Partenaire : Daé Intrigue/Objectif : Suite à des événements inattendus, Solheim et Daé se retrouvent embarqués dans une quête à la recherche des pierres de l'amante du Prince du peuple des Sëra.
La chaleur de la forge n’avait rien à envier à la lourdeur du climat de l’île réprouvée. De grosses gouttelettes de sueur perlaient sur mon front, glissaient sur mes joues rougies par l’effort et finissaient leur course sur le métal en fusion. Je frappai la barre d’acier avec vigueur. Les coups répétés du marteau sur mon ouvrage tintaient dans tout l’atelier, se mêlant à ceux de mes compagnons dans une mélodie désharmonieuse. L’alliage ne tarda pas à perdre sa carnation incandescente et je n’eus d’autre choix que de le replonger au coeur du brasier. C’était la première fois que mon travail consistait à être aussi précis. Aleifr et Sarqon s’étaient concertés avant de décider qu’il était temps de m’initier à des créations requérant davantage de rigueur et d’adresse. Ce n’était plus d’armes dont il s’agissait mais de pièces s’assemblant entre elles pour former des conceptions plus sophistiquées. Ma première commande se révéla être destinée à un grand exploitant de Lumnar’Yuvon - un homme de la famille Belegad. Malgré mon aversion pour les habitants de cette contrée arriérée, je prenais ma mission à coeur et m’attelai à fournir un travail de qualité. Je notai malgré moi que le Maître Forgeron avait réussi à m’inculquer l’une de ses fameuses maximes, à savoir : ‘Les affaires sont les affaires - et il n’y a pas de place pour les sentiments lorsque l’on marchande’. J’avais d’ailleurs déjà eu l’occasion de rencontrer l’un des membres de la lignée lors d’un très bref échange à Avalon ; sur le coup, je n’avais retenu aucun intérêt pour sa personne - mais je ne l’avais pas trouvé antipathique pour autant. Cependant, depuis lors, j’entretenais malgré moi un sentiment d’inimitié à son égard. Je ne supportais pas de voir le nom de ‘Priam’ gravé aussi profondément dans la chair de mon bras gauche.
« Hé, Solheim ! T’en es où de la fabrication du soc ? cria Sarqon de sa voix de basse
— J’ai fini ! Je viens de commencer le versoir.
— Attends, j’arrive. »
Je sortis mon labeur des flammes et le reposai sur l’enclume face à moi. Il n’était pas recommandé de laisser trop longtemps le métal dans le feu ; une trop haute température risquait de déformer la structure même de l’acier. J’attendis quelques instants que le second-maître - le chef des apprentis - me rejoignât près à l’établi.
« Alors, voyons ce soc »
L’homme à la carrure d’ours attrapa l’objet dans sa grosse main velue et l’examina sous tous les angles. Il caressa la partie plane à la recherche d’aspérités et pointa une ou deux petites erreurs. Je buvais ses conseils avec avidité, à l’écoute de chacune de ses remarques. Je voulais tellement progresser qu’il n’était pas rare que je m’accordasse un temps de pause à la suite de nos échanges pour noter les informations qui me paraissaient les plus pertinentes dans un petit cahier à la reliure de cuir. Après un examen qui me parut fort long, il m’adresse un sourire et ébouriffa mes cheveux comme un père l’aurait fait à son fils.
« C’est bien, petit. Continue comme ça. »
Il fit volte face et un sourire illumina mon visage. Je pris quelques notes dans mon carnet et retourna à mon poste.
Post I - 524 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Jeu 03 Déc 2020, 12:42
Rencontre avec le Destin
Musique ! Malgré ses réticences, la Réprouvée qui avait intercepté Daé à l'orée de l'île de la Mer Maudite le laissa passer. Sa tête n'était pas inconnue du peuple qui vénérait les Zaa'hin et il s'était battu à leurs côtés. Loin de lui l'idée de ne pas être sur ses gardes, mais il savait qu'il ne se ferait pas flécher à vue comme pouvaient peut-être le craindre d'autres personnes. Le Rehla n'avait jamais foulé ces terres, mais depuis quelques jours il s'était mis en quête de tissu relativement précis et cette quête semblait l'amener sur les terres réprouvées. Il était en train de travailler sur des pièces d'armure en tissu pour les personnes qui ne pouvaient pas se permettre de porter des choses trop lourdes. Le catalogue de ses idées s'étendait et cette fois saon maître·sse d'apprentissage lui avait permis de tenter d'en réaliser une. Il n'était toujours pas fort habile, mais les choses s'amélioraient. Il portait sur lui une de ses réalisation qu'il avait créé pour le voyage et qui était imparfaite, mais qui avait été retouchée par To. Ce vieillarde qui lui apprenait la couture correctement. Son col était serré et remonté et le haut, bleu roi, était assez seyant. Il lui moulait le corps, qui était devenu plus finement musclé qu'avant. La taille s'évasait en deux couloirs de tissus, un pour chaque jambe, qui était beaucoup plus évasés et qui tendait vers un bleu plus sombre au fur et à mesure qu'il descendait. Une simple ceinture de velours était nouée à sa taille pour marquer une coupure sur son corps et il portait d'habituels bottines à talons en cuir végétal. Il avait travaillé sur cette tenue pendant plusieurs semaines et il était désormais ravi du résultat. Il sortit son carnet de croquis en marchant dans l'île maudite, la tête concentrée sur les dimensions de ce tissu qu'il cherchait. Il le voulait aussi léger et protecteur que possible et il se doutait bien que des membres de ce peuple avaient dû trouver un moyen d'intégrer des fibres de métal à l'intérieur du tissu. Un mot était entouré dans son carnet : Forgeron.ne.x ou tisserand.e.x ?
Il rélféchit en continuant sa marche. Sur cette île, il opterait pour les forges, une île martiale devait regorger d'artisan·ne·x·s formidables. Toujours la tête dans son cahier il sentit soudainement un coup arriver sur son flanc gauche. Quelqu'une l'avait bousculé et le choc avait été assez fort pour qu'il lève la tête le regard un peu sonné et qu'une Réprouvée l'interpelle dans la langue de son peuple. "Mey ! Weii naak ai okker ! Ni kom Dov Yu ?! Wo Dreh het ?" "Dorf gon yu." répondit calmement Daé avec un léger accent. Il savait qu'il ne fallait pas perdre son sang-froid dans cette situation encore plus face à des gens de ce peuple qui étaient connu·e·x·s pour être des bruts. En un regard de défi la Réprouvée sortit une machette de son fourreau et commença à me tourner autour alors que les regards de la foule s'amassaient autour de nous.
