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 [Q] - Le vrai du faux | Edwina et Ren

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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Jeu 28 Nov 2019, 06:43





~ La scène se passe tout juste après le RP de Lumière dispersée ~





Partenaire : Edwina et Ren
Intrigue/Objectif : Edwina a été téléportée par Jun, cette fois, sur le bateau du détachement dans lequel se retrouvent Ren et Isley. La première essayera d’en apprendre davantage sur Isiode alors que les deux autres chercheront plutôt à comprendre le lien qui unit l’Ultimage et l’Ange.


Je sentis une caresse contre ma joue, aussi délicate que la brise marine, aussi légère qu’un cheveu et pourtant, cette seule douceur eut comme effet de faire naître un sourire sur le pan de mes lèvres. Bienheureux, je me rapprochais de la source de chaleur, inconscient, simplement bien dans mon sommeil récupérateur. Ma journée avait été éreintante et lorsque je m’étais glissé dans mes couvertures, tout de suite, le confort des draps et la chaleur de la petite cabine me ravirent. Un sourire, aussitôt, avait fait chemin à mon visage jusqu’à ce que je me plonge dans les bras d’Harabella. Il ne me semblait pas avoir fait de rêves en particulier, si ce n’était que des bribes de souvenirs sans paroles qui avaient rapidement traversé mon esprit au point qu’aucune image n’ait définitivement été enregistré par mon cerveau. Et pourtant, là, maintenant, lorsque je perçu distinctement le contact de ces doigts contre ma peau, mon corps s’était détendu, et mon esprit, inévitablement, avait songé à Araya; à sa manière de me prendre dans ses bras, de me sourire et de plonger son regard dans le mien. Était-ce un signe? Était-ce réel? Était-ce notre lien qui nous unissait de nouveau? J’y cru pendant deux secondes, jusqu’à ce que ses lippes, dans mon subconscient, esquissent quelques syllabes. Je tentais de lire sur ses lèvres, me concentrant à cent pour cent sur leurs mouvements. I… Isi… Rapidement, je fus envahi par un profond sentiment d’embrouillement.

Isiode? Non, je n’étais pas Isiode. Pourquoi prononçait-elle le nom de mon frère? L’inconfort s’immisça dans ma poitrine, la gêne dans ma tête, alors qu’un petit cri, soudainement, résonna au creux de mon oreille. Ce ne fut pas long avant que la confusion et l’incompréhension me tirent de mon sommeil. Battant des paupières, perdu, je levais lentement la tête, apercevant une silhouette à mes côtés, indistincte, qui se découpait difficilement dans la pénombre qui nous drapait de ses voiles obscurs. Je me frottais les yeux, sortant peu à peu des vapes du repos.

« Qu’est-ce qu’il se passe? » Bâillais-je sans véritablement prendre conscience de la situation.

Pourquoi me parlait-on d’Isiode…? Un frisson glacial remonta le long de ma colonne vertébrale. Et pourquoi avais-je si froid, par tous les Dieux? Je me redressais, m’asseyant contre le bord de mon lit, constatant, avec horreur, que je n’avais plus aucun vêtement sur le dos. Mes yeux s’écarquillèrent brusquement alors que je tournais violemment la tête en direction de la forme à côté de laquelle je m’étais réveillé. Subitement, tout m’apparut cent fois plus clair dans l’obscurité du soir : les lignes de son visage, l’épaisse chevelure cuivrée qui encadrait celui-ci, ondulée aux pointes, alors que des yeux verts, tirant sur l’émeraude, me fixaient avec véhémence. La panique, aussitôt, explosa dans mon regard et dans mon cerveau. Je bondis hors de mon lit, comme si des flammes venaient de prendre forme sur ce dernier et que je fuyais pour m’en échapper. Il y avait une femme dans mon lit. Il y avait une femme dans mon lit! Et ce n’était pas n’importe quelle femme. Si mon regard s’était d’abord figé dans le sien, lentement, il quitta le berceau de ses iris pour glisser sur le reste de sa silhouette. Elle tenait ma couverture autour de son buste, cachant du même fait le reste de son corps. Doucement, le rose commença à maquiller mes joues. Elle était complètement… complètement… Le rouge, alors, détona violemment jusqu’à ma tête, brûlant subitement mon visage à des degrés incommensurables.

« R-Ren! Mais qu’est-ce que… » Bégayais-je fortement en tremblant d’effroi, dépassé au point de ne pas être en mesure de conclure ma phrase – voire, peut-être même, de la penser.

Mon corps vacillait tandis que je prenais conscience, petit à petit, de l’étendue du problème. Je plissais des yeux, la respiration affolée. Je détaillais la rouquine plus minutieusement et méthodiquement.

« … Ren? »

Ma voix vibrait étrangement au fond de ma gorge, emportée par l’affolement de l’instant alors que mon regard, inévitablement, retomba sur ma propre condition. Instantanément, mes joues devinrent cramoisies et brûlantes, et d’une foulée rapide, inconstante, je filais jusqu’à mon sac, duquel j’en extirpais rapidement un chandail et un pantalon. Avec frénésie, je glissais mes jambes dans les pattes du vêtement tout en m’affolant à l’endroit de la jeune femme, que je croyais, dur comme fer, être l’Orine.

« Mais pourquoi es-tu ici?! M’indignais-je en évitant de la regarder droit dans les yeux, tellement la gêne m’empêtrait. Q-Qu’est-ce qui s’est passé? Et pourquoi es-tu… pourquoi sommes-nous… »

Je peinais à maintenir ma voix à un débit normal tout en m’assurant que le volume de mon ton était partiellement bas, en raison de l’heure tardive de la nuit. Mais les notes de mon inflexion étaient excessivement aigues. J’étais affreusement embarrassé, mes mains tremblant par spasmes incontrôlés alors que je montais frénétiquement le pantalon autour de ma taille. Tout à coup, quelques coups se firent entendre à la porte de ma cabine et mon cœur arrêta tout bonnement de battre. Mon souffle se trancha avec une netteté claire et précise alors que mon corps stoppa tout mouvement, statique et tendu. Vite, je m’approchais de la porte, complètement tétanisé par ce réveil brutal qui avait des effets de douche froide. Et le fait que nous soyons, tous les deux, nus comme des vers n’arrangeaient pas mon affaire. Qu’est-ce qui s’était passé? Pourquoi ne me souvenais-je de rien? Qu’avons-nous fait pour se retrouver dans cette situation? Prudemment, j’approchais ma main de la poignée, frissonnant d’effroi face aux nombreux scénarios qui s’imposaient brutalement à mon esprit. Non, non, non…

Cependant, les coups reprirent de plus belle, avec énergie, une sorte de malaise semblant s’échapper de chaque tambourinement qui rebondissait contre le bois du battant. Je sursautais, la frayeur engourdissant chacun de mes sens. Jusqu’à ce qu’une voix, faible mais si reconnaissable, nous parvienne depuis l’entrée. Je ne comprenais plus rien, jetant un rapide regard en direction de la femme à quelques pas de moi. Précipitamment, j’ouvris la porte, tirant mon cou dans l’entrebâillement pour considérer, de mes propres yeux, le visage d’une rouquine, légèrement ensommeillée, qui me fixait depuis le seuil d’un regard inquiet. À sa vue, ma mâchoire failli se décrocher alors que je la dévisageais fixement.

« R-R-Ren?! » M’exclamais-je dans un chuchotement qui me parut, dans le silence ambiant, tonitruant.

Puis, d’un mouvement mécanique, presque robotique, mon visage se porta dans l’étroite pièce qui se trouvait dans mon dos. L’autre femme était toujours là. Lentement, je reportais mon attention sur la rousse, qui se tenait encore à la porte.

« Qu’est-ce que ça veut dire? » Laissais-je tomber, perturbé.

Je voyais les points d’interrogation dans les yeux de l’Orine, qui cherchait à voir ce que j’avais moi-même observé quelques secondes plus tôt. Paniqué, je passais ma tête dans l’entrebâillement, inspectant les environs à droite, puis à gauche, avant de tendre ma main vers l’Hanatsu et l’attirer promptement dans la cabine. Derrière elle, je refermais sèchement le battant, tout en portant une grande attention sur le fait qu’il ne soit pas claqué brutalement dans son cadre. Autrement dit, de sorte à ce que la porte produise le moins de bruit possible.

« Je ne comprends pas… » Fis-je dans un murmure, observant le faciès de l’Orine à quelques centimètres du mien, l’abasourdissement me faisant complètement oublier la distance minimale qui nous séparait ainsi que le fait que je me trouvais encore torse nu.

Durant les premières secondes, mon esprit avait fortement douté de l’authenticité de la jeune femme qui venait d’entrer, mais plus je la regardais maintenant, et plus ma conviction se renforçait : cette femme était Ren. Je pivotais sur moi-même pour considérer la seconde femme. Alors, elle, qui était-elle?


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Ven 29 Nov 2019, 18:43

Ren était en train de dormir paisiblement lorsqu’un malaise l’enveloppa. Elle ouvrit les yeux et se frotta l’œil droit avec sa main. « Hum ? » fit-elle, observant la pénombre qui régnait autour d’elle. Il n’y avait rien ici. Elle fit une moue, son état ne s’améliorant pas. Avait-elle fait un cauchemar qui lui avait déjà échappé ou… « Isley ? » appela-t-elle. Il n’y eut aucune réponse. Elle se redressa. Quelque chose n’allait pas. À moins que ce ne soit Isiode ? Elle avait appris à ignorer quelques signes. Depuis qu’ils s’étaient séparés, elle ne le vivait pas très bien. Elle faisait de son mieux mais elle ne pouvait combler les besoins de celui que l’on appelait le Prince de Caelum sur toutes les terres Magiciennes. Il était trop loin, hors de portée. Ça créait une véritable angoisse chez elle, qu’elle essayait d’effacer en se focalisant sur Isley. Elle savait que l’éloigné aurait préféré qu’un tel lien ne se noue jamais mais, malheureusement pour lui, les choses étaient faites. Malheureusement pour elle aussi, vu la situation actuelle.

L’Orine se concentra sur ses sensations, celles que le Lien lui faisait éprouvées. Aucun doute. C’était Isley. Quelque chose le perturbait à l’instant, quelque chose qui faisait battre son cœur à un rythme frénétique, qui le mettait mal à l’aise, quelque chose qu’il ne comprenait pas. Lui en voulait-il, à elle ? Elle percevait de plus en plus clairement qu’il était confus à cause d’elle. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû ranger ses chaussettes comme ça… Non, ça ne pouvait pas être ça. Ce qu’elle ressentait était un malaise plus profond que ça. Elle hésita un instant puis se leva. Elle mit ses sandales et sortit de sa chambre pour se rendre dans celle de son Maître. Elle espérait qu’elle ne le réveillerait pas pour rien. Elle devait encore apprendre à maîtriser les signaux que lui envoyait le Lien, à différencier ce qui venait d’Isiode et ce qui venait d’Isley et à distinguer ses propres besoins de ceux de ses Maîtres. Parfois, elle avait simplement peur de ne pas y arriver et devenait trop regardante. Le moindre soupir, le moindre bruit étrange, la faisait réagir au quart de tour.

Devant la porte, il lui sembla entendre son prénom. Elle était en pyjama et encore un peu ensommeillée. Elle frappa sur le bois, attendit un temps qui lui parut extrêmement long et frappa de nouveau en appelant Isley. Si cela se trouvait, il était simplement en train de faire un mauvais rêve. Quand cela lui arrivait, elle le ressentait. C’était souvent déroutant. Elle commençait à s’inquiéter, vraiment. Il lui semblait qu’il n’osait pas ouvrir. Il ne dormait pas.

Quand, enfin, il ouvrit, l’Orine se prit de plein fouet son étonnement. « Qu’est-ce que… ? » murmura-t-elle en écarquillant les yeux. Pourquoi faisait-il cette tête en la voyant ? « Isley… Qu’est ce que tu caches dans cette pièce ? » demanda-t-elle en se tortillant pour voir ce qu’il regardait. « Qu’est-ce que quoi veut dire ? » Elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’il lui arrivait. Était-il somnambule ? On lui avait dit que ça arrivait à certaines personnes de se lever en pleine nuit et d’agir comme si elles étaient éveillées. Non, ça ne tenait pas la route. Son rythme cardiaque aurait été bien plus bas, sinon. Lorsqu’il la tira dans la pièce, l’Orine ouvrit grand la bouche devant ce qu’il se déroulait sous ses yeux. « Isley, tu et… Que ? » Il y avait une femme nue sur le lit de son maître, une femme qu’elle ne connaissait pas mais qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Elle reporta son attention sur l’Ange et se mit à rougir comme une pivoine en constatant qu’ils étaient vraiment très proches et qu’il était torse nu. Elle baissa les yeux sur lui, sur sa musculature, et ses joues devinrent cramoisie. « Tu… Euh… » Elle se demanda un instant ce qu’il attendait d’elle au juste, ce qu’il faisait avec cette femme en pleine nuit et depuis combien de temps il la côtoyait sans qu’elle ne soit au courant. Cette ressemblance était tellement frappante. Est-ce qu’il avait des rapports sexuels avec elle ? Est-ce que c’était une Démone venue pour le tenter ? Est-ce qu’il était troublé parce qu’il avait eu peur de se faire prendre à ses côtés ? Le flot de questions qui inonda son cerveau fut si important qu’elle crut un moment manquer totalement d’air. Elle paniqua un peu en constatant qu’elle n’arrivait pas à déterminer ce qu’il se passait et que ça faisait d’elle une Orine bien médiocre.

Edwina était restée silencieuse devant le spectacle qu’offrait Isley. Elle en avait presque oublié sa nudité. Comment était-ce possible ? Ils se ressemblaient beaucoup mais leurs comportements différaient tellement que ça en était presque comique. Elle avait entendu ce que lui avait conté Isiode, avant qu’elle ne s’endorme. Isley semblait, effectivement, plus enclin à éprouver des sentiments. Il paniquait, gesticulait, bredouillait… Elle se pinça les lèvres. Malgré tout, elle savait qu’il était une source de souffrance et de colère pour son jumeau. Elle ne pouvait voir les choses autrement après avoir écouté ce que l’Ailé lui avait conté. L’homme qu’elle avait devant elle, nu, enfilant frénétiquement son pantalon, était le même qui courait après cette femme, Araya, cette même femme qu’Isiode avait qualifié de chimère ; cette chimère qui se moquait de ses sentiments et jouait avec lui. Le Prince de Caelum avait-il raison ? Elle n’en savait rien. Elle ne voulait pas remettre sa parole en doute mais elle savait ô combien il était délicat d’être objectif lorsque le sujet portait sur la personne aimée. Ça lui faisait étrange de se retrouver en présence d’Isley. Elle n’avait plus aucun doute sur son identité. Ils étaient dans un navire et ses réactions parlaient pour lui. À moins que l’homme qu’elle aimait ne possède quelques clones en plus de celui qu’elle connaissait déjà ? Non. Impossible. C’était Isley. Elle le savait aussi parce que Jun était un enfoiré. Il le lui paierait. Elle aurait voulu se réveiller sous la tente, entre les bras d’Isiode, nue ou non d’ailleurs. Là, la situation était… Elle inspira profondément, prenant conscience qu’Isiode ne devrait jamais savoir ça.

Ren ? Qui était cette Ren ? Était-ce un surnom ? Isiode lui avait-il parlé d’elle ? Non cela l’étonnerait. Ren pour Reine ? Il ne l’aurait pas tutoyée de la sorte s’il avait su. Puis l’on toqua à la porte. Edwina remonta légèrement le drap qui couvrait ses attributs. Normalement, Isiode et Isley n’étaient pas sur le même navire mais les manigances de Jun rendaient les « normalement » inopérants. Il aimait trop jouer pour se laisser ennuyer par des « normalement ». Pourquoi avait-il fait ça ? Est-ce qu’ils avaient… ? Elle paniqua à retardement sur le sujet, après avoir vécu une période de calme pendant laquelle tout ce qu'elle cherchait était à comprendre la situation. Aussi, pendant qu’il se dirigeait vers la porte, elle passa rapidement sa main sur son entre-jambe, comme si ce simple geste lui suffirait à savoir s’il s’était passé quelque chose entre eux ou non. C’était idiot. Elle l’aurait senti. On ne perdait pas sa virginité sans le savoir, si ? Son regard glissa sur le matelas. Il n’y avait aucune trace, pas de sang, pas de… de truc... Elle se mit à rougir et sa rougeur fit place à de l’étonnement lorsqu’elle vit une jeune femme être tirée à l’intérieur de la pièce par l’Ange. « Que ? » Elle la détailla des pieds à la tête. C’était… très étrange. Elle avait l’habitude de voir l’Eorane prendre ses traits, ceux de son physique factice, mais elle n’était pas du tout familière avec la contemplation de son minois réel. Elle était peut-être un peu plus jeune, plus… Un peu différente en fait, moins charismatique. Le fait est que l’autre eut rapidement les joues aussi rosées qu’elle. Edwina regretta soudainement de s’être laissée emporter par le flot de ses émotions.

Elle essaya de se ressaisir et se leva pour s’approcher du duo, prenant garde à bien entourer son corps du drap. Le tissu moulait tout de même ses formes. Elles étaient difficiles à dissimuler, surtout sa poitrine, et lui avaient donné des complexes de nombreux siècles. « Moi non plus pour tout vous avouer. J’étais avec Isiode il y a quelques… » Elle ne savait pas exactement. « Enfin… Je me suis endormie avec lui, en tout cas, pour me réveiller ici contre… vous. » Elle se pinça les lèvres. « Ne lui dîtes pas, s’il vous plaît. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement mais… Je ne veux vraiment pas qu’il sache… » Ce qu’il s’était passé c’est que le sadisme de Jun était passé par là. Elle avait dit sa dernière phrase calmement mais elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire. Elle s’était promis de ne rien tenter avec l’Ange, de le laisser embrasser sa mission et la voie qu’il avait choisi, mais elle gardait un espoir minime qu’ils finissent par se rapprocher. S’il savait, cet espoir éclaterait en morceaux. Il ne pourrait décemment pas toucher une femme qui avait partagé la couche de son frère et qui s’était réveillée nue contre lui. « Et qui est… Qui êtes-vous ? » demanda la Souveraine à l’Orine. « Ren… » dit celle-ci faiblement en se rapprochant davantage de l’Ange, comme si elle cherchait à le protéger ou à se protéger elle-même. C’était délicat à dire, à présent.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 30 Nov 2019, 04:48

Sournoisement, une première pensée traversa mon esprit, indésirée et pourtant bien présente, qui s’ancra entre les filaments de ma propre réflexion. Aussitôt, mes joues reprirent une forte coloration tandis que mon regard s’attardait sur le visage de l’Orine. Je n’arrivais pas à mettre de mots sur ce que je ressentais, sur ce que je percevais au plus profond de mes entrailles, mais d’un assaut peut-être trop franc et clair pour mon esprit, je parvenais sans difficulté à saisir le trouble de la jeune femme à mes côtés; son trouble et ses interrogations, plus gênantes et déroutantes les unes que les autres. Immédiatement, je fis de grands gestes de négation à l’endroit de l’Orine, agitant rapidement mes mains devant mon visage pour lui indiquer que tout ce à quoi elle songeait était faux, faux, faux!

« T-Tu te trompes! C’est la première fois que je vois cette femme de ma vie! Et nous… nous n’avons jamais… »

Je n’en étais pas sûr moi-même, en réalité. L’avions-nous réellement fait? Non, cela n’était pas possible. Tout simplement impossible. J’aurais dû m’en rendre compte, n’est-ce pas? J’aurais dû ressentir quelque chose, me souvenir de quelque chose, n’importe quoi. J’aurais dû m’arrêter surtout! Parce que… Parce que… Juste ciel! Mais qu’est-ce qui se passait? Tout ce que mon esprit parvenait à se rappeler était moi qui rejoignais ma cabine, moi qui enfilais mes vêtements de nuit, moi qui me glissais dans mes draps pour dormir. Seul. Dans mon lit. Tout seul. Et je m’étais forcément endormi, parce que le premier souvenir à mon réveil s’était d’avoir dévisager cette silhouette sombre dans la nuit, puis d’avoir constaté que l’on m’avait dépouillé de tous mes habits. Discrètement, j’avais observé l’étrangère sur le lit, songeant quelques secondes à la réflexion de Muramasa. Était-ce de sa faute? Était-ce une Démone? Je ne pensais pas. Les Démons dégageaient cette aura de maléfice, d’obscurité et de perversité qu’ils avaient bien du mal à dissimuler; ils libéraient presque naturellement un mal perfide et sournois que cette femme, à première vue, ne semblait guère posséder. Il se dégageait d’elle quelque chose, certes, mais quelque chose de plus clair, de plus lumineux qui la rendait inéluctablement enchanteresse, mais pas maléfique. Qui est… Je ne pus poursuivre ma réflexion, une montée de panique me renversant soudainement, comme si une vague venait de balayer toutes mes pensées. Je me tournais de nouveau vers Ren, par réflexe. Elle n’était pas bien. Elle doutait. Doucement, je lui attrapais l’épaule, l’obligeant à me regarder droit dans les yeux.

« Calme-toi, calme-toi. Tu n'as pas à te reprocher quoi que ce soit. Je ne comprends absolument rien à ce qui se passe présentement, ni pourquoi cette femme s’est retrouvée dans mon lit. Je suis tout autant largué que tu l'es. »

C’est à cet instant précis que l’inconnue s’avança jusqu’à notre hauteur, exprimant sa propre confusion quant à la situation. Et nous ne pûmes réfléchir convenablement aux paroles qu’elle venait de nous partager que nos esprits se figèrent sur la suite de ses propos. Elle était avec Isiode? Mes yeux s’écarquillèrent. J’avais dû mal entendre. Elle… Elle devait parler d’un autre Isiode. Ce n’était pas possible. Elle était avec… mon frère? Dans cette nudité?! Le choc était grand, le désarroi immensurable, des images de mon jumeau et de cette étrangère s’imposant inévitablement dans mon esprit, mais je les repoussais violemment de ma pensée, affolé et bouleversé.

« Vous devez… » Bafouillais-je d’une petite voix éteinte et blanche.

Cependant, la femme venait de reprendre bien vite sa palabre, sa voix étouffant la mienne tandis que je me taisais subitement dans mon effarement – et celui, aussi poignant, de l’Orine. Ce Lien était particulier, puisque je pouvais percevoir tous les ressentis de Ren et, fusionnés, incorporés aussi naturellement aux miens, j’avais l’impression que chaque phrase que l’inconnue alignait me faisait l’effet d’une chute froide qui me tombait sur la tête, de mille gifles que l’on m’aurait collé à la mâchoire, simultanément. Muet comme une tombe, je ne réagis même pas à l’instant où elle demanda à l’Hanatsu de lui communiquer son nom. J’étais comme tétanisé dans ma surprise, dans ma contestation complète de la situation et des événements. Je ne comprenais pas un traître mot de ce que l’étrangère venait de nous dire. Cela ne pouvait pas être de mon frère qu’elle parlait. Je ne pouvais tout simplement pas y croire, dans les faits. Mon frère aussi insensible qu’un mur, aussi froid que la glace elle-même, au point que cette dernière pouvait paraître plus chaleureuse que lui lorsqu’il décidait de se montrer irascible : elle ne pouvait tout simplement pas parler de l’Isiode que nous connaissions. Ce n’était… pas… possible… L’étonnement pur maquillait mes traits. Instinctivement, je tournais mon visage en direction de Ren. Savait-elle quoi que ce soit à ce sujet? Avait-elle ressenti quoi que ce soit de la sorte provenant de mon frère? Comment cela avait-il pu nous échapper à elle, à moi?

« Ce n’est pas vrai… »

J’émis un rire. Un rire gêné et extrêmement nerveux alors que je reportais mon intérêt sur l’inconnue.

« Mon frère n’aurait jamais… N’aurait jamais passé une nuit avec vous… Vous devez vous tromper de personne… »

L’étrangère était belle, sans conteste, sa ressemblance plus que frappante avec Ren ne m’empêchant tout de même pas d’affirmer la vérité. Elle était magnifique et il émanait de sa personne un charme et une sensualité certaines, qui se couplait avec merveille à la lumière diffuse qui se dégageait de son être. Pourtant, aussi sublime pouvait être cette femme, Isiode ne se préoccupait pas de ce genre d’artifice. Je veux dire… Il s’agissait de mon frère, pardi! Mon frère, l’homme que je comprenais le moins en ce monde aujourd’hui. De sa personnalité, je pouvais au moins affirmer ceci : jamais il n’aurait débuté une relation avec une femme. Pas dans son état d’esprit, pas avec ses convictions actuelles, ni même avec son idéologie. Jamais, il n’aurait pu faire cela. Et pourtant, là, devant nous, se tenait une femme complètement nue qui se couvrait du mieux qu’elle le pouvait à l’aide de ma couverture, et qui disait avoir été auprès d’Isiode, de s’être endormie avec lui, et me demandait maintenant de ne rien lui révéler de ce qui venait de se produire ce soir?! Jésus, Marie, Joseph, avais-je envie de crier – pourquoi? Je n’en avais aucune idée. L’ébahissement était si grand qu’il devait me faire penser à un peu tout et n’importe quoi sur le moment.

« Qu-Qui êtes-vous au juste? » Bredouillais-je en passant nerveusement mes deux mains dans ma tignasse.

Je voyais bien qu’elle me connaissait, mais dans mon cas, et celui de Ren, nous étions parfaitement ignorant de sa personne. Par ailleurs, en parlant de sa personne, pourquoi ressemblait-elle autant à Muramasa? Il y avait certaines différences physiques, notamment celui de leurs traits, plus jeunes pour l’Orine, mais d’une féminité toute mature pour l’étrangère. Mais quand même... Je me pinçais la lèvre, nerveux.

« Et que… qu’est-ce que vous faisiez avec mon frère? »

Difficile de penser à autre chose en sachant qu’elle était apparue dans mon lit dans ses plus simples apparats. Mon dieu… Isiode entretenait-il une relation avec cette femme dans notre dos à tous? Et depuis combien de temps…? Soudainement, je m’arrêtais. Était-ce pour cela qu’il avait réagi aussi bizarrement avec Ren au cours de notre première rencontre? Est-ce qu’il était déjà avec cette inconnue à ce moment-là? Mais où? Quand? Et comment?!

« Êtes-vous… son amante? Êtes-vous sa... sa femme cachée? »

J’avais l’impression de dire des bêtises, mais je ne voyais rien d’autres à dire en vérité. Comment avait-elle pu accomplir un tel miracle, créer un tel prodige? Comment avait-elle pu percer le cœur de glace de cet homme? Et comment n'avions-nous pas pu voir cela? D’ailleurs…

« P-P-Prenez ce chandail, s’il-vous-plaît… Lui dis-je dans un enchaînement confus, tout en tendant le vêtement que j’avais préalablement sorti de mon sac. Vous devriez vous couvrir… »

Je jetais un regard à Ren. Pourrait-elle lui prêter des vêtements? Je ne pensais pas que mes pantalons pourraient vraisemblablement lui faire.


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Lun 20 Jan 2020, 12:56



Le regard de Ren allait de son Maître à l’inconnue qui se trouvait avec eux, nue sous sa couverture. Le Lien comblait l’écart drastique entre les deux êtres. La pièce semblait pourtant se plier en quatre pour conférer à la rousse une prestance qui troublait l’Hanatsu. Elle l’attirait. Peu importe où elle posait les yeux, ces derniers semblaient toujours vouloir retrouver cette silhouette à moitié nue, comme une mouche attirée par un pot de miel. Ça avait un côté agaçant, surtout que l’Orine ne savait toujours pas si cette dernière représentait ou non un danger. Les sentiments d’Isley la rendaient d’autant plus instable. Comme un cercle vicieux, le malaise de l’un nourrissait le malaise de l’autre. Puis il y eut autre chose. Isiode ne dormait plus, elle en était sûre. Elle s’en voulut un peu, sachant que c’était sans aucun doute la situation actuelle qui avait tiré l’Ange de son sommeil. Quant à savoir si cette femme était effectivement avec l’Ange de Caelum précédemment, elle n’aurait su le dire. Elle dormait et n’avait rien détecté de particulier. Elle essayait de se rassurer comme elle le pouvait, trouvant dans les paroles d’Isley un certain réconfort. Il fallait qu’elle soit forte pour qu’il ait moins de difficultés à reprendre ses esprits. Pourtant, la situation dépassait de loin tout ce qu’elle avait pu envisager. Cette femme était nue, avec une couverture enroulée autour d’elle, cette même couverture qui était précédemment dans le lit de son Maître. Elle avait dit elle-même s’être réveillée contre lui. Nue, contre lui. L’Ange en éprouvait un trouble certain. Ce n’était pas du désir. C’était ce qu’elle percevait comme une gêne immense. Elle le croyait lorsqu’il disait qu’il ne s’était rien passé entre eux. Les paroles de l’étrangère allaient dans son sens. Mais alors… Pourquoi ? Elle ne comprenait rien et n’était pas assez avancée pour pouvoir faire des théories intéressantes et trouver de la logique dans tout ça. Au lieu de résoudre l’affaire, elle se colla un peu plus à Isley, comme un mouton cherchant la chaleur d’un autre mouton par temps froid.

Edwina fixait ses deux interlocuteurs. La fille, Ren, connaissait Isley. Ils avaient l’air proches mais s’ils avaient eu une liaison, elle aurait réagi différemment à sa présence. Elle lui ressemblait. Était-elle une Syrkell ? Ça ne lui semblait que très peu probable. Une Syrkell accompagnant un Ange aurait de quoi faire rire n’importe qui. Sa famille était maléfique et les rares cas de bénéfiques étaient souvent éliminés. Elle avait eu de la chance. Son attention fut conduite sur l’homme lorsqu’il se mit à parler. Sa ressemblance avec Isiode était frappante mais… il semblait bien plus… Elle n’arrivait pas à se décider. Était-il plus faible ou plus humain ? Les deux, sans doute. Ça la troubla. C’étai si étrange de voir les traits d’un homme normalement impassible se tordre. C’était si étrange de voir le reflet d’Isiode paniquer et… « Hum. » fit-elle en baissant un peu les yeux. C’en était presque plaisant, ce qui éveilla chez elle un sentiment qu’elle ne comprit pas. L’Impératrice Blanche avait presque envie de rire à présent. Ce n’était pas tout. Elle avait aussi très envie de le malmener davantage pour voir ce que telle ou telle interaction donnerait. Comment était Isiode lorsqu’il rougissait ? Comment était-il lorsqu’il pleurait ? Comment était-il quand il se mettait en colère, d’une colère plus chaude que glacée ? Elle savait qu’Isley n’était pas comme son jumeau mais leurs faciès identiques la rendaient peut-être un peu trop espiègle à son goût ; sans parler de cette étrange émotion indéfinissable.

« Ah bon ? Pourquoi ça ? » demanda-t-elle lorsqu’il lui fit savoir qu’Isiode ne passerait jamais une nuit avec elle. C’était pourtant ce qu’il venait de se produire ; même s’ils n’avaient sans doute pas passé la nuit entière ensemble, étant donné qu’elle avait fini dans le lit d’Isley. Elle était bien plus calme qu’à son arrivée et voir l’Ange bredouiller lui rappelait bien des situations qu’elle-même avait vécu. Elle n’avait jamais été très douée pour communiquer. Elle avait appris à le faire en devenant Reine, au grand déplaisir des Chanceliers qui avaient rapidement trouvé en sa personne une élève difficile et indisciplinée. Il lui avait fallu longtemps pour être réellement digne aux yeux de ses conseillers. « Sa… femme cachée ? » répéta-t-elle, en haussant les sourcils. Cette fois, elle dut se pincer les joues pour ne pas rire. L’idée était plaisante, cela dit, bien qu’elle ne vît pas du tout Isiode s’adonner à ce genre de comportements clandestins. Elle était à peu près sûre que s’il devait se passer quelque chose entre eux, cela se ferait de manière officielle. Peut-être. Il ne se passerait rien, de toute façon. Elle était déjà mariée et lui n’avait à cœur que sa mission. Ils étaient dans une impasse et elle le savait parfaitement. Les Anges ne pouvaient pas tromper leur monde, ni s’adonner à des relations légères sans lendemain. Seul l’amour véritable les liait à un partenaire. Elle doutait qu’Isiode ressentît quoi que ce soit de cet ordre-là pour elle. Même si ça avait été le cas, pour l’avoir un peu observé, elle était convaincue qu’il ferait en sorte de cadenasser ses émotions. Son peuple était le plus important. Elle le comprenait.

Sans répondre pour le moment, elle prit le chandail qu’il lui tendait. Ren hocha la tête et repartit en direction de sa cabine pour aller chercher des vêtements à elle. « Vous permettez ? » demanda la Reine, plus pour lui signaler qu’elle allait se changer que pour créer chez lui un quelconque mouvement. Elle se retourna simplement et fit glisser la couverture jusqu’à ses hanches en veillant à ne pas l’échapper. Elle enfila le chandail. Il était sans aucune doute un peu juste au niveau de la poitrine mais c’était ça ou rester nue. Elle se doutait qu’il serait plus à l’aise lorsqu’elle serait habillée. « Tenez. » fit l’Orine en lui tendant un pantalon. « Laissez-moi vous aider… » Edwina acquiesça. Ren prit la couverture entre ses mains et l'étira de façon à faire barrage entre le regard potentiel d’Isley et le corps dénudé de la rouquine.

Une fois qu’elle fut habillée, elle se retourna et regarda l’homme un instant. Que devait-elle lui dire au juste ? Elle s’avança un peu, pour mieux le regarder. « Pour être honnête, votre présence me trouble. » Elle avait l’habitude de Tsadqiel mais sa nature était différente. « C’est assez étrange de voir le physique d’Isiode revêtir toute une palette d’émotions qu’il n’a pas, en temps normal. » Elle lui sourit. « Votre frère n’est pas ce que l’on pourrait appeler très expressif. » Elle le détailla davantage. « Vous, en revanche, vous l’êtes. Cette différence entre vous est impressionnante. Je n’aurais jamais cru et… c’est assez plaisant. » Elle se demanda ce qu’il se serait passé si c’était Isley qui avait eu la fève et non son jumeau. Elle doutait que la conversation ait tourné de la même manière. Elle devait absolument faire taire cette envie de caresser sa peau. Elle était curieuse de voir ce qu’un tel geste aurait pu provoquer sur le visage d’Isiode s’il ne jouait pas les hommes de glace. Elle savait qu’Isley n’aurait pas réagi de la même manière, dans tous les cas, mais c’était si tentant. Ils ne se connaissaient pas, et ce serait déplacé. Son regard devait être légèrement insistant et elle s’en rendit compte, le tournant vers un autre coin de la pièce. Elle se demandait comment Isley vivait sa relation avec Isiode. Elle avait eu la version de son jumeau, pas celle de l’homme qu’elle avait en face d’elle. La Reine voulait qu’il lui parle mais, étant donné qu’ils venaient juste de se rencontrer, il serait complexe d’établir une confiance si facilement. « Pour continuer, en toute franchise, j’aimerais bien apprendre à vous connaître davantage. Isiode m’a parlée de vous déjà mais de son point de vue à lui. » Elle regarda la pièce. « De toute façon, j’imagine que c’est pour ça que je suis ici… » Elle ne comprenait pas les motivations de Jun. Lui faire une farce ? La guider vers un chemin plus prometteur ? La guider vers des éléments de compréhension d’Isiode ? Ça la faisait se questionner. Elle n’aimait pas trop la possibilité de discuter de l’Ange avec son frère derrière son dos. Elle avait peur de découvrir des choses qui la désillusionneraient sur son compte. Et entretenir une relation amicale avec son jumeau n’était peut-être pas une bonne idée, si tant est qu’ils puissent devenir amis. Elle n’en savait rien. Il lui paraissait aussi charismatique qu’une moule mais le fait qu’il soit lié à Isiode le rendait tout spécial à ses yeux. En plus, elle se rappelait de façon très gênante le contact de sa peau contre la sienne, son torse contre ses seins et... En y songeant, elle se mit à rougir légèrement et baissa les yeux pour de bon. C’était stupide. Elle n’avait plus quinze ans et la situation était parfaitement catastrophique.

Elle se racla la gorge. Elle savait qu’elle lui devait quelques explications. Ses yeux glissèrent d’abord sur le visage de l’autre rousse de la pièce. Elle fut étonnée de constater qu’elle aussi avait rougi, mais de façon bien plus franche et visible. Pourquoi ? Avait-elle lu dans ses pensées ? Ressentait-elle quelque chose d’autre ? « Hum… Excusez-moi. » commença-t-elle en tournant de nouveau les yeux vers Isley. Il valait mieux qu’elle oublie le teint coquelicot de l’Orine. « Je ne me présente que très rarement. » Elle sourit. « Mais je crois que pour les besoins de l’instant, il vaut mieux que je ne vous mente pas, à mon sujet d’abord et, ensuite, concernant la relation que nous entretenons avec votre frère. » Elle se mordit la lèvre inférieure, comme si elle cherchait le meilleur moyen d’avancer les choses. « Votre frère et moi-même nous sommes déjà vus quelques fois, la dernière remontant à cette nuit, donc, avant que je n’arrive ici. Nous avons longuement discuté et nous nous sommes endormis côte à côte, en tout bien tout honneur. » Elle marqua une pause. « Et habillés, tous les deux. » Il valait mieux le préciser. « Notre première rencontre s’est très mal passée mais je pense que les choses ont évolué favorablement depuis. Je crois qu’il arrive à me comprendre. Nous souhaitons tous les deux la paix alors… » Elle ne savait pas trop comment qualifier leur relation. « Enfin, dans tous les cas, je ne suis ni son amante ni sa femme cachée. » Elle sourit, amusée. « Je suis juste l’Impératrice Blanche. » Les yeux de Ren dévièrent sur le visage d’Isley, comme si elle attendait une quelconque réaction de sa part pour agir elle-même.

1780 mots
Pardon /sbaf

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 25 Jan 2020, 19:34

Musique du Yicaly : Princess Mononoke Main Theme par Joe Hisaishi

Lorsqu’elle entreprit de se vêtir, elle n’eut pas besoin de formuler sa demande une seconde fois : d’un seul bloc, je m’étais simplement tourné vers le mur attenant à la porte de la cabine, tentant de reprendre un minimum le contrôle de ma respiration et de mes pensées. Il devait y avoir une explication logique à tout cela, forcément. Cette femme, mon frère, cette drôle de soirée… J’étais persuadé que tout finirait par rentrer dans l’ordre. Il fallait simplement que nous nous calmions – enfin il s’agissait sûrement que de moi et de l’Orine, pour le coup, puisque la jeune femme paraissait, quant à elle, parfaitement maître de ses émotions –, que nous pensions posément, et que nous nous parlions, Ren, elle et moi. Parce qu’il y avait bien trop d’inconsistances, bien trop de zones d’ombre, au point où je n’arrivais pas à voir la lumière au bout du tunnel. Comme cet instant, où l’étrangère semblait avoir implicitement proposé le fait qu’il n’y avait rien d’étrange dans le fait que mon frère et elle se partagent une nuit… alors qu’il était tout là, le problème. Laissez-moi vous rappeler qu’elle était arrivée dans mon lit complètement nue. À quoi d’autre mon frère et elle se seraient adonnés si ce n’était pas de ce que je pensais? Et en même temps, cette hypothèse était tout simplement irréaliste, inconcevable.

Isiode n’était pas un homme d’amour, et il était impensable qu’il ait eu une quelconque aventure de cette sorte sans que l’on soit au courant… n’est-ce pas? Bon sang, pourquoi posais-je la question? Bien sûr que nous l’aurions su, nous aurions même certainement été les premiers au courant, comme j’avais fini par apprendre ce qui s’était produit à Avalon avec cette Elfe. C’est pourquoi, dans le cas présent, tout ce scénario me semblait impossible. Alors si elle n’était pas sa femme cachée, que s’était-il passé? Les Anges ne s’adonnaient pas au plaisir de la chair aussi impunément, à moins qu’ils se complaisent dans le péché et alors, ils perdaient la blancheur de leurs ailes. Ce qui ne risquait pas d’arriver avec Isiode. Pas dans l’état actuel des choses. Pas après ce qu’il avait vécu dans ce mystique bordel d’Avalon. Il était ressorti de cette expérience complètement bouleversé et traumatisé, et c’était la première fois, depuis des années, que j'avais vu mon frère aussi désemparé par la situation. Il s’en était atrocement voulu, allant même jusqu’à demander une sévère sanction à l’endroit de notre Capitaine, qui le lui avait refusé. Parce qu’il avait réussi à résister. Il avait réussi à ne pas succomber à la tentation. Il avait réussi et pourtant, encore aujourd’hui, mon frère ne voyait que son échec, sa faiblesse. Alors… Non, non, et non. Isiode n’avait pu faire quoi que ce soit de la sorte sans qu’il ne soit lui-même certain de ce qu’il ressentait. J’en étais plus que certain. Et dans ce cas, je n’arrivais pas à mettre en lumière la relation que pouvait entretenir cette femme avec mon frère. Qui était-elle pour lui et inversement, si tout ce qu’elle avait dit été… vrai?

J’étais plongé dans le silence le plus complet, laissant Ren et l’inconnue faire ce qu’elles avaient à faire. Mon esprit se troublait et plus je réfléchissais et plus je me déconnectais lentement de la réalité, mon cerveau envahi par mille et un scénarios aussi différents qu’incongrus à propos d’Isiode et de cette femme. Mais ce fut Ren qui, d’une tape sur l’épaule, m’avait fait émerger de mes réflexions au moment où l’inconnue avait finalement terminé de se changer. D’un regard, je remerciais l’Hanatsu pour son aide, lui adressant un sourire. Par tous les Saints, une chance qu’elle était là, parce que je ne sais pas ce qui se serait passé si elle ne s’était pas présentée comme troisième parti dans cette affaire. J’étais complètement perdu et quelque part, même si ses sentiments mettaient à l’envers mes propres ressentis, j’appréciais de devoir faire face à cette incompréhensible situation en sa compagnie.

« Merci », soufflais-je enfin, d’un ton visiblement soulagé alors que mon attention revint lentement jusqu’à la rousse, que je me mis à dévisager longuement, déchiré dans mon besoin de savoir.

Cependant, la suite ne fut aucunement à mon avantage. Intrigué, je me mis à la regarder, l’envie de reculer animant l’intégralité de mon corps.

« Que… Que faîtes-vous? » Échappais-je d’une voix presque muette, observant la rousse se rapprocher de ma position.

Son regard transperçait le mien au fur et à mesure qu’elle parlait, le vert de ses yeux s’ancrant profondément sur mon visage, comme des griffes d’animal. Pourtant, ce n’était pas tant un sentiment de menace et de danger qui me submergeait, mais plutôt un sentiment étrange et étouffant mêlant l’envoûtement et la confusion. Jusqu’à l’instant où le dernier mot s’expira d’entre ses lèvres. Mon être se figea et mes joues, aussitôt, virèrent au rouge. Pl-Pl-Pl-Pl…

« D-De quoi parlez-vous?! » Bégayais-je, décontenancé par les propos de l’étrangère.

Qu’est-ce qui se passait? Pourquoi avais-je l’impression de me trouver dans la mire d’un prédateur, à l’instar d’un chevreuil qui pressentait une drôle d’impression et dont l’instinct ne lui soufflait qu’une seule commande : la fuite. Pourtant, aussi vite qu’un claquement de doigt, la pression qu’exerçait l’œil de l’inconnue se retira de mes épaules, son regard dérivant dans une nouvelle direction. À cet instant précis, je me permis, tout doucement, de relever les yeux vers elle, ma respiration reprenant de plus belle. Qu’est-ce qui venait de se produire? À quoi jouait-elle? Qu’est-ce que… Qu’est-ce qu’elle me voulait, bon Dieu?! Était-ce si plaisant de s’amuser ainsi de l’état d’un homme uniquement parce que ce dernier ressemblait à un autre? J’eus énormément de difficulté à faire baisser la température qui brûlait mon visage et, par chance, la rousse reprit la parole. Tout de suite, nous perçûmes la différence dans le ton de sa voix, dans son allure : elle semblait avoir repris son sérieux. Que les Ætheri soient loués! Qu’est-ce que c’était que ça? Ne pus-je m’empêcher de songer, reportant mon intérêt sur les propos de la jeune femme, qui nous disait que sa présence ici était pour en apprendre davantage sur mon frère? À ces paroles, mes sourcils se froncèrent légèrement, aussi bien en raison de ces propos qu’en raison du fait qu’il semblerait qu’Isiode lui ait parlé de moi… Il y avait anguille sous roche. Je n’arrivais pas à savoir où, je n’arrivais pas à savoir sous quelle forme, mais quelque chose clochait.

« Comment ça? Demandais-je, n’attendant pas spécialement de réponse à cette question, en ayant une beaucoup plus urgente sur le bout des lèvres : Je ne parlerais pas tant et aussi longtemps que vous ne vous serez pas identifiée », poursuivais-je sur un ton qui se voulait autoritaire, mais dont les trémolos trahissaient une évidente nervosité.

J’avais la désagréable impression d’entrer en terrain ennemi, d’entrer dans un jardin secret dont Isiode avait bien cadenassé l’entrée, et dont je voulais forcer les serrures. Mais je ne pouvais pas laisser les choses aller comme elles étaient présentement. Je devais savoir, ne serait-ce que pour avoir une anxiété en moins à songer. Qui était-elle et que représentait-elle pour mon jumeau? Là était toute la convergence de mes réflexions. Et doucement, tout en souriant légèrement, la jeune femme avait repris la parole. Et pendant plusieurs secondes, mes paupières battirent follement devant mes pupilles. Ma gorge se noua et mon cœur, dans un heurt incontrôlable, cessa brièvement tout battement.

« L’Impératr… »

Mon souffle se coupa au milieu de la syllabe, mon regard figé sur la silhouette de…

« … »

Je la dévisageais, effaré et incrédule. Elle ne semblait mentir et pourtant, je n’arrivais pas à la croire.

« … … »

Pouvait-il vraiment s’agir de l’Ultimage? Depuis des années, plus personnes n’avaient observé son visage, et ce dernier n’avait plus été porté devant le public sans un voile fin et opaque. Par conséquent, je ne pouvais confirmer l'authenticité de ses traits. Puis, c’était également sans compter le fait qu’elle était…

« Vous avez disparu… » Murmurais-je faiblement.

À mes côtés, je pouvais sentir les yeux de Ren peser sur mon profil, mais mes iris n’arrivaient pas à se décrocher du faciès souriant de celle qui se disait être Edwina Nilsson. Encore une fois, il n’y avait aucune malice dans le fond de ses yeux et sur la courbure de ses lèvres, rien qu’un léger je-ne-sais-quoi qui n’avait, pourtant, rien de mauvais. Cela prit du temps pour que je collecte mes pensées, mais à l’instant où cela se fit, mes yeux se figèrent étrangement.

« Vous… Vous savez… Isiode a glacé votre dernier présent. »

C’était la vérité. Sans une hésitation, Isiode avait figé dans un bloc de glace la livraison que l’avait gratifié sa Majesté. Depuis, il n’avait plus voulu m’en parler, se murant dans un silence têtu et agaçant. Je déglutis, baissant les yeux pour les accrocher à quelque chose de familier, n’importe quoi, et je m’aperçus du regard de Ren sur mon visage. Je m’y plongeais quelques secondes, secouant doucement la tête.

« Je ne comprends pas… Laissais-je tomber. Pourquoi seriez-vous ici pour en apprendre davantage sur mon frère? »

Je tremblais un peu, fouillant dans mon courage pour lui faire face.

« Combien de fois vous êtes-vous rencontrés? »

À ma connaissance, il n’y avait que le moment de son audience, juste avant les festivités du Lux In Caelum, et celui de la fameuse soirée de la Nuit aux millions de lampions, qu’Isiode et la Reine avaient pu se rencontrer… Mais il y avait eu cette lettre que mon frère avait reçu par la suite; il y avait cette soirée maintenant… Et en avait-il eu d’autres? Est-ce qu’Isiode m’aurait menti, alors qu’il m’avait pourtant juré ne rien savoir de l’emplacement de la Reine des Magiciens? Et maintenant, les deux se rencontraient en pleine soirée pour discuter? Juste ciel! Il y avait tellement d’autres choses qui se devaient d’être répondu!

« Où étiez-vous durant tout ce temps?! Vo-votre peuple! Tout le monde s’inquiète pour vous! »

Dans mes pupilles se reflétaient un ébahissement puissant et je m’avançais d’un pas dans sa direction, comme hypnotisé.

« Que vous est-il arrivé, votre Majesté? Pourquoi vous absentez aussi longtemps et sans laisser de nouvelles? »

Le flot d’interrogations semblaient continu et inarrêtable entre mes lèvres, et me rendant finalement compte que je me tenais très près de la Souveraine, je rougis violemment, reculant prestement pour rejoindre la hauteur de l’Orine, tout en alignant les excuses les unes après les autres.

« Dé-Désolé! Sincèrement désolé! J-Je ne voulais pas vous brusquer! C’est… simplement… C’est beaucoup en un coup… et je… »

Et j’étais complètement, définitivement perdu.


1 778 mots | Post III
Spoiler:


It's a little price to pay for salvation
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[Q] - Le vrai du faux | Edwina et Ren Signat20
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Dim 26 Jan 2020, 00:44



Edwina détourna les yeux, aussi rouge que l’Ange. Elle les laissa fixés sur un point imaginaire du mur quelques instants, le temps de reprendre contenance. Ça lui faisait étrange. Isiode n’avait pas l’habitude de rougir, pas plus que Tsadqiel ; surtout pas Tsadqiel en réalité. Le Rasväar n’était pas aussi sérieux que son clone mais il n’en demeurait pas moins qu’il ne se laissait pour ainsi dire jamais débordé par ses émotions. Il n’avait pas besoin de les faire taire. Il ne les taisait pas, même. Il était naturellement maître de ses réactions. « Hum… » fit-elle, toujours gênée. Isiode, lui, était plus… Elle n’en savait rien. Ils ne se connaissaient pas tant que ça et il avait déjà perdu contenance ; sans doute pas au point de rougir, quoi que. Cette nouveauté la rendait confuse. Elle envisagea d’expliquer à Isley ce qui lui passait par la tête mais se ravisa : il ne comprendrait sans doute rien, pas avant qu’elle ne lui ait appris le reste. Et quand bien même, elle ne pouvait pas décemment lui révéler que le voir rougir lui faisait penser à son jumeau dans la même position et que c’était tellement incongru que ça en devenait presque agréable et attirant. C’était idiot. Elle ne comprenait même pas pourquoi est-ce que ça la tourmentait à ce point, de se retrouver avec Isley. Les deux hommes n'avaient rien à voir, ou presque.

« Bon. » finit-elle par murmurer en cessant de fixer le mur pour le regarder. Elle dévia néanmoins de nouveau quelques secondes plus tard, pour se concentrer sur la jeune femme. C'était mieux. Elle s’avança vers elle et l’observa. Ren se pinça les lèvres, essaya de soutenir son regard mais finit par baisser les yeux, attrapant le bras d’Isley au passage, comme pour se donner du courage. Elle ne pensait pas que l’Impératrice Blanche lui ferait du mal mais elle la gênait profondément. « À quel peuple appartenez-vous ? » demanda-t-elle. « Les Orines » confia la rouquine, d’une toute petite voix. « Et vous vous êtes liée aux jumeaux Yüerell, n’est-ce pas ? » « O… Oui. » « Cela n’a pas dû beaucoup plaire à Isiode… » souffla la Reine, pensive. Elle semblait ne plus du tout s’occuper d’Isley, ni même envisager de répondre à ses questions. Pourtant, contre toute attente, elle plongea de nouveau son regard dans le sien. « C’est vous qui avez répondu à l’énigme, n’est-ce pas ? » questionna-t-elle sans réellement attendre de réponse. Elle sourit. « Essayez de ne pas me confondre avec votre Orine, à l’avenir, quoi que vous fassiez avec elle. » dit-elle pour plaisanter avant de reprendre son sérieux, tout en se questionnant sur la phrase qu’elle venait de produire. Sur le coup, elle n’avait pas pensé au double sens qu’elle pouvait avoir mais, à présent qu’elle y songeait, elle ne pouvait que le voir. Il était trop gros pour que l’Ange ne le repère pas. Elle préféra faire comme si de rien n’était et enchaîna sur des questions plus sérieuses. Elle essayait de le regarder mais il y avait deux soucis majeurs : le premier c’est qu’il lui rappelait Isiode et que ça la troublait. Le second c’est qu’elle avait beaucoup de mal à rester concentrée sur sa personne. Elle soupira légèrement. « J’ai déjà eu une conversation similaire avec votre frère, à vrai dire. Puisque sa réaction a été plutôt… mouvementée, je vous conseillerais tout d’abord de vous asseoir. » Elle plaça doucement ses deux mains dans celles de l’Orine et d’Isley pour les entraîner avec elle, doucement, sur la couche. Elle s’y assit tranquillement, bien qu'elle lâcha rapidement la paume de l'Ange. « Juste… Avant tout… Quand vous évoquiez le sort de mon présent, vous parliez de ma lettre, n’est-ce pas ? » Elle se mordit la lèvre inférieure un instant avant de sourire. « C’est une bonne chose. Elle ne devait pas tomber entre les mains de n’importe qui. » conclut-elle sur le sujet.

Elle se râcla la gorge. « Bon… soyez attentifs. Votre frère est déjà au courant mais puisque nous avons eu l’occasion de discuter plus d’une fois, il commence à me connaître j’imagine… Enfin, je l’espère. » Elle lui avait dit des choses qu’elle n’aurait confiées à personne d’autre. « Sur la barque nous avons commencé à... » Elle se tut. Non ce n'était pas une bonne idée d'en parler. Pourtant, c'était sur cette barque qu'ils avaient commencé à discuter, pour de vrai. Elle inspira puis le regarda. « Hum… Je n’ai pas envie de vous perturber… Ce n’est pas évident. » Elle plaça ses mains sur ses propres cuisses et les caressa en réfléchissant. « Au préalable, sachez que je suis en décalage sur votre temps. Je viens du futur, pour faire simple. » Ren pencha la tête sur le côté, légèrement incrédule. « Isiode m’a déjà dit que j’avais été empoisonnée et que j’étais actuellement absente de sur mes terres mais disons, pour simplifier, que j’ai une doublure que j’ai laissé gouverner à ma place le temps de mon voyage. C’est elle qui a subi des déconvenues. » Elle fit une pause. « Je suis partie avec Erwan… Erwan Galathiel… » rectifia-t-elle. Elle avait tellement l’habitude de le côtoyer qu’elle ne se rendait même plus compte de sa familiarité à son égard. « Avec l’Apakan. » finit-elle par dire. « Je ne vais pas vous expliquer pourquoi est-ce qu’il m’a suivie mais, pour faire simple, nous sommes partis ensemble vers les Terres Glacées pour essayer d’obtenir le Pardon de Sympan pour les Anges. Nous l’avons obtenu et Erwan est reparti vers le continent avec deux bébés qui sont les premiers nés angéliques. » Elle le regarda. « Hum… » Elle préférait ne pas le voir, en fait. C’était étrange. Elle se laissa donc glisser en arrière, pour que son dos repose sur le matelas et pour avoir une raison de fixer le plafond qui ne paraisse pas étrange. « Votre peuple pourra s’étendre de nouveau par procréation, à condition d’effectuer un pèlerinage sur la Terre Glacée. » Elle sourit. « C’est une bonne chose. » Elle se tut un instant. « Et hum… Disons qu’alors que je me trouvais sur la Terre Glacée, un Æther a cru bon de me faire rejoindre votre frère puis… une fois endormie, vous. Mais je vous promets que nous étions habillés. Je ne sais pas pourquoi est-ce qu’il a voulu que je sois nue contre vous et, à vrai dire, plus j’y songe et moins j’ai envie de le savoir. » Elle avait conscience que, face aux informations qu’elle venait de lui fournir, son arrivée sur le navire et sa présence auprès de son frère plus tôt devaient l’indifférer totalement. « Voilà… » conclut-elle, un peu gênée. Elle ne savait pas quoi dire d’autre et préférait éviter de le regarder, de voir sa réaction, de l’observer, tout simplement.

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Isiode et Isley
Mer 29 Jan 2020, 05:13

Musique du Yicaly : By A Light Below par Jordan Gagne


Un silence embarrassant avait suivi mon escalade émotionnelle, tandis que je portais mon regard ailleurs que sur le faciès de la Reine. Ce n’était pas un comportement à adopter devant l’un de ces Grands, même si sa présence ici avait de quoi surprendre. Elle avait disparu depuis des lunes, que je ne saurais compter désormais, et la voici sur notre navire, à nous parler, tandis que le reste du continent attendait son retour, impatient et perplexe. Le peuple s’essoufflait à force d’élaborer mille et une folles théories sur sa condition, allant d’imagination sur imagination – surtout du côté magicien – quant à sa véritable localisation. Serait-elle partie voir le Diable afin de couler des nuits torrides et ardents dans les bras des Pêchés – et plusieurs se disaient que cela pouvait franchement corroborer la mystérieuse absence du Souverain démoniaque dans les sphères politiques. Se serait-elle, plutôt, éloignée de son trône pour mener l’enquête sur son empoisonnement? À l’abri des regards, son visage étranger de tous les yeux, se cachait-elle dans l’ombre pour traquer celui ou celle qui avait attenté à sa vie? Dans le pire des scénarios, quelques chuchotements se murmuraient de bouche à oreille pour dire qu’elle ne se serait, au contraire, pas du tout remise de son empoisonnement et que son corps luttait toujours contre la toxine qui se serait sournoisement investie dans ses veines et son sang. Enfin, les plus raisonnables diront que les Archimages n’avaient rien à gagner à cacher l’état déplorable de leur Reine, si tel était bien le cas, et que lancer la nouvelle sur une « fausse » disparition n’apportait, en vérité, qu’une panique encore plus insensée. Bref, vous en conviendrez, les on-dit se complétaient, se contredisaient et se décrédibilisaient selon les lippes qui en soufflaient l’annonce. Cela étant dit, tous pouvaient au moins s’accorder sur une réalité : personne ne pouvait affirmer à cent pour cent savoir où et dans quelle condition se trouvait aujourd’hui Edwina Nilsson. Oui, bon, en fait, c’était plutôt relatif comme affirmation, puisqu’il semblerait qu’Isiode ait été au courant de cela bien avant tout le monde, et que ce soir, l’Impératrice Blanche se tenait devant nous. Toujours aussi silencieuse d’ailleurs… L’atmosphère n’en était que plus lourde, juste ciel!

« Veuillez me pardonner. Mon comportement n’était guère acceptable, réitérais-je en lui octroyant une légère révérence, gêné. Je m’en excuse profondément… » Poursuivais-je confusément, persuadé que le mutisme ambiant n’était la conséquence que de mes subits soubresauts paniqués.

Mais il fallait le dire, l’ahurissement et le bouleversement avaient rapidement assiégé mon être, engloutissant ma tête dans un flot que j’avais eu bien de la difficulté à me soustraire. Cependant, l’Ultimage finit par reprendre contenance, nos regards se croisant brièvement, mais dans la seconde qui s’ensuivit, elle reporta son intérêt sur Ren, dont la main vint s’accrocher à mon bras. Je me taisais, perturbé, mes yeux ne se détachant pas du visage de la Reine alors que mes oreilles cillaient doucement à l’entente de sa voix. C’est alors que mes pupilles descendirent dramatiquement jusqu’à la pointe de mes pieds. L’énigme… Bien sûr que cela n’avait pas séduit Isiode, et même si j’étais persuadé d’avoir fait la bonne chose en répondant à la devinette de l’Orine, je ne pouvais, en contrepartie, empêcher cette fine et poignante culpabilité de continuer à me blesser. Isiode avait été furieux – et il devait encore l’être, malgré le temps qui nous séparait, désormais, de notre départ. Il nous avait à peine partager quelques mots durant le grand jour. Même en sachant que nous ne nous reverrons pas avant un très long moment, il n’avait daigné nous accorder plus d’attention que nécessaire, et même si je méprisais au plus profond de mon cœur son comportement – Ren ne saurait lui nuire, j’en étais convaincu – j’étais également attristé et profondément troublé par ce dénouement. Ce jour-là, alors que les bateaux quittaient définitivement le port dans lequel ils s’étaient amarrés, correspondait peut-être à la dernière fois que nous nous verrons, lui et moi. Je n’étais pas serein, embêté par cette possibilité que nos derniers au revoir ne soient finalement que grogne et hostilité.

Mais ma concentration se brisa violemment. Mes iris se redressèrent, mes joues s’empourprèrent alors que ma bouche s’ouvrait et se refermait inconsciemment.

« C-C-C-Ce n’est pas du tout ce que vous pensez! » M’exclamais-je instantanément.

La main de Muramasa, toujours posée sur mon bras, renvoyait soudainement une vague de chaleur dans l’intégralité de mon corps – et jusqu’à mon cerveau, qui semblât exploser à cette réalisation. Prestement, je détournais les yeux, esquissant de rapides mouvements de la tête en signe de négation – ou était-ce une vaine tentative afin de m’aérer l’esprit? Je ne savais pas si elle s’amusait pour nous mettre mal à l’aise de la sorte, mais intentionnel ou pas, la Reine avait vraiment une drôle de manière de nous faire vivre une innombrable gamme d’émotions.

Et le carrousel, pour être honnête, n’était pas terminé, la continuité de son histoire n’en étant que de plus en plus impressionnante. Je l’écoutais, tout ouïe, tantôt sceptique et tantôt troublé, gardant pourtant le silence auprès de l’Hanatsu, jusqu’à ce que l'Impératrice Blanche finisse son conte. Sur cette conclusion, Ren et moi échangeâmes une longue œillade, incrédules et pourtant surpris, avant de reporter nos regards sur la régente. Couchée sur le dos, à fixer ainsi le plafond, elle ne semblait nous porter aucune attention.

« Nous pourrons de nouveau… »

Ma voix s’essouffla d’elle-même sous le choc des révélations. Je peinais à y croire, restant de longues minutes complètement muet et immobile. Des enfants, songeais-je après un instant, comme si mon cerveau, finalement, avait reprit une certaine activité. De vrais petits Anges.

« Wow… Ne pus-je m’empêcher de souffler, un sourire faisant lentement son chemin jusqu’à la commissure de mes lèvres. Wow… C’est… absolument… »

Je n’avais pas de mots précis. C’était simplement, absolument…

« C’est merveilleux… » Laissais-je tomber d’une voix faible et émue, mes pommettes se rehaussant de plus en plus sur les lignes de mon faciès.

Les yeux perdus dans la vague, pétillants, je me mis à contempler un point invisible, mon regard emporté par les vagues qui nous étaient possible de distinguer à travers la vitre du hublot.

« Vous avez vraiment réalisé tout cela? »

J’étais ébranlé, l’émotion montant et se heurtant à ma poitrine. Enfin, mes iris se portèrent vers l’Orine, à qui j’adressais un grand sourire.

« Par les Dieux, Ren, c’est absolument magnifique! C’est… C’est… »

Encore une fois, j’en perdais mon langage commun. J’avais l’impression de rêver. Après tant d’années à stagner, à ne savoir où aller, à ne savoir ce que le futur nous réservait, cette nouvelle avait eu la même force qu’une puissante gifle que l’on m’aurait collé à la mâchoire. Cependant, la brûlure engendrée n'était en rien douloureuse ou mordante; elle était plutôt douce et réconfortante, à l'instar d'une boisson chaude qui se glissait à l'intérieur de notre gorge lors de la première lampée. Je songeais à tous mes frères et sœurs d’arme qui rêvaient de créer un foyer, qui rêvaient de pouvoir porter, au creux de leur ventre, une Vie si chèrement attendue et bénie. Dans un bond, j’attrapais l’Hanatsu par les épaules, l'étreignant soudainement dans mes bras tout en fondant dans un rire que je me forçais à garder bas : d'autres gens dormaient dans ce navire.

« Tu te rends compte? Nos frères et sœurs pourront enfin, enfin, fonder une famille! »

J’étais joie et allégresse, relâchant doucement Ren de l'emprise de mes bras avant de tourner mon visage en direction de la Magicienne. Seulement, un seul regard sur sa personne fit descendre l’euphorie en moi, le calme la balayant subitement, tandis qu’une impression s’implantait dans ma tête. Je me mis alors à observer la régente d’un drôle d’air.

« Mais… Pourquoi n’avoir rien dit? Me questionnais-je, troublé. Étiez-vous obligés, l’Apakan et vous, de garder tout cela aussi… confidentiel et secret? D'appliquer de telles mesures? »

Je me le demandais. Même mon frère n’avait rien voulu me dire à ce propos alors qu'il s'agissait d'un projet tout bonnement formidable pour notre peuple!


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Mar 04 Fév 2020, 02:10

Le regard d’Edwina glissa doucement sur le visage d’Isley qu’elle pouvait observer depuis sa position. Un petit sourire s’esquissa sur ses lèvres. L’homme semblait ravi. C’était plus aisé de l’être aussi face à quelqu’un qui était en train d’exploser de joie. L’Ange semblait représenter un bonheur parfait, bien plus prompt à se réjouir que son jumeau. Serait-elle idiote de penser que là où Isley voyait le verre à moitié plein, Isiode le considérait plutôt comme à moitié vide, à se focaliser sur le chemin qu’il restait à parcourir ? Elle était semblable à bien des égards mais côtoyer les yeux pétillants et le sourire d’Isley – qui se reflétaient chez son Orine – avait quelque chose de… plaisant. L’Ultimage voyait en Ren une version d’elle-même plus jeune, bien plus épanouie qu’elle ne l’était à son âge. À dix-sept ans, elle ne pensait à rien et n’avait aucun objectif précis. Toutes ses préoccupations d’aujourd’hui n’existaient pas et si quelqu’un lui avait soufflé un jour qu’elle serait Reine des Mages Blancs, elle aurait sans douté ri. Elle était plus qu’une simple Souveraine. Jamais la race n’avait connu un règne aussi long que le sien. Pourtant, elle savait qu’il toucherait à sa fin. Si elle voulait s’élever, la place résiderait dans les mains de l’Eorane jusqu’à ce que quelqu’un d’autre ne s’empare du trône. Ça l’effrayait. « Ce… J’ai vraiment hâte de voir ça ! Tu le pourrais, toi-aussi, si tu trouvais quelqu’un ! » dit l’Orine, avec un certain entrain, sans arrières pensées. Seulement, dans ses bras, son visage vira bien vite au cramoisi. Heureuse et rouge comme une tomate, voilà ce qui la définissait le mieux actuellement du point de vue d’Edwina. Elle avait été ainsi, elle aussi, particulièrement sensible au contact des hommes, son visage trahissant la moindre de ses pensées. Aussi, elle se demanda ce qu’il se tramait actuellement dans l’esprit de Ren.

Une fois libre de ses mouvements, l’Orine s’installa sur le lit, regardant Isley avec des yeux qui reflétaient les sien. Elle vivait ses émotions grâce au Lien et, bien qu’elle ne puisse encore les étudier avec la perfection qu’elle souhaitât obtenir, changeait d’humeur en fonction de son Maître ; de ses Maîtres, en réalité, ce qui la plongeait parfois dans une sorte d’ambiguïté étrange. Edwina se redressa légèrement, plantant ses iris dans celles de l’Ailé qui demandait des explications. Son sourire s’agrandit un peu. « Vous souhaitez réellement me détrousser de tous mes secrets. C’est de famille, apparemment. » Elle continua son mouvement et s’assit plus profondément sur le lit. Elle posa son dos contre le mur et y appuya également sa tête. Ses doigts attrapèrent ses cheveux et elle commença à jouer avec d’une façon distraite. Ses yeux sur l’Ange, elle se pinça les lèvres. Que devait-elle lui dire, au juste ? « Vous savez… Je n’ai pas vraiment l’habitude de parler autant de ce genre de choses. Bien sûr, je gère le Royaume avec les Chanceliers mais je garde souvent mes missions plus disons… délicates, pour moi. Celle-ci en faisait partie et si j’en ai fait part à votre frère c’est parce que… » Parce que… Son regard dériva sur l’Orine un instant. Elle aurait aimé ressentir le Lien avec Isiode, le subir jusqu’à se noyer dedans. « … lui et moi avons les mêmes objectifs. » Toujours la même excuse. L’Impératrice Blanche marqua une pause. Elle aurait pu inventer quelque chose pour justifier que ni Erwan ni elle n’avaient prévenu personne mais… « Comment vous expliquer ? Erwan et moi nous… » Elle s’interrompit et soupira. « C’est compliqué. » Ren se pinça les lèvres, imitant la Souveraine. « Mes lèvres sont maudites depuis quelques siècles. Quiconque m’embrasse sans éprouver pour moi un véritable amour finit maudit, comme le Diable et… comme Erwan, au début. Je vous déconseille donc d’essayer de m’embrasser. Je préfère vous le signaler, même si je sais que vous n’en avez aucunement l’envie. » Elle sourit. « Je suis bien plus chaste que les rumeurs le laissent supposer. » Ses doigts passèrent dans ses cheveux pour défaire une tresse qu’elle avait commencé à façonner, inconsciemment.

« Quoi qu’il en soit, cette malédiction pousse ceux qui la subissent à des comportements possessifs et insensés. » Elle s’arrêta. « Votre frère n’est pas concerné, ne vous inquiétez pas. Nous n’avons pas… Enfin… Peu importe. Erwan m’a donc suivie sans trop réfléchir pour ma propre expédition vers les Terres Glacées, à cause, en partie, de son attirance pour moi. L’autre partie résidait dans le fait qu’il ne me faisait pas confiance et me faisait surveiller. » « Isiode et vous ne vous êtes pas embrassés ? » demanda Ren. Edwina tourna la tête vers l’Orine. « Non. Nos rapports sont exclusivement professionnels. Nous désirons la paix tous les deux. Je peux l’y aider comme il peut le faire en retour. Ensemble nous serons capables de prendre les décisions qui s’imposent. » « Vous avez envie d’être ensemble, tous les deux ? » « Je… » commença-t-elle, se demandant si la jeune femme essayait de la faire parler de ses sentiments ou si elle n’était simplement pas très futée. « Nous pouvons l’être sur certaines préoccupations, oui. Mais ce n’est pas très important. Le fait est que j’ai préféré ne rien dire et simplement partir en laissant mon Reflet sur mon trône. Je n’étais pas certaine d’obtenir ce que je cherchais sur les Terres Glacées. Je ne souhaitais pas faire déplacer des hommes et des femmes pour un voyage si long alors que je pouvais m’y rendre moi-même. Le Continent des Glaces n’est pas un endroit agréable. Il y fait un froid mortel. Heureusement, j’ai été aidée par un Rasväar. » « Rasväar ? » « Une sorte de Démon Déchu. Peu importe. » dit-elle, avant de reporter son attention sur Isley. « Vous devez parler à présent, vous aussi. Je ne donne pas des informations gratuitement, j’en ai bien peur. » Elle sourit. « Dîtes-moi ce que vous voulez. » Elle détailla ses traits. « Vous savez… Lorsque nous nous sommes rencontrés avec Isiode, je l’ai quitté en lui avouant être la meilleure amie de l’Empereur Noir, Empereur Noir qui se ferait une joie de lui couper la tête pour moi s’il continuait à m’agacer. Quelque chose me dit que notre rencontre de ce soir ne pourra pas être pire, quand bien même nous venions à discuter de sujets sensibles. J’aimerais vraiment vous connaître, en dehors des pensées d’Isiode sur votre compte. Un frère n’est jamais très objectif. » Elle posa sa main sur le matelas pour lui faire signe de s’asseoir à côté d’elle. « Et puis… hum… Il faudrait commencer à réfléchir à notre situation. Je n’ai aucune idée de ce que l’Æther désire ni combien de temps je resterai avec vous. »

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Ven 14 Fév 2020, 02:31

« U-Un quoi? » Bredouillais-je, sentant mes yeux s’écarquiller.

J’avais dû mal entendre. Après les lèvres maudites, voici qu'elle nous disait cela avec la plus grande des nonchalances. Je n'avais pas mal entendu. Parce que mes tympans faisaient encore ciller la résonance de ces deux mots dans mes oreilles. Démon Déchu… Démon Déchu…! Démon Déchu?! Comment était-ce possible? Mes iris, dès cet instant, cherchèrent à s’ancrer dans les prunelles de l’Orine, qui me renvoyait exactement la même expression. Nous n’avions pas rêvé. L’Impératrice Blanche avait bel et bien parlé d’un Démon Déchu, un… – comment l’avait-elle appelé déjà? – un Rasväar. Et malgré cela, elle poursuivait son aparté sans véritablement se soucier de la bombe qu’elle venait de lancer. Je restais immobile, stoïque, mais surtout muet comme une tombe, incapable de me concentrer ou de faire abstraction de cette révélation, tandis que mes paupières, battantes et affolées, tentaient de me raccrocher au fil de la réalité. Parce que face à moi, la régente des Magiciens continuait de parler. Et ce n’est qu’à l’instant où elle esquissa un geste pour m’inviter à m’asseoir à leurs côtés que je parvins à rattraper l’instant présent. Pourtant, je ne bougeais pas. Je ne saurais dire pourquoi, mais en même temps, tout me paraissait soudainement irréaliste.

« Je… » Commençais-je, incertain sur la marche à suivre, puisqu’il semblerait que la Reine ait tout bonnement voulu changer de sujet – par contrariété? Par indifférence? Ne mesurait-elle pas le poids de ce qu’elle venait de nous dévoiler à cet instant?

Je n’en savais strictement rien, balançant discrètement ma tête de droite à gauche avant de reporter mon visage sur le sien. Pour éviter de la froisser, je me convainquis de revenir sur le sujet un peu plus tard, si le temps nous le permettait – ou aux désirs de cet Æther qui semblait l’avoir amené jusqu’ici.

« I-Il serait difficile de prévoir quoi que ce soit avec si peu d’indices sur ces véritables intentions en plus de cela », répliquais-je lentement, me frottant doucement le bras avant de me rendre compte, dans un éclair de lucidité, que j’étais toujours torse nu devant les deux jeunes femmes.

Sentant un vieux démon remonter jusqu’à mon visage, je finis par tourner le dos à l'Ultimage et à l’Hanatsu, pour rejoindre mon sac en quatrième vitesse.

« Veuillez me pardonner pour mon accoutrement. J’avais complètement oublié ma propre condition… »

D’un geste, j’attrapais le premier haut de mon sac, l’enfilant sans plus de cérémonie avant d’arranger distraitement les manches pour que ces dernières se déroulent le long de mes bras.

« Mais avant que je… »

Je marquais une pause, courte.

« Puis-je au moins savoir ce que vous a raconté mon frère, exactement? » Laissais-je lourdement tomber, l’œil perdu dans la vague.

Je déglutis difficilement. Le regard qu’elle m’adressait, ajouté aux paroles que sa bouche avait esquissées, un peu plus tôt, faisaient monter en moi un désagréable frisson. J’imaginais déjà mon jumeau lui lancer au visage les pires amertumes qu’il me nourrissait, toutes les fautes dont il m’accablait. Enfin… Étaient-ils si proches tous les deux pour qu’il en dévoile autant? Je soupirais, mes doigts s’entrelaçant nerveusement. Après tout, n’avaient-ils pas dormi ensemble? Je ne sais dans quel drôle d’univers cela s’était produit, ni les circonstances ayant menées à un tel résultat, mais le fait est que leur relation, quoi qu’en dise l’Impératrice, semblait plus familière que le simple « rapport professionnel » : à mes yeux, il m’apparaissait qu’Isiode abaissait ses défenses en sa compagnie. Ce que je comprenais plus ou moins, au vu du discours qu’elle nous avait partagé lorsque Ren l’avait, à son tour, questionné. La Paix, l’avènement d’une nouvelle prospérité… Toutes ces choses, Isiode et moi, que nous avions juré de défendre par le passé, et qu’il avait continué de protéger au point d’en faire son seul devoir dans la vie, alors que moi, je m’en étais détourné… D’une certaine façon ou, pour le moins, dans sa vision. Je baissais la tête.

« Je vois… »

Et je me tus de nouveau, le cœur lourd, les épaules creuses, un sentiment de culpabilité et de défaite m’ensevelissant brusquement. C’est comme cela qu’il le voyait, alors. Comme un abandon. Comme si je m’étais élancé à la ruée vers l’or en direction d’un lieu où il n’y avait pas d’or; comme si je m’étais engagé dans une course vers un mur; comme si je me battais pour, au pire, du vide, au mieux, une déception. Je vois… Soufflais-je intérieurement, étirant un sourire pâle et faible avant de me laisser tenter par le moelleux du matelas sur lequel je vins me reposer. Coudes aux genoux, j’enfouis mon visage dans le creux de mes mains, expirant un soupir.

« Un frère n’est peut-être pas objectif, mais Isiode a raison. »

Je secouais la tête. Je restais silencieux. Et je finis par relâcher une nouvelle expiration, reprenant sur le même ton, bas et ténu :

« Je l’ai laissé tomber. Je… J’ai tourné le dos à tout ce que nous avons construit, lui et moi, depuis toutes ces années. Nous avions un rêve, un objectif en tête, une mission à accomplir – c’est ce que notre père nous a inculqué depuis notre enfance. Pourtant… »

Je redressais la tête, tournant mon faciès en direction des deux femmes. Pour autant, je ne leur adressais aucune œillade, contemplant plutôt une zone vide du lit.

« Je me suis détourné de notre but. J’ai emprunté un autre chemin. Bien plus périlleux, et encore plus incertain… »

Je me permis de lever les yeux vers Muramasa, lui offrant un sourire désolé, navré de l’entraîner, involontairement, dans ma mélancolie.

« Malgré cela, si c’était à refaire, je choisirais la même voie. Parce que l’amour que je porte pour cette femme est bien plus fort que tout ce que j’ai ressenti autrefois. Mais... si j’ai des regrets, c’est de ne pas avoir montré à Isiode qu’il y a plusieurs chemins sur la route. »

Cette fois, mes yeux observaient la régente, qui se tenait un peu plus loin, puisque je m’étais assis sur le bord du lit.

« Cependant, il ne pourra jamais voir ces possibilités tant et aussi longtemps qu’il n’a pas lui-même vécu ce que je vis présentement », justifiais-je en arborant un air sérieux.

Puis, mon regard se porta vers le plafond.

« Peut-être est-ce indiscret de ma part de vous posez cela, mais avez-vous déjà aimé, votre Majesté? Aimer au point de ne vouloir être qu’aux côtés de celui pour qui votre cœur bat? Aimer au point de lui donner votre vie? »

Il y avait le Roi Caliel, peut-être. Durant de longues secondes, je ne bougeais pas, fixant un point dans le vide, ressassant d’anciens souvenirs du temps où Araya était toujours auprès de moi. Malgré les difficultés, malgré les quiproquos, elle avait fini par me pardonner mes erreurs passées. Nous aurions pu continuer de progresser ensemble, côte à côte, mais au lieu de cela, elle était partie. Obsédée par sa quête de puissance, dans sa quête de vengeance, elle s'était envolée, du jour au lendemain, espérant devenir assez puissante pour vaincre l'homme qui était devenu sa hantise et addiction. Si je n'avais cessé de lui faire savoir que je l'aiderais à faire tomber son tortionnaire, elle, par contre, n'avait jamais voulu de mon aide – ou n'a-t-elle jamais voulu que je risque ma vie pour elle. Et avant que je ne puisse m'y opposer, elle avait disparu. Et le Rimkalàri nous était tombé dessus.

« Moi, oui. »

Je souris.

« Même s'il ne s'agit que d'un amour à sens unique, même si je sais qu'au plus profond de moi, son absence me fait mal, je lui suis reconnaissant pour tout ce qu'elle me fait ressentir, encore aujourd'hui. Pour tous les souvenirs qu'elle m'a permis de créer en sa compagnie. »

Cependant, le rehaussement de mes pommettes s'affaissa lentement.

« Mais Isiode, il a peur de tout cela, à l’instar d’un Diable qui se débat dans l’eau bénite. Il en a peur, mais je ne saurais dire pourquoi… »

Encore, mes yeux se mirent à courir sur le plancher de la cabine.

« C'est pathétique. Je ne saurais même pas vous dire ce qu’est devenu mon propre frèr… »

Je m’arrêtais brusquement, me frottant légèrement la nuque tandis qu’un rire nerveux franchissait mes lippes.

« Hahaha, désolé… Vous... Vous vouliez que l’on parle de moi, mais j’ai terminé par parler de mon frère. »

Je finis par me taire, embarrassé, ne sachant où me mettre à la suite de tout cela.


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Sam 15 Fév 2020, 18:35



Edwina regardait Isley en silence. Même après qu’il se fut arrêté de parler, elle ne reprit pas la conversation tout de suite. Ce fut Ren qui troubla le silence. « Moi je t’aime comme ça, Isley, au point de vouloir être toujours à tes côtés. » La jeune femme se pinça les lèvres. Il était son Maître. Elle ferait tout pour lui et elle l’aimait bien plus que sa propre vie. La déclaration soudaine de l’Orine fit sourire la Magicienne. « Vous savez, je crois comprendre Isiode. L’amour est si… dangereux. » Elle marqua une pause. « Il détourne, tord et broie. Il vous plonge dans un chemin sinueux et incertain. Lorsque vous avez sur les épaules le poids des responsabilités, c’est un sentiment traître qui ne peut qu’affaiblir vos convictions dans la majorité des cas, sauf si votre combat initial est lié à l’objet de votre amour. » Elle avait détourné les yeux vers un point devant elle, mais finit par les poser de nouveau sur l’Ange. « Imaginez un instant que je sois tombée amoureuse du Diable. L’amour, à sens unique ou non, est un poison lorsqu’il n’apparaît pas entre les bonnes personnes. Amoureuse, j’aurais été manipulable et influençable. L’amour ne rime bien souvent pas avec la raison. Il est bien plus traître que le seul désir qui peut être comblé d’une manière ou d’une autre. Le désir fait perdre la tête mais l’amour est bien pire. On tuerait par amour. On se vendrait par amour. La folie est la sœur de l’amour, elle apparaît bien souvent en même temps que lui. Alors je comprends votre frère de ne pas vouloir s’encombrer d’émotions, de l’amour ou d’autre chose dans cet esprit d'ailleurs. » Elle inspira et soupira doucement. « Lorsque vous savez que vous risquez votre vie tous les jours, il devient égoïste d’aimer quelqu’un. Si je devais aimer, j’aurais peur pour l’autre. Que lui arriverait-il si mes ennemis venaient à savoir, à trouver cette faiblesse chez moi et à s'en servir contre moi et contre ce en quoi je crois et pour quoi je me bats ? Que lui arriverait-il si je venais à mourir ? Si je devais aimer quelqu’un, je préférerais lui cacher parce que mes fonctions ne sont pas compatibles avec l’amour. Je suis trop exposée. Je ne peux pas me permettre beaucoup de moments comme celui-ci, des moments où le temps s’écoule et ne sert pas la cause que je défends. C’est si rare que je m’en accorde, en réalité. Lorsque le combat est si grand qu’il faudrait plus d’une vie pour le mener à bien, lorsque vous vous sentez destiné à mener ce combat à la place d’autres, vous devez faire des choix. C’est la paix ou c’est votre vie privée. C’est votre temps ou celui d’autrui. » Son regard se reporta sur la pièce. « Je me fiche des rumeurs sur mon compte. Je sais ce que j’ai fait. Je sais ce que je regrette. Je sais ce pour quoi je peux être fière. Je ne recherche pas la gloire. Je ne peux en vouloir aux individus de me critiquer puisqu’ils ignorent beaucoup de mes actions. Seulement, si j’aimais quelqu’un, je ne supporterais pas d’entendre son nom couvert d’opprobre. Cela me hanterait, me rendrait folle et m’empêcherait de penser à ma mission. L’autre m’importerait tellement que je serais incapable de rester concentrée sur ma tâche et, fatalement, je commettrais des erreurs qui pourraient s’avérer fatales pour ceux qui sont sous ma responsabilité. » Elle sourit, un sourire un peu vague. « Je ne pourrais pas me le pardonner. » « Mais ce n’est pas une vie… Comment peut-on être heureux comme ça ? » demanda Ren, un peu révoltée malgré elle. Elle, elle voulait dire à Isley qu’elle l’aimait et profiter du temps qu’elle passait en sa compagnie. Elle aimait Isiode aussi, même si elle le savait plus difficile d’accès et particulièrement loin. « On ne l’est pas, mais certains doivent se sacrifier pour que les autres le soient. Pragmatiquement, c’est ce qu’il faut faire. Je suis certaine que votre frère… » Elle tourna les yeux vers Isley. « … le sait parfaitement. »

Elle soupira de nouveau. Le fait est qu’elle frissonnait à chaque fois que le corps d’Isiode frôlait le sien, là où lui restait de marbre. Son absence de réaction en sa présence était à la fois sécurisante et désespérante. Elle savait qu’elle devait s’en tenir au plan initial : ne rien lui dire, le laisser agir pour la Paix et faire de même.

« Pour autant, je comprends aussi votre point de vue. Je n’ai pas toujours été Reine, même si je le suis depuis tellement longtemps maintenant que je pourrais facilement venir à douter de la véracité de ma vie d’avant. J’ai aimé quelqu’un, un jour, au point de braver les interdits. Un ancien Empereur du Tout. Eu égard au manque d’amitié entre les Lyrienns et les Magiciens, je vous laisse imaginer la difficulté de la chose. Pourtant, je me fichais bien des ragots. J’étais sans doute un peu naïve. Je n’avais pas encore été confrontée à grand-chose et, à ses côtés, j’avais l’impression que le monde pouvait exploser autour de nous sans que cela ne me fît quoi que ce soit. Il a disparu, lui aussi. Forcément, je l’ai cherché… longtemps. Puis le Lac Bleu a été annexé par les Sorciers et ma situation a évolué. J’ai choisi d’aider mon peuple et je suis devenue Reine. Le temps passant, l’amour a fini par se ternir et notre histoire par ne plus rien représenter, si ce n’est des souvenirs passés qui, parfois encore, me rendent nostalgique. Pour être franche, j’ai pensé durant une longue période que si j’avais pu rester à ses côtés, j’aurais été heureuse, peu importe ma condition, peu importe mon statut. J’ai fini par comprendre que non. Ce qui compte réellement pour moi, c’est mon peuple et cet amour pour lui et la paix que je dois maintenir font partie des raisons pour lesquelles je suis seule. J’aimerais vraiment que l’homme que j’aime ressente la même chose et en vienne à m’embrasser tendrement mais je sais aussi que ce n’est pas une option. » dit-elle, pensive. « Je ne saurais même pas comment gérer les choses… » murmura-t-elle pour elle-même, avant de tourner les yeux vers l’Ange. « Cependant, Isley, chacun est libre de choisir sa voie. Je ne vous jugerai jamais de ne pas avoir suivi le même chemin qu’Isiode. Vous pouvez aider votre peuple à votre manière, en aimant toujours cette femme, elle ou une autre, en envisageant de fonder une famille un jour. Ces choses ne vous seront jamais interdites. Pourtant, tout comme votre frère devrait être à-même de comprendre que vous soyez différent de lui, vous devriez également accepter qu’il ait décidé de tracer sa propre voie, même si les moyens de le faire vous effraient ou vous rebutent. Je pense que vous êtes tous les deux investis dans la relève de votre peuple, lui l’est sans doute plus que vous, ce qui ne fait pas de vous quelqu’un de moins bien. Vous avez simplement des degrés d’implication différents. Pour le reste, qui sait ce que les Dieux vous réservent ? » Elle se tut. « Cette femme que vous aimez, je pense avoir les moyens de la retrouver… Peut-être que ça pourrait vous aider à avancer ? » Ren se redressa un peu et se mit à fixer Isley.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 23 Fév 2020, 01:20

À la révélation de Ren, mes joues s’empourprèrent légèrement de gêne, en raison du manque de tact de l’Orine, ainsi que de surprise, parce que je ne m’attendais pas le moins du monde à une telle annonce de sa part. Pourtant, je finis par lever la tête et l’observer dans le blanc des yeux. Je savais qu’en prononçant ces mots, l’Orine exprimait ce qu’elle avait de plus franc en son cœur, ce qu’elle avait de plus pur et volontaire. Cette déclaration n’avait rien de pernicieux, de sens caché, et n’avisait aucun engagement particulier, si ce n’est celui d’une promesse, une promesse sincère qui toucha et réchauffa doucement mon cœur, à l’instar d’un baume que l’on aurait administré sur mes plaies du passé. C’est pourquoi je la gratifiais d’un sourire, allant même jusqu’à chercher son visage du bout des doigts. Puis, par un geste complètement puéril, je tirais doucement sur ses pommettes pour les rehausser, façonnant de la sorte un pseudo-sourire sur le bord de ses lèvres.

« Ren, quand tu fais ce genre de déclarations, fais-le au moins avec le sourire », la taquinais-je avant de sentir mes joues se soulever à l’action de mon propre rire, qui s’était formé à l’impulsion de la tendresse et de l’amusement.

Enfin, je lui relâchais le visage, reprenant ma position initiale.

« Moi aussi, je t’aime », lui avouais-je par la même sincérité candide et authentique, avant de me rappeler, brusquement, de la présence de l’Ultimage à quelques pas seulement de nous, qui observait la scène.

Pour autant, la Souveraine des Magiciens ne semblât pas s’en formaliser plus que cela, esquissant même un sourire à la volée, avant de reprendre la parole, partageant son impression d’une élocution claire et douce. Cependant, dès les premiers propos qui s’extirpèrent de sa bouche, je sus d’instinct que ce qui allait s’ensuivre n’allait pas nécessairement me plaire. Parce que ces vocables, ce discours, il me semblait entendre mon frère. Pourtant, je l’écoutais sans mot dire, hochant vaguement de la tête lorsque Ren s’interposa. Je pouvais sentir son choc, sa révolte, parce que c’était exactement ce qui vibrait, d’une manière sourde, entre mes deux oreilles.

« Je ne comprends pas… Laissais-je tomber d’une voix pâle à la conclusion de son discours, relevant les yeux dans sa direction. Pourquoi l’amour, la famille, le bonheur, pourquoi toutes ces choses ne me seraient interdites alors qu’elles le seraient pour vous? »

Je ne saisissais pas le moins du monde ce raisonnement. Pourquoi s’infligeaient-ils cela? Pourquoi se bornaient-ils à se restreindre de la sorte? À se rendre malheureux de la sorte?

« C’est incompréhensible », me répétais-je finalement, tout en portant brièvement une œillade vers l’Hanatsu.

Elle avait prêté une oreille tout aussi attentive que moi à son soliloque. C'est pour cela que je ne saisissais pas pourquoi nous avait-elle déclaré, involontairement ou non, ce qui suivait :

« … Au final, l’aimez-vous toujours? Cet Empereur du Tout? » Finis-je par lui demander, n’ayant pas manqué cette étrange transition dont elle avait marqué son discours.

De quelques « si j’aimais quelqu’un », elle était passée à un « homme que j’aime. » Ce n’était pas anodin. Encore moins après avoir écouté un tel monologue.

« Mais qui est juge de cela? Qui est juge de ce que vous pourriez faire ou ne pas faire? De ce que vous devriez ressentir ou non? Alignais-je sans discontinuité, tout en l’observant depuis le bord du lit. Vous… »

Je me redressais légèrement pour être certain de me tenir face à face avec la souveraine.

« Si vous aimez vraiment cet homme, vous devriez aller le voir, lui dire ce que vous ressentez, et cessez de tout prendre, de tout contenir, à l’intérieur de vous. Il pourrait vous surprendre, répondre à vos sentiments! Vous ne pouvez pas le savoir tant que vous n’avez pas essayé! »

J’étais peiné pour la Reine, je le constatais tout en braquant mon regard dans le sien. Peiné de l’entendre dire ce genre de choses. Alors que chacun d’entre nous méritait le bonheur… Cependant, je finis par baisser les yeux, évitant son regard, en signe de pardon.

« J’ai élevé la voix, veuillez me pardonner », m’excusais-je en marquant une courte pause.

J’inspirais profondément, reprenant d’une inflexion plus stable et claire.

« N’avez-vous jamais songé que vous pourriez le regretter? Si le monde s’écroulait, s’il disparaissait, s’il se donnait à quelqu’un d’autre ou – pire… – s’il se faisait tuer, comment vous sentiriez-vous exactement? »

Je fixais un point dans le vide.

« Vous vous faîtes du mal. Et je… je pense saisir votre façon de voir la chose, mais en même temps… Je ne peux me résoudre à vous écouter et donner du sens à vos propos. C’est tout simplement… »

Triste. Douloureux. Solitaire. Cruel. Un silence s’imposa et, à la suite, l’Impératrice Blanche enchaîna. Je ne prononçais pas une parole durant plusieurs secondes. Mes paupières battaient à répétition devant mon regard tandis que mes lèvres, scellées, tremblaient légèrement, comme hésitantes à parler ou à se taire, en attendant qu’elle précise ses intentions.

« … Que voulez-vous dire? » Murmurais-je faiblement tout en plissant des yeux, mon cœur valsant entre la curiosité, la joie et l’incrédulité.

Elle ne mentait pas pourtant, nous étions parfaitement capables de le lire dans le reflet de ses yeux, Ren et moi. Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de tergiverser, d’hésiter. Elle pouvait me permettre de retrouver Araya? C’est tout ce dont je désirais, vraiment, et en même temps… Avais-je peur? Avais-je peur de connaître sa véritable condition? Avais-je peur de savoir ce qui lui était advenu pendant tout ce temps? Je déglutis, les pires scénarios, malgré moi, allaient et venaient dans mon esprit. Les paroles d’Isiode, fatalement, résonnèrent entre mes deux oreilles et, d’un mouvement, je rebaissais les yeux sur le lit, cherchant à me délivrer de l’œillade que m’octroyait sa Majesté, les poings serrés. Mais peut-être est-elle morte… Avait-il laissé entendre, bien des mois plus tôt, après mon réveil, sachant pertinemment que je ne voulais, à tout prix, rien entendre de cette éventualité. Pouvait-elle être morte? Non… Non… Ce n’était pas envisageable. Et pourtant… Je… Je… … …

« Comment feriez-vous cela? »

Mon cœur battait à tout rompre au fond de ma poitrine, tant que, pendant quelques minutes, il fut l’unique chose que je pouvais percevoir dans mon entourage.


1 055 mots | Post VI


It's a little price to pay for salvation
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[Q] - Le vrai du faux | Edwina et Ren Signat20
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Sam 21 Mar 2020, 21:14



L’Impératrice Blanche sourit. « Lorsque vous décidez de vouer votre vie à une seule cause, vous ne pouvez pas, ensuite, la diviser. Lorsque vous décidez de vous battre de toutes vos forces pour les vôtres, matin, midi et soir, vous ne pouvez pas espérer avoir un foyer. Que ferait votre frère avec une femme ? » Elle marqua une pause. « Ou un homme. » C’est vrai qu’elle n’en savait rien, en réalité. Ils n’avaient jamais vraiment discuté de ce genre de choses. « Il devrait partir, la quitter, la laisser. Il aurait peur pour elle. Elle ne supporterait sans doute pas son absence. Je… Quand quelque chose vous obsède au point de remplir votre esprit entièrement, je vous assure qu’il n’y a aucune place pour les relations. Vous devenez bien trop lié à votre cause. Elle devient votre seule compagne, votre seul objectif. Elle devient votre vie. » Ses yeux se posèrent un instant sur l’Orine. Celle-ci ne pouvait s’empêcher de sourire après les actes et les paroles d’Isley. Elle la comprenait. Personne ne lui avait jamais fait ce genre de déclarations. Elle savait que cette dernière n’était pas liée à un amour charnel, mais cet amour restait fort quand même. Elle avait de la chance. « Vous êtes chanceux de pouvoir compartimenter. Certaines personnes le font très bien. Elles vont travailler puis rentrent chez elles le soir, rejoignent leur moitié ou des amis. Elles font la fête, boivent, s’adonnent à des relations sexuelles et vont se coucher, simplement heureuses et satisfaites. Mais… Votre frère et moi, je pense que nous ne fonctionnons pas comme ça. La tâche est trop importante et c’est un choix délibéré que celui de consacrer sa vie à celle-ci. Je ne pense pas qu’il soit à plaindre, tout comme je ne le suis pas non plus. C’est ce que nous voulons. » Le voulait-elle ? Peut-être pas tant que ça. « Si nous venions à nous unir… » Lapsus. « … alors ça ne pourrait être que quelques minutes, volées, entre deux combats potentiellement meurtriers. Avant je prenais du temps pour moi, je prenais le temps de déjeuner tranquillement, de souffler, de plaisanter. Pourtant, avec le temps et depuis le Génocide notamment, mes responsabilités ont envahi mon cerveau. J’y pense, jour et nuit. J’ai pensé à comment protéger les Magiciens. J’ai pensé à comment tromper le Diable. J’ai pensé à comment avoir toutes les informations que je souhaitais. » Elle s’arrêta. « Peut-être que ça paraît Orgueilleux de croire que personne d’autre ne serait capable de prendre le relai et de vouloir que tout passe par moi mais… Je ne souhaite vraiment ça à personne. Le fait est que beaucoup de gens ne sont pas capables de prendre les bonnes décisions et d’aller jusqu’au bout sans sourciller, surtout quand ça demande des sacrifices. Seriez-vous prêt, vous, à assassiner un millier d’hommes si ça pouvait potentiellement en sauver un million ? Prendriez-vous la décision ? »

Elle fut surprise par sa question. « Je… Non, bien sûr que non. Je vous l’ai dit, cette histoire appartient au passé. » Elle réfléchit. Oui, elle avait parlé au présent, plus tôt. Elle rit brièvement à sa réflexion sur l’homme en question, celui à qui elle devrait avouer ses sentiments, selon lui. « Je n’ai pas besoin d’essayer. Ce n’est ni réciproque ni possible. Je vous l’ai déjà dit. Je n’ai pas le temps pour ça. Je n’ai rien de stable à offrir, et lui non plus. » Elle s’interrompit. Ce n’était pas une bonne idée de continuer à discuter de ça. Aimer Isiode était une bêtise et elle en avait conscience. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle faisait disparaître ses sentiments autant qu’elle le pouvait. Ils n’avaient aucun avenir ensemble. Même en admettant la réciprocité, c’était trop incertain. Ils ne pourraient se voir que clandestinement, rapidement, entre deux affaires urgentes. Elle ne se voyait pas renoncer à ses combats. Elle ne le pouvait plus. C’était devenu sa vie. Gouverner, comploter, faire tourner le monde au profit de la Paix, peu importe les conséquences. C’était sans doute la raison pour laquelle l’Æther Passeur avait décliné le rendez-vous. Elle s’accrochait à cette existence bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Mais oui, oui, si elle devait être franche, elle devait admettre qu’elle avait envie qu’Isiode la mette à quatre pattes et la prenne, juste pour noyer un instant ses pensées, juste pour le sentir en elle et ne songer qu'à cela, juste parce qu'elle envisageait qu'ils pussent se comprendre ainsi, juste parce qu'elle savait que l'acte pourrait servir à apaiser les tensions et faire sortir des sentiments enfouis depuis trop longtemps. Peut-être que ça libérerait son esprit de son emprise ? Peut-être que ça l’apaiserait à son sujet ? Peut-être n’était-ce que ça, une envie passagère ? Elle en doutait. Elle avait beaucoup désiré dans son existence et même si elle ne se voyait pas actrice d’une vie simple, elle savait que ce n’était pas que charnel. Elle soupira, se sachant dans une impasse. Ce serait idiot de se voir en coups de vent une fois par mois. Peut-être pas. Peut-être qu’elle ne pourrait vivre l’amour autrement, de toute façon. Peu importait. Isiode n’avait aucun sentiment pour elle et ne devrait pas savoir, jamais, ce qu’il en était de son côté. Elle avait peur que la relation qui s’était installée entre eux durant leurs différentes rencontres se brise. Si elle devait choisir entre ce qu’ils avaient actuellement et le néant, elle préférerait toujours la première option. Ça lui était égal de l’aimer à sens unique. Cet amour finirait par disparaître, comme toujours. Les sentiments étaient périssables, elle voulait le croire. Sinon, ça la torturerait longtemps, surtout la nuit. Elle l'était, torturée, lorsqu’elle se trouvait seule et qu’elle repensait à la conversation qu’elle avait eu avec Lhyæræ au sujet des attouchements. Peut-être qu’elle y avait cédé, finalement. Et peut-être qu’elle fantasmait aussi simplement sur le fait de dormir aux côtés de l'homme, même quelques heures.

Edwina fit un mouvement de la tête, pour se sortir de ses rêveries. C’était idiot. Elle refoula. « Vraiment, je vous assure qu’il ne me surprendra jamais, pas plus qu’il ne répondra à mes sentiments. C’est impossible et inutile. » Elle envisagea qu’Isiode puisse mourir et déglutit. « Ce n’est pas la question. Que se passerait-il si des milliers de gens mourraient à cause de mon inattention ? Si je me perdais dans ses bras et que, pendant ce temps précis, une décision capitale était prise ou une action rapide et néfaste arrivait ? Vous… Les Magiciens ont réussi à sauver des Anges parce que j’étais attentive… Sinon quoi ? Vous auriez sans doute été décimés, jusqu’aux derniers. Il ne resterait plus aujourd’hui que les Anges qui voyageaient en dehors de la Terre Blanche. Sincèrement… même si c’est l’homme que j’aime, je serais prête à le sacrifier au profit du plus grand nombre. » C’était vrai. Peu importe son désir, peu importe son respect, peu importe son amitié, elle ne pouvait laisser ses sentiments personnels prendre le pas sur l’avenir de tout un peuple ou d’un groupe. Si, demain, en tuant Isiode, elle pouvait sauver un millier de Magiciens, elle le ferait. Si, demain, elle pouvait sauver une centaine d’Ygdraë en sacrifiant sa fille alors, oui, elle le ferait aussi. C’était son rôle. Elle pleurerait, beaucoup, sans doute que la voix maléfique reviendrait la hanter, mais elle ne pouvait hésiter sur ce genre de choses, pas quand l’existence de tant d’individus était en jeu. C’était si facile de vouloir ne rien ressentir, bien plus simple. Se détacher de tout et de tout le monde était une solution de facilité, sans doute. Elle ne voulait pas y avoir recours mais ses faiblesses ressurgissaient toujours. Elle n’avait jamais été forte, pas comme elle l’aurait voulu. Elle souffrait de bien des manières mais ce n’était pas ce qu’elle devait montrer. Chaque faille visible était une faille potentiellement exploitable pour ses ennemis. Elle ne savait pas rester de marbre mais le voile aidait. En faisant disparaître son visage, elle avait aussi fait disparaître les émotions qui pouvaient se lire sur ses traits. Il n’y avait pas que des avantages mais s’il y en avait bien un, c’était celui de faire d’elle une figure neutre, toujours droite, impassible, imperturbable.

Elle fut heureuse d’échapper au sujet, en parlant d’Araya. Elle regarda Isley. « Je suis Reine, je peux demander que l’on retrouve quelqu’un sans aucun problème. » Elle avait d’autres moyens, comme Jun. Il lui répondrait sans doute si elle lui posait la question. « Pfff, ce que vous pouvez être ennuyants, même si le début était amusant, je dois vous le concéder. » La voix provenait de l’un des murs. Ren avait disparu du lit et se tenait à présent contre l’homme qui avait passé son bras autour de son cou. Il ne semblait pas particulièrement menaçant. Au contraire, il déposa un baiser sur la tête de la rouquine. Il contrôlait légèrement ses émotions pour qu’elle ne cède pas à la panique. Elle rougit, totalement gênée. « À vrai dire, pour être franc, je préférerais que l’Impératrice Blanche en pince pour vous, plutôt que pour votre frère. J’ai vraiment l’impression qu’il a un balai dans le cul et comme elle ne fera jamais le premier pas parce que sa passion dans la vie c’est d’imaginer des choses – souvent pas très sages d’ailleurs... » Il rit, espiègle. « … avant qu’il ne se passe quelque chose entre eux, on peut encore attendre trois Ères. Hein, Isiode ? » dit-il sans raison apparente, en faisant un clin d’œil en direction d’Edwina. « Alors qu’entre vous deux… ça pourrait vite devenir brûlant. » Il sourit. Impossible de savoir s’il était sérieux ou non, s’il voyait le futur ou s’il émettait simplement des hypothèses. Il finit par lâcher l’Orine qui courut se refugier contre Isley. Elle se blottit contre lui en l’agrippant. La mine de Jun changea légèrement et il s’avança pour faire face à l’Ange. Il soupira, semblant soudain bien plus embêté. « Je pense que vous devriez faire votre deuil. Vous le savez, au fond de vous, ce qu’il en est pour Araya. » Il comprenait. Il n’aurait pas souhaité qu’Edelwyn meure. « Je vais faire quelque chose pour vous, juste le temps d’une nuit. » Il tourna le visage vers Edwina. « Venez. Et vous, retournez dans votre cabine. » dit-il à l’attention de l’Orine qui s’exécuta. « Nous allons les laisser seuls. » murmura-t-il, en attrapant la main d’Edwina. Lorsqu’ils disparurent, une silhouette nouvelle apparut, revenue du Monde des Morts pour quelques heures, celle d’Araya.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 22 Mar 2020, 19:04

Serais-je capable de tuer un millier d’hommes dans l’unique besoin d’en sauver un million? Serais-je prêt à prendre une telle décision? Si j’avais soutenu le regard de la Souveraine tout du long, à ces dernières questions, je dû m’avouer vaincu, mes pupilles se mettant à trembler à l’intérieur de mes yeux.

« Non… Laissais-je entendre sur le bord de mes lèvres, mes poings se refermant doucement. Je… Je ne me l’imagine même pas… »

Je déglutis difficilement. Votre amour, pourtant, pourrait suffire, non? C'est peut-être tout ce dont il aurait besoin… Seulement, la Reine semblait être arrêtée sur son idée et je ne me sentis pas à l’aise de répliquer. Cependant, à l’entente du génocide angélique, un voile de gêne s’abattit sur les lignes de mon faciès, mais lorsqu’elle mentionna qu’elle serait prête à tuer l’homme qu’elle aimait pour la préservation du plus grand nombre, mon cœur rata un battement.

« … »

Elle le disait maintenant, sans contexte, sans autre concrétisation que les mots qu’elle venait de nous transmettre, à Ren et moi, mais dans le feu de l’action, serait-elle vraiment capable de le faire? Serait-elle vraiment capable de mettre fin aux jours de celui qu’elle aime? Je me mis à la contempler. Son visage était résolu. Aucune hésitation ne perlait, par ailleurs, dans le fond de ses yeux… Serait-elle vraiment capable d’une telle chose? Ma sensibilité m’empêchait de comprendre son fonctionnement. Elle était prête à sacrifier son propre bonheur pour le bien commun. Je… En serais-je moi-même capable? Je n’en savais rien. Ma tête me brûlait.



Le sujet d’Araya revint sur le plancher et aux paroles de la Magicienne, je clignais quelques fois des yeux. Ah. Ah… Oui, oui, c’était certain : elle était Reine, elle avait de la ressource. Je sentis une chaleur coupable chatouiller mon visage, prenant conscience de ma propre naïveté. Lorsqu’elle avait émis l’idée de m’aider à retrouver la trace d’Araya, je m’étais imaginé qu’elle userait de ressources un peu plus spectaculaires, du domaine de la magie, de la divination, voire même de l’ensorcellement. Je relâchais un rire nerveux, tout en me massant la nuque, maudissant quelques secondes mon imagination affolée.

« J-Je me doute… Hahaha… Allez savoir pourquoi, je pensais à des moyens plus singuliers, insolites. J-Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à ça et… »

Et j’avais la nette impression que si je faisais sortir un mot de plus de cette gorge, je m’embourberais définitivement dans ma nervosité. C’est pourquoi, après quelques secondes à aligner des excuses sous couvert d’embarras, je finis par me taire, baissant les yeux, évitant au possible le regard de l’Impératrice Blanche. Seulement, c’était avant que je perçoive la voix qui s’était élevée dans la pièce et qui faillit arrêter mon cœur sur place. Je bondis brusquement hors du lit, remarquant, avec stupéfaction le dessin de deux silhouettes qui se détachaient des ombres de la nuit.

« Que…! »

Paniqué, mon regard allât du lit aux deux individus, des deux individus au lit, et le manège se poursuivit durant une fraction de seconde, comme si mon cerveau n’arrivait pas à concevoir ce qui se produisait présentement : la place qu’avait tenu Ren, quelques secondes plus tôt, était désormais complètement vide. Elle se trouvait, plutôt, tout près de cet homme à la longue chevelure sombre, qui arborait un sourire en coin, et qui s’était penchée au-dessus de sa tête pour embrasser les mèches de ses cheveux. Mes pensées roulaient à toute vitesse entre mes deux oreilles, alors que j’analysais la situation. Mais à un moment, tout se suspendit dans mon esprit. Mes yeux se plissèrent pour examiner le visage de l’étranger. Ces traits, ce visage, et ces yeux… C’est… À ce constat, je me glaçais, paralysé par l’inquiétude et la révolte, tétanisé par l’effroi et la violence. Que faisait Jun Taiji ici? Que faisait le Prince des Cauchemars dans ma cabine?! J’eus un frisson, n’ayant plus en tête que Ren. Et, inconsciemment, l’armurerie d’Imaginaery s’activa et, telle une impulsion, une simple réponse de mon corps à l’instinct, une lame apparue dans le creux de mes mains. L’aura qui se dégageait de l’homme n’était en rien dangereuse, agressive ou menaçante, bien au contraire. Pourtant, mon esprit et mon sang me criaient de faire attention. Je ne l’avais jamais vu de mes propres yeux, si ce n’est dans les livres et les œuvres qui le dépeignaient, mais j’avais entendu des histoires à son nom, des atrocités, et cet ancien Empereur Noir tenait Ren.

J’aurais voulu aligner quelques mots, lui demander de lâcher Muramasa sur-le-champ, mais ma bouche ne répondait pas; j’aurais voulu bouger, mais mes jambes ne me répondaient pas; j’aurais voulu soulever mon épée, mais mes bras ne répondaient pas. Et mon corps palpitait d’un sentiment mêlant la terreur et l’impuissance. Je déglutis, mon oreille portant tout de même attention aux propos de l’homme.

« V-Vous dîtes n’importe quoi… » Soufflais-je, ébranlé, tournant pourtant mon regard vers l’Ultimage.

Son expression me secoua, littéralement. C'est… pas vrai?! Mon être se mit à trembler, mes yeux s’écarquillèrent, et au rire du Prince, j’avais rapidement reporté mon attention dans sa direction, les dents serrées. Je ne savais plus si je devais être terrifié, choqué, troublé ou simplement mal à l’aise devant les mots et les actes du Taiji, mais lorsqu’il finit par libérer l’Hanatsu de sa poigne, toutes ces impressions s’envolèrent de mon esprit.

L’épée que j’avais en main se réduisit en poussière et, d’un geste, j’accueillis Ren contre moi, enserrant aussitôt ses épaules de mes bras.

« Ça va? Tu n’as rien?! » Lui murmurais-je tout en l’incitant à me regarder.

Je me permis de l'examiner quelques secondes, de la tête jusqu’aux pieds. Voyant qu’elle était surtout secouée, je relâchais un long soupir de soulagement, adressant à l’Orine un sourire à la volée, espérant lui communiquer un peu de Force à travers le Sanctuaire d’Ahena afin que la panique, que je sentais palpiter en elle, se modère et se détende. Et, peut-être, le faisais-je aussi pour moi. C’était même presque sûr en fait. Peu importe. Tendrement, mes mains se glissèrent jusqu’à son dos, que je me mis à caresser de haut en bas, dans un geste protecteur et rassurant, renforçant ainsi mon étreinte autour de sa taille pour lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à craindre.

Seulement, je relevais la tête en direction de l’homme. Il s’était approché, visiblement ennuyé, toute moquerie ayant soudainement fondu de ses traits. Je fronçais des sourcils tout en gardant plus solidement Ren dans mes bras. Mon pied glissa discrètement vers l’arrière à son approche.

« Je pense que vous devriez faire votre deuil. Vous le savez, au fond de vous, ce qu’il en est pour Araya. »

Arrêt. Suspension. Mon cœur cessa tout bonnement de battre alors que mes yeux se mirent à dévisager le Taiji.

« Je vais faire quelque chose pour vous, juste le temps d’une nuit. »

Mes paupières battaient follement devant mes yeux, tandis que mon cœur, plus fortement, venait de reprendre ses pulsions. Je pouvais le sentir cogner contre ma poitrine. Fort, si fort, que j’avais l’impression qu’il voulait s’en extirper, s’évader. Q-Qu’est-ce qu’il disait?

Cependant, je n’eus le temps d’énoncer mon interrogation, coincée au plus profond de ma gorge – et peut-être encore en analyse entre mes deux oreilles –, alors que le Prince des Cauchemars entraînait l’Ultimage hors de la cabine et que Ren, d’une rapide enjambée, quitta la pièce sans demander son reste. Vivement, je repris pied, me précipitant vers la porte qui se referma soudainement devant moi. J’arrêtais de respirer, portant immédiatement mon poing sur la poignée. Mais avant même que mes doigts l’enveloppent et la tire…

« I-Isley? »

L’ensemble de mon être cessa tout mouvement, toute activité, toute réflexion.

« Isley… Eh… »

Je dû déployer toutes mes forces pour me retourner.

« A… A… »

Son nom m’échappait. Son nom m’écorchait la gorge. Mes yeux s’écarquillèrent alors que tout mon corps se colla contre la porte. La jeune femme se tenait debout dans la noirceur de la nuit, sa silhouette se distinguant grâce aux lueurs de la Lune qui traversait le hublot. Je l’observais entre l’effroi et la joie, entre l’angoisse et l’incrédulité, la tristesse et le bonheur qui, soudainement, semblait avoir été retrouvé. Et pourtant, je ne bougeais toujours pas, incapable de dire s’il s’agissait d’une illusion ou de…

« A-Araya…? »

Mon timbre était faible et tressautant, incertain et étranglé. Mes yeux étaient plissés et humides. J’étais partagé, déchiré, ne sachant si je me devais de croire ce qui se produisait actuellement ou vivement le rejeter.

« E-Est-ce vraiment… Est-ce vr-vraiment toi? »

~ La suite des événements se poursuit dans le RP suivant, Les Rois des Gorges - Post IV ~


1 411 mots (sans les paroles de Jun) | Post VII | FIN


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[Q] - Le vrai du faux | Edwina et Ren Signat20
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