Quiproquos

Partenaire : /
Intrigue/Objectif : Quête pour obtenir le carnet de traductions (Défi des 15 ans).

En réponse à la lettre de Deccio dans ce rp

Thème

Raïm, un air renfrogné sur le visage, surveillait d'un air attentif les sautillements exaspérants d'Astriid d'un stand à un autre. Elle lui avait cassé les pieds pendant deux heures jusqu'à ce qu'il cède et accepte de sortir du lit pour se rendre au marché. Le Boräk oubliait souvent qu'assurer la sécurité de la jeune fille ne rimait jamais avec repos. Il lui avait fallu toute la patience que les Aetheri pouvaient lui accorder pour ne pas l'encastrer dans le mur quand elle avait soudainement retiré ses couvertures avant de brailler dans ses oreilles qu'il fallait abssooooooolumeeeeeent aller acheter des fournitures. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre qu'elle ait reçu de l'argent de ses parents pour pourvoir à ses besoins à Stenfek ? Et je veux des plantes, et je veux de la farine complète, et je veux un plumeau, et je veux et je veux gna gna gna. Raïm soupira lourdement en se pinçant l'arrête du nez. Quelle plaie. Sa voix de petit lutin des bois lui parvint, surpassant aisément le volume sonore moyen du marché, pourtant déjà bruyant et ses yeux roulèrent dans ses orbites. «Raïm ! Raïm ! Viens ! Vite ! Ils ont des chapeaux !» Il mima silencieusement ce qu'elle venait de dire en grimaçant avant de la rejoindre d'un pas traînant en grattant sa barde de quelques jours. Quand il fut enfin à son niveau, l'Elfe frétilla avant de bondir pour affubler le Braskä d'un magnifique chapeau en paille. Elle gloussa en admirant le résultat. «C'est parfait ! Il ne te reste plus qu'à aller dans les champs maintenant pour récolter des pommes de terre !» Une veine se mit à battre violemment sur la tempe du Boräk et il dut inspirer à plusieurs reprises avant de se séparer du chapeau avec la délicatesse d'un pet de vache. «Magnes-toi d'en terminer avec ton foutu marché à la mord-moi-le-nœud.» «Oui dans un instant ! Mais avoue que c'est amusant de flâner comme ça au milieu des locaux ! Il n'y a pas de meilleur moyen de se plonger dans la culture des Réprouvés ! En plus, si tu...» «Oui oui c'est ça allez, bouge.» râla le Boräk en levant les yeux au ciel.
Quelques minutes plus tard, l'Ygdraë s'extasiait devant un stand qui vendait plumes d'écriture à foison, parchemins de toutes les qualités et pour toutes les bourses ainsi que carnets de toutes les tailles. Les mains sur les joues pour se retenir de toucher à tout, Astriid posait mille questions à la vendeuse et Raïm se désintéressa bientôt de la conversation, les yeux voilés par l'amertume à la pensée de la douceur de son lit. Quelques pièces s'échangèrent bientôt et Astriid tendit son bras vers la vendeuse pour que celle-ci trace un symbole sur l'intérieur de son poignet puis de dessiner le même sur la première page d'un carnet. Après avoir murmuré quelques mots incompréhensibles, les dessins disparurent du poignet et du carnet. «Et voilà Mademoiselle, maintenant vous pourrez vous faire comprendre de n'importe qui sur les terres du Yin et du Yang ! Ca vous aidera aussi certainement si vous souhaitez vous installer durablement chez nous.» Astriid hocha la tête avec énergie en la remerciant avant de récupérer ses emplettes et de pousser Raïm du coude. «Rentrons, j'ai terminé!» «C'est pas trop tôt.» Songea le Boräk. Il n'avait rien demandé mais cela n'empêcha en rien Astriid de se lancer dans la description de ses achats. «J'ai bien entendu racheté du papier pour mes lettres, la vendeuse était très gentille, elle m'a conseillé du papier fabriqué avec des plantes qui ne poussent qu'à Stenfek, en plus, il est rose et apparemment c'est très