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 [Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 25 Avr 2021, 17:15



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam


Intrigue : Adam et Laëth se rencontrent à Lumnaar’Yuvon et s’y lient.

RP précédent : Les Portes.


Priam était toujours à Keizaal. Bien qu’elle lui eût dit qu’elle aimerait le voir, il n’avait pas pu se libérer. De son côté, elle avait discuté avec les employés de la marbrerie d’Hena, et décidé de contacter ses anciens collaborateurs, dont la plupart était des Anges ou des Humains. Il lui faudrait sans doute se rendre à Utopia pour les y rencontrer ; elle appréhendait. En jurant à Kaahl qu’elle ne prendrait pas de Protégé, c’était un monde auquel elle avait le sentiment d’avoir renoncé. Depuis, elle avait fait son possible pour éviter la compagnie des Enfants de Sympan, comme si leur simple présence pouvait la compromettre. Pourtant, la marbrerie ne l’avait-elle pas remise sur ce chemin-ci ? Les Dieux ne la poussaient-ils pas vers ce peuple dont elle voulait se tenir éloignée ? Sans doute souhaitaient-ils lui prouver la vacuité de sa crainte ? Elle la connaissait. Elle ne parvenait simplement pas à l’intégrer. L’appréhension la hantait : et si, sans faire exprès, elle tissait un Lien ? Et si, naïve, elle tombait dans l’un des pièges du Destin ? La paranoïa la guettait comme un chat tapi devant un trou de souris.

Appuyé sur sa faux, la jeune femme essuya la sueur qui perlait à son front d’un revers de main. Le soleil de Lumnaar’Yuvon tannait sa peau et éclaircissait ses cheveux. Elle y était revenue juste après son retour des Portes, dans la journée. Elle avait tenu à s’assurer du bien-être de Sól et Dastan. Elle se rappelait parfaitement du regard du jeune garçon, lorsqu’il l’avait vue devant le pas de sa porte.



Ni très haut, ni très charismatique, il la toisait néanmoins avec toute sa franchise d’enfant – et c’était peut-être de là que venait toute la force de ses iris bruns, de cette innocence brute. « Je voulais juste m’assurer que tu allais bien. » dit-elle doucement. Leurs rapports demeuraient compliqués. Ils étaient deux étrangers. La famille et l’éducation les liaient, et pourtant, l’Ange avait l’impression qu’un univers les séparait. « Ouais, ça va. » - « D’accord. » Ses yeux sondaient le vert des siens, comme s’il cherchait une réponse à une question qu’il n’osait formuler. Puis, il inspira profondément, et lâcha : « Pourquoi tu utilises pas ton vrai prénom ? » Laëth cligna des yeux. « Q-quoi ? » En articulant, il répéta : « Pourquoi tu utilises pas ton vrai prénom ? » Elle le scruta. « Je m’appelle Laëth. » - « Non, tu t’appelles Freyja. » Un long frisson courut dans le dos de la brune. Ses poings se serrèrent. Ces deux syllabes éveillaient en elle un tourbillon émotionnel. Depuis des années, elle essayait de le refouler. « C’est débile. C’est ton prénom. C’est comme si t’aimais pas tes yeux et que tu décidais d’en changer. Ça fait partie de toi. » Elle plissa les paupières et ouvrit la bouche, prête à répliquer. Néanmoins, aucun son n’en sortit. Elle se redressa et inspira. « Ça n’a rien à voir. » finit-elle par souffler. « Et si je voulais changer d’yeux, je le ferai aussi. Il suffit d’un peu de magie et le tour est joué. » Le rouquin arqua un sourcil. « Des fois, j’ai l’impression que les adultes, c’est pire que les enfants. » Elle lui lança un regard noir. « Gnagnagna, je sais, je comprendrai quand je serai grand. » Il tira la langue en levant les yeux au ciel. « Je ne te demande pas de comprendre. Tu t’appelles Dastan. Ça m’a tout l’air d’un nom particulièrement facile à porter. » Un sourire goguenard – et pas peu fier – éclaira les traits du gamin, avant qu’il ne reprît un air plus sérieux. « Bah Freyja, ça sonne bien. Si t’aimes pas ce que ça veut dire, t’as qu’à changer son sens. » Elle fronça les sourcils. « Ce n’est pas si simple. » À son tour, il fronça les sourcils, vexé qu’elle ne fît pas l’effort de le comprendre et de prendre en compte sa grande mansuétude – après tout, il ne cherchait qu’à l’aider. « C’est toi qu’as une tête trop compliquée ! C’est facile, t’as juste à faire en sorte que quand on dit ton nom, les gens pensent plus à toi qu’à ce que ça veut dire ! Moi, plus tard, quand les gens diront « Dastan », ils penseront immédiatement à moi ! » Et sur cette envolée d’orgueil, il lui claqua la porte au nez, la laissant là, estomaquée et fulminante. « Bonne nuit, Freyja ! » hurla-t-il depuis l’autre côté du mur.



Depuis, il n’était pas rare qu’il l’appelât Freyja. Elle ignorait, dans les premiers temps, ce qui l’avait retenue de l’étrangler. Sa nature angélique tant honnie des siens, sans doute. Puis, elle avait réfléchi. Ce qu’il avait dit n’était pas dénué de tout sens. Son prénom faisait partie d’elle, et le renier, c’était renier une partie d’elle-même. C’était refuser cette réalité : ses parents ne l’avaient jamais désirée. Sa mère aurait préféré ne jamais tomber enceinte et ne jamais accoucher d’un bébé vivant – ou, du moins, elle avait oscillé entre de violentes pulsions de mort et un désir de vie hésitant. Elle pouvait changer de prénom ; elle ne pouvait pas changer les faits. Elle pouvait ne pas affronter ses émotions ; elle ne pouvait pas les supprimer. Elles étaient là, en attente du jour où elle serait prête à leur faire face. Elle ne l’était pas.

« Eh ! Freyja ! » Elle releva la tête. Dastan s’approchait en trottinant. Il s’arrêta près d’elle, essoufflée. « Astod parlait avec un étranger, et ils parlaient de se battre, et ils cherchaient quelqu’un pour apprendre à se battre, alors moi j’ai dit que je connaissais une guerrière qui pouvait les aider – parce que les Anges c’est fait pour aider, hein ? – et du coup je leur ai proposé de venir chez toi et ils ont dit oui, donc je leur ai donné ton adresse, alors ils vont arriver bientôt, enfin juste l’étranger, je crois – je sais plus son nom –, et puis faudra que tu lui apprennes à se battre. Tu voudras bien, hein ? Je me suis dit que tu serais contente d’être avec quelqu’un comme toi, et puis de toute façon, je pense pas que les autres seraient d’accord pour lui apprendre ça, ou alors ils le tueraient sans faire exprès, parce que c’est vachement fragile, ces trucs-là ! Une pichenette et pouf, vous êtes cassés en mille morceaux ! » Malgré l’asphyxie provoquée par sa course et sa tirade sans pause, il trouva le moyen de rire. L’Aile d’Acier le fixait, les yeux ronds et les sourcils haussés. Bien qu’il fût peu clair, elle avait a priori réussi à saisir les points principaux de son discours. « Tu mériterais que je t’en colle, des pichenettes, toi. » - « Oh, j’suis solide ! » - « Hein hein. » Il sourit de toutes ses dents. « Tu t’occuperas du champ pendant que je combats, alors. Il faudra aussi nourrir et mettre de l’eau au bicorne et au cerfeuil, s’il te plaît. » - « Oh mais n- » - « Je ne veux rien entendre ! » fit-elle en faisant semblant de se boucher les oreilles. « Tu me demandes un service, voici le tarif ! » Malheureusement pour lui, elle n’avait pas oublié les codes de Lumnaar’Yuvon. L’entraide était chère au cœur des Manichéens.



Message I – 1234 mots




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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Dim 25 Avr 2021, 21:18



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


Je m’étais à moitié enfui de la chambre. Mon collègue était collant. Ses envies de sexe me répugnaient, autant que cette foutue Bague que je n’arrivais toujours pas à retirer à mon bon vouloir.

Depuis le matin, j’étais irritable. La veille, après l’amour, j’avais décidé d’essayer de dompter l’objet. À peine mis, l’anneau m’avait fait tomber inconscient sans sommation. Les caresses de l’agent diplomatique au réveil m’avaient fait l’effet d’une douche froide. Le dégoût avait marqué mon visage d’une façon pleine et entière, si bien qu’il s’était arrêté directement.

« C’est bien ce que je pensais. »

Il n’avait pas pu ignorer la transformation, même si l’alcool coulait encore dans ses veines. Les murges à Lumnaar’Yuvon étaient dignes d’un Déchu de la Gourmandise croisé avec un Déchu d’Envie et d’Avarice. Les Réprouvés, n’aimant pas spécialement les étrangers, n’avaient pas hésité à relancer Sämiel, le traitant de mauviette à chaque fois qu’il refusait l’offre. Il avait quand même réussi à me baiser en rentrant, ce qui, chez un Déchu de la Luxure, était loin d’être un haut-fait. Coucher était une seconde nature. Ça se faisait ivre et même en dormant. Ça m’était déjà arrivé de me réveiller en ressentant une situation de confort, chaude, et de constater qu’une femme était à califourchon sur moi. Ça ne me dérangeait pas. Sauf quand j’étais Humain.

Le matin, ça avait été une autre histoire. J’avais fait un rêve érotique qui n’avait rien à voir avec mes pulsions déchues. C’était autre chose et je préférais ne pas y penser. Ça tombait bien : Humain, je réfléchissais normalement et ce qui me passait par la tête avait plutôt un rapport avec mes objectifs et leur avancée.

Après avoir quitté Sämiel, de mauvaise humeur, je m’engageai dehors. Les Réprouvés ne me connaissaient pas cette apparence mais il suffisait que je clame mon nom pour qu’ils se radoucissent. C’était pratique.

« Toi là ! »

J’avais été direct, parce que c’est ce qu’ils aimaient. Même si j’étais là pour la diplomatie, je comptais bien profiter de ma présence sur les lieux pour apprendre deux ou trois choses. Les Bipolaires savaient se battre, là où j’étais une brêle. Je ne connaissais que des prises de défense, que j’employais sans ménagement sur Kaahl lorsqu’il mettait la Bague des Déchus à son doigt et qu’il me fonçait dessus sans penser à rien, guidé par ses pulsions colériques.

Après quelques phrases échangées et le départ du gamin roux qui me disait vaguement quelque chose (je ne retenais pas souvent l’identité des individus qu’il m’était impossible de séduire ou que je trouvais agaçants. C’était le cas de tous les enfants.), j’obtins enfin ce que je cherchais : une guerrière capable de m’apprendre les rudiments du combat.

J’enlevai mon haut et le laissai sur une clôture, avant de me diriger vers l’endroit indiqué. Je pris le fil de cuir qui était jusqu’ici accroché autour de mon poignet et tentai de nouer mes cheveux avec, en une sorte de chignon approximatif.

Lorsque j’arrivai à destination, mon expression changea totalement. Que faisait-elle là ?

« C’est une blague ? » demandai-je.

Le gamin avait dit Freyja. Pas Laëth. S’il avait dit Laëth, j’aurais cherché quelqu’un d’autre. Je ne voulais pas voir cette harpie, d’autant plus après avoir rêvé de ses lèvres autour de moi, sa tête guidée par une main qui ne m'appartenait pas.

« Tu le fais exprès, de toujours te mettre en travers de mon chemin ? Si tu veux me voir, tu peux simplement me le demander, pas la peine de faire des mises en scène. »

Je la taquinais à moitié, mi-énervé mi-surpris.

En Déchu, je trouvais ça sympa parfois. Je la voyais de temps en temps, je pouvais m’amuser à ses dépends et elle me le rendait bien. Le seul problème à l’horizon était le Noir Vautour Chaotique qui planait au-dessus de ma tête. Pourtant, au-delà de mon amour de la liberté, je ne pouvais pas m’empêcher de détester Laëth. Je ne savais pas si je la jalousais mais il y avait quelque chose de pas clair. En tout cas, j’avais envie de l’entendre jouir et c’était une constante, peu importe mon inimitié. En fait, c’était flou. Je ne l’aimais pas vraiment mais j’aimais me jouer d’elle et je voulais la baiser.

En Humain, elle créait un malaise plus profond en moi. Je me sentais bien avec elle la moitié du temps mais elle m’était toujours insupportable l’autre moitié. Je n’avais plus envie de coucher avec mais nous pouvions quand même nous entendre. Je n’en étais pas sûr, en fait. Boraür ne pouvait pas vraiment compter dans l’équation. En conclusion : je ne savais pas quoi penser de tout ça.

« Depuis quand tu t’appelles Freyja ? T’as décidé de fuir les Anges et de changer d’identité pour qu’ils ne te retrouvent jamais ? »

Je souris.

« C’est drôle parce que j’ai rêvé de toi cette nuit. »

809 mots


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Priam et Laëth
Mer 28 Avr 2021, 22:50



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



L’entraide était chère au cœur des Manichéens. Ceci dit, comme son nom l’indiquait, elle ne s’effectuait qu’en entre-soi. L’aide à l’égard des autres ne bénéficiait pas du même statut. Au contraire, apporter son soutien à un étranger n’avait souvent rien de glorieux. Tous les Réprouvés de Lumnaar’Yuvon étaient éduqués dans le dégoût et le mépris d’autrui, en réponse à ce qu’ils subissaient de leur part depuis des siècles. Toutefois, les récents événements les contraignaient à s’ouvrir au monde. Les Zaahin avaient parlé. Certains individus d’autres peuples étaient des Élus. Pour le moment, peu avaient osé se rendre au creux des collines dorées. Ce n’était pas le cas de celui qui se tenait devant elle – évidemment. Les dents serrées, elle le dévisageait avec un mélange de surprise et d’agacement. C’était un peu comme se réveiller le matin parce qu’une goutte nous tombe sur le nez, et découvrir que la pluie s’est infiltrée par le toit pendant la nuit. Très peu plaisant, donc. « J’aimerais bien. » rétorqua-t-elle. Il lui avait fallu à peine une seconde pour le reconnaître. Peu importait sa forme : tous ses visages la marquaient comme un coup d’épée. S’il arborait un nouveau masque, son attitude le trahissait toujours.

Dastan leva les yeux vers l’Ange, puis tourna la tête vers l’homme. Maintenant qu’il les voyait ensemble, il se pouvait bien que… Il plissa les paupières. Oui, ils se connaissaient. Ils n’avaient pas l’air de s’apprécier. Comme deux chats ennemis, ils se jaugeaient. Un mot de trop aurait sans doute suffi pour qu’ils sortissent griffes et crocs. Oups. Le gamin se gratta l’arrière du crâne, sans savoir s’il était embêté ou franchement amusé. Il aimait bien jouer aux dépens des autres.

Freyja laissa échapper un souffle sec, les pupilles dirigées vers le ciel. « Ça te va bien de dire ça, tiens. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas moi qui suis chez toi. » affirma-t-elle d’un ton péremptoire, en indiquant, d’un geste du pouce, la maison derrière elle. C’était une vieille ferme, qui n’avait pas été habitée depuis des lustres. Enfants, Priam et elle s’y faufilaient. Ils couraient entre ses murs suintants de poussière et son mobilier bancal, à la recherche d’un frisson d’excitation. Le bois ancien craquait et ronflait et le vent mugissait parfois lors de sa course à travers les fenêtres brisées, si bien qu’ils avaient plusieurs fois pris peur, surtout le soir. Lorsqu’ils étaient revenus à Lumnaar’Yuvon, ils avaient entrepris de la rénover. Les travaux n’étaient pas terminés, mais ils avaient suffisamment assaini et aménagé les lieux pour que l’on pût y vivre. Le regard de l’Immaculée demeurait figé sur l’Humain – elle sentait qu’il n’était pas Déchu. Pourquoi fallait-il qu’il vînt troubler la quiétude de son environnement ? Depuis quand s’intéressait-il au combat, d’ailleurs ?

Laëth fronça le nez. « Mêle-toi de tes affaires. Est-ce que j- » La seconde phrase d’Adam fit mourir la sienne dans sa gorge. Ses paupières battirent l’air tels mille papillons affolés par une bourrasque de vent. Ses joues rougirent. Des dizaines de souvenirs affluaient dans sa tête – des souvenirs qui n’en étaient pas. Des réminiscences de rêves qu’elle aurait souhaité oublier, et dont les plus récentes la peignaient lovée dans son étreinte aimante. Cet homme l’insupportait. Ses comportements la mettaient hors d’elle – il le savait et il en jouait, elle l’avait bien compris. En fait, le simple fait qu’il fût un Déchu la répugnait. Pourtant, les songes la guidaient dans ses bras, d’une façon ou d’une autre. Souvent, c’était purement sexuel. D’autres fois, son cœur s’incrustait de nobles sentiments. Elle haïssait ces rêves. Les réveils la plongeaient immanquablement dans des états internes abominables, entre l’écœurement, la culpabilité et la honte. Ils amenaient des questions qu’elle ne voulait pas entendre. Après quelques maigres secondes de battement, elle se ressaisit. « Tu passes décidément beaucoup de temps à penser à moi. » - « Tu crois qu’il est amoureux de toi ? » Dastan s’était avancé, tout heureux à l’idée de pouvoir semer la discorde. Un large sourire moqueur étirait ses lèvres. « T’es amoureux de Freyja ? » demanda-t-il à Adam. Sa grande sœur lui lança un regard noir qui lui fit rentrer sa tête dans ses épaules, mais ne parvint pas tout à fait à supprimer sa jubilation. « Va t’occuper des animaux, s’il te plaît. » Bien que l’envie de continuer à les taquiner ne lui manquât pas, il ne discuta pas. Un jour, il serait plus fort que son aînée, et ce jour-là, il prendrait un malin plaisir à l’asticoter.

Une fois qu’il eût disparu dans l’étable, la jeune femme se tourna vers l’homme. « Dastan est mon petit frère. » se sentit-elle obligée de préciser. Elle le détailla, les yeux plissés. « Qu’est-ce que tu fais ici ? À Lumnaar’Yuvon, je veux dire. Et depuis quand tu veux apprendre à te battre ? » L’Ange effectua quelques pas de côté, sans le quitter des yeux. « Tu as décidé de fuir les Déchus et de devenir un guerrier émérite, prêt à défendre la veuve et l’orphelin ? » Un sourire aussi moqueur que son imitation ourla ses lèvres. « Tu veux peut-être même te repentir ? C’est pour ça, la bague humaine ? »



Message II – 868 mots




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Adam Pendragon
Sam 01 Mai 2021, 21:14



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


La maison avait l’air confortable. Pas totalement finie mais confortable. Au moins, Kaahl ne viendrait pas la lui détruire, pensai-je avec un amusement certain. Sur le moment, ça ne m’avait pas fait plaisir. Laisser un homme se promener dans la nature avec des artefacts qu’il ne maîtrisait pas était une grosse erreur tactique. En Humain, je m’en rendais compte. En Déchu, je m’en foutais. Je trouvais même ça amusant. Un peu de drame avait le mérite de faire bouger les choses.

Je m’avançai et pris une fourche. J’appuyai mes mains dessus, en fixant de nouveau l’Ange. Je ne savais pas ce qu’elle foutait là mais évoquer des rêves en sa présence produisait toujours le même effet. Elle perdait immanquablement ses moyens. C’était quoi son problème à la fin ? Elle devait être au courant de ce qu’était une queue, non ? Elle avait grandi parmi des Réprouvés. La mienne ou celle d’un autre, quelle différence ? Ce truc pas clair entre nous commençait à me courir sur les nerfs.

« Ouais. Je suis bien obligé. T’es partout. »

Je baissai les yeux vers le gamin.

« Tss. Bah tiens. »

Ce qu’il ne fallait pas entendre. Au moins, nous étions tous les deux d’accord sur la bêtise qui sortait des lèvres juvéniles. Je ne pouvais pourtant pas dire à ce morveux que j’avais juste envie de prendre « Freyja » dans l’étable. Ça le ferait peut-être taire mais j’avais quand même relativement le sens des convenances. J’avais été professeur longtemps. En plus, je n’en avais actuellement pas envie. Ça aurait été mentir.

Je soupirai en regardant le mioche déguerpir.

« Ça ne m’étonne pas vraiment qu’il soit ton frère. Même caractère. »

Je laissai le sourire qui me venait apparaître sur mes lèvres. Je n’arrivais pas à déterminer si j’étais mesquin, moqueur ou si je cherchais à la taquiner. Il y avait peut-être un mélange de tout ça.

« Pourquoi pas ? Je suis agent diplomatique, aussi saugrenu que ça puisse sonner à tes oreilles. »

Je cessai de parler en la regardant jouer au même jeu que moi précédemment. Un instant, je me demandai si je ne ferais pas mieux de rebrousser chemin et de la laisser seule à ses occupations. Je choisis de rester et fixai mes yeux dans les siens. Je m’approchai et me stoppai.

« Si tu savais ce dont j’avais envie, tu te remettrais à rougir comme tout à l’heure. Je vais donc éviter de te le préciser. Tu auras qu’à essayer de deviner. »

Je me remis à marcher mais, au lieu de lui rentrer dedans frontalement, je m’écartai pour admirer sa maison de plus près. Il valait mieux changer de sujet.

« J’ai commencé des pourparlers avec les Réprouvés quand je suis devenu Proeliant, sur la déchéance principalement et l’Agbara. Les Anges qui vivent ici peuvent souffrir de l’absence de déchéance, même s’ils sont considérés comme des Réprouvés. Le reste, je ne peux pas t’en parler. »

Je me retournai pour lui faire face de nouveau.

« T’es une Ange. Tu ne peux pas comprendre ce que ceux à qui on a interdit la déchéance peuvent ressentir. Votre peuple est vraiment un peuple de bâtards. Derrière vos belles valeurs vous ne faites que brider la liberté et torturer ceux qui s’écartent de votre soi-disant droit chemin. Vos extrémistes sont pires que des Démons. J’aurais honte, à ta place. »

J’étais dur. Je le sentais. Pour une fois que ce n’était pas entre les jambes. Ça ne m’empêcha pas de me rapprocher de nouveau. J’avais envie de la saisir par le col.

« C’est pour ça que je veux apprendre à me battre. Pour essayer de faire en sorte que des monstres comme vous ne parviennent jamais à contrôler les miens. Vous êtes des oiseaux pourvus d’ailes mais vous ne pouvez pas voler bien haut. Vous êtes enchaînés à un tas de conneries, tellement que je me demande même comment vous pouvez y croire. C’est pathétique. »

Je plissai les yeux.

« Je t’aurai baisée bien avant d’envisager la repentance. Mais toi, je me demande vraiment ce qui te retient à tes ailes blanches. »  

Je me tus, levai les yeux vers le paysage avant de revenir à elle.

« Et si je suis à Lumnaar’Yuvon c’est aussi parce que je suis un Kendov do Silus. »

J’étais décidemment beaucoup moins drôle en Humain. Avec elle et avec les autres. Entre l’absence de magie et l’absence d’éternité, ma position n’était pas agréable.

« Bref. Je ne sais pas pourquoi on s’oblige à parler à chaque fois qu’on se croise. Je te dégoûte et tu m’agaces. »

Seule la partie droite de mon visage se mit à sourire. Je ne comprenais vraiment pas ce que j’avais avec elle. Le fait d’avouer ne pas l’aimer m’amusait.

« Il est déjà venu ici ? Il sait que tu t’appelles Freyja ? »

808 mots


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Priam et Laëth
Lun 03 Mai 2021, 17:51



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La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



« On n’a pas de lien de sang. » rétorqua-t-elle, comme si cela pouvait justifier qu’ils ne se ressemblaient que par hasard. C’était faux. L’environnement et l’éducation forgeaient aussi le caractère. Et dans le fond, qu’est-ce qui assurait que les Kiir’Sahqon ne partageaient pas le sang de leurs parents ? Ils émergeaient de celui des Goled, qui leur conféraient la chair, la vie et le souffle, mais quid de celui qui coulait dans leurs veines ? Les divinités s’amusaient-elles à donner naissance à des enfants qui auraient pu advenir par voie naturelle ? Laëth se l’était déjà demandé. À sa connaissance, il n’existait aucune étude sur ce sujet. Pourtant, des traits de Dastan lui rappelaient ceux des membres de sa famille. Sa mère avait des cheveux cuivrés.

Un sourire sarcastique coula sur ses lèvres. « Off, j’imagine que « faites l’amour, pas la guerre » est un slogan comme un autre pour un diplomate. » Peu de temps auparavant, son frère lui avait rappelé qu’Adam exerçait la même profession que lui. Peut-être parleraient-ils ensemble, un jour ? Durant quelques instants, Priam l’avait espéré. Il s’était imaginé qu’ils pourraient trouver en cet homme un allié. Elle avait refusé de lui demander quoi que ce fût. Si, parfois, elle s’était dit que c’était idiot, désormais, elle se persuadait qu’elle avait eu raison. Comment travailler main dans la main avec un tel homme ? « Je n’ai pas rougi. » protesta-t-elle vivement, comme une enfant prise sur le fait. « Et je n’ai aucune envie d’essayer de deviner les pensées tordues qui te traversent l’esprit. » Elle croisa les bras et recroquevilla ses orteils dans ses chaussures, comme si elle tentait de s’ancrer dans la terre. Bien que la sensualité usuelle de sa magie n’auréolât pas Adam, son charisme était tel qu’elle ne pouvait le traiter avec insignifiance. Il restait magnétique. Il y avait peut-être de cela. Comme deux aimants, ils cheminaient entre l’attraction et la répulsion, sans jamais s’accorder la fusion.

Elle le suivit des yeux, jusqu’à se tourner pour pouvoir le garder en visuel. À ses mots, son cœur manqua un battement. Nourris par l’union de la Dovahkiin et du Dædelus, les liens entre les Déchus et les Réprouvés s’épanouissaient depuis de nombreuses décennies. Qu’ils discutassent dans le dos des Ailes Blanches, leurs antagonistes communs, n’avaient strictement rien d’étonnant. Qu’ils cherchassent ensemble des solutions au problème de la Déchéance, qui les concernaient désormais presque autant les uns que les autres, n’avait pas de quoi surprendre non plus. Qu’Adam se trouvât au milieu de tout cela, alors que Priam avait évoqué son nom après lui avoir révélé quelques secrets du gouvernement angélique… Le Destin semblait bâti sur des coïncidences. Freyja serra le poing.

Lorsqu’il se retourna, ses prunelles plongèrent dans les siennes. Ses propos la frappèrent en plein palpitant. T’es une Ange, tu peux pas comprendre. Combien de fois ces mots avaient-ils franchi les lèvres de ses interlocuteurs ? Combien de fois l’avait-on ramenée à sa nature pour lui signifier ô combien elle était différente, et pour lui faire comprendre que cette différence creusait entre elle et les autres un gouffre noirci d’incompréhension ? J’aurais honte, à ta place. Combien de fois lui avait-il fallu avoir honte d’elle, des siens, de ses choix, et parfois même de choses dont elle n’était pas responsable ? Et quel était le pouvoir de la honte, sinon celui de dévorer intérieurement ceux qu’elle encage ? En quoi altérait-elle la réalité ? Que faisait-elle pour changer ce qui devrait l’être ? Elle n’avait à la limite qu’un rôle de moteur, et elle était substituable. On peut trouver sa motivation ailleurs que dans la honte et la culpabilité. On peut la trouver dans l’espoir, la beauté, le renouveau, le courage, et tant d’autres idées qui ont toujours inspiré les cœurs.

Une petite mer bordait les yeux de la jeune femme. Elle se concentrait pour contenir les vagues. C’était aussi un deuxième électrochoc, la deuxième fois qu’on lui parlait des exactions commises par les Anges sur leur propre peuple et des mensonges qu’ils proféraient sans scrupules. Elle avait conscience que les deux personnes qui les avaient évoqués, que ce fût auprès de Priam ou d’elle, étaient biaisées. Néanmoins, elle apprenait à écouter les discours discordants, à prêter l’oreille aux incohérences, et à abattre les illusions. Pour l’idéaliste qu’elle était, c’était un périple pénible, mais essentiel. Pourtant, elle avait envie de frapper Adam. Elle avait envie de le coucher à même la terre battue et de le rouer de coups, pour obtenir son silence. Elle voulait le faire taire, parce que toutes ses critiques s’enfonçaient dans sa chair comme cent couteaux mal aiguisés.

Ses iris saturés de colère foudroyèrent l’Humain. Elle serra le poing. Elle le frapperait bien avant qu’il ne parvînt à la « baiser ». Pour toute réponse, elle souffla : « Je n’ai pas envie de te ressembler. » Il y avait bien plus. Des idéaux, des rêves, des espoirs qui lui permettaient de garder la tête haute ; et aussi des doutes, des peurs, des cauchemars qui lui interdisaient de la baisser. La brune s’écarta de lui et activa son Sanctuaire d’Ahena. Elle n’avait pas envie de lui ressembler. Les points communs qu’ils avaient étaient déjà de trop. Elle savait qu’il était un Kendov do Silus. Cependant, sorti de sa bouche, ces mots la renvoyaient à sa discussion avec Priam, aux engrenages du Destin et aux signes des Zaahin. Ces derniers temps, elle avait repensé à son statut d’Élue d’Hel’dra. Cela voulait-il vraiment dire quelque chose ? Fallait-il tendre la main à ses ennemis ? Nager à contre-courant des idées reçues ? Fédérer l’infédérable ?

« Moi non plus. » répondit-elle du bout des lèvres, la nuque légèrement inclinée vers le sol. Ses iris suivaient les sillons qu’elle venait de creuser dans la terre. Des forces les dépassaient. Quand ils croyaient avoir le choix, quelqu’un tirait une ficelle. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander de partir, il reprit la parole. C’était mécanique. Un pas en avant, un pas en arrière. L’Immaculée se tourna vers le Pécheur. Un long frisson courut dans son dos. Ses yeux verts le détaillèrent. Prête à rejeter en bloc ses questions, elle s’abstint. Une once de raison et de magie adoucit ses émotions. « Non, il n’est jamais venu. » Ses poings se décrispèrent. « Mes parents le tueraient, je crois. » Un sourire vague flotta sur sa bouche, le temps d’une seconde. « Et pour mon prénom, je ne lui ai jamais dit. Presque personne ne le connaît. » La soudaine intimité que cette question créait entre eux la gênait et l’apaisait à la fois. Elle marcha jusqu’à Adam. Une fois à ses côtés, elle le regarda du coin de l’œil. « Je ne l’utilise plus. Ou utilisais. Je ne sais pas. » Elle soupira. « Ne pas révéler cette vérité-là, est-ce que ça fait de moi un monstre qui se cache derrière de belles valeurs ? Une Démone ? » Un sourire amer lui échappa, et elle se détourna. Loin d’être pleine et entière, sa douceur couvait la haine que lui inspiraient ses propos.

Dos à l’étranger, l’Aile d’Acier raffermit sa prise sur sa faux. « Tu veux te défendre de mon peuple, et c’est sur moi que tu tombes pour apprendre à te battre. » Elle lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. « « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. » C’est ça ? » Un nouveau sourire reparut, tant moqueur que las. Grâce à son contrôle du métal, elle défit la faux de sa partie en métal, qui tomba dans un bruit étouffé par la terre meuble. « J’imagine que l’Espérance est permise même aux Déchus, mais n’espère pas trop me voir m’agenouiller devant toi. » Avec agilité, elle bondit vers lui et de son bâton, visa ses côtes. « Je ne suis pas qu’une Ange. » Elle renchérit en essayant de le frapper derrière les genoux, afin de le faire chuter.



Message III – 1325 mots
(sans les paroles rapportées d'Adam)

NB : La citation est de Sun Tzu.




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Mar 04 Mai 2021, 20:14



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


« Tiens donc. »

Je me demandais comment elle pouvait ne pas voir que son amourette n’avait aucun avenir. C’en était presque déconcertant de bêtise. Je n’étais pas très objectif mais si les Sorciers et les Réprouvés s’étaient appréciés, ça se serait su. À moins qu’elle ne soit encore dans cette phase toute dégoulinante de naïveté dans laquelle les mensonges ressemblent à des vérités et où l’esprit maquille les incohérences coûte que coûte ? Cette phase-là, je ne l’avais pas connue, aussi parce que, contrairement à madame immaculée, mes ailes à moi étaient déjà noircies du péché.

J’inspirai l’intérieur de mes joues en la fixant, un air de poisson sur le visage le temps pour moi de relâcher.

« Donc ton chéri n’est pas au courant de ce que moi je sais ? Vous vous faites beaucoup de cachoteries comme ça ? La confiance règne, dis-moi. »

Par vice, je manquai de lui demander si elle l’avait mis au courant pour les rêves. Je n’étais pas très fin mais il y avait des comportements bien trop visibles pour n’être que des coïncidences. À un moment, il n’y avait plus de doutes possibles. Je rêvais d’elle, elle rêvait de moi. Nous ne parlions pourtant pas assez pour que je sois certain de nos souvenirs communs. Dans tous les cas, c’était trop gros.

Sa remarque me fit ravaler la mienne. Je croisai les bras sur mon torse, en prenant garde de ne pas m’embrocher par-là même avec la fourche que je tenais.

« Bof. Ça se trouve il le sait déjà, comment tu t’appelles. »

Je haussai les épaules. Ce n’était pas impossible. Ce serait même complètement improbable qu’il ne sache pas. Il aurait été dompteur de fauves dans un cirque itinérant, j’aurais douté de sa connaissance, à raison. Mais on parlait quand même d’un maniaque doublé d’un espion couronné. J’étais certain qu’il savait parfaitement combien de fois je me rendais aux toilettes par jour alors les changements identitaires de l’autre emplumée ne devaient pas avoir beaucoup de secrets pour lui.

« Qu’est-ce que ça change, dans tous les cas ? Y en a des milliers, des gens qui se présentent sous de fausses identités. J’en ai pleins aussi. Pour le cul. »

Je l’avais précisé avec un sourire mi-figue mi-raisin. Mes exploits sexuels me paraissaient tellement déplacés actuellement. Pourtant, je ne pouvais pas nier que certaines de mes identités étaient amusantes. Il fallait réellement vouloir coucher à tout prix pour être capable d’un comportement aussi extrémiste. Mes mensonges à moi étaient cependant sans grandes conséquences. Je tirais mon coup et je repartais comme j’étais venu.

« Au risque de me répéter, je ne choisis pas de tomber sur toi. »

Je ne bougeai pas au coup.

« Aïe. »

Je rouspétai.

« Tu veux bien attendre que je… »

Je sentis l’un de mes genoux plier. Je voulus me rattraper avec mes ailes mais… je n’avais plus d’ailes. C’était épuisant, d’être Humain. Il fallait accepter de tomber comme une quille, ce que je fis.

À genoux, je fus pris d’une soudaine lassitude. Je n’aimais pas me battre. Je trouvais ça chiant. J’étais un diplomate, pas un guerrier. Mes trucs à moi consistaient à m’asseoir devant mon bureau et à écrire, ou à parler avec mes interlocuteurs jusqu’à les séduire et les faire aller dans mon sens. Ce que j’aimais faire, c’était déstabiliser psychologiquement, pas agiter mes mains et mes pieds comme un enfant turbulent.

« Attends. Je n’étais pas prêt. »

Je me redressai, me retournai et la regardai.

« C’est drôle que tu en parles, de t’agenouiller devant moi. J’ai fait un pari avec quelqu’un à ce sujet, quelqu’un d’assez chiant aussi, un peu comme toi mais en pire. Au moins, toi, quand je suis dur, tu te mets à pleurer à moitié. Ça a l’avantage d’être satisfaisant. »

Un sourire moqueur germa sur mon visage. Je l’avais vue, tout à l’heure, à retenir difficilement ses larmes. Quelle petite nature. Je me demandais sincèrement où elle voulait aller, avec ses pleurs comme étendard.