575 mots Zul'Dov : "Imbécile ! Va manger ma bite ! T'es pas un réprouvé toi ?! Tu fais quoi ici ?" "Rien qui te concerne."
J’avançai plus vite que je ne l’aurai escompté. Le versoir dans lequel viendrait s’emboîter le soc commençait à prendre forme. J’alternai souvent entre le four et l’enclume, préférant replonger le métal dans les braises dès que sa couleur jaune perdait de son éclat. J’avais appris la patience à force de labeur. J’évitais désormais de le frapper trop longtemps - lorsque ce dernier commençait à rougeoyer sous l’effet du refroidissement, c’était là que le risque de brisure était le plus important. J’avais retenu cette leçon à mes dépends. Trop souvent - à mon goût et à celui de mes maîtres - j’eus à recommencer un ouvrage dès le début à cause de ce manque de clairvoyance. Mais cette fois-ci, je prenais toutes les précautions afin de rendre un travail de qualité. Alors que je plongeai l’acier une énième fois dans le feu, la tenaille avec laquelle je le tenais s’entrouvrit. Ma création se perdit au milieu des bûches calcinées.
« Nutaar’Kra ! » (putain de merde) m'écriai-je par automatisme, attirant vers moi des regards interrogateurs.
Je n’avais que peu de temps pour récupérer le fruit de mes efforts. Une température trop importante avait tendance à brûler beaucoup de matière et à fragiliser le résultat. Au mieux, l’objet ressortait avec des traces noires, créant un rendu sale et amateur. Au pire, il ne constituait plus qu’un amas fondu et inutilisable. Sans tarder, je fouillais la masse lumineuse au moyen des grandes pinces de métal, tâtant le fond à la recherche de mon ébauche de versoir. Je rencontrais plusieurs morceaux de bois sur mon chemin ; ils s’écrasaient sous la pression que j’exerçai en essayant de déterminer s’il s’agissait de ce que je cherchais. Finalement, je le trouvai. Je m’y repris à plusieurs fois pour l’extirper de la chaleur du four. Je le posai quelques secondes sur l’enclume avant de le plonger dans un seau d’eau froide. Lorsque je le ressortis, j’eus le soulagement de constater que mon oeuvre n’était pas aussi mal en point qu’elle aurait pu l’être. Ce fût à ce moment que Sarqon émergea derrière moi.
« Hmmm »
Je fis volte-face pour observer son visage contrarié. Il inspectait l’objet à distance, n’osant pas s’approcher. Mon coeur s’était arrêté de battre. J’attendais son verdict comme un condamné patiente pour connaître sa sentence. Il finit par m’écarter du plan de travail. De sa main experte, il saisit une pince pour approcher le métal de ses yeux céruléens. Il l'examina durant plusieurs minutes avant de le reposer. Il haussa les épaules puis s’en retourna.
« Ça m’a l’air encore utilisable, tu as eu de la chance. »
Je retins difficilement le sourire qui essayait de percer à travers mes lèvres.
Post II - 437 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Ven 11 Déc 2020, 14:43
Rencontre avec le Destin
Yicali ! Daé n’avait jamais été au centre d’un duel. Il s’était déjà battu, peu, mais il l’avait déjà fait. Or là la situation était toute différente, radicalement. Le cercle qui entourait les deux protagonistes que la foule commençait à regarder se resserrait dangereusement au fur et à mesure et surtout, il ne voulait pas attirer l’attention. Ce serait chose ratée pour cette fois. Il voulait trouver un moyen de sauver son honneur à l’intérieur des terres réprouvées, tout en évitant d’être condamné à mort par la vindicte populaire qui semblait en manque de sang et d’attention. Daé les prenait souvent pour un peuple de barbare et il comprenait chaque jour un peu plus la raison de cela. Pourtant il savait qu’iels n’étaient pas plus barbares qu’un autre peuple, mais simplement que Phoebe avait d’autres desseins pour elleux. Son opposante commençait dangereusement à lui tourner autour et la foule commençait à taper des mains en rythme en scandant quelque chose que Daé ne comprenait pas en Zul’Dov. Il jaugea rapidement son adversaire. Il était moins rapide, plus ou moins à force égale et magiquement le Rehla avait largement le dessus. Et apparemment, au vu de comment son adversaire occupait le terrain, ce n’était pas totalement une pive en stratégie. Le Caeli devait décider vite ce qu’il voulait, étant donné qu’il n’allait pas pouvoir arrêter une attaque frontale si celle-ci commençait à arriver. Il réfléchit un instant à la raison pour laquelle la situation avait escaladé si vite et le seul mot qui lui vint à l’esprit fut : « Réprouvés ».
Son adversaire avait deux armes à la ceinture, une machette et un couteau et une hache qu’iel tenait dans ses deux mains en tournant dangereusement autour de Daé. Le Rehla se concentra en premier lieu sur la hache que tenait son adversaire de manière menaçante et l’enroba délicatement de magie en essayant de ne pas sourciller. Il n’avait jamais préparé une utilisation de magie comme il tentait de le faire ici. Pour l’instant la brute qui lui servait de paysage ne semblait rien avoir remarqué. Il fit pareil avec ses deux armes à la ceinture et il se tint prêt, le centre de son corps contracté.
Lae Réprouvé•e d’en face savait se battre et iel le sentit immédiatement. Iel fonça en direction de Daé, hache en main. Daé lâcha la machette de sa magie dans un élan de sursaut, mais appliqua le reste de son plan à la lettre. Alors au même moment, la hache et le couteau de son adversaire s’élevèrent dans les airs et Daé déploya deux grandes ailes, l’une blanche et l’autre noire, les deux parsemées par des centaines de plumes. La foule se recula pendant qu’il s’élevait d’un coup dans les airs et que son adversaire fonçait à l’intérieur du groupe de spectateur•ice•x•s. Daé sourit, son coup avait fonctionné. Parce qu’il l’avait prévu à l’avance. Alors que la foule applaudissait et riait, lae Réprouvé•e sortit sa machette et entreprit de la lancer en direction du Rehla.
« Putain mais qu’est-ce que c’est encore que ce bordel ! »
La voix puissante d’Aleifr vibra dans tout l’atelier, sonnant plus fort encore que le fracas des marteaux contre les enclumes. Je levai la tête vers mon maître au visage fondu par l’irritation.
« VOUS AVEZ PAS ENVIE DE LES FERMER VOS GUEULES ?! »
La vocifération faisait écho au tumulte extérieur qui s’amplifiait de plus en plus. Il était de notoriété publique que le forgeron n’appréciait pas travailler dans le brouhaha. Ses yeux de braise balayèrent l’atelier du regard. Je fus trop lent à reprendre mon travail. Et c’est sur moi que l’homme jeta son dévolu.
« Solheim, toi qui a l’air de t’ennuyer, bouge ton cul et va me dire à cet attroupement de demeurés d’aller fanfaronner ailleurs !
— J’y vais », annonçai-je dans un soupir tandis que j’abandonnai mon travail à contrecoeur. Je regrettai d’avoir été trop curieux ; à cause de cela, j’avais encore hériter du mauvais rôle. Calmer les ardeurs des habitants de l’île n’était jamais chose aisée - et bien loin de se laisser convaincre par des arguments civilisés, ces derniers avaient souvent tendance à jeter de l’huile sur le feu.
Je quittai la forge par la porte arrière pour rejoindre une rue parallèle à la principale. L’avenue était déserte tant les bipolaires s’étaient amassés autour de l’origine de l’agitation. A mon tour, je me traînai d’un pas rapide - désireux de découvrir ce qui attirait tant les regards de mes congénères. Les bruits émanant de la foule devinrent de plus en plus proche à mesure que je me rapprochai.
« Smak ! Smak ! Smak ! Smak ! » (frappe ! frappe ! frappe ! frappe !) scandait la multitude, les yeux rivés sur les deux adversaires.
Je compris soudain de quoi il en retournait. A tous les coups; deux imbéciles de Lumnaar’Yuvon n’avaient rien trouvé de plus intéressant à faire que d’amuser la galerie. Mon pas se fit plus pressant. Il n’y avait là rien pour attirer mon attention ; le travail du métal était bien plus intéressant qu’une bagarre de bas étages. C’est alors que des applaudissements retentirent entre deux grognements de haine. Dans le ciel devant moi, un réprouvé s’était envolé. Je l’observai d’un air circonspect ; je n’avais jamais vu ce gringalet dans la région. C’était étrange ; aucun bateau n’avait débarqué au port. Je fronçai les sourcils, fouillant ma mémoire. La cité n’était pas très grande - et la plupart des nôtres se retrouvaient lors des exercices martiaux matinaux. Pourtant, je n’arrivai pas à l’encadrer dans un décor familier. C’est à ce moment là que deux mastodontes décidèrent de le rejoindre dans les cieux ; probablement pour le faire redescendre sur terre. Je me demandais soudain comme le petit allait se débrouiller face à cette nouvelle menace. Face à ces nouveaux opposants, nul doute que le combat s’achèverait bien assez vite.
Post III - 455 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
C’est à ce moment-là que Daé comprit pourquoi on lui avait dit de ne pas aller sur les terres réprouvées avant d’être extrêmement bien entraîné. Or il l’avait été plus que son adversaire qui était maintenant honteux en train de regarder le combat, mais moins que les deux mastodontes réunis qui fendaient l’air dans sa direction, les ailes dans une position aérodynamique parfaite pour encourager la poussée qu’iels venaient de faire pour s’envoler. Daé n’avait ni l’énergie, ni l’envie de faire ça et sa magie ne fit qu’un tour. Il ne réfléchit même plus à essayer d’apaiser les tensions, il laissa l’énergie ambiante du combat le gagner et pour la première fois depuis longtemps laissa sortir la colère qu’il avait au fond de lui depuis la mort de ses parents. C’était peut-être aussi un des pires moments pour le faire. Ses adversaires étaient fort•e•x•s et agiles, mais ne lui arrivaient pas à la cheville magiquement et il le sentait. Il dressa sa main devant lui et les ailes des deux colosses se tordirent dans les airs les faisant crier de douleur – c’est qu’il y avait des composants musculaires à l’intérieur – et les faisant foncer l’un contre l’autre. Les cris de la foule. Daé qui commençait à pleurer et à voir de plus en plus rouge. La réaction ne se fit pas tarder, les deux réprouvé•e•x•s se stabilisèrent dans les airs en secouant brièvement la tête pour reprendre leurs esprits et sortirent un deuxième marteau de leur ceinture. Daé était en mauvaise posture et il n’en avait même plus conscience. Il voulut les insulter, mais ne put que crier. Un cri relativement glaçant, celui du désespoir. Iels voulaient se battre, il avait de la colère à revendre. Tout le monde le sentit. Le combat venait de gagner des nouveaux enjeux. Le premier coup de marteau fut évité, mais le Caeli avait oublié qu’une des réprouvée en avait sorti un deuxième et il se le prit sur l’épaule qui fit un bruit pas extrêmement agréable à entendre et qui fit encore plus crier la foule. Les vêtements des deux adversaires du Rehla se serrèrent sur eux au point de les faire étouffer, mais l’ancien adversaire de Daé encore au sol lança une pierre que le jeune homme aux cheveux blancs dut éviter, relâchant son étreinte sur ses ennemis.
Les cris de la foule se faisaient de plus en plus fort, de l’argent passait de mains en mains et Daé étaient très clairement pressenti pour perdre. Dans un coin de la foule, quelques personnes semblaient regarder le combat plus soigneusement que les autres et pointer du doigt parfois une personne ou une action, comme s’iels étaient à la recherche de quelque chose.
Malgré les apparences, ce n’était pas un réprouvé. Ses méthodes de combat différaient bien trop des nôtres pour qu’il pût se revendiquer de notre race. Même parmi les bipolaires de Stenfek, ceux qui usaient exclusivement de la magie pour se battre n’étaient rien d’autres que des parias. Il avait dû acquérir ces excroissances d’une quelconque manière ; certaines rumeurs racontaient que bon nombre d’individus s’étaient vu octroyer ce privilège suite à l’apparition de Lok’Silus. Peut-être faisait-il partie de ces étrangers qui nous avaient aidé lors de cette bataille de légende ? Toujours était-il qu’il n’avait aucune chance de ressortir vivant de ce combat. La rage guerrière qui battait dans nos veines ne faisait que croître à mesure que le combat gagnait en intensité. Et le racisme de la nation ne faisait qu’intensifier le désir de le voir trépasser. Bientôt, d’autres s’élanceraient dans la bataille pour éliminer celui qu’ils avaient identifié comme une menace. Telle était le sort de ceux qui s’attiraient les foudres de notre peuple, révélant notre part d’ombre au grand jour. Malheureusement pour lui, ce comportement était intensifié par la nature belliqueuse des habitants de Gona’Halv ; et ni les natifs de Lumnaar’Yuvon, ni ceux de Sceptelinôst ne viendraient à son secours ; restaient ceux de Stenfek qui tardaient à se manifester.
Je jouai des coudes pour avancer dans la cohue, approchant de l’arène imaginaire. Le brouhaha ambiant m’était insupportable. Je gratifiai mon voisin d’une violente tape sur l’épaule pour attirer son attention.
« Hé l’ami, c’est quoi toute cette agitation ? Il a fait quoi l’petiot ? »
Il tourna la tête vers moi, dévoilant son regard sinistre. Il ne semblait pas réellement apprécier que je le dérangeasse durant le spectacle. Je fonçai les sourcils pour lui intimer de me répondre, en vain.
« Tant pis, lâchai-je en haussant les épaules. Je vais devoir dire à Aleifr que j’ignore ce qu’il se passe dehors… Lui qui travaillait sur une pièce si complexe… Je doute qu’il apprécie de se voir déranger pour si peu. » Alors que je faisais mine de partir, l’homme me retint par le bras.
« Le gars est sur notre territoire, ça te suffit pas comme raison ?! » A son ton, je devinais que - pour lui - il n’en fallait guère plus pour mettre à mal cet importun.
« C’est à dire que… J’aurai préféré qu’il existe une raison suffisant pour m’empêcher de mettre un terme à tout ceci, mentis-je. Ma foi, je ne fais qu’obéir aux ordres de mon maître… »
Le forgeron était bien connu des habitants de la ville pour sa force titanesque. Rare étaient les villageois qui osaient s’opposer à lui. Personne ne l’avait jamais vu en colère et - aux yeux de tous - c’était mieux comme cela. L’homme eut l’air contrarié par ma réponse mais relâcha néanmoins sa prise. Aussitôt libéré, je m’élevai dans les airs à la rencontre des assaillants.
« YLGAR ! ALEIFR YENNEFER. ROK GILDARR KAMAAR ! » (Assez ! Aleifr travaille. Il réclame le calme !)
Comme pour aider à apaiser les esprits échauffés, je bandai ma magie pour les atteindre avec le Pruzah Aus. Je n’étais pas le plus mauvais dans ce domaine mais j’étais loin d’être le meilleur. Un doux manteau de lumière couvrit mon corps en un halo apaisant. Je concentrai toute ma volonté dans ce geste mais, malgré tout, il ne subsista qu’un bref instant : les calmer tous les quatre était au-dessus de mes forces. J’espérais malgré tout avoir quelque peu adouci leur animosité.
« Daar noret los io jaar. Io drein nimaar drum ahst heim kom Aleifr. » (Cet étranger est mon affaire. Je dois l’apporter à la forge d’Aleifr)
Je soutins le regard de mes congénères. J’espérais que l’évocation du forgeron suffirait à parachever de les convaincre. Je pointai l’inconnu du doigt - et parlai fort afin que tout le monde pût m’entendre.
« Toi-là, viens avec moi. Aleifr te réclame. »
Post IV - 614 mots
Dernière édition par Léandra Y. Silvanyr le Mar 05 Jan 2021, 21:22, édité 1 fois
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
La bataille n'allait en tous cas pas en s'arrangeant, les choses allaient de mal en pis et Daé le ressentait bien. Et pourtant, cela lui faisait un bien immense. Il comprenait peut-être, pour la premier fois, la satisfaction que pouvaient être les déchaînements de violences soudains, au milieu de nulle part, il comprenait la foule qui hurlait et qui voulait se battre, les coups qui fusaient et cette sensation de bander ses muscles à la limite de la déchirure et de donner tout ce qui nous restait dans chacun de ses coups. A chaque fois qu'il combattait avec des Réprouvé·e·x·s pas loin de lui, cette senation arrivait. Peut-être était-ce dû à la nature de ce peuple au tempérament connu pour être si belliqueux.
Malgré cette satisfaction et le danger montant, quelqu'un s'interposa soudain au milieu du combat, un autre membre du peuples aux ailes noires et blanches qui ordonna quelque chose en Zul'Dov. Le Rehla ne comprit pas tout. Il comprit que l'interjection voulait que le combat s'arrête, mais c'était plus ou moins la seule chose qu'il perçut. Il sembla que les autres partisan·ne·x·s du combat le comprirent mieux - sans grande surprise - et cela sembla plus ou moins fonctionner. Sans pour autant totalement apaiser cette lueur de guerre et de rage qui luisait dans les yeux des ennemi·e·x·s du Caeli, la surprise les désarçonna le temps que le nouvel arrivant utilise une magie que Daé n'avait jamais ressentie et qui lui fit plusieurs choses. Elle le calma, d'une part, et Daé sentit que cette magie avait pour but d'apaiser, il ne savait pas ce que c'était, mais cela fonctionna en partie. Et surtout, elle le fascina, il ne se rendait pas compte de la pluralité de la magie à l'intérieur de ce monde et s'il avait été en état, il aurait pris note de cela. Il était encore essouflé. Le réprouvé fraîchement arrivé dans les airs continua de converser et les opposant·e·x·s de l'enfant du peuple des étoiles baissèrent leurs armes. Il était sauvé pour le moment.
L'inconnu le pointa du doigt en commun et l'incita, sans trop lui laisser le choix à le suivre pour que Daé rencontre un certain Aleifr. Un chef ? Un dignitaire ? Un tortionnaire ? Non, rien de tout ça. C'était apparemment un forgeron qui allait recevoir Daé avec mauvaise humeur. Daé le sut en entendant le nom de son futur interlocuteur, mais ce n'était pas ce qui l'intriguait le plus. Alors qu'il redescendait et qu'il faisait disparaître ses ailes en entrant dans ce qui était, sans surprise à nouveau, une forge, il apercevait, fugacement, l'avant de la forge et un groupe d'étranger·ère·x·s venir parler à Daé et à l'inconnu qui le guidait d'une mission étrange. Il soupira en entrant de manière discrète, fatigué de savoir qu'il allait encore être embrigadé dans quelque chose qu'il ne maîtrisait qu'à moitié et s'inclina respectueusement devant celui qui semblait être Aleifr.
