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 [Q] - Si ton épée est trop courte, avance d'un pas | Solo

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Mar 18 Aoû 2020, 22:34

[Q] - Si ton épée est trop courte, avance d'un pas | Solo Fantas10



Intrigue/Objectif : Après l'art au maniement du corps, Deccio poursuit son apprentissage pour maîtriser celui des armes. Pour mériter cette leçon, il devra cependant faire équipe avec un partenaire inattendu.  


Son ascension ne se terminait jamais vraiment. Gravir ces montagnes encore et encore, c’était à se demander s’ils ne s’étaient pas tous mis d’accord pour promouvoir une sorte d’analogie sur la progression de l’homme face aux obstructions de la vie. En soi, c’était toujours mieux que de naviguer sur toutes les mers dans l’espoir de mettre la main sur ces artistes, mais l’effort se faisant ressentir au bout de quelques minutes, le Démon se détendit tout près d’un rocher en forme de corne. Les veines de ses muscles ressortaient davantage grâce aux réfractions de la pleine lune qui marquait l'acharnement du blondinet qui se tordait de douleur dans le seul but de se montrer digne de la tâche qu’il s’était confié. Non loin de ce minéral, un peu plus en hauteur, il aperçut de nouveau ce renard. Se tenant immobile en position assise, il scrutait l’horizon, après quoi il se tourna vers l’étranger aux yeux rutilants. « Tu fais exprès de me suivre, ou bien tu es l’envoyé de l’Œil pour me conduire sur la bonne voie ? » Il se malaxa la nuque, presque aussitôt conscient de la bêtise qu’il venait de formuler.« Ouais. Je sais que je délire. J’suis le seul maitre de mon destin. Et bientôt, je serais le maitre de tous les arts. » C’était un chemin long et tortueux qui lui prendrait certainement des années, voire des décennies, mais il était prêt à payer le tribut pour ça. Le glapissement du goupil semblait comme en accord avec cet engagement. Il se redressa ensuite sur ses pattes antérieures, grattant l’extrémité du minéral sur lequel il se trouvait. Deccio — qui avait commencé à s’en désintéresser en se relaxant sur ses deux bras derrière la tête — ouvrit l’œil gauche pour guetter ses manigances. « Qu’est-ce que tu fiches, encore ? Tu vois pas que j’aimerais profiter d’un peu de repos ? On est sensibles, les Démons. »

En effet, il n’avait pas eu l’occasion de souffler à cause de ces trois jours de formations. Ça avait été plus intense plus que prévu, et pour cause, ce détraqué de Ranki n’avait pas lésé sur les moyens pour lui imprégner la première technique dite du revirement de contrôle. Il espérait que la suite de son programme soit plus intuitive, sans quoi il devrait élever le cran du délai qu’il s’imposait sur des siècles. En l’occurrence et malgré les abois intempestifs de son animal fétiche, le Vil parvint à se plonger dans le monde du sommeil. Celui-ci fut de courte durée, car il se voulait réparateur, et surtout parce que l’alerte du danger titilla ses senseurs. En se réveillant, le canidé avait disparu. Enfin, il était plus juste de dire qu’il avait été pris en chasse par quelqu’un ou quelque chose. En se levant pour étirer ses membres, il releva en effet des traces assez discrètes sur le sol humide, stigmate d’une lutte qui avait manifestement eu lieu peu de temps avant son éveil. Il ramassa également un fragment d’une tige en métal ; le fût d’une flèche peut-être. Ou bien un carreau d’arbalète. Cependant, des restes d’empennages levaient d’emblée le doute. Mais une autre incertitude l’interpella, et il s’agissait de l’absence de trainées. De plus, le serviteur du Diable effleura la surface d'une flaque d’eau afin d’accueillir un poil roux entre ses phalanges, ce dernier en partie teinté de rouge. Inutile d’être un spécialiste dans la traque pour comprendre ce qui venait de se produire. Sur ce territoire appartenant aux plus grands chasseurs des Terres du Yin, ne pas rencontrer une seule fois un de ces suceurs de sang aurait relevé de l’exploit.

Ramassant illico ses affaires pour s’armer en conséquence, le flibustier des Enfers prit la décision de faire un petit détour pour devenir le chasseur à son tour. Non pas qu’il tenait absolument à sauver cet animal de son funeste sort, mais c’était dans ses intérêts de ne pas perdre sa bonne étoile. Et puis, d’une certaine façon, il était curieux. Curieux de savoir ce qu’il valait depuis la dernière fois qu’il s’était confronté à l’un d’entre eux. La première fois, ils durent être deux pour s’en débarrasser. Et même soutenu par l’un de ses semblables, ça n’avait pas été de tout repos. Désormais, c’est seul qu’il s’emparerait de cette noblesse. L’idée pour traquer un traqueur, c’était de faire comme si de rien n’était. S’il ne pouvait pas le battre à son propre jeu, alors c’est en jouant le sien qu’il changerait la donne. En définitive, c’est la carte de la ruse qu’il dégaina. Deccio fit donc l’air de rien en poursuivant son petit bonhomme de chemin, mais à chaque nouvelle piste, il dévia légèrement de sa trajectoire pour s’enfoncer de plus en plus dans ce qu’il suspectait être la tanière du prédateur. Il ne tarderait surement pas à lui tomber dessus, c’est pourquoi il redoubla de vigilance en tournant fréquemment sur lui-même afin de couvrir le maximum de surface. Au bout du compte, il était arrivé au milieu d’un amas de rochers tous plus impressionnants les uns que les autres, ceux-ci engorgeant sa vue. Toutefois, il entendit de nouveau les jappements du renard, ce qui lui indiqua sa position approximative. Cherchant à les contourner pour mieux attaquer le moment venu, le détective entra en scène lorsqu’il ne sentit aucune présence. Du moins meurtrière. En avançant un peu en direction des sons que propageait le canidé, il comprit l’ampleur des dégâts.