« Le pari c’est que si je deviens Roi, il s’agenouillera devant moi. Pas pour faire ce que tu imagines. »

Quoi que.

« J’aimerais bien qu’on prenne le même pari. Je trouverais ça mignon de vous voir tous les deux à genoux. »

Heureusement que j’étais Humain, ça m’évitait de penser aux dérives charnelles d’une telle position commune.

« Pour le reste, avant de m’attaquer par derrière comme une Démone (je lui souris, goguenard), tu devrais plutôt me montrer. Je ne connais qu’une prise : celle qui me permet d’échapper aux époux enragés quand ils rentrent et que je suis encore au lit avec leur partenaire. Un peu comme toi si tu me trouvais au lit avec Kaahl. Ou l’inverse mais je ne pense pas qu’il soit du style buffle enragé. Toi par contre… »

Mon sourire s’agrandit et je me mis à rire en imaginant la scène. Mon pantalon était encore couvert de poussières. Ça ne me dérangeait pas du tout. J’avais ce semblant de certitude qui me soufflait que je serais dans un pire état bientôt.

838 mots


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Priam et Laëth
Mer 05 Mai 2021, 12:23



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



Plusieurs fois, elle avait envisagé de le dire à Kaahl. Toujours, elle avait abandonné, soit par peur de son jugement, soit par conviction que le passé n’avait pas besoin d’être remué. Malheureusement, le temps a des lois que les mortels ne connaissent pas. Il virevolte d’un point à un autre, et son inconséquence appelle au présent ce qui n’est plus et ce qui sera. Freyja ressurgissait comme un fantôme, à la fois effrayante et mystique. Elle n’était qu’une enfant. Tôt, elle avait cédé la place à Laëth, et c’était cette fille, cette adolescente, puis cette femme, qui avaient vécu la vie pour laquelle elle était née. Y avait-il grande différence ? Qu’est-ce qu’un nom dans une identité ? Le socle ou l’apparat ? Kaahl en portait plusieurs. Changeaient-ils intrinsèquement qui il était ? Sans doute pas. Et tous ces noms et les fonctions qui s’y accolaient devaient lui avoir permis de connaître le sien véritable. Elle savait qu’il l’espionnait. En quoi aurait-il été empêché de déterrer son passé ? Songer cela avait tout d’énervant et de terrifiant. Pourtant, en un sens, c’était aussi rassurant. Il y avait des non-dits, mais pas de mensonges. Elle n’avait rien à avouer, puisqu’il savait déjà. C’était peut-être faux, mais c’était rassurant. Elle haïssait la lâcheté, mais c’était rassurant. Comme la violence, elle a un côté réconfortant pour celui qui la perpètre.

L’Ange regarda l’Humain s’écraser au sol avec une satisfaction latente. « Tu n’as pas attendu que je sois prête pour me casser les pieds avec tes conneries. » rétorqua-t-elle dans la seconde qui suivit. Sa magie tressautait. Elle allait certainement lui faire passer un sale quart d’heure. Il ne la ménageait pas, jamais. Pourquoi devrait-elle faire preuve de miséricorde ? Sa remarque lui fit serrer les dents. Subir ses émotions constituait une épreuve suffisamment difficile ; elle détestait que l’on s’en moquât. Elle le ressentait comme une attaque directe contre elle-même. « Roi ? » Un sourire narquois étira sa bouche. « Je me demande bien comment on peut espérer devenir Roi quand on passe quatre-vingt-dix pourcents de son temps à baiser ou à emmerder son monde. La personne dont tu parles ne craint pas grand-chose. » Qui était-ce ? La question, malgré elle, l’intriguait. Elle l’assaillit d’autant plus lorsqu’Adam lui proposa d’effectuer le même pari. L’Immaculée plissa les yeux, les sourcils froncés. « Mignon ? » S’agissait-il de quelqu’un qu’elle connaissait ?

La suite l’arracha à ses interrogations, pour un temps. Dès que ses ressentis jaillissaient, ils prenaient le dessus sur sa réflexion. Elle ignorait si elle souhaitait lui faire ravaler son rire parce qu’elle en exécrait la sonorité ou si c’était parce que les propos auxquels il se rapportait l’agaçaient. « Ne prends pas tes fantasmes pour la réalité : il n’y a aucun risque. » Elle savait qu’il avait embrassé Kaahl, dans les bains, et que le Mage l’avait frappé avant de partir, furieux. Elle croyait que les choses s’étaient arrêtées là. Elle se trompait lourdement. Elle aurait pu les surprendre des milliers de fois. Son cœur aurait pu se briser des milliers de fois. S’il avait fallu les écrire, les mensonges de l’Honorable à son encontre auraient maculé plus d’un mur. Elle l’ignorait. Adam le savait. Devant lui, elle serra le poing, comme elle imaginait que Kaahl l’avait fait, à Basphel. Prête, elle l’envoya vers son visage. « Tu devrais t’en rappeler, quand même. » Puis, elle recula et le scruta. « Ton adversaire ne prendra ni la peine de te montrer, ni celle de t’attendre. Et je ne sais pas si tu mérites que je me donne ce mal. » Pourquoi devrait-elle traiter comme des égaux ceux qui se jouaient d’elle ? C’était un combat entre la Justice et la Bonté. Elles se disputaient un enjeu : le Respect. « Je devrais peut-être t’envoyer voir un Réprouvé, qui s’amuserait à te casser en deux comme une vulgaire brindille. Ou un Démon ; le résultat serait encore plus assuré. » Elle haussa les épaules. C’était étrange. Entre eux, les interactions comprenaient souvent une indéniable part de jeu. Ils se cherchaient, se taquinaient, s’embêtaient. Ils rivalisaient de boutades et de jeux de mots. L’animosité demeurait toujours tapie sous leurs piques. Ce soir-là, elle brandissait fièrement son étendard. Ils étaient virulents dans leurs mots, leurs gestes et leurs intentions. Ils étaient comme des enfants qui poussaient le jeu trop loin pour qu’il restât inoffensif.

L’Aile d’Acier tendit le bras et attrapa la fourche d’Adam. À l’instar de sa faux, elle la défit de sa partie métallique, avant de la lui redonner. Ses yeux verts affrontèrent les siens. « Et qu’est-ce qu’on dirait d’une Ange qui s’agenouille devant un Roi Déchu, hum ? Ça serait comme une forme d’écho au passé, non ? » L’histoire de cette Reine qui avait été séduite par le Souverain démoniaque tinterait à nouveau aux oreilles des vivants. Laëth n’aurait pas besoin d’aller aussi loin qu’elle pour que son gouvernement, ses supérieurs ou simplement ses pairs la toisassent d’un mauvais œil. Elle se rapprocha de l’homme et en fit le tour, attentive. L’envie de le remettre à sa place ne la quittait pas. Peut-être que le moyen le plus efficace de le faire restait d’accepter de l’entraîner. Peut-être que ça le ferait taire, aussi. Elle soupira. « La base, c’est d’être ancré mais prêt à se mouvoir à tout instant. En fait, on devrait toujours se tenir comme ça, mais la plupart des gens ne le font pas. Repose-toi sur tes pieds et déverrouille tes genoux. » Aucun besoin de les fléchir ; il fallait simplement éviter de faire reposer le poids du corps sur son articulation. « Comme ça, si on te prend en traître, tu as déjà un temps d’avance. Et ça te permettra de t’agenouiller plus vite, aussi. » Un sourire moqueur étira ses traits. « En combat au corps à corps, si tu es proche de ton adversaire, fais descendre ton centre de gravité plus bas, en écartant tes pieds. Ça te donnera un meilleur équilibre. S’il est plus loin, ne les écarte pas trop, ça te permettra d’être plus rapide. Dans tous les cas, ton poids doit être également réparti sur tes deux pieds. L’équilibre, c’est ce qu’il y a de plus important. D’accord ? » En parlant, elle lui montrait les différentes positions. « Tiens-toi toujours de biais. Si tu es de face, tu offres plus de surface à atteindre. Être de biais, ça te permet aussi d’avoir plus ou moins d’amplitude pour envoyer des coups, que ce soit avec les jambes ou avec les bras. » Elle plia les coudes et plaça ses poings devant elle. « Quant à tes mains et tes bras, ils doivent toujours être prêts à te défendre. Si tu tiens une arme, c’est le même principe. Tant qu’elle ne te sert pas à attaquer, elle te sert à te protéger. Même si tu as un bouclier. » L’Ange inspira et relâcha sa position. « Et surtout, il faut toujours gainer le transverse abdominal et le plancher pelvien. C’est ce qui va te permettre de rester tonique et équilibré même en mouvement. » De l’index, elle traça les contours de son abdomen et de son pelvis, sans quitter Adam des yeux. « D’accord ? » Elle le scruta. « Je sens que tu en meurs d’envie, alors, vas-y, frappe-moi, pour voir. » Elle adopta la position qu’il venait de lui décrire et attendit, prête à l’envoyer au tapis. Il était plus fort qu’elle, mais son expérience n’égalait pas la sienne.



Message IV – 1254 mots

NB : Tu peux anticiper les mouvements de Laëth si besoin nastae




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Sam 15 Mai 2021, 14:56



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


« Si tu savais. »

C’était justement parce que je passais ma vie à baiser qu’un Æther m’avait choisi pour épouser un Roi et assainir l’île où son peuple résidait. Le libre accès au harem me ravissait lorsque j’étais Déchu. En tant qu’Humain, ça me laissait perplexe, même si je n’étais pas insensible non plus. C’était plus cette envie constante de pénétrer et d’être pénétré qui me posait problème, ce besoin de le faire en toutes circonstances et ce rythme imposé par des obligations physiques presque handicapantes pour le reste de mes activités. Tirer un coup de temps en temps restait agréable.

« Ne jamais dire jamais. »

D’autant plus que j’avais dû coucher avec son compagnon bien plus de fois qu’elle ne l’avait fait avec lui. En contrepartie, j’avais goûté à tout : ses poings, ses liens, ses fantasmes tordus. Elle ne devait avoir droit qu’à des ébats un peu fougueux, sans plus, une passion relativement sage de toutes déviances. J’avais envie de l’interroger sur comment est-ce qu’ils faisaient l’amour. Est-ce qu’il lui paraissait satisfait ? Est-ce qu’elle le satisfaisait ou était-il frustré ? Par jalousie pure, j’espérais qu’il en ressortait toujours sur sa faim. Ce n’était pas tant le sexe qui m’inquiétait, parce que j’avais un avantage certain, mais plus le reste.

Je parai, plus par réflexe que par volonté. J’étais plus fort qu’elle. C’était un avantage comme un autre.

« Mais tu as trop envie de me casser la gueule pour laisser quelqu’un d’autre le faire à ta place ? »

Je l’avais dit avec un sourire entendu, comme si je connaissais le sentiment que je lui prêtais. En réalité, je n’avais pas spécialement envie de lui en mettre une. C’était davantage une question psychologique. Sa présence auprès de Kaahl me blessait peut-être. Je n’étais pas certain qu’elle soit bonne pour lui, malgré toutes ces conneries de Vertus. Je n’en étais pas sûr, pour les avoir rarement vus ensemble. Comme leur relation n’était pas franche, il y avait forcément une part d’interdit et de faux.

« Si c’est le regard des autres qui te dérange, ça peut rester entre nous. »

Je souris, l’idée d’en avoir deux à mes pieds pour le prix d’un m’étant de plus en plus agréable à imaginer. La réalisation de l’hypothèse restait quand même compliquée à mettre en œuvre, surtout qu’il n’y avait plus vraiment de Roi depuis peu. Il y avait un représentant des Vincidi, Vincide lui-même. C’était néanmoins le rôle le plus proche de la royauté et celui qu’il me faudrait viser pour obtenir mon cadeau.

