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 [Q] Partir ou rester

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Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mar 02 Juin 2020, 15:13

[Q] Partir ou rester Dvmz
Senators environments par Pascal Quidault


Intrigue ; Sól sera mise face à un choix : suivre les traces de son modèle, Laëth, et quitter Lumnaar'Yuvon pour rejoindre les Jardins de Jhen et ainsi intégrer les rangs des Anges, ou bien rester auprès des Réprouvés.
RP lié ; La cachette

Sól essuya le filet de sueur qui perlait sur sa tempe puis plaça ses mains de part et d'autres de la tige avant de commencer à tirer dessus. Il lui fallut fournir un peu d'efforts avant de parvenir à extirper le légume. Avec un grognement, elle nettoya sommairement la carotte, en essuyant la majeure partie de la terre puis la jeta dans le panier en osier posé à côté d'elle : la récolte commençait à être conséquente. Sa corbeille presque pleine, elle ne tarda pas à se relever, se dirigeant vers la grange où sa mère attendait, prête à trier et stocker ce que les autres membres de la famille Tynath'thuk lui rapportaient. « Pose ça là. » ordonna Léone en lui indiquant un établi où reposaient plusieurs autres corbeilles. Certaines étaient vidées, d'autres remplies de pots en verre et de mottes de carottes ou bien de potimarrons. Dans un grognement, la blonde s'exécuta, soupirant ensuite de contentement lorsqu'elle fut débarrassée de sa charge. « Je vais avoir besoin de toi pour faire le tour du voisinage. » L'Angelotte haussa les sourcils, surprise. « C'était pas à Máni de s'en occuper, ça ? » demanda-t-elle. « Si. Mais ton couillon de frère n'est visiblement pas disposé à faire ce que je lui ai demandé de faire. » pesta la Bipolaire en remplissant un autre panier, y jetant presque les provisions qu'elle était censée ranger soigneusement. Sól esquissa un rictus moqueur en allant s’asseoir sur l'établi où était installée sa mère. « Est ce que c'est vraiment surprenant, ceci dit ? » Léone ricana. « Pas vraiment. Mais ça ne veut pas dire que ça ne m'agace pas pour autant. » L'adolescente haussa les épaules. « Qu'est ce qu'il a fait, encore ? » « Il refuse de livrer les paniers aux Belegad, aux Vaaghi et aux Grudz. » informa la tisserande d'une voix énervée, mettant la cagette de côté avant de s'atteler à la suivante. « Je doute qu'ils apprécient de se faire livrer en retard simplement parce que ce sale mioche refuse de leur adresser la parole. » La Réprouvée secoua la tête, agacée, ses épais sourcils froncés en signe de contrariété. Sól avait fixé son regard en dehors de la grange. Ses yeux s'étaient attachés à la silhouette de son jumeau, qui travaillait la terre, au loin. Elle garda le silence, pensive, pendant plusieurs longues secondes. « Ces familles... Ce sont toutes celles qui ont... » Elle ne termina pas sa phrase. Sa mère acquiesça. « Ils ont tous recueilli un Kiir'Saqhon après l'attaque des Goleds, oui. » confirma Léone d'une voix grave. Sól sentit sa gorge se nouer, son ventre se tordre. Un peu honteuse, sans que ce sentiment soit justifié d'une quelconque manière, elle baissa les yeux sur ses bottines recouvertes de gadoue. Si elle avait mal vécu l'attaque des parasites, elle n'avait pas été la seule. L'entrainement avec Dastan lui avait fait croire que son frère avait pardonné aux ailes rouges, mais force était de constater que le pardon n'était pas une chose innée, chez le diablotin. « J'irai lui parler. » informa l'adolescente en relevant la tête. « Si ça peut te faire du bien, fait. Mais n'espère pas trop. Tu connais ton frère. Aussi entêté qu'un cerfeuil et encore plus bourru qu'un bicorne. Je ne suis pas certaine que tu puisses lui faire changer d'avis. » Sól se mordilla la lèvre. Sa mère avait sans doute raison. Mais elle se devait d'essayer. Elle était touchée, d'une certaine façon, de voir son jumeau réagir de la sorte. Cela prouvait que le démon tenait un peu à elle, malgré leurs disputes récurrentes. Mais détester ces enfants n'était pas la solution. Ils n'étaient en rien responsable de ce qui s'était passé ce jour là, ou plutôt de ce qui avait failli lui arriver. Sól grimaça puis se remit debout. « Il faut que je m'occupe des livraisons avant, dans tous les cas. » conclut l'adolescente. Sans plus perdre de temps, elle commença à charger les paniers sur un petit chariot.

