La baguette à chats

Trust de Boy Epic

Jun tenait dans sa main une longue tige. À son extrémité, il y avait quelques plumes colorées et deux petits grelots. Nina se trouvait plus loin, à quatre pattes. Elle le fixait avec des yeux ronds comme des soucoupes. « Alors ? Tu viens le chercher ? » La langue de l’Eversha apparut, entre ses lèvres. Ses fesses se redressèrent un peu, ce qui fit rire l’Æther. C’était simple et amusant. Quand elle bondit sur lui, elle le fit avec la maladresse propre à sa condition. Pour un chat, elle n’était pas si souple. Il sourit, assis par terre. Elle venait de grimper sur ses jambes. Son buste était proche de son torse. Elle s’en foutait. Ce n’était pas l’homme qui comptait, mais le grelot. Elle devait attraper les plumes. Sa main se dirigea vers elles. Il souleva la baguette pour la placer hors de sa portée. Après quelques essais infructueux, elle croisa les bras et fit la moue. « Alors ? On abandonne ? » railla-t-il, moqueur. « Jamais ! » lâcha-t-elle, en essayant de nouveau. Elle n’aimait pas qu’il la sous-estimât. Il sourit, en coin. C’était drôle. Nina avait pratiquement le même physique qu’Edelwyn. La voir s’agiter pour un simple grelot le faisait rire. Il finit par lui laisser la victoire. Elle mastiqua l’objet de contentement, avant de se blottir contre lui. Tout ceci l’avait épuisée et elle avait envie de dormir à présent. Elle passait beaucoup de temps dans le monde des songes, à s’imaginer chasser le grelot et l’attraper dès le premier essai. Dans ses rêves, elle était une grande chasseuse et elle en était fière ! Elle pouvait remuer ses queues devant tous les autres matous et elle était la meilleure !

Lorsqu’elle s’éveilla, après une bonne sieste, elle était toujours sur Jun, contre lui. Ils n’étaient plus au même endroit cependant. La pièce était différente. Il écrivait tranquillement, en passant ses doigts dans ses cheveux de temps en temps. Elle était douce, ça le détendait. Elle s’était réveillée vaguement plusieurs fois, le temps de ronronner avant de replonger dans l’inconscience. Heureusement, ils étaient seuls. Il aurait pu facilement passer pour un pervers, à caresser une jeune fille ainsi. Le monde aurait pu croire qu’il la prenait pour un objet. Ce n’était pas le cas. Nina avait choisi de passer du temps avec lui. C’était ainsi, avec les chats. Ils étaient les maîtres. En réalité, ça ne l’arrangeait pas tant que ça qu’elle se collât à lui ainsi. Elle perdait ses poils. Néanmoins, il l’aimait bien et sa condition divine faisait que ce détail insignifiant pouvait vite disparaître. « Tu fais quoi ? » demanda-t-elle, en se redressant. Elle s’étira. Il sourit. Avec lui, ça allait, mais exposer ainsi ses fesses à n’importe qui ne lui vaudrait pas que des regards attendris. « Je note quelques idées. J’aimerais façonner des artefacts et créer des quêtes pour les Mortels. » Elle fit mine de réfléchir. Elle n’avait rien compris, en fait. « Tu veux essayer ? » « De quoi ? » Il lui chatouilla l’oreille. « Tu me donnes des idées pour un objet… Sa forme, son utilité… » Nina tomba sur le dos. Sa tête se plaça sur l’une des cuisses de Jun. « Gratte-moi le ventre. » fit-elle, les quatre fers en l’air. Il s’exécuta. Elle sourit de contentement. « Tu pourrais faire une baguette pour jouer mais ça attirerait les humains au lieu des chats. » « Hum, oui… » « Et hum… Au bout d’un moment, quand la baguette aurait été agitée plusieurs fois, à des temps alternés, devant une personne, elle commencerait à avoir des attributs de chat comme… des oreilles et une queue, et elle serait l’animal de compagnie de celui qui détient le bâton… » « Ah oui… » « L’individu voudrait se faire caresser et aller sur les genoux de l’autre. » « Je vois. » « Ou alors… ça pourrait réveiller l’instinct animal de ceux qui sont à côté ! Ou euh… Juste attirer les chats… » Jun la regarda. Elle n’avait aucune idée des fantasmes de certains sur les Evershas chats. Il sourit. « Je vais faire ça alors. Je laisserai le sort décider de qui aura la chance de posséder cette fameuse baguette. » « D’accord. » Elle se roula en boule et se remit à ronronner. Jun avait une vague idée d’où il pourrait déposer l’artefact. Le sort, il considérait que c’était lui.

729 mots

Cadeau pour Soso: