La vie d'aventurier

« Oh ! Tu fais quoi là ? » « Argh ! » fis-je, mécontent. « Je… » Il fallait que je trouvasse une réponse, rapidement. « Je… fais de l’exercice ! » « La tête en bas ? » « Oui ! Je m’entraîne ! » « T’as la tête toute rouge. Tu es sûr que tu ne veux pas que je t’aide ? » Plutôt mourir que de recevoir l’aide d’une fille ! Après, elle allait se vanter à ses copines de m’avoir aidé et tout le monde rirait de moi. « Non c’est normal. » « Bon… Si tu le dis. » Elle n’avait pas l’air convaincue mais comme je la voyais à l’envers, je n’en étais pas certain. « Kazak a ramené des objets magiques de l’extérieur. On essaye de déchiffrer des formules magiques à l’aide des Esprits. Tu viens ? » « Des formules magiques ? J’espère que c’est pas des formules magiques de fanatiques ! Moi je les ai vus et ils prient des faux Dieux ! » Alors que je me tortillais sur ma branche, celle-ci finit par céder sous le poids de mon corps. Je m’écrasai lourdement par terre. Heureusement, les Ætheri devaient veiller sur moi parce que je n’eus rien ou presque. « Aïe. » La fille se mit à rire. « Ça fait partie de l’entraînement je te signale ! » « C’est ça, c’est ça. » Elle ne me croyait pas, à raison. La vérité c’est que j’avais voulu aller observer un nid, en haut de l’arbre. Néanmoins, mon périple avait été court puisque j’avais glissé et dégringolé entre les branches, jusqu’à m’arrêter, retenu par les jambes par ce qui devait être un miracle. Le miracle m’avait rapidement épuisé puisque je n’avais, jusqu’ici, pas réussi à m’extraire de là. « Tu viens, maintenant que ton entraînement de chasseur débutant est terminé ? » « Ouais ça va ! » râlai-je en me relevant.  

Une fois que nous fûmes arrivés, du sang coulait encore un peu sur ma joue, de mon égratignure. C’était normal. C’était ça la vie de chasseur ! Il fallait que le métier rentrât. C’était souvent douloureux mais j’étais déterminé. Ce n’était pas une égratignure qui allait m’arrêter ! « Oh… Tu l’as amené. » « Cache ta joie ! » grognai-je. Ce n’était pas une fille cette fois mais ce garçon-là était chiant. Il n’aimait pas que je fusse avec les filles. Ça tombait bien parce que, moi, je n’aimais pas y être. En temps normal, on n’avait donc pas à se battre tous les deux. Il pouvait côtoyer celles qu’il voulait pendant que je partais chasser, ou essayer de chasser. Pour ma défense, on ne réussit jamais sans essayer !

Comme je n’avais pas envie de discuter cent ans avec lui de choses qui ne m’intéressaient pas, je m’avançai et observai ce que les autres adolescents avaient sous la main. Je trouvai une sorte de tablette en bois. Dessus, une spirale rouge était dessinée. « C’est quoi, ce truc ? » demandai-je. « C’est rien qui te concerne. » Il me cherchait celui-là ou bien ? « Oh ! C’est pas parce que t’as deux ans de plus que faut te la péter Tao ! Jusqu’à preuve du contraire, t’es toujours plus petit que moi ! » « Quoi ? Répète ! » « Tao, arrête. C’est débile votre jeu. En plus il ne fait que dire la vérité. T’es plus petit que lui. » « Pour un Zawa’Kar c’est un peu la honte quand même. » ajoutai-je. La bouche de l’une des filles dessina un o. Une autre retint difficilement un gloussement. Tao dut se sentir déshonoré parce que la situation dégénéra rapidement. « Tao… » Un autre garçon avait senti que la tension entre nous ne présageait rien de bon. Personnellement, je ne savais pas me battre et puis, de toute façon, je n’avais pas envisagé qu’il pût le prendre si mal. Moi, quand je prenais quelque chose de travers, je boudais et m’en allait en poussant des jurons. Je ne tapais pas les autres. Une fois, j’avais essayé mais ma nourrice m’avait mis un tel taquet que je n’avais pas retenté. En plus, elle m’avait peint les oreilles en brun et c’était pire que mourir. J’avais eu tellement honte que je n’avais même pas osé sortir de ma tente. Je n’étais donc pas prêt à recevoir la droite de Tao. Il allait me frapper et je finirais étalé par terre à pleurer. Tant pis hein. Néanmoins, alors que son poing allait toucher ma tête, un étrange phénomène se produisit. Le morceau de bois que j’avais dans les mains trembla et un truc en sortit. C’était comme un homme mais fait de pierres. Il attaqua Tao en le giflant. Le garçon en resta abasourdi quelques secondes, par terre. « HA HA ! » fis-je. Je n’en ratais pas une. Devant sa défaite, il se releva et partit en silence, frustré jusqu’à la plante des pieds. « C’est trop fort ce truc… » dis-je, en observant la tablette, après la disparition du golem. « Tekoa… Il faudrait qu’on en parle aux adultes quand même… » On n’en eut jamais le temps. Une main sortit de nulle part, attrapa le bout de bois et disparut avec. Après un temps de silence, nous nous mîmes tous à hurler, aussi terrifiés qu’incertains sur ce que nous venions de voir.

902 mors

Le Golem Protecteur : C'est une tablette en bois, sur laquelle figure une spirale rouge. Lorsque son possesseur se fait attaquer, un golem en pierre en sort afin de le défendre. La taille du golem dépend de la magie de celui qu'il défend, tout comme la puissance de ses attaques. Il répond toujours proportionnellement à l'attaque envisagée par l'adversaire. Si celui-ci avait juste envie de frapper la personne, le golem essaye de le frapper. S'il avait envie de le tuer, il essaye de le tuer. Il disparaît s'il est détruit ou lorsqu'il a fini sa mission. Illustration