Sól asséna plusieurs coups secs sur la porte en bois. Elle attendit quelques secondes, observant les alentours de la ferme, avant que quelqu'un lui ouvre. « Sól ! » la salua Vrael, un peu surpris. Sans doute s'attendait-il à voir Máni. « Bonjour ! Je suis là pour vous donner votre cagette. » dit-elle en indiquant le chariot derrière elle. Elle s'y dirigea et sélectionna l'un des paniers qu'elle donna au réprouvé. « Y'a des carottes et des potimarrons, comme d'habitude. On vous a mis quelques navets aussi, Asha nous a dit hier que vous en aviez plus. Oh et maman a ajouté des sacs de toile qu'elle a tissé, aussi. » « Super, merci. Attends, je vais te chercher les patates. » Tandis que le bipolaire se retirait un instant, une tête flamboyante traversa l'embrasure de la porte. Un sourire éclaira le visage de l'adolescente en voyant le garçonnet. « Salut Dastan, tu vas bien ? » demanda-t-elle en lui ébouriffant affectueusement les cheveux. Dans sa tête, c'était encore et toujours un gamin. Pourtant, il était grand. Sans dire qu'il faisait presque sa taille, il était bien plus développé qu'un enfant normal. Bien plus évolué que la visiteuse à son âge. « Alors, quand est-ce que tu reviens t’entraîner chez nous, hein ? »  Même si ce n'était qu'un gosse, elle l’aimait bien. Il était turbulent et peut-être un peu trop dynamique, mais sa présence la rassurait un peu. En un sens, il lui rappelait légèrement Laëth. Ils n'avaient absolument rien en commun, à part peut-être cette faculté à se mettre dans des situations saugrenues. Mais il restait un Belegad. Et puis, il aimait les tartines de miel. « Tiens, voilà pour toi. » « Merci. » « Dastan, retourne à l'intérieur ! T'as pas fini de ranger ta piaule ! » Un sourire amusé se peignit sur la faciès de la fille de Réprouvés en entendant le garçon protester tandis qu'elle déposait le tas de pomme de terre dans sa charrette. Lorsqu'il eut obéit, l'adolescente s'approcha du père Belegad. « Vrael... » commença-t-elle d'une voix timide. Le Bipolaire l'avait toujours intimidé. Il était imposant et il se dégageait de lui une aura impressionnante. Priam lui ressemblait, davantage qu'à Asha. La blonde hésita, s'acharnant sur ses lèvres et l'intérieur de ses joues, sentant ses jambes devenir flageolantes. Elle avait soudainement envie de faire demi-tour. « Qu'est ce qu'il y a ? » « Est ce que... » Elle désirait apprendre à lire et à écrire. Cette idée l'obsédait, récemment. Vrael était le seul Réprouvé pouvant le lui apprendre. La demande était peut être un peu étrange, ceci dit, et elle avait peur de se heurter à un refus. « Est ce que tu as des nouvelles de Laëth ? » demanda-t-elle à la place La surprise marqua les traits de l'homme. Cette question aussi était surprenante. Sól ne parlait plus de leur fille. Plus depuis qu'elle avait compris que l'Ange les avait quitté. Que la brune les avait tous abandonné, elle y compris. Il y eut une seconde de flottement. « Ouai, Priam nous écrit de temps en temps. Elle va bien. » bougonna-t-il finalement d'un air renfrogné, une ombre passant dans son regard. Sól acquiesça silencieusement, esquissant un sourire auquel répondit le père. Sans rien ajouter, ils tournèrent les talons.

Sól continua sa tournée, passant de ferme en ferme, discutant parfois avec les uns ou les autres. « Qu'est ce que tu fais encore là, la colombe ? » demanda Arzoth d'un ton moqueur en la voyant s'approcher. De sa bouche, ce terme était péjoratif, presque offensant. Il l'était d'autant plus que la gamine essayait de tout son être d'effacer son identité angélique au profit de celle, guerrière, des réprouvés. Elle était loin de son but. Même si elle avait commencé à s’entraîner de façon régulière pour progresser, on lui collait encore l'étiquette de la gamine peureuse qui refusait de prendre les armes. Ça resterait le cas tant qu'elle n'aurait pas prouvé sa valeur. « Où sont tes parents ? » demanda-t-elle en ignorant la pique. « Tu devais pas aller rejoindre ta super copine là ? La traîtresse qui s'est enfuit chez les emplumés ! » Sól serra les poings, se sentant légèrement trembler. Le mesquin éveillait en elle ses plus bas instincts. Elle le détestait, d'une façon virulente et viscérale. Elle le ressentait au plus profond de ses tripes. Les démons avaient tous cet effet sur elle, ils faisaient resurgir un dégoût profond et irrépressible. Seul Máni échappait à ce phénomène. Peut-être s'agissait-il là d'un instinct de survie, afin de ne pas les pousser à s'entre-tuer, mettant ainsi fin à leurs propres vies. La blonde inspira profondément, pour garder son calme. Sa nature angélique lui permettait de ne pas se laisser emporter. Du moins, pas aussi facilement. Pas pour une simple provocation. « Non. Je suis très bien là où je suis mais si ma présence te déplaît, je t'en prie. Retourne donc chez les tiens. Je suis certaine que les Démons t’accueilleront avec plaisir. J'ai cru comprendre qu'ils avaient fait de la place, en enfer. » Prenant une mine innocente, l'adolescente esquissa un sourire chaleureux, comme s'il s'agissait là d'une proposition tout à fait anodine et bienveillante. Le diablotin lui répondit par un sourire mauvais, une lueur cruelle brillant dans son regard. Instinctivement, la blonde porta sa main au couteau qui pendait à sa ceinture. Les disputes entre enfants de réprouvés étaient courantes. Celles qui dégénéraient en combat tout autant. L'adolescent était plus corpulent que la blonde, plus fort et plus lourd. Si elle voulait espérer gagner contre lui, elle devait se tenir prête à riposter rapidement. « Où est ce qu'ils sont ? » demanda-t-elle à nouveau. « Mon vieux est à la taverne. Ma mère s'occupe du morveux. Ils seront pas là avant un moment. Mais je peux récupérer la bouffe. »

« Merci Sól. » répondit le réprouvé. « Est ce que je peux te laisser aller déposer tout ça dans la grange ? Tu pourras tout poser à côté des étagères. Tu trouveras votre part à l'entrée. » « D'accord, pas de souci ! » L'Ange s'empara de la poignée du chariot qu'elle tira derrière elle, s'éloignant du champ de Cerfeuils. Sa tournée était enfin terminée. Une fois qu'elle aurait fait l'échange avec les Vaaghi, elle pourrait enfin rentrer chez elle. Là-bas, elle devrait encore travailler aux champs pendant une voire deux heures, mais cette tâche là serait moins éreintante que trimbaler sa charrette derrière elle. La charge se faisait de plus en plus lourde.
1805 mots
Merci à Laëth de m'avoir laissé utiliser ses personnages et pour son aide.  nastae
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Sól
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Sól
Mer 03 Juin 2020, 10:48

[Q] Partir ou rester Dvmz
Senators environments par Pascal Quidault


« Salut Norok. » La fille de Réprouvés se fendit d’un sourire en voyant le garçon. Elle l’aimait bien. Il était gentil. Et puis, c’était un ange : cela facilitait largement les échanges. Non pas parce qu’ils partageaient la même race : malgré les qualités que l’on prêtait aux immaculés, les mésententes étaient courantes au sein des Vertueux, particulièrement chez ceux qui avaient grandis sous la bannière des Bipolaires. Mais il était indéniable qu’ils partageaient quelque chose. Même s’ils ne le vivaient pas tous de la même manière, ils devaient tous affronter les regards de ceux qui les entouraient. Un combat incessant qu’ils subissaient tous, à plus ou moins grande échelle. Mais même sans cela, l’adolescente appréciait Norok. Ils s’étaient toujours bien entendu et, même s’il était de deux ans son aîné, ils passaient souvent leur temps ensemble. Surtout depuis le départ de Laëth. « Oh Sól, c’est toi ! » s’exclama précipitamment le garçon. Il avait à la fois l’air soulagé et affolé, une étrange combinaison qui alerta la visiteuse. « Oui… Ta mère m’a laissé entrer pour récupérer notre panier et vous laisser le vôtre. » « D-D’accord. » « Est-ce que tout va bien ? » s’inquiéta la blonde en constatant la mine crispée de son camarade. Ce dernier esquissa un sourire tendu et laissa échapper un rire forcé. « Oui oui, ne t’en fais pas. Fais ce que tu as à faire sans te déranger pour moi ! » Sól fronça les sourcils. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle resta silencieuse un moment, sans bouger, fixant l’Angelot d’un air sévère. Il lui cachait quelque chose. C’était certain. Sa curiosité était piquée à vif et une part d’elle-même désirait découvrir ce dont il s’agissait. Cependant, cela ne la regardait pas. Peut-être était-ce quelque chose de personnel, d’intime, une chose dont elle n’avait aucun droit de regard. Ne désirant pas embarrasser davantage le menteur, l’adolescente haussa les épaules et commença à tourner les talons, désirant reprendre ses affaires pour repartir au plus vite.

C’est à cet instant qu’elle remarqua le sac de toile aux pieds du brun. La Tynath'thuk se figea, interdite, son regard braqué sur le bagage sans essayer d’être discret. Sól sentit son corps se tendre. Ses entrailles remuer tandis que son pressentiment s’affirmait davantage. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle d’une voix rauque. Elle connaissait déjà la réponse. Elle ne voulait simplement pas l’admettre. Elle refusait de croire qu’il s’apprêtait à répéter les mauvais choix qu’avaient fait sa mentor quelques années auparavant. Ses yeux, d’habitude aussi clairs que le ciel bleu et sans nuage, prit la teinte colérique des nuages orageux. Son regard était plus expressif que tous les discours qu’elle aurait pu déclarer. Lorsqu’elle le posa sur le visage du traître, elle y lut la culpabilité, l’angoisse, la colère, le désespoir. La solitude. Chacun toisa l’autre sans rien dire pendant une minute au moins. Les secondes paraissaient s’étendre à l’infini. « Ne… Ne dis rien aux autres, s’il te plait. » finit par croasser l’Ange, esquissant un pas en direction de sa consœur. Comme animée par une force de répulsion, Sól fit un pas en arrière. Son visage s’était déformé sous l’indignation que provoquait une telle demande. « Ne rien dire ? » répéta-t-elle, sa voix se gorgeant d’autant de tonnerre que ses yeux. « Tu voudrais que je cache ta lâcheté aux yeux des autres ? Tu voudrais faire de ton départ un secret ? Quoi, tu comptes disparaitre sans rien dire à personne, comme un véritable tahrodiis(traître) ?! » Le garçon déglutit, visiblement mal à l’aise. Elle avait raison. Il était couard. Il n’était qu’un moins que rien, préférant s’éclipser discrètement sans affronter le courroux et le jugement de ceux qui l’avaient vu grandir et qui le pleureraient une fois son départ. Il avait un peu honte. Ceci dit, cette honte valait mieux que la rage qui déferlerait sur lui s’il devait faire face à la colère des êtres chers une fois la vérité constatée : on avait élevé un putain de traître, qui préférait fuir sa culture plutôt que de chercher à s’intégrer. « Oui… S’il te plait. » Sól sentit gronder en elle la fureur de l’injustice et des grandes déceptions. Elle aurait voulu rugir contre ce garçon qu’elle avait porté en estime en se fourvoyant. La Tempérance l’empêcha de s’emporter davantage. Elle resta silencieuse, sentant l’amertume ombrager tous les souvenirs qu’elle conservait de celui qui se tenait face à elle. La blonde se mordit la langue. Elle inspira profondément, jusqu’à détendre ses épaules, puis soupira en fronçant les sourcils. « Bien. Fais ce que tu veux. » Contrariée, elle tira son chariot pour aller disposer la cagette qu’elle était venue distribuer.

Le garçon observa son amie s’éloigner. « Merci. » « Ne me remercie pas. » asséna-t-elle d’un ton sec. Ce simple mot lui était insupportable. D’une certaine manière, elle se faisait complice de cette trahison et cela l’écœurait. Pourtant, en voyant la détresse peindre les traits de son camarade, elle avait su qu’elle ne parviendrait pas à vendre son secret. Une parole malheureuse pourrait entrainer des effets dévastateurs. Des Déserteurs s’étaient déjà vus tabassés avant d’avoir pu quitter les terres dorées : la part d’ombre qui sommeillait en chaque parent pouvait se révéler terrible. Souvent, les responsables se trouvaient noyés sous le chagrin et le remord. Trop tardivement pour pouvoir échapper aux conséquences, pour revenir en arrière. Malgré toute la colère qu’elle éprouvait, elle ne souhaitait pas causer un tel résultat. Pas à celui qu’elle avait considéré comme un ami.

La blonde fulminait sous son silence. La Colère talonnait sa Tempérance et si ses ailes avaient arboré l’éclat écarlate au lieu d’être pures, sans doute se serait-elle laissée embraser et aurait tout renversé. A la place, elle rangea méthodiquement les provisions. Norok, lui, s’était baissé pour continuer à ranger ses affaires. Une fois qu’elle eut terminé sa tâche, Sól fit mine de partir avant de s’arrêter et de foncer vers l’immaculé, qu’elle poussa pour le faire chuter à terre. « Pourquoi ?! » Elle chuchotait furieusement pour s’empêcher de hurler et d’alerter les parents de son camarade. « Pourquoi tu veux partir, hein ? » Non. Ce n’était pas la vraie question. Malgré elle, les larmes lui montèrent aux yeux et cela n’agaça que davantage l’adolescente. « Pourquoi tu veux m’abandonner toi aussi, hein ?! » Elle se sentait trahit au plus haut point. Après le départ de la Belegad, c’était vers le Vaaghi qu’elle s’était tournée. Elle s’était confiée à lui, après que la douleur fut moins lancinante. Elle lui avait fait part de ses troubles, de sa peine, de sa colère, de sa confiance trahie. Il avait pris soin de panser ses plaies, de l’aider à se rebâtir malgré l’absence de son modèle. En quelque sorte, elle avait reporté tous ses espoirs sur ses épaules à lui. Et voilà qu’il brisait également ses attentes. « Je… » Le garçon se censura, pinçant ses lèvres l’une contre l’autre. Il se releva avant de toiser celle qui l’observait avec un air de défiance. « Ma place n’est pas ici. » commença-t-il à expliquer d’une voix calme. Il n’y avait pas l’ombre d’un doute, juste la lueur éblouissante de ceux qui sont sûrs d’eux. « On me le fait ressentir à longueur de journée. Je ne suis pas assez fort. Pas assez combatif. Pas assez bien pour eux. Pas assez Réprouvé. J’ai essayé, pourtant. Par les Zaahin, j’y ai mis toute mon âme pour me faire accepter. Pour trouver ma place. Lorsque j’essaye d’être gentil, de laisser ressortir ma véritable nature… Je me heurte à un mur infranchissable : on me reflète ma nature angélique. On me pointe du doigt. On me fait me sentir différent. » Il n’avait pas haussé la voix mais son regard s’était fait plus dur, plus tranchant. « Mes efforts ne sont salués que par des moqueries. Puisque je ne suis pas un vrai Réprouvé ni même un démon, je suis forcément faible. » Cette remarque fit froncer les sourcils à la plus jeune. Ces paroles faisaient douloureusement écho en elle. « Eh bien qu’à cela ne tienne. Si je ne suis pas assez bien pour eux, je n’ai qu’à partir. Je suis certain que ces faibles d’Ange sauront me trouver de la valeur, même si les gens d’ici n’en ont point à m’accorder. » Un silence. « Quoi, c’est tout ? » « Oui. » « Tu es un Nivahriin.(lâche) » « Peut-être. » « Un menteur. » « Oui. Mais je vais enfin faire éclater la vérité. En partant, je cesse de prétendre être quelqu’un que je ne suis pas. » « Mais… Tu es un Réprouvé ! Tu crois que les Ailes Blanches, ils vont t’accueillir à bras ouverts, comme si tu avais toujours été l’un des leurs ? Tu crois qu’ils vont pas t’en faire baver, encore plus qu’ici ?! » « Peut-être. Je ne prétends pas que ce sera facile. Ça ne le sera pas, c’est même certain. Mais c’est un risque que je suis disposé à prendre. Je ne me suis jamais senti à ma place, il doit bien y avoir une raison. Peut-être est-ce parce qu’elle n’est effectivement pas là. Peut-être que je suis entouré des mauvaises personnes, voilà tout. » « Les mauvaises personnes ? » Cette remarque là était plus violente qu’un coup de poing en plein ventre. En plein visage. Elle s’était écrasée sur son cœur, la faisant vaciller. Sa voix s’était brisée dans sa répétition vulnérable. « C’est tout ce qu’on est, pour toi ? Les "mauvaises personnes" ? » « Non. Tu sais que c’est faux. Vous êtes ma famille. Et je vous aime, la plupart du temps. Mais ce n’est pas suffisant. » « Mais quoi alors ?! Ces putains de guignols, tu les connais même pas ! Pire, ils te connaissent pas non plus ! Alors comment tu peux espérer qu’ils puissent t’aimer, hein ?! » N’y tenant plus, elle avait fini par crier, tremblante des pieds à la tête. Il la dépassait de plus d’une tête, la surplombant de loin. Son regard déversait sa tristesse, avec laquelle il l'enrobait. Cela l’écœurait. Elle ne voulait pas de sa pitié. Elle voulait qu’il reste. « Si tu pars, c’est pour toujours ! » « Je sais. » « Alors… T’es prêt à m’abandonner ? A m’oublier ?! » « As-tu oublié Laëth ? » « Quoi ? » « Est-ce que tu as oublié Laëth ? » Sól eu un mouvement de recul. « Non. » « Est-ce que tu penses qu’elle t’a oublié ? » « Non… » Elle n’espérait pas, du moins. « Voilà. Il en sera de même pour moi. Même si des milliers de kilomètres nous séparent, ça ne voudra pas dire que je t’oublierai. » L’adolescente fronçait toujours les sourcils. « Et puis… Il ne tient qu’à nous de nous revoir, si nous le désirons. Ange ou Réprouvé, peu importe : personne ne peut nous dire ce que nous pouvons ou non faire. Si c’est ce que nous voulons, nous le ferons. » Sól observa son ami comme s’il était le plus débile de l’univers. Plus encore que Máni.

Norok soupira. Il hésita un instant puis posa une main sur l’épaule de son amie d’enfance. « Je ne te l’ai pas proposé parce que je te pensais trop jeune mais… Tu sais, tu peux venir avec moi, si tu le veux. Si j’ai souffert, toi aussi. Je connais ta peine et ensemble, on pourra tout surmonter… » Silence. « Et puis, tu pourras revoir Laëth. »

1822 mots
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mer 03 Juin 2020, 15:19

[Q] Partir ou rester Dvmz
Senators environments par Pascal Quidault


Sól cligna des yeux. Ses paupières étaient lourdes, ne demandant qu’à se refermer. L’adolescente les gardait pourtant résolument ouvertes. Malgré la fatigue physique, les tracas de la journée l’accablaient. Son esprit fourmillait de milles et unes pensées. Elle était incapable de sombrer dans le sommeil bienfaiteur, dans cet état comateux où l’esprit ne se soucie guère de rien. Elle percevait la respiration sifflante du démon, de l’autre côté de la chambre. Le bruit régulier l’apaisait habituellement. Pas aujourd’hui. Il lui semblait que rien au monde ne pourrait jamais plus faire partir ce poids sur sa poitrine. Contrariée, elle soupira bruyamment puis se tourna sur son flanc gauche, se mettant face au mur. Elle ferma les yeux, enfin. Ce crétin de Norok ! C’était sa faute, tout ça ! Sans ses paroles, elle n’aurait jamais eu ces soucis à dormir ! Si elle était fatiguée le lendemain et qu’elle se montrait peu productive aux champs, ce serait de sa faute ! Ceci dit… Si elle faisait comme il le lui avait proposé, qu’elle le rejoignait au bord du champ et qu’elle s’en allait avec lui… Elle n’avait qu’à rassembler quelques vêtements : lui avait déjà tout le reste, nourriture ou arme, carte ou boussole, il avait rassemblé tout ce qui pourrait se révéler nécessaire. Ce serait si facile.

Ce n’était pas comme si l’Ange n’y avait jamais songé. Après le départ de Laëth, elle avait rejeté l’idée en bloc, s’enroulant dans un déni confortable. A mesure que son départ s’imposait à elle, Sól avait essayé de comprendre pourquoi. De comprendre ce qui avait pu l’attirer chez ce peuple minable. Malgré elle, la blonde avait réussi à trouver quelques avantages. Ils étaient rares. Mais ils existaient. C’était suffisant pour certain. Alors pourquoi pas pour elle ? Oui. Elle y avait déjà songé. Très sérieusement. Se mentait-elle à elle-même en prétendant que tout cela n’était et ne serait jamais assez suffisant ? Se réveillerait-elle un jour en réalisant qu’elle avait fait une erreur en s’obstinant à rester à Lumnaar’Yuvon ? Assaillie par le doute, l’adolescente soupira à nouveau puis roula sur son autre flanc, rouvrant les yeux. Non. Elle ne pouvait pas considérer cette option. C’était l’interdit. Le tabou ultime. Elle ne devait surtout pas y songer ! Et pourtant, il était trop tard. La curiosité et le doute s’étaient immiscés. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à cette maison lointaine, où l’attendaient à bras ouverts des visages accueillants et chaleureux. Ce n’était pas tant cette image caricaturale qui les dépeignait davantage comme des bouffons bienheureux que comme des saints qui lui donnait envie. Non. C’était tout ce qu’elle ne percevait pas : les regards mauvais, plein de dédain et parfois même, de haine. Ce qu’elle représentait dérangeait. C’était l’absence de Bipolaire, la chouchoutant un instant puis la violentant la seconde suivante, après qu’un détail eut contrarié la part démoniaque de l’individu. C’était l’absence d’obligation de devoir se cacher, les nuits de pleine lune, pour échapper au courroux des démons qui s’éveillaient à chaque cycle. En d’autres mots, c’était cette sécurité reposante et bienfaisante. Elle n’aurait plus à se forcer non plus. Là-bas, personne ne la brimerait si elle décidait de ne pas prendre les armes… Était-ce de ça dont elle avait vraiment envie ? Non. Peut-être ? Était-ce être faible de souhaiter goûter à cette vie-là ? Ou bien au contraire, devrait-elle faire preuve de courage et de force pour abandonner toutes ses certitudes, pour oser braver l’inconnu et abandonner tout ce qu’elle avait toujours connu ici ? Le confort de rester là, quand bien même le bonheur n’était pas toujours présent, était-il une façon de se plonger dans le déni ? De se cacher de sa véritable quête ?

Sól soupira puis retomba sur le dos. Combien de temps lui restait-il avant l’aube ? A peine quelques heures. Elle devait se décider. Vite. Que désirait-elle faire ? Elle s’était toujours imaginée vivre sa vie ici, dans la campagne dorée, sa terre natale. Elle n’avait jamais songé qu’un destin plus grand que celui d’agricultrice puisse être le sien. Mais… Et si l’aventure l’attendait, là-bas ? Elle y retrouverait des visages familiers. Elle ne serait pas totalement seule.

La blonde se pinça les lèvres. Le pincement dans son cœur lui indiquait qu’elle connaissait déjà la réponse. Lentement, elle fit glisser le drap et se leva. Sans un bruit, elle quitta la chambre.



Somebody Else par Fernanda Suarez
Norok retint un bâillement. Il avait veillé toute la nuit, de peur de ne pas se réveiller et rater l’heure de son réveil. Il ne voulait plus attendre. Il voulait partir d’ici. Chaque jour supplémentaire le faisait se sentir davantage comme un paria. Sans doute le poids de la culpabilité n’était-il pas étranger à ce sentiment désagréable. Il avait prémédité sa trahison. Soigneusement planifié son départ. Ce serait aujourd’hui, quoi qu’il arrive. Dans tout juste quelques heures, ses parents viendraient le chercher dans sa chambre, surpris de ne pas l’avoir trouvé au petit-déjeuner. Ils s’inquiéteraient en trouvant son lit vide. Ils iraient le chercher dans les champs, dans les prés avec les Cerfeuils. Ils ne le trouveraient nulle part. Lorsque les voisins confirmeraient ne l’avoir vu nulle part ailleurs, alors, le doute commencerait à germer. Ils comprendraient. Sans doute iraient-ils confirmer leurs soupçons en allant fouiller son armoire, qu’ils trouveraient vide, à l’exception de l’enveloppe qu’il avait laissé là à leur attention. Des mots d’adieux. Des excuses pour la douleur qu’il leur infligerait. Une prière, pour espérer qu’ils comprennent son choix. Sans doute ne serait-ce pas le cas. Sans doute se laisseraient-ils dévorer par la colère. Peut-être même essayeraient-ils de le retrouver pour lui donner la plus grosse correction de sa vie, et lui remettre les idées en place par la même occasion. Même s’ils se lançaient à sa poursuite, il serait déjà loin. Ils ne se reverraient plus jamais.

Le garçon frissonna. Il aurait aimé se mettre en route au plus tôt. S’il n’avait pas donné rendez-vous à Sól, il se serait déjà éclipsé, dans le silence nocturne de la campagne réprouvée. C’était inutile. Il ne croyait pas réellement que la blonde le rejoigne. La fillette était encore trop attachée à leur terre. Elle ne comprenait pas tout ce que cela impliquait. Ou peut-être tenait-elle simplement plus de leurs origines réprouvées que lui. Elle possédait après tout leur mauvais carafon. Comparée aux Bipolaires et aux diablotins, elle faisait effectivement figure de sainte. Mais il n’en restait pas moins qu’elle savait se montrer caractérielle, lorsqu’elle le voulait. Lorsqu’elle se disputait avec son frère, par exemple. Elle ne se laissait plus marcher sur les pieds, désormais. Elle rendait coup pour coup. C’était une maigre consolation, mais cela lui permettait de partir serein : elle ne risquait plus de se faire bouffer par le démon.