Je pivotai en même temps qu’elle, afin de la garder en visuel. Plus le temps passait, plus j’étais certain d’être un très mauvais combattant. Je le resterais sans doute, même si je n’avais pas besoin de savoir me battre lorsque j’étais Déchu. Un petit contrôle des sens venait à bout de n’importe quel soldat. Il suffisait de faire disparaître son sens du toucher ou sa vue. C’était en Humain que je devenais inoffensif. Si je n’apprenais pas à me débrouiller, je devrais sans doute payer des gens pour me protéger.

Je la regardai, en essayant de rester concentré. C’était peine perdue.

« Tu sais… J’ai été professeur pendant de nombreuses années alors, ne le prend pas mal, mais tu devrais essayer de faire passer tout ça avec un peu d’humour. Je suis un élève dissipé et tu m’ennuies. »

Je souris, juste après avoir prononcé ces mots. J’étais peut-être un peu trop franc.

« Même si j’aime bien te voir gesticuler. Heureusement que je suis Humain parce que cette histoire d’ancrage au sol et certaines de tes positions… »

C’était d’ailleurs assez agaçant que je le remarque en étant Humain justement.

« Mais admettons… »

Je m’éclaircis la voix, en essayant de reproduire ce qu’elle avait fait. Je contractai mes abdominaux, tout en tentant de rester sérieux.

« Comme ça ? »

Je n’avais pas l’habitude de faire ça, pas autrement que pendant le sexe. Curieux, je touchai mon ventre. Je sentais chaque muscle se tendre. Je détendis et retendis. La sensation était assez plaisante et douloureuse à la fois. J’avais envie de faire des vagues avec mon ventre, chose que je me retins d’effectuer, en me disant que l’Ange ne partagerait pas mon amusement.

Une fois que j’eus fini mon manège, je me redressai et me mis à fixer son épaule avec un regard incertain. Je m’approchai doucement, mains en l’air, pour lui prouver ma bonne foi. Quand je fus proche, mes doigts remontèrent jusqu’à elle.

« Tu as quelque chose là… »

Je posai le bout de mon doigt sur sa peau.

« C’est… »

Je souris.

« Le doigt de la défaite ! » déclarai-je avec fierté.

Je l’attirai contre moi et la serrai à l’en étouffer.

« Et maintenant professeure ? Comment tu vas te déprêtrer de là ? »

808 mots


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Ven 21 Mai 2021, 23:02



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La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



L’agacement imprégna le visage de l’Ange. Si je t’ennuie, tu n’as qu’à dégager. C’est toi qui es venu pour apprendre à te battre. Si tu préfères crever la bouche ouverte, vas-y. On n’a pas élevé les bicornes ensemble, je ne vois pas pourquoi j’essaierai de faire de l’humour avec toi. Toutes ces remarques cinglantes demeurèrent confinées dans sa gorge. Elle n’en siffla qu’une : « Merci de ta sollicitude, mais ce n’est pas moi qui ai demandé à prendre des cours, aujourd’hui. » À défaut de faire preuve d’un humour jovial, elle maîtrisait les rudiments du sarcasme. Elle fit claquer sa langue contre son palais. Il devait bien s’être intégré en diplomatie. Il ne s’arrêtait jamais de parler. Surtout, il semblait capable de dire des âneries à longueur de temps. L’Ailée n’avait jamais été très Tempérante. Sa patience s’épuisait. Avec elle, sa magie fluctuait. Des salves l’atteignaient puis se résorbaient aussitôt. Paradoxalement, les contrastes brutaux renforçaient l’intensité de ses émotions. « Oui, comme ça. » souffla-t-elle, presque soulagée qu’il se prêtât enfin à l’exercice. Pour ne pas le décourager, elle le laissa à l’étude de ses nouvelles sensations.

« Quoi ? » Les sourcils froncés, elle suivit son regard, avant de se réammarer à ses prunelles. « Il n’y a rien. » Était-il en train de se moquer d’elle ? Bien que cette pensée persistât, le doute s’insinua. Son contact la fit frémir. Elle eut immédiatement envie de s’y soustraire, mais elle se força à ne pas reculer. Le trouble des rêves devait s’effacer. Ils n’étaient que des songes : inconsistants, incohérents et inexistants. Pourtant, ils ne cessaient de se rappeler à sa mémoire. Dans leur sillage, ils charriaient des émotions et des ressentis qu’elle aurait voulu renvoyer à l’oubli : le désir, la honte, l’envie, la culpabilité, le plaisir, les remords ; la douleur, le doute, la terreur. Elle baissa à nouveau les yeux. « Nuta- » Son injure se termina en un son étouffé. Sa cage thoracique se comprima sous l’effet de l’étreinte d’Adam. Ce n’était rien de bien méchant ; mais les mots et le geste trouvèrent un écho, et la surprise travestit l’accolade en violence. Le marteau de l’onirisme frappa le glas de la réalité.

Laëth se sentit suffoquer, comme si elle était à nouveau coincée sous le poids de Kaahl, sur cet autel glacé, ou entre les bras d’Adam, dans ces eaux prédatrices. Prisonnière et condamnée. Le regard de son fiancé pesait sur sa nuque, semblable à la pointe d’une lame menaçante. Elle eut peur de ses désirs et de ses réactions. Elle craignit de faillir à toutes ses promesses avant même de les avoir formulées. Elle exécra cette étreinte. Sa magie, protectrice et bourreau, l’enserra. Ses verrous émotionnels sautèrent. La panique l’aspira. Les souvenirs des rêves l’attaquèrent comme autant de flèches propulsées à pleine vitesse. Une envie de violence lui tordit les entrailles. Son regard changea. Elle éprouva deux désirs antagonistes : une pulsion de vie et une pulsion de mort. L’envie d’embrasser l’homme le disputait à la volonté de le tuer. Peut-être que cela devait se terminer ainsi ? Peut-être étaient-ils voués à s’entretuer, s’ils ne voulaient pas céder à ce que leurs subconscients leur soufflaient ? Du point de vue de l’Aile d’Acier, mieux valait mourir.

Deux anneaux en métal entourèrent les poignets de l’Humain et tentèrent de desserrer son étreinte. Il était fort. Elle lutta, et comme elle luttait, elle se sentit partir. Sa magie s’était affranchie des limites que sa Force parvenait à lui imposer. Elle était l’alliée des émotions : là où elles creusaient une brèche, elle s’engouffrait comme un torrent démentiel. Les têtes des outils, posées sur le sol, se mirent à trembler. Des taches métalliques apparurent sur certaines portions de la peau de la guerrière, juste quelques instants. Pour toutes les fois où elle n’avait pas cédé, elle allait ployer. Elle allait se fracasser contre une falaise telle une écume trop téméraire. Elle allait exploser en plein vol.

Alors qu’elle ne s’y attendait plus, l’Immaculée parvint à se dégager et à s’écarter. Elle convoqua le Sanctuaire d’Ahena, pour s’apaiser, pour ramener l’ordre, pour reprendre le contrôle – il était trop tard. Il l’entoura. Elle le tint quelques instants, puis il s’étendit, comme une vague, puissant et ronflant. Il frôla Adam et, à l’instant où il le toucha, il prit vie. Un long filet opalescent louvoya du cœur de l’Ange jusqu’à celui de l’Humain. Il y pénétra et s’y ancra. Sa marque était indélébile ; c’était celle des âmes qui se reconnaissent.



Message V – 753 mots

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Sam 22 Mai 2021, 08:41



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


« C’est de la triche ! »

Je l’avais lancé en constatant la présence d’anneaux à mes poignets, comme un gamin qui se sent floué mais avec une certaine dose d’amusement. Les Anges étaient vraiment de drôles de créatures. De mon côté, je ne voyais pas le problème. Si je savais au préalable qu’elle risquait d’être mal à l’aise contre moi, ce qui était le but, je ne pensais pas qu’elle ferait une crise de panique. Dans le cas contraire, je me serais sans doute abstenu. Les souvenirs de Boraür ne comportaient aucun élément qui aurait pu me permettre de savoir. L’île était spéciale mais je ne songeai jamais qu’il puisse y avoir une telle différence à l’extérieur de ses frontières. J’aimais bien la voir troublée par ma présence, pas terrorisée.

« Oh ! Tu fais quoi ? »

Je n’aimais pas la tournure que prenaient les événements. Si elle avait pour idée de me lancer un marteau en pleine tête, il me serait impossible de le dévier ou de l’éviter. Mon étreinte se desserra légèrement et elle en profita pour s’échapper.

« Bien j… »

Bien joué ? Le phénomène m’avait coupé dans mon élan.

« Euh… »

J’avais bien vu quelque chose entrer en moi, là, non ? Mon regard se baissa sur mon torse dénudé, à la recherche d’une quelconque marque sur ma peau. Je me sentais étrange. Le bout de mes doigts vint se positionner sur la zone, comme si j'allais y sentir une texture différente. Ce ne fut pas le cas, ce qui me laissa perplexe. Ma main remonta jusqu’à l’arrière de mon crâne. Mes phalanges s’y cramponnèrent, dans un geste d’incompréhension. Je la regardai d’un même temps.

« Tu essayes de me purifier en m’envoyant ta magie d’Ange dessus, c’est ça ? »

Je n’avais aucune idée de ce qu’il venait de se passer. Je connaissais le phénomène parce que j’avais déjà été amené à côtoyer des individus liés mais, bien sûr, hormis dans un cadre strictement professionnel et sexuel, ça ne m’avait jamais concerné. C’était de la culture générale, au même titre que le lien qui unissait l’Orine et son maître. Ça faisait d’ailleurs un certain temps que je n’avais pas croisé la mienne et je me réjouissais de la revoir bientôt. Elle m’avait parlé d’un événement qui se tiendrait sur les Terres d’Émeraude, une sorte de festival musical.  

« Je suis Humain, tu le sais ? Y a rien à purifier. »

Je souris, bien heureux de pouvoir l’asticoter.

Je réfléchis à la meilleure manière de l’embêter et une idée me vint. Sa magie était entrée dans les environs de mon cœur, non ?

« Oh je sais. Tu essayes de me faire tomber amoureux de toi, hein ? »

Je ne sus pas réellement pourquoi, mais je sentis qu’il fallait que je m’arrête avec mes taquineries. Il y avait réellement quelque chose d’étrange. Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus de mon côté mais les éléments en ma possession appelaient à plus de calme et de sérieux de ma part.

Je fis un pas en avant. Elle n’avait pas l’air d’aller bien et je me demandai s’il n’y avait pas quelque chose de sous-jacent, quelque chose que j’ignorais. C’était mon contact qui l’avait affolée et je me demandai si Kaahl ne l’avait pas violentée quelques fois. J’en aurais été étonné parce que, généralement, c’était plutôt moi qu’il étouffait ou griffait mais je n’étais pas là quand ils couchaient ensemble. Je ne pouvais pas savoir ce qu’il lui faisait, physiquement ou psychologiquement. Peut-être avait-elle aussi des traumatismes qui n’avaient rien à voir avec le Sorcier mais qui ressortaient lorsqu’elle était trop proche de quelqu’un ? J’avais du mal à croire que c’était simplement moi qui la révulsais autant. Mes souvenirs oniriques n’étaient pas très clairs. Je me souvenais simplement d’avoir cuisiné une bûche avec elle, dans un songe qui me semblait vrai. Le reste n’était que des bribes sans importance. Ça ne m’avait pas marqué, pas comme elle.

« Écoute, je suis désolé de t’avoir serrée comme ça. Je ne pensais pas que ça te ferait paniquer. Enfin, je savais bien que tu serais mal à l’aise mais pas à ce point. T’es sûre que ça va ? »

J’avais l’impression d’être à la fois bourreau et protecteur.

« J'ai fait ça pour t’embêter. Je n’ai jamais eu l’intention de te toucher autrement sans ton consentement, d’accord ? »

Je me grattai derrière l’oreille.

« C’était quoi, ta magie ? Je dois m’attendre à mourir bientôt ou j’ai encore quelques années devant moi ? »

Je lui souris, en penchant un peu la tête sur le côté pour mieux la regarder. Il y avait un truc.

