L'homme fronça les sourcils. « Un ponton ? Qu'est-ce ? Un pont avec des thons ? Mais pourquoi faire, puis-ce-que je vous dis que je veux aller chez Monsieur Dax. Ou Dox. Hum, comment est-ce déjà son nom ? Comme si j'avais besoin de mémoriser les noms. C'est d'un ennui. Connaissez vous Monsieur Watsiam ? Non ? Vous être d'une ignorance déplorable, mon cher. Tous les grands de ce monde connaissent le célèbre détective Watsiam. Comment ? » Le Sorcier écouta et prit un air profondément outré. « OH. » s'écria-t-il, d'une voix aiguë. « C'est d'un manque de politesse extrêmement choquant. Je me demande comment Wastiam fait pour vivre parmi ces sauvages stupides. » grogna-t-il en s'éloignant de celui à qui il avait demandé son chemin. Il se trouvait loin de tout ce qui lui était familier et n'aimait pas l'ambiance terrible qui émanait de cet endroit. Il aurait tout donné pour retourner dans le cocon noir, malsain et rassurant des cités Sorcières. Tant pis, les Terres du Lac Bleu, ce n'était pas si grand : il n'avait qu'à suivre la berge du lac jusqu'à trouver la maison de son collègue de travail. Pourrait-il, lui, le génie des mystères, ne pas trouver la vulgaire habitation d'un Magicien ? Non, bien sûr que non.
Une route de terre s'étendait entre deux rangées de trembles qui courraient le long des pentes herbeuses pour s'arrêter devant des hameaux en bois ou en pierre grise. Sans perdre une seconde, le Sorcier s'élança en sautillant dans une direction hasardeuse en chantonnant d'une voix de crécelle : « Egarééééé dans la vallée infernale, l'aventurier s'appelle Sherlokaaaj. A la recherche de l'ami Wastiaaaam, le Sorcier s'appelle Monsieur Sherlokaaaaaj. Avec l'ami Broutépésse , sauvé de justesse des crocodiles ! Stop au trafic des baguettes magiques, escale dans le manoir hantééééé ! Toudoudoudoum ! Toudoudoudou ! » Sa chorégraphie avait le mérite d'être à la fois ridicule et hypnotisant, comme si le Sorcier possédait quelque don magique faisant naître dans la tête des témoins une musique rythmée qui donnait du sens à ses cabrioles. « Et soudain surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps ! Sherlokaj contre tout chacal, l'aventurier contre tout guerrier ! Sherlokaj contre tout chacal, l'aventurier contre tout guerrie- Oh je crois que c'est ici. » La petite maison se trouvait au centre d'un jardin fleuri soigneusement entretenu, en bordure d'un village qu'il venait de traverser sans grande discrétion.
« Au Sorcieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer ! » Le rouleau à pâtisserie s’abattit droit sur son crâne et manqua de l'assommer. « Mais enfin ! Vous êtes timbré ma pauvre cocote ! Connaissez-vous Monsieur Watsiam ? » Ce n'était pas la bonne maison... Tant pis. Il n'allait pas se décourager pour si peu. Son instinct infaillible lui disait que Watsiam ne vivait pas très loin d'ici, or son instinct ne se trompait jamais. « Qu'en penses-tu, Broutépèsse ? Je dirais qu'il nous faudrait aller à droite. » Son chat ne lui répondit pas car l'animal l'avait quitté pour aller voler les étalages du marché au village, se désintéressant de la survie de son maître pour satisfaire sa faim. Il était seul contre tous, désormais. Le Sorcier n'aimait pas voir tous ces gardes le fixer comme s'il était un abruti. Se sentant insulté, il se métamorphosa en chauve-souris et s'envola en tournoyant.
Un nombre aléatoire d'heures plus tard...
Sherlokaj se hissa sur la pointe des pieds pour pouvoir regarder dans le couloir derrière la personne qui lui avait ouvert, afin de voir si on acolyte était présent. « WASTIAM ? WATSIAM REGARDE ! » Il courut vers son ami, le bouscula et manqua probablement de le blesser dans son élan. Et pour cause : il avait fait tout ce long et périlleux voyage dans ces terres démoniaques pour lui donner une information d'ordre capital. D'un geste affreusement théâtral, le Sorcier sortit une bague en argent de sa poche. Son coude fit valser un vase qui traînait là. « Ferme les yeux ! Un deux trois, par la mystérieuse bague de Klargorus... Je suis devenu Magicien !!! » hurla-t-il en agitant ses doigts qui produisaient une lueur bleue, ses cheveux désormais blancs comme de la neige bougeant comme une masse vivante parcourut d'électricité.
722 mots | Cadeau pour Watsiam
Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3849 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Dim 08 Mar 2020, 22:35
Water Mill by Ireneusz Paszkiewicz (on artstation.com)
Watsiam ne comprenait pas le sujet de la conversation. Il plantait machinalement sa cuillère dans le fondant au chocolat réalisé par sa mère. Son père ne paraissait pas non plus s’intéresser à la discussion des deux femmes : enfoncé dans son fauteuil de velours vert, il lisait un journal. Un pli sérieux barrait son front. On pouvait aisément deviner qu’il feignait l’intérêt : il tenait le papier à l’envers, et ses yeux mi-clos signalaient un état de décontraction proche de l’endormissement. « Il y avait bien l’Oiseau Doré, mais bon… il est petit. Alors que la Bûche Sauvage... Elle fait au moins deux mètres ! Enfin, il. » - « Voyons, Cornélia ! » La blonde pouffa et rougit. Le brun haussa un sourcil circonspect et dévisagea sa sœur comme si elle venait de dire quelque chose d’incompréhensible. On lui avait toujours dit que la taille ne comptait pas. Ou était-ce la paille ? La daille ? La caille ? Les cailles avaient des ailes, comme les Anges. L’idée qu’ils pussent être de grosses cailles le traversa et il sourit béatement. « Quoi ? Aux dernières nouvelles, ils se dévergondent de plus en plus, les angelots ! Et il paraît qu’ils regardent pas les Magiciens d’un trop sale œil… » Les deux femmes échangèrent un regard complice et ricanèrent. Puis, l’une rangea le moule à gâteau lavé et essuyé tandis que l’autre continuait à faire la vaisselle. L’atmosphère redevint un peu plus sérieuse, sans que Watsiam ne s’en rendît compte. Il réfléchissait aux enquêtes qu’il avait menées avant de venir et fantasmait sur celles qui viendraient. De toute façon, il se rappelait à peine de leur visite chez les Anges. C’était trop longtemps auparavant, et sans investigation. « Tous ces Anges… les pauvres. Heureusement qu’il y avait du monde pour les prendre en charge. On a bien fait d’y aller. » Le jeune détective, par mégarde, fit crisser son couvert contre la porcelaine de l’assiette. « AH ! Arrête ! » Sa sœur avait poussé un hurlement. Elle lui jeta un regard courroucé. Il lui tira la langue. « Watsiam ! » - « Eh quoi ? Ti a vu comme elle me parle ! Ellé fada ! » - « C’est lui qui a commen- » - « CORNELIA ! » s’exclama Madame Dox, irritée. Paracelse fit un bond dans son siège et remonta ses lunettes en grognant. « Arrête de hurler, Madeleine. » - « JE NE HURLE PAS ! » Il soupira. Cornélia croisa les bras et claqua des talons. Watsiam engloutit le reste de son gâteau dans la tranquillité la plus grande. Tiroflan s’était réfugié sous le canapé. Potigron y sommeillait d’un air heureux. Il était bien, chez les Dox. Il faisait chaud, il avait à manger dès qu’il le désirait, il pouvait griffer Cornélia dès qu’elle passait sous les escaliers, et Madeleine le câlinait dès qu’elle le voyait. Madeleine était le seul et unique être humain qu’il chérissait véritablement.
Le seul problème, c’étaient les étrangers. Lorsque retentit l’ignoble sonnette – un mélange de chants d’oiseaux et de carillons assourdissants –, il se redressa et feula. D’un pas pressé, Madeleine se dirigea vers la porte d’entrée et ouvrit. « Sherlokaj ! » s’écria-t-elle, en s’écartant vivement pour ne pas être bousculée par le Sorcier. Watsiam, qui se dirigeait vers l’escalier pour monter dans sa chambre, s’arrêta net au milieu du couloir en entendant son nom. Surpris de voir son ami débouler à l’improviste chez lui, il afficha toutefois un sourire ravi. « SHERLOKAJ ! » Sous son assaut, il se raccrocha de justesse à la rambarde pour ne pas tomber. « JE REGARDE ! QUE VOIS-JE ? » Il baissa les yeux. « Ah ! Oh ! Tu vas te marier ? Non ! Tu as acheté un rapace pour chasser le gibier ! Je le savais, je le savais, je ne me trompe jam- Oh ! » Les yeux écarquillés, il dévisageait son ami. « TES CHEVEUX ! Nom de diou, t’es un vioc ! P’t’être que bientôt, t’auras plus une poêle sur le bayou ! » Watsiam fit le tour de Sherlokaj, plusieurs fois, en lui soulevant le bras, une mèche de cheveux, un bout de chemise, en se penchant pour regarder ses chaussures, en reniflant sa joue. « Mais ouais ! Un vioc, mais un vioc mago ! Hahaaa ! MON HÉROS ! » De joie, il sauta au plafond en tendant les bras au-dessus de sa tête. « Bienvenue dans la famille ! AHOU ! » Le Magicien sautilla sur place. Cornélia, Paracelse et Madeleine les observaient, un peu dubitatifs. Ils n’avaient jamais vraiment compris cette amitié. Une des étranges lubies de Watsiam, encore… « Oh ! Oooh attends ! » Précipitamment, il grimpa les escaliers – et y tomba deux fois – pour disparaître dans sa chambre. Il revint avec un paquet dans les bras, essoufflé. « Moi aussi j’ai un cadeau ! On va dire que c’est un cadeau de bienvenue, hé ! Tiens ! » Trépignant d’impatience, il s’exclama dès que son ami l’eut ouvert : « C’est la cape dé Souimoa ! Ou Fouimoa… Je sais plus. Pas grave. Quand tu la mets, tu deviens invisible ! Et tu sens super bong ! Du coup, les gens deviennent contengs ! Trop bieng pour nos enquêtes, hé ? »
Message I – 887 mots
Cape de Souimoa ou Fouimoa : rose pâle brodée de fleurs dorées, elle rend invisible et diffuse un parfum envoûtant et apaisant. Si la magie du porteur est élevée, les individus ont même tendance à le suivre pour ne pas perdre de nez cette douce odeur.
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
L'homme s'empara brusquement de la cape qu'il revêtit, après avoir déchiré le papier cadeau en mille morceaux, tout en disant. « Qu'eskecéééé ? Oh ! Incroyable ! J'aimerai bien savoir où tu arrives à récupérer tout ça, gredin. » Sherlokaj fronça les sourcils. « Gredin. Ch-chenapant ! » Par la lune noire, il était incapable de trouver un juron et une insulte qui ne soit pas affreusement ridicule. Il ouvrit sa bouche, la referma, cherchant manifestement quoi dire. Un seul mot sortit. « MÉCRÉANT ! » Rha, mais c'était odieux ! Outré, le Sorcier qui n'en était plus un arpenta le couloir d'entrée de la maison, ayant déjà oublié la particularité de sa nouvelle cape. Il manqua de bousculer la maman du magicien. « Un peu de respect pour tes anciens ! On dit pas vioc, mais personne âgée. » Puis il se tourna vers la maîtresse de maison. « Il ne faut pas vous laisser faire, madame. Le respect, c'est important ! Comme disait un ami à moi : on devient vieux quand les jeunes vous abandonnent ! » L'homme enleva finalement sa nouvelle cape pour la ranger dans son sac en boule. « Merci Sherlokaj. » Watsiam. Merci, Watsiam, pour cet adorable cadeau.