L’Ange hésita une seconde. Ne perdait-il pas du temps pour rien ? N’était-ce pas prendre un risque de se laisser rattraper par ses parents ? Alors qu’il songeait sérieusement à partit avec un peu d’avance, une silhouette se découpa dans la pénombre de la nuit. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il reconnu Sól. Avec un sourire, il sortit de la cachette où il l’avait attendu. « Je ne pensais pas que tu viendrais. » avoua-t-il. La blonde esquissa un sourire. « Oui… Moi non plus je ne savais pas si j’allais venir ou non. Si j'allais partir ou rester. » chuchota-t-elle. « Je suis content que tu ais fait ce choix-là. Tu verras, tu ne le regretteras pas ! » promit le garçon. L’adolescente n’esquissa pas le moindre geste, se contentant de sourire. Il y avait sur son visage une pointe de nostalgie et de tristesse. L’enfant de Réprouvés fronça les sourcils. « Ton sac est petit. Tu ne veux rien emmener d’autre avec toi ? » « Non. Ce sera plus facile pour toi de le porter. » « Pour moi ? » L’Angelotte acquiesça. « Je ne pars pas avec toi. » « Quoi ? Mais alors… Pourquoi tu es venue ? » Sans rien ajouter, la jeune fille s’avança et enserra le garçon dans ses bras. « Je suis venue te dire au revoir. » murmura-t-elle. Après une seconde d’hésitation due à la surprise, Norok lui rendit son étreinte. « Tu vas me manquer. » « Toi aussi, sauvageonne. » Ils sourirent avant de se lâcher. « Est-ce que tu pourrais donner ça à Laëth, de ma part ? » « D’accord. » « Et puis… salue les autres de ma part. » Les quelques Anges qui étaient partis avant lui. « Compte sur moi. » Ils s’observèrent un instant en silence. Il était difficile de partir, maintenant qu’il avait sous les yeux ce qu’il s’apprêtait à perdre. « Tu n’es pas faible. Partir… Ce n’est pas une décision facile. C’est pour ça que tu l’as prise. » Le Vaaghi hocha la tête. « Je ne suis pas faible non plus. Rester… Rester c’est pas plus simple. » Parfois, ça pouvait même se révéler dangereux. A mieux y penser, la croissance accélérée des Kiir’Sahqon était peut-être là pour leur éviter de rester vulnérable trop longtemps aux coups de colère de leurs parents. « Finalement… Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Chacun doit simplement faire ce que les Zaahin leur dicte. » Arz’Sehif leur désignait simplement deux familles différentes.

« Fais gaffe à pas trop te ramollir là-bas. » Un dernier sourire, puis la blonde tourna les talons.



Sól ouvrit la porte de la ferme. Léone et Thorn étaient déjà attablés. Máni dormait toujours. « Qu’est-ce que tu faisais dehors ? » demanda le père. Sans répondre, la gamine alla s’asseoir en face du Bipolaire, à côté de sa mère. Elle attrapa une miche de pain dans laquelle elle croqua à pleine dent puis mastiqua avant d’avaler. Elle inspira pour se donner du courage. Elle verrouilla son regard à celui de l’agriculteur. « Norok Vaaghi est parti. Il est allé rejoindre les Ailes Blanches. » La nouvelle provoqua des froncements de sourcils. Sans doute se demandaient-ils comment elle pouvait déjà être courant. « Qu’est ce que tu foutais dehors ? » insista l’homme. « Il m’a proposé d’aller avec lui. » Les adultes retinrent leur respiration. La pression montait. Ils ne tarderaient pas à exploser. « Je suis aller décliner son offre. J’ai bien réfléchi. Et j’ai choisi. » Les Réprouvés n’osaient pas bouger. Ils étaient soumis aux paroles de leur enfant. Ils se doutaient de la réponse mais une part de doute persistait. Elle était si chétive. On le lui avait reproché tant de fois. Et puis, les enfants Belegad, qu’elle avait toujours pris pour modèle, avaient tous les deux choisis cette voix. Norok aussi. N’était-ce pas trop d’influence pour cette fillette si fragile ? Ils ne seraient soulagés qu'après avoir entendu la réponse de vive voix. « Ma place est ici. Elle l’a toujours été. Et elle le sera toujours, que ça plaise aux autres ou non. Je suis une Réprouvée. Pas une Ange. Et je suis forte. Encore plus que Máni. Que vous le voyiez ou non. Que vous l’admettiez ou non. » Sans rien ajouter d’autre, l’adolescente se leva de sa chaise. Elle croqua à nouveau dans son pain tout en montant les escaliers.

Thorn et Léone se tenaient fortement la main. Un sourire trônait sur leurs lèvres à tous les deux. Les larmes auraient presque pu inonder leurs yeux, s’ils n’avaient pas été aussi fier.

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