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 [Q] - Aux cœurs écervelés

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 13 Déc 2019, 18:56



« L’Imperio Navia va vous recevoir, Baron. » J’avais attendu longtemps mais n’en étais pas mécontent. Les jours que j’avais passé en mer avaient été épouvantables. Je n’étais atteint d’aucun mal lié au transport par bateau mais il semblait que certains traumatismes continuassent de me hanter malgré le temps. L’homme que j’avais considéré comme mon père durant des décennies était mort lors d’une de ses missions parmi les Sirènes. Zachary était particulier. Je ne l’avais pour ainsi dire jamais porté dans mon cœur mais lorsqu’il avait péri, la panique avait secoué ma famille toute entière. Les Sirènes avaient été à de nombreuses reprises mentionnées entre les sanglots et le deuil et je m’étais, depuis, méfié des espaces marins trop sinueux. Je n’aimais pas les traverser. L’exercice me plongeait dans une angoisse profonde. J’avais appris à la maîtriser en grandissant et en me renforçant mais elle n’avait jamais disparu. J’étais plus irritable et instable dans ces conditions. J’avais donc été heureux de fouler la terre ferme, peu importe que cette terre me soit inconnue et potentiellement dangereuse. J’avais fait en sorte que ma présence ne s’ébruite pas mais je restais réaliste : quelqu’un parlerait et la nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre. J’espérais simplement être reparti avant que Laëth n’en prenne connaissance.

Mon escorte me laissa devant la porte, m’enjoignant d’un signe de main d’entrer, ce que je fis. Mes yeux se posèrent sur un homme, debout devant des plans. Les battements de mon cœur me semblèrent ralentir presque instantanément. Je les sentis résonner à l’intérieur de mes tempes. Je le sentais : cet homme était un danger. Je ne souris pas, me contentant de m’avancer davantage. « Bonjour, merci d'accepter de me voir. Je suis le Baron Kaahl Paiberym. » Ce n’était que pure formalité. Il savait qui j’étais et pourquoi je venais. « Ramiel Vaughan. » me répondit-il. Son sourire indiquait qu’il était enchanté ou, au moins, que ma présence ne lui posait fondamentalement aucun problème. Il m’invita à m’asseoir. Je m’exécutai et le regardai. Je sentais qu’il y avait entre nous quelque chose de particulier. J’avais décelé le danger à l’instant même où je l’avais découvert. Une analyse brève me conduisait à penser que, en sa présence, aucune erreur ne m’était possible. Je n’avais aucune certitude mais c’était comme si nous nous reconnaissions mutuellement pour ce que nous étions : deux manipulateurs. Je finis par esquisser un faible sourire de circonstance. J’étais ici pour éteindre les rumeurs, pas pour m’amuser. Son Esprit était aussi verrouillé que le mien. Impossible d’en fracturer l’entrée. Le silence s’installa longuement. Nous nous jaugions. Je comprenais sans mal qu’il ne servait à rien d’essayer de l’amadouer.

----

L’anneau était prodigieux. Je n’avais besoin d’aucun déplacement, d’aucun contact, avec qui que ce soit. L’artefact me donnait accès à l’ensemble des informations du réseau d’espionnage sorcier, triées selon mes demandes. Il me suffisait d’une pensée pour envoyer les hommes et les femmes qui étaient sous mon commandement dans différentes missions. J’avais accès à leur position, tout le temps. En contrepartie, je ne bénéficiais pas d’un statut officiel. J’étais simplement le porteur de l’un des anneaux. J’avais rapidement compris que le Kamtiel devait rester sans visage, reconnu mais non connu. La chevalière était trop précieuse. Le pouvoir qu’elle renfermait était puissant. Si je la perdais et si elle tombait entre de mauvaises mains… Il ne valait mieux pas l’envisager. La praticité de sa magie et son accessibilité prouvait à quel point celui que j’étais devenu possédait la confiance absolue de la royauté. Je n’aurais eu presque rien à faire pour livrer le peuple des Mages Noirs dans son ensemble à l’ennemi, toutes les tactiques, toutes les stratégies, tous les espions. Terrible et fascinant à la fois. Du moins, c’était ainsi que je voyais les choses. Peut-être que l’objet était en réalité protégé par une magie puissante qui en empêcherait l’accès à un tiers. Peut-être aussi qu’il me tuerait à la moindre pensée traîtresse. Je l’ignorais et je n’allais pas vérifier. Je ne m’en sortirais pas vivant.

J’avais passé quelques jours à apprendre à m’en servir. Les jours suivants avaient servi à essuyer mon angoisse. C’était beaucoup, trop. L’accessibilité, la connaissance, le poids de la responsabilité, le risque de perdre l’anneau, les problèmes dus à mes différentes identités, tout ceci m’avait rendu malade. Devais-je le porter si je buvais la potion angélique ? Devais-je le cacher ? Comment faire pour oublier son emplacement ? Comment contrôler l’Ange, qui voudrait sans aucun doute révéler ce que je savais ? Comment ne pas retomber dans mes obsessions malsaines alors que je pouvais exiger tout ce que je désirais des espions ? Finalement, une fois que ma peur avait diminuée, j’avais fini par prendre le contrôle de l’artefact. J’avais voulu savoir, pour Laëth notamment, puisque les rumeurs ne cessaient pas. Peu importe l’état du monde, les lunes rondes et rouges, les Démons aux ailes blanches, il semblait que les histoires d’amour aient toujours la préférence des Magiciens. Plus c’était grivois, plus ça les émoustillait.

L’état de l’enfant des Réprouvés m’avait finalement fait revoir mes plans. J'avais décidé, peu après avoir pris connaissance de la situation, de partir pour les Terres d'Iyora.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 14 Déc 2019, 00:06



Comme le silence ne semblait pas vouloir se rompre seul, je finis par m’éclaircir la gorge. En toute sincérité, j’étais certain que nous aurions pu entretenir une discussion silencieuse, d’esprit à esprit, si nous n’étions pas tous deux indisposés à révéler nos pensées. Ce n’était pas un mal en soi. Nous étions simplement prudents, l’un comme l’autre. « Je m’excuse de vous déranger. J’aurais pu écrire une lettre pour m’expliquer mais j’ai pensé que me présenter en personne vous témoignerait davantage de ma bonne volonté et de l’importance que je porte à l’affaire. Je ne suis pas ici pour voir Laëth Belegad. Je ne la fuis pas, comprenez le bien, mais je pense que ma présence à ses côtés ne serait pas souhaitable. » Mon regard ne le quittait pas. Je n’aurais d’ailleurs détourné les yeux pour rien au monde. Je me demandais à quel point il était fin manipulateur et à quel point il était capable de comprendre les manœuvres d’autrui. Il valait mieux que j’évite de lui mentir. Il était préférable que je m’en tienne au strict minimum et que je reste honnête. « Continuez. » répondit-il. Il m’intriguait. J’étais parfaitement conscient que tout ce qui m’intriguait pouvait devenir dérangeant et d’autant plus dangereux.

----

À l’attention de Priam Belegad.

Nous n’avons jamais eu le plaisir de nous rencontrer mais votre sœur, Laëth, m’a parlé de vous. C’est pour cela que je me permets de vous écrire cette lettre. Je sais à quel point elle tient à vous et à quel point l’inverse est vrai également. J’ai conscience que la situation est particulière et, croyez-moi, j’aurais préféré d’autres circonstances pour me présenter à vous. Cependant, même si je suppose qu’elle saura faire cesser vos craintes mieux que moi, je me devais de vous adresser ces quelques mots.

J’ai eu le malheur de me confier au sujet de Laëth à une personne qui n’a pas su tenir sa langue. La chose aurait pu rester modérée si d’autres considérations n’avaient pas surgi d’un même temps. Je ne vous ferai pas l’offense de partir du principe que vous ignorez ce qu’il se dit. Les rumeurs sont si nombreuses qu’il devient complexe de savoir ce qu’il en est vraiment et je voulais chasser vos doutes. Voici donc ma vérité.

J’ai rencontré Laëth lors de cette étrange réception à laquelle vous étiez également convié si je ne me trompe pas. Je l’ai poursuivie lorsque j’y ai été obligé dans le labyrinthe que notre hôte nous a imposé. Si je regrette mon comportement d’alors, je ne regrette pas de l’avoir rencontrée. Je ne peux cacher nourrir à son égard des sentiments profonds que je semble être le seul à ressentir pour le moment. Votre sœur m'a clairement fait comprendre son trouble et nous n’avons fait qu’échanger un baiser. Je vous promets qu’il ne sait rien passer d’autre entre elle et moi et que je serais bien incapable de la forcer à quoi que ce soit. je veux respecter ses volontés et me ferais horreur si je venais à briser mon engagement. L'envisager seulement me répugne. Je ne désire que son bonheur, qu'il soit avec moi ou non.

Ces rumeurs qui entachent son image me sont insupportables et je n’ose imaginer ce qu’il se passerait si elle les apprenait. J’aime beaucoup votre sœur. Je sais qu’elle est forte mais elle est aussi très sensible. Je ne veux surtout pas que mon besoin de me confier dans une situation désespérée la blesse profondément. Ça me briserait le cœur. C’est pour cela que je vous écris. Ne doutez pas d’elle, ni de sa vertu. Je suis le seul fautif et ai pris la décision de me déplacer jusqu’aux Terres d’Iyora pour m’assurer de la situation et rétablir la vérité si besoin est. Je ne compte pas y rencontrer votre sœur. J’ai peur que ma présence à ses côtés n’aggrave la situation inutilement. Je ne pense pas être capable d’arrêter de souhaiter la voir mais ce sera dans d’autres circonstances, si elle le désire toujours.

J’espère que nous aurons l’occasion de parler de vive voix un jour lorsque les choses se seront apaisées. J’adorerais en savoir davantage sur la culture de Lumnaar’Yuvon qui a forgé une femme aussi exceptionnelle que Laëth. Vous devez être particulièrement fier d'elle.  

J’espère vous avoir rassuré et m’excuse sincèrement pour les désagréments que mes doutes et confidences ont pu vous causer.

Kaahl Paiberym, Baron du Duché de Darin.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 15 Déc 2019, 10:50



Aux cœurs écervelés


« Je sais que les bruits sur ma prétendue relation avec Laëth sont arrivés jusqu’ici. » Il eut un léger mouvement, presque imperceptible. « Vous êtes bien informé. » Je me demandais ce qu’il savait de moi. Je jouissais d’une certaine popularité chez les Magiciens mais certainement pas chez les Anges. « Je sais aussi que le doute de ses pairs quant à une éventuelle grossesse la ronge. » « Nous n’avons pas encore réussi à déterminer si elle porte un enfant ou non. Ces doutes sont légitimes compte tenu de la situation. » Sa voix était calme, sa respiration posée. Il était bénéfique mais je ne doutais pas un seul instant qu’il aimât surveiller ceux qui étaient sous son commandement. Comme je n’avais fait aucun commentaire sur le sien, il avait eu l’élégance de ne pas insister. Cela ne voulait pas dire qu’il avait oublié. Sans doute y ferait-il une nouvelle allusion plus discrète dès que l’occasion se présenterait. « J’en suis conscient mais je peux prouver qu’elle dit la vérité sans qu’aucun examen complémentaire n’ait besoin d’être effectué sur elle. » S’ils n’avaient pas réussi à déterminer la grossesse ou non, il n’était pas illogique que j’en déduise qu’un premier examen avait eu lieu.


« Je… » Il devait se demander ce qu’il me prenait d’un coup. Je ne l’avais pas recontacté depuis un certain temps et je débarquais chez lui sans prévenir. Je n’avais pu faire autrement. Seul, mon esprit ne cessait de me torturer. J’avais besoin de lui. Je voulais sentir sa peau sous mes doigts et ses lèvres contre les miennes. J’avais envie de parler. Plus qu’une envie, c’était un besoin. Je ne pouvais plus garder tout ça pour moi. J’étais donc venu, sans réfléchir. Je n’avais pas attendu qu’il m’ouvre. J’étais entré et avais constaté qu’il n’était pas seul. « Dégage. » lançai-je à la jeune femme d’une voix exaspérée, y ajoutant assez de magie pour qu’elle obéisse sans même ne serait-ce qu’envisager de remettre son haut. Je serrai les dents en la fixant partir, sachant pertinemment qu’elle allait s’enfoncer dans les rues sombres et marcher, marcher, encore et encore, pour s’éloigner au maximum de moi. Elle retrouverait ses facultés plus tard. Je déglutis. La puissance qui coulait dans mes veines m’effrayait. La puissance que j’avais acquise en devenant le Kamtiel me terrorisait. La chevalière qui se trouvait à mon doigt m’empêchait de dormir. Mon regard devait être celui d’un fou et d’un homme fatigué. Ce n’était pas tout. Il y avait eu cette transformation, ce corps fait de rien, incapable d’adhérer au monde des vivants et ces êtres que j’avais vu pour la première fois et qui ne cessaient de hanter chaque seconde de mon existence. C’était comme être observé en permanence sans savoir quelle monstruosité en ce monde pouvait tirer partie des informations que ces choses, les Esprits, détenaient. J’avais compris brutalement que je n’étais jamais seul, qu’il y avait toujours des spectateurs silencieux et invisibles pour étudier mes faits et gestes. Ce n’était pas tout, toujours pas. Je possédais actuellement sept millions de Momies prêtes à bouger sur un simple commandement. Pourquoi ? Pas par mérite, pas grâce à un travail acharné mais parce que mon père avait décidé de nous offrir, à mon frère et moi, un présent. Sept millions d’anciens Anges tombés au combat, enrubannés, les orbites vides, prêts à tout. Ce n’était pas tout, à croire que jamais la liste ne s’arrêterait. Malgré ma position, malgré ma puissance, j’étais incapable de contenir ces foutues rumeurs que les Magiciens et les Anges crachaient à longueur de journée sur le dos de Laëth. J’étais stupide, stupidement impuissant et les conséquences non souhaitées de mes actes me rendaient malade. Avaient-ils conscience, tous ces cons, des répercussions que leurs comportements pouvaient avoir ? Je le savais. Je le savais parce que j’avais déjà été la cause du mal-être d’autrui, de tentatives de suicide et de suicides. J’avais déjà violé, j’avais déjà torturé, j’avais déjà tué et je savais aussi à quel point les mots pouvaient être plus assassins que les actes. Je refusais que quiconque la touche. Je refusais que quiconque lui fasse le moindre mal. Je la ferais souffrir si l’envie m’en prenait mais j’interdisais formellement à ces chiens de la blesser. Ce n’était toujours pas fini.

Je m’avançai vers le Déchu. Il était encore assis sur le canapé. Je montai sur lui, une jambe de chaque côté de ses cuisses, et passai mes doigts dans ses cheveux. Ma peau était irritée, absolument partout. J’avais passé des jours à me laver plus que nécessaire, pour effacer la marque du corps de cette femme sur moi. Y repenser me donnait la nausée. Il n’y avait pas que sa laideur et la texture de sa peau. Je savais que l’une des deux était ma mère. J’étais en train de sombrer trop loin. Je ne pouvais le supporter, surtout après ce que j’avais appris ensuite. Tout était vain, tellement vain. Je l’embrassai, tremblant.

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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Dim 15 Déc 2019, 16:11

    Mad about you - Hooverphonic ~ Service d'étage [Q] - Aux cœurs écervelés  1844408732

    J’aimais ce que je voyais. Sa poitrine était en forme de poire et j’étais en train d’imaginer mon doigt glisser de sa gorge à son téton. C’était comme un tremplin. J’étais sans doute un peu infantile parfois mais j’aimais les seins. Les fesses aussi. En fait j’aimais un peu tout, ce qui faisait de moi un homme facile. Ça ne me dérangeait pas le moins du monde parce que ma facilité d’accès me permettait de m’amuser presque toutes les nuits ; les jours aussi. J’avais diminué la cadence ces derniers temps pour plusieurs raisons. J’étais davantage occupé, mon Péché était bien plus contrôlable et mes pensées étaient tournées vers autre chose.

    Alors que j’allais effleurer le bout durci de son sein avec mes dents pour la deuxième fois, un bruit inhabituel me tira de mon activité. Mes yeux s’écarquillèrent devant l’invité surprise. Jamais il n’avait fait ça avant. Je me demandais souvent pourquoi personne ne le désignait comme le Psychorigide. Peut-être que si je commençais à l'appeler ainsi, d'autres suivraient. Le dernier surnom en date, l’Ange de Volatys, m’avait fait pouffer de rire. Il était autant angélique que la mue était agréable. Il me rendait fou.

    J’aurais pu profiter de sa présence pour l’asticoter mais quelque chose n’allait pas. Son irruption dans la pièce venait de me donner la chair de poule. Les poils des mes avant-bras étaient dressés comme s’ils tentaient de me crier de m’en aller avant qu’il n’essaye de m’étrangler. Il avait déjà essayé la fois où je lui avais fait comprendre qu’être soumis au lit était sympa mais à petites doses et que s’il voulait continuer à satisfaire ses fantasmes, il fallait qu’il me laisse satisfaire les miens. L’Ange de Volatys… tss. L’Égoïste au lit oui. À force, j’avais néanmoins réussi à le faire plier. J’étais très fier de moi.

    J’aurais pu rattraper la jeune femme aussi mais le laisser seul m’apparut être la plus mauvaise idée de la soirée. Il n’était pas comme d’habitude. La surprise de le voir chez moi alors qu’il ne m’avait pas prévenu, ses yeux vitreux et cernés ainsi que le pli sur sa chemise m’indiquaient qu’il n’était pas au meilleur de sa forme. Pourtant, de ce que je savais, il avait obtenu ce qu’il désirait. J’avais peur, pas de ce qu’il pouvait me faire puisque je pensais avoir dompté la bête en partie, mais à cause de son état.  

    Je le laissai donc approcher sans bouger. Il semblait anéanti. Je répondis à son baiser, mes doigts rejoignant inconsciemment les boutons de sa chemise pour les lui défaire. La sensation de sa peau contre la mienne me fit froncer les sourcils. Ce n’était pas comme d’habitude. Je m’écartai de sa bouche pour le regarder et mon index parcourut les dégâts.

    Adam : « Ce sont des eff… »

    Ma première pensée avait été pour des effets secondaires dus à l’explosion de Valera Morguis mais j’avais été griffé plus d’une fois et, pour avoir fait l’amour souvent à-même un tapis ou une moquette, j’étais incollable sur les conséquences de frottements trop répétitifs sur la peau. Je doutais que quelqu’un soit responsable de son état. Il ne restait qu’une seule solution plausible : il s’était fait ça. Pourquoi ? Je préférais ne pas poser la question. Il parlerait s’il le désirait.

    Adam : « Tu sais que je suis là pour toi si tu veux en discuter. »

    Mon index fit place à ma main en entier. Je me mis à le caresser doucement et fis glisser le tissu lentement sur ses épaules puis ses bras. Comme je savais qu’il ne tolérerait pas que je laisse tomber sa chemise par terre, je m’arrêtai un temps pour la plier et la poser sur le dossier du canapé. Je m’approchai et me collai à lui. Il était un peu plus haut du fait de sa position, ce qui me laissait le champ libre pour abuser de son cou. Mes mains passèrent dans son dos. Parfois, je sentais qu’il s’était frotté jusqu’au sang. D’autres fois, les griffures avaient fait enfler la zone atour d’elles. Il ne s’était pas soigné. Il me faisait vraiment peur.

    Je laissai mon buste descendre vers l’assise, l’entraînant avec moi pour que nous soyons tous les deux face à face, sur le côté. Je le regardai un instant avant de passer mes doigts dans ses cheveux. Je l’embrassai.

    Adam : « Parle-moi. »  

    J’avais changé d’avis. Je voulais savoir parce que quelque chose me disait que s’il ne me parlait pas à moi, il ne parlerait à personne d’autre et que son état s’aggraverait.

    À chaque fois qu’il venait, j’avais envie de lui. Il me rendait fou de désir mais ce n’était pas la seule folie qu’il provoquait en moi. Je l’avais deviné.

    Je l’embrassai de nouveau et ma voix se fit bien plus ferme.

    Adam : « Allez. »

    Certains pouvaient croire qu’il valait mieux essayer de l’avoir par la ruse mais j’avais compris que non. C'était même la pire idée au monde. Pour obtenir quelque chose de lui, il fallait être soit désintéressé soit autoritaire, franc et direct. J’étais sincère et son état m’importait. Autoritaire, je savais l’être lorsque c’était nécessaire. Ce n’était pas ce que je préférais mais, pour lui, j’étais prêt à faire des concessions et à passer pour le méchant de l’histoire.

    871 mots



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 16 Déc 2019, 22:25



Aux cœurs écervelés


Je voyais bien qu’il restait maître de lui, distant tout en étant concerné. Ses yeux me quittèrent un instant pour se poser sur un carnet. Je pus deviner assez facilement que la présence d’un nouveau médecin en Terre d’Iyora avait été demandée. Je fis claquer ma langue contre mon palais. Il le nota, son regard me revenant enfin. J’émis un léger soupir désabusé, m’avançai et plaçai mes deux mains sur le bureau qui nous séparait après avoir jeté les documents que je tenais précédemment dessus, sur les plans. « Comprenez-moi bien, je ne veux pas vous manquer de respect mais le peu de confiance que vous lui portez m’afflige profondément. Je trouve inadmissible que Laëth ait à subir des examens pour savoir si elle est enceinte ou non sur le fondement de simples rumeurs. » J’avais haussé la voix. Il me fixait toujours. « Baron Paiberym. Vous devez comprendre que ces examens sont exécutés avant tout pour sa protection et celle de l’enfant, si enfant il y a. Ces terres sont encore inexplorées et potentiellement dangereuses. Nous ne voulons pas prendre de risque. Il ne s’agit pas de la juger. » « C’est pourtant ce qu’il se passe. Ces examens… N’avez-vous donc pas envisagé qu’ils pourraient la perturber ? Il s’agit de son corps et quand bien même elle accepterait tout ce qu’il faudra pour pouvoir rester dans ces expéditions parce qu’il s’agit de son rêve, je ne suis pas certain de son plein consentement. Vous allez la torturer pour rien ! Elle est vierge, pas besoin d’être médecin pour le comprendre ! » Comme j’avais haussé le ton, je finis par pousser un soupir et m’assis, serrant l’arrête de mon nez entre mon pouce et mon index. J’avais mal au crâne. Ramiel n’était pas le genre d’homme à s’énerver. Je ne l’étais pas non plus en temps normal. Mes frustrations grouillaient dans mes entrailles et ne s’en échappaient qu’en de rares occasions que je choisissais. Il passa sa langue sur ses lèvres et croisa ses mains devant lui. « Je suis heureux de constater que vous êtes concerné par ce souci mais je suis sûr que si nous étions dans la situation inverse, vous me diriez qu’il ne s’agit que de mots et non de preuves. » Je savais qu’il avait raison. Que pouvais-je répondre ? Que j’avais la fâcheuse tendance à me transformer en Vampire et que mon instinct me dictait que l’Ange était intacte ? Que j’avais un miroir qui me permettait de l’observer et que j’avais fini par comprendre que, hormis quelques amours, elle n’avait aucune expérience ? Que j’avais pu le déduire des paroles qu’elle avait prononcé devant moi alors que nous étions tous les deux nus dans une source thermale ? Bien sûr que non. Heureusement, j’avais une preuve véritable de ce que j'avançais, signée par deux professionnels émérites. Je me redressai légèrement et lui fit un signe du menton vers les documents. Il tendit la main et les parcourut.


