À ne pas oublier

Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Après s’être fait passer un savon, Nimir reçoit un journal dans lequel elle devra noter toutes ses corvées afin de ne pas les oublier. Pendant qu’elle s’attèlera à faire le ménage dans la boutique de ses parents, elle découvrira un objet étrange et un animal ressemblant à une peluche…

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✠ I'm a Ruler - Tommee Profitt et Ruby Amanfu ✠

Le pas chancelant, la démarche titubante, Nimir força ses jambes à la porter jusqu'au seuil de l'entrée de sa maison. Le faciès ensanglanté, les bras bleuis d'ecchymoses et les habits couverts de boue et de poussière, la jeune Réprouvée était loin d'être au meilleur de sa forme : c'était même étonnant qu'elle parvienne encore à se mouvoir dans cet état plus qu'alarmant. Foulant les marches une à une, elle atteignit le porche à bout de souffle. Tel un tambour, son cœur palpitait à un rythme débridé, irrégulier. Ses battements exerçaient une telle force en se heurtant contre sa cage thoracique qu'ils donnaient l'effroyable impression de vouloir s'arracher de sa poitrine. Couplée avec sa respiration qui tenait davantage de l'animal que de l'être humain, la Kiir'Sahqon semblait réellement sur le point de s'évanouir – ou de vomir, voire même les deux. La vérité, c'est qu'elle peinait à respirer correctement. Ses voies nasales étaient obstruées par des caillots de sang qui empêchaient l'oxygène de bien circuler à l'intérieur de ses poumons. Pour autant, l'ailée refusait d'utiliser sa bouche pour passer outre son désagrément. Bien plus que le fruit d'une attitude bornée, son refus à s'oxygéner par voie buccale s'expliquait par le fait qu'il lui soit plus désagréable de respirer par la bouche que par le nez. La gorge en feu, chaque souffle d'air qui pénétrait dans sa trachée la faisait atrocement souffrir, comme des couteaux qu'on l'obligeait à avaler ou à recracher selon la direction suivie par ses respirations. Quoi de plus normal, surtout après s'être fait sauvagement étrangler durant une bagarre de rue. Encore.

Nimir avait en effet la fâcheuse manie de provoquer les mauvaises personnes pour un oui ou pour un non, surtout lorsque la source du conflit touchait de près ou de loin à la question de l'indépendance de Stenfek. Certes, la Capitale réprouvée avait à cœur de se présenter comme une ville sûre, sécuritaire, où l'ordre et la Justice faisaient office de lois afin de garantir le bien-être de tous ses habitants – natifs et étrangers confondus. Néanmoins, la nature des Bipolaires étant ce qu'elle était, il arrivait fréquemment que des rixes éclatent au beau milieu des quartiers et ce, en dépit de la vigilance dont faisait preuve les gardes en veillant scrupuleusement sur les Zaam. En tant que trouble-fête de renom – c'était loin d'être le cas, mais son ego la persuadait du contraire –, la Réprouvée subissait de temps en temps une surveillance plus assidue que la moyenne. Cependant, grâce à sa chance extraordinaire, elle réussissait quelques fois à s'immiscer entre les mailles du filet, profitant de l'occasion pour régler le compte de ceux qui la faisaient chier, comme elle l'avait fait aujourd'hui. Nul besoin de préciser que ses petites vendetta finissaient souvent très mal pour elle, mais en dépit des défaites qu'elle essuyait amèrement, elle continuait encore et toujours de se frotter à des adversaires bien plus forts et tenaces qu'elle. Que ce soit par détermination ou par stupidité, cela ne changeait rien au fait qu'elle n'était guère taillée pour la bataille. Un jour, elle finirait par crever dans une joute qu'elle n'avait pourtant aucune chance de gagner, d'autant plus qu'il ne fallait pas espérer du bon sens venant de sa part.

Saisissant la poignée dans le creux de sa paume, la Rahnivik étira une ignoble grimace pendant qu'elle ouvrait lentement la porte dans un grincement sonore. « Nomon (Maman) ? Je suis rentrée. » croassa-t-elle en pénétrant dans le vestibule. Sa tête lui faisait de plus en plus mal. À chaque pas qu'elle effectuait avec maladresse, le monde devenait de plus en plus flou et brumeux. Des points noirs dansaient devant ses yeux saphir. Le plancher semblait tanguer à tous les mètres qu'elle enjambait, en déséquilibre à l'intérieur de la demeure, instable, fragile, précaire. Était-ce juste elle ou le sol était vraiment entrain de disparaître sous ses pieds? Ce fut la dernière pensée qui lui traversa l'esprit avant qu'elle ne s'effondre de tout son long sur le tapis du salon.