En le retrouvant ici à moitié blessé, il comprit rapidement ce qui s’était produit. L’animal se trouvait à la frontière de la mort, et le fait qu’aucune trace de Vampire ne subsistait dans le coin ne pouvait signifier qu’une chose. Et cette chose se trouvait un peu plus loin, étalée sur le côté, le corps inerte. En effet, l’adversaire qu’il redoutait tant avait été vaincu. Et pas par n’importe qui, car c’est ce mammifère au pelage roussi qui avait fourni le plus gros du travail. Deccio ne pouvait s’empêcher de trouver cela des plus fascinants. De deux choses l’une ; la composition de la chaîne alimentaire ne jouait pas du tout en sa faveur, c’était même tout l’inverse. La seconde ; et il le savait mieux que quiconque, c’est qu’il fallait disposer d’une volonté inébranlable pour sortir victorieux d’un tel duel. Le blondinet s’approcha du renard, qui, sévèrement affaibli par ses blessures, parvenait tout juste à cligner de l’œil. La brise qui caressa sa joue et qui orienta sa crinière dorée dans un sens rapporta une épaisse feuille qui vint s'accoler à son visage. Il agrippa celle-ci par la tige, le regard ébahi pour une quelconque raison. « On dirait que les Dieux ne souhaitent pas ta mort. Et à vrai dire, moi non plus. Va savoir si c’est ton caractère bien trempé qui m’attire. Ou bien… » Il s’accroupit pour jauger la lésion avec plus de méticulosité. C’était loin d’être encourageant, et pour cause, ce genre de plaies était pour la plupart létal. Dans ce genre de circonstances, le Démon aurait simplement planté ses griffes dans sa cervelle pour abréger ses souffrances. C’est bien la moindre des choses qu’il aurait pu faire par respect pour sa combativité. Toutefois, la bestialité encore présente dans les tréfonds de ses pupilles le dissuada de le faire. Il y avait ça et aussi cette feuille, présente dans le creux de sa main. « Ou bien tu me rappelles de bons souvenirs. Cette vaillance qui t’anime, elle me plaît. » Sans chercher davantage à élucider cette énigme, le Vil s’occupa de stopper l’hémorragie. Dans un premier temps, il frotta la surface du végétal par le biais de sa tige, qui au contact de l’humidité avait durci. Ceci eut pour effet d’engendrer une sorte de gelée appréciée pour ses propriétés réparatrices. En la disposant sur la plaie et en nouant le tout grâce à la tige d’une fougère disponible à proximité, Deccio s’était chargé des premiers soins. Cependant, c’est là bien le maximum qu’il pouvait apporter sur le plan médical.

Cette assistance, il le devait principalement à ses connaissances d’ébénisterie, car s’il y a une chose sur laquelle il s’était penché durant toutes ces années, c’était les pouvoirs dont jouissait la nature. Elle était la reine mère de ce monde, et la raison se trouvait sous les pieds de chaque individu qui foulait sa terre. Quoiqu’il en soit, il devait maintenant apporter le goupil à quelqu’un de plus qualifié que lui. Et au vu du coin dans lequel il se trouvait, il n’y avait plus qu’un espoir sur lequel compter. Il allait devoir prendre le relais et se battre autant, sinon plus que lui. Hissant le renard qu’il disposa sur ses épaules pour plus d’aisances, le Démon se mit aussitôt en marche. Le bandage improvisé qu’il avait confectionné ne tiendrait pas éternellement. Et qui sait jusqu’à quand la bête allait tenir ? Deccio en était conscient, il s’agissait littéralement d’une course contre la montre dans un lieu qui lui était totalement étranger. Il grimpa, encore et toujours, de toutes ses forces. La mâchoire serrée, il transpirait par tous les pores, ses membres devenant de plus en plus écarlates à cause de la mauvaise circulation du sang dans ses veines. Il tenait à y arriver. Et plus seulement pour lui-même. Qu’importe combien de sacrifices lui réclameraient cette ascension, il était décidé à tout remettre en jeu. Le temps qui s’écoulait étant devenu quelque chose de très conceptuel, il ne se rendit pas compte immédiatement de la présence d’un volatile au-dessus de sa tête. Un épervier ? Non, d’après son plumage, il devait s’agir d’un pygargue. Et à l’instar de son ami le renard qui l’avait autrefois aiguillé jusqu’au point d’intérêt désiré, c’est cette fois-ci l’oiseau qui lui prêta ses ailes battantes pour percer un chemin dans les cieux.

Il ne se posa pas de questions et le suivit, alignant sa confiance dans ses croassements gradués. Jamais une sans deux, cette décision l’escorta au bon endroit, sur un décor légèrement aplani, bien qu’à des degrés très différentes de l’espace du vieux Ranki. À bout de force après avoir tout donné dans les derniers mètres, Deccio s’effondra. Il perdit conscience presque aussitôt, décimé par le manque de nutrition, la fatigue et les autres carences que subissait son organisme. Lorsqu’il se réveilla, c’est dans un lit, avec une multitude de bandages au poignet et autour du bras. Celui qui avait pansé ses blessures s’y connaissait manifestement mieux que lui. En tout cas, l’homme essaya de se redresser, mais un immense marteau appuya sur son torse pour le contraindre à rester ainsi. Au bout de ce dernier, une femme a la carrure impressionnante. « Je te déconseille de trop gigoter, diablo-bète. » « Ce n’est pas une façon de parler à un blessé. Et encore moins à son invité. » Rétorqua-t-il en tentant de faire le malin. Les yeux de la femme se révulsèrent. Elle était prête à l’écraser à tout moment. « J’vais peut-être changer d’avis et te le coller dans le crâne une bonne fois. » Deccio déglutit. Elle ne plaisantait pas. Autant qu’il se tienne à carreau pour le moment.


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Mer 19 Aoû 2020, 14:45

[Q] - Si ton épée est trop courte, avance d'un pas | Solo Fantas10



Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette armoire à glace aux allures de femme avait un caractère bien trempé. Au moins, elle correspondait bien à la description que le vieux sage lui en avait faite. En mettant de côté l’esprit de la fureur qui logeait dans ses entrailles, elle était même plutôt jolie. En tant qu’obsédé sexuel de la première heure, Deccio pensait bien souvent au cul, mais en ce jour à graver d’une pierre blanche, ses intentions étaient tout autres. Pour le pelotage, il repasserait incessamment, car sa tête, emplie de tourments, réclamait des réponses. « Qu’en est-il de ce bon vieux renard ? Pas que je m’inquiète pour lui bien sûr, mais ça m’emmerderait d’avoir enduré tout ça pour rien. Vous avez intérêt à… » « Intérêt à quoi ? » Répéta-t-elle à l’intention du Démon, sa main plaquée sur son visage pour l’enfouir sous l’oreiller. Le blondinet se débattait tant bien que mal, mais cette folle l’étouffait sans répit. Elle le relâcha après quelques secondes, non sans lui décocher un coup de coude dans le creux de son abdomen, ce qui eut pour conséquence de lui faire vomir une gerbe de sang. « Ça va pas bien non ?! Quel intérêt de soigner les gens si c’est pour les tuer derrière ?! » Il était curieux de savoir ce qui se tramait dans sa tête, ça devait sûrement valoir le détour. Posant son maillet de trois tonnes sur le sol, elle disposa ses deux mains sur le dessus du manche, attentive à la moindre remarque déplacée de son hôte. « Ne t’en fais pas pour lui, il est plus solide que toi. Regarde-le, il est déjà d'attaque. » En effet, le quadrupède entra gaiement dans la salle, son jappement distinctif en guise de prévention sonore, après quoi il grimpa sur son lit en venant lui laper le visage, sa bave l’inondant au bout de quelques passages. Deccio le repoussa, d’une part car il était très peu friand de ce genre de langage affectif, et d’autre part parce qu’il avait le sentiment d’être le patient d’un vieux dispensaire à qui on accordait toute l’attention à cause de sa vulnérabilité plus remarquée que celles des autres. Autrement dit, il ne pouvait tolérer une attaque directe contre sa fierté.

Rejetant ces jugements hâtifs, l’homme se tint sur ses pieds l’instant suivant. Il malaxa les phalanges de ses doigts afin de faire remonter le sang à son cerveau pour l’irriguer. Il lui avait suffi de transférer une petite quantité de magie pour rendre le traitement efficient. « Et si on arrêtait de causer et de perdre du temps ? Vous savez pourquoi je suis là. Pas pour vous rouler une galoche ni même pour vous violer dans votre sommeil. Inculquez-moi vos techniques d’escrime. » En énonçant clairement ses résolutions, un blanc communicatif prit le relais. La femme ne répondit rien, et c’est tout juste si elle daignait lui prêter de l’attention. Deccio répéta deux, puis trois fois sa revendication, la réitérant une quatrième fois en optant pour une verbalisation un peu plus courtoise, supposant que le problème venait de là. Cependant, elle s’en fichait d’autant plus, détournant complètement son regard. Pire, elle quitta nonchalamment la pièce comme si de rien n’était. Le blondinet se demandait jusqu’à quand elle allait se payer sa poire, et même en faisant preuve de patience, son impulsivité gagna du terrain, de telle sorte qu’il sortit en trompe de la chambre afin de se ruer vers elle. Durant cette courte scène, il dégaina son sabre à dessein de lui porter un estoc, sa cible se trouvant sur la jointure de son épaule, à l’endroit où l’articulation et l’angle mort étaient à son sens les plus exploitables. Seulement, il commit la même erreur que contre Ranki en s’attaquant vainement au spécialiste du domaine dans lequel il recourait pour la désarçonner.

En tout cas, c’est ce qu’il tenait à laisser penser. Car dans son autre main, Deccio libéra un nuage de poussière pour aveugler et déséquilibrer la bretteuse. Et ça fonctionnait. Du moins, c’est ce qu’elle essaya de lui faire croire, alors qu’en réalité, elle parvint à le désarmer, le Rusé se retrouvant très rapidement les quatre fers en l’air. « Encore une tentative de ce genre et je détache la tête de ton corps. Est-ce que c’est bien compris ? » Le feu qui brillait littéralement dans ses pupilles suffisait à garantir son insécurité. Malgré cela, il cherchait une réponse claire et concise. « Si vous n’êtes pas apte à m’apprendre quoi que ce soit, dites-le-moi et je repartirais d’où je viens. Ce serait fort regrettable que de me passer de vos services, mais je devrais m’y résoudre. En attendant, je suis prêt à vous accorder quelque chose en contrepartie. » Elle ria à gorge déployée, faisant tinter son marteau. « Tu es bien mignon comme démon, mais je ne vois pas ce que tu pourrais m’apporter en retour. Et puis mes cours ne sont pas destinées aux novices de ton acabit. Je suis loin d’être aussi indulgente que ce vieillard. » Le renard se glissa entre les pattes de l’homme avant de s’asseoir à côté, sa gueule pointée en direction de la bretteuse, comme s’il comprenait chaque mot que le couple s’échangeait. À son tour, elle le fixa. « Mais si tu tiens à passer outre mon avertissement, alors laisse-moi te proposer une mission pour me prouver que tu es digne de recevoir mes leçons. » « J’accepte volontiers. » L’hésitation avait été inventée par les lâches afin de préserver leur moral. Deccio ne pouvait pas se permettre de créer un dilemme fallacieux. Il avait absolument besoin d’elle, sans quoi son voyage ne rimerait plus à rien. La femme qui se présenta sous le nom de Catvyra l’observa dans son ensemble de la tête aux pieds. « Tu vas devoir redescendre dans la forêt et me cueillir une fleur un peu spéciale qu’on ne trouve qu’en son centre. Je ne peux pas me permettre de quitter cet endroit, et en temps normal c’est un livreur qui endosse ce rôle. » Le démon plissa les yeux, sceptique. Ça ne pouvait pas sommairement se résumer à ça, pour la simple bonne raison qu’ils se situaient sur le territoire des vampires.

Par extension, cette forêt devait forcément occuper la principale ressource d’approvisionnement de ces chasseurs. « Dis-moi si je me trompe, mais les créateurs entraînent leur engeance dans ces bois, c’est ça ? » « Et alors, ça te pose un problème ? » « Pas vraiment. J’aime les challenges, et ce fichu renard a volé ma proie. » Visiblement heureux de l’avoir dépossédé de son heure de gloire, le goupil amorça de petits bons en joignant ses deux pattes avant sur le sol, comme s’il chassait quelque chose. Catvyra braqua la pointe de son marteau colossal sur lui. « Tu devrais l’emmener avec toi. Pas que je doute de tes compétences, mais à vous deux vous aurez largement plus de chances d’en sortir. » Une préconisation pour le moins étonnante. Les rares fois où il s’était entiché d’un partenaire, les successions de cafouillages s’étaient montrées plutôt envahissantes. Et généralement, ça s’était toujours mal terminé. Du moins pour les autres. En revanche, il aurait peut-être plus de complaisances avec lui, qui ne communiquait pas avec la langue des hommes et donc qui ne l’importunerait pas. Ceux qui s’éventaient dans le mutisme réussissaient bien plus ce qu’ils entreprenaient, et cela s’expliquait du fait que les beaux parleurs gaspillaient bien plus d’énergie à jacter qu’à autre chose. Il le savait, car il était un de ceux-là, en tout cas quand il ne prenait pas sa mission au sérieux. Le blondinet observa scrupuleusement le rouquin à queue touffue.

Les mouvements qu’il opérait et qui consistaient à tourner sur lui-même comme un excité du bocal en disait long sur accord. « Très bien, j’accepte. Après tout, tu as gagné mon respect et je suis sûr qu’on peut faire une bonne équipe. Par contre, si tu me gênes même une seconde, je t’écharpe. » C’était à prendre ou à laisser, et en même temps il espérait le dissuader de l’accompagner. C’est tout le contraire qui se produisit, ce dernier prenant les devants en lui indiquant la route à emprunter pour rejoindre facilement la forêt. « Ah ah ah ! Bonne chance. Vous en aurez grand besoin. » Confia-t-elle au binôme avec un sourire sarcastique. C’était mal le connaître que de penser qu’il allait trépasser contre de triviaux vampires. Deccio était un as de la duperie, et il allait le démontrer une fois de plus lors de cette confrontation. Plus aguerri qu’auparavant, il descendit la montagne avec son allié de circonstances, impatient d’évaluer l’alchimie qui allait naître ou non entre eux. Donnant sa confiance à ce dernier, le guide naturel les convoya en un instant au repaire des sanguinaires. Évidemment, le Démon n’avait pas un flair aussi affûté que son compagnon, c’est pourquoi il se fit le plus discret possible en épousant ses traces à la perfection. Au lieu de modifier son apparence en intégralité, il ne changea que la forme de ses pieds, ceci à dessein d’effacer sa présence. C’est une technique qu’il avait apprise durant ses nombreuses traques, mais elle était perfectible. Le soleil qui s’infiltrait entre les feuillages et qui chauffait sa peau, le bruissement des branches qui sifflait au passage du vent, ou encore les chuchotements de la terre à chaque pression qu’elle endurait ; autant de détails auxquels ses sens s’étaient habitués pour anticiper d’éventuelles surprises.

Il était aussi alerte qu’un chasseur de longue date, pour la simple et bonne raison qu’il avait passé dix longues années consécutives emmuré dans un labyrinthe sylvestre. Les souvenirs de cette période ayant été endommagés, ils recommencèrent tout juste à jaillir. Plus il se rapprochait de son niveau d’antan, plus les pièces du puzzle retrouvaient leur place perdue. S’il continuait à suivre son intuition, alors peut-être que… soudain, le renard se mit à tressaillir. Ses pattes postérieures enfoncées dans le sol fangeux, son corps raidi et son museau alerte lui indiquèrent la présence d’une silhouette ombreuse se mouvant entre les arbres. Attaquer ou ne pas attaquer. Telle était la question. Deccio se tenait prêt à tout moment ; un pied en avant, et le second à l’arrière. Ses orteils s’enlisèrent très légèrement afin de disposer d’un appui plus important dans le cas où il lui faudrait esquiver, ou au contraire charger un ennemi. La bague arrangée autour de son majeur droit frétilla, ordonnant une sorte de vibration sur sa dextre. En calculant le timing idéal et en invitant sa magie à intervenir, sa main se déplaça de telle sorte qu’elle intercepta le coup de poing du vampire. « Belle tentative. Mais tu es encore trop jeune pour me surprendre. Tu fais plus de boucan qu’un Vāyūr dans un bordel. » Un suceur en apprentissage en cachait forcément un autre, et c’est de celui-ci qu’il devait se méfier le plus.


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Jeu 20 Aoû 2020, 23:20

[Q] - Si ton épée est trop courte, avance d'un pas | Solo Fantas10



Il n’y avait pas une seconde à perdre pour débusquer le second Vampire, et accessoirement le professeur de celui-ci. Autrement dit, celui dont il fallait le plus se méfier. Deccio regarda vivement à droite et à gauche, mais même s’il avait à faire à un jeune apprenti, il ne pouvait se permettre de relâcher sa vigilance. Il ne devait pas s’exposer inutilement, car une morsure — aussi bénigne soit-elle — pouvait mener à la capitulation. Dans ce cas — et il regrettait déjà amèrement ce qu’il allait dire — il s’adressa à son compagnon de route. « Hey, le renard ! J’ai bien peur d’être un peu trop occupé pour le moment, donc si tu voulais bien assurer mes arrières, ça m’arrangerait. » En joie, l’animal se contenta d’un regard fixe dans le blanc de ses yeux pour plébisciter cette approche. À vrai dire, la créature envoyée par les Dieux était tellement opiniâtre qu’elle aurait probablement agi en conséquence par elle-même. Ils venaient à peine de se rencontrer, mais malgré ça, le dévouement qui les unissait présentement était sans pareil. Le Démon lui confia indirectement sa vie en lui adressant un signe de la tête. « Maintenant que c’est réglé, à nous deux. » Agrippant fermement le bras du Rahzdens, l’Enfant des Enfers enfonça ses pouces dans sa chair afin d’optimiser sa préhension. En effectuant une rotation avec ses hanches, il projeta son adversaire vers l’arrière avec vigueur, celui-ci butant contre le fût d’un arbre. Répétant ce qu’il avait appris depuis ces dernières semaines, il inspira et expira profondément ; alignant son souffle en accord avec ses intentions. Il avait nettement le dessus sur le plan technique et offensif. En augmentant un peu la cadence, il était certain de prendre le dessus de façon exponentielle. Encore devait-il prendre en considération ce dont il était capable.

Jusqu’ici silencieux, ce sont des grognements gutturaux qu’il émit. Cette colère lui fit prendre conscience qu’il allait enfin se lancer sérieusement dans la bataille. Le Buveur de Sang dégaina une épée relativement lourde en considération de sa taille, celle-ci étant de toute façon à l’avantage de son sabre court. « Avec du recul, tu ne trouves pas qu’il serait plus sage de trouver un terrain d'entente ? Après tout, nous sommes de respectables cito… » Mais le blème ne sembla pas ouvert à la discussion puisqu’il se précipita à grande vitesse sur sa proie, sa lame s’abattant sur lui tel le marteau du jugement qui rendait son verdict. Le blondinet se plaça sur le côté de telle sorte à pouvoir échapper au courroux, armant rapidement son poing pour heurter son plexus, ce qui amena à le décontenancer. Suite de quoi, il entoura sa paluche d’une limaille de fer qu’il avait récolté à l’aide de la magie, le rusé décochant un redoutable crochet dans le menton de son ennemi. Il tituba pendant quelques secondes, les lèvres amochées. Il s’en sortait bien mieux ce qu’il avait prévu, sans doute car il découvrait en même temps que lui la récompense que lui avait apporté ce voyage. Surpris par sa propre puissance, il observa ses mains dans les moindres détails. Il glissa son pouce sur sa commissure, jetant un coup d’œil au renard qui attendait d’avoir le loisir ou non d’intervenir. « Désolé, mon ami. Mais je crois que tu vas être condamné à l’ennui. J’y peux rien si mon point faible c’est d’être trop fort. » Une manière d’exprimer son engouement par l’outrecuidance, un défaut majeur qu’il partageait avec la plupart des hommes qui gagnaient en assurance. Malgré cela, ça n’avait aucune incidence sur les faits et sur sa supériorité.

Une constance qui allait cependant être bouleversée par l’apparition du vrai danger, car c’est un Vampire bien plus massif qui sortit nonchalamment des bois. Il n’avait même pas pris la peine de les attaquer par surprise, preuve d’une grande confiance en soi. Rien qu’à le voir pour la première fois, il laissa une forte impression à Deccio qui recula instinctivement par la simple ardeur de son aura. Son compère étant manifestement de son avis, il se cacha aussitôt derrière un arbre. Ses yeux ancrés d’un rouge sanguin empêchaient de savoir avec exactitude ce qu’il mirait. Tandis qu’il resta dissimulé sous son imposante cape, il pencha habilement sa tête pour faire craquer les articulations de sa nuque. « Approche, fiston. » Son ton était calme. Très calme. Il ne s’occupait pour ainsi dire pas d’eux, comme si leur existence n’avait pas le moindre intérêt. Quand son élève fut à portée, il lui flanqua une rouste en enfonçant son poing sur ses côtes, celles-ci émettant un bruit de fracture. Son apprenti s’effondra sur le sol, recroquevillé sur lui-même tandis qu’il crachait ses tripes. Cet homme était plus effrayant que lui, ce qui rendait la tâche d’autant plus complexe. « Je te l’ai dit une centaine de fois. Les Vampires comme nous ne chassent pas. Ils déciment tout sur leur passage. » Tendant son bras pour agiter sa cape, il révéla son armature pour ainsi dire quasi parfaite. Ses bras n’étaient pas seulement immenses, ils étaient composés essentiellement de muscles, de nombreuses veines très visibles courant sur toute sa longueur. À sa connaissance, le seul individu qui pouvait l’égaler — et encore — était ce fichu Déchu de Baobab. Mais à ce stade et aussi loin d’Avalon, il y avait très peu de chances pour que le Colérique soit amené à cueillir des champignons dans le coin. Non, ils ne seraient que deux et devraient se débrouiller sans interventions miraculeuses.

La bête sanguinaire s’avança calmement, ses pas s’enfonçant naturellement dans la terre friable. Deccio se mit en position tout en se préparant à moduler la magie pour la transformer et l’utiliser à tout moment. Quant au goupil, il se plaqua au plus près du sol en révélant sa belle dentition. La situation était tendue, et la brise nocturne qui chatoyait sa peau n’était pas là pour les favoriser puisqu’elle aidait le prédateur à mieux les situer. Insufflant un élan grâce à une incroyable vitesse qu’il dût considérablement amplifier, celui qui statuait très certainement au rang d’Asharg agrippa férocement sa gorge, après quoi il ouvrit grand sa gueule pour approcher dangereusement ses canines de son encolure. Heureusement, son partenaire le sauva in extremis en fusant sur lui comme un authentique projectile, ce qui lui fit lâcher prise. Mais hélas, cette belle tentative ne fut pas suffisante pour repousser le géant qui s’enlisa au lieu de glisser, provoquant un arrêt qui rendit la riposte beaucoup plus aisée. Il frappa le carnivore au museau, lui attrapa la queue et le cogna à terre. Il expectora son mal, mais loin de se décourager envoya une décharge électrique dans le but de le vulnérabiliser, mais surtout de le paralyser. En dépit du beau jeu, le Vampire résista le temps d’ériger un bouclier d’ombre devant et autour de lui. Il maitrisait ses pouvoirs à la perfection, appelant même le sang à venir façonner une faux qui prit vie dans le creux de sa main. Entravant le renard avec le même procédé pour l’empêcher de remuer, il abattit son arme pour le dépecer. Mais Deccio arriva à son tour à sa rescousse en imprimant son coup de pied le plus puissant sur sa tempe, l’envoyant valser avec fureur. Le canidé fut immédiatement libéré. « Un partout. Va falloir donner tout ce qu’on a mon ami, sinon on peut dire adieu à cette belle plante. » Difficile à dire à qui — ou quoi — il faisait allusion, bien que les deux loustics fussent parfaitement en accord avec cette idée.

Le truc, c’est qu’ils allaient devoir collaborer de la meilleure des façons, et malheureusement ils n’avaient pas le luxe de s’accorder sur le comment. Tout ce qu’il restait à faire, c’était de prier pour que le plan se déroule sans accrocs. Et comme ils n’avaient aucun plan en tête, alors tout irait pour le mieux. En tout cas, comme si ça ne lui suffisait pas de porter des coups dévastateurs, il était en plus affublé d’une résistance à toute épreuve. Le Saraṇi utilisait tant bien que mal ses deux pouvoirs de contrôle, mais le Vampire étant doué d’une étroite affinité avec le sang, tout ce qu’il entreprenait fut déjoué en un claquement de doigts. Les deux hommes se chargèrent alors mutuellement, mais tandis qu’il esquissa un pugilat, l’Asharg manipula son bras avec ses liens pour l’endiguer, et ainsi lui retourner la politesse. « Tu es largement en deçà de mes ennemis habituels. Tu n’as aucune chance. » Il n’avait pas tort sur toute la ligne. Seul, il se ferait sans doute démolir avant d’avoir l’audace de lever le petit doigt. Si ce cas de figure s’était présenté, il en aurait été autrement, mais son allié puisait dans des ressources bien supérieures aux siennes. Le renard s’étant rendu invisible, Deccio avait radié le son dans son périmètre afin de lui permettre de préparer sa technique en amont. Résultat, le mammifère recouvra son opacité une fois qu’il fut fermement accroché à l’épaule du prédateur. Ses crocs enfoncés dans sa chair, sa mâchoire dégagea de virulentes braises ocrées, cette technique audacieuse ébranlant le tueur.

Remuant ses bras dans tous les sens dans le but de dégager la teigne, le Démon ne resta pas inactif — bien au contraire. Occupé par les flammes qui rongeaient son uniforme ténébreux, il avait réussi — par cette perte d’attention — à se rapprocher de lui. Désormais en bonne posture, il joignit ses deux mains, les ramena près de son buste et boucla la boucle en prolongeant subitement ses deux membres pour le frapper près du cœur. L’impulsion était telle qu’elle bloqua sa respiration le temps d’une seconde. C’est alors que, sans se concerter, les deux compagnons de route se succédèrent pour rosser chacun à leur tour le sadique de la nuit. Leurs techniques respectives étaient déployées de telle sorte qu’elles se mariaient parfaitement à l’autre, si bien que cette soudaine harmonie empêcha le dévoreur de prédire quoi que ce soit. L’enchainement qu’ils constituaient était aussi chaotique que cohérent, à tel point que, sans s’en rendre compte sur le coup, Deccio partageait parfois son sabre avec le goupil qui se servait de ses dons pour le rendre encore plus meurtrier qu’il ne l’était. Pour un spectateur lambda, cela pouvait ressembler à s’y méprendre à une danse liturgique visant — pourquoi pas — à supprimer le mal. Mais pas n’importe quel mal. Le mal de dents. Ou bien le mal dedans. Ou encore le mâle dedans. Certes, ça ne rimait à rien, mais le principe restait clair dans l’esprit du belliqueux à crinière ambrée. Au final, le martyr présumé réussit à dévorer le feu et à s’enfuir en urgence par le biais des ombres. Ils l’avaient bien amoché, mais ils déchantèrent quand ils perçurent leur propre félures. En revanche, lorsqu’il s’effondra sur les fesses, le Saraṇi tomba à quelques centimètres d’une plante — celle qu’ils étaient venus déloger — dont la magnificence ne laissait aucun doute. « Ah ah. Quelle farceuse, cette femme ! Un vulpin d’une grande rareté. Ça ne te rappelle rien ? » Deccio secoua l’épi en son extrémité, qui selon ses couleurs, sa forme et sa texture rappelait la queue d’un renard. Ils l’avaient trouvé, mais ils devaient maintenant repartir, persuadés qu’on chercherait à leur tendre une embuscade pour se venger.


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Ven 21 Aoû 2020, 23:37

[Q] - Si ton épée est trop courte, avance d'un pas | Solo Fantas10


Passant la tige entre son index et son majeur, le Démon l'amputa nette à la racine pour recueillir le vulpin de toute beauté. Il l'a mis ensuite à l’abri dans sa bandoulière, au cas où un imprévu se manifesterait. Il frappa à deux reprises sur la fermeture afin d’y faire coaguler le sang de ses mains et sceller davantage le sort de cette clé qui lui permettrait de rejoindre le panthéon des escrimeurs. Ou à moindre mesure, entrer dans la compétition. Deccio se tourna vers son associé à quatre pattes en assouplissant ses poignets. « Va falloir te trouver un nom, c’est gonflant de t’appeler par un adjectif. En général, j’fais ça qu’avec les Anges par manque de respect. Or j’ai pas envie de t’insulter plus longtemps. T’es un bon gars. » La vraie raison quant à cette suggestion d’assignation, c’est qu’une amitié assez évidente s’était développée entre les deux. Cette relation n’avait fait que croitre à une vitesse fulgurante depuis qu’ils avaient formé le tandem. Et à en juger par leurs associations lors du moment décisif de leurs combats, cette alchimie allait sans doute prendre de l’ampleur sur la durée. Pour ce qui est d’un nom, il acquiesça à sa façon en tournant sur lui-même, en jappant et en bondissant fièrement. « Bien, alors que dirais-tu de Rouxcool ? Éclair de feu ? Malboroux ? Froufroux ? Spiroux ? » À chacune de ses propositions, le canidé montrait — ou non — son désaccord. Pour l’instant, il avait hérissé ses poils à la manière d’un porc-épic pour toutes les exclure. Et c’était compréhensible ; le Saraṇi était un génie lorsqu’il s’agissait de trouver des sobriquets ridicules, mais une tanche quand il devait baptiser quelqu’un plus sérieusement. Il était d’ailleurs fort probable que le jour où il aurait une ribambelle d’enfants, ces derniers se verraient affublés des pires noms de l’histoire. Ce qui — en toute franchise — le ferait certainement rire.

En tout cas, les idées ne se bousculaient pas dans sa tête, et il avait passé trop peu de temps à ses côtés pour choisir la bonne locution. « Écoute, laissons ça de côté pour le moment. Nous devons vraiment reprendre la route, sans quoi cette cruche va encore me refuser l’entrée. » Elle en était capable. C’était une femme. Et les femmes étaient les ancêtres des Démons. La légende racontait que malgré leur insensibilité à la peur, certains individus arrivaient à trembler des genoux devant ces créatures infernales. Rien que de songer à cette probabilité ; ça lui glaça le sang. Avant le départ, il manipula son sabre court pour le détailler sous tous les angles. Il avait senti un tranchant bien moindre que lors de ses précédents duels ; ceci s’expliquant par la lame qui s’émoussait et le fait qu’elle commençait à s’ébrécher. « T’es en fin de vie mon pauvre. Espérons que tu tiennes jusqu’au sommet. » Il avait volontairement délaissé sa chaine d’attaque à cause de son encombrement. Dans une forêt aussi dense, elle aurait été inutile, si ce n’est contraignante. L’homme n’avait pas encore défini la stratégie auprès des érudits concernés. Mais l’étude du terrain, de ses forces, et de ses faiblesses se déclarait lors des premiers pas sur le champ de bataille. Du moins, c’est ce qui se passait en Enfer, avec la variété étonnante de dimensions disparates dont ils disposaient. Une fois qu’ils furent investis pour sortir de cette cellule verdâtre, il ne fallut pas attendre l’évanouissement de la lune avant de voir la silhouette tant espérée leur faire barrière. Hélas, il n’était pas seul. Il n’avait pas juste ramené son premier enfant, mais aussi son second. Un désavantage numérique qui tombait au plus mal.

Mais qu’importe l’envergure du danger qui se dresserait sur leurs routes, car le blondinet ne les redoutait pas. L’absence de raideur dans ses membres, ou bien de frissons sur sa peau confirmait son opinion. Malgré la terreur que dégageait le chef de famille, ils ne feraient pas le poids. « Tu as bien fait d’appeler du renfort. C’est plutôt bien pensé de la part d’une dépouille ambulante. » Il secoua son index devant lui, ceci en émettant de petits bruits de succion avec sa bouche. « Ne te fais pas d’illusions. Sans ton chien de garde de vingt centimètres, tu es ma merci. » De belles paroles, et surtout de vagues promesses arrogantes venant des deux côtés. Ceux-ci s’ensuivirent d’un assaut bien plus véhément où toute partie dévoila son meilleur jeu, abattant leurs cartes au moment le plus propice. Le renard révéla d’autres pouvoirs surprenants, la plus remarquable étant sa transition dans le corps — ou l’esprit — d’un loup décuplant sans vergogne ses facultés naturelles. Cet épanouissement lui permit de démanteler l’organisation des deux élèves avec une facilité insultante pour celui qui était censé leur avoir inculqué la précellence. C’est donc de nouveau en binôme qu’ils se retrouvèrent, joignant leur savoir-faire pour causer un maximum de dégâts immédiats. Il fallut plus d’un échange pour que le grand Vampire ou les deux alliés prennent un avantage, mais ce qui était sûr, c’est qu’ils furent tous poussés dans leurs retranchements.

✞———————❖———————✞

Ils grimpèrent les derniers mètres qui les séparèrent du camp de Catvyra. Ils avaient plus d’une matinée entière pour remonter, alors qu’il fallait généralement moins de deux heures pour gravir cette partie de la montagne. Évidement, ils n’étaient pas sortis complètement indemnes de leurs duels à mort, et Deccio comme le goupil tinrent à peine debout lorsqu’ils se retrouvèrent enfin sur le plat de cette structure travaillée. Le Démon était couvert de coupures plus ou moins profondes en fonction de l’endroit qui avait été touché. Le sang coulait du bord de ses lèvres et ses muscles étaient hypertrophiés en raison de toute la puissance qu’il avait déversée. Il avait même dû faire appel au Reflet de l’Autre, de quoi consumer l’entièreté de sa réserve calorique. De son côté, le goupil avait les poils brûlés suite à une utilisation trop abusive de ses techniques de l’éclair et du brasier. De plus, il boitait d’une patte, et ses lésions étaient toutes aussi disgracieuses que son frère d’armes. De toute façon, maintenant qu’ils étaient arrivés sains et saufs, ils allaient pouvoir se requinquer. Avant même de faire l’absolution de leur talent inégalé, le Démon détacha la plante de sa sacoche pour l’exhiber fièrement devant l’inquisitrice de cette folie. Elle lâcha un joli sourire, marqué par la sincérité. « Je t’avais dit qu’il ne fallait pas nous prendre pour des bleus. On aurait pu s’en farcir une demi-douzaine de plus sans sourciller. » Il ria de bon cœur en dépit du fait que cette simple réaction expressive lui fit ressentir une vive douleur dans le bas ventre. Il avait beaucoup donné durant cet affrontement, c’est pourquoi une sainte nuit de repos agrémenté d’un bon buffet n’était pas pour lui déplaire. Ils avaient aussi beaucoup de choses à lui raconter, notamment comment ils avaient agi de concert pour détourner l’attention du Nocturne et pour ensuite l’agresser conjointement de sorte qu’il s’endorme pour l’éternité. Ce souvenir qu’ils avaient en commun resterait surement gravé un bon moment dans leur cervelle. Deccio avait promis à son compagnon de lui présenter ses autres camarades, en particulier Bikbik, Krodha et Chipster. Même s’ils étaient loin d’avoir inventé l’eau chaude, ils conservaient la place de ses plus proches collaborateurs.

✞———————❖———————✞

Le lendemain, le blondinet avait d’ores et déjà recouvré toute sa mobilité, si bien qu’il s’était exposé à la première heure sur le plateau qui officiait en tant que ring de combat. Catvyra se trouvait juste en face de lui, son marteau à la main. Toutefois, pour cette occasion elle le troqua avec une rapière, moins destructrice, mais bien plus maniable. Puisque sa lame avait été brisée au terme de son altercation, elle avait aussi prêté une arme de son choix au chevalier de la ruse. Il avait opté pour un braquemart pour s’essayer à quelque chose d’un peu plus massif. Son poids — lourd — altérait légèrement sa posture. Mais il s’en fichait, car il était certain de pouvoir s’habituer à lui. Le premier échange se décréta alors, et à peine eut-il le temps de saisir ce qui venait de se produire que son arme s’envola dans les airs tandis que la pointe de la rapière lui chatouilla la gorge. La variation majeure avec les arts à mains nus le frappait en plein visage, bien que les deux ententes fussent étroitement raccordées et même complémentaires. « Tu as compris. Là où les poings peuvent difficilement tuer du premier coup, il en est autrement pour les armes. À moins d’être entouré d’une carapace, tu aurais déjà perdu plus que ta fierté. » Il saisissait bien la différence d’approche entre les deux. Toutefois. « Ranki aurait pu vous désarmer, je me trompe ? » Elle grinça des dents, manifestement agacée par sa question. « Ranki est en effet un génie qui a dédié sa vie à perfectionner son art. Il est aussi vrai qu’en domptant ces deux disciplines, tu pourrais te noyer dans l’invincibilité. » Et c’est la raison pour laquelle il souhaitait franchir les paliers au plus vite. Car c’est seulement en ayant toutes les connaissances en poche qu’il pourrait se lancer à corps perdu dans la stratégie et la forge. Devenir le guerrier ultime réclamait de faire quelques concessions.

Cette fois-ci, il ne pouvait triompher de Catvyra ni même la toucher par les efforts. Du moins, pas à ce stade. Ce n’est alors qu’en suivant ses conseils qu’il avancerait. « Dis-moi quoi faire pour avoir ton niveau. Ou en tout cas pour avoir les bases. Rien qu’en te regardant, je sais à quoi je m’expose. Mais je sais aussi que je ne pourrais progresser sans tes précieuses recommandations. » « Bien. Tu es plutôt noble et modeste pour un Démon. Pour commencer, dis-moi quelle est la distance idéale à avoir pour être en sécurité face à sabreur. » Une question technique qui demeurait élémentaire. La réponse lui sautait aux yeux, c’est pourquoi il répliqua dans l’immédiat, l’air sûr de lui. Il recula pour l’illustrer. « Inductivement, c’est ici ; la longue de deux bras. Ou plus exactement, celle d’un bras et d’une lame. » C’est effectivement celle qui paraissait la plus probable, mais le sourire de l’experte l’invalida sur le champ. Elle marqua un pas en avant, puis projeta sa rapière d’un léger mouvement pour détacher son collier de perles qui s’effondra. « Le maai, ou plus simplement la distance d’engagement. Il est essentiel de la comprendre puisqu’elle peut déterminer jusqu’à l’issue d’une bataille. Celui qui peut maintenir le maai en étant capable d’empêcher l’autre de le faire est certain de pouvoir l’emporter. C’est un facteur assez complexe, même pour un spécialiste. Cela dit, je te suggère de bien maîtriser cette notion avant d’envisager de passer à l’étape suivante. Entraîne-toi en affrontant le plus d’adversaires possible. Essaie de lire leurs tics, leur langage corporel et leurs intentions. Au plus tu pratiqueras, au plus tu deviendras capable de prendre les meilleures décisions. »Elle marquait un point. Actuellement, rien de ce qu’il entreprendrait n’aurait de sens. Il devait appliquer son conseil à la lettre, et en profiter pour poursuivre sa quête. « Je tâcherais de revenir quand je serais prêt. Quant à toi… » Il restait encore à scander un substantif à son nouveau compagnon, puisqu’il était maintenant destiné à le suivre. « Bien. J’ai finalement trouvé. Tu seras désormais Erzen Cookie. » Un prénom et un nom pour celui qu’il considérait comme son égal, il n’y avait pas meilleure sélection selon lui. Après l’accréditation du principal concerné, le jeune duo quitta les montagnes en remerciant gracieusement la princesse arsenal. Comme pour le vieux Ranki, ils se reverraient de toute façon très vite.



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