Les illusions d'Ímin

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Intrigue/Objectif : Dorian joue au cobaye pour une des expériences de Willhelm. Mais surtout Joyeux Noël Nina

Thème Oui je sais pas j'avais ça en boucle en écrivant

Étouffant un bâillement, je traînais des pieds dans les couloirs sombres du manoir, cherchant à me rappeler quel escalier prendre pour descendre au sous-sol. J'étirais longuement mes bras en marchant, les membres encore perclus du voyage pour arriver jusqu'à Fjörd. Refermant les pans de ma veste sur moi, je descendis dans les entrailles glacées du manoir, mon souffle formant une légère buée dans l'air. J'étais ravi de constater que cet endroit était toujours aussi accueillant. Que des Vampires décidassent de s'établir ici à l'année me dépassait. Mais beaucoup de choses me dépassaient de toute manière. Je poussais l'épaisse porte en métal du laboratoire de Willhelm tout en songeant que j'aurais du aller me nourrir avant. Le Vampire aux cheveux crayeux avait tendance à parler pendant longtemps parfois, obsédé par ses expériences. Une vague de chaleur m'enveloppa et je me dépêchais d'entrer et de refermer derrière moi avant de frotter mes mains pour les réchauffer plus vite. Willhelm était courbé sur une table, je pouvais voir sa colonne vertébrale ressortir en étirant sa chemise sur son dos étroit. Son visage marmoréen disparaissait au profit des vapeurs des récipients qui envahissaient son espace de travail. Voyant qu'il était plongé dans quelque sombre activité, je me mis sur le côté en gardant le silence et en laissant mon regard s'attarder sur la longue pièce rectangulaire. Sur les murs poreux à peine illuminés par des lanternes en verre, des étagères ployaient sous les multitudes de livres, de fioles, d'instruments étranges et de boîtes de toutes tailles. Intrigué, je longeais le mur pour regarder de plus près en attendant que Willhelm relève la tête de son travail. Chaque boîte était soigneusement étiquetée pour renseigner la nature de son contenu - principalement des herbes mais certaines contenaient des poudres d'ossements, des roches spéciales - c'était une vraie boutique d'apothicaire. Je savais que Magnus avait enseigné à son fils les potions pour l'encourager à emprunter cette voix. Selon moi, il souhaitait juste employer l'intérêt de Willhelm pour les sciences pour s'en servir à des buts plus sombres. En m'avançant dans le fond, j'aperçus une vingtaine de cages alignées avec plusieurs animaux de différentes espèces. Leurs museaux s'agitaient mais aucun son n'en sortait et je devinais que le Vampire avait du les faire taire de manière magique. Un sort utile à mes yeux, je me notais mentalement de lui demander de me l'apprendre à l'occasion. Encore autre chose que je voulais apprendre de lui. Je l'utiliserai avec le plus grand plaisir sur Selyne. Cette garce avait la langue trop pendue pour son propre bien.
«Pauvres animaux, hein ?» La voix de Willhelm s'était élevée dans mon dos et sa question paraissait sincère mais je me tournai vers le Vampire avec un sourire narquois. «C'est pour le goûter ?» Il secoua la tête en souriant et s'approcha pour me montrer une cage contenant plusieurs sortes de boules de poil avec de grands yeux. Couleur sable, elles diffusaient une douce lumière et leurs petites oreilles s'agitaient avec intérêt vers leurs congénères, s'amusant à se rentrer dedans. C'était atrocement adorable. «Je les ai trouvés dans les bois une nuit quand je chassais. Ils sont parfaits pour une expérience que j'ai en tête. C'est presque abouti, tu veux me donner ton avis ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de les tester sur quelqu'un.» «Fantastique, j'étais justement revenu à Fjörd pour jouer au cobaye.» Marmonnais-je, mon visage s'assombrissant soudain. J'étais peu disposé à accéder à sa requête mais il était difficile de dire non au seul ami que j'avais. Willhelm se mit à rire, ses prunelles pâles étincelant derrière ses lunettes. «Mon pauvre Dorian, tu as toujours l'air de souffrir.» Tiens tiens, ce n'était pas la première fois que j'entendais cette critique. Je fronçais les sourcils et croisais les bras en prenant un air faussement fâché. «Je te rassure, ils ne devraient pas te faire mal.» Ma moue sceptique l'amusa et il ajouta. «Normalement.» «Ça fait beaucoup d'incertitude. Tu es sûr de vouloir tester tes machins sur moi ?» «Ce ne sont pas des machins, ce sont des Ímins.» Son ton était presque tendre en les nommant et je grimaçais.
Il m'indiqua un tabouret tout en m'expliquant rapidement son expérience. «Je ne sais pas du tout de quel animal il s'agit - un rongeur je suppose - et je les ai renommés Ímin. Grâce aux conseils de Magnus, j'ai réunis plusieurs livres sur les hallucinations et comment les provoquer. Il y a évidemment les champignons et autres drogues qu'on connait déjà mais mes Ímins ont plusieurs caractéristiques. Tiens, donnes ton doigt.» Il s'était tourné à nouveau vers moi et tenait une des boules de poiles entre deux doigts. Il portait des gants. Ça n'encourageait pas du tout à la confiance. Réticent, je reculais avec méfiance en observant la bestiole bondir légèrement sur la paume de Willhelm, ses yeux brillant de toutes ses forces. Selyne aurait certainement adooooré ce type d'animal. «Allez, de quoi tu as peur ? La petite bête ne mange pas la grosse.» Je lui jetais un regard assassin avant de tendre finalement mon index lentement vers l'Ímin. «Je te préviens, s'il me mord, je le - AÏEUH !» La créature avait bondit soudainement sur mon index, avait ouvert une gueule beaucoup plus large que je ne l'aurais pensé, pour y planter ses crocs. Paniqué, je me levais en la sentant drainer mon sang et me mit à secouer ma main frénétiquement pour la faire lâcher prise. Willhelm essayait de dissimuler un fou rire ce qui alimenta ma fureur et j'approchais mon autre main pour l'arracher quand une soudaine torpeur s'empara de moi. L'esprit brumeux, je me laissais retomber lourdement sur le tabouret et ma tête dodelina avant de retomber sur ma poitrine.

L'obscurité. Réconfortante. Chaleureuse. J'ouvre les yeux. Nu jusqu'à la ceinture, mes mains sont posées avec légèreté sur les épaules, nues également, d'une femme qui est dos à moi. Sa silhouette se découpe, éthérée et lumineuse sur un fond couleur d'encre. Ses boucles ont été ramenées sur le côté pour dévoiler la chair crémeuse de son cou. Je ne suis pas long à me pencher pour humer son parfum presque sucré avant d'enfoncer mes canines, mes mains se faisant plus exigeantes sur elle, laissant une une trace rouge sur sa peau vierge. Je ne la connais pas mais son goût est délicieux. Elle frissonne et ses gémissements meurent dans sa gorge pour renaître en soupirs. J'apprécie la silencieuse appréciation de son plaisir, rendant plus intime la rencontre entre ma langue dévalant contre les deux incisions pour en aspirer la moindre goutte de sang. Elle glisse une main dans mes cheveux pour maintenir ma bouche contre elle, renversant la tête sur le côté alors que sa peau se couvre de chair de poule. Au même moment, je sens des mains effleurer d'une caresse mon dos. Une respiration légèrement rauque s'approche de ma nuque, me faisant frissonner à mon tour. Au contraire de la partenaire qui s'abandonne complètement contre mon torse, c'est un Vampire, je peux le déceler à son odeur. Sa main vient se poser sur ma hanche tandis que l'autre laisse ses doigts courir le long de mon bras pour le lever. Ses gestes sont fermes et assurés et je me laisse manipuler comme si du coton avait remplacé mes membres. Il hésite à peine une seconde et plonge ses crocs sans douceur dans mon poignet. La sensation me fait l'effet d'une décharge exquise et je relâche la pression sur la femme pour ramener ma tête en arrière qui...

...se cogne contre le mur alors que j'exhale un râle de plaisir et de surprise mêlé. Mes paupières papillonnent pendant plusieurs secondes pour finalement laisser mon regard se fixer sur le sourire moqueur de Willhelm qui me regarde attentivement. Gêné, je me racle la gorge en regardant ailleurs. Je fais le tri dans mes pensées pour essayer de former une pensée cohérente sur ce qu'il vient de se passer. Je finis par poser un regard suspicieux sur l'Ímin qui est de retour dans les mains du Vampire. Nul doute que si j'avais conservé ma libido de ma vie d'avant, je me serais senti à l'étroit dans mon pantalon. Je me sentais à la fois détendu et frustré d'être resté sur ma faim. D'une voix que je tentais de garder la plus neutre et détachée possible, j'interrogeais Willhelm en évitant ses prunelles observatrices. «Qu'est-ce que c'était que ça ?» Comme s'il n'attendait que cette question, le Vampire s'assit en face de moi, l'enthousiasme imprégnant chacun de ses traits. «C'est génial non ?» Devant mon absence de réaction, il poursuivit, se formalisant à peine de mon air peu convaincu. «À l'aide de sortilèges, je peux faire en sorte que, par le biais de la morsure, les Ímins libèrent une molécule qui va directement au cerveau pour s'alimenter des désirs les plus secrets de la personne et les reproduire sous forme d'illusions. Tant que l'Ímin boit le sang de la personne, celle-ci plane en plein bonheur.» Je toussais pour dissimuler mon embarras, comme si Willhelm pouvait lire dans mes pensées mais il poursuivit comme si de rien n'était. «Quand j'en ai parlé à Magnus, il m'a proposé de lui ajouter une fonction qui, à l'inverse, utiliserait contre sa victime ses craintes et peurs. Je crois qu'il veut utiliser mes Ímins comme moyen de torture.» Énonça-t-il avec un air de regret en baissant les yeux, soucieux de voir ses créations réduites à des objets de torture. Oui, je reconnaissais bien là Magnus. «Bref. Mais tu as apprécié l'expérience j'imagine ? Tu n'avais pas l'air de beaucoup souffrir.» Je détestais son petit ton suffisant tout à coup et je grimaçais en plantant sous son nez mon doigt blessé en prenant un air offensé. «Ta bestiole m'a mordu. C'est tout ce que je sais.» Il rit et je souris à mon tour. Une idée me vint soudain. «Dis, je peux t'en prendre un ? J'aimerais l'offrir à quelqu'un.» «Bien sûr, considère ça comme un remerciement d'avoir accepté d'être mon cobaye. Je n'étais pas sûr que ça fonctionnerait. Préviens ton ami que je ne connais pas encore les effets secondaires des Ímin, ils doivent sûrement provoquer des réactions différentes selon la race de la personne qui se fait mordre.» «Oui oui, je la préviendrais.» Non. Ce ne serait pas drôle si je la prévenais.

Spoiler:

Le Noël de Nina:

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1822 mots