✠ 725 mots | Post I

À ne pas oublier

✠ Lindsey Stirling et Becky G - Christmas C'mon ✠

Deux jours plus tard

S'emparant lestement du balai adossé contre le mur de la porte, Nimir agrippa simultanément la poignée au creux de sa main libre afin de déverrouiller la serrure. Dans un grincement strident, l'entrée s'ouvrit au prix d'efforts relativement colossaux de la part du clone dont les muscles frêles peinaient à supporter la lourdeur des battants en bois. Ce fut donc le visage enduit de sueur que la Réprouvée pénétra à l’intérieur de l’arrière-boutique qui empestait le renfermé. Le nez froncé, elle s’immobilisa quelques instants en-dessous de l’embrasure pour reprendre un tant soit peu son souffle. Pousser cette fichue porte l’avait complètement éreintée. Enfermé dans sa cage thoracique, son cœur tambourinait à vive allure contre sa poitrine, telle une percussion à la cadence désordonnée. Profitant de son moment d’inattention, une ombre se faufila habilement entre ses jambes en miaulant. Surprise, la Bipolaire jura entre ses dents avant de se lancer à la poursuite du félin. « Nutaar (putain) ! Pacotille, dégage de là ! J’dois faire le ménage ! » hurla-t-elle en agitant son balai pour effrayer l’animal. Cependant, ce dernier n’en avait cure de ses protestations : dans une poussée d’insubordination, le chat sauta même sur une étagère parmi celles qui occupaient l’espace de la pièce et se mit à renverser les articles poussiéreux qui traînaient sur les différentes tablettes. « Nutaar'Kra (putain de merde) ! » répéta-t-elle pour ventiler sa frustration. Abandonnant son balai, le clone se précipita vers l’endroit où son chat avait provoqué le bazar, s’agenouillant pour ramasser les boîtes de souliers qui jonchaient le sol. Cela faisait maintenant deux jours depuis qu'elle avait perdu connaissance sur le tapis de son salon. Alerté par le bruit de sa chute, c'était Vahlok – son père – qui avait accouru à son secours et qui avait pansé ses blessures pendant qu'elle était toujours inconsciente. Seulement, l'inquiétude dont il avait fait preuve en voyant sa fille évanouie ne l'avait guère empêché de l'engueuler dès son réveil. La Kiir'Saqon ne se rappelait plus ses paroles exactes, mais une chose était sûre : jamais il n'avait été aussi déterminé à la punir pour son comportement irresponsable. C'est pourquoi, en guise de punition, il lui avait ordonné de faire le ménage dans l'arrière-boutique de son magasin – et puisqu'elle ne désirait pas se prendre une gifle de la part de son géniteur, elle avait obtempéré sans rechigner.

Alors qu'elle rangeait un article à sa place toute désignée, l’attention de Nimir fut captivée par une boîte dont les motifs différaient de ceux des autres. Attisée par la curiosité, elle ramassa avec précaution l'objet pour mieux l'observer. Du revers de la main, elle retira la pellicule de saletés qui recouvrait la boîte. Toutefois, dans sa maladresse, la jeune femme souleva par inadvertance des particules de poussière qu'elle reçut en plein visage. Secouée par une violente quinte de toux, la Rahnivik recouvra de peine et de misère sa respiration. Les yeux larmoyants, elle s’essuya la figure en frottant vigoureusement son avant-bras contre ses joues et ses cils. Papillonnant à quelques reprises les paupières, elle rétablit le contact visuel avec l’objet qui reposait sur ses genoux. Fébrile, elle inséra doucement ses doigts en-dessous du couvercle. Dans un geste précis, elle le sépara de son compartiment, puis glissa un coup d'œil dedans afin de prendre connaissance du produit qu’il recelait. Et à l’intérieur de la boîte se trouvait… des bottes. Évidemment. La Zaam esquissa une moue. Honnêtement, elle ignorait ce qu'elle s'était attendue à découvrir exactement en ouvrant le couvercle : après tout, c'était tout à fait logique que de trouver des souliers dans une boîte à souliers. Pour autant, elle ne put empêcher la déception d'assiéger son cœur. À vrai dire, lorsqu'elle avait entraperçu la finesse des arabesques gravées sur le dessus de la boîte à travers la poussière, elle avait sitôt tiré la conclusion que son contenu ferait transparaître ce même degré de raffinement et d'élégance. Seulement, les chaussures qu'elle avait sous les yeux n'avaient absolument rien de chic ou de coquet. Sans dire non plus qu'elles étaient laides, ces bottes étaient néanmoins cruellement fades et ordinaires – comme n'importe quels souliers de basse gamme. Le clone soupira. C'était dommage, mais de toute évidence, elle avait placé de trop grands espoirs en cette stupide boîte à chaussures. Quand elle aurait terminé le ménage du petit entrepôt, elle enverrai le produit non vendu à un organisme caritatif afin qu'il puisse offrir ces souliers à des gens dans le besoin. Ou quelque chose comme ça. Cette idée, ce n'était pas elle qui l'avait concoctée évidemment. C'était plutôt son père qui le lui avait suggérée, influencé par la bonté de sa part angélique en ce jour de célébration du Lus Santa'claus.

✠ 821 mots | Post II

Cadeau pour Adam: