Intrigue : Hanako partage des légendes de son peuple avec Llorva, une jeune Ygdraë qu'elle doit garder pendant que ses parents sont en voyage.

« Hana, tu me racontes une histoire ? » L'Orine termina de remonter le drap sous le menton de l'enfant pour la border correctement, un sourire apaisé se dessinant sur ses lèvres. Depuis plusieurs semaines déjà, la fillette lui demandait régulièrement des histoires avant de s'endormir. C'était devenu, en quelque sorte, leur rituel à toutes les deux. La blonde appréciait de pouvoir tisser un lien avec la petite Elfe, qui écoutait attentivement ses paroles malgré son piètre talent d'oratrice - il n'était pas compliqué de contenter l'âme innocente et curieuse de la brunette. Et puis, il s'agissait là d'un moyen de se reconnecter avec ses racines : les contes récités étaient bien souvent issus des légendes que la blonde avait elle-même réclamé à sa mère lorsqu'elle allait se coucher et qu'elle essayait de grappiller quelques minutes supplémentaires avant de devoir se laisser aller au monde des songes. Peut-être qu'écouter ses paroles permettait également à Llorva de faire des rêves emplis de Beauté et d'une ambiance paisible et sereine qu'aucun cauchemar ne saurait venir déranger. Comme si les Aether, ravi d'avoir été honoré par l'attention de l'enfant, la bénissait d'une nuit tranquille.

« Bien. » fit Hanako en s'asseyant confortablement auprès de la petite silhouette de l'enfant. Tendrement, elle plaça une mèche de cheveux derrière l'oreille de la fillette puis lui caressa la joue du dos du doigt. « Quelle légende veux-tu que je te raconte, aujourd'hui ? » « Mmh, raconte moi une histoire d'amour ! » répondit la plus petite. « Une histoire d'amour, d'accord... » commença à chercher la blonde. Le folklore de son peuple était riche et les histoire d'Amour et de Haine se côtoyaient. Bien sûr, la combattante essayait au mieux de narrer son histoire pour que le discours convienne à l'âge de la plus jeune - elle doutait que son Aisuru voit d'un bon oeil qu'elle lui raconte les horreurs commises par Geomi et les monstres qu'elle avait engendré avec Hakai. De façon générale, elle évitait de lui parler de cet Aether qui, selon elle, ne parvenait qu'à créer de mauvaises choses. Elle ne voulait pas risquer d'attirer l'attention d'une déité pareille sur la fillette aux longues oreilles. Dans ce cas là, le sublime laisserait place à la terreur et ses nuits se transformeraient en source d'angoisse. Ce n'était pas le but d'une histoire de bonne nuit.

