Nuit de Noces
[Dahlia]

Partenaire : Devaraj S. Taiji

MYRKUR - Gudernes Vilje

À présent seule, je me regardais dans le miroir de ma chambre. Les chamans, qui avaient aidé à me préparer, avaient réussi à venir au bout de ma pudeur. Partiellement tout du moins. Seul un long tissu bleu, qui valsait entre transparence et opacité, me recouvrait. Il était aisé de saisir les contours de ma silhouette sans en discerner ses détails. Mes cheveux châtains, eux, étaient libres de toute attache. Pourtant, le diadème chamanique qui m’avait été offert habillait ma chevelure. Si j’avais trouvé cela présomptueux et imposant au départ, j’avais fini par accepter de porter ce présent pour cette nuit spéciale. Ma peau avait aussi été décorée. De petites nuances de rose venaient souligner la couleur blanche, qui était en majorité apposée. Entre mes sourcils, une tache rouge reposait. J’étais prête. Depuis déjà une petite heure… L’anticipation de cette soirée m’avait fait prendre une longue avance durant laquelle mes pensées n’avaient eu de cesse de se répéter, comme le serpent se mordant la queue. Je ne pouvais nier mon appréhension. Cependant, j’avais accepté ceci. D’une certaine manière, j’avais sacrifié celle que j’étais avant pour aider ceux qui m’avaient maintenant. Je ne pouvais pas regretter. Je ne le devais pas. Les divins m’avaient proposé ce chemin. Je l’avais embrassé. Je m’interdisais de faire marche arrière. Tout était tracé. Je sortais de ma chambre pour me diriger vers celle du roi.

« Bonsoir. » disais-je faiblement une fois que j’eus pénétré dans les appartements du Maître des Esprits. Je serrais dans ma main une petite créature que j’avais confectionnée. C’était une peluche plate représentant une grenouille. Si elle n’était pas des plus parfaites – et faisait peut-être même un peu peur – elle était le fruit de ma persévérance et d’une envie d’offrir quelque chose d’unique et de symbolique à mon époux. Cependant, à présent, j’en avais un peu honte. Ce n’était peut-être pas quelque chose que l’on offrait à un adulte… D’autant plus quand celui-ci était un roi. Aussi, je me contentais de serrer l’objet dans mes mains, restant à l’entrée de la chambre. Je ne souhaitais pas trop m’imposer. J’avais appris à m’effacer. Pourtant, au sein de Raya, j’allais devoir apprendre à me montrer.

Je tentais un sourire. Il devait témoigner de ma gêne. Si je n’étais pas nue, je me sentais tout comme. En vérité, je ne savais pas vraiment comment agir avec lui. Il était un inconnu. Il était un roi. Il était mon époux. Y avait-il un comportement à adopter dans ce genre de situation ou me prenais-je trop la tête ? Finalement, j’optais pour la franchise. « Ce n’est pas grand-chose – c’est même assez inutile – mais j’ai fait cela pour vous. » Je plaçais la peluche devant mon buste, comme un bouclier, sans vraiment la tendre vers le Roi. « C’est une grenouille. » expliquais-je, dans le cas où ça ne se remarquait pas. « J’ai toujours cru que c’était un animal qui apportait de la chance… Je tenais à vous l’offrir mais… à présent je me rends compte que mon travail est un peu ridicule… » finis-je en souriant nerveusement. « Je m’améliorerais. » disais-je plus discrètement, comme si cette dernière phrase était une promesse à moi-même. « Elle ne se casse pas, si vous la jetez. » finis-je par échapper malgré moi. Après tout, nombre étaient les rumeurs qui racontaient que le roi était si colérique qu’il jetait tous les objets qui lui passaient sous la main aux quatre coins de la pièce. Ce n’était peut-être pas vrai et je regrettais déjà mes derniers mots.

+460 Mots | Post I
La peluche ressemble un peu à ça pour te faire une idée [mais elle est encore plus plate et un peu difforme (genre les bras sont pas de la même taille, les yeux sont pas symétriques, ...)]