"Ça me va !" sourit-il à Solheim sur un ton taquin lorsque le jeune forgeron lui demanda s'il était journaliste. Il avait commencé à prendre l'habitude de ne pas dire qu'il était du Peuple Noir et il était évident qu'il n'allait pas parler de son réel peuple aux personnes qu'il croisait. Il sauta ainsi sur l'occasion que lui offrait son sauveur en lui proposant un métier plausible au vu de la situation et ne revint pas sur la question.
Les nouveau·elle·x·s arrivant·e·x·s n'avaient pas fait une première impression agréable étant donné qu'iels étaient arrivé·e·x·s dans la partie privée de la boutique et le climat se tendit très rapidement entre toutes les personnes présentes. Le Maître des Lieux interrogeant Solheim, puis les membres du peuple ailé présent·e·x·s leur intimant de partir immédiatement, que ce soit verbalement ou non-verbalement. Daé se concentra sur les personnes qui étaient entrées. La personne à la droite de la cheffe était une Lyrienne. La personne à sa gauche un Alfar. Rien de tout cela ne transparaissait sur leurs corps, mais Daé le savait, c'était instinctif lorsqu'il rencontrait les gens. Il se dit qu'il faudrait se méfier de l'Alfar plus que de la Lyrienne, mais il avait appris, parfois à ses dépens, à se tenir sur ses gardes avec toutes les personnes, même s'il détestait faire ça. Sentant que les esprits s'échauffaient, il activa fugacement son Umbra Ora, sa magie l'enveloppant pour le rendre insignifiant aux yeux des personnes présentes et posa sur une table discrètement une statuette à l'effigie de Feyn'Mogrul avant de se concentrer sur elle pour que sa magie irradie avec douceur dans la pièce. La cheffe le remarqua et sourit subrepticement, personne d'autre ne sembla remarquer, quoiqu'il ait Solheim dans son dos et qu'il ne fût pas sûr que le Réprouvé ne se rendisse pas compte de la manoeuvre. Une fois cela fait et priant sur l'efficacité de cette statuette, il prit la parole. "Peut-être que nous pourrons avoir la discussion que vous voulez avoir dans l'auberge dont tu me parlais avant, Solheim ?" Il regarda le Réprouvé qu'il venait de mentionner pour le motiver à accepter et avant même qu'il n'ait sa réponse, passa au travers du groupe de trois qui était entré pour se diriger vers la sortie, espérant que les gens le suive.
"Je suis sûr qu'ils nous aideront. Le blondinet sait utiliser sa magie, le tatoué ses muscles. Et je sens qu'ils sont pas trop cons. Madame Eorgor sera contente." Daé nota les informations qu'il entendait dans le groupe et poussa la porte de l'auberge la plus proche. Dans la rue les gens le regardait avec mépris, amusement ou respect. Mépris de l'étranger, amusement de celui qui s'est fait grondé par le Maître et respect de celui qui avait tenu en respect des membres de l'île. Daé rit en se retournant et en regardant qui l'avait suivi du groupe de la forge.
Je fixai les étrangers du regard. L’atmosphère était tendue. Chacun de mes muscles se contractaient sous l’effet de cette pression presque palpable. Malgré ma demande, les deux hommes ne semblaient pas enclin à quitter les lieux. Le combat me semblait inévitable Ma main glissa lentement à ma ceinture avant de s’immobiliser, retenue par une poigne invisible. Et puis, l’idée même d’engager une lutte contre ces individus sembla refluer, comme la marée au jusant. Mon corps se relâcha peu à peu, mes épaules s’affaissèrent et, bientôt, je clignai des yeux - réduit à un état d’incompréhension. Je n’avais aucune idée de ce qu’il venait de se passer, aucun souvenir des émotions qui me faisaient vibrer quelques instants auparavant. Vidé de toute animosité, je tournai la tête vers Daé qui venait de s’exprimer.
« Aller à l’auberge pour discuter ? Eh bien, c’est que je euh…, balbutiai-je en tournant la tête vers Aleifr et Sarqon dont les regards emplis de colère ne laissaient plus transparaître que de l’impatience, je travaille… »
Il n’était pas coutume de s’esquiver avant d’avoir achevé ses tâches. Certes, j’avais pris un peu d’avance sur les commandes qui m’avaient été confiées, mais je doutais que le Maître acceptât que je partis en vadrouille sans une raison valable.
« D’ailleurs, Maître, indiquai-je en me retournant vers lui. Notre client ici présent recherche des forgerons capables d’insérer des fibres de métal dans du tissu. Vous avez déjà entendu parler d’une telle technique ? »
Il émit un grondement semblable à celui d’un ours avant de se redresser. Il était grand et large. Si je n’étais pas sûr qu’il fût réprouvé, j’aurai pu avoir des doutes quant à d’éventuelles origines Eversha tant il ressemblait à un ursidé en ce moment précis.
« Jamais entendu parler. Tu devrais peut-être l’amener voir Tuz, il devrait savoir lui. Et embarque cet attroupement avec toi, je ne veux plus les voir en face de moi. T’en a assez fait aujourd’hui.
— Mais ! contestai-je
.— Ta gueule et fais ce que je dis. »
Mon regard se fit plus sombre mais je ne répondis pas. Je détestai soudain ces imbéciles qui me privaient de mon apprentissage.
« Attendez moi dehors ! » ordonnai-je de mauvaise grâce.
Ma voix claqua comme un fouet. L’effet de la magie n’était plus suffisante pour contenir ma mauvaise humeur. Je m’attendais à ce qu’ils obtempérassent ; j’étais trop rongé par le fiel pour faire de quelconques efforts. Tandis qu’ils s’éclipsaient, je me dirigeai d’un pas vif vers mon établi. J’éteignis mon feu et nettoyai brièvement mes outils en bougonnant. Pourquoi fallait-il que je me retrouve dans cette situation ?! J’en voulais à la terre entière.
Une fois mon poste de travail rangé, j’ôtais mon tablier de plomb, récupérai mes armes et sorti à demi-nu en claquant la porte derrière moi.
« J’espère pour vous que c’est important, sinon je vous imprime la gueule sur le sol. »
Post IX - 475 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
"Vous pouvez répéter, mais calmement ? Parce que je sais pas toi Solheim, mais je vous avoue que j'ai pas compris grand chose, enfin perso j'ai lâché à Edelwyn et vous l'avez dit super tôt dans la conversation quoi..." Daé regarda bêtement les trois personnes qui venaient de leur proposer de travailler avec leur patronne, son air niais était légèrement accentué, il y faisait même relativement attention, car il avait tout à fait compris la demande qui était faite. Mais il avait besoin de temps pour que l'information descende en lui s'arrange et il voulait être sûr d'avoir entendu tous les mots-clés. Le moment où la Constellation de l'Edelwyn allait commencer à chanter était d'ailleurs peut-être venu, il n'en savait rien, mais quelques jours auparavant il se trouvait dans le bureau de Geralt de Luhcil qui lui disait, au côté d'Elsa, qu'une constellation était apparue, en forme d'Edelwyn et qu'elle restait muette, et, sorti·e·x·s de nulle part, arrivaient ensuite ces trois personnes qui lui demandait, à lui et à un inconnu qui était apprenti forgeron, d'aller trouver une Edelwyn cachée pour des histoires d'amour dont apparemment iels n'avaient que peu le droit de mentionner. Daé fit voleter son petit cahier en dessous de la table et la plume qui était avec commença à noter frénétiquement chaque mot qui se disait autour de la table, personne ne semblait l'avoir remarqué pour l'instant. Il savait que dans ce genre de mission de recherche, la moindre information pouvait être essentielle et surtout, il voulait tenter de comprendre qui était à l'origine de cette mission pour essayer de replacer cette personne sur la Ligne du Temps dès que possible. "Donc...si on vient vers vous c'est parce qu'on est à la recherche de quelque chose, une pierre et qu'on bute. On est clairement pas assez puissant·e·x·s pour la localiser, on a besoin de gens plus compétent·e·x·s que nous. Et même si on l'était, des pierres comme on en cherche il y en a pas qu'une apparemment. D'ailleurs celle qu'on cherche on sait qu'il y a plusieurs groupes sur le coup parce que c'est évident que notre commanditaire a demandé à plusieurs personnes." Daé ne comprenait toujours rien et comprit que son interlocutrice n'avait pas la clarté d'esprit dans la liste de ses qualités premières. "Donc, en gros, il y a une grosse bourge qui a un amant, qui dirige le peuple des Sëra et qui a volé les gros cailloux de Madame. La Grosse Bourge en question boude donc elle demande à son majordome d'aller promettre monts et merveilles à des groupes de pouilleux·se·x·s en manque de thune pour retrouver les cailloux de la bourge. On en cherche un. On a des infos, mais on sait plus quoi en foutre et on flippe d'aller où on pense qu'elle pourrait être. Donc le deal c'est qu'on vous dit ce qu'on sait, on vous amène où nos recherches nous ont déjà menées et vous faites la fin. On prend trente pourcents du pactole final et vous prenez le reste ! C'est pas dègue comme accord, non ?" Daé n'avait jamais entendu parler de ces Sëra, mais cela lui était égal. La coïncidence n'existant évidemment pas, il fallait qu'il se renseigne plus sur ces Edelwyn. Il se retourna vers Solheim pour voir son avis avant de répondre.
Disclaimer : Il y a un peu de vulgarités dans ce post, je préfère prévenir.
Je vidai ma choppe d’une traite avant de la reposer brusquement sur la table. Le choc était un peu trop violent et le meuble vibra sous cette pression soudaine. Un sourire malicieux s’étira sur mon visage encore rouge de la chaleur des forges. Je m’accoudai avec désinvolture pour pencher mon buste vers l’interlocuteur en face de moi. Mon souffle exhalait des relents d’alcool et de houblon mais je possédai encore toute ma lucidité.
« Si j’ai bien compris, vous êtes venus me briser les couilles *dans ma forge* pour que je vous aide à trouver un vulgaire caillou ? reniflai-je avec mépris. Et ça sert à rien de nous pomper le dard en glorifiant notre puissance - si vous nous pensiez vraiment plus compétences que vous, vous ne nous parleriez pas de ce soi-disant trésor. Ou alors, vous êtes plus attardés que des Goleds finis à la pisse. »
Je me redressai sur le dossier de ma chaise et croisai les bras sur mon torse. Je jetai un regard noir à celle qui s’était exprimée au nom du groupe. Ma mauvaise humeur ne faisait que s’accentuer. Pourtant, ma voix resta calme lorsque je pris la parole afin d’exprimer mes certitudes à la cantonade.
« Si nous étions réellement plus forts que vous, vous n’auriez aucun intérêt à nous révéler tout cela. Nous aurions tôt fait d’aller récupérer cette edel-machin et de vous dire d’aller vous la carrer bien profondément dans le fion. Si vous ne pouvez pas rivaliser avec nous, vous pourriez aller vous faire foutre pour avoir une quelconque part du butin. Après tout, qu’est-ce que vous pourriez faire contre nous, hein ? »
Je n’étais sans doute pas le réprouvé le plus intelligent de la région mais Aleifr ne se contentait pas de m’apprendre à fabriquer des armes. Le Maître Forgeron était également un marchand hors pair - et il m’avait appris à me méfier des propositions trop alléchantes. Il s’agissait bien trop souvent d’attrape-couillons à destination des plus benêts.
« Alors, c’est quoi l’arnaque les gars ? »
Les individus du groupe se lancèrent des oeillades alors que leurs doigts s’agitaient prestement, formant des signes aussi incompréhensibles qu’impeceptibles. Il ne me fallut guère plus de quelques secondes de silence avant que ma patience légendaire n’atteignît ses limites. Je me levai soudain - bousculant ma chaise qui s’échoua lourdement sur le sol.
« De deux choses l’une, soit vous parlez, soit j’vous enfonce la tête dans le cul de mes bicornes »
En réalité, je n’en avais qu’un seul. Il s’appelait Alfred. Et il était bien trop gentil pour que je lui fisse subir un sévisse aussi cruel. Mais ça, ils ne pouvaient pas le savoir. Mon poing s’abattit sur le bois avec force. La secousse renversa l’un des verres à moitié vidé. Le contenu se répandit malencontreusement en direction de mon compagnon. La colère l’emporta sur la sagesse, attisant la nuance de vermeil dans mes yeux.
« Je vais compter jusqu’à trois. Si je n’ai pas ma réponse passé ce délai, vous regretterez de m’avoir péter. »
Post X - 510 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
"Je veux pas vous commander hein, mais vu comment vous avez énervé mon camarade et vu la délicatesse légendaire des Réprouvé.e.x.s, je vous conseillerais de lui répondre... Je vous raconte pas le dernier qui n'a pas répondu... La tenancière a dû faire venir des Magicien.ne.x.s pour nettoyer la taverne tellement il y en avait par....enfin je vous raconte pas, c'est mieux !" Daé sourit grandement à la cheffe du petit groupe. Il était ravi d'avoir la colère de son côté et se sentait par conséquent beaucoup plus en capacité de négocier. La technique était classique. Gentil.le.x Réprouvé.e.x et Méchant.e.x Réprouvé.e.x. Il jouait mieux le rôle du gentil et cela lui allait bien. Il perçut soudain la broche qui était accrochée à son haut frémir de magie en direction du groupe. L'un.e.x des subordonné.e.x.s était en train de communiquer mentalement avec sa cheffe et apparemment aucun.e.x des trois ne se rendait compte que Daé pouvait le sentir et pouvait surtout entendre ce qui se passait. La conversation était assez succinte, à coup de "est-ce qu'on leur dit ?" et de "si on leur dit notre stratégie tombe à l'eau et on trouvera pas d'autres pigeons.". Ce à quoi la cheffe avait tendance à répondre des phrases assez cassantes à coup de "je crois qu'ils sont moins pigeons que prévus", ce qui fit d'ailleurs sourire Daé qui décida de leur répondre à haute-voix. "En effet, nous sommes moins pigeons que prévus." Les trois écarquillèrent les sourcils en comprenant ce qui s'était passé et celle qui parlait depuis le début jeta un rapide coup d'oeil à la broche du Rehla qui regarda Solheim : "Je crois qu'iels essaient de communiquer par la pensée et qu'iels viennent de nous appeler des pigeons." Le sang de ce dernier ne sembla faire qu'un tour, il bondit de sa chaise en direction de la cheffe du groupe un marteau en main, ses muscles se bandèrent, son bras commença à fendre l'air alors que l'auberge entière avait tourné les yeux vers la tablée. Juste avant que le Réprouvé ne fracasse la tête de leur cheffe qui avait commencé à hurler, le corps du Réprouvé s'arrêta brusquement dans les airs. Daé affichait un air froid et sévère, il releva le menton. Un rictus infime se dessina sur son visage en comprenant qu'il contrôlait sa télékinésie avec de plus en plus de finesse. "Parlez." Les mots de Daé sortirent de sa bouche comme de la glace et aux alentours plusieurs personnes purent sentir des frissons. Il n'était pas d'humeur à contrôler sa magie et pour la première fois depuis longtemps, des gens avaient réussis à aller jusqu'au bout de sa patience. La cheffe n'hésita plus un instant. "D'accord d'accord ! On voulait vous utiliser ! On a une idée de où se trouve la Pierre, mais on est incapable d'y entrer parce qu'il faut des pouvoirs plus grands que les nôtres. Et ça fait des mois qu'on est sur le coup maintenant. On a...on a...." Elle hésita, puis se rappela qu'un Réprouvé avait un marteau à pleine vitesse suspendu par magie au-dessus de sa tête. "On a tout noté sur un carnet et on s'est dit que vous pouviez nous aider, nous aider et ensuite on voulait....faire en sorte de vous semer une fois qu'on aurait utilisé vos pouvoirs. On avait piégé l'endroit. On a un trappeur dans le groupe." "Donnez-nous vos notes, tout ce qu'il y a dans vos sacs et tirez-vous." Elle regarda Daé l'air surprise. Il n'avait pas l'air de rigoler le moins du monde. Agacé, l'un.e.x de ses subalternes lança le contenu d'un sac sur la table et le groupe sortit la tête basse. Certain.e.x.s Réprouvé.e.x.s riaient dans la taverne et d'autres commençaient à voir Daé d'un autre air. Ce dernier cria : "Signus wah pah! ("Un verre pour toustes !")". La taverne hurla en tapant leurs verres sur la table. le Rehla lança une bourse à la tenancière, prit les affaires qu'iels venaient de trouver et murmura à Solheim, depuis libéré de sa magie : "Profitons-en pour se tirer. On a déjà trop attiré l'attention."
Les révélations de Daé attisèrent ma rage. L’autre grognasse nous prenait pour des pigeons ? Mon sang ne fit qu’un tour. Je fus sur elle en un instant, mon marteau de guerre prêt à lui écraser le crâne. Le tavernier râlerait sans doute pour les éclaboussures de sang, les déjections et la bouillie de cervelle qui maculerait le sol, mais je m’en foutait comme de mon premier poil de cul. Je transmis toute ma force à cet unique coup qui s’arrêta net à quelques centimètres du visage de la demoiselle.
« Putain, crève salope ! »
J’essayai de bouger mais je n’y arrivais pas. Je luttais contre ce blocage, contractant tous les muscles de mes bras et de ma poitrine. En vain. Quelque chose me maintenait en position sans que je ne puisse bouger. Un son rauque, semblable à un grognement, faisait vibrer ma gorge. J’étais devenu un animal sauvage et féroce. Lorsque mon camarade leur ordonna de parler, ma tête se tourna instantanément vers lui, comme un réflexe primitif. Mes yeux s’exorbitèrent. C’était lui. C’était de sa faute si j’étais paralysé dans cette position. Je reconnaissais la magie qu’il avait utilisé précédemment lors de son combat. L’enfoiré ! La mâchoire serrée à m’en casser les dents, je tentai de ne pas l’agresser. Pourtant, je n’avais qu’une seule envie : me jeter sur lui et l’étriper comme le petit merdeux qu’il était. De quel droit osait-il user de sa magie sur moi ? Pis, qui l’avait autorisé à m’empêcher de m’adonner à se massacre ? Je n’écoutai plus rien. Je ne faisais qu’imaginer son corps gisant, mutilé et sanguinolent. Il fallait un réceptacle pour accueillir mon attaque, pour réceptionner mon ire. Je luttai contre l’Autre qui réclamait son dû. Sa voix était si forte, si intense. Je ne pouvais pas lui résister, je n’avais jamais su. Pourtant, ses serres acérées relâchèrent sa proie peu à peu. Ce n’était pas moi. Quelqu’un - probablement alerté par la bagarre naissante - usait de son pouvoir pour refluer le mal qui me rongeait. Je me sentais peu à peu libéré de ce poids qui me nouait les entrailles. Mon regard s’adoucit. Mes muscles se relâchèrent. Si bien que lorsque Daé me libéra de son emprise, j’étais plus apaisé qu’un bébé endormi.
« C’est mal ce que nous avons fait, Daé. Ce n’est ni plus ni moins que du vol. Retrouvons les et rendons leur ce qui leur appartient. » répondis-je à son chuchotement d’une voix douce et paisible.
Ce monde était triste et morne, mais je me sentais comblé. J’étais là pour réparer les torts que nous nous infligions les uns aux autres. J’étais content de pouvoir aider mon prochain. Hélas, ce que nous venions de faire me peinait beaucoup - et j’espérais que mon acolyte accepterai ma requête.
« Ils n’étaient probablement pas méchant, au fond. Ce n’étaient que de pauvres âmes égarées, sans doute meurtries par les affres d’une vie misérable. Nous devons leur demander pardon. Peut-être devrions-nous également leur apporter notre aide gracieusement pour nous excuser ? Cet argent leur revient de droit et je suis sûr qu’ils en ont plus besoin que nous. Qu’en penses-tu ? »
Post XI - 516 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Daé parcourait les pages du carnet encore une fois. Les cartes se succédaient aux citations et aux spéculations. Apparemment la commanditaire de la troupe d'aventurier.ère.x.s que le nouvellement formé duo avait dérouté s'appelait Eorgor. Un nom que la cheffe avait mentionné. Et le carnet faisait aussi mention de son amant, un brillant tacticien et parlait de son histoire. Les notes parlaient de comment l'histoire de cet amant était sûrement liée au lieu où la pierre était cachée et tout pointait vers cette grotte. Dans un cahier à part, l'entrée de la grotte avait été dessinée. Daé regarda plus précisément le dessin. Ce qui ressemblait à une ouverture dans la montagne était fermé par un immense rocher qui semblait gravé de dessins dont le Rehla ignorait tout. Les écritures avaient été reportées plus bas avec des points d'interrogations gribouillés dans la marge. Une liste avait été griffonnée avec ce qu'iels avaient tenté d'utiliser. Le Caeli commençait à mieux comprendre pourquoi ils avaient été approchés. A la fois la force de Solheim et la magie de Daé étaient des atouts. Et apparemment, la pierre n'allait pas se désceller sans Réprouvé.e.x.s. Même si le jeune homme aux cheveux de neige ne comprenait pas le sens précis des inscriptions, il ne fallait pas avoir inventé l'eau chaude pour se rendre compte que certains pictogrammes représentaient deux ailes de couleurs différentes et apparemment opposées.
Le Rehla n'avait pas encore répondu aux considérations éthiques de son camarade, plongé qu'il était à l'intérieur de sa lecture. Il releva les yeux au bout d'un moment alors que les deux bougres étaient sortis de la taverne au profit de l'agitation créée par Daé. Il n'avait pas pour habitude de rencontrer des personnes qui étaient moralement nobles - ou du moins qui croyaient l'être au vu de ce que la morale avait comme impact sur la Ligne du Temps. Et pour la première fois de son existence, il se rendit compte que le fait de vivre à l'intérieur de la Vorace et des coutumes du peuple noir l'avait transformé. Il comprenait peut-être d'ailleurs un peu mieux Lyn. Il avait pris pour habitude de se comporter en truand, de ne pas faire les choses avec noblesse ou courage, mais simplement à arriver à ses fins. Il ne savait pas si c'était propre à son tempérament ou si c'était ce qui avait été forgé au fur et à mesure de son existence, mais deux choses étaient sures pour lui. Il était inquiet de tourner réellement comme les pires enfants d'Ethelba aux veines apparentes rongées par la magie et il pensait que d'aller rendre ces cahiers était une idée déplorable. Or il savait tout aussi pertinemment qu'il n'allait pas pouvoir négocier avec la moitié angélique de Solheim si facilement, aussi convaincant pourrait-il être. Ainsi, il rangea le cahier qu'ils avaient dérobé dans la besace qui tombait en bandoulière à sa gauche et, avant de se retourner, intima à sa plume de tracer les runes sorcières auxquelles il pensait sur les pages du début. Il regarda Solheim : "Tu as raison... Désolé, je me suis emporté. Cherchons-les !" et il se mit en route.
Quelques minutes plus tard alors qu'ils pressaient le pas vers la rive et qu'il était sûr que son encre était sèche, il s'arrêta. "J'ai juste....un doute. Enfin. Regarde." Il sortit le cahier à la page où il venait de faire tracer des runes. "Ce sont des runes sorcières. On me l'a enseigné à Ciel Ouvert, d'où je viens. Je sais en déchiffrer quelques unes au cas où je tombe sur les possessions de ces bâtards d'esclavagistes. Je suis juste inquiet que la pierre revienne à des membres du peuple noir. Enfin, c'est juste qu'ils prennent tellement le pire de chaque chose..." Un temps. "Non, mais peut-être que je panique pour rien hein !" Daé émit un petit rire faussement gêné.
Qu’avais-je fait ? Les souvenirs de mes altercations s’imposaient avec force dans mon esprit. Je les accueillais avec honte et amertume. L’Ange me grondait pour mes actes. Il me mettait la chair à vif, révélant les horreurs que j’avais commises. Mes colères étaient puissantes et impulsives, mes paroles blessantes et vulgaires. Ces émotions nouvelles m’acculaient au repenti. Je devais me faire pardonner. Par ces étrangers, par mes amis, par mes mères, par moi-même. Mon existence me dégouttait soudainement et, la seule échappatoire, semblait de me mettre aux services de ceux que j’avais rabroués.
Mon compagnon examinait avec soin notre larcin. Je détournai les yeux - mal à l’aise face à cette situation. C’était mal. Je le savais. Il s’appropriait leur connaissance et leur recherche à leur insu. Il violait l’intimité de ces carnets avec une impudence non feinte. Je voulais m’interposer mais j’ignorai comment faire. L’affronter ? Ce n’était pas envisageable ; je ne vaudrais alors pas mieux que la facette de moi contre laquelle je m’insurgeai. Lui reprendre ces écrits ? Mais rapiner un voleur n’était-il pas tout aussi inadmissible ? Le dilemme s’étendait en moi telles les racines d’un arbre serpentant dans la terre. Et, finalement, l’homme aux yeux de sang mis un terme à mon mal-être. Il rangea les biens mal acquis et, conciliant, accepta de partir en quête de nos victimes.
« Merci »
Nous nous mîmes en route, le coeur apaisé. A cette heure, les rues de la cité étaient peuplées - les aspirants étant libérés de leurs obligations martiales. Ceux qui avaient été réquisitionnés, cependant, patrouillaient avec vigilance. Ils marchaient fièrement dans leur uniforme marqué par le Sah’vein. Daé m’interpella juste après que nous les ayons croisés. Il sortit le résultat de notre rapine et désigna des symboles qui marquaient la couverture. Je jetai brièvement un oeil sans reconnaître les caractères qu’il me montrait.
« Des runes sorcières ? »
Je fronçai les sourcils. Les sorciers étaient des êtres abominables. Leurs méfaits étaient connus par tous - et tout à chacun les haïssaient de tout leur être. Pourtant, en cet instant précis, je n’arrivai pas à les détester totalement. Une part de moi se demandait si tous les sorciers étaient aussi néfastes qu’on le disait - ou si notre représentation était biaisée par l’image que nous avions des plus tristement célèbres. Il y avait cette fille que j’avais rencontré lors de mon périple à Stenfek. Elle était certes insupportable mais ne me paraissait pas si dangereuse que cela ; elle semblait davantage agir comme une bête apeurée, mordant pour se prémunir d’une blessure plus grave.
« Peut-être ne sont-ils pas aussi détestables que les autres ? Nous ne les connaissons pas réellement après tout. »
Une autre pensée traversa mon esprit ; je m’étonnai que l’homme aux cheveux nivéens manqua ce détail. Après tout, je n’étais pas réellement connu pour mon intelligence et ma sagesse.
