I Don't Take Insults Lightly · Madds Buckley

« Ârès, lâche-la ! » Je l’avais crié d’une voix ferme. Le vent s’engouffra dans la caverne. Ma main balaya mes cheveux blonds afin de les remettre en place. Le geste était assuré. Je n’avais pas peur de lui et l’état dans lequel était la Fae présente ne me fit pas frémir non plus. J’avais l’habitude. Le Sorcier tourna les yeux lentement vers moi. S’il se le permettait c’est parce que je n’étais pas sur le point d’attaquer. Il aurait réagi bien plus vivement dans le cas contraire. Le doré de son regard était sombre. Son sourire était mauvais. Il n’aimait pas être dérangé. « Tu devrais partir, salope, qui que tu sois. » Je fronçai les sourcils. Son langage n’était en rien étonnant mais il me déplaisait.

Un coin de la caverne avait été aménagé. Plusieurs torches étaient accrochées aux murs et éclairaient l’endroit. Sur une table, une bougie étincelait et dévoilait un livre ouvert. Il s’agissait d’un Conte : Les aventures des Trois Royaumes. À l'opposé, des clous, enfoncés dans la chair de la Fae à plusieurs endroits, la maintenaient contre le mur. L’une de ses jambes, à partir du genou, avait été arrachée et des morceaux d’ailes voletaient depuis le sol dès que l’air venait aérer la cavité. L’un de ses yeux avait été arraché et l’odeur de brûlé qui se dégageait de ses cheveux embaumait désagréablement l’endroit. « Tu devrais t’excuser. Je ne prends pas les insultes à la légère. » dis-je, calmement. Son sourire s’agrandit. Je pouvais lire dans ses yeux que le simple fait que j’envisageasse qu’il pût s’excuser l’amusait particulièrement. Il ne s’excusait pas, jamais.

Je jetai un coup d’œil à la Fae. Elle aurait bien du mal à se remettre et ses séquelles resteraient. Je savais pourquoi il s’en était pris à elle. Il avait lu le Conte et, forcément, puisque son double y existait, il avait désiré savoir. Les Faes n’étaient pas si faciles à débusquer. Il avait attaqué la nature juste avant, pas assez pour se faire remarquer des habitants des villages alentours mais suffisamment pour attirer dans ses filets la petite créature. Je ne savais pas ce qu’il avait pu obtenir d’elle mais les Faes étaient particulières en ce sens qu’elles connaissaient les secrets enfouis. « Et moi je n’ai pas pour habitude de me répéter, chienne. Je vais compter jusqu’à trois et, à trois, si tu es encore là, je t’écartèle. » Aucun sourire ne se forma sur mes traits. Je ne désirais pas entrer dans son jeu. « Tu ne veux pas connaître mon nom ? » demandai-je soudainement. « Non merci. Les morts ne m’intéressent pas. Un. » « Je ne vais pas mourir aujourd’hui. Elle non plus. » « Ah oui ? » dit-il, d’un air narquois, avant de lancer une dague vers la minuscule créature. Je la déviai. Elle heurta violemment la paroi et provoqua une étincelle brève. Je vis un soupçon de colère animer son regard. « Je ne sais pas ce que tu veux mais quoi que ce soit, c’est bien trop tard. J’ai obtenu ce que je désirais d’elle. » À savoir qu’il s’agissait bien de Kaahl qui incarnait la Bête et que ce dernier avait été élu Roi du Monde des Contes. C’était un nouveau terrain de jeu qui s’offrait à lui, dans un endroit particulier et très peu accessible par les autres peuples, à l’exception des Faes. Néanmoins, il savait parfaitement comment y entrer. Il jubilait à cette idée. Quant à moi, je devais simplement sauver la Fae. Je n’avais pas le droit de l’arrêter ou de le tuer, même si l’envie me démangeait férocement. « Je souhaite repartir avec. » avançai-je, en désignant la troisième protagoniste de l'histoire. « Pourquoi ? Elle n’est pas importante. » Pour l’instant, pensai-je. Il me fixa. « Peu importe pourquoi. Lâche-la, sinon je serai obligée de sévir. » « Il me tarde de voir ça. » me lança-t-il, avant de faire voler plusieurs objets en ma direction. Je créai le feu et les fis disparaître dans un brasier qui rendit l’atmosphère de la grotte brûlante et insupportable. Je fis apparaître une petite boîte dans le creux de ma main. Je l’ouvris. Elle aspira toutes les sources de luminosité, plongeant ainsi l’endroit dans le noir le plus complet. Je me téléportai et atterris derrière lui. « La prochaine fois, tu devras t’excuser. Je suis la seule à pouvoir te sauver. » J’émis un léger rire moqueur. Je le faisais exprès, absolument pas touchée par un quelconque orgueil. Ne pas comprendre le mettrait hors de lui. Quelques secondes plus tard, j’avais disparu, amenant avec moi la créature de la nature.