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 La boustifaille | Vylker

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Dim 24 Nov 2019, 20:51




La boustifaille | Vylker Karakt11

Wenda déambulait sur le pont supérieur en longeant les murs. En fait il aurait bien aimé pouvoir se mouler avec les planches de bois et disparaître. A bord du Geobukseon, il était tout sauf invisible et en venait parfois à se demander si on ne lui avait pas donné ce laisser-passer que pour le montrer et le désigner comme future pâture aux membres de l'équipage. Malgré tout le jeune pirate restait heureux d'avoir trouvé un capitaine qui le laissait pour le moment faire ses preuves. L'air brûlant des cuisines de la taverne du vieux Myrk avait fini par l'étouffer et le rendre claustrophobe tout en lui rappelant amèrement qu'il n'avait pas gagné les Terres Oubliées à bord d'un radeau en sacrifiant tout ce qu'il avait pour se terrer toute sa vie dans le sous-sol d'un bâtiment. Ce n'était pas l'ambition de devenir le capitaine le plus riche ni l'envie de posséder le plus beau navire mais simplement le désir profond de liberté et de voyage. Le jeune Lyrienn s'était déjà aperçu qu'il ne supportait pas de rester enfermé dans un endroit bien longtemps. A peine avait-il posé ses sacs et commencé à considérer sa maison comme son chez-lui qu'il ressentait l'urgence de s'enfuir et de bouger ailleurs. La capitale du Léviathan ne faisait pas exception ; la piaule qu'il s'était dénichée dans les combes de la taverne était destinée à n'être que le souvenir certain d'une maison chaude qui attendait son retour et qui ne serait habitée que quelques mois l'année. Ainsi quand le capitaine Vylker lui avait offert une opportunité de taille, il n'avait pas pu faire autrement que d'accepter avec incrédulité. Le Lyrienn n'avait pas prit en compte le fait qu'il serait entouré de pirates tout à fait... différents. Ses maigres connaissances du monde ne lui permettaient pas de définir à quelle race appartenaient ces personnes au physique particulier ; en réalité il était curieux mais il n'osait pas poser de questions. Il n'osait rien, à peine croiser les regards et se demandait sans cesse pourquoi diable était-il encore en vie. Appuyé contre une rambarde en bois, il regarda l'horizon puis le port dans son activité débordante ; cela lui calma l'esprit mais comme c'était insuffisant contre la panique qui l'envahissait, il s'échappa pour nager et se métamorphoser dans son élément pendant une dizaine de minutes. Dans quelques heures les autres aillaient venir pour le déjeuner dont il avait la préparation pour tâche. Comme il s'agissait d'un test pour éprouver ses capacités de futur cuisinier à bord, il supposait qu'il ne trouverait pas grand monde pour l'aider ou lui dire quoi faire. Naïvement, il se demandait même si ces gens-là mangeaient ce qui était considéré comme des mets normaux.

En grinçant des dents, le jeune homme s'attacha les cheveux à l'aide d'un ruban rouge dont il entoura sa tête, puis remonta les manches de sa tunique verte. Il s'était habillé de façon pratique pour lui : c'est à dire facile à enlever s'il ressentait le besoin de nager ; pas trop précieux et pas trop chaud pour affronter les aléas de la cuisine : une paire de bottes hautes, un pantalon et une chemise usés. Pendant un moment, il avait prié pour que ses tatouages et sa cicatrice lui permette de cesser d'avoir l'air d'un novice de vingt ans mais l'illusion était trop faible. Il avait l'air d'un niais ou d'un heureux imbécile à côté des autres plus expérimentés et avait fini par accepter l'idée et les moqueries qui allaient avec. Heureusement pour lui, le jeune homme avait acquis des dons particulièrement utiles qui lui facilitait le travail. Il avait gagné aux dés un artefact qui faisait apparaître des ustensiles et on lui avait dévoilé une magie qui permettait d’alcooliser n'importe quelle boisson. Le vieux Myrk s'était prit d'affection pour lui et n'avait pas rechigné à lui montrer mille secrets, allant même jusqu'à lui confier une poule aux œufs d'or ou de chocolat. Se sentant plus sur son territoire entouré des fourneaux et des casseroles fumantes que parmi les guerriers armés qu'il voulait nourrir, Wenda commença par inspecter le matériel laissé par l'ancien cuisinier en chef. Il n'était pas certain que le poste soit bien défini car il était seul en cuisine pour tout l'équipage.

Mais il préférait faire profil bas : il commença par allumer les fourneaux, une tâche qu'il détestait naturellement à comme de son manque d'affinité extrême avec le Feu. Puis il récura la vaisselle, nettoya les sols, rapporta les aliments de la cale, éplucha, récura encore et s'occupa des grillades de poissons et de viandes rouges ainsi que du dessert pour lequel il choisit naïvement de faire des tartelettes à la confiture et aux fruits et chocolats de toutes sortes flambées au rhum en se disant que comme ils disposaient encore des aliments frais du port, il fallait en profiter autant que possible. Alors que le déjeuner commençait dehors, Wenda était resté en cuisine. Le visage particulièrement rouge et en sueur, il surveillait toutes ses tartes dans les fours tout en transformant en alcool les verres de qui voulait bien lui demander. La rumeur de son petit don n'avait pas tardé à faire son chemin comme une trainée de poudre, en fait, il se demandait maintenant -un peu tard- si le capitaine autorisait ses hommes à boire ainsi.

Le navire était en route pour une longue série de réparations dans le chantier navale de la ville. Il allait être mis en cale sèche dans la journée, avait entendu dire le Lyrienn. La suite des repas se déroulerait donc dans les locaux attribués à l'équipage pour les prochains jours. Tant mieux, cela lui laissera le temps de tester une recette du vieux Myrk, qui lui avait apprit comment réaliser des biscuits aux rhum bourré de protéines et capables de tenir très longtemps au sec... Enfin, le tavernier n'avait pas voulu préciser les quantités ni la totalité des ingrédients. En ruminant sombrement, le Lyrienn réalimenta le feu avec une grimace extrême puis commença à laver avec maniaquerie ce qu'il restait de sale comme si l'eau allait aussi le laver de ses doutes.

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Lun 25 Nov 2019, 02:29



La boustifaille | Vylker Qerbcf11

Les membres de l'équipage du Geobukseon n'étaient sans doute pas les plus fréquentables des marins que l'on pouvait trouver, mais en dépit de leur carrure de monstres parfois dégoûtants, ils avaient été étonnamment civils jusqu'ici. Quoique certains balbutiaient et ne semblaient pas vraiment sûrs de ce qu'ils devaient te dire, leurs salutations s'étaient révélées parfois un peu trop complexe pour paraître naturelle. Est-ce que c'était le Capitaine qui leur avait donné la directive ? Possible. Probable même. C'est qu'ils n'avaient pas l'air d'être les plus ravis de recevoir quelqu'un d'autre qu'un monstre en ces lieux.

Parfois, tu pouvais jurer que certains marmonnaient et se demandaient le goût que tu pourrais avoir ou qui essayaient de mesurer la taille de tes cuisses. Probablement pas pour de simples mesures cependant.

Mais en dehors de cela, tout s'était bien passé. Le Geobukseon était particulièrement étroit en revanche, et il en était de même pour la cambuse. Il faisait très chaud quand tu faisais cuire quoique ce soit, et compte tenu de la nature du navire, dit « Navire-Tortue » par son propriétaire, il n'était pas difficile de comprendre que les performances guerrières du bateau s'était faites au détriment de la qualité de vie à bord. Il fallait s'en contenter pour le moment.
Personne ne vint t'embêter dans les premiers temps, quoique parfois il y avait des resquilleurs qui venaient prendre à boire visiblement en cachette auprès de toi. Et ils étaient assez insistants quand à l'idée que cela reste un secret. Y-avait-il un débit de boisson limité ? Était-ce simplement toléré ? Là encore, seul Vylker avait la réponse.

Tu avais vu juste quand à la situation cependant : le navire avait besoin de réparations et il apparaissait que cela allait être plus que de simples rénovations. On planifiait de changer la structure et le squelette de la bête, peut-être l'améliorer, dans tout les cas le modifier.
Aujourd'hui, on vint l'immobiliser et on le tira hors des flots avec un grand effort, avant de commencer à démonter sa charpente. L'équipage du Geobukseon avait été relocalisé vers un entrepôt sec relativement sommaire mais qui avait au moins le mérite de protéger du vent et de la pluie. On s'organisait comme on pouvait là dedans. Hamacs, bottes de foin, paillasses de fortune... Tout était bon. Compte tenu du physique disgracieux ou peu pratique de certains membres d'équipages, ce n''était pas optimal cependant. Et les hommes étaient bougons et agacés de manière générale.

Et aujourd'hui...
Aujourd'hui, tout fut en foutoir dès la matinée alors que les travaux sur le Geobukseon débutait. Entre planches que l'on découpait et clous que l'on retirait, il y avait une forme de vacarme constant. Mais certainement moindre comparé aux bruits de quelqu'un qui, visiblement, était à tes trousses...

La boustifaille | Vylker Qerbcf10

 « Pour l'amour de tout les flots... OÙ EST CE CUISINIER ?! » hurla quelqu'un dans l'entrepôt.

Oh oh. Aucun doute dessus : C'était probablement le capitaine lui même. Tu n'avais pas encore eu l'occasion de lui parler beaucoup et vis et versa. De même, Vylker n'avait que peu d'informations quand à celui qu'il venait d'embaucher. Tout ce qui comptait au départ, c'était d'avoir quelqu'un de disposé à nourrir ses hommes avec autre chose que de la viande salée séchée. Le moral était déjà assez bas, une alimentation sans fantaisie n'aurait fait que plomber d'avantage l'ambiance.

Vylker en était conscient : Il était important d'assurer le bonheur de son équipage. Et si cela devait passer par ce petit Lyrien... Soit... Sans doute allait-il se révéler plus utile que prévu.

Capitaine bicéphale traversa entrepôt et pièces pour venir tirer de son travail le cuistot, coincé dans cette minuscule cambuse de fortune. Du haut de ses deux torses à l'armure partagée, Vylker toussota en l’apercevant.
 « Ainsi je te retrouve au travail. Admirable. J'ai ouïe dire que jusqu'ici, tu t'en étais bien sortis avec les différentes tâches que nous t'avions confiés. C'est bien. Très bien. » marmonna sa partie frontale.

Le monstre à deux têtes fit un arrêt pour inspecter l'environnement. Grands dieux, ce n'était pas un lieu optimal pour travailler. Il faisait affreusement chaud et l'espace était exigu. Vylker croisa ses quatre bras devant le spectacle.

 « Cette pièce est ridicule et très inconfortable. Prend une pause et viens partager mon espace. J'ai besoin de te parler : Point de couteaux ou de langues de vipères entre nous, je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de choses aujourd'hui. J'ai des affaires importantes à tenir, et je souhaiterais m'entretenir avec toi, Lyrien. M'accordera tu cette entrevue ? Il y fera meilleur que dans l'enfer culinaire de cette cambuse misérable. » gargouilla la partie dorsale de Vylker.

Il lui fit un signe des deux têtes et l'invita à le suivre avant de quitter les lieux. Il descendit du Geobukseon, monté sur ses poutres de bois afin d'empêcher la coque de frotter au sol, et prit la direction non pas de l'entrepôt où les monstres attendaient le repas, mais vers une pointe herbeuse proches des quais.

C'était un petit promontoire qui donnait une vision directe sur l'océan. Vylker s'y rendait fréquemment pour profiter d'un peu d'espace seul et du vent qui souffle. Il y avait installé deux tabourets et s'empressa de s'asseoir sur un. Vu son anatomie... Il n'était pas judicieux pour lui d'utiliser des chaises. Le dossier posait problème à sa partie dorsale. Il avait songé qu'il était plus intéressant pour lui de parler avec Wenda en ces lieux que dans la pression des murs de la cuisine. En dépit de ses quelques traits parfois... cruels, il fallait bien le dire, Vylker essayait de conserver un minimum d'intégrité et de bonne tenue. Lui qui avait indiqué à ses hommes d'être polis avec le Lyrien aurait été mal placé pour ne pas lui proposer au moins une petite pause dans un endroit plus aéré.

« Prend assise et n'ait crainte. Les lames parlent en haute mer, mais en terre, ce sont nos langues qui sont mises à disposition. Je ne pense pas que nous ayons été présentés correctement la dernière fois. J'imaginais qu'il aurait été plus agréable et honnête que nous échangions un peu ensemble, puisque apparemment, je vais devoir te faire confiance pour ne pas empoisonner mes bêtes. Tu n'es pas un empoisonneur, n'est-ce pas ? Car dans le cas contraire, j'ai un autre travail pour toi. »

1110 mots.
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Ven 29 Nov 2019, 21:24

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La boustifaille | Vylker Karakt11

Avait-il entendu quelqu'un demander le cuisinier en hurlant ? Ce ne devait être que son imagination extrêmement productive dans ce moment agité de sa vie... Entre le fracas des marteaux, scies, les pas lourds et les voix des marins, personne ne pouvait être certain d'avoir bien entendu quoique ce soit dans ce véritable tumulte. Il avait dû rêver. C'était préférable pour lui, le moins il parlait avec ces gens, le mieux il s'en portait, ça c'était certain. Etait-ce alors une bonne chose d'envisager de les côtoyer dans un bâtiment exigüe pendant plusieurs mois, sans échappatoire ? Pourtant, Wenda ne démordait pas à l'idée de prendre le large, même avec un équipage aussi étrange et hostile. Aucun autre capitaine n'avait encore annoncé son intention de partir, ou alors ils n'avaient pas de place pour un cuisinier à bord. C'était une occasion, pas en or, certes, mais une occasion. Et sur les Terres Oubliées, les opportunités, on les prenait à pleine poigne. Le Lyrienn sursauta lorsqu'une voix inconnue se fit entendre dans la pièce.

Avec le vacarme ambiant, il n'avait pas remarqué l'arrivée d'un visiteur, car en plus du bruit des travaux, se rajoutait le grondement du four et le claquement de son couteau qu'il abattait machinalement sur des courgettes à couper en rondelles, à chaque coup de plus en plus fort comme si cela allait le calmer et éliminer toute traces de nervosité. Il manqua donc de peu de découper son doigt au passage. "AH ! C-capitaine." Impossible de se tromper. Il n'avait jamais vu Vylker mais la description physique de ce dernier était parvenue à ses ouailles bien avant qu'il ne pense à postuler sur le Geobukseon. "Content de l'apprendre." articula-t-il après avoir essayé de déterminer mentalement à quelle tête il valait mieux s'adresser et quelle paires de yeux regarder. Il ne trouva aucune réponse à ses terribles questions et se contenta de fixer un point sur la planche en bois du mur qui se trouvait pile en face de lui.

Fort heureusement, le dialogue se termina très vite et Wenda se contenta d'essuyer ses mains sur son tablier à peu près blanc, fort heureux d'échapper pour quelques minutes à cette situation malaisante. "D'accord, aha... sans couteau." Il déposa l'arme qu'il tenait encore entre ses doigts sagement sur le comptoir puis entreprit d'éteindre le four en coupant les arrivées d'air au maximum avait de laisser les buches finir de se consumer jusqu'à son retour. Puis il suivit nerveusement le capitaine. Extrêmement perturbant, de suivre quelqu'un qui pouvait vous regarder en face à face. Que lui voulait Vylker ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Pourtant le capitaine venait d'énoncer une série de compliment dont le Lyrienn était au final pas peu fier. L'homme rumina son sort prochain tout le long du chemin sur le port, jusqu'à ce qu'ils s'éloignent du gros de l'activité.

Son regard se posa sur un carré d'herbe à son goût. Il ne lui était pas venu à l'idée que le capitaine voulait simplement apprendre à connaître son nouvel employé, mais pour sa gouverne, cela faisait plusieurs heures qu'il évoluait au milieu de monstres et son imagination s'en retrouvait incapable de produire autre chose que des hypothèses autant fantastiques qu'improbables. "N-non, juste cuisinier. C'est déjà bien assez compliqué à maîtriser." Il fronça les sourcils. "Pourquoi ? Vous voulez empoisonner quelqu'un ?" demanda-t-il spontanément, avec une naïveté surprenante. Pas lui, n'est-ce-pas ?! "Je pourrais demander au vieux Myrk s'il ne connait pas des plantes, mais il refusera probablement de me donner les recettes en entier." Surtout que son ancien patron n'aimait pas beaucoup les habitants du Geobukseon et lui faisait la gueule depuis qu'il avait annoncé partir avec eux. Wenda, lui, n'avait pas vraiment d'apriori sur ces gens. Il était même très curieux au fond.

Finalement, c'était plutôt une bénédiction pour lui que Vylker ait choisi cet endroit. Il n'avait plus à se demander comment regarder son interlocuteur et pouvait se contenter de fixer l'étendue bleue devant eux, dont la proximité l'aidait grandement à rester calme. Il devait essayer de trouver un autre sujet de conversation, il n'était plus certain de vouloir entendre la réponse à sa question précédente, après réflexion. Une vague tentative pour changer de sujet sortit de sa bouche. "Pendant les travaux, je compte fabriquer des essais de biscuits aux rhum qui résistent au sec et à l'humidité, qu'en pensez-vous ?"

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Mar 03 Déc 2019, 01:10




La boustifaille | Vylker Qerbcf11

Vylker toisa son interlocuteur en ne sachant pas vraiment quoi penser aux premiers abords... C'était donc la nouvelle génération des pirates de demain ? Loin de lui l'idée d'être désagréable, mais cela promettait. Sur le petit espace, outre les tabourets, il y avait une table basse de bois sur laquelle on avait posé un encrier et de quoi écrire. Vylker prit la plume et se mit à gratter un peu le papier en demandant ce qu'il pouvait mettre dessus.

« Je pense que c'est une bonne idée. Cela pourrait booster le moral des hommes, et il serait plus dur pour eux d'être rincés au moyen de cette nourriture plutôt qu'à puiser l'alcool à la bouteille. Je déteste le désordre et l'odeur puante des ivrognes. L'hygiène et la bonne tenue devraient être les priorités de chaque capitaine. Parlons en d'ailleurs : Je ne le suis pas encore officiellement aux yeux du Léviathan. Ils veulent que je témoigne de loyauté et d'intérêt pour ces îles. »

Il pointa d'un de ses bras les quais où le Geobukseon reposait alors que l'on démantelait poutre après poutre et clou après clou son armure extérieure. Il ne resterait au bout de la journée que le squelette du navire.

