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 La réconciliation | Solo

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 01 Avr 2020, 17:17



Moment by RHADS (on deviantart.com)

La réconciliation

Lettre de Laëth à ses parents



Les cœurs amoureux de la plus heureuse des façons sont souvent les plus prompts à envisager la vie sous un angle prometteur et à répandre l’amour, là où il manque comme là où il abonde. C’était sans doute pour cette raison que Laëth s’était assise, à la lueur d’une bougie, et que, munie d’une plume et d’une tablette sur laquelle reposait un papier, elle s’apprêtait à écrire. La couleur ocre de la tente conférait des reflets chauds à tout ce qui l’entourait. Dehors, la nuit était tombée et il faisait plus frais. Elle avait enfilé une laine épaisse et s’était à moitié glissé dans ses couvertures. Comme toutes les autres, la journée avait été longue. Intéressante mais fatigante. Elle venait de manger – pas grand-chose, parce que l’amour semblait aussi remplir son estomac –, et après l’écriture de sa lettre, elle dormirait. Inclinant la nuque en arrière, l’Ange fit pivoter sa tête pour craquer son cou. Elle se redressa et inspira. Elle n’avait pas parlé le Zul’Dov depuis un moment. Depuis qu’elle avait quitté les Jardins de Jhen, en fait. Puisqu’elle maîtrisait le langage commun et le Naciaze, elle ne pratiquait cette langue plus qu’avec Priam. Durant un instant, elle ferma les yeux. Elle se laissa envahir par les souvenirs de son parler maternel, puis expira doucement. Ça ne s’oubliait pas. Afin d’ajuster son port, elle bougea la plume entre ses doigts. Comment débuter ? Les quelques mots d’usage passés, c’était toujours le plus difficile. Les prunelles rivés sur le papier opalin, elle trempa son outil dans l’encre.

Popon, Nomon,

Comment allez-vous ? J’ai régulièrement des nouvelles par Priam, mais c’est vrai que je n’en prends pas beaucoup moi-même je me suis dit que ce serait bien que j’en prenne moi-même. Je suis désolée de ne pas le faire régulièrement. Aux Jardins, on essaie de vous écrire tous les deux j’ai moins la sensation de ne pas le faire puisque Priam me pose souvent des questions quand il vous écrit et qu’il me lit toujours vos lettres ou me les donne pour que je le fasse, mais avec les explorations… Je ne vais pas vous mentir : j’ai du temps pour moi, au moins suffisamment pour m’asseoir et écrire une dizaine de lignes. C’est juste que je n’ai pas trop eu la tête à ça, ces derniers temps.

Je sais que je vis quelque chose d’exceptionnel. Pour les Anges, ce sont les premières expéditions d’expansion territoriale depuis la fin de la guerre. C’est historique ! Et puis, il y a tant de choses nouvelles à découvrir chaque jour. Je trouve ça génial. Je suis vraiment contente d’avoir pu m’engager. Pour l’instant, je ne suis qu’une Recrue au sein de la Compagnie de Yüerell (mais je crois que Priam vous l’avait déjà dit ?). Je suis supervisée par Hena, ma mentor. Je suis sûre qu’elle a pu être une Réprouvée dans une vie antérieure. En ce qui concerne mes entraînements, c’est une forcenée et elle tape comme un bourrin. Il n’y a pas une séance de laquelle je sors sans ecchymoses et pas un seul matin où je me lève sans courbatures. Rien que là, elle m’a fait un nouveau bleu sur le bras. Pour l’instant, il est rouge, mais demain matin, ça devrait être quelque chose. Parfois, elle me les fait soigner à coup de magie blanche, et d’autres fois, elle me dit de les garder. « La prochaine fois, tu feras attention » ou « sur le champ de bataille, tu n’auras pas forcément le temps de te soigner » doivent être ses deux phrases préférées. Elle me laisse peu de répit, mais c’est aussi comme ça qu’on progresse. Je me repose suffisamment pour être en forme. Du moins, là, ça va mieux.

J’ai connu quelques déconvenues. Je ne sais pas si Priam vous en a parlé. Je ne pense pas. Il a dû se dire que ça vous mettrait trop en colère ou me causerait de la peine, sinon du tort. Je ne sais pas. Est-ce que je déçois tous vos restes d’espoir à mon égard si je vous dis que j’ai commencé à fréquenter un homme ? Sûrement, puisque c’est un Magicien. Rien que pour ça, vous le détesteriez. Vous auriez envie de lui trancher la tête. Peut-être que c’est le cas, maintenant que vous avez connaissance de son existence. Moi aussi, j’aurais préféré tomber sur un Ange. Je sais qu’à vos yeux, rien ne vaut un Réprouvé, mais un Ange, c’est déjà mieux qu’un Magicien. Seulement, ça ne se décide pas. Et je suis tombée amoureuse de lui. Je ne saurais ni l’expliquer ni le justifier. C’est arrivé vite, bien plus vite que tout ce à quoi j’aurais pu m’attendre. Ça doit paraître un peu stupide et insensé, aux yeux des autres. Même moi, je trouve ça un peu stupide et insensé. Mais c’est comme ça, je ne peux pas lutter. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je l’ai même détesté, par moments. Je crois que vous, vous le haïriez, si vous saviez toutes les rumeurs que ce rapprochement a pu déclencher. Il paraîtrait qu’on est mariés et que je suis enceinte. Ce n’est pas le cas, bien sûr. Le premier médecin qui m’a examinée n’a pas su confirmer quoi que ce soit. Il y en a un autre qui doit bientôt venir du continent. Enfin, peu importe. Peut-être que vous vous dites que c’est bien fait pour moi, qui croyais le monde meilleur en dehors de Lumnaar’Yuvon. A vos yeux, je dois avoir encore plus l’air d’une traîtresse…

Je sais que je n’ai jamais été à la hauteur de vos espérances. On n’en a jamais discuté. Mais je sais que je n’étais pas désirée et que j’ai failli ne pas naître. Je sais que vous m’aimez, et vous devez savoir que j’ai toujours fait de mon mieux. Ça ne devait simplement pas être suffisant. Il doit exister des plaies qui ne se soignent jamais tout à fait, des cicatrices qu’on garde avec soi jusqu’au bout. De choses qu’on ne peut pas ignorer… J’ai toujours essayé de faire ce que vous attendiez de moi, jusqu’au jour où j’ai décidé de faire ce que moi je voulais, et c’est pour ça que je suis partie. Parce que c’était ce que je voulais. Et c’est mieux comme ça. Je ne me suis jamais vraiment sentie chez moi à Lumnaar’Yuvon, et quand je suis arrivée aux Jardins, j’ai tout rejeté en bloc. Pendant longtemps, j’ai tout mis de côté. Je voulais devenir l’idéal que j’avais en tête. C’était idiot, parce que je suivais cette voie au mépris de qui je suis. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas devenir qui je souhaite, juste que je dois accepter la totalité de ce qui me compose. Que je le veuille ou non, Lumnaar’Yuvon et tout ce que ça implique, c’est une partie de moi, et je ne serais pas ainsi si je n’y avais pas vécu… C’est plutôt rigolo de constater que c’est le lieu qui ne voulait pas de moi et celui dont je ne voulais pas non plus, d’ailleurs. Mais enfin, on est un peu coincés ensemble quand même. Peut-être qu’un jour, tout pourra être réconcilié. Je ne sais pas. Il paraît que les relations entre nos deux peuples sont tendues. Ça inquiète Priam, et je crois que je commence à le comprendre. Ce sont nos racines. Si on les tranche, l’arbre meurt.

Vous savez quoi ? Je vous pardonne. Je vous pardonne toutes les fois où je ne me suis pas sentie assez aimée, toutes les fois où vous avez crié et frappé, toutes les fois où vous ne m’avez pas prise dans vos bras, toutes les fois où vous avez eu des paroles trop dures, toutes les fois où vous avez regretté ma naissance, toutes les fois qui m’ont donné envie de hurler et de m’enfuir. Toutes, même celles dont le souvenir m’est encore insupportable. C’est du pass

Subitement, elle interrompit sa phrase et barra chaque ligne du dernier paragraphe. Elle appuyait si fort sur la plume qu’elle en cassa l’extrémité : des gouttes d’encre giclèrent sur les feuilles, sur ses mains et même jusqu’à son visage. Les rétines humides et les doigts tremblotants, elle se figea et contempla le carnage. C’étaient les mots qu’on ne disait pas. C’étaient les pardons qu’on n’accordait pas. C’était l’amour qu’on ne montrait pas. Ses iris verts remontèrent jusqu’à la bougie. Un sursaut secoua son cœur, qui fit s’échapper toute la maigre quantité de courage qu’il lui restait. Elle suspendit la lettre au-dessus de la flamme. Le feu en lécha les contours, noircit l’ivoire du papier, puis le dévora, lentement, goulument, insatiable. Lorsqu’elle lâcha le dernier pan, il se consuma presque immédiatement. Il ne demeura dans l’air qu’une volute de fumée, un parfum de brûlé et un goût de lâcheté.



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