779 mots



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Lun 24 Mai 2021, 17:25



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



Indescriptible. Être vide et remplie à la fois. L’impression qu’elle perdait quelque chose, au profit d’Adam ; la sensation qu’elle gagnait autre chose, au détriment de l’Humain. Le sentiment, enfin, qu’un socle d’égalité enrobait leurs pieds. Un échange, dans son sens le plus pur et le plus entier. Un contact, une connexion, un Lien. Puis, plus rien. Le filament argenté avait disparu. L’immobilisme l’avait emporté ; ou le changement avait tout fait chavirer.

L’Ange, pétrifiée, ne bougeait pas. Elle savait. Durant des semaines, le sujet l’avait passionnée. Elle avait lu. Elle s’était documentée. Elle avait interrogé. Elle savait ce qu’elle venait de créer. Elle savait si bien que l’ignorance du Déchu la blessait plus profondément qu’elle ne l’aurait souhaité. Pourtant, elle demeurait immobile. Comment était-ce possible ? Comment pouvait-on se lier à un individu qui n’était pas fondamentalement Humain ? Les artefacts changeaient-ils à ce point la nature elle-même ? N’étaient-ils pas qu’un écrin convainquant qui contenait le vrai soi ? L’effroi la glaçait. Les piques de son interlocuteur ne l’atteignaient pas. Elle appartenait à un monde auquel il n’avait pas accès. Elle voyait son futur se déliter.

Que diraient ses supérieurs ? Dans quelle configuration pouvait-elle envisager qu’ils ne l’exclussent pas de l’armée ? Elle imaginait le regard de son mentor, et la culpabilité la tétanisait. Lui qui était si droit, si fort, quel mépris et quelle honte ressentirait-il à l’égard de cette instable disciple ? Tous les efforts auxquels elle avait consentis venaient d’être réduits à néant. Que dirait-on d’une fille de Réprouvés qui se lie à une Aile Noire ? Que dirait-on de l’Aile d’Acier qui pourfend ainsi le cœur de l’Honorable ? Que dirait-on de cette Immaculée qui trahit ses promesses ? Que ferait Kaahl en apprenant la nouvelle ? Comment la lui annoncer ? Ses espions l’avertiraient-ils avant qu’elle n’en ait le temps ? Comment lui dire que c’était une erreur, qu’elle regrettait, qu’elle ne voulait pas ? Comment ne pas le perdre ? Il avait suffi que son âme déborde durant quelques secondes pour que son château de cartes idéel ne s’évanouît. Les émotions, comme à leur habitude, avaient tout soufflé sur leur passage. Elles ne laissaient rien d’autres que des débris douloureux et des souvenirs avortés. Elle ne participerait pas à d’autres batailles. Elle ne terminerait pas sa formation. Elle ne gravirait pas les échelons militaires. Elle n’épouserait pas Kaahl. Elle ne fonderait pas de famille avec lui. Elle ne le verrait peut-être même plus jamais. Ses rêves s’envolaient à tire-d’aile.

Ses iris verts se fixèrent sur Adam. Pourquoi lui ? Pourquoi cet homme qu’elle exécrait pour tout ce qu’il représentait, pour elle ou en général ? Soudain, un sentiment de trahison dévastateur lui broya le cœur. Jun savait. Il savait, et il n’avait rien dit. Il ne lui avait pas prévenue en lui confiant que, même si elle décidait de ne pas avoir d’Humain, elle en aurait un. Il ne lui avait pas dit que ce serait lui. Il n’avait rien révélé, et désormais, elle était là, le palpitant embroché et enchaîné. Qu’elle le voulût ou non, elle allait l’aimer. Ce constat la révoltait d’autant plus qu’une part d’elle voulait croire que, si elle avait été mise au courant, elle aurait pu éviter cette catastrophe. C’était faux : son libre-arbitre s’arrêtait là où commençait le Destin.

Lorsque la bouche de l’Humain bougea, Freyja manqua de sursauter. Son regard se reconnecta à la réalité. Elle n’avait pas besoin de plus de présence pour comprendre qu’il était à mille lieues de se douter de ce que sa magie venait de leur imposer – c’était son seul réconfort : il n’en tirerait certainement aucun plaisir.

Ses phrases se répercutèrent en écho dans son cerveau. Elle ne pensait pas non plus qu’elle aurait réagi si fortement. Sur Boraür, ça avait été. Mais sur Boraür, les problèmes n’existaient pas. Sur Boraür, il lui semblait impossible que Kaahl ou Adam lui eussent véritablement voulu du mal, dans la réalité comme dans l’onirisme, et de quelque façon que ce fût. Là-bas, elle ne songeait pas vraiment à ses cauchemars. Le contact du Déchu ne l’horrifiait pas. Il avait même quelque chose de simple et de naturel. En dehors, il la révulsait. Elle craignait que ses prétentions ne se réalisassent et qu’il ne parvînt à l’amener dans son lit. Les rêves la tourmentaient. Les violences des Réprouvés l’avaient rendue méfiante – en parallèle, leur chaleur avait construit la sienne. Il y avait un autre élément, qu’elle lirait plus tard. Le viol et la tentative de meurtre sur Belle avait marqué ses tissus. Ce n’est pas parce qu’on ne pose pas de mots sur les maux qu’ils n’existent pas. Le corps s’en rappelle pour la mémoire.

À mesure que les questions s’enchaînaient, son teint pâlissait. Les émotions se bousculaient tant et si bien qu’aucune ne ressortait vraiment. Les larmes s’agglutinaient au bord de ses paupières. Elle ignorait quoi répondre, et comment. Elle cherchait une idée. Une solution. Il y avait toujours une solution, pas vrai ? L’Espérance l’embrassa. Comme elle détaillait Adam, ses prunelles furent attirées par l’éclat de la bague. « Retire-la. » Son cœur se soulagea d’un poids. Son esprit se ranima. Son visage retrouva des couleurs. Son futur lui parut bien plus simple. « Retire-la, et ne la remets plus jamais. » S’il n’était plus Humain, le Lien ne pourrait pas se développer, n’est-ce pas ?

Comme il tardait à réagir, elle s’approcha, lui prit la main, et voulut lui ôter l’anneau. Il demeura coincé sur son doigt. L’Ailée fronça les sourcils. Sous cette forme, il n’était doué d’aucune magie. Il ne pouvait pas contraindre la bague à demeurer ancrée à sa peau. Pourtant, elle ne bougeait pas. La fébrilité reconquit Freyja. Elle le lâcha comme si son épiderme l’avait brûlée. « Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas la retirer ? » La peur perçait dans sa voix. « Il faut que tu la retires ! » Elle était presque suppliante. Ses yeux verts sondèrent ceux d’Adam. Et s’ils étaient condamnés ? S’il n’arrivait plus jamais à retirer la bague ? Sa détresse s’accentua. Son cœur déborda : elle se mit à pleurer. L’envie de s’enfuir lui tordait le ventre. Elle avait envie de s’envoler et de partir loin de tout. Elle voulait voler jusqu’à Kaahl, se blottir dans ses bras, lui demander pardon et lui dire qu’elle l’aimait – même si elle le faisait pour la dernière fois. L’injustice de la situation frappa sa colère. Elle n’avait rien demandé de tout ça. Elle avait tellement essayé de se contrôler, tellement toujours voulu réussir à être la forteresse que tous auraient voulu qu’elle fût – ou qu’elle, surtout, désirait être –, tellement donné dans ce but que tout cela lui paraissait intolérable. « Tu ne comprends pas ? » C’était pourtant de sa faute. Partiellement. Un peu. Mais s’il ne l’avait pas provoquée, s’il n’avait pas voulu apprendre à se battre, s’il n’était pas venu, si Dastan ne l’avait pas rencontré, s’il avait continué à détester sa sœur, s’il n’était pas né… Le raisonnement ne tenait pas, mais l’absurdité est plus réconfortante que l’injustice. L’Immaculée essuya ses larmes d’un revers de main. « On est liés, comme une Ange et un Humain peuvent être liés. Liés ! Le Lien ! » s’exclama-t-elle. Elle serra le poing. « Retire ta bague et détruis-la. »



Message VI – 1220 mots




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Ven 11 Juin 2021, 08:24



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


« Quoi ? »

Que disait-elle maintenant ? L’esprit de cette femme était totalement barré. C’est ce que je crus pendant deux secondes, le temps de comprendre qu’elle parlait de la bague. Ça ne m’avança pas plus. C’était quoi son problème ? Elle n’aimait pas les Humains ? En y songeant, ça aurait été possible. Depuis la Guerre des Dieux, il y avait eu plusieurs fois des tensions entre les deux peuples. Mais pourquoi maintenant, tout de suite, alors que ça faisait depuis plusieurs minutes que nous étions ensemble ? Puis il y avait ce truc…

« Hé ! »

Elle se foutait de moi. Elle paniquait à mon contact et, ensuite, prenait ma main.

« Mais arrête ! Qu’est-ce qui te prend ? »

La Bague n’obtempérait pas. C’était un élément que j’avais compris faire partie du processus d’assimilation. C’était handicapant, surtout lorsque je commençais à avoir des migraines et à saigner du nez. Quand mon corps arrivait à saturation et que l’artefact ne se retirait pas, je finissais par tomber dans l’inconscience.

« Elle est capricieuse, voilà tout ! Mais je l’enlèverai quand je pourrai si ça peut te faire plaisir. Pas la peine de te mettre dans cet état. Ce n’est pas grave. »

Quel était cet air désespéré sur son visage ?  

« Mais qu’est-ce que… »

Pourquoi pleurait-elle maintenant ? C’était bien plus déroutant que de la voir m’envoyer des piques ou se débattre.

« J’ai fait quelque chose qui ne fallait pas ? C’est ça ? Freyja ? »

J’essayais de comprendre, sans y parvenir.

« Non. »

Je l’avais avoué sans détour. Elle était passée de Laëth la guerrière, à Laëth en panique, puis à Laëth en pleurs. Même si elle m’agaçait souvent, je n’étais pas insensible à la peine d’autrui. La voir pleurer, c’était comme si une fissure était en train de se créer chez moi. Je n’avais d’ailleurs pas les mots pour expliquer exactement ce phénomène. Je ne me rendais même pas compte à quel point ça me touchait. C’était là, au fond de moi, cette évidence. Je me crus plus empathique en Humain, comme si les larmes avaient le pouvoir magique d’écarter mon inimitié. Mais est-ce que je ne l’aimais vraiment pas ? Elle était chiante et elle m’énervait, c’était une évidence. Au-delà de ça, j’étais peut-être quand même un peu attaché à elle, d’une façon ou d’une autre. Je n’envisageais juste pas celle qu’elle m’annonça.

« Tu veux dire que ? »

Oui, c’était ce qu’elle voulait dire.

Un temps.

Le rire qui passa mes lèvres fut un mélange de plusieurs choses. Ma main remonta jusqu’à ma bouche. Je plaçai le dos de mes doigts repliés juste sous mon nez, comme pour cacher mon sourire. Mais mon expression muta rapidement en une mine plus sombre lorsque je commençai à m’interroger sur le problème. La dimension cocasse de cette situation, couplé à ma nervosité, m’avait fait produire un rire nerveux. Se foutait-on de nous ? À présent je réfléchissais aux conséquences de la nouvelle.

« Ok. Bon. »

Je ne l’avais pas dit pour répondre à ses deux ordres. Il était hors de question que je me sépare de la Bague, encore moins que je la détruise. Et personne ne me forcerait à le faire, même pas Kaahl.

« Calme-toi, maintenant. »

Ma voix était étrangement apaisante.

« Est-ce que c’est si grave ? »

À moi de brosser un portrait de la situation plus réaliste que ce qu’elle était sans doute en train de s’imaginer. Si elle paniquait, c’est qu’il devait y avoir des raisons mais ce qui était fait était fait. Je n’avais jamais entendu parler d’un Lien brisé autrement que par la déchéance de l’Ange. Je pourrais la déchoir dans le futur mais je doutais que lui faire part de cette brillante idée la rassurerait.

« Récapitulons. Ta magie a fait des étincelles et, maintenant, nous sommes liés. Je comprends que tu ne sois pas ravie de m’avoir moi mais, d’un autre côté, je suis un Humain débutant alors j’ai quand même plus besoin d’un Gardien que les vieux Humains du Désert. »

Que pouvait-elle redouter ?

« Les Anges risquent de ne pas être très contents, vu que je suis aussi un Déchu mais… d’un autre côté, je suis diplomate et ça pourrait être un bon moyen d’arranger les choses entre nos deux races, tu ne crois pas ? Maintenant trois, en plus. Finalement je suis un bon parti. Ça fait d’une pierre deux coups. Tu comprends ? »

Comprenait-elle ?

« Ensuite… »

C’était le seul problème à mes yeux. Mais chaque problème a une solution et j’allais m’employer à la trouver. Depuis que je connaissais Kaahl, il avait fait des progrès considérables en termes relationnels. Ses obsessions du début s’étaient atténuées. Sa jalousie avait muté. Je savais pourtant qu’il le prendrait mal mais chaque chose en son temps. Il n’était pas là, il ignorait encore la chose et c’était un souci que je gérerais plus tard. Ça ne servait à rien de faire des projections sur le futur, à part s’angoisser davantage.

« Kaahl comprendra. Tu n’as pas fait exprès et en se rapprochant d’une Ange, forcément, c’était un truc à prendre en compte. En plus je ne vais pas être Humain tout le temps, ce qui fait que le Lien ne devrait pas trop se resserrer. »

Je penchai la tête.

« Bon c’est vrai que les probabilités pour que ça tombe sur nous étaient assez minces mais maintenant que c’est fait… Enfin, hormis un miracle, les choses resteront comme ça. Il faut aller de l’avant parce qu’il n’y a que ça à faire. Ça nous donnera l’occasion de mieux nous comprendre. Peut-être que ça me rendra plus patient face à tes cours de combat ? »

Je lui souris.

« Tu n’as pas fait exprès. Ce n’est pas ta faute. »

J’essayai une nouvelle fois de retirer la Bague. Rien. Je grimaçai.

« Je t’aurais bien proposé ma chemise pour pleurer dedans mais… Bon. »

Je l’avais laissé sur une clôture, plus loin.

« Tu savais que l'un de mes titres c'était Prince de la Pureté ? Si les Anges ne sont pas contents avec ça, franchement... »

Je disais n'importe quoi mais je voulais débloquer cette situation.

Tenter de l’enlacer maintenant aurait sans doute provoqué une nouvelle crise de panique ce qui fait que je restai debout devant elle, immobile, à attendre qu’elle dise ou fasse quelque chose qui aurait pu m'aiguiller sur la marche à suivre.

1041 mots


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Mer 07 Juil 2021, 00:01



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



Le rire d’Adam accentua son sentiment de détresse. Ses émotions les plus violentes lui hurlaient que c’était un imbécile et qu’elle aurait dû le frapper ; les plus douces et les plus fragiles se rassuraient en se persuadant que c’était nerveux. Comment un Déchu pouvait-il s’amuser d’être lié à une Ange ? Aux yeux de Freyja, la situation était dramatique. Elle avait envie de se calmer, elle avait envie de retrouver une certaine sérénité, mais comment faire ? L’ordre prodigué par la voix apaisante de l’Humain était-il une raison suffisante ? Non. Il n’était même pas certain que la raison entrât en ligne de compte. « Est-ce que c’est si grave ? » répéta-t-elle, dubitative. Se rendait-il compte ? Percevait-il toutes les implications de cette nouvelle configuration ? Peut-être que cela ne changeait pas grand-chose pour lui, mais pour elle, c’était un renversement. Son monde se retournait, et dans son grand mouvement de bascule, certains de ses piliers s’écroulaient.

La connexion qui se créait avec l’homme semblait dévorer le reste. À mesure que ses pensées s’égaraient, une peur se forma. Elle craignit qu’il constituât l’essentiel de son monde. Que plus rien ne comptât sinon lui, sa survie, son bien-être. Qu’il effaçât tout le reste. Tout ce pour quoi elle s’était battue jusqu’à présent. Tout ce qui faisait d’elle ce qu’elle était, dans son essence la plus constituante. Un jour, il n’y aurait peut-être plus qu’Adam, et le néant. L’image était vertigineuse. L’Ange se sentit perdre pieds, et se raccrocha malgré elle au discours de l’Humain. Ses yeux verts s’amarrèrent aux siens. Elle secoua la tête. Ça ne se passerait pas comme ça. Les Anges seraient furieux. Peut-être même qu’ils l’enverraient à l’Agbara, avec tous les autres Pécheurs. On argumenterait ainsi : comment une Aile Blanche incapable de se contrôler pourrait-elle ne pas tomber sous le joug de son Protégé Déchu ? Mieux valait prendre les devants et la soigner avant que le pire n’arrivât. Priam voudrait la sauver. Il se précipiterait, et il la rejoindrait. Elle ne se le pardonnerait jamais. Et s’ils finissaient leurs jours là-bas ? Et s’ils y mouraient ? Au moins, la douleur de sa mort épargnerait Kaahl. Il la détesterait depuis bien trop longtemps pour s’émouvoir de sa perte.

Elle se mordit l’intérieur des joues. Pourquoi Adam ne voulait-il pas se séparer de sa bague ? En refusant de le faire, il la condamnait. Elle n’avait pas fait exprès. Il agissait en toute connaissance de cause. Il n’y avait pas besoin d’un miracle ; il aurait juste fallu qu’il acceptât d’abandonner l’artefact. Cette constatation suscitait sa colère autant que les efforts du Déchu pour la tranquilliser appelaient sa douceur et sa compréhension. Il avait peut-être besoin de l’objet comme d’un outil diplomatique. La plupart des races haïssaient les Enfants de Sympan parce que leur proximité privait les individus de leur magie. Avec la bague, l’Aile Noire n’encourait pas ce risque : il lui était possible de discuter avec eux sans se sentir nauséeux, sans tomber dans l’inconscience, sans souffrir d’aucun des maux du Ma’Ahid. Avait-elle le droit d’exiger qu’il pénalisât son travail et donc sa vie pour une erreur qu’elle avait commise ? Sa culpabilité clamait que non. Ses erreurs étaient ses responsabilités, aussi dures et détestables fussent-elles. Et si l’Ange et son Humain détruisaient la bague, s’en remettraient-ils ? Le Lien laisserait-il un trou béant dans leurs poitrines ? Les Ailés qui perdaient leur Protégé ne s’en remettaient jamais tout à fait. Dans leurs yeux, les notes d’une tristesse infinie répandaient leur mélancolie. Mais combien de mois, combien d’années avaient-ils passé ensemble ? Adam et Freyja ne se connaissaient que depuis quelques minutes.

L’Ange grimaça et passa une main sur son visage. Elle inspira – sa respiration tremblait. Ses jambes aussi. Depuis un moment ; mais elle paraissait s’en être rendue compte à l’instant. Comme si le savoir l’empêchait de tenir debout plus longtemps, elle se laissa tomber dans l’herbe. Assise en tailleur, les deux paumes posées sur ses joues, elle souffla doucement. Tous ces efforts, tout cet investissement, tout ce dévouement, pour en arriver là ? L’injustice lui broyait le cœur. Elle voulait disparaître. Un rire à mi-chemin entre le sanglot et le soupir haché secoua brièvement ses épaules. L’Immaculée demeura immobile quelques instants, puis se redressa et regarda droit devant elle. Les flammes du soleil couchant peignaient des reflets rouges sur le monde. Bientôt, il ferait nuit ; et la nuit les engloutirait. « C’est plus compliqué que ça. » murmura-t-elle. Sa voix était paisible, comme si elle s’était nourrie du calme de l’Humain. Les dés étaient jetés. L’implacabilité du Destin les avait fauchés. Il n’y avait plus rien contre quoi se débattre.

« J’aimerais être l’Ange parfaite que tu adores embêter. » Elle tourna la tête vers lui. « Mais je ne le suis pas. Et les autres Anges le savent. » À quand cela remontait-il ? Quel avait été la première alerte ? Les rumeurs sur Kaahl et elle, sa prétendue grossesse, son état déplorable provoqué par la mort d’Hena, le sceau du Magicien détecté par Ramiel Vaughan, son attitude à la Coupe des Nations Sorcière, sa relation avec Jun Taiji, le baiser d’Oriane Natey, ses accointances avec Adam Pendragon, ses fiançailles avec Kaahl, ses comportements excessifs, son manque de contrôle, ses émotions irraisonnées, son rapprochement avec Lumnaar’Yuvon, son frère et ses faux pas, sa famille, et sans doute même ses gènes et ses origines. Elle brillait par d’autres de ses actions, ce qui faisait probablement d’elle une personnalité controversée. Tomber dans l’oubli eût probablement été ce qui pût lui arriver de meilleur. « Je ne crois pas qu’ils aient l’intention d’arranger leurs rapports avec les Déchus. Ils vous haïssent, et ils ne sont pas prêts de vouloir rétablir la Déchéance. » Elle pensa à Priam. Priam qui lui avait suggéré de contacter Adam, pour les aider à dévoiler les mensonges de leur gouvernement. C’était peut-être le seul et unique point positif de cette situation – si elle ne finissait pas brûlée vive sur un bûcher pour s’être liée à lui. En fait, ils lui faisaient peur. Ils lui faisaient au moins autant peur que les Réprouvés lorsqu’elle vivait avec eux et sentait poindre une crise. Ce que lui avait révélé son aîné lui faisait craindre le pire. Ses iris retournèrent vers le soleil couchant. « Ils vont probablement me regarder comme si j’étais l’une d’entre vous… » Le visage d’Adriel s’imposa dans son esprit. La rejetterait-il, lui aussi ? « Parce que c’est ma faute. » Sa voix dérailla sur les dernières syllabes et les larmes affluèrent à nouveau au bord de ses yeux. « C’est moi qui ne me contrôle pas. » Depuis des années. Des décennies. Elle savait. Tout le monde savait. « J’ai promis à Kaahl que je n’aurai pas d’Humain. J’en voulais un, je lui en ai parlé, j’ai compris que ça lui faisait du mal, alors j’y ai renoncé et je lui ai promis que je n’en aurai pas. Je lui ai promis… » Elle glissa ses mains sur sa figure pour couvrir ses yeux. Peu lui importait d’offrir une image pitoyable d’elle-même à Adam. À cet instant, rien n’avait moins d’importance. Qui pourrait pardonner la trahison d’une telle promesse ? Comment pourrait-il croire qu’il s’agissait bel et bien d’un accident ? En était-ce vraiment un ? Elle avait si souvent rêvé du Déchu et de passions charnelles. Et si tous ces songes n’étaient que les indices d’un Lien plus profond et intime ? Et si les Ætheri l’avaient décidé et qu’elle n’y était fondamentalement pour rien ? L’Ailée blêmit. Elle se sentit acculée et impuissante ; mais aussi révoltée. Elle n’avait rien demandé. Lui non plus. « Peut-être que tu as raison et que ce sont juste les Dieux… » murmura-t-elle, sans doute plus pour elle-même que pour lui. Puisqu’il n’y avait plus rien contre quoi se débattre, ils n’avaient plus qu’à se battre avec les armes qu’on leur avait données. Relevant la tête, elle planta son regard sur Adam. À travers les larmes, une lueur déterminée brillait. « Tu la portes à quelle fréquence, ta bague ? » La panique ne l’avait pas quittée, mais elle se sentait capable, à cet instant, d’envisager les choses une à une, et chacune en leur temps. Il avait raison. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’aller de l’avant. Elle l’oublierait encore, rapidement, et souvent.



Message VII – 1397 mots




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Jeu 22 Juil 2021, 23:07



[Q] - La nuit, le ciel engloutit les oiseaux | Adam Gu56

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux


« Ouais. Mais peut-être que les Anges sont des crétins ? »

Je disais ça, je ne disais rien. C’était posé là, elle en ferait ce qu’elle voudrait. Ange ou pas, elle devait quand même admettre que son peuple était très loin d’être un modèle de Vertu depuis le génocide. Ils auraient dû changer de nom. Anges de la Mort aurait été mieux, soit que l’on meure d’ennui, soit que l’on meure sous leur mauvaise foi, soit que l’on meure à cause des suicidaires prêts à tout pour arriver à leurs fins.