« C'est le Geobukseon. Il a été construit à l'origine à partir des matériaux d'un vieux navire que nous avions récupérés avec mes comparses. Mais de telles histoires ne seraient pas intéressantes à raconter. Du moins : Pas pour l'instant. Aussi, si je vous ai fait venir, c'est pour en savoir plus sur vous... Voyez vous... Vous attisez ma curiosité. Qu'est ce qu'un individu de votre genre, avec tout le respect que je vous dois, fait sur cette île ? Vous avez des cicatrices... Mais vous êtes un cuisinier... Quelle est votre quête ? La mort ? La fortune ? La gloire ? Oh... La liberté peut-être ?Avez vous déjà été dans une rixe violente ? »

Il tapota de sa plume sur le papier. Vylker attendait d'en savoir plus avant de noter... Non pas des informations sur Wenda... Mais quelques vers que ses réponses lui inspireraient sans doute. Ce n'était pas tout les jours qu'il avait l'occasion de se livrer à ce genre d'entretien, et encore moins d'accueillir un non monstre dans ses rangs. Qu'à cela ne tienne... Vylker avait ses plans, et il comptait que Wenda en fasse partie.

« Outre le fait que j'apprécierais en effet que vous vous occupiez de nourrir mes bêtes de cale durant la durée de votre mission, sachez que je suis convié avec une partie de mon équipage à profiter d'une modeste réunion festive avec un vieil ami des lieux. Nous embarquerons sur son navire dans deux jours.. J'aimerais que vous soyez de la partie, Wenda. Précisément : J'aimerais que vous soyez celui en charge de la restauration pour cette occasion. J'ai déjà convaincu mon cher ami de vous faire confiance... Je vous force sans doute un peu la main ainsi mais... Je me disais que remplir les ventres de quelques marins pour cette occasion de joie et d'amitié serait pour vous une bonne opportunité de vous illustrer... »

Il leva les mains de sa partie dorsale en l'air et sa seconde tête chantonna un peu quelques notes avant de s'exprimer de manière grandiloquente.

« Cela serait exquis ! Oui ! Enchantez nos papilles et nos sens avec vos compétences ! La fête sera inoubliable si vous nous aidez à amadouer le Capitaine qui sera notre hôte ! Nous profiterons tous grandement de tisser des relations avec cet individu ! Comprenez vous ma modeste requête ? Je sais que ce n'est pas pour cela que vous avez signé à l'origine... Mais nous serions très heureux de pouvoir compter sur vous. »

La première tête de Vylker tourna les yeux.

« Comme le dit ma seconde tête... J'ai l'impression qu'elle vous aime bien. »
« N'est-ce pas un sentiment commun, cher camarade de jambes ? »
« Oh ne vous y trompez pas, je n'ai guère ressentiments contre Messire Wenda. Néanmoins, je modère mes jugements face aux personnes que je connais mal. Mais je suis persuadé que Wenda se montrera digne de sa tâche et intègre dans notre discussion. »
« En effet, chère première tête. Vous avez raison de montrer modération. »
« Merci, chère seconde. »

Vylker planta son regard de face sur Wenda, jaugeant l'individu. Il était risqué de faire confiance aux inconnus, mais il pouvait sans doute tirer un grand bénéfice de l'aide de ce dernier... Bizarre... Lui un cuisinier ? Il avait plus l'air d'avoir sa place à tenir une arme qu'à manier la fourchette.


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Sam 07 Déc 2019, 23:13




La boustifaille | Vylker Karakt11

Wenda hocha prudement la tête pour signifier son écoute. Voilà, il en était sûr, le capitaine n'approuvait pas la distribution gratuite et exagérée d'alcool ! Il aurait dû s'en douter en voyant le comportement étranges des membres de l'équipage qui venaient lui en quémander. En même temps, resterait-il en vie s'il se risquait à leur refuser du rhum ? Il est probable que non. Le Lyrienn se demanda ce que le capitaine voulait écrire avec sa plume. C'était un peu stressant. S'il répondait n'importe quoi, ses paroles seront-elles immortalisées pour toujours dans leur bêtises, sur ce morceau de papier ? D'ailleurs, il eut bien du mal à formuler une réponse cohérente.

"Que voulez-vous que je vous réponde ? Je ne suis pas bien original ni différent des milliers d'autres naufragés qui s'échouent ici toujours plus, tous les jours. Malgré nos têtes, il en faut bien pour faire à manger..." Tous ou presque tenaient à recommencer une nouvelle vie qui leur réussirait mieux que la première et il n'était pas rare de croiser des personnes qui n'avaient pas envie que l'on fouille dans leur passé désormais abandonné, ou d'autres qui portaient sur leurs corps des marques de mauvais souvenirs. "La liberté oui, l'on peut dire ça." murmura-t-il en fixant l'océan avec une sorte d'amour éperdu dans les yeux. On l'avait emprisonné parce-qu'il ne correspondait pas aux attentes de sa famille. "Vous savez, ce n'est pas si étonnant pour un Lyrienn de l'Eau, de vouloir passer sa vie sur un navire entouré par cet élément aquatique. J'ai rejoins le Léviathan car c'était le moyen pour moi d'être ce que je suis en toute liberté." S'il fallait qu'il définisse exactement ce qu'il faisait parmi ces renégats fidèles seulement au Léviathan, cela lui sera bien difficile. Il pouvait simplement dire qu'il avait fuit son pays victime à l'époque d'une dictature qui ne convenait absolument pas au caractère doux et pacifiste des élémentaires aquatiques comme lui, qu'il avait plongé directement dans les bras de ces pirates dont les vies rimaient avec aventures et que rien ne semblait enchaîner. Le problème était qu'il n'avait jamais parlé de ses origines à qui que ce soit et que les mots étaient réticents à franchir la barrière de sa bouche. Être réservé sur son passé faisait parti des barrière de protection qu'il avait mit en place pour survivre ici. Pouvait-il vraiment mettre des mots sur une partie si vague de sa mémoire, dont certains passages avaient été effacé par le traumatisme du naufrage ? Etait-ce une bonne idée d'avouer qu'il avait déjà vécu un naufrage ? Beaucoup pourraient considérer ceci comme un mauvais augure. L'homme rajouta rapidement. "Oh, euh... Oui, j'imagine. J'ai eu à me défendre plusieurs fois, mais ce n'est pas mon cœur de métier. Je n'aime pas ça." Un comble pour un pirate, voilà pourquoi il s'était rapidement dirigé vers un corps de métier moins impliqué dans les attaques sanglantes.

C'est ici que la discussion prit une toute autre tournure et qu'il devient aussi blanc que l'écume des vagues. Lui ?! Cuisiner pour un repas de fête entre deux équipages ? Comme s'il avait les moyens techniques pour faire ceci ! Mais ce n'est pas la première chose qui sortit de sa bouche. "Vous êtes deux ?" s'écria-t-il d'abord avant de se rendre compte, trop tard, de la stupidité de sa question. Voir les deux têtes discuter entre-elles était une scène aussi surréaliste qu'inattendue pour lui. Wenda s'imaginait depuis le début que le capitaine n'avait qu'une seule personnalité... C'était fascinant, en quelque sorte. Leur arrivaient-il de se disputer pour faire tel ou tel mouvement ? Est-ce-que si l'un était bourré, l'autre y voyait toujours clair ? Tant de questions à jamais sans réponse, car il se força aussitôt à les oublier pour se concentrer sur le plus important. "Euh, hum ! Quel est le nom de ce capitaine ?" Peut-être qu'il le connaissait. "Et quand est-ce-que ce repas aura lieu ? Pour combien de personnes ?" rajouta-t-il, un peu paniqué. Il était prit au dépourvu, mais ses questions montraient bien qu'il acceptait de bon cœur cette nouvelle tâche. "Je vais avoir besoin d'argent pour acheter les ingrédients et je devrais m'y prendre la veille pour commencer à préparer. Est-ce-que je pourrai disposer d'aides en cuisine et au service ?"

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Sam 14 Déc 2019, 17:06


La boustifaille | Vylker Qerbcf11



Qu'est ce que c'était que cette histoire : Un pirate qui n'aimait pas se battre ?  Bientôt, on inventerait un marin qui a le mal de mer. Vylker conserva quelconques réflexions pour lui cependant. Inutile d'être rustre ou critique en l'état. Cela ne lui servirait à rien d'être cynique pour l'instant. Alors que son interlocuteur discutait, il écrivait plusieurs choses sur le papier. Ce n'était pas des vers ou du texte structuré, c'était plutôt un ensemble de mots sans forcément de liaisons. On pouvait y lire plusieurs choses : « Wenda », « Cuisine », « Liberté », « Naufragés » ou encore « Pacifiste ».Il arriverait bien à composer quelque chose tôt ou tard. Le capitaien bicéphale se sentit cependant obligé de répondre lorsque le Lyrienn vint mentionner qu'ils étaient deux.