résistant donc ce sera parfait pour les longs courriers.» Raïm lui lança une œillade sévère. Si elle parlait de sa correspondance avec l'odieux malotru dont il avait surprit la lettre l'autre jour, ses oreilles allaient rapidement tourner au rouge quand il en aurait fini avec elle. Une telle sottise était effarante et il se demandait parfois comment les Ygdraës avaient pu laisser sortir une Eskët aussi candide. Toutefois, il ne voulait pas montrer qu'il était au courant de ses échanges littéraires avec le branquignol afin d'être sûr de remonter jusqu'à son origine et il se contenta d'un grognement bref pour lui signifier qu'il l'avait entendue. «Mais la chose la plus merveilleuse que proposait la vendeuse, c'était ce carnet ! Il était un peu cher et il ne me reste quasiment rien de l'argent envoyé par papa et maman mais je vais pouvoir parler avec tout le monde ! Regarde, je te montre !» Avant que Raïm ne puisse esquisser la moindre syllabe de refus, elle s'installait déjà sur un muret pour griffonner avec hâte dans le carnet. Sa couverture était en tissu pâle et son aspect assez banal pour une babiole aussi chère. Raïm doutait déjà de sa solidité, il allait finir dans un sale état avec tous leurs voyages. Il se pencha néanmoins pour lire ce que l'Elfe inscrivait avec application. Elle avait écrit Zul'Dov avant de poursuivre par "Savez-vous où je peux trouver un fromager ?" Bientôt, l'encre scintilla avant de se modifier sous leurs yeux pour former une phrase en langue Réprouvée et Astriid se releva pour aller interpeller une passante qui tenait un bébé sur la hanche. Repoussant une mèche de son front en sueur, la femme écouta avec stupeur l'Ygdraë lui déclarer avec le plus doux des sourires : «Savez-vous où je peux cuire un enfant ?» La femme serra les dents avant de cracher par terre et de lui tourner sèchement le dos. Les yeux ronds, Astriid plaqua une main sur sa bouche. S'était-elle trompée dans la prononciation ? Raïm, qui commençait à s'amuser de la situation, garda le silence tandis qu'Astriid marmonnait en relisant avec inquiétude les explications au dos du carnet. «Je vais refaire un essai ! J'ai du faire une erreur !» «Fais donc.» sourit le Boräk avec un sourire chafouin, il comprenait au fur et à mesure ce qu'il se passait. Cette fois-ci, la rousse écrivit "Pouvez-vous m'indiquer un médecin ?" et lut attentivement sa traduction, s'entraînant à l'avance pour être sûre de maîtriser la langue des bipolaires. Déterminée, elle arrêta un Réprouvé qui s'apprêtait à prendre son envol. Avec assurance, elle le questionna. «Voulez-vous coucher avec moi ?» L'homme marqua un temps d'arrêt, cherchant à voir si l'Elfe plaisantait mais son air terriblement sérieux lui fit comprendre qu'elle s'était trompée dans son choix de mots. Elle n'avait pas besoin de mentionner qu'elle ne maîtrisait pas sa langue avec son redoutable accent à couper au couteau. Il sourit avant de continuer en langue commune. «J'ai l'habitude des femmes directes, mais là c'est ptet un peu trop non ?» Sans lui laisser le temps de répondre, le Réprouvé s'envola et Raïm laissa éclater son hilarité. L'air choqué, l'Ygdraë se retourna vivement vers le Boräk. «Mais qu'est-ce que j'ai dit !» «C'est de la camelote ton carnet, voilà tout.» «Non c'est faux !» se rebiffa Astriid, «C'est lié à la magie, ça ne peut pas ne pas marcher ! Elle m'a montré elle-même en me parlant en Hyriël !» «Bah cherche pas plus loin moucheron, t'es juste trop naze pour que ça marche.» Astriid gonfla les joues mais ne sut trouver une répartie cinglante. Agacée, elle remit le carnet dans son sac avant de rentrer d'un pas énergique jusqu'à son appartement, le Boräk sur ses talons se retenant toujours de rire.

