Catégorie de quête : XXXII
Partenaire : Kratos
Intrigue/Objectif : Après avoir été choisis pour participer à la Coupe des Nations, Kratos et Velena voyagent à bord d'un navire pour atteindre le continent. L'objectif est de survivre au voyage.

Velena fixait Muharkel. Elle n’arrivait pas à ne pas se retourner. Elle aurait aimé être plus forte et plonger son regard vers ce bateau, qui les amènerait au-delà de l’horizon, sans ciller. La vérité c’est qu’elle était aussi excitée qu’apeurée. Son corps était tendu, son cœur battait vite. Elle avait presque l’impression que les choses se passaient au ralenti. Pourtant, malgré son malaise latent, elle avait espéré être choisie pour la Coupe des Nations dès qu'elle avait vu apparaître le hibou dans le ciel. En effet, elle en avait marre de sa mère et de ses exigences. Elle voulait prendre l’air, loin de son passé, loin de cet homme insupportable qu’elle était bien obligée de croiser de temps en temps. Ne pas vendre de pain pendant plusieurs lunes lui manquerait, tout comme ne pas aider son père à la forge. Son père lui manquerait, oui. Il serait bien le seul. Au moins, loin de son Royaume, elle oublierait un moment les exigences de sa génitrice. Dans ses moments d’égarement, elle s’était déjà dit que si elle avait l’occasion de quitter sa vie, de quitter Muharkel, elle ne reviendrait jamais. Elle savait néanmoins que ce n’était que le fruit d'un ressentiment, d'une colère qu'elle sentait gronder au fond d'elle. Elle savait qu'elle reviendrait toujours, malgré ses doutes et cette impression de se trouver dans un labyrinthe sans sortie. Et si elle avait envie de servir Muharkel autrement qu’en se mariant et enfantant ? Elle ne voulait pas faire ça avec n’importe qui. Elle voulait un homme qui la comprendrait, respecterait sa liberté et l’aiderait. Pas comme ce bouffon ! En pensant à lui, elle fronça les sourcils et s’avança vers le navire. Être loin de lui serait une bonne chose. Elle l’oublierait totalement, elle en était certaine. De toute façon, ce couard ne méritait pas sa considération. Bon vent !

En découvrant l’intérieur du bateau, elle se dit que le voyage serait sans doute bien long. Il n’y avait pas de cabines individuelles, ou alors pour les plus nobles. Elle n’avait qu’un hamac dans la soulte, coincé entre plusieurs autres hamacs. L’intimité serait inexistante. Plusieurs tonneaux avaient été disposés ici et là, remplis d’eau. Ils étaient leur bien le plus précieux. Il fallait que le liquide reste pur, sinon ils n’atteindraient jamais le continent. Tout semblait sombre et la jeune femme préféra remonter sur le pont, là où l’air était respirable. Elle espérait que personne ne serait malade pendant le voyage, sous peine de tous se retrouver contaminés. Elle espérait également qu’ils ne rencontreraient pas de Sirènes. Velena serra entre ses doigts le pommeau de l’épée que lui avait spécialement forgée son père. Contrairement à la plupart des jeunes gens, elle n’avait pas appris à se battre ; à croire qu’elle était décidément bonne à rien. Il n’était jamais trop tard et peut-être pourrait-elle demander à quelques-unes de ses connaissances de lui enseigner comment manier sa lame durant le trajet. Il y avait pas mal d’Humains de Babelsba, des hommes et femmes qu’elle ne connaissait pas. Ils avaient insisté sur la nécessité de bien se laver avant de partir. L’eau était précieuse et il n’était pas question de la gâcher. Velena avait donc pris un bain chaud et s’était lavée les cheveux. Elle se demandait dans quel état ils arriveraient sur la terre ferme : sans doute en puant le fauve à plein nez. Tout dépendrait de la météo. S’il pleuvait, ils auraient plus d’eau pour se nettoyer. Si le temps était aride, ils devraient se contenter de peu. La nourriture serait sommaire. Des fruits et légumes avaient été entassés mais arriveraient rapidement à épuisement. Ne resteraient alors plus que les féculents. Cela étant, l’alcool, lui, ne manquait pas. Elle eut d’ailleurs l’occasion de le constater le soir même, après le départ de l’embarcation.

En remontant sur le pont afin d’admirer les étoiles, elle entendit plusieurs voix d’hommes. Tous étaient autour d’une table, plusieurs petits vers posés devant eux, accompagnés de bouteilles plus ou moins remplies. Ce n’était pas des grands crus mais de quoi égayer la soirée convenablement. Il y avait deux jeux : bras de fer ou lancé de dés. La force ou le hasard. Velena s’approcha, ayant bien envie d’essayer, elle aussi. Quitte à s’affranchir de l’autorité de ses parents, autant y aller à fond. Elle prit donc place, fixant ses potentiels concurrents après les avoir salués rapidement. Au début souriante, son sourire disparut totalement lorsqu’elle reconnut Kratos. On aurait dit que le poids du monde venait de lui tomber sur les épaules. Elle hésita entre repartir et rester mais elle était trop fière pour fuir devant lui. Au lieu de faire ce que son instinct lui disait, à savoir partir, elle prit un verre et le but cul sec, une grimace s’invitant alors sur ses traits. Ça brulait la gorge. « Bon, qui veut jouer contre moi ? ». 

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