« Comment pouvons-nous être sûrs que ces gens étaient du peuple noir ? Peut-être n’étaient-ils pas les auteurs de ces carnets ? Ils pourraient les avoir trouver quelque part - ou on pourrait leur avoir donné ? Mais je peux comprendre votre hésitation - certains sorciers ont causés beaucoup de torts autour d’eux. Je ne sais pas s’ils sont réellement tous pareil mais, mieux vaut être prudents. Peut-être pourrions-nous récolter quelques informations sur eux au préalable ? S’ils s’avèrent qu’ils sont dangereux, nous pourrons toujours les remettre aux autorisés locales. Qu’en pensez-vous ? »
Je réfléchis encore un moment.
« Quand à savoir où les trouver… J’imagine qu’ils n’ont pas abandonné l’objet de leur quête. Donc soit, ils recherchent de nouvelles personnes pour les aider, soit ils se trouvent là où ils voulaient nous mener… D’après vous, qu’est-ce qui semble le plus probable ? »
Post XII - 608 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Lun 08 Fév 2021, 16:56
Rencontre avec le Destin
Les carnets semblaient indiquer une grotte qui était un peu plus haut sur l’île. Daé marchait dans la direction de cette dernière, suivi par Solheim. Le Rehla était terriblement agacé de ne pas avoir réussi sa manoeuvre du premier coup et commençait à comprendre le dédain que pouvait parfois avoir les membres du peuple noir par rapport aux autres habitant.e.x.s des Terres de Sympan. Son compagnon était ma foi bien plus agréable lorsque ses considérations morales ne faisaient pas perdre un temps précieux au groupe. Daé voulait cette pierre, il voulait que son peuple puisse l’étudier, même s’il n’avait aucune certitude que cela allait mener à quelque chose et pour la première fois de sa vie peut-être il se rendit compte qu’il était relativement borné. L’habitude de savoir le futur ne devait pas aider, il s’était construit en ayant raison ou en étant autour de gens qui avaient factuellement plus raison que lui. Or là, sans aucune base magique, il pensait juste que son camarade avait tort. Le Caeli ressassait en relisant les carnets et alors que la montée se faisait plus escarpée et que, fatigué, Daé déployait ses ailes, il s’adressa à Solheim : “Si on les retrouve, il faut qu’on soit vigilant.e.x.s tout de même. Iels pourraient essayer de nous la refaire à l’envers.” Malgré ses tentatives d’être amical, le Rehla était plus frois qu’auparavant et cela devait sûrement se sentir. Après une petite discussion, les deux ailés arrivèrent devant la grotte en question et immédiatement, Daé fit disparaître ses ailes et atterrit avec une souplesse toute relative dans les buissons environnants faisant signe à Solheim de faire de même. La grotte était entourée de forêt, comme une sorte de clairière qui s’ouvrait sur une montagne. La vue était partiellement couverte à cause des arbres et du mur de roche. Devant ce dernier, le groupe d’aventurier.ère.x.s qui avaient pris Solheim et Daé pour des pigeons étaient en train de se concentrer. Les deux sbires touchaient les épaules de la cheffe qui tenait un marteau dans sa main et la magie des deux acolytes se concentraient d’abord à l’intérieur de la détentrice du marteau puis cette dernière la canalisait à l’intérieur de l’arme. Iels avaient continué seul.e.x.s et Daé était très curieux de voir s’iels allaient y arriver.
Après quelques secondes à attendre, le marteau se brandit sous les muscles bien dessinés de la cheffe du groupe et il frappa d’un coup sourd la pierre de la grotte. La magie dégagée souleva la poussière du sol et pendant un instant, les deux compagnons ne virent pas si cela avait fonctionné ou non.
426 mots
Invité Invité
Mer 17 Fév 2021, 20:23
Rencontre avec le Destin
Nous quittâmes la sécurité de la ville pour nous aventurer dans les hauteurs sauvages. La végétation luxuriante nous tendait un piège à chaque pas ; les racines noueuses tapissées de mousse et de lichen serpentaient dans l’épais sous-bois dans l’espoir de nous faire chuter. Ça et là, d’épaisses lianes poisseuses nous pressaient d’une étreinte vigoureuse face à laquelle nous n’avions d’autres choix que de tendre nos muscles. Au-dessus de nous, d’immenses feuilles palmées masquaient le ciel orangé, enveloppant la chaleur insoutenable qui émanait de la terre humide. Nous avancions avec difficulté à travers entre les arbres étagés de cette jungle escarpée, évitant les essaims d’hématophage qui pullulaient aux abords des points d’eau. Au bout d’un long moment, alors que leurs corps éreintés par la marche se confrontaient à une pente vertigineuse, ils déployèrent leurs ailes et s’élevèrent par-delà la cime.
La distance qui me séparait du jeune homme n’avait cessée de se creuser depuis la confrontation avec le groupe d’aventuriers. Je m’interrogeai sur la raison de ce soudain revirement de situation. Avait-il pris peur depuis mon récent accès de colère ? Ou était-ce les secrets couchés dans les carnets qui lui murmuraient sa conduite ? Je l’ignorais. Mais si nous avions continué à converser, le ton froid et l’attitude détachée de mon camarade était une indication suffisante du malaise qui l’ébranlait. Au plus nous nous rapprochions, au plus j’eus l’impression - à tort ou à raison - d’être la source de sa contrariété. Son comportement me faisait davantage encore regretter mon geste. La petite voix bourdonnant à l’orée de ma conscience faisait écho à sa réaction, exprimant par les mots les reproches qui me tourmentaient déjà. Mon mal-être était un animal qui se repaissait de ma faiblesse. Je luttais pour retenir les cris et les larmes que ma détresse réclamait. Et, lorsque nous nous posions finalement, à proximité de la grotte, les remontrances se répétèrent pour la troisième fois.
« Oh, regarde ! Nous les avons trouvé ! indiquai-je à mon compagnon en pointant du doigt la troupe que nous avions agressée. Nous ferions bien d’aller leur rendre leurs affaires tout de suite, comme cela je pourrais te mener à Tuz avant la nuit. »
Je quittai l’abri du bosquet qui nous camouflait à leur sens. Ils paraissaient trop envoûtés pour accorder une quelconque attention au bruissement des feuilles sur mon passage. Un branche craqua. Pas de mouvement. Alors, je m’avançais vers eux d’un pas vif et déterminé.
« Ah vous revoilà ! les hélai-je avec enthousiasme. Ça fait un moment qu’on vous cherche. Je voulais m’excuser pour ce qui s’est passé à la taverne, ma réaction m’a échappé. (Je me grattai la tête, l’air gêné.) En tout cas, on venait vous rendre vos documents. On aurait pas dû les prendre, ça nous regarde pas vraiment. Par contre, vous devriez faire attention. Mon ami là-bas (je pointai la direction où se trouvait toujours Daé) pense que ce sont des informations rédigées par un sorcier… Ça pourrait être dangereux. D’ailleurs, vous avez pas vraiment l’air d’être des sorciers… Vous avez trouvé ça où ? »
Post XIII - 510 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Jeu 18 Fév 2021, 15:04
Rencontre avec le Destin
Daé serra le cahier qu'il tenait en main très fort et soupira un grand coup en voyant le pseudo parangon de vertu qui lui servait de camarade essayer de racheter ses actions précédentes en allant jouer au bon samaritain avec le groupe qu'ils recherchaient. Il pensa un instant, un sourire méchant sur son visage, à lui révéler l'entier de la vérité sur le Destin et le monde et à lui dire que toutes ses actions étaient déjà écrites et qu'il ne servait à rien de s'en vouloir. Son rictus venait du fait que Solheim ne s'en remettrait sûrement pas. Mais heureusement pour tout le monde, Daé n'avait pas le droit de faire ce genre de révélation. Il regarda donc avec dépit le Réprouvé aller parler gentiment au groupe qui avait essayé de la leur mettre à l'envers et attendit, ne réagissant même plus lorsque Solheim pointa du doigt leur cachette, ne comprenant pas forcément le sens que ce mot était sensé avoir.
Au bout de quelques secondes à être attentif à leur réponse et à leur potentielle attaque, car aussi angéliques étaient les intentions de l'apprenti forgeron, cela ne les empêcherait pas d'attaquer s'iels en avaient envie - Daé se surprit à sortir également du bosquet, interpellé par le silence. Il ne savait pas si son camarade s'en était rendu compte, mais le groupe de trois à qui il s'était adressé ne semblait plus bouger ni respirer. En fait, la texture même de leur peau avait changé. Daé dépassa le Réprouvé pour aller voir ce qu'il se passait. La magie était forte autour d'elleux, mais plus autour de la pierre qui scellait auparavant la grotte. Auparavant, car cette dernière s'était fendue en deux, révélant un couloir s'enfonçant dans l'obscurité. Le Rehla toucha du doigt la peau de la cheffe qui tenait encore son marteau en main et comprit très vite ce qui s'était passé. Il sourit fugacement, estimant que le Destin avait été bien clément de pétrifier les trois aventurier.ère.x.s avant que Solheim ne tente à nouveau de les réduire en miettes puis se retourna, son sourire effacé, vers son compagnon : "Bonne et mauvaise nouvelle. La mauvaise c'est que la pierre était piégée et que ces trois-là semblent être devenus des statues. La bonne c'est que le chemin est dégagé et que vu la magie qui enrobait la pierre, il doit y avoir quelque chose d'intéressant dans cette grotte." Pensant bien que s'il partait sans lui demander son avis, Solheim allait lui briser les amygdales une fois de plus, il enchaîna d'un ton un peu sec : "Tu en penses quoi ?"
460 mots
Invité Invité
Sam 20 Mar 2021, 11:25
Rencontre avec le Destin
J’observai les détails de la pierre avec curiosité et angoisse. Du doigt, j’effleurai le visage de l’un des individus. Sa peau était glacée et rugueuse. Le pauvre avait été pétrifié par une hideuse magie, l’une des plus perverses qu’il m’ait jamais été donné d’approcher. Les traits grossiers de mon visage s’étirèrent sous la gravité de cette constatation. La Magie Noire des Sorciers avait souillé l’île. Cela signifiait-il que certains d’entre eux se terraient dans les environs ? Je serrai la mâchoire, les poings crispés. Nous allions devoir agir pour faire face à la menace.
« Daé, tu avais raison. Il y a des Sorciers dans le coup. Cette vermine a réussi à poser le pied à Gona’Halv et à maudire notre terre. M’aideras-tu à les trouver et à les chasser ? Je veux brandir leur tête au bout d’une pique ! »
Je savais que les Sorciers n’étaient pas tous des monstres sanguinaires, répandant chaos et désolation dans leur sillon. Mais celui qui avait enchanté cette pierre avait commis un acte suffisamment vil pour que je décidasse qu’il méritait la mort.
Mon regard se reporta sur les statues inanimées. Malgré la rage qui bouillonnait en moi, m’incitant à de plus sombres actes, je ne pouvais me résoudre de laisser le groupe dans cet état de granit.
« Mais avant, je vais essayer de les libérer du maléfice. Ils ne méritent pas un tel sort. »
Faire le vide dans mon esprit était bien plus compliqué que je ne l’aurais voulu. Mes pensées ne cessaient de me ramener à cette violence qui pulsait dans mes veines. Je n’arrivais qu’à me concentrer sur la haine que j’éprouvais à l’égard des scélérats du Peuple Noir. Quand j’ouvris les yeux, ce n’était pas une lumière blanche qui nimbait mes mains, mais les ténèbres d’une magie maudite. La pierre se déforma sous l’influence de ce pouvoir néfaste. Le bras gauche du plus imposant se couvrit de boursouflures tandis que le bout de ses doigts s’érodait sous mon action. Je constatais avec une horreur enivrante le mal qui le rongeait désormais. Un sourire malsain - à mi-chemin entre la folie et l’exaltation - assombrit mon visage. Mon corps poursuivit son ignominie, marquant désormais les joues du malheureux de répugnantes crevasses. Mais la fatigue me rattrapa bientôt, et l’énergie me manqua pour poursuivre mon méfait. Le poison perfide, à la saveur amère, me donna la nausée, il remonta dans mes veines noircies par sa présence. L’abjecte mixture s’infiltra dans mon coeur qui la répandit jusqu’à mes poumons. Et, finalement, cette Perversion inassouvie s’échappa en un grognement sourd. Alors seulement, j’accueillis les sentiments véritables qui s’imposaient face à ce triste spectacle.
« Oh non ! C’est moi qui ait fait ça ? Mais c’est pire qu’avant !… » m’exclamai-je avec honte.
Je me tournai vers mon comparse.
« Je suis désolé… C’est cette maudite magie ! Tu peux y faire quelque chose toi ? »
Et puis, comme si leur sort ne m’importait guère plus.
« Entrons dans cette caverne, je suis sûr que nous trouverons des indices sur les bâtards qui ont créé cette embuscade ! »
Post XIV - 503 mots
Daé Miirafae ~ Rehla ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 757 ◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Mer 02 Juin 2021, 16:53
Rencontre avec le Destin
Tel était donc le sort des Réprouvés. La tête de Daé oscillait entre la réjouissance et le dépit. Il était presque heureux d'avoir été catapulté dans un peuple résolument sombre plutôt que de voir sa magie osciller continuellement entre ces deux pôles si radicaux. Il secoua la tête brusquement comme pour se remettre les idées au clair. L'espace d'un instant il avait oublié sa réelle identité, ce pourquoi il était réellement dans ce monde. Cela l'inquiéta, mais il n'en fit pas cas, étant occupé à faire autre chose, de relativement évident. Daé ne réagit pas aux questions du Réprouvé, il constata, froidement, et nota tout, minutieusement dans sa tête, chaque détail de son regard, de ses muscles. Il lui semblait un parallèle étrange duquel il n'avait jamais entendu parler, comme si la magie qui animait le peuple de l'ombre et de la lumière et qui les faisait parfois avoir ces accès de rage était celle qui pulsait dans les veines apparentes des Chanceliers de la Vorace. L'évidence était là lorsqu'il y pensait, mais pourtant, il n'avait jamais vraiment lu de choses à ce sujet ou d'expérimentations. A nouveau ce secouement de la tête pour chasses ces idées. La présence du Réprouvé lui faisait, paradoxe s'il en est, autant de mal que de bien.
"Oui. Allons-y...allons-y."
Les deux comparses entrèrent dans la caverne, pas à pas, tranquillement, retenant de s'y précipiter pour voir ce qui s'y cachait pensant bien que c'était un haut-lieu de magie ou quelque chose qui du moins allait y ressembler. La grotte semblait serpenter profondément dans la montagne. Les murs étaient de plus en plus humides en s'enfonçant. Daé avait posé son cahier et se sentait prêt à agir. Il ne comprenait toujours pas bien ce qu'il faisait ici, mais il savait bien qu'il avait quelque chose à y faire. Au bout d'un certain temps à serpenter il s'arrêta.
"Classique. Pourquoi on s'en est pas rendus compte avant ? On avance pas du tout. On revoit les mêmes aspérité dans les murs toutes les cinq minutes."
Il regarda Solheim l'air interrogateur comme pour lui demander s'il avait une idée de comment faire pour que cela s'arrête. Il savait bien que ce n'était pas un expert en magie, mais se demandait bien comment il pourrait répondre à ce besoin d'aide. La magie des Réprouvé·e·x·s le fascinant de plus et Solheim n'ayant pas l'air de la contrôler plus que de raison, le Rehla se demandait s'il pourrait faire quelque chose. Une sorte d'expérience de pensée assez désagréable pour le Réprouvé sûrement, mais intéressante du moins. Tant que les deux camarades n'étaient pas en danger, une expérience qui ne ferait rien de mal.
"Peut-être qu'avec la magie qui pulse à l'intérieur de toi si fort apparemment, tu pourrais...briser cette illusion ?"
Le sourire de Daé s'agrandit, curieux de la réponse de l'ailé.
![[Q] Rencontre avec le Destin - Ft. Daé - Page 2 Alone-10](https://servimg.com/r/1820101548/alone-10.jpg)