Le problème -qu'il n'avait pas anticipé dans sa stupidité- c'est qu'être gentil pour rien, ça coûte. Il était partagé entre l'envie d'offrir des petits chatons à tout le monde ou de brûler des insectes dans un bocal. C'était... ma foi, fortement perturbant ! Désagréable. En même temps il aimait bien sa nouvelle apparence, elle faisait vieux mystérieux. Toutes les bonnes histoires avaient des vieux mystérieux. « C'est un peu nul d'être Magicien, alors je vais rentrer chez moi pour enlever la bague, maintenant que je te l'ai montré. C'est très important, on va pouvoir se faire passer pour quelqu'un d'autre, tu te rends compte ? » Il retourna sur le seuil de la porte. « Mesdames, Monsieur, prenez soin de Watsiam, c'est un grand détective et sa perte serait cruelle pour le monde entier ! » Les grands esprits qui se rencontrent, c'était si rare. Personne n'avait l'air de le comprendre, c'était bien la preuve que quelque chose d'important était en jeu. « Adieu ! » Et sur un demi-tour théâtral qui se termina par un trébuchement contre la marche du palier, le Sorcier s'en retourna chez lui, ou en tout cas dans la direction qu'il pensait être chez-lui.
FIN
406 mots | Cadeau pour Watsiam : Translation, ce pouvoir vous permet d'invoquer Sherlokaj auprès de vous, sous son identité magicienne, peu importe la situation. Le Sorcier sera obligé de vous offrir quelque chose à son arrivée.
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Plot twist | Watsiam
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Watsiam ne comprenait pas le sujet de la conversation. Il plantait machinalement sa cuillère dans le fondant au chocolat réalisé par sa mère. Son père ne paraissait pas non plus s’intéresser à la discussion des deux femmes : enfoncé dans son fauteuil de velours vert, il lisait un journal. Un pli sérieux barrait son front. On pouvait aisément deviner qu’il feignait l’intérêt : il tenait le papier à l’envers, et ses yeux mi-clos signalaient un état de décontraction proche de l’endormissement. « Il y avait bien l’Oiseau Doré, mais bon… il est petit. Alors que la Bûche Sauvage... Elle fait au moins deux mètres ! Enfin, il. » - « Voyons, Cornélia ! » La blonde pouffa et rougit. Le brun haussa un sourcil circonspect et dévisagea sa sœur comme si elle venait de dire quelque chose d’incompréhensible. On lui avait toujours dit que la taille ne comptait pas. Ou était-ce la paille ? La daille ? La caille ? Les cailles avaient des ailes, comme les Anges. L’idée qu’ils pussent être de grosses cailles le traversa et il sourit béatement. « Quoi ? Aux dernières nouvelles, ils se dévergondent de plus en plus, les angelots ! Et il paraît qu’ils regardent pas les Magiciens d’un trop sale œil… » Les deux femmes échangèrent un regard complice et ricanèrent. Puis, l’une rangea le moule à gâteau lavé et essuyé tandis que l’autre continuait à faire la vaisselle. L’atmosphère redevint un peu plus sérieuse, sans que Watsiam ne s’en rendît compte. Il réfléchissait aux enquêtes qu’il avait menées avant de venir et fantasmait sur celles qui viendraient. De toute façon, il se rappelait à peine de leur visite chez les Anges. C’était trop longtemps auparavant, et sans investigation. « Tous ces Anges… les pauvres. Heureusement qu’il y avait du monde pour les prendre en charge. On a bien fait d’y aller. » Le jeune détective, par mégarde, fit crisser son couvert contre la porcelaine de l’assiette. « AH ! Arrête ! » Sa sœur avait poussé un hurlement. Elle lui jeta un regard courroucé. Il lui tira la langue. « Watsiam ! » - « Eh quoi ? Ti a vu comme elle me parle ! Ellé fada ! » - « C’est lui qui a commen- » - « CORNELIA ! » s’exclama Madame Dox, irritée. Paracelse fit un bond dans son siège et remonta ses lunettes en grognant. « Arrête de hurler, Madeleine. » - « JE NE HURLE PAS ! » Il soupira. Cornélia croisa les bras et claqua des talons. Watsiam engloutit le reste de son gâteau dans la tranquillité la plus grande. Tiroflan s’était réfugié sous le canapé. Potigron y sommeillait d’un air heureux. Il était bien, chez les Dox. Il faisait chaud, il avait à manger dès qu’il le désirait, il pouvait griffer Cornélia dès qu’elle passait sous les escaliers, et Madeleine le câlinait dès qu’elle le voyait. Madeleine était le seul et unique être humain qu’il chérissait véritablement.
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