« Non. Enfin si. C'est un peu compliqué. Nous partageons la même âme et les mêmes traits, mais nous avons deux cerveaux distincts. Comme nous partageons également les mêmes jambes, il est possible pour nous d'interférer l'un avec l'autre, mais il existe une forme de symbiose et synchronisation naturelle, si je puis dire. En vérité, il n'y a pas grand intérêt pour nous de discuter ensemble, car nous pouvons estimer mutuellement nos pensées et nos sentiments. Admettons que quelqu'un tente d'approcher par le coté de ma seconde tête, moi, la première, sera au courant de l'action malgré tout. Pas spécialement car j'aurais un visuel détaillé ou direct sur cette personne, simplement parce que je serais en mesure de « sentir » la conception de montre autre tête. » pouffa sa première tête.

« En résumé, si nous parlons parfois entre nous, c'est surtout pour nous divertir. Clarifier nos pensées internes. Ou simplement pour tenter de faire preuve de créativité. Vous n'avez jamais parler intérieurement à votre égo pour tenter de vous stimuler autrefois ? Cela fonctionne un peu de la même manière. » répondit la seconde.

« Vous pouvez me tutoyer ou me vouvoyez, cela n'a pas vraiment de grande importance. Disons que je suis à l'entre deux et capable de m'adapter sur les deux modèles. Tenez... Si je commence cette phrase ainsi... »

« … je peux la reprendre de cet autre coté. Ah ! Facile n'est-ce pas ? Mais je suis aussi tout à fait capable de remettre en question ce que dit ma tête frontale. Parfois, elle fait de très mauvaise décision. »

« Oh, très amusant, cher second. Aurait tu oublié qui est celui qui a les jambes dans le bon sens ? Il serait avisé pour toi de faire reconnaissance de ma personne. »

« Dans tout les cas : Procédez comme vous le voulez, Wenda. Le fait d'avoir deux têtes n'est pas votre problème et ne doit pas résulter d'un débat quand à la manière dont on doit m'appeler ou nous appeler. »

« Alors passons à autre chose. »
« Alors passons à autre chose. »

Oui car ce n'était pas tout de parler de ses deux têtes et de débattre sur la justesse des termes qu'il fallait employer avec lui. Il y avait quelque chose d'important qui se préparait avec cet autre capitaine, et Vylker avait besoin d'un homme de confiance et d'engagement pour régler cette affaire. Devant la panique de Wenda face aux potentielles interrogations apportées par la tâche, le Capitaine du Geobukseon agita les bras et tenta de le rassurer.

« Inutile de se faire un tel sang d'encre. Je vais vous expliquer plusieurs choses. Tout d'abord, ce Capitaine est le Capitaine Kyren. C'est un vieux marin avec qui j'ai déjà eu un passé commun depuis que je me suis installé dans le Léviathan. Je crois qu'il n'est plus très loin de sa retraite, et souhaitait donc prendre la mer pour faire une célébration de ses années actives. En raison de notre rapprochement mutuel sur ces dernières années. »

« Son bâtiment est plus grand que le Geobukseon et son équipage est également plus conséquent. Sa cambuse sera bien remplie et vous aurez des mousses pour vous assister dans l'opération. Pas la peine non plus de s'inquiéter du ravitaillement. Nous avons convenus que ça serait de ma poche que nous apporterons les denrées pour le repas. Tout ce que j'ai besoin que vous fassiez pour moi, Wenda, outre nourrir mes hommes jusqu'à ce jour, c'est que vous preniez les commandes de la cambuse lorsque le moment sera venu, et que vous sortiez ces plats pour la célébration.»

Vylker prit un peu de temps pour détailler le bâtiment du Capitaine Kyren. C'était un fier Man'o'war pourvu de larges cales et d'un large espace, ce qui n'avait peu de chose à voir avec l'espace réduit du Geobukseon dont le blindage limitait la taille sous peine de couler. Outre tout ceci, l'équipage était estimé a environs trois cents têtes, ce qui était moins que ce genre de bateaux pouvait embarquer. En effet, il aurait été facile de mettre presque sept cents hommes sur ce genre de navire de ligne. Mais Kyren ne disposait pas d'une armée de matelots comme d'autres l'avait. Il s'entourait d'hommes dont il acquérait la confiance et était très regardant quand à ses sélections. Il voulait des hommes courageux, passionnés et éduqués. Les pillards de basse catégorie et les rejetons de rapine n'avaient pas leur place chez lui. La cinquantaine de monstres du Geobukseon faisait tout de même mal figure en comparaison, même si il troquait leur faible nombre par les capacités diverses de l'équipage.

« Prévoyez au moins une dague avec vous Wenda. Je ne sais pas si vous avez déjà pris la mer, mais elle a toujours été la fortune mais aussi la tombe de beaucoup de marins. Avez vous déjà prit la mer ? Si non, vous apprendrez très vite que la prudence est la clé de votre survie. Dormez un œil ouvert et tenez votre couteau proche de votre main... Avez vous déjà tué quelqu'un, Wenda ? » dit-il d'un air calme, comme si il parlait de fraises au sucre.


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Dim 15 Déc 2019, 19:20




La boustifaille | Vylker Karakt11


 Au coeur de la conversation entre les deux personnalités du Capitaine Vylker, le Lyrienn en vient à se demander s'il n'avait pas, avec sa question débile, provoqué un engrenage infini impossible à arrêter. Sans souffler un mot, il assista à la discussion avec un air légèrement gêné imprimé sur la face. "Compris." finit-il par répliqua lorsque l'étrange monologue prit fin. Le nom du Capitaine Kyren lui disait quelque chose, mais il n'avait jamais rencontré cet homme encore, ni eut l'occasion d'entendre parler de ses faits d'armes. Il se retint de laisser échapper un rire complétement nerveux, qui ne franchit jamais la frontière de ses lèvres qui souriaient dans une grimace crispée. Devait-il préciser qu'il n'était qu'apprenti cuisiner et que la composition d'un menu pour plusieurs centaines de personnes ne faisaient pas encore parti de ses tâches et capacités techniques ? Non, ce n'était pas le moment, tout simplement parce-qu'il était trop tard.

Quelques notes de musique résonnèrent dans l'air, apportées jusqu'à eux par le vent marin. Il s'agissait d'un air populaire très connu dans les tavernes du Léviathan, qui fit instantanément sourire le moussaillon.  Aujourd'hui j'ai signé, au revoir la grande ! Je me suis engagé dans le Léviathan, je quitte mon trou à rat pour une coupe de cent piastres ! Qu'est-ce c'est qu'un homme f'rait pas,  pour pas te r'voir la face...

Le futur chef suivit le regard de son capitaine pour admirer le bâtiment amarré dans le port. "Je suis toujours armé." se contenta-t-il de répondre sur le même ton de voix. Il avait plusieurs armes dont un cimeterre, une hache et quelques couteaux. Lors de son arrivée sur les Terres Oubliées, il n'avait absolument rien sur lui à part ses vieux habits, or on faisait ici rapidement l'acquisition d'armes, peut-être plus rapidement même que de pièces d'or. "Pas avec une arme, non." Il avait tué, néanmoins, à travers sa magie. Il s'agissait là d'un acte involontaire et incontrôlé dont il n'avait pas envie de parler, c'est pour quoi il rajouta aussitôt d'un ton morose. "Je tuerai si vous en avez besoin, comme tout le monde ici. En attendant, j'aimerai mieux aller me renseigner sur les goûts gastronomiques de ce capitaine." Puisqu'il s'agissait de charmer le quasi-retraité du Léviathan... Ce n'était un secret pour personne que l'amour de la nourriture affaiblissait les barrières relationnelles. "Quels sont les vôtres, d'ailleurs ?" Peut-être qu'il allait répondre végétarien, cela n'étonnerait même plus le Lyrienn, qui n'en était pas à ça près.

Plus loin, les marins continuaient de chanter. T'es méchante quand t'es saoule, pis comme t'es toujours saoule, ben t'es tout l'temps méchante ! C'est comme dans les portes tournantes, alors oui j'ai signé pour plus te r'voir la grande !Je me suis engagé dans le Léviathan ! Oh ! À boire, à boire car j'ai la gorge en feu ! À boire, à boire pour les couples malheureux ! À boire, à boire,  un dernier coup la grande ! Je me suis engagé dans le Léviathan ! Oui, je me suis engagé dans le Léviathan !  Au large de la mer Maudite, sur des flots déchainés ! Oui je couine comme un porc dans des vagues de trente pieds, je me vomis les tripes à cause du mal de mer ! Et j'te jure sur ma vie que rien n'égale l'enfer...  De vivre avec toé ! Et le refrain reprit de plus belle.

"J'ai déjà prit la mer deux fois, dont une pour venir jusqu'ici." Sur un radeau. Hum ! "Jamais sur un navire du Léviathan, néanmoins. Je ne peux pas vraiment me vanter d'être un véritable marin pour être honnête, mais je ferais de mon mieux pour apprendre vite." C'était plutôt logique, les recrues du Léviathan devaient rester à terre le temps qu'on leur fasse confiance. Ils devaient tous faire leurs preuves sur la terre avant de prendre la mer. "Je suis un Lyrienn de l'eau, je peux fusionner avec cet élément. Ne vous inquiétez donc pas de me voir victime du mal de mer, ou encore du mal du pays."

Mots : 735
La chanson est tirée des paroles de Marine Marchande
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Ven