Ne vous méprenez pas : le mariage n’est qu’une question d’intérêt, largement dépourvu de considérations amoureuses. Ce n’est qu’une alliance, symbolisée par des noces et des anneaux. Presque un contrat, cruellement négocié entre les intéressés. Il arrive que les mariés partagent des sentiments, même si les passions des sorciers ont tendance à être malsaines. Cependant, l’objectif des noces n’est pas de sceller les penchants du cœur mais de lier des familles et des individus pour des raisons objectives : la puissance, l’influence, la richesse. Un Sorcier cherchera toujours le meilleur parti auquel il peut prétendre. Aidé des siens, il entamera les concertations avec les ainés de la personne choisie, afin de conclure un accord, soumis ou non à certaines conditions. Tout dépend du poids des familles concernées. Certains Sorciers, issus de lignées prestigieuses, ne sont cédés qu’après de vives discussions, où les engagements à respecter sont multiples. Les promesses et les engagements font réellement partis du consentement du mariage : le non-respect de ces obligations entraîne les conséquences prévues par le document, signé par les époux. Cela est particulièrement vrai pour les nobles et les puissants, moins pour le bas-peuple. Ces derniers n’ont souvent rien à négocier et se contentent de perpétrer la lignée, dans l’espoir que la descendance parvienne à briller là où ils ont échoué.

Les Sorciers ont une conception assez traditionnelle du mariage : il s’agit d’unir un homme et une femme, dont la descendance est au cœur de toutes les préoccupations. Les Mages Noirs sont assez sensibles à la question des héritiers. Les bâtards sont peu considérés, voire complétement méprisés, car ils sont  l’objet d’un paragraphe de l’accord conclu entre les époux, de manière ancestrale. Par ailleurs, il n’est pas rare que les fiancés soient des parents, plus ou moins proches : certaines familles rechignent à s’allier avec n’importe qui, au point de très peu se mélanger. Cette pratique n’est pas interdite. De plus, les Sorciers pratiquent la polygamie dans une certaine mesure. Il faut bien comprendre que la majorité des sorciers ne sont unis qu’à un seul conjoint. Mais certains sont si riches et tellement puissants qu’ils peuvent se permettre de contracter simultanément plusieurs unions légitimes. Cela ne concerne que très peu d’individus : la famille royale, les chanceliers des ténèbres, la haute noblesse, les magnats de l’économie ou les pontes des grandes fonctions. Dans la plupart des cas, ces Sorciers se contentent d’un second conjoint afin de multiplier les intérêts et les liens. Le mariage coute très cher, chez les Mages Noirs : il doit être une célébration somptueuse et un étalage des richesses, entièrement payé par celui qui a demandé la main de l’autre. Même les plus aisés ne sont pas enthousiasmés à l’idée de dépenser autant d’argent, à moins que la personne à épouser soit réellement intéressante d’un point de vue stratégique. Le Sorcier à l’origine du mariage doit aussi offrir une bague de fiançailles très précieuse, qui est obligatoirement conservée par le conjoint, même en cas de non-respect d’une obligation du contrat de mariage. Ce n’est pas le cas de l’anneau du mariage, souvent bien moins prestigieux.

Finalement, il est assez peu courant qu’un Sorcier, même riche et puissant, possède plus de trois conjoints. Seuls les Chanceliers des Ténèbres sont assez fortunés et influents pour s’autoriser à prendre quatre, cinq ou six conjoints ; et bien évidemment le Roi ou la Reine du Peuple des Sorciers, qui peut se permettre l’extravagance d’avoir autant de conjoints qu’il le désire.

Les Sorciers se mélangent rarement aux individus des autres peuples. Il n’est pas question de saccager une alliance en la contractant avec un étranger, à moins que cela ne réponde à un dessein plus grand. Dans le cas des nobles, du gouvernement et de la royauté, les mariages peuvent concernés des hommes et des femmes originaires d’autres races, pourvu qu’ils soient intéressants d’un point de vue stratégique. Dans le cas de la polygamie, le premier conjoint est toujours issu du peuple des sorciers. Les conjoints secondaires peuvent venir d’autres races. Aussi, il est important de préciser qu’un Sorcier uni à un Mage Noir possédant plusieurs conjoints ne peut pas à son tour posséder plusieurs conjoints. Au sein de l’union, un unique individu multiplie les alliances. Aussi, il n'existe pas de divorce. Le mariage peut cependant être annulé, si cela est prévu par le contrat, en cas de non-respect d'une obligation grave ou d'une promesse. Souvent, l'annulation n'est prévue que si un des conjoints est stérile. Le remariage, après un veuvage, est autorisé mais pas très bien perçu.

La cérémonie du mariage n’est pas fixée de manière stricte et sévère. Les traditions diffèrent d’un territoire à un autre, ainsi que d’une famille à une autre. Il existe cependant certains impératifs. La cérémonie est célébrée dans un Temple, en présence d’un Prêtre habilité à célébrer les noces ainsi que d’un représentant du gouvernement qui prend acte des documents, des consentements et des signatures. Chaque contrat de mariage est soigneusement conservé dans les archives. De manière traditionnelle, la mariée porte une magnifique robe, de la couleur de son choix, et un voile noir. La cérémonie du mariage prend toujours place au cœur de la nuit et les festivités durent au moins jusqu’au soir suivant.

Le contrat de mariage peut prévoir de nombreuses conditions, aussi diverses que variées. Elles sont négociées entre les concernés. Quasiment inexistantes pour le bas peuple, elles peuvent faire l’objet de plusieurs pages lorsqu’un illustre Sorcier est l’un des promis. Tout peut être inclus. Ce n’est qu’une question de pourparlers, de choix et de marchandages. Par exemple, le contrat peut interdire la pratique de la polygamie, comme la mise à mort d’un des conjoints s’il venait à avoir un enfant avec une autre personne. Il peut prévoir le nombre de rapport charnel que les époux doivent avoir au minimum dans une semaine comme le nombre d’héritiers que la femme doit mettre au monde. Il peut bannir le remariage en cas de décès ou au contraire, contraindre le survivant à se marier à un individu désigné. Tout est permis, pourvu que cela soit inscrit, compris et signé.