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 La boîte à tristesse.

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Bellada Ward
~ Magicien ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : Gilbel ♥
◈ Activité : Cuisiner avec amour !
Bellada Ward
Mer 17 Mar 2021, 18:24


Image par ... nom de l'artiste si vous l'avez ...
La boîte à tristesse
Bellada


Bellada s'arrêta un instant face à la porte close de la chambre d'enfants. Elle inspira pour commencer à parler mais, finalement, s'arrêta - ce qui en disait long sur son état : il était presque impossible de faire taire la bavarde, en temps normal. Son visage se contracta dans une grimace contrite et, finalement, elle soupira. Devait-elle faire demi-tour, lui laisser davantage de temps ? Non. Elle ne supporterait pas de laisser les choses ainsi sans essayer d'améliorer la situation. Lentement, elle donna quelques coups à la porte. Sans grande surprise, elle ne reçut aucune réponse : cela ne l'arrêta pas et, presque discrètement, comme si elle craignait d'importuner celle qui se trouvait dans la pièce, elle se glissa à l'intérieur. La chambre était plongée dans l'obscurité de l'extérieur : le soir approchait à grand pas et le soleil se cachait de l'autre côté de la chaumière ; les chandelles n'étaient pas allumées. Le sol était anormalement propre - on n'y voyait pas les petites figurines et autres jouets qui le jonchaient normalement après que les petits enfants du couple Ward soient arrivés dans leur maison. Le silence pesant était entrecoupé par les sanglots incontrôlables d'une silhouette emmitouflée sous des couvertures. La magicienne se mordilla la lèvre inférieure, ne sachant comment commencer. Finalement, elle ne trouva pas les mots avant d'arriver à hauteur du lit. Là, elle s'assit sur le rebord, sa main venant trouver naturellement le dos de l'enfant qui se cachait. « Minerva ? » appela la grand-mère en chuchotant tout bas. Un reniflement lui répondit, comme pour lui signaler que la concernée l'avait bien entendue. « Qu'est ce qu'il se passe, mon Loustique ? » Cette fois-ci, l'enfant ne daigna même pas lui accorder un renâclement. « Tu ne veux pas m'en parler ? Tu sais, parfois, parler de ses problèmes allège leur cœur et nous libère de nos peines. » encouragea madame Ward tout en continuant à passer sa main contre le dos de la jeune fille, qui éclata en de nouveaux sanglots bruyants. « Oh allons, allons ça va aller ma pitchoune. » consola la grand-mère, se penchant davantage pour enlacer celle qui exposait son chagrin. Puisque celle-ci ne la repoussa pas, Bellada prolongea l'étreinte. Il lui sembla même que la fille vint se loger plus proche d'elle, comme pour profiter davantage de cette attention tendre.

Le duo resta ainsi un long moment, sans parler, se contentant de profiter de la présence de l'une et de l'autre - l'une inquiète à en mourir, son cœur se serrant douloureusement, l'autre peinée à en avoir l'impression que son palpitant menaçait d'exploser en million d'éclats tranchants. Finalement, la plus âgée déposa un baiser sur le sommet du crâne qui dépassait des couvertures. « Attends moi, j'ai ce qu'il te faut. » Mettant fin à leur enlacement, Bellada se leva et quitta la pièce, refermant soigneusement la porte derrière elle. Sans perdre une seconde, elle se dirigea jusqu'à sa chambre où elle ouvrit le coffre positionné au pied de son lit. A l'intérieur : des souvenirs en tous genres - les dessins que lui offraient ses petits enfants, des créations d'enfants ou bien encore son journal intime, où elle écrivait les moments qu'elle ne voulait surtout pas oublier, ornant ses pages de feuilles séchées ou de grains de sables. C'était pour elle la grotte du bonheur, là où elle réunissait tous ses souvenirs de tendresse, comme pour se préparer au moment fatidique où la tristesse viendrait la heurter de plein fouet. Tout était parfaitement organisé, malgré le bazar que l'on pouvait imaginer. La mage bleue ne mit donc pas longtemps avant de trouver ce qu'elle était venue chercher : une petite boite en bois, toute simple. A l'intérieur, plusieurs petits sachets de toiles contenant les dents de laits des générations de Ward qu'elle avait couvé. Elle sortit toutes ces sacoches puis quitta sa chambre avec la boite entre les mains.

« Mamie, Minerva elle est encore triste ? » demanda une petite voix. Ne s'y attendant pas, Bellada sursauta et manqua de peu de pousser un cri. Voyant Orlane, la mine rongée par l'inquiétude, se tenir devant elle, elle se para d'un sourire chaleureux tout en se penchant en avant pour se mettre à sa hauteur. « Un petit peu, mon Loustique. Mais tu sais, ça arrive. Il ne faut pas s'inquiéter. Ca ira bientôt mieux. » promit-elle en passant sa main dans la chevelure dorée de la petite Ward. « Est ce que tu pourras lui donner ça, de notre part ? » demanda-t-elle en tendant un imposant parchemin : à l'intérieur, un dessin auquel avait participé tous ses cousins et frères et sœurs. On y voyait leurs silhouettes approximatives essayer de chasser un gros orage, ramenant avec eux un soleil éclatant. Des encouragements étaient gribouillés un peu partout. La vieille magicienne se fendit d'un sourire attendrit. « Remercie tout le monde. Je suis certaine que ça lui fera extrêmement plaisir. » Elle déposa un baiser maternel sur le front de la fillette, qui tourna les talons et courut vers les escaliers. « Fais attention en descendant ! » rappela instinctivement la femme.

De retour dans la chambre des enfants, la grand-mère retourna aux côtés de Minerva. « Tes cousins s'inquiètent presque autant que moi. » informa-t-elle en s'accroupissant devant la plus jeune - ses genoux grincèrent un peu mais elle les ignora. « Ils voulaient que je te donne ça. » expliqua l'aïeule en tendant le rouleau de parchemin. Pendant quelques secondes, la petite mage resta immobile. Puis, lentement - comme si le moindre mouvement lui coûtait terriblement - elle extirpa sa tête de sa cachette et étira un bras pour s'emparer du cadeau. Curieuse, elle l'observa : sa vision lui arracha un faible sourire - pas suffisant pour effacer les traces de ses larmes. Bellada attendit qu'elle reporte son attention sur elle pour lui montrer la boite qu'elle tenait entre ses mains. « Ceci est ma boîte à tristesse. » déclara-t-elle fièrement. « Ta boîte à tristesse ? » répéta la tourmentée. La plus âgée acquiesça. « Lorsque j'ai quelque chose sur le cœur mais que je ne me sens pas capable d'en parler avec les autres, c'est à elle que je me confie. » expliqua-t-elle tout bas, sur le ton des confidences. « J'écris tous ce qui me tracasse sur un papier et, ensuite, je le plie et l'enferme dans cette boîte. » continua-t-elle en cédant l'objet aux mains tremblotantes de la fillette. « C'est elle la gardienne de mes soucis : puisque c'est elle qui les garde jalousement, je n'ai plus à m'en occuper et, de cette façon, j'ai le cœur plus léger. Je n'ai plus à m'inquiéter de rien ! » « Mais, la boite est vide... » « C'est normal : la boite a manger tous mes tracas ! » répliqua la vieillarde en souriant. Son expression se répliqua sur la mine de la plus jeune qui renifla une dernière fois puis, finalement, se mit en position assise, sortant de sous ses draps. « Alors, lorsque les choses sont trop compliquées pour venir m'en parler, tu peux lui confier tes malheurs. D'accord ? » La fillette acquiesça. Bellada l'embrassa sur la joue puis se releva pour laisser tranquille la petite magicienne. « Merci Mamie. » « De rien, Loustique. »



L'air froid s'éclate sur ton visage, s'engouffre dans ta gorge et brûle tes poumons. Pourtant, tu ne ralentis pas. Au contraire, tes jambes semblent galvanisées et tu accélères un peu plus, bien décidé à conserver ta place de premier. Tu es le plus rapide. A ce jeu, tu es toujours celui rafle la victoire : tes triplés n'ont aucune chance de gagner la course. Un rictus satisfait se grave sur ton faciès. Le point d'arrivée est bientôt là, à quelques enjambées. L’adrénaline pulse dans tes veines. Tu ne pourras pas te venter de ta victoire en rentrant à la maison - si votre mère apprenait que vous vous adonniez à ce genre d'activités, elle vous tirerait sans aucun doute les oreilles jusqu'à ce que celles-ci atteignent le plafond de votre maison - mais la simple idée de voir le visage agacé de tes moitiés te contente déjà d'avance. Dans un dernier élan, tu décides d'accélérer sur la dernière ligne droite, mettant d'autant plus de distance entre eux et toi.

Un mouvement inattendu attire ton attention sur la droite, te faisant ralentir et même t'arrêter - tes frères sont suffisamment loin derrière toi pour que tu puisses te le permettre. Malgré l'obscurité de la nuit, les lumières venant du village autour du lac sur lequel tu joues te permettent de discerner la silhouette d'un chat. Intrigué par sa présence, tu te rapproches d'un pas lent pour ne pas l'effrayer puis, finalement, tu t'accroupis à quelques mètres de lui, tendant ta main devant toi comme pour l'inviter à y déposer sa tête ; accompagnant ton geste par quelques bruits pour l'attirer à toi. « Mimi ! Mimi, vient par là... Ne t'en fais pas, je ne te veux pas de mal. » L'animal, malgré tes efforts, n'esquisse pas le moindre geste après s'être assis face à toi. Il te renvoit ton regard, ses yeux jaunes luisant d'un éclat étrange dans cette nuit, comme deux étoiles tombées du ciel. Ces prunelles semblent emplies d'une intelligence presque humaine. Tandis que tu te perds dans sa contemplation, un bruit étrange retentit dans le silence.

Crac.

Froid. L'eau du lac est gelée et malgré tes yeux ébahis, tu es incapable d'échapper à la chute. Le chat t'observe, imperturbable malgré les fissures qui rampent dangereusement jusqu'à lui. Un effroyable pressentiment s'empare de toi - irrationnel et pourtant, irrépressible - : c'est lui. C'est le chat qui a brisé le sol sous tes pieds. Tu t'enfonces dans un cri - coupé par l'eau qui te submerge, entre dans ta bouche ouverte, bloque tes narines. Des milliers d'aiguilles transpercent ton corps entier. Tu es en feu - un feu glacé qui semble étreindre ton cœur dans une emprise mortelle. Tes frères courent pour aller chercher de l'aide - ils y sont obligés, s'ils ne désirent pas être emportés dans les bras d'Ezechyel avec toi. Dommage que tu ne sois pas celui qui aille prévenir les secours : vos chances de survies auraient été bien meilleures. Vas-tu mourir ? Tu en a l'impression tant la douleur et la peur se mélangent pour te faire perdre tout espoir. Tu ne penses plus qu'à une chose : ce maudit chat et ses yeux luisants qui t'ont conduit à ce destin.

Le noir.

Est-ce ça, la mort ? Ou bien es-tu juste endormi ? Tu ne sais pas. La gorge nouée, tu entrouvres une paupière. Le visage d'une femme, flou, t'apparaît, avant que tu ne retombes dans les abysses, inconscient.




« Tout va bien mamie ? » Bellada papillonna des paupières, perdue dans ses pensées. Prise au dépourvue, elle se tourna face à Orlane, qui l'observait avec un regard inquiet. « Est ce que c'est Minerva ? Est ce qu'elle ne va toujours pas bien ? » demande-t-elle d'une petite voix. La magicienne esquissa un sourire rassurant et replaça une mèche de cheveux blonds derrière l'oreille de l'enfant. « Non, ne t'en fais pas mon Loustique. Il ne sert à rien de te faire du mouron. »

Madame Ward reporta son attention sur Queena. La féline, assise au pied de la table basse du salon, l'observait tranquillement. Elle se lécha les babine et, aussitôt, sa maîtresse sentit un frisson dévaler son dos. La grand-mère fronça les sourcils tout en secouant la tête, comme pour chasser ces mauvaises pensées qui la parasitaient.


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