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 [Q] L'instant où se rompent les digues | Solo

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Lun 29 Juin 2020, 13:47

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Intrigue : Alors qu'elle vient livrer sa commande à César, Calanthe se retrouve à dîner avec lui, inconsciente de ses véritables intentions.

Nerveuse, la jeune femme faisait jouer entre ses doigts un ruban à la teinte obscure. Elle n’osait l’attacher autour de son poignet. Source de l’anxiété qui lui ravageait l’estomac, une lettre traînait sur la table depuis plusieurs minutes. Severus requérait sa présence, et elle savait qu’il n’aimait pas attendre. Malgré son étude assidue du manuel qu’il lui avait donné, elle ne retenait qu’à grand-peine le nom des tissus. Souvent, elle se perdait dans leur contemplation. Retenant l’envie d’aller demander le soutien de Joliel, elle prit une longue inspiration. Ses phalanges nouèrent le ruban. La seconde qui s’ensuivit lui parut quelque peu floue. La silhouette tassée du Sorcier accueillit son regard. Devant son apparition brusque, il délaissa son ouvrage. Avant qu’il n’ait le temps de la questionner, elle prit les devants. « Je suis désolée, je n’ai pas encore terminé mon apprentissage. Il y a eu des imprévus et... » D’un geste agacé, il envoya valser ses explications. Les défauts de son élève ne lui étaient pas inconnus, et, aussi longtemps qu’il aurait du travail, il ne se soucierait pas de sa progression. « Peu importe. Ne me casse pas les oreilles avec tes histoires. Va porter ceci à Monsieur Leone. Tu pourras rentrer ensuite, je n’ai pas besoin que tu traînes dans mes pattes. » Abasourdie par sa demande, elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Pourquoi lui confier une telle tâche ? « Entendu. » Les effets secondaires de la téléportation se faisant sentir, elle se reposa un instant. La tension dans son ventre prenait une toute autre nature.

Intimidée d’être de retour dans le bureau de son premier et seul client, la blonde gardait les yeux baissés. Elle n’avait même pas eu le courage de jeter un œil aux confections de son professeur, préférant le silence à une admiration béate. « Severus a encore fait du bon travail. C’est agréable. » Le contact d’une chemise neuve, dont la qualité se voyait d’emblée, réjouissait le Sorcier. À ses yeux, porter des tenues élégantes importait réellement, et bien que ses finances ne fussent pas au beau fixe, il n’avait pas hésité à la dépense. « Voici pour le paiement. » La jeune femme récupéra l’enveloppe, et, ne sachant où la mettre, elle la garda avec insouciance à la main. Il ne restait plus qu’à espérer qu’elle ne croiserait aucun brigand en chemin. N’ayant pas la moindre envie de s’attarder, elle le remercia et tourna les talons. Revoir son professeur avait ravivé la flamme de sa motivation, et elle comptait finir la journée à des travaux de couture mineurs. Sans pratique, elle ne pouvait espérer progresser. Alors qu’elle s’apprêtait à franchir le seuil, une main se posa sur son avant-bras. « Revenez donc ce soir. Je voudrais dîner avec vous. » Surprise de sa demande, elle lui répondit sans réfléchir. « D’accord. » La porte se referma, la laissant seule sur le perron. Les joues cramoisies, elle réalisa ce qu’elle venait d’accepter. Agités par la crainte et la joie, les battements de son coeur changèrent de rythme. Que lui voulait-il ?

Lorsque la nuit tomba sur Amestris, Calanthe trouva la force de s’aventurer dans les rues. Par miracle, ses jambes connaissaient déjà le chemin. Le poing levé, elle délibéra longtemps avant de finalement frapper à la porte. Les ténèbres autour d’elle lui donnèrent l’impulsion manquante. Contrairement aux fois précédentes, ce fut le propriétaire des lieux qui lui ouvrit. « Vous êtes venue. » Une oreille affûtée aurait discerné la pointe de soulagement dans sa voix. Elle n’avait pas voulu se montrer impolie en trahissant sa parole. Anxieuse, elle entra et le laissa la guider vers le salon. Des bougies jetaient leurs lueurs vacillantes sur les murs. Leur étreinte hésitante donnait une allure intime au tableau. Envieuse de la douceur de l’atmosphère ainsi dégagée, elle s’installa sur la chaise que lui désignait son hôte. « Détendez-vous. Je n’ai pas l’intention de vous faire du mal. Je le pourrais, et je suis certain que ça me plairait beaucoup, mais vous allez m’être utile. » Interloquée, elle battit des cils un instant. « Vous être utile ? » Sans relever sa question, l’homme souleva la cloche d’un plat de porcelaine. Une bestiole qu’elle n’avait jamais vu auparavant y reposait. « J’espère que vous aimez le homard. Sven s’est donné du mal pour préparer le repas. » Muette, la blonde acquiesça en silence. Qu’allait-il lui faire, et pourquoi diable était-elle venue ? L’orgueil l’avait poussée à croire que, peut-être, elle avait réussi à retenir l’attention d’un homme pareil ; elle avait été idiote de croire à un motif aussi trivial. Perdue entre la curiosité et l’angoisse, les traits de son visage se crispèrent. Elle ne savait que penser.

Amusé de son trouble, le blond se servit généreusement, avant de prendre place en face d’elle. À l’autre bout de la table, il esquissa un sourire satisfait. « Buvez. Ce n’est pas empoisonné. » Les doigts tremblants, l’invitée dut s’y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à saisir la coupe. « Merci. » Le liquide glissa prudemment entre ses lèvres. « J’ai besoin d’une amie. D’une oreille attentive, à laquelle confier mes tracas, qui ne sois ni reconnaissable, ni dangereuse. Je crois que vous remplirez parfaitement ce rôle. Ici ou ailleurs, vous n’êtes personne. » La véracité de sa remarque la blessa. Contrariée, elle releva la tête. « Et si je n’ai pas envie de l’être ? » « Je vous le déconseille. Nous sommes seuls, et vous n’avez pas envie de me contrarier. » Elle ne pouvait dire le contraire. « Mon peuple ne pardonne pas les faiblesses, mais la magie noire ne nous épargne pas. Il faut parfois savoir reconnaître ce qui ne va pas, pour ne pas sombrer. » « Vous en souffrez ? » « Pas vraiment. C’est difficile à expliquer. » Le Sorcier s’interrompit quelques instants, manifestement tracassé par quelque chose. Un long soupir précéda sa demande. « Pour le moment, je voudrais seulement passer une soirée normale avec quelqu’un. Vous en sentez-vous capable ? » Calanthe ignorait que les mages noirs ne relâchaient jamais leur sournoiserie, et la chance empêchait son imprudence de lui jouer un tour. Elle n’avait pas envie de partir.

Malgré sa naïveté, elle comprenait que la vie, parfois, se montrait particulièrement dure. Qu’il ait pensé à lui confier le poids sur son coeur la touchait. « Oui. » « Vous comptez passer votre temps à ne répondre qu’un mot ? Les cadavres de la cave sont plus bavards que vous. » « Pardon. Je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation. » « Cela nous fait un point commun. » « Vous ne m’avez pas donné votre nom. » « César Leone. » « De quoi vouliez-vous parler ? » « De tout, et de rien. Racontez-moi votre vie, et à mon tour, je vous dirais ce que je juge nécessaire. » « Je suppose que si je veux sortir d’ici, je n’aurais pas le droit de vous poser des questions. » À sa grande surprise, il la détrompa. « Demandez ce que bon vous semble. » Pensive, elle porta à sa bouche un morceau de homard. La chair fondit sous ses dents. C’était à la fois salé et doux. « Pourquoi avoir gardé ce que j’avais tissé ? » Étonné par sa question, César décida de faire preuve de l’honnêteté la plus totale. « Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un fait quelque chose pour moi, sans menace ni contrepartie. Vous avez été spontanée, comme si j’étais n’importe qui. Je voulais en garder un souvenir. » Quand bien même il ne porterait jamais son immonde tentative, il la chérissait véritablement.

« Vous avez vraiment des cadavres dans la cave ? » « Oui. Voulez-vous les voir ? » Le dégoût passa sur le visage de la blonde. « Je crois que je m’en passerais. Vous aimez vivre à Amestris ? » « C’est une cité sinistre, où il ne vaut mieux pas se perdre. Elle me convient parfaitement. » Une étincelle de satisfaction approfondit l’azur de ses prunelles. « Je n’ai pas pu la visiter, mais je trouve que la couleur des bâtiments la rend… Inquiétante, et intrigante à la fois. » « Si nous nous entendons bien, peut-être que je vous emmènerais à Malorsa. Il serait dommage que vous ratiez le centre ville. » Une telle idée leur plaisait à tous les deux. Tout ceci ressemblait presque à une conversation normale. « Et vous, où vivez-vous ? » « Je partage mon temps entre Avalon et la maison de mes parents. Ce sont des Luxurieux, alors je ne suis jamais vraiment au calme quand je suis chez moi. » « Ils ne travaillent pas ? » « Ma mère est danseuse, et mon père, fabricant de lingerie. Ils donnent souvent des spectacles. Je vous laisse imaginer comment ils finissent. »

« Vous avez parlé d’Avalon. Racontez-moi. » « En attendant de devenir une vraie couturière, je vis chez un ami. C’est un orfèvre. Vous avez un travail ? » « Je suis marchand d’esclaves. Je joue les intermédiaires entre des fournisseurs douteux et des clients aux goûts particuliers. J’ai récemment eu des… Déconvenues, avec certains de mes collaborateurs, et mes affaires ne sont pas aussi florissantes qu’elles le devraient. » En dépit de l’horreur de sa révélation, la jeune femme avait envie de consoler son hôte. Un quotidien pareil laissait forcément des séquelles. « Ce n’est pas de tout repos. Parfois, j’en ai assez d’entendre supplier. » « Vous pourriez peut-être changer de branche ? » « On ne me le permettrait pas. » « Pourquoi avoir choisi de vendre des êtres humains ? » « C’était une occasion comme une autre. Lorsque ma fille est née, j’ai eu envie de rester auprès des miens, et puisque j’avais des contacts, la chose s’est faite naturellement. » « Vous le regrettez ? » « Non. J’aime punir ceux qui ne remplissent pas leur part du contrat, et ce n’est pas rare. » À cette pensée, le désir de voir la terreur s’imprimer sur le visage de son invitée se fit sentir. « Vous n’avez pas l’air inquiète. » « Vous avez dit que vous ne me feriez pas de mal. » « Et vous me faites confiance ? » Elle laissa sa question en suspens ; elle ne savait que dire.

Cela faisait plusieurs minutes que le regard de Calanthe se détournait de César. La convoitise traçait son chemin ravageur dans son esprit, et tout ce qui tombait sous ses yeux allumait en elle un brasier de jalousie. Pourquoi toutes ces merveilles n’étaient-elles pas siennes ? « Vous m’écoutez ? » « Excusez-moi. C’est que… Le repas est délicieux. » Noyer le poisson ne suffit pas à tromper la vigilance de son hôte. « Vous avez l’air de désirer tout ce qui se trouve ici. » Prise sur le fait, elle se mordit la lèvre inférieure. Puisqu’il se montrait charmant, elle choisit de lui avouer la vérité. « Je désire toujours ce qui n’est pas à moi. Que ce soit une maison ou une fourchette, si elle ne m’appartient pas, j’ai besoin de… Je voudrais tout avoir, mais je sais que rien ne pourra jamais me satisfaire. Même si je possédais tout ce qui se trouve sur terre, j’envierais ce qui se trouve ailleurs. » C’était épuisant. « Vous avez l’air d’en souffrir. » « C’est une torture. » Ce constat parut ravir César bien davantage que le reste de la soirée. Sa nature l’incitait à prolonger le plaisir. « Je suis de bonne humeur, ce soir. Choisissez quelque chose, et ce sera à vous. » La jeune femme retint sa respiration. « Je ne peux pas. » Agacé par son refus, il haussa un sourcil. « Ne soyez pas timide. Je ne propose jamais deux fois la même chose. Je vous laisse y réfléchir. » Avant d’entendre sa réponse, il s’éclipsa, débarrassant la table.

La jeune femme souffla, tendue. « Je voulais dire que je suis incapable de choisir. » Aussi bien tentée par la nappe que par les tableaux, l’indécision l’étouffait. Le cauchemar revenait. La générosité du blond n’y changerait rien. Un goût de sable envahit sa bouche. Elle voulait tout, et rien ne la rendait heureuse. Absurde et persistant, le tourbillon de l’envie l’emportait vers des rivages acérés. Dévorée, elle succombait en silence, ses pupilles la condamnant davantage à chaque instant. Les doigts glacés de César se posèrent sur son épaule. Un frisson la traversa toute entière. « Dites-moi, Calanthe… De quoi avez-vous vraiment envie ? » Sa voix n’était qu’un murmure, tentateur et cruel. Il adorait ça. « Je ne sais pas. » Un sanglot ponctua sa réponse, annonciateur du chagrin qui la prenait ; elle aurait tout donné pour se cacher sous ses draps et pleurer jusqu’au lendemain. « Alors laissez-moi choisir pour vous. » Émue qu’il désire mettre un terme au supplice, elle tenta en vain de se ressaisir. Il était bon avec elle : elle ne méritait pas sa gentillesse. « Relevez vos cheveux. » Sans discuter, elle obtempéra. La fraîcheur d’un collier apaisa sa fièvre un instant. Les phalanges du Sorcier s’attardèrent sur sa peau. Il se pencha à son oreille. « Vous serez mon amie, et ma confidente. Vous viendrez dès que j’en aurais envie, et vous ne parlerez à personne de nos rendez-vous. Donnez-moi votre parole. » Sa demande la fit rougir. Son trouble dissipa la brutalité de l’envie. Qu’il soit aussi près d’elle l’affolait. Peur et désir luttaient sous son crâne. « Je vous le promets, César. » Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres, lui faisant relâcher son étreinte. Le bijou reposait contre la gorge de la jeune femme. Son hôte revint s’installer en face d’elle. Il était beau. Calanthe ignorait que sous l’élégance, le danger lui tendait les bras.

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