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« Regarde ! » s'exclama la fillette en brandissant fièrement le morceau de papier qu'elle avait manipulé durant plusieurs minutes. « Il est bon mon Norigami ? » demanda la plus jeune, recherchant l'approbation de la Sorei. Cette dernière quitta des yeux son propre pliage pour se retourner vers son apprentie. « Ouah, il est très joli ! » félicita la blonde. Elle lui avait montré comment réaliser une cocotte en papier. Un pliage simple et peu traditionnel pour son peuple. En réalité, elle l'avait vu pour la première fois chez les magiciens, lors de son voyage initiatique, avant de venir trouver Ezechyel. Les mages avaient trouvé une utilisation tout à fait fascinante de ces morceaux de papiers. Ils étaient bien différents de ceux qu'en faisaient les filles de Maëlith mais la jeune Orine n'en avait pas moins été charmée. Bien au contraire - elle s'était prêtée au jeu avec joie : une bouffée d'air frai au milieu de l'atmosphère pesante qui l'avait troublé à cette période. « Maintenant, il faut écrire une action ou une question à l'intérieur de chaque feuille, d'accord ? » « D'accord ! » dit la plus petite, donnant l'objet à sa camarade pour qu'elle puisse y inscrire les phrases qu'elle allait lui dicter. Il s'agissait de petites tâches enfantines - cueillir une fleur pour lui offrir, trouver un joli cailloux, savoir quelle était sa couleur préférée ou si on avait un amoureux. Hanako esquissa un sourire. Elle trouvait la fillette adorable et appréciait passer du temps en sa présence - cela semblait lui fournir à elle aussi une certaine sérénité. « Et le dernier ? » demanda la scribe en plongeant sa plume dans l'encre verte émeraude qu'elle utilisait pour écrire les défis. « Mmh... Qu'on me prépare un goûter ! » fit la jeune Llorva. « Oh, quelle bonne idée ! D'ailleurs, ça va être l'heure de notre goûter à nous aussi. » réalisa la nourrice. « Est ce que ça te dirait de goûter à des Mochis ? » « C'est quoi les Mochis ? » « Ce sont des pâtisseries qui viennent de là d'où je suis née. » expliqua la blonde. « Et tu sais quoi ? » murmura l'adolescente, se penchant en avant, comme pour révéler un secret. « Les Mochi, ce sont les offrandes préférées de Cha ! » murmura-t-elle. « Oh trop chouette ! Alors ce seront mes préférées aussi ! » Depuis que l'Orine avait fait essayé des kimonos à la petite, cette dernière semblait chérir tout particulièrement l'Aether. C'était pour cela qu'elle s'était appliquée pour apprendre un Origami en voyant Hanako plier son propre papier en forme de lapin. La figure étant trop complexe, la blonde avait décidé de lui enseigner le pliage des mages, plus simple pour une enfant.

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« Et toi, c'est qui ton Aether favori dans toutes tes histoires que tu me racontes ? » demanda la fillette de façon soudaine, coupant court à leur discussion. Parfois, Hanako aurait aimé pouvoir deviner ce qu'il se passait dans la tête de la gamine : ses pensées semblaient capable d'aller à la vitesse de l'éclaire, donnant parfois lieu à des situations amusantes comme celle-ci, où leur conversation avait l'air décousue. « Mmh, c'est compliqué de n'en choisir qu'un seul. » Les Orines étaient attachées à toutes les figures de leur panthéon. Certaines étaient plus craintes que d'autre - à raison, selon la blonde - mais tous trouvaient grâce aux yeux du peuple pieu. Tous étaient vénérés et respectés. « Mmh... » fit la Sorei en réfléchissant à la question. « Je pense que mon préféré reste Subarashi. » « Ah bon, pourquoi ? » voulu savoir la brunette, qui ne partageait pas son avis. Peut-être était-ce normale.  La conteuse n'avait que peu parlé de cette déité. Elle n'en était pas encore arrivé à là, non pas que les histoires nécessitent forcément de suivre un ordre précis et ordonné. Il fallait cependant posséder quelques clés pour comprendre toutes les subtilités des histoires du peuple de Maëlith.

« Eh bien, je pense que c'est grâce à lui que le Monde reste un peu plus beau. »  répondit finalement la blonde tout en prenant l'enfant pour la poser sur ses genoux. « Mmh... » fit la fillette, semblant réfléchir à la réponse apportée à sa réponse. « Pourquoi c'est grâce à lui ? » « Eh bien déjà, c'est lui qui a créé les étoiles. » expliqua patiemment l'Orine. « Ouah, c'est vrai ? » « Oui. Lorsqu'il est né, son père. Sozo, lui a offert ses plus belles pierres précieuses. Subarashi a trouvé ce présent tellement beau qu'il a décidé d'en faire profiter tous les hommes et les femmes de la terre. Alors, pour que chacun puisse les admirer de n'importe où il décida de les déverser dans le ciel. Et c'est ainsi que le ciel fut tacheté de Pierres précieuses scintillantes chaque nuit. » expliqua la Sorei. « Ouah, tu as raison, c'est vrai que c'est beau les étoiles. » concéda la fillette. « C'est parce que ce sont des pierres précieuses ! » réalisa-t-elle, comme si l'explication semblait soudainement couler de source. « Mais moi mon Papa, c'est le meilleur des Papas, même que ! Moi, quand je suis née, je suis sûre qu'il m'a donné un trop joli cadeau aussi !  »

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