Pourquoi est-ce qu’il faisait ça ? Si j’avais été à sa place, si j’avais eu l’occasion de voir le Prince des Sorciers dans un tel état, je l’aurais probablement achevé. Il savait ce que j’avais déjà fait, ce que je faisais et ce que je ferais probablement d’ici peu. Alors pourquoi ? Je fermai les yeux et me tournai pour que mon dos repose sur les coussins. J’amenai mon avant-bras sur mes yeux et restai là quelques secondes. Il aurait pu faire apparaître une dague et me trancher la jugulaire ou me la planter dans l’estomac ou le cœur. Il avait déjà eu mille occasions qu’il n’avait jamais saisi. J’avais envie de disparaître. « Je… » Je déployai l’Extinction afin de protéger nos discussions des oreilles indiscrètes. Je savais que ça ne fonctionnait pas contre les Esprits. C’était un autre monde, une autre dimension inatteignable pour ceux qui vivaient toujours. Comment pouvais-je être aussi faible alors que je n’avais jamais détenu tant de pouvoirs entre les mains ? Tout semblait parfait. Tout aurait dû l’être. « Cette femme, elle me… » Il devait se demander de quelle femme je parlais. Ce n’était pas Laëth. Si j’avais effleuré les courbes de l’Ange, j’aurais été dans un tout autre état. « Son corps était si… répugnant. J’ai dû… » Je ne me sentais pas bien. Ce n’était pas dû qu’à l’absence soudaine de magie. J’avais envie de vomir. Elle hantait mes cauchemars. Sa peau se délitait à chaque mouvement, sa texture était celle de la vase, une chair décomposée et puante que j’avais dû endurer. Je n’avais pas pu, pas comme ça, pas sans aide. Comment aurais-je pu refuser de le faire ? Il en allait du bon déroulement de la prophétie. « Adam je… » L’une des deux était ma mère. Je grimaçai, impuissant. Et si c’était elle ? Et si j’avais grandi dans des entrailles moisies, entouré de pourritures ? Comment pouvait-elle être seulement en vie ? Je revoyais toujours les mêmes scènes. Elles revenaient en boucle. Sur le moment, j’avais eu une impression étrange, comme si je n’étais pas vraiment dans mon corps, comme si ce n’était pas moi qui étais en train de le faire. Il fallait que je parle. Mes tentatives échouées pour faire des phrases étaient risibles. Je savais que tout ceci était de ma faute. J’avais eu le choix. J’aurais pu refuser. J’avais accepté. Ma main libre se déplaça. Je la stoppai dans son mouvement. Je ne devais plus chercher à faire partir la crasse. Je savais que toute trace de cette femme avait disparu depuis longtemps. Je me voyais agir et m’observer ainsi me dégoûtait profondément. J’étais misérable, bien plus que lorsque j’étais entré à Basphel et que je ne maîtrisais rien. Y penser m’empêchait de respirer. Je ne voulais pas être le fils de cette femme. Je ne voulais même pas envisager qu’un nouvel enfant puisse naître d’elle et m’avoir pour père. Et ça… ça… Un rire nerveux s’échappa de ma gorge alors que des larmes transperçaient mes barrières internes, coulant jusqu’à mes tempes en faisant fi de la position de mon bras. Je me tournai et fourrai ma tête contre le Déchu. Je devais me calmer et retrouver le contrôle. Je venais d'atteindre le summum du ridicule.

1039 mots
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Kaahl Paiberym
Mer 18 Déc 2019, 14:18



Aux cœurs écervelés


Ramiel passa son index et son majeur entre ses sourcils. Ses yeux parcouraient les documents que je lui avais fournis. J’attendais. « C’est… » commença-t-il. Un sourire cynique apparut sur mes lèvres. J’étais certain qu’il ne retiendrait pas. Il l’enregistrerait mais le classerait dans la catégorie des moyens de défense employés pour faire face à une situation insupportable. Il reporta son regard sur les écrits. L’Ange était intelligent. Il ne s’arrêta pas qu’au pronostic, il étudia les deux études. J’avais cru bon de les faire réaliser par un Magicien et un Ange. Le flot des rumeurs avait été une occasion. J’avais retardé l’inéluctable jusqu’ici mais, au fond, je savais déjà ce qu’il en était. « Je ne comprends pas. » finit par souffler le Général. Il comprenait les conclusions. Ce qu’il ne saisissait pas, c’était les causes. Comment est-ce que j’avais pu être exposé à ce genre de magie et de produits, moi, un professeur ? Comment est-ce que ma silhouette pouvait-elle être toujours intacte ? C'était impossible. « Est-elle au courant ? » « Non. Parmi les civils, il n’y a que l’une de mes amies, ces deux médecins et vous qui savez. C’est confidentiel. » « Vous comptez le lui dire ? » Il y eut un silence. « Je compte trouver une solution. » Je sentais que notre relation était en train d’évoluer. Précédemment, sans doute me considérait-il d’une manière différente. À présent, les possibles sur mon compte s’étaient multipliés. Je n’étais plus uniquement un professeur peut-être un peu trop bavard. Je n'étais plus uniquement intelligent. Il ne savait pas ce que j’étais au juste mais il savait que la partie visible de ma personne n’était que la pointe de l’iceberg. Il ne devait pas envisager que le mal puisse ronger mon cœur, simplement que j’étais plus important que ce que je laissais paraître pour mon peuple, impliqué dans des missions secrètes. Je n’aurais pu être exposé à ce genre de choses en restant bien sagement au Lac Bleu ou à Basphel.    

---

« Gustine ! » Je m’avançai vers la vieille Magicienne. Elle était en train de cueillir du houx pour décorer l’intérieur. Depuis qu’elle avait fait son voyage sur l’île de Boraür, elle était tombée amoureuse des bougies, de la neige et du houx. Elle avait transformé le château en quelques jours, chose que je ne savais pas encore. « Baron ! » Elle continuait à m’appeler par mon titre mais il n’y avait aucune volonté hiérarchique. Baron, dans sa bouche, sonnait tellement bien. Elle aurait pu remplacer ce mot par n’importe quel autre, intime et chaleureux. Parfois, je me demandais si elle ne me considérait pas comme son fils ou son petit-fils. Je l’aimais tellement. Je lui souris. « Que faites-vous ? » lui demandai-je. « Je cueille du houx pour décorer ! Comme je savais que vous alliez venir quelques jours, je voulais que le château soit parfait ! » «  Je vais vous aider, attendez. » Il y eut un petit silence durant lequel j’approchai mes mains des plantes. « Je vais devoir repartir malheureusement, pour me rendre en Terre d’Iyora. » Elle me regarda. Elle savait de quoi je parlais et ça l’énerva tellement que le rouge lui monta aux joues. « Je trouve ça scandaleux ! Comment peut-on dire des choses pareilles et vous traîner dans la boue ainsi, elle comme vous ? » « J’ai bien peur d’être en tort, Gustine. Je n’aurais pas dû faire ces confidences. » « Ne culpabilisez pas ! La personne qui est vraiment en tort est celle qui a parlé ! Si je l’attrape, je lui ferai passer un sale quart d’heure ! On n’a pas idée d’être aussi malveillant ! » Je souris devant son air déterminé et me concentrai un peu pour éviter de me piquer les doigts. « C’est surtout pour elle que je m’inquiète. » « Je suis sûre qu’elle sait que vous n’y êtes pour rien ! » « Je suis pourtant le coupable idéal. » lui soufflai-je doucement. « Enfin… Nous verrons bien. Je ne compte pas la voir là-bas, juste essayer d’arranger les choses en parlant à ses supérieurs hiérarchiques. » « Kaahl… » commença-t-elle. « Elle risque de vous en vouloir si vous vous déplacez sans lui parler. Si elle est telle que vous me l’avez décrite, elle… » Je posai ma main sur l’épaule de la Magicienne. « Je sais mais je ne veux pas l’embarrasser davantage. » Je regardai notre réserve de houx. « Je pense que nous pouvons rentrer. J’ai une annonce à vous faire. J’espère qu’elle vous fera plaisir. » « J’en suis sûre. Vous n’aurez qu’à me dire tout ça autour d’un chocolat chaud et d’une tartine de confiture de fraises. J’en ai encore plein en réserve ! Je les garde spécialement pour vous ! » Je ris. Une pointe de tristesse passa cependant dans mon regard une fois qu'elle eut le dos tourné. J'aurais tellement aimé lui donner pleine satisfaction et exaucer ses souhaits. Je l'aimais vraiment beaucoup et j'en prenais d'autant plus conscience maintenant.

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Ven 20 Déc 2019, 00:06



Aux cœurs écervelés


Le silence s’installa entre l’Ange et moi-même. Il n’était pas expert mais les pronostics n’étaient pas favorables. En étant réaliste, il y avait peu de chances que ma situation évolue dans le bon sens. Je m’humectai les lèvres. « J’espère que ceci est une preuve suffisante à vos yeux. » Il me regarda, laissa un temps passé puis finit par ouvrir la bouche. « Vous n’auriez pas dû faire tout ce chemin. Ce n’est pas raisonnable. Envoyer les documents aurait été amplement suffisant. » Il reconsidéra les feuilles. « C’est une preuve, bien sûr. Les signatures ont l’air authentiques. Je procéderai cependant à une vérification. Entendons-nous bien, je ne pense pas que vous mentiez mais l’affaire a pris de telles proportions que je ne peux me contenter d’acquiescer et de clôturer le dossier. » J’expirai. Ma patience commençait à s’envoler de nouveau, je le sentais. Ce n’était pas une bonne idée de refouler en sa présence. Je devais être honnête, quand bien même il ne cherchait plus à lire mon esprit. L’on m’avait appris très tôt que le meilleur mensonge est toujours celui qui contient une part de vérité. Depuis ce temps, j’étais passé maître dans un art plus complexe : faire de chaque mensonge une vérité à mes yeux. Ce n’était pas évident. De temps en temps, rarement, j’échouais. Le plus délicat restait ce sentiment horrible qui m’enserrait parfois et qui me faisait douter de ma propre identité. Souvent, je paniquais à l’idée d’être un Magicien jouant les Sorciers. Souvent aussi, les horreurs que je commentais me hantaient. Je n’avais aucun contrôle sur le monde onirique. J’avais appris à être bon et il pouvait être difficile de quitter un personnage que j’avais joué durant des décennies. Ma personnalité m’échappait, se dédoublait et se mélangeait. « Je savais que vous risqueriez de me dire ça. Le papier est un papier particulier. Il ne peut retenir que des vérités. Le contenu comme les signatures ne peuvent donc être faussées. » « J’aimerais que vous me le prouviez. » dit-il après un nouveau silence. Bien entendu, là était tout le risque de ce papier : me faire démasquer.

---

Mes doigts couraient sur les touches. Je n’avais plus besoin de les regarder. Tout venait instinctivement. Je pouvais fermer les yeux et imaginer ce que je désirais profondément, me laisser porter par la musique. Peu importe mon nombre d’années de pratique, je n’avais jamais réussi à déterminer le sens exact : je ne savais pas si ce que je choisissais de jouer ou de composer reflétait mon état intérieur ou si la musique influençait ce dernier. Peut-être un peu des deux. Il était tard et le morceau que j’avais choisi était mélancolique. J’étais bien trop concentré pour soupirer, concentré sur mes pensées. J’étais en perdition totale. Les douleurs dues à l’explosion des laboratoires de Valera Morguis se faisaient bien plus virulentes ces derniers temps. La Magie Blanche et les calmants n’y faisaient rien. Quoi que je prenne, je les ressentais. Comme mon existence partait en vrille, tout me semblait revêtir un sens différent. Lorsque je voyais une personne, je la regardais avec des yeux nouveaux. L’ancien Kamtiel avait raison : mon état ne serait pas viable sur le long terme.

Les notes montèrent légèrement en intensité. Je revoyais cette vieille femme m’assurer d’une malédiction à venir. Ses paroles me firent rire d’un rire sans joie. Que voulait-elle maudire au juste ? J’avais avoué à Adam ce qui me tourmentait, le plus gros. Je n’avais pas été capable du reste, la chose la plus importante. Je ne l’avais su qu’après notre dernière entrevue, lorsque les médecins m’avaient rappelé pour effectuer des examens complémentaires. J’avais pensé à le revoir pour le lui dire mais je n’en avais pas été capable. Je préférais me taire, garder ça pour moi. Il existait des solutions et je le savais. Ce n’était pas une fatalité, c’était une continuité... ça aussi, je le savais. Ça ne me tomberait pas dessus d’un coup, ce serait progressif. Progressif et douloureux. Ça me laissait du temps. J’avais conscience de l’idiotie de mon état, moi qui jouais du piano au lieu de chercher une solution. Peut-être étais-je simplement beaucoup trop submergé pour chercher à me sauver. Je me tuais déjà à petit feu, à ressasser les derniers événements, à être incapable de me défaire de la vision de cette femme répugnante. La possibilité qu’elle fût ma mère et que j’ai évolué dans ses entrailles était au-dessus de mes forces. C’était comme si, depuis le début de ma vie, les Ætheri m’avaient fait pousser et poussé dans la pourriture, comme s’ils m’avaient jugé indigne d’un ventre sain et d’une mère aimante. Je n’avais pas envie de jouer leur jeu, d’être le pantin d’une énième pièce de théâtre à l’intrigue douteuse. Si je devais l’être alors peut-être valait-il mieux la rendre dramatique et décevoir les spectateurs ? Peut-être pouvais-je seulement laisser mes séquelles s’accentuer jusqu’à un point de non-retour ?

Le vin ne me réussissait décidément pas.

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Lun 23 Déc 2019, 02:19



Aux cœurs écervelés

« Bien sûr. » dis-je, attendant qu’il me tende de quoi écrire. Je signai d’un faux nom qui s’effaça quelques secondes seulement après avoir été tracé. Puis, d’un geste lent, j’écrivis d’autres mots. Je suis un Mage. Ceux-ci restèrent. « Vous pouvez tester. » lui affirmai-je en lui rendant son bien. J’étais certain qu’il connaissait les propriétés magiques de ce genre de papier. Il était impossible de l’enchanter après coup car seuls ses créateurs avaient la faculté de le faire. Ramiel vérifia la marque que ces derniers laissaient sur chacune de leur création. « Vous avez dû dépenser beaucoup d’argent pour vous le procurer. » me fit-il remarquer. « Je tiens à Laëth. » lui répondis-je simplement. Il acquiesça et traça un mensonge sur le parchemin. Celui-ci s’effaça. Il resta silencieux un instant puis finit par se lever afin de marquer la fin de notre entretien. « Je contacterai tout de même les médecins mentionnés mais, jusqu’à preuve du contraire, j’accepte de vous croire. » « Merci. » Ses yeux étaient des miroirs sans reflet. Rien ne trahissait ses pensées. C’était troublant.


« Kaahl ! » « Marius ! » rouspéta l’accompagnatrice. « Tes manières, voyons ! » « Non, laissez. » dis-je. J’avais invité quelques enfants de l’orphelinat le plus proche à venir passer quelques jours au château. Gustine était ravie. Elle pouvait partager avec eux son expérience au cœur de Boraür. Elle avait commencé à leur raconter les décors somptueux de l’île, la grâce des Cerfeuils d’Od, les flocons de neige qui tombaient tous les jours ou encore l’odeur si particulière de l’endroit. Elle avait si bien décrit l’environnement que les enfants avaient voulu dessiner tout ça. Un atelier avait donc été organisé autour de la grande table du salon. Je souris devant le jeune garçon. « Je suis content de te revoir aussi. » « C’est vrai que vous allez adopter ? » demanda-t-il. Les nouvelles allaient vite. Je l’avais annoncé à la vieille Magicienne ainsi qu’à son mari avant mon départ pour les Terres d’Iyora. Étant donné mon état de santé, c’était la meilleure chose à faire. Je voulais que Kaahl ait des enfants. « Oui. » lui dis-je. « Je ne sais pas encore quand exactement mais bientôt. » « Si je n’avais pas trouvé des parents, j’aurais bien aimé vivre avec vous. » affirma le blond. « J’aurais bien aimé t’accueillir ici aussi. Ceci dit, si tes futurs parents t’y autorisent, tu pourras toujours venir ici me rendre visite, même si je risque de ne pas être souvent là dans les prochains jours. » « C’est à cause de Laëth ? » Je souris. Même eux, savaient. « Un peu. » « Vous êtes des amoureux ? » « Non. Je crains de l’avoir blessée. » « Mais vous ne deviez pas vous marier ? » « Marius, arrête d’embêter le baron ! » rouspéta de nouveau la grande dame. Son chignon trop serré me donnait envie de le lui tirer violemment. « Ce n’est vraiment pas grave. » dis-je, avant de reporter mon attention sur le garçon. Il avait été rejoint, entre temps, par une fillette brune qui me dévisageait avec de grands yeux verts. « Ce sont de vilaines rumeurs et, à cause d’elles, je pense que nous ne pourrons plus nous marier. » « Pourquoi ? » « Parce qu’elles l’ont rendue triste et qu’elle me pense responsable. » « Pourquoi ? » « Parce que… Eh bien… » Je soupirai. « C’est un peu compliqué. » « Pourquoi ? » Décidément. « Disons que j’aurais dû garder certaines choses secrètes. » « Tu as fait une bêtise ? » demanda la fillette, sans s’embêter de la politesse due à mon rang. La tutrice soupira mais n’osa pas faire une nouvelle remarque. J’avais le chic pour tout laisser passer. Elle me trouvait trop patient et laxiste, même si elle écoutait d’une oreille attentive ma conversation avec les enfants. « Oui. J’ai fait une bêtise. Maintenant elle ne voudra sans doute plus me parler. » « Je vois. Moi, quand je fais une bêtise, après je fais un mot d’excuse. » « C’est ce que je comptais faire, oui. » avouai-je. « C’est vrai ? » « Oui. » « Avec des dessins ? » « Quoi ? Comment ça des dessins ? » « Oui ! Avec ce que Gustine nous a raconté sur Boraür, vous devriez dessiner quelque chose pour Laëth ! Elle vous pardonnera forcément ! » « Oui ! Ce serait vraiment trop bien ! Moi quand on me fait des dessins, ça me rend heureuse. » Ils étaient cinq, à présent, tous d’accords pour que je me mette à dessiner. La fillette me prit la main et entreprit de me tirer vers la table, bientôt soutenue par tous ses camarades.

Je finis par m’asseoir sur le long banc en bois, entouré des bambins. « Tu devrais dessiner des chaussettes ! Gustine a dit qu’on les accrochait à des fils à côté de la cheminée ! » « Et des sapins ! » « Et un bonhomme de neige ! On est allé au Lac Bleu la dernière fois et on en a fait ! » « Et t’étais trop nulle pour le patin à glace ! » « Arrête ! » « Je ne suis pas sûr que… » « Si allez ! » « Oui Baron ! Il faut qu’elle vous pardonne ! » Je ne savais pas dessiner. Je n’avais jamais essayé. Tout ce que j’avais déjà tracé n’avait rien à voir avec ce qui les animait aujourd’hui : des plans, des schémas, des pentacles. Certainement pas des chaussettes et des sapins. « Allez, c’est très facile ! Regarde sur moi… Mais ne copie pas ! Les copieurs ils ont pas de gâteau ! » « D’accord. » finis-je par dire, abandonnant toute idée de résistance. Ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée. « Tu peux colorier aussi et faire des yeux et des bouches ! Il faut que ce soit mignon ! » me dit la fillette. « Oui attends, il faut déjà que j’arrive à… » Le blond regarda mon œuvre. « C’est pas très beau. Il va falloir vous entraîner. » Rien de plus direct qu’un enfant, en bien ou en mal d’ailleurs. J’allais sans doute éviter de dire à Laëth que j’avais dû répéter une bonne demi-heure pour être capable de tracer des chaussettes correctement. C’était ridicule pour un homme qui créait des pentacles aussi rapidement que moi. Avais-je été maudit à la naissance pour être aussi médiocre ? Puisque que tout ceci me prenait un temps fou, j’allais lui écrire cette lettre, avec les dessins. « Moui. C’est pas trop mal. Elle vous pardonnera sans doute qu'à moitié, avec ça. » finit par dire le blond, quand j’eus fini. Pas trop mal, il était dur en affaires.

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Lun 23 Déc 2019, 21:34



Aux cœurs écervelés

« Vous pouvez rester encore quelques jours si vous le souhaitez. » me dit-il. Nos pas nous avez guidés à l’extérieur. « C’est gentil mais j’ai promis d’être rentré au Duché de Darin à temps pour festoyer. J’ai offert un voyage à une amie très chère et à son mari sur l’île de Boraür et, depuis, elle ne cesse d’en parler. Elle a décidé de recréer l’ambiance et si je suis en retard, je vais me faire enguirlander. » Il sourit pour répondre à mon propre sourire, comprenant sans peine la référence. « Et puis… » J’inspirai. « Comme je ne sais pas quand est-ce que mon état va s’aggraver, je préfère passer du temps avec les personnes que j’aime. » Mon regard se posa sur le décor autour de nous, comme si j’espérais y voir Laëth. L’espérais-je ? « Oui. Je comprends. » Le verdict des médecins était sans appel : vu les produits qui parcouraient actuellement mon corps, mélange de magie noire, de poison et de substances radioactives, j’allais mourir. Quand ? Ils n’en avaient aucune idée. Mon état s’était stabilisé mais ça ne durerait pas indéfiniment. Bien sûr, ce n’était pas ma mort prochaine qui avait été probante mais le fait que l’explosion m’avait rendu stérile. J’avais eu du mal à l’accepter, surtout après ce que j’avais sacrifié peu de temps auparavant. Si je l’avais su, jamais je n’aurais accepté de coucher avec cette chose hideuse. « Ce qui ne m’empêchera pas d’agir tant que je le pourrai. » Je le regardai fermement. Il s’abstint de me prodiguer un quelconque conseil. Il ne voyait pas ce qui serait capable de me sauver de la mort. La magie de l’Apakan ? Ça ne le regardait pas. Il préférait ne pas s’en mêler. Il avait à faire ici. « Rentrez bien. » J’avais furieusement envie de l’enchaîner. Son esprit inviolable créait chez moi des besoins malsains. « Merci. » Pas cette fois. Peut-être jamais.


Je fis une halte brève à Valera Morguis afin de récupérer le Conte du Sapin à la banque. Cela faisait longtemps que je n’avais pas caresser les courbes de Sylbille. À vrai dire, je n’avais pas l’intention de retomber dans mes travers mais plutôt de… partager. Adam avait été d’un réel soutien ces derniers temps et j’étais à peu près sûr que l’expérience lui plairait. Je n’avais aucune idée de ce qu’était devenue la jeune femme entre temps, si Raeden avait fini par tomber sous son charme, s’ils avaient consommé leur mariage ou s’ils s’étaient séparés. Puisque j’avais comme projet d’aider les Anges, il ne faisait aucun doute que je serais amené à croiser l’homme en question. Je me demandais réellement qui avait été assez fou pour qualifier un Ange de Bûche Sauvage, en lui prêtant des prouesses sexuelles. Cependant, étant donné tout ce qu’il se disait sur Laëth et moi, du plus simple ou plus extravagant, je n’avais aucun mal à comprendre que cette réputation ait pu se propager et lui coller à la peau.

Mes doigts parcoururent un instant l’artefact. Je l’avais amélioré pour qu’il puisse me permettre de toucher l’Orisha plus longtemps. Mes lèvres se pincèrent. J’hésitai. Finalement, j’ouvris l’ouvrage et souris. Une silhouette que je connaissais bien apparut au milieu de la pièce. Elle était nue et debout. Intéressant. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle faisait. Ça n’avait aucune importance. Je m’avançai et caressai son ventre avec la pulpe de mes doigts, tout en collant son dos à moi. Ce n’était pas correct d’abuser ainsi de la femme d’un autre mais étant donné que ce n’était pas la première fois et qu’elle s’était toujours montrée docile, je présumais le consentement. J’avais besoin de me divertir. L’une de mes mains monta doucement jusqu’à son sein, mes lèvres trouvant le chemin de son cou sans aucune difficulté. Je l’avais léché et mordu à plusieurs reprises déjà. C’était comme retrouvé un objet cher, égaré jusqu’ici. Son corps n’avait pas changé. J’aimais ça, l’entendre soupirer sans qu’elle ne puisse connaître mon identité. La main qui était restée sur son ventre commença une douce descente. Je prenais mon temps, concentré sur sa respiration. Jusqu’ici, je la savais frustrée du manque d’amour et de plaisir en provenance de son mari. Pourtant, je soupçonnais qu’elle nourrît encore quelques sentiments pour l’Ange. Ça n’avait aucune importance, finalement. J’expirai chaudement dans son cou, prêt à aller bien plus loin lorsque je me rendis compte que le battant de la porte de la pièce où je me trouvais venait de pivoter. Mes yeux détaillèrent une jeune fille qui sembla tétanisée à l'instant même où elle m'aperçut. Je ne bougeai pas. Ce n’était pas le moment d’hésiter. Sylbille sentirait qu’il y avait un problème sinon.

Je mis quelques secondes à reconnaître Eméliana, l’une des nombreuses filles de Lord. Elle était maigre. Je fronçai les sourcils et son corps se retrouva collé au mur sans plus de cérémonie. Je déposai un baiser dans le cou de Sylbille avant de m’éloigner d’elle doucement. Je fermai le livre et relâchai mon contrôle sur la Princesse. « L’explication a intérêt de me plaire. » lui dis-je fermement. « Bien sûr, vous n’avez strictement rien vu. » Je faisais un effort conséquent pour ne pas m’énerver. Ce n’était pas le fait qu’elle m’ait surpris qui m’agaçait mais plutôt le fait que j’aurais préféré qu’une adolescente de treize ans n’assiste pas à ce genre de scène. « On ne vous a pas appris à frapper ? » ajoutai-je, sévèrement. Elle était beaucoup trop jeune pour assister à ça. Le mieux à faire restait d’effacer les quelques minutes précédentes de son esprit. C’est ce que j’allais entreprendre, une fois qu'elle m'aurait donné une explication claire. Je savais de quoi il en retournait. C'était la deuxième fois que nous nous rencontrions. La première fois, aux jeux de Lubuska, n'existait plus dans ses souvenirs.

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