Il n’est pas rare d’accrocher une âme tourmentée, dont les regards et les soupirs se perdent vers les flots glacés et l’on imagine aisément les tracas de cet étranger qui songe au brave ou à l’imprudent qui a prit la mer. Dans un trait de tendresse et de miséricorde, celui qui assiste à cette détresse ne peut qu’acquiescer et compatir. L’un comme l’autre sait qu’il est périlleux de voyager à travers les eaux profondes. C’est à raison que les Hommes craignent les abîmes : celle-ci se prénomme Aylidis. Déesse des Mers et des Océans, elle est celle qui décide du calme ou de la tempête, qui façonne les vagues et les vents au gré de ses humeurs et de ses caprices. Protectrice des enfants des abysses, elle n’est appelée Aylidis que par les Sirènes, les peuples de la terre lui préférant le nom d’Eoda. Les deux cultes sont aussi différents qu’ils puissent, l’un vénérant son Æther Primordial là où l’autre cherche à implorer la pitié et susciter la bienveillance. Seulement, la belle est cruelle et la rage qui vit dans ses yeux est symbolisé par l’arme qu’elle ne quitterait jamais : son grand trident, avec lequel elle pourrait faire chavirer une flotte entière, si l’envie l’en prenait. La représentation la plus commune de la Déesse des mers est une femme aux longs cheveux blonds et aux yeux céruléens, dont la peau scintille et luit d’une étrange lueur bleutée. A la fois humaine et animale, elle possède une immense queue de serpent des mers à la place de ses jambes. Charmeuse et séductrice à l’instar de ses filles, les mythologies lui prêtent autant d’amants que de colères, de romances que de dénouements sanglants. Quelques fois encore, les peintres préfèrent ne pas conférer une allure à l’Æther – de peur de ne pas réussir à sublimer ses charmes - et la suggère à travers les vagues, avides et dévorantes, qui engloutissent les vies et les vaisseaux, et à travers l’écume qui se brise sur les rochers. Le Grand Temple d’Aylidis, le plus important et le plus majestueux, est niché au cœur de la Cité Engloutie, sous la bonne garde des plus fervents croyants de la Déesse : les Ondins. Dans la tradition des mers, il est d’ailleurs de coutume que seules les jeunes filles ou femmes à la pureté reconnue et la virginité établie soient les Prêtresses de la divinité. Mise à part la race ondine, il n’existe pas réellement d’autre espèce qui voue un culte particulier à Eoda mais chacune d’entre elle prend soin à l’honorer : nul ne sait quand il prendra la mer et lorsque ce jour arrivera, mieux vaut être dans les bonnes grâces de l’Esprit. Les marins et les pirates sont par ailleurs des fidèles dévots et passionnés, dédiant un autel à la Déesse dans chaque navire, dans chaque port. Les femmes - désireuses de porter chance à un frère, un fils ou un époux parti en mer – doivent se couper les cheveux et les faire brûler avec du sel, dans une petite coupelle installée dans le petit sanctuaire destinée à son culte. Les cendres sont ensuite jetées dans l’onde. Les Sirènes se rient souvent des prières des Gælyan, qu’elles considèrent comme vaines, inutiles, et bien loin de la bonne façon de contenter la Déesse, qui se complait à voir des sacrifices en son nom.