« C’est réciproque mais nous on pense au bien-être des autres. »

Elle commençait à me chauffer à parler des Anges et de leur politique. L’injustice persistante qui empêchait la déchéance atteignait bien plus l’Humain que le Déchu, paradoxalement. J’avais une vision plus précise et pointue ainsi. À moins que ce ne soit uniquement dû au fait que je ne pensais plus au sexe ? Il fallait bien combler le vide laissé par l’absence de ma libido normalement exacerbée. Ce vide se remplissait de sujets aussi importants qu’agaçants. J’avais envie de me rebeller contre le monde et de guerroyer jusqu’à ce que mes convictions l’emportent.  

« Oui, bon. C’est ma faute, je ne me contrôle pas… Tu arrêtes de tout ramener à toi à un moment ? C’est peut-être ma faute, nan ? »

Je n’en savais rien. Si ça marchait comme le sexe, il fallait être deux pour que ça fonctionne.

« Si ça se trouve, avec un autre ça n’aurait pas marché. Admettons que j’ai eu envie inconsciemment de t’accrocher à moi ? Ta magie aurait pu recevoir une sorte de signal et attendre le bon moment pour agir, simplement. Je m’y connais pas en Lien mais… c’est bien… »

Je joignis le bout des doigts de mes deux mains entre eux.

« Ce n’est pas toi qui décide toute seule. Peut-être qu’on est compatible et que… Vous avez un Æther pour le Lien ? C’est sa faute à lui. »

J’adorais invoquer les Dieux quand ça m’arrangeait. Si un mari me trouvait dans le lit de sa femme, c’était forcément un coup d’Azazus, d’Elizabeth, d’Odias ou d’Uhaïna. Il devait se faire une raison. Puisque les Ætheri le désiraient, à quoi bon lutter et s’énerver ? Malheureusement, ça ne marchait pas toujours. Avec le temps, cependant, j’étais arrivé à un stade où il me suffisait parfois d’avouer mon méfait et de demander au cocu s’il y voyait vraiment un inconvénient pour qu’il me réponde que non. On pouvait s’arranger. Un plan à trois ça pouvait être sympa. Ou, pour la punir, on le faisait à deux et elle regardait. Les volontés étaient malléables et dépendaient de plus en plus du ton que j’employais.

Je levai les yeux au ciel.

« Il s’en remettra, ça va. »

Je l’avais lâché comme une évidence. J’en étais presque persuadé. Il allait sans doute mal prendre la nouvelle et éventuellement nous le faire payer mais je savais qu’il pourrait encaisser. Ce serait bête de nous perdre tous les deux sous le coup de la jalousie justement par peur de nous perdre. Il le vivrait peut-être comme une trahison mais j’espérais qu’il comprendrait qu’aucun de nous deux n’avait fait exprès. Et puis, il n’avait rien à dire. C’était l’arroseur arrosé. Il nous trompait tous les deux avec l’autre, surtout Laëth puisqu’elle n’était même pas au courant de notre relation. Ce n’était qu’un retour de bâton dument mérité, même si je préférais quand c’était mon propre bâton qui… Bref.

« C’est un Magicien. Ça ne reste jamais fâché longtemps ces bêtes-là. »

Je croisai les bras sur mon torse.

« Et lui, il ne s’est jamais parjuré ? Il n’a jamais menti ? Tu ne pouvais pas savoir que ça allait se déclencher tout seul. Ce n’est pas comme si tu avais fait les démarches pour avoir un Humain alors même que tu avais promis de ne pas le faire. Là tu n’as rien fait, ça s’est fait tout seul. Surtout que si tu avais réellement voulu un Humain, tu ne m’aurais pas choisi moi, n’est-ce pas ? Je sais bien que tu ne m’aimes pas beaucoup. »

Un grand sourire se dessina sur mon visage.

« Enfin, soit tu ne m’aimes pas beaucoup, soit tu m’aimes un peu trop à ton goût. »

La répulsion allait souvent avec l’attraction.

« Bien sûr que j’ai raison. »

Qu’est-ce qu’il ne fallait pas dire pour qu’elle arrête de se lamenter ! Je me doutais pourtant que ça n’allait pas se terminer si facilement. Elle me mettait mal à l’aise à dégouliner de partout et à osciller entre le pire et le meilleur. Je n’étais pas doué pour prendre soin des autres. Je n’étais même pas sûr d’y parvenir, à force de tout prendre à la légère. Pourtant, je trouvais que j’avais en grande partie raison de laisser couler les événements sur moi sans m’atteindre ou presque. L’Humain était cependant plus raisonnable.

Je m’approchai.

« Je ne sais pas. Ça dépend de mon envie et de ce que j’ai à faire mais je doute qu’on se voit souvent alors peut-être que le Lien n’évoluera pas. »

Je posai ma paume sur sa tête, comme si je m’apprêtais à la lui tapoter gentiment. Elle resta pourtant ancrée là.

« Je vais aller parler à Kaahl. Ce sera mieux si c’est moi parce que, si tu chouines, il ne comprendra rien et comme tout le monde sait qu’il est maniaque, si tu mouilles et froisses sa chemise, il va faire une attaque. Remarque, ça peut être un plan viable pour qu’il ne sache jamais pour nous deux. »

Je souris avant de la décoiffer avec mes doigts.

« C’est bon ? On peut retourner chacun de notre côté ? Je peux te laisser toute seule sans que tu essayes de te suicider en sautant du haut d’une marche ? Dis-moi parce que si c’est nécessaire, je peux toujours t’attacher à un enclos. Le truc c’est que quand j’enlève la Bague, j’ai très envie de le faire. »

Je penchai la tête légèrement.

« Honnêtement… T’as rêvé de moi dernièrement ? Tu peux le dire, tu sais, que tu fais des rêves cochons avec moi. T'façon, c'est pas comme si on allait devoir se supporter jusqu'à la mort. »

Je lui fis une pichenette sur le nez.

1009 mots


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Priam et Laëth
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Mer 06 Oct 2021, 06:52



Photo study n2 by Tpiola

La nuit, le ciel engloutit les oiseaux

En duo avec Adam



Le coupable ne se montrerait jamais. Si ce n’était pas elle, si ce n’était pas lui, il demeurerait un secret. Il n’y aurait personne sur qui se décharger ; car que crier aux Dieux ? Quelles larmes entendraient-ils parmi celles que faisaient couler leurs desseins obscurs ? Comment pouvaient-ils s’épancher sur les malheurs causés par leurs volontés et les nécessités du Destin ? Depuis son rêve avec Jun, cette notion s’était profondément inscrite en elle ; peu à peu, elle avait étendu son empire, insidieusement, à la façon dont un serpent se faufile entre les broussailles. Freyja la combattait encore, révoltée à l’idée que sa vie ne lui appartînt pas vraiment et qu’elle dût obéir à des lois qui la dépassaient et la régiraient toujours. Pourtant, dans ce monde-là, rien n’était de sa faute. Et si c’était quand même elle, ou si c’était quand même lui, Adam avait raison : il y avait une forme de vacuité à se morigéner. C’était trop tard. Ils ne pouvaient pas défaire le passé, aussi proche fût-il. Il n’y aurait pas de Justice, pas pour eux.

Pas pour elle. Les paroles de l’Humain ne suffisaient pas à la rassurer en tout point. Kaahl n’était pas un Magicien. Pas totalement. Les Ténèbres vivaient en lui. Elle le savait. Même s’il ne voulait pas le lui avouer, elle l’avait compris depuis longtemps. Cette dualité, elle la connaissait. Elle avait grandi avec, sur ces terres dorées. Le pardon se heurtait parfois à la colère noire du Mal. « Oh, et parce que ça a pu déjà lui arriver, je dois me comporter de la même façon, ou me sentir réconfortée parce qu’après tout, je ne fais que lui rendre la monnaie de sa pièce ? » lança-t-elle, avec tout le mépris que pouvait lui inspirer une telle philosophie. Il y avait aussi une espèce de peur, motivée par l’impression détestable que le Déchu avait pu lire dans ses pensées. C’était impossible, parce que les informations qu’elle détenait sur Kaahl étaient protégées. Son cœur avait néanmoins bondi. Pour ça, et pour la peine que pouvait réveiller le souvenir des mensonges, et l’impression que les mystères ne cesseraient jamais. Bien sûr, qu’il avait menti et s’était parjuré. Bien sûr. Mais un fragment de son âme le détestait pour cela ; et elle ne voulait pas en venir à se haïr elle-même. « Non, je ne t’aurais pas choisi, c’est sûr. » maugréa-t-elle en détournant le regard. Elle ignorait sur qui se serait porté son choix. Elle avait cessé d’y réfléchir à la seconde où elle avait fait sa promesse. La boutade d’Adam lui fit relever le nez. Elle le fronça. « Ne nourris pas trop d’espoir. » Elle n’aimait qu’un seul homme.

« Peut-être. » On ne pouvait pas s’accrocher à cette idée. Elle était trop incertaine. Dans le futur, il pouvait être amené à devoir porter souvent la bague, soit pour des raisons pratiques, soit parce qu’il y prendrait goût. En sentant sa main sur le sommet de son crâne, l’Ange frissonna. Elle ferma les yeux, et essuya ses cils mouillés du bout des doigts. Même si les conséquences probables du Lien lui parvenaient déjà, une partie d’elle avait encore du mal à réaliser pleinement. Elle avait l’impression d’avoir atterri dans une dimension parallèle. Quand il lui ébouriffa les cheveux, elle ne réagit même pas. En revanche, sa proposition la surprenait. Ils avaient été collègues, mais ils n’avaient pas l’air d’être proches. Cependant, elle ne releva pas. Elle se contenta de souffler : « Je ne peux pas lui cacher. Il faudra que je lui en parle. » Sans dire si elle le ferait avant lui, ou après, dans cinq jours ou cent ans. « Et rassure-toi, je n’ai jamais eu l’intention de me suicider à cause de toi. » Elle se redressa pour le regarder. Ses yeux s’écarquillèrent un peu, ses joues rougirent de honte ou d’agacement, et ses mâchoires se serrèrent. « Tu devrais peut-être la garder tout le temps, alors. » L’Ailée se releva, prête à s’en aller.

Les mots de l’Humain l’immobilisèrent. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Elle perçut à peine la pichenette qu’il lui fit. Ses sens en alerte étourdissaient son esprit. Les rêves. Elle revit ses mains sur ses cuisses, ses lèvres sur son sein, ses yeux dans les siens. Elle aurait voulu pouvoir rester de marbre, mais tout ce qu’elle pouvait envier à la pierre, c’était sa pâleur. Elle ne s’attendait pas du tout à cette question, pas ici, pas maintenant. Plus qu’une interrogation, c’était une confirmation. Ces songes lui appartenaient autant qu’à elle. L’idée qu’il y eût eu une véritable interaction l’écœurait peut-être plus que de croire qu’il ne s’agissait que des fantasmes inavoués de son subconscient. Elle se sentait à la fois soulagée et salie. Il l’avait vraiment touchée. C’était sûr, certain. Sinon, il ne lui aurait jamais demandé ça. Ils avaient dépassé le stade des sous-entendus et, sans eux, le doute ne pouvait pas survivre.

Freyja recula d’un pas. « Non. » Non, elle ne voulait pas avoir cette conversation avec lui, ni ce soir ni jamais. Ses ailes se déployèrent et, sans prévenir, elle s’envola. Au bout de quelques mètres dans la pénombre, sa silhouette disparut. Le ciel l’avait engloutie.

« Freyja ! Freyja ! J’ai fini ! » Dastan arrivait en courant, essoufflé. « Bah ? » Son regard étonné s’arrêta sur Adam. Elle n’était plus là.



Message VIII – 905 mots




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