Les yeux des curieux nous observaient à mesure que nous approchâmes de l’atelier. J’aurai voulu pouvoir indiquer à l’inconnu qui s’agissait là d’un stratagème lui permettant d’éviter de passer au fil de l’épée, mais j’avais peur que l’un d’entre eux fût en capacité de m’entendre. Il nous serait bien plus facile - et plus sécuritaire - de discuter dans l’arrière boutique. Par ailleurs, il était urgent de prévenir Aleifr que je m’étais autorisé à utiliser sa notoriété pour faire cesser les hostilités ; si quelqu’un l’interrogeait avant moi et apprenait la vérité, nous risquions d’avoir des problèmes. J’espérais cependant qu’il ne m’en tint pas rigueur outre mesure.
Nous effectuâmes le tour de la bâtisse et j’entrouvris la porte arrière menant vers les forges, invitant l’étranger à pénétrer les lieux. A peine fûmes-nous à l’intérieur que je la refermai derrière nous. Le gringalet s’était déjà approché du maître pour le saluer avec respect. Les clameurs de la foule semblaient s’être calmées. Je priais pour que cette tranquillité retrouvée mît Aleifr dans de meilleures dispositions que lorsque je l’avais quitté.
« Alors, c’était quoi ce bordel ? Et c’est qui lui ? renifla l’imposante masse de muscle.
— C’est la source de tout ce tumulte. Hghar devait avoir envie d’en découdre - et tu connais sa répugnance pour les étrangers. J’ai dû utiliser la menace de ta colère pour réussir à l’extirper du combat - au grand dépit des autres. J’espère que tu ne m’en veux pas. »
Il secoua la tête, visiblement peu concentré sur mes paroles.
« C’est très bien, marmona-t-il, tant qu’ils ne braillent plus comme des bicornes, ça me va. »
Il se tourna vers l’étranger avec un sourire commerçant.
« Bienvenu à La Dague de Kiin'Tafiir, cher Monsieur. Nous sommes l’une des meilleurs forges de la région. S’il vous faut quoi que ce soit, adressez vous à Solheim ici présent. Je m’excuse mais je suis un peu occupé pour le moment.
— Va plus loin, Kiir, m’indiqua la voix de basse de Sarqon, le chef des apprentis. (Il leva brièvement ses yeux céruléens pour nous embrasser du regard avant de se reconcentrer sur son labeur).
— Pardon Kinbok, venez avec moi je vous prie », demandai-je à notre client en le menant vers la boutique.
Nous débarquâmes derrière le comptoir du magasin. Nos armes étaient exposées sur les râteliers fixés sur les murs de droite et de gauche. Au centre de la pièce, plusieurs mannequins étaient couverts de pièces d’armures diverses et variées. Chaque élément était disponible en trois taille et ajustable selon la morphologie de nos clients - moyennant un surplus de piécettes. Je repris la conversation là où je l’avais laissée.
« Alors reprenons là où nous en étions, comment vous appelez-vous ? Je suis désolé pour le mensonge tout à l’heure, ce n’est pas très facile d’interrompre un combat lorsqu’il a démarré…, me justifiai-je. Êtes-vous blessé ? Vous avez besoin de soins ?»
Post V - 480 mots
Note : Kiir = Gamin Kinbok = Chef
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
L'atelier était extrêmement ordonné, tout semblait en place. Et le maître des lieux était si concentré à son office qu'il accueillit avec froideur et détachement la nouvelle de l'arrivée du Rehla et de l'élève forgeron. Le Caeli ignorait si c'était par sympathie pour sa présence, par habitude ou pour une autre raison, mais la langue dans laquelle tout le monde semblait s'exprimer était le commun, à l'exception de certaines appellations et de certains mots. Daé pensa au fait que les coutumes réprouvées lui étaient extrêmement peu connues. Il ne savait même pas à quel point les Rehlas étaient infiltrés dans cette race à la réputation de brute. Il aurait été impoli de sortir un carnet maintenant, mais il réfléchit dans un coin de sa tête à se renseigner sur les questions de politiques internationales propres à son peuple de naissance. Là où le peuple noir avait des alliances plus ou moins claires, quoi que fragiles, Daé ne comprenait pas comment les Rehlas assuraient leur subsistance économique. Même si elle était sûrement assurée par les méandres des couloirs du Destin, il devait y avoir des personnes en charge de ces affaires à Lua Eyael et d'autres en charge de faire en sorte que ces affaires restent discrètes afin de ne pas mettre ce peuple sur le devant de la scène internationale. Deux sujets à investiguer dès que son emploi du temps le lui permettrait.
Une fois que les deux jeunes gens furent chassés du lieu principal de la forge pour aller dans l'arrière-boutique, le Réprouvé qui l'avait secouru se montra serviable et aidant, presque trop gentil par rapport à l'ambiance étrange qui régnait sur les terres de ce peuple. Ayant oublié de répondre à la première question de son sauveur, il le laissa finir puis enchaîna. "Nul besoin de vous excuser ! Sincèrement ! C'est moi...j'ai..perdu le contrôle, ce qui ne m'était plus ou moins jamais arrivé. Je m'appelle Daé ! Enchanté !" La seconde partie de sa question rappela soudain le Rehla à sa douleur à l'épaule. Il porta sa main droite à son épaule gauche qui semblait faire pendre son bras de manière trop molle pour être naturelle. En palpant délicatement, il fronça les sourcils et serra les dents avant de regarder son interlocuteur l'air désolé. "Et bien si vous le proposez, je crois que je veux bien quelques soin. Un de vos congénères a réussi à me déboîter cette épaule, au moins, à la casser, au pire."
Il sentit la présence du groupe de tout à l'heure qu'il avait vu dans sa vision entrer dans la forge. "En revanche, il va falloir faire vite, je crois que nous sommes bientôt attendu dans la forge par un mystérieux groupe." Daé ne réfléchit pas au sentiment d'étrangeté qu'il pouvait provoquer lorsqu'il verbalisait ainsi le futur proche ; partant du principe que les gens justifieraient son instinct par son aura magique qui était, dans ces moments-là, à la limite du palpable.
« Un mystérieux groupe qui nous attends ? l'interrogeai-je en arquant un sourcil. (Je n’étais pas assez conscient de la magie pour en saisir les manifestations lorsqu’elles se présentaient à moi. Ainsi me demandais-je s’il n’avait pas reçu un mauvais coup sur la tête qui lui faisait perdre la boule. N’ayant pas envie de le vexer, je poursuivis en son sens.) Ils passeront par cette porte de toute façon, celle de derrière est pour le personnel. Et s’ils ne sont pas contents d’attendre… On leur dira d’aller tripoter une bicorne pour patienter ! » lançai-je sur le ton de l’humour.
Reprenant mon sérieux, j’observai le bras du prénommé Daé avec une moue perplexe. Il tombait mollement dans un angle improbable, étirant probablement les ligaments qui le maintenaient en place. Pourtant, il ne chouinait pas comme ces mauviettes de sorciers. ‘Lui, c’était un bon gars’ songeai-je alors. Les luxations étaient des pathologies courantes chez les combattants ; un coup porté trop fort pouvait facilement désarticuler un membre ou deux. Cependant, pour ceux de mon peuple, il n’était pas question pas de perdre un combat faute d’avoir su porter le coup final. C’est pourquoi nous étions nombreux à apprendre à nous remettre nous-mêmes de ces blessures que nous considérions comme bénignes. En digne fils de l’instructrice de la garnison de Stenfek, je connaissais également les gestes appropriés.
« Ne bougez surtout pas. » le prévins-je, tout en attrapant son bras sans ménagement. Je saisis d’une main ferme l’avant de sa clavicule et, d’un coup sec, replaçai la tête de l’humérus dans la glène de la scapula. Un claquement sonore retentit indiquant que l’opération s’était déroulée avec succès. « Je pense que je n’ai pas déchiré de tissus, ça arrive parfois. » expliquai-je d’une voix pleine d’hésitation en le libérant de mon joug.
Heureusement pour lui, ma formation médicale avait été complétée par l’éducation de mon autre mère : une thérapeute plus douée que la moyenne. Contrairement à ses pairs - parfois un peu trop bornés -, elle n’hésitait pas à utiliser la magie comme un complément de son art.
« Dans le doute, autant être prudent… Ça ne sera pas très long. »
J’approchai mes mains de son épaule droite - sans la toucher pour autant - et fermai les yeux pour gagner en concentration. Je visualisai des pensées heureuses et des paysages paisibles. Je me focalisai sur la nature même des émotions qui me parcourraient, tentant de ressentir un sentiment de plénitude et de bien-être. Alors seulement, je m’accordai à projeter ma magie.
C’était un subterfuge que j’avais développé il y a peu pour m’aider à différencier les deux sources de mon pouvoir. Je m’étais bien trop souvent fourvoyé, usant de la magie noire à la place de la blanche et inversement. Les résultats étaient bien souvent catastrophiques. Je me rappelai avec regret mes échecs - notamment ceux qui débouchèrent sur une issue fatale. Je n’étais pas réellement doué avec la magie ; c’était une bonne chose du point de vue de mes congénères. Pourtant, cette faiblesse me pesait et j’essayai malgré tout de m’imposer un apprentissage timide de cet art ésotérique.
De petites étincelles blanches jaillirent de mes doigts pour répandre leur chaleur dans les tissus organiques de mon patient. Tout mon être était tourné vers cette envie de le soigner, de l’aider, de réduire sa souffrance. J’ignorai comment mais j’avais la certitude que mon pouvoir avait l’effet escompté pour le jeune homme. Je maintins cet état un bref instant avant qu’il ne m’échappât. Je ne remarquai pas la projection grisâtre qui frappa le visage de Daé - là où, d’ici quelques minutes, une affreuse pustule urticante ne tarderait pas à poindre.
« Bon voilà, ça devrait faire l’affaire pour le moment. Ça va mieux ? Il ne faudra pas bouger le bras pendant quelques temps. Je ne suis pas le plus doué des guérisseurs. » avouai-je avec une franche simplicité.
Post VI - 638 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
La magie envahit le bras de Daé qui avait été blessé dans la bataille. Ce n'était pas une magie particulièrement puissante ou experte, mais c'était un pouvoir contrôlé par quelqu'un de minutieux et d'habile, une personne qui avait mis toute sa précision dans son ouvrage et d'instinct, Daé avait la sensation que cela fonctionnait. Ce n'était pas une magie qu'il connaissait personnellement, mais Elsa, sa Mentore infiltrée chez les Magicien.ne.x.s la pratiquait également et il avait eu l'occasion de la voir à l'oeuvre plusieurs fois ce qui le dérouta bien moins que le pouvoir qu'il avait pu apercevoir précédemment dans les airs. Ce Réprouvé semblait connaître son office. Du moins jusqu'à ce qu'une étincelle de magie à la teinte terne et argentée aille ricocher contre le visage de Daé qui bougea brusquement pour essayer de l'éviter, mais se la prit juste en dessous de l'oeil. Le Rehla ne savait pas ce qu'il venait de vivre, mais apparemment Solheim ne l'avait pas prévu. Par politesse, il ne dit rien, se disant juste de faire attention à qui il confiait ses bras la prochaine fois - en priant pour qu'une prochaine fois n'arrive pas. "C'est de la jolie magie ! Si je ne m'abuse, le peuple dont vous faites partie n'est pas grand appréciateur de magie n'est-ce pas ?" il était très intéressé, car n'avait jamais rencontré de Réprouvé.e.x.s et n'avait que très peu parlé à des Rehlas infiltrés à l'intérieur de ce peuple et il se demandait vraiment comment les choses seraient si c'était son cas - même s'il ne semblait pas spécialement taillé pour l'emploi.
Le Caeli fit se mouvoir son épaule rapidement dans un sens puis dans l'autre pour tester un peu à quel point elle s'était remise et sentit que le traitement, quoi que sommaire, avait plutôt bien fonctionné. Il sourit à pleines dents à Solheim et le remercie chaleureusement en s'inclinant devant lui. Au même moment, la magie du lieu fut perturbée par trois individus qui entrèrent dans la forge. Le Réprouvé ne sembla pas le sentir. Iels n'étaient ni puissants, ni faibles. A elleux deux, Daé et Solheim pouvaient les tenir en respect facilement, en tous cas magiquement, mais le Rehla savait que sur cette île ce n'était pas la seule donnée à prendre immédiatement en compte. Il se surprit d'ailleurs à avoir ce fil de pensée, lui qui d'habitude était porté sur la non-violence dès que possible, il sentait que l'aura de l'île et la colère qui était monté en lui bouillonnait encore quelque part et qu'il allait devoir un jour s'occuper de ça. En tous les cas, tant que le groupe ne posait pas de problème, il profita pour demander à Solheim : "Vous êtes forgeron, donc ? Est-ce que vous auriez un moyen d'ajouter des fibres de métal dans du tissu pour le rendre plus solide et très léger à la fois ?"
« Ouais, la magie c’est pas quelque chose de très bien vu par ici. La plupart d’entre nous préfère user de la force comme vous avez pu le constater. Pour moi, c’est un peu différent. J’ai été élevé à Keizaal, notre politique est un peu moins… (Le son de ma voix s’ajusta en un chuchotement léger) arriérée. »
Ce n’était pas réellement quelque chose qu’il fallait dire en public - surtout pas en ces lieux. Pourtant, c’était un fait. Atthirari avait une vision beaucoup plus moderne et plus ouverte que celle de l’Impératrice des Deux Rives.
« En tout cas, personnellement, je trouve qu’il est bête de se priver de ses capacités. La force ne réside pas que dans les muscles et certains feraient bien de s’en rappeler. En tout cas, votre numéro de magicien était plutôt impressionnant ! Mais pour tout vous dire, ça n’a fait que les énerver encore plus. Vous vous seriez pris le premier coup sans réagir - ou en répliquant par les poings - les choses n’auraient probablement pas été aussi loin… Enfin, le principal c’est que vous en soyez sortis vivant, n’est-ce pas ? ironisai-je avant de reprendre d’un ton plus sérieux. Mais qu’est-ce qui vous a pris de venir ici ? C’est pas très courant qu’on accueille des étrangers sur nos terres, nous ne sommes pas connus pour être un peuple très accueillant. »
J’avais envie de lui demander d’où lui venait ces ailes qu’il avait fait apparaître un peu plus tôt mais cela me paraissait un peu trop précipité. Je décidai de garder ma question pour plus tard, et me contentai de répondre à son sourire.
« Je suis en apprentissage, répondis-je simplement avant d'afficher une expression de surprise. Ajouter des fibres de métal dans du tissus ? C’est assez peu commun comme demande… Je vous avoue que je n’ai jamais rien entendu de tel. J’ai déjà vu Sarqon construire de fines mailles destinées à fabriquer des armures mais cela ne semble pas correspondre à votre recherche… Le plus simple serait encore d’en échanger avec mon Maître. S’il ne sait pas, j’imagine que je serai autorisé à vous accompagner jusqu’au Marteau de Kiir’Wahlwan - c’est la boutique du Grand Maître Tuz ; si lui non plus ne sait pas, je crains que vous ayez du mal à trouver quelqu’un de qualifier pour votre labeur ! »
A l’évocation du Grand Maître, mes yeux étincelèrent d’admiration. J’avais hâte de pouvoir rejoindre ses équipes. Mais il me fallait encore devenir meilleur : il avait promis de me prendre sous son aile le moment venu si j’étais doué - et j’osai croire que je l’étais.
« Si rien ne vous intéresse dans cette boutique, je vous propose de retourner à l’intérieur. Ça sera l’occasion pour vous de présenter votre requête à Aleifr. »
Post VII - 468 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Solheim éclaira Daé sur l'éducation des coutumes réprouvées, ce qu'il ne tarda pas à noter dans son carnet discrètement en signifiant à son soignant qu'il notait les informations qu'il voyait à travers le monde pour être sûr de ne jamais les oublier. "Tu comprends, avec tout ce qui se passe dans nos têtes parfois!" Il rit, un peu jaune. Sa tête commençait à être si prise avec le chant des étoiles et des magies des personnes qu'il croisait qu'il n'arrivait parfois plus à se souvenir des informations qui n'étaient pas essentielles. Alors il avait pris ce réflexe de noter toutes les anecdotes et savoirs qu'il croisait sur sa route. Quitte à parfois paraître impoli, mais il sentait bien que la relation qui se tissait avec l'apprenti forgeron était plutôt cordiale et agréable et espérait qu'il n'allait pas s'offusquer.
"Je suis venu ici pour cette question de tissu, me disant que je ne trouverais pas meilleur forgeron que les Réprouvé.e.x.s. Et je t'avoue qu'en tant que Kendov do Silus, je croyais que je serais mieux accueilli, mais en effet iels n'ont pas dû apprécier mon usage de la magie. Et je n'ai pas non plus su apaiser les tensions, disons que j'ai...vécu des choses qui me mettent un peu à cran ces semaines, alors mon sang n'a fait qu'un tour." Le Caeli n'avait pas envie d'en parler plus. Il venait de perdre ses parents de sa propre main, mais sans s'étendre, il trouvait important que la personne en face de lui puisse comprendre son état et ce qui s'était passé.
Lorsque Solheim parla du Grand Maître forgeron ses yeux semblaient briller et le Rehla voyait l'éclat du rêve. Eclat qu'il n'avait jamais vraiment connu et très très peu vu à l'intérieur des membres de son peuple. Car lorsque les Rehlas évoquaient leurs rêves, cela représentait plus à une blague et à un exercice de pensée pour un monde dans lequel rien ne serait régi par le Destin. Daé ferma les yeux un instant et essaya de ne pas savoir où finirait Solheim dans quelques années, afin de ne pas agir en fonction de cela ou de briser ses espoirs. Il aperçut tout de même, une fois sa pensée portée sur la question quelques bribes, mais il les chassa d'un geste de la main devant ses yeux. "Il vous ré-accueillera avec plaisir." Il arrêta sa phrase ici pour faire en sorte que le Réprouvé ne se pose pas de question, plongea sa main dans une de ses manches. Autour de son poignet était attaché un petit pendentif en forme de croissant de lune qu'il caressa du doigt pour apaiser sa magie, puis il enchaîna sur la discussion, comme si rien ne s'était passé en espérant que Solheim n'avait pas trové son comportement étrange. Il acquiesça à sa proposition et les deux ailés se dirigèrent vers l'intérieur de la boutique. Les trois que Daé avaient vu dans sa vision attendaient en faisant mine de regarder et de soupeser des armes posées sur des rateliers. La plus petite des trois se retourna en souriant quand les deux entrèrent dans la boutique. Elle avait les cheveux courts qui semblaient avoir été coupés brusquement avec un couteau peu aiguisé, ses cheveux oscillaient entre le noir et le rouge. Sa peau noire semblait asséchée par le sel de la mer, elle était sûrement venue en bateau, c'était également le cas de ses deux camarade. Celui qui dirigeait les lieux regarda Solheim en silence, le regard interrogateur sur ces trois nouveaux.elles arrivant.e.x.s et, une rapière en main, la plus petite héla Daé : "C'était un beau combat ! Et une belle magie !" elle pivota le regard vers Solheim "Et vous c'était malin !" Un temps. "Vous avet un moment à nous accorder ?"
J’observai Daé avec un air interrogateur alors qu’il prenait note de ce que je lui disais. Il semblait beaucoup s’intéresser à notre culture et je me demandais s’il était bien sage de lui raconter tout cela - avant de me rendre compte qu’il aurait sans doute pu apprendre tout cela dans des livres traitant de notre peuple. Je haussai les épaules face à ce constat. Que pouvait-il donc bien faire de ces informations de toute manière ? Peut-être était-ce un journaliste préparant un article sur nous ? Ou un grand écrivain en recherche d’inspiration et d’informations ? Mais la révélation de ses intentions ne paraissait pas coller avec l’idée que je me faisais de son métier : ce tissus qu’il cherchait tant n’était d’aucune utilité pour l’une ou l’autre de ces professions.
« C’est sûr qu’il n’y a pas de meilleurs forgerons que nous ! déclarai-je avec fierté sans tenir compte de ses états d’âme. Votre titre possède surtout sa valeur dans la capitale ; les autres villes ont une politique bien moins accueillante. Je vous remercie néanmoins - au nom de notre nation - de nous avoir aider ce jour-là… Vous êtes journaliste ? »
La question tombait comme un cheveux sur la soupe mais j’avais décidé de la lui poser. Je n’étais pas réellement doué pour maîtriser la complexité d’une conversation ; j’avais un peu trop tendance à exprimer mes pensées au grand damne de mes préceptrices. Il me fallait travailler sur cet aspect de moi-même, apprendre à mener une discussion sans passer du coq à l’âne, mais - pour l’instant - je ne m’en sentais pas capable. L’homme devait déjà se sentir honoré de m’entendre formuler des phrases si longues. Il y a peu, mes allocutions se résumaient à un champ lexical réduit ponctué de grognements et d’onomatopées.
« Vous êtes fatigué ? Le voyage jusqu’ici a dû être long… l’interrogeai-je alors que ses paupières se fermèrent un instant. Il y a une bonne auberge non loin d’ici ou, si vous préférez, je peux vous accueillir chez moi mais je vous préviens c’est pas très grand. »
Pourtant ce fut d’une voix tout à fait reposée qu’il évoqua ma prochaine rencontre avec Maître Tuz. Je m’esclaffai en le gratifiant d’une tape - un peu forte - mais amicale, sur son épaule saine.
« Évidemment qu’il va bien nous accueillir, c’est un chic type. C’est lui qui m’a trouvé ce travail. Vous inquiétez donc pas, il vous frappera pas même si vous êtes un étranger, j’vous le garanti ! »
Nous retournâmes vers la forge d’où s’élevait des voix inconnues. Mon oreille reconnut la colère dans la voix de mon Maître.
« Mais qu’est-ce que vous foutez les gars ? Ça vous arrive souvent de débarquer comme ça chez les gens ? L’entrée c’est de l’autre côté, allez dégagez et faites le tour ! »
Nous arrivâmes sur ces entrefaites. J’observai la bataille de regards opposant Sarqon et Aleifr à deux des indésirables. Le Maître se tourna alors vers moi, visiblement énervé par la situation. J’avançai vers les étrangers pour aller à leur rencontre. A ce moment-là, l’une d’entre eux - une petite femme aux cheveux tirant sur le rouge - nous alpagua Daé et moi.
« Tu les connais Solheim ? demanda la voix sévère du Maître.
— Non, répondis-je en hochant la tête. Ce doit être des admirateurs qui ont vu mon intervention. (Je me repositionnai face à celui qui semblait être le chef de la bande). Je suis désolé mais c’est une zone privée ici, vous troublez la concentration du Maître. Si vous êtes venus pour acheter quelque chose, je vous invite à faire le tour pour vous rendre dans la boutique. Sinon, je crains que vous n’ayez rien à faire ici. Je vous inviterai donc à patienter dehors jusqu’à ce que notre client ait terminé ce qu’il a à faire ici. »
La chaleur de la forge n’avait rien à envier à la lourdeur du climat de l’île réprouvée. De grosses gouttelettes de sueur perlaient sur mon front, glissaient sur mes joues rougies par l’effort et finissaient leur course sur le métal en fusion. Je frappai la barre d’acier avec vigueur. Les coups répétés du marteau sur mon ouvrage tintaient dans tout l’atelier, se mêlant à ceux de mes compagnons dans une mélodie désharmonieuse. L’alliage ne tarda pas à perdre sa carnation incandescente et je n’eus d’autre choix que de le replonger au coeur du brasier. C’était la première fois que mon travail consistait à être aussi précis. Aleifr et Sarqon s’étaient concertés avant de décider qu’il était temps de m’initier à des créations requérant davantage de rigueur et d’adresse. Ce n’était plus d’armes dont il s’agissait mais de pièces s’assemblant entre elles pour former des conceptions plus sophistiquées. Ma première commande se révéla être destinée à un grand exploitant de Lumnar’Yuvon - un homme de la famille Belegad. Malgré mon aversion pour les habitants de cette contrée arriérée, je prenais ma mission à coeur et m’attelai à fournir un travail de qualité. Je notai malgré moi que le Maître Forgeron avait réussi à m’inculquer l’une de ses fameuses maximes, à savoir : ‘Les affaires sont les affaires - et il n’y a pas de place pour les sentiments lorsque l’on marchande’. J’avais d’ailleurs déjà eu l’occasion de rencontrer l’un des membres de la lignée lors d’un très bref échange à Avalon ; sur le coup, je n’avais retenu aucun intérêt pour sa personne - mais je ne l’avais pas trouvé antipathique pour autant. Cependant, depuis lors, j’entretenais malgré moi un sentiment d’inimitié à son égard. Je ne supportais pas de voir le nom de ‘Priam’ gravé aussi profondément dans la chair de mon bras gauche. 
![[Q] Rencontre avec le Destin - Ft. Daé Alone-10](https://servimg.com/r/1820101548/alone-10.jpg)