Toujours vexée et résolue à ne plus adresser la parole au Braskä pendant au moins trente minutes, un record, l'Ygdraë s'était enfermée dans sa chambre pour y trouver la solitude et le calme nécessaire pour répondre à Bi'll Hilly. Lissant soigneusement le papier d'un doux rose pastel, Astriid se lança dans sa rédaction, son nez à quelques centimètres du papier.

 

❀ Cher Bi'll Hilly,

❀ Vous n'imaginez pas combien je suis heureuse d'avoir reçu votre réponse aussi rapidement ! J'ignorai que vous étiez un soldat, vous êtes si brave ! Surtout, faites attention à vous ! Il me serait insupportable que mon ami soit blessé au combat ! Faites aussi attention aux Démons, il paraît que ce sont les plus fourbes ! Quand j'étais petite, on jouait à toutes sortes de jeux et on commençait toujours par dire : Celui qui perd est un démon ! Vous savez, par rapport au génocide. Mais papa nous fâche tout le temps quand on fait ça car il dit que ce n'est pas bien de se moquer, mais vous comprenez bien que ce n'est qu'une blague, rien de méchant ! Et de toute façon, les démons méritent ce qui leur est arrivé non ? Non peut-être pas, vous devez me trouver d'une insensibilité désarmante et je m'en excuse. Pour me faire pardonner, un jour, j'aiderai un Démon dans le besoin ! Croyez-vous que les démons aiment les fleurs ? ❀

❀ Oh je serais ravie de rencontrer le petit Bruce ! J'adore les enfants mais c'est normal car je suis moi-même encore un peu une enfant. Raïm dit que je suis un cas désespéré et que j'ai du m'endormir à l'école quand ils nous apprenaient le plus important. Il peut être vraiment blessant parfois ! Cela dit, il n'a pas tout à fait tord. L'école, c'était si ennuyeux ! Moi, je crois que l'expérience est la meilleure des leçons ! ❀

❀ C'est terrible ce qu'il vous arrive ! J'aimerais pouvoir vous aider mais je suis bien trop faible et incapable de me battre. Je serai un fardeau pour vous, malheureusement. Cependant, si je peux faire quoi que ce soit, n'hésitez pas à m'en faire part. Comme vous semblez apprécier autant que moi nos échanges, je m'assurerai de toujours répondre à vos lettres en espérant que, bientôt, vous puissiez ressortir et trouver une autre source de plaisir. Par exemple, les Phranssés ont inventé une manière toute singulière de récompenser chaque année leur dur labeur et vous pourriez essayer. Je m'explique, quand le temps se fait glacial, les Phranssés se réfugient sous terre et pendant une journée, ils vont créer une incroyable chaîne où ils vont utiliser une bonne partie de leurs provisions stockées pour fabriquer des sortes de galettes fourrées avec des morceaux de fruits séchés. C'est absolument formidable (et immangeable, j'ai essayé) et nous avons surnommé cette étrange nourriture la Galette d'Aïroys. ❀

❀ Bien à vous. ❀

❀ Astriid Cëlwùn❀

Astriid resta ensuite pensive devant les derniers mots de la lettre de Bi'll. Elle rechignait à ignorer l'Xbox, après tout, son correspondant attendait avec impatience sa réponse. Que penserait-il si elle ne répondait pas à tout ? Après de longues minutes de réflexion des plus intenses, l'Elfe renonça en songeant qu'il ne posait pas vraiment de question et qu'elle ne l'offenserait pas en conséquence. Du moins l'espérait-elle.

Message unique | 1820 mots
(Merci à Soso de m'avoir prêté Solheim pour le second quiproquo avec le carnet <3)