop idiot pour deviner sa nature difforme ? Elle dû percevoir le changement qui s'opérait en moi car elle cessa de rire pour me répondre calmement, comme je le faisais lorsque je voulais apaiser un cheval nerveux. « Oui, mais pas comme tu le crois, et pas ce soir. » Décontenancé, je déplaçais le poids de mon corps d'un pied sur l'autre. « Ah ? » L'incitai-je à poursuivre, pas sûr de comprendre où elle voulait en venir. Je comprenais les mots en les prenant un par un mais l'ensemble m'échappait complètement. « Je ne vais pas te tuer, si c'est ce qui t'inquiètes. » « Euh, merci ? » « Et la morsure n'est pas si mal ni si douloureuse. Il ne faut pas croire tout ce qu'on dit. » « Ah ? » Cette discussion était surréaliste et mon cerveau n'arrivait pas à suivre le rythme autrement qu'en articulant des phrases de moins de deux mots. Je crus discerner une lueur d'agacement dans les yeux de Laysa mais elle disparut si vite que j'avais dû la rêver. « Oui. En réalité, nous ne tuons pas systématiquement lorsque nous nous nourrissons directement sur nos pro - sur vous. » Se rattrapa-t-elle. « C'est rassurant. » Ironisai-je. « Et ils y prennent plaisir autant que nous. » J'accueillis cette déclaration dans un silence dubitatif. « Je peux te le prouver. » Un frisson remonta le long de mon échine. J'avais envie d'accepter, rien que pour obtenir cette intimé qu'elle me refusait depuis le début, rien que parce que lui dire non m'était impossible, rien que pour assouvir ma curiosité. Ma confiance lui était acquise et je savais que si elle avait dit ne pas me tuer, elle ne le ferait pas. Elle se méprit sur mon silence. « Je ne te forcerai pas si tu ne veux pas. Sache juste que mon offre tient et que si tu le désires, alors - » « C'est d'accord. » Me dépêchai-je de répondre, avant que le courage ne me manque, avant qu'elle ne se détourne de moi alors qu'elle m'offrait enfin quelque chose. J'étais un idiot, mais un idiot intéressé et l'homme qui a faim n'examine pas la sauce. Si me mordre était sa condition pour qu'elle reste près de moi, soit. Je me raccrochais à sa proposition comme un malade à son remède, même si ce remède se révélait toxique, je m'aperçus que peu m'en importait. « Je veux juste que ça ne laisse pas de marque. » Elle sourit, d'un sourire chaleureux comme elle ne m'en avait jamais fait auparavant et j'étudiais ses traits comme pour la première fois, la vérité déformant l'image que je m'étais faite de la brune. Sa peau si blanche qu'elle en paraissait irréelle, ses pommettes aux angles tranchants, sa bouche... Mes yeux s'arrêtèrent sur cette mince ligne carmine et je retins mon souffle. Derrière la barrière de chair se cachaient une dentition anormalement longue et dangereuse. « Je ferai disparaître la trace de morsure, ne t'en fais pas. » Sa réponse m'arracha à la contemplation de son visage qui m'apparaissait sans défaut et je déglutis, soudain impressionné en prenant la mesure de ce que je m'apprêtais à faire. Qu'aurait pensé Suna ? Je repoussai la Lyrienne loin de mes pensées et détachai les premiers boutons de ma chemise pour dégager ma peau, laissant apparaître ma clavicule. « Si vous pouviez aussi éviter de tâcher ma chemise, je ne sais pas comment je pourrai expliquer le sang dessus. »

Message V | 968 mots



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Jeu 06 Jan 2022, 17:59

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« Je ne gâcherai pas une seule goutte. » Promit la gourmande en se retenant de se lécher les babines. En tant que Sëhnvors, elle exerçait un contrôle honorable sur ses pulsions mais elle ne pouvait nier que la vue du sang ne la laissait pas de marbre. Son cœur palpita à la vue de la peau dénudée du Lyrienn et elle se fit violence pour incliner la tête du brun sur le côté avec délicatesse. Il ne fallait pas l'effrayer, il avait accepté son identité avec philosophie mais mieux valait ne pas pousser le bouchon trop loin. Le pauvre garçon croyait encore qu'il pourrait satisfaire ses besoins lubriques s'ils se pliait à ceux de la Vampire. Eh bien une mauvaise nouvelle l'attendait. Mais Laysa n'était pas de glace et elle plaqua son corps contre celui de Dorian avant de poser ses lèvres avec douceur à la base de son cou, savourant son odeur en premier, se délectant du frisson d'anticipation qu'elle sentit à travers leurs vêtements. Entre deux baisers sur son épiderme tendu par la nervosité, elle lui susurrait une litanie dans le creux de son oreille, ses doigts caressant de langoureux dessins dessins dans son dos pour détendre sa victime. Peu à peu, elle sentit ses muscles se dénouer et sa respiration ralentir. Alors elle mordit, ses crocs s'enfonçant lentement et proprement dans la chair jusqu'à atteindre le flux veineux. Sa langue se plaqua sur la plaie et elle aspira, ses yeux se révulsant de plaisir, soudainement sourde aux jurons étouffés de Dorian. Ses supplications ne suffiraient pas à l'arrêter, rien ne le pouvait hormis le contrôle qu'elle exerçait sur sa soif de sang. La brune ne tuait plus que rarement les mortels qui croisaient son chemin, elle ne voyait pas l'intérêt de laisser une trace écarlate derrière elle et certains se révélaient suffisamment délicieux pour qu'elle se décide à les garder en vie pour en profiter autant de fois qu'elle le désirait. Dorian était passable. Passées les premières gorgées qui lui avaient offert l'extase, sa langue expérimentée avait connu mieux, et méritait mieux. Mais son objectif n'était pas de s'offrir un festin gustatif, se souvint-elle avec un peu de retard en constatant que le Lyrienn était devenu soudain très passif et silencieux. Avec autant de précautions que possible, elle se retira sans le lâcher et eut raison car ses genoux flanchèrent. Elle le maintint debout avec une force surprenante pour sa stature frêle, le lâchant d'une main pour venir lui donner de petites claques sur ses joues soudain pâles jusqu'à ce qu'il recule mollement pour échapper aux gifles. « Tu vas bien ? » « Je crois oui. » « Respire, ça va passer. Attends, ne bouge pas. » Elle vint lécher la goutte de sang qui ourlait la plaie puis passa un doigt dessus pour la faire disparaître, ignorant le tressaillement du brun. Physiquement, il n'y avait plus aucune preuve de ce qu'il venait de se passer. Seul le regard de Dorian avait changé. Il était troublé, elle le voyait et, dans un mécanisme de défense, il conservait une expression indéchiffrable, dissimulant ses émotions avec la pudeur d'une vierge, l'empêchant de deviner s'il regrettait ou non, s'il avait aimé ou non. Il ressemblait à un enfant perdu et confus. Elle lui caressa tendrement la joue et il sursauta. « Tu es sûr que ça va ? » Répéta-t-elle et il acquiesça en évitant son regard. « Va manger, tu te sentiras mieux. Et pas un mot. À personne. » « Evidemment. » Lâcha-t-il, un brin agacé et elle le considéra avec surprise. Il n'avait jamais usé de ce ton insolent, pas avec elle. Il n'était pas encore à elle mais elle ne tolérerait pas qu'il lui manque de respect. Jugeant que le moment était mal choisi pour le reprendre, elle garda le silence et le raccompagna sur la route. « Dors bien. » Elle chercha à l'embrasser, comme pour compenser ce qu'elle lui avait demandé, mais il détourna la tête et ses lèvres se cognèrent sur la mâchoire du brun. Elle fronça les sourcils. « Je ne peux pas. Suna. » Et il eut l'air si misérable que Laysa sentit sa colère naissante s'éparpiller au vent. « Je comprends. » « On se voit demain quand même ? » Un véritable adolescent. « Peut-être. » Au regard qu'il lui lança, elle céda. Laysa n'avait jamais su résister à ces yeux là, ni ce jour-là, ni les autres qui suivirent. « Oui. Je viendrai te trouver. » « Bonne nuit. » Sa voix s'adressa au vide, la Vampire s'était évanouie dans la nuit.

Message VI | 779 mots



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Ven 07 Jan 2022, 08:41

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La démarche vacillante, je poussai la porte pour m'engouffrer chez moi. « Où étais-tu ? » Je grimaçai, et sans me laisser le temps de répondre, Suna enchaîna, les poings sur les hanches, se plaçant au milieu de la pièce pour me barrer toute issue. « Mais tu as bu ! » « Ah oui, peut-être un peu ? » Je me grattai distraitement le menton et jetai un regard d'envie vers le lit. « Mais tu n'as pas des patients à voir demain ? Des opérations à assister ? Que va dire Morazi ? Tu sais bien qu'il attend de toi que tu sois irréprochable. Il va tout de suite voir que tu as bu. » « Parlons-en demain plutôt, d'accord ? » « Tu n'es clairement pas en état maintenant, c'est sûr. » Fit-elle, franchement désapprobatrice. « Mmh. »
Une fois allongé, je dû lutter contre la nausée qui me soulevait les intestins, révoltés par l'abus d'alcool et dansant comme de petits diables. Je soupirai et changeai de position. Je m'étais senti incapable de rentrer directement après ce qu'il s'était passé, trop chamboulé pour faire face à Suna sans aide extérieure. Le second objectif était d'oublier ce qu'il s'était passé mais le souvenir revenait insidieusement, traversant sans effort les brumes alcoolisées de mon esprit pour me faire revivre la morsure de Laysa, ses révélations, sa surprenante douceur. Machinalement, je grattai la peau de ma cou, aussi lisse que la peau d'un bébé. Je me fis à l'idée que je dormirai peu cette nuit. Alors que je me tournai pour changer de position, la voix ensommeillée de Suna me parvint, plus près que je ne le pensais. « À quoi tu penses pour t'agiter comme ça ? » Son corps se lova contre le mien, ses formes épousant les miennes. « Tu me manques. » Ajouta-t-elle. Son souffle léger se promena sur ma joue pour s'orienter vers ma bouche. Une vague de froid m'envahit. Pourquoi avais-je refusé le baiser de Laysa ? J'étais un imbécile. Doublé d'un mari infidèle pour regretter cela et espérer que l'initiative de la Vampire se reproduise. Comme il y a quelques heures, je détournai la tête pour échapper à Suna, incapable d'accepter ses lèvres alors que j'étais prêt à accepter celles d'une autre. Je me faisais horreur. « Pourquoi tu dis ça, je suis tout le temps là. » Répondis-je d'un ton faussement léger, faisant mine de ne pas comprendre. Suna retint son souffle et je compris que je l'avais vexée. « Pardon, c'est que... » « Tais-toi. » J'obéis aussitôt. « De toute façon, tu ne serai capable de rien dans cet état. On dirait que même ça, mon mari n'est pas capable de me le donner. » Persifla-t-elle en se reculant sèchement. Blessé dans mon orgueil d'homme, je me défendis aussitôt. « Il y a d'autres moyens ! Allons, ne réagis pas comme ça, je suis désolé, d'accord ? » J'avançai maladroitement une main pour essayer de l'amener près de son ventre, bien décidé à me faire pardonner d'une autre manière mais sa voix résonna entre nous, glaciale et lourde de menace. « N'essaie même pas. » Et elle me tourna le dos, raide et distante.

Le lendemain soir, alors que je rangeai l'étude de mon mentor, qui lui servait aussi d'entrepôt pour son matériel, j'entendis la porte s'ouvrir dans mon dos. Morazi était déjà parti, après un ultime sermon sur les dangers de l'alcool pour notre travail. Je savais donc qui venait d'entrer. Ce n'était pas la première fois. Lâchement, je fis comme si je n'avais pas entendu et rassemblai quelques papiers pour les trier. Laysa se déplaça dans mon dos pour venir s'adosser de profil, juste à côté de moi, assez proche pour que je puisse sentir son odeur et son souffle sur moi, trop loin pour qu'elle me touche. Aussi nerveux qu'un jeune cheval, je fis tomber les feuilles et grommelai en les ramassant, une teinte rouge s'étalant de mon cou jusqu'à mes oreilles. « Tu es en colère contre moi ? » « Quoi ?! Aïe ! Non, pas du tout ! Jamais ! » Je me frottai le coin du crâne que je m'étais cogné sur la table en voulant me redresser. « Tant mieux. » « Pourquoi, vous allez recommencer à me mordre ? » L'interrogeai-je, avec méfiance, mais aussi avec une légère pointe d'espoir. Elle se mit à rire. « Non, mais merci de me le proposer. Hier, c'était juste pour te prouver que nous ne sommes pas ce que tu t'imagines. » « Et qu'est-ce que je m'imagine ? » Mon menton se dressa, la défiant avec ce qu'il me restait de courage. « Je changerai de ton si j'étais toi. Je suis patiente avec toi mais ne cherche pas où résident mes limites, tu n'aimerai pas les trouver. » « Pourquoi êtes-vous là ? Je ne comprends pas. Si vous ne voulez pas me mordre, et si vous n'allez pas me tuer. Vous savez ce que moi je veux. Moi je ne sais rien de ce que vous voulez. » Réalisant que mes questions prenaient le chemin du geignement, je me tus. Elle sourit et croisa les bras, ses iris rougeoyaient d'amusement. « J'aimerai te parler des Vampires. Tu ne sais quasiment rien de nous, n'est-ce pas ? » Je n'osai lui dire que jusqu'à hier soir, je doutais même de leur existence. « Euh, vous ne pouvez pas sortir en plein jour et vous vous nourrissez de sang ? » « Oui. Mais c'est plus que ça. Tu voudrais en savoir plus ? Tu dis que tu veux savoir ce que je veux. » J'opinai en silence. « Pour répondre à cela, tu dois comprendre ce que nous sommes. Tu veux en savoir plus sur moi ? » Bien sûr que je le voulais, et elle le savait pertinemment. Mais je la laissais jouer à son jeu avec moi. Même en percevant qu'elle me manipulait, je voulais la laisser faire. Elle pouvait faire de moi ce qu'elle voulait, je n'aurai pas bronché tant qu'elle restait près de moi.

Message VII | 1027 mots



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Mer 12 Jan 2022, 19:21

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« Donc si je comprends bien, vous cessez d'avoir des relations sexuelles ? » Un sourire amusé orna les lèvres de Laysa devant l'expression dubitative de sa proie. Manifestement, il n'arrivait pas à imaginer qu'une telle chose soit possible et estimait que s'il était à notre place, il ne suivrait pas ce qu'il croyait être une tradition. Elle n'avait pas démenti sa pensée, il se rendrait compte par lui-même de cette nouvelle réalité. Son corps ne lui obéirait pas, c'était lui qui obéirait aux nouveaux besoins de son corps, prisonnier de sa propre enveloppe jusqu'à ce qu'il apprenne à maîtriser ses pulsions.
Ils s'étaient assis sur la méridienne au tissu usé qui longeait l'un des murs et qui servait de couche au médecin lorsqu'il était épuisé par ses visites ou par ses recherches. L'arrière de la tête de son élève reposait sur son bras relevé contre le mur, son autre main serrant celle de l'étrangère avec force, comme s'il craignait qu'elle ne se volatilise brusquement. Elle le trouvait touchant ; il était conscient qu'elle était plus forte que lui, mais il avait la croyance enfantine qu'il pourrait la garder auprès de lui par la seule force de sa volonté. La fatigue plissait ses yeux et embrumait son esprit mais le brun luttait pour interroger la Vampire, pour ces quelques précieuses minutes arrachées au silence de la nuit mais qu'il regretterait ensuite lorsqu'il rentrerait pour voir sa femme, endormie depuis plusieurs heures déjà, un pli de contrariété logé entre ses sourcils refusant de baisser les armes face au sommeil. La simple perspective de cette vision lui faisait redouter le moment où Laysa déciderait que leur conversation était terminée pour qu'il rejoigne sa femme. Il ne se doutait pas que la Vampire n'attendait que la nuit où il ne reviendrait plus dans ce qu'il appelait son foyer.
Patiemment, elle lui répondait, ravie de sa curiosité plutôt que du dégoût qu'elle récoltait parfois d'autres mortels. Aucun mensonge ne franchissait ses lèvres, mais elle ne disait pas non plus toute la vérité. Transformer un mortel en enfant de Lubuska était certes un acte consenti, mais toute la vérité n'était pas bonne à entendre. Si Dorian lui en voudrait par la suite pour avoir omis de lui dire certaines choses, la Vampire ne s'en inquiétait pas outre mesure. Elle faisait confiance au lien indestructible qui se créerait entre eux, savant mélange d'amour et de soumission qu'elle avait hâte d'expérimenter avec le jeune homme. « Nous ne sommes pas des êtres froids et dénués de désir. Ce n'est pas comme chez les Anges qui réprouvent toute attitude qui ne rentrerait pas dans leurs notions de pureté, nous ne sommes pas esclaves des vertus si c'est ce qui t'inquiètes. » Dorian se mit à rire. « Pour être franc, je n'associais pas les Vampires aux Anges. » Laysa poursuivit sans réagir, le visage grave. « Bien au contraire, nous nous rapprochons davantage des Déchus. Chaque jour est une lutte contre nos désirs qui sont parfois destructeurs, surtout au début. C'est une renaissance qui n'est pas sans douleur. Mais il est logique qu'il y ait un prix à payer pour tous ces plaisirs que les personnes comme toi ne connaissent pas. » Elle ne précisa pas qu'elle ne parlait pas là de plaisir charnel, le laissant tirer ses propres conclusions. Laysa parlait avec soin, pesant chaque mot, chaque tournure de phrase était importante. Devinant qu'il s'agissait d'un sujet important pour le Lyrienn, elle ne s'appesantissait pas sur le fait que les Vampires n'étaient plus capables ni n'avaient plus envie de relations charnelles, lui indiquant simplement que les Vampires ne pratiquaient plus cette activité. « Je ne suis pas sûr de comprendre. » C'était évident, il fallait le vivre pour le comprendre. Tendrement, la Sëhnvors détacha ses doigts de la prise possessive de la main de Dorian pour venir effleurer son cou et il tressaillit involontairement, paraissant en proie à un dilemme interne, fuir son contact ou au contraire s'y appuyer pour le prolonger. Elle mit fin à son tourment en posant sa paume contre sa joue, laissant la pulpe de son pouce redessiner sa pommette. Elle le vit poser son regard sur ses lèvres et devina le chemin naturel qu'avaient suivi ses pensées. D'une voix douce, elle s'approcha pour lui susurrer à l'oreille, sa bouche proche de son cou, elle entendait presque son pouls cogner brutalement dans un élan désespéré. « Ce que nous avons fait l'autre soir. Cela était aussi intime que ce que tu as en tête, peut-être davantage, tu ne peux pas le nier. Et ce que tu as ressenti, imagine-le démultiplié pour moi. » Elle recula et ses prunelles se plantèrent dans celles du brun. Il avait la bouche entrouverte, respirant fortement et buvant ses paroles. « Lorsque j'ai goûté ton sang, j'ai eu une compréhension de toi qui dépasse celle que tes parents ont de toi, que Suna a de toi. Je sais qui tu es au plus profond de toi, plus que toi-même, tu ne le sauras jamais. C'est une union inégalable à toutes les autres, il n'y a pas de mot assez fort pour le décrire. » « Ah bon ? » Souffla-t-il d'une voix rauque. Il avait rougi, enhardi par la passion qu'il ressentait dans ma voix et celle qui faisait palpiter son cœur, par le souvenir qu'il avait de la morsure que je lui avais faite. Je n'avais pas besoin de lire dans ses pensées, son visage exprimait tout ce que j'avais besoin de savoir, tout ce que je voulais voir.

Message VIII | 970 mots



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Mer 12 Jan 2022, 20:50

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Lorsque Laysa quitta l'atelier du médecin, la nuit avait déjà bien progressé, tout comme l'avancée de la Vampire dans son projet. À mesure que les cernes s'épaississaient sous les yeux carmins de Dorian, résultat inévitable de leurs longues heures de discussion chaque nuit, il rejoignait sa cause, aussi invariablement que la mouche plongeait sans réfléchir vers la fleur carnivore à l'odeur affolante. Cela faisait quelques nuits qu'elle laissait derrière elle un Lyrienn pensif sur les révélations qu'elle lui offrait, de plus en plus intrigué et surpris de ce qu'il apprenait sur ces Enfants de la Nuit. Le tableau qu'elle lui dressait s'éloignait des stéréotypes qu'il nourrissait à leur égard et défaisait une à une ses réticences, lui laissant entrevoir un monde dont elle était la clé. Il grimpait sur une falaise et elle tranchait ses cordes jusqu'à ce qu'il s'abandonne dans ses bras en toute confiance. Elle œuvrait avec délicatesse et adresse, comme on le ferait d'un vase à la porcelaine particulièrement fine ou comme un parent manipulant pour la première fois son nouveau-né. Un seul faux-pas, une seule parole malheureuse et tout son château de carte s'effondrerait. Tout était une question de dosage, elle ne devait pas l'effrayer en lui donnant trop d'informations, mais en dévoiler suffisamment était nécessaire pour attiser son intérêt. Elle le gardait suspendu à ses lèvres comme un poisson à sa ligne, tout en le persuadant qu'il n'avait pas mal et qu'elle ne le mangerait pas.
Cette nuit en revanche, ce n'était plus Dorian qui occupait ses pensées, mais l'autre femme qui partageait sa vie et possédait la clé de son cœur. Il lui était encore trop attaché et ce, malgré la fascination qu'elle exerçait sur lui. Laysa avait espéré que l'évidente attirance de Dorian pour elle suffirait à les éloigner, et cela avait fonctionné dans une certaine mesure. Mais c'était insuffisant et la Vampire avait sous-estimé la profondeur de leurs sentiments. La Lyrienne de feu était un obstacle mais Laysa allait en faire la pièce maîtresse de son plan. La Vampire n'aimait pas sacrifier du sang frais, il était blasphématoire de gâcher ainsi la source de vie mais Laysa avait prié pour obtenir la mansuétude de Lubuska, promettant que ce ne serait pas en vain. La fin justifiait les moyens, elle en était persuadée. Cette Suna n'était rien, Dorian s'en rendrait compte. Les mortels n'importaient pas, si ce n'était leur sang dont ils avaient besoin pour vivre, Laysa aurait volontiers vécu dans une vie coupée de la leur pour ne rester qu'avec ses congénères, des êtres qui comprenaient la nuit et la poésie des étoiles. Les vies des mortels étaient éphémères et futiles, un battement de cil lorsqu'on la mesurait à celle que menait le peuple de la nuit. Dans cent, deux cent ans, il aurait tout oublié de cette fermière à la beauté quelconque et au caractère assommant, leur relation lui semblerait insipide comparativement à ce qu'elle allait lui offrir. Il commençait à mesurer à sa juste valeur le présent qu'elle allait lui offrir mais elle percevait ses réticences et ces dernières prenaient la forme de la jeune femme à qui il s'était lié. Mais jamais la Lyrienne ne pourrait lui offrir l'ivresse de la chasse, le plaisir sans mélange de s'imbiber du fluide vital de sa proie, le sentiment grisant de plier n'importe qui en usant de la séduction qu'offrait Lubuska à ses enfants.
La Sëhnvors aurait aisément pu la tuer mais les soupçons se seraient aussitôt dirigés vers elle, l'étrangère. Ces villageois n'étaient qu'une piètre menace pour la Vampire mais elle préférait la prudence et la discrétion à la violence irréfléchie. Aucune erreur ne devait tâcher son plan, sa toile devait être parfaite. En outre, Dorian saurait qu'elle serait l'autrice de son meurtre maintenant qu'il connaissait sa nature et cela anéantirait également son objectif, jamais il n'accepterait de suivre l'assassin de la femme qu'il aimait. Elle devait jouer plus finement. Dans son esprit, elle était telle une araignée tirant sur tel ou tel fil pour estimer lequel serait assez solide et fiable pour tisser le piège parfait.
Après les longues heures de ses sombres réflexions, la conclusion était toujours la même. Suna devait mourir, mais pas de ses mains. Laysa s'était peu mêlée aux villageois et préférait ne pas compter sur eux. Moins ils la voyaient, plus vite ils l'oublieraient. Elle préférait rester en marge, ne sortant que la nuit. La plupart croyait déjà qu'elle était repartie d'où elle était venue. Quoi qu'il en soit, elle préférait les garder en dehors de ses intrigues. Moins de variables lui assurait un meilleur pourcentage de réussite.

Message IX | 819 mots



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Mer 12 Jan 2022, 22:19

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« Il y a une chose dont je ne t'ai pas encore parlé. » Je gardai le silence dans l'attente de la suite. Ce soir-là, Laysa était d'un calme souverain, ses traits comme taillés dans le marbre. La préoccupation qui hantait habituellement ses prunelles avait disparu, et ses orbes luisaient fixement, tels des rubis au milieu de l'ovale blafard de son visage. Elle avait pris une décision, je le sentais comme je sentais l'air crépiter à l'approche de l'orage, comme un fil tendu sur le point de se rompre. La tension entre nous était palpable. Ce n'était pas déplaisant, j'avais pris l'habitude d'être toujours au bord de l'abyme en sa présence. Une habitude toxique mais j'avais le goût du risque. Je comprenais depuis peu que ce n'était pas moi qui m'empêchait de tomber mais que c'était elle qui me retenait encore. Quels que furent ses doutes auparavant, elle s'en était débarrassé. Je retenais mon souffle. « De comment l'on devient un Vampire. C'est bien ce que tu souhaites ? » J'acquiesçai, toujours en silence, comme si je craignais qu'une seule parole prononcée de mon côté rebâtirait ce mur qu'elle avait érigé entre nous et qu'elle défaisait avec prudence. « Ce que je t'ai fait la première fois se nommait le Shihmarg. Il n'y a pas eu de conséquence et tu as repris ta vie comme si rien ne s'était passé. » Je n'étais pas tout à fait d'accord mais ce n'était pas le moment de la contredire. « Ce dont je vais te parler, c'est le Shaazka. » « Shaazka. » Répétai-je à mi-voix, goûtant la sonorité gutturale du mot, son âpreté était la promesse d'un autre monde qui s'ouvrait à moi. Un nouveau dialecte, une nouvelle vie, riche de promesses. Je me voyais pareil à elle, un égal, maître de la nuit. Je rejoindrai Suna et chaque nuit lui ferait ce que Laysa appelait le Shihmarg pour approfondir notre union. J'imaginai sa surprise, son plaisir et sa peur. Son désir ensuite. Puis je la transformerai et nous resterions ensemble, pour toujours.
« Tu m'écoutes ? » « Pardon, non, tu disais ? » Son mécontentement ne se lisait pas sur son visage indéchiffrable mais je le sentais, brûlant et ravageur, se propageant de son aura magnétique pour me heurter en vagues punitives. Je résistai à l'envie de me recroqueviller sur moi-même. D'une voix maîtrisée, elle poursuivit, une main passant négligemment dans ses cheveux. Je la sentais nerveuse malgré son assurance habituelle. Je l'étais aussi. Allait-elle me changer aujourd'hui ? « Ce sera douloureux. À ma transformation, j'ai cru que Magnus avait décidé de me tuer mais c'est une condition nécessaire. Aussi, il ne faudra pas que tu soit surpris ou que tu te débattes, crois-moi je sais ce que je fais et je saurai me retenir avant que tu ne laisses échapper ton dernier souffle. » « Je te fais confiance. » « Je sais. » Et sa voix avait repris sa tonalité chaleureuse. Nous échangeâmes un sourire. « Après quoi, tu boiras de mon sang. » « Et ? » Elle haussa un sourcil entendu. « C'est tout ? » Je m'attendais à quelque chose de plus grandiose, une cérémonie, une prière pour Lubuska, la présence d'autres Vampires, un rituel initiatique, des épreuves à passer. Comme si elle lisait dans mes pensées, son sourire s'élargit. « Tu ne diras pas "c'est tout" quand ce sera terminé. Tu auras d'autres priorités. » « Dormir pour me remettre du traumatisme ? » Plaisantai-je. « Il y a de ça. » Fit-elle d'un ton égal. « Qu'attendons-nous alors ? » J'avais essayé de prendre un air dégagé mais je n'étais pas complètement rassuré. Qu'entendait-elle par "frôler la mort" ? Je savais qu'elle ne me tuerait pas, si c'était son souhait, elle l'aurait déjà fait depuis longtemps, et sans la moindre difficulté. Je cessais de me poser des questions qui allaient de toute façon trouver leur réponse dans quelques instants.
Lorsqu'elle posa ses doigts sur mon épaule pour s'y appuyer, je ne pus m'empêcher de frissonner. J'avais déjà vécu sa morsure mais ma nervosité était telle que je n'arrivais plus à respirer. Une autre part de moi-même ne croyait pas à ce qu'il allait se passer, comme si tout cela n'était qu'une hallucination. « Détends-toi. Je ne vais pas te faire plus de mal que nécessaire. » Si c'était censé me rassurer, c'était raté. Malgré tout, je forçai mes muscles à se détendre. Sa main enveloppa ma nuque pour me rapprocher d'elle et tous mes sens s'éveillèrent à cette proximité. Ses lèvres se retroussèrent sur ses dents et, avec moins de douceur que la première fois mais sans brutalité, elle plongea ses crocs directement dans mon cou. Je grimaçai et crispai mes doigts sur son bras en étouffant un râle. C'était douloureux mais supportable. La plaie ouverte pulsait contre sa bouche plaquée telle une ventouse sur ma peau mais je ressentais aussi le plaisir qu'elle éprouvait à goûter mon sang et je repensai à ce qu'elle m'avait dit auparavant. J'avais hâte de découvrir cette nouvelle intimité dont elle parlait. Elle serait la première personne que je mordrai.
Au bout d'un moment, je fermai les yeux, m'habituant progressivement à la douleur qui devenait secondaire, presque insensible. Ma tête se faisait légère sans que j'en prenne conscience et je réagis à peine lorsque Laysa accompagna mon buste pour m'allonger sur la couchette. Assise sur moi, elle poursuivait sa besogne dans un bruit de succion qui me soulevait le cœur mais je ne lui aurai résisté pour rien au monde. En fait, j'en étais bien incapable. Mes membres étaient flasques, sans force et ma conscience se délitait en un ruban brumeux qui se perdait dans le néant. J'oubliais la notion du temps et de mon corps, j'oubliais Laysa, aspiré par le vide. Un tiraillement, telle une piqûre de guêpe. Je gémis, agacé qu'on trouble ma quiétude. Qu'on me laisse tranquille. Tout était plus paisible maintenant, plus silencieux. Un second tiraillement, plus doux. On forçait la barrière de mes lèvres pour y faire revenir des sensations. Je gémis à nouveau, plus fort. Qui m'embêtait alors que je dormais si profondément ? Un fluide dérangeant, au goût anormal et étranger, s'infiltra par l'interstice entre mes dents entrouvertes. Je voulais détourner la tête mais n'y parvins pas, aussi impuissant qu'un nouveau-né. Je suffoquais sur le liquide, toussais en l'avalant et je sentis un poids sur mon corps pour empêcher ses soubresauts. J'appelai à moi le vide pour m'échapper et les bras cotonneux des ténèbres m'envahirent de nouveau, pour de bon cette fois.

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Mes paupières étaient lourdes, comme soudées par du goudron. Je faisais face à la pire gueule de bois de ma vie. Chaque pensée fusant dans mon esprit était une lance de douleur dans ma tête. Je me forçai à rassembler le puzzle des derniers événements. J'étais assis à terre, le dos contre le mur de ma maison. La lune baignait notre jardin d'une lueur spectrale, le manteau nocturne était clair, dévoilant ses myriades scintillantes d'étoiles. Malgré la beauté de ce tableau, je me sentais toujours aussi bien que si je venais de me prendre un mur. Les souvenirs me revenaient, épars et en tirer un sens m'était aussi aisé que de trouver une aiguille dans une botte de foin en ayant les yeux bandés. Je savais avoir été avec Laysa, comme toutes les dernières nuits. Tel un fil que je remontais jusqu'à la pelote de laine, je me remémorai notre discussion jusqu'à sa conséquence. La transformation avait-elle fonctionné ? Tout me paraissait flou après sa morsure, comme des rideaux noirs tirés sur ma conscience. Pourquoi n'était-elle pas là ?
Avec une grimace, je me levai aussi précautionneusement qu'un vieillard perclus d'arthrite et pénétrai chez moi en essayant de ne pas faire de bruit pour réveiller Suna. Tout serait plus clair au réveil. Si tout ce que Laysa m'avait dit était vrai, alors je serai vite fixé sur ma nouvelle nature en tentant de faire face à la lumière du jour. Je me déshabillais, les yeux fixés sur la silhouette allongée dans le lit. Son odeur montait à moi, féminine, réconfortante, familière, délicieuse. J'avais soudain hâte de la tenir contre moi pour m'en imprégner et oublier un instant à quel point Laysa avait changé ma vie et avait tout complexifié en quelques jours. Je regrettais la simplicité de mon existence, où les seules querelles entre Suna et moi étaient futiles et sans rancœur.
Je me collais à elle, son corps chaud m'attirant comme un papillon à la flamme. J'emplissais mon nez de sa fragrance, il me semblait que je ne pouvais jamais en avoir assez. Mes gencives étaient douloureuses, gonflant sous la pression. Suna remua et gloussa d'une voix endormie. « Arrête, tu me chatouilles à souffler dans mon cou. Qu'est-ce que tu fabriques ? » « J'ai changé. » Déclarai-je, pas peu fier. Elle rétorqua, un peu plus aigre. « Oui, j'avais remarqué. » « Non, je veux dire là, cette nuit. Tu ne vois pas de différence ? » Comment Laysa faisait-elle ? Je présumais que la relation entre ma femme et moi étant ce qu'elle était, la séduction que les Vampires opéraient irait de soi, comme une évidence. « Je vois juste que tu me réveilles en pleine nuit, enfin prêt à discuter. » Elle se tourna pour me faire face et se mussa contre moi. Ses cheveux dans mon nez, une envie dévorante s'imposa à moi, avec une brutalité qui me fit à moitié basculer dans la folie et je l'étreignis convulsivement. Elle se méprit sur ma réaction et sa main entama de lentes caresses le long de mon flanc. « Mais on peut discuter après si tu préfères. » « Je voudrais te montrer quelque chose. » Réussi-je à articuler. Elle se mit à rire. « Alors montre-moi. » Elle m'embrassa mais je la poussai pour l'allonger sous moi. Ses yeux brillaient dans la pénombre. Je me sentais confus, comme si mon corps agissait de lui-même. J'ignorai s'il répondait aux questions posées par les doigts ardents de la Lyrienne ou si c'était en réaction à un désir plus profond et insidieux. Je mettais enfin une sensation sur les mots employés par Laysa pour tenter de m'expliquer la soif de sang et j'étais heureux que Suna soit la première à l'éveiller. Elle m'attira à elle pour lier à nouveau mes lèvres mais j'y coupai court rapidement, faisant parcourir à ma bouche un chemin jusqu'à son cou. Je la sentais frissonner sous moi. Je ne m'apprêtais pas à faire ce à quoi elle s'attendait et j'espérais qu'elle aimerait cette surprise comme j'avais aimé céder sous la morsure de Laysa. Son corps se souleva contre moi et je ne maîtrisais soudain plus rien. Un voile rouge se superposait à mes rétines. Dominé par la soif, je m'abandonnais à ce désir et le cri qu'elle poussa tomba dans mes oreilles, ne faisant qu'alimenter le brasier de ma folie.
Peu après, j'ignore combien de temps, une main ferme m'arracha à mon étreinte. Je cherchais à me débattre mais elle était plus forte que moi. Je fus jeté à bas du lit et je grondais comme un animal. « Qu'est-ce que tu as fait sombre imbécile ! » Des filaments épais gouttaient de mes lèvres et je regardais Laysa sans comprendre, uniquement habité par la fureur qu'elle m'ait arrêté. Mon regard tomba sur la silhouette immobile sur le lit. Les draps autour de la tête de Suna s'étaient imbibés de sang et une odeur poisseuse saturait l'air, alléchante. Je me mis à gémir, j'en voulais plus, encore. « Tais-toi ! Regarde ce que tu as fait, elle est presque morte ! » J'entendais ses mots sans les comprendre. « Lève-toi, il faut qu'on parte. » Comme je n'étais pas décidé à m'éloigner, la Vampire dû user de la force pour me faire sortir de la maison et je fus forcé de l'écouter. J'avais envie de lui résister pour terminer ce que j'avais commencé mais je lui obéissais malgré tout. Il y avait quelque chose de frustrant, comme si je me scindais en deux entités, et celle qui était sous les ordres de Laysa était définitivement plus forte que l'autre. Elle m'emmena jusqu'à un cabanon abandonné à l'humidité et à la ruine. « Je vais aller chercher le médecin pour Suna. Toi tu restes ici, et tu ne bouges pas. Je reviens dans quelques instants, avant que le jour ne se lève. » Je protestai mais elle était déjà partie, l'expression de son visage indéchiffrable.

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Jeu 13 Jan 2022, 10:52

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Dorian était assis sur une caisse retournée quand Laysa revint. Un air misérable avait remplacé la faim avide qui déformait ses traits maintenant qu'il était revenu à la raison. Laysa retroussa les lèvres en une moue dégoûtée, il lui paraissait pathétique. Elle força son cœur à s'adoucir. Elle devait se montrer tolérante, les débuts étaient difficiles et il n'était actuellement pas en mesure de lui montrer l'étendue de son potentiel.
« Alors, elle est... ? » Il ne put terminer sa question, l'angoisse obstruant sa gorge. Son regard hanté par le remord accrocha celui, indifférent, de la brune. « Non. Mais elle reste inconsciente. Ton professeur Morazi était encore à son chevet lorsque je suis partie. » Il exhala un soupir de soulagement et fourra son visage dans ses mains. Ses épaules tremblaient. Son monde entier basculait sur ses bases et la Sëhnvors allait tout remodeler comme elle l'entendait pour faire de lui l'Enfant prodige qui lui vaudrait l'admiration de ses congénères.
L'ancien Lyrienn releva la tête, l'interrogeant sans chercher à dissimuler la pointe d'accusation dans sa voix. « Où étais-tu passée ? Pourquoi j'étais seul à mon réveil ? N'étais-tu pas censée t'occuper de moi après m'avoir transformé ? » Le mensonge lui vint aisément, elle avait prévu ces questions. « C'est toi qui est parti de ton propre chef. Je me suis détournée pendant quelques minutes et tu n'étais plus là quand je suis revenue. Quand j'ai compris où tu étais... Tu connais la suite. » Conclut-elle d'un ton froid. Elle était déterminée à ne pas le laisser savoir que c'était elle qui l'avait déplacé chez lui, jamais. « Pourquoi tu ne m'as pas prévenu que je risquais de la tuer ? » Une colère sourde montait de lui, il cherchait à ce que quelqu'un d'autre porte le blâme et Laysa n'avait pas l'intention d'être cette personne. « Je te l'ai dit. Tu n'as pas écouté. Considère ça comme ta première leçon. » Il parut blessé. « Comment peux-tu... » Elle le coupa. « Tu n'es pas un enfant, Dorian. Je n'ai pas l'intention non plus d'être ta maman. Prends tes responsabilités. Je t'ai parlé de la soif de sang, de la nécessité pour les Vampires de lutter contre cela. Tu t'es comporté comme une bête dénuée d'intelligence. » « ... » Elle poursuivit, impitoyable. « Tu n'en as fait qu'à ta tête, oubliant mes mises en garde et tu t'es vautré sur la première personne venue sans même chercher à résister. Alors ne t'en prends pas à moi pour ce que tu as fait. Si tu étais resté près de moi, rien de tout cela ne serait arrivé. » Un silence épais retomba entre eux. Mortifié, Dorian fuyait son regard. Ses mots tranchants avaient brisé la dernière protection qu'il avait cherché à se construire. Il se dégoûtait. Le monde se teintait d'amertume et de déception. Il ne s'était pas préparé à une telle réprimande de la part de la Vampire. Poussant un soupir, Laysa s'agenouilla près de lui et prit ses mains entre les siennes, glacées des dernières heures passées à l'attendre. La voix rauque, il serra les doigts de sa Créatrice pour se donner la force de refouler ses larmes. « Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne pourrais plus rester aux côtés de Suna ? Ni de personne ? » « Ne dis pas n'importe quoi. Avec de la volonté, tu pourras côtoyer n'importe qui. Mais au début, il vaudra mieux que je reste toujours avec toi afin de pouvoir t'empêcher de reproduire ce que tu viens de faire. Et pour le moment, mieux vaux laisser Suna se remettre. » Mais la Lyrienne ne s'en remettrait pas. Son inconscience était préoccupante et le médecin n'avait pas les connaissances nécessaires pour la soigner. « Je regrette. Je croyais que ce serait comme avec toi. Je voulais la faire rentrer dans notre monde, qu'elle comprenne enfin pourquoi j'avais changé. Il n'y aurait plus eu de malentendu entre nous. J'ai tout gâché. » « Attendons de voir. Je repasserai voir le médecin ce soir. Il vaut mieux que tu restes caché ici. La rumeur de Suna retrouvée baignant dans son sang a déjà fait le tour du village et les soupçons se portent naturellement sur toi et que tu sois introuvable n'arrange rien. Si tu sors, tu es mort. » Et je n'ai pas fait tout ça pour qu'une foule en colère te tue, ajouta-t-elle intérieurement. « Dors en attendant, c'est tout ce que tu peux faire. Je veille sur toi. Toujours. »
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Dorian s'était muré dans un silence qui durait depuis plusieurs jours et que Laysa respectait. Son visage, devenu aussi crayeux que celui de sa Créatrice, était figé dans un masque inexpressif et la lueur carmine de ses prunelles s'était éteinte. Ses joues s'étaient creusées. Il donnait à Laysa l'impression de regarder un crâne mort. À l'annonce de la mort de sa femme, il n'avait d'abord pas réagi. Il ne l'avait pas crue, rejetant la nouvelle de toutes ses forces. Puis lorsque la douleur l'avait heurté, elle l'avait maintenu contre elle durant plusieurs heures pour le consoler, lui murmurant des mots d'apaisement et caressant sa tête. Etouffé par la culpabilité, sa haine contre lui-même s'était métamorphosée en morne apathie. Il ne s'animait que lorsque Laysa le nourrissait, lui fournissant des carcasses d'animaux morts et lui promettant un meilleur régime lorsqu'ils arriveraient chez elle. Il l'écoutait à peine, buvant le sang des cadavres uniquement car son corps l'exigeait. Son esprit était ailleurs, atrophié par la culpabilité. À la mention de quitter l'archipel pour rejoindre la ville d'où Laysa venait, il n'avait ni refusé, ni acquiescé. Peu lui importait. Plus rien ne le retenait ici, et rien ne l'attirait ailleurs. Il était une enveloppe vide que seule la souffrance et la soif de sang emplissait. Aux yeux de Laysa, il était une loque mais elle estimait que c'était un mal nécessaire. La plupart des Rahzdens étaient dépressifs. Cela passait avec le temps, ils s'habituaient à la douleur, apprenaient à piloter leurs nouvelle vie et se trouvaient un nouvel objectif. Elle tiendrait les rênes le temps qu'il se remette d'aplomb, il était sa responsabilité à présent. Elle avait menti plus tôt. Elle serait sa mère, sa compagne, son amie, elle serait tout ce qu'il voudrait qu'elle soit. N'était-ce pas ce qu'il voulait ? Demeurer ensemble à jamais, dans ce monde en noir et rouge.

Message XII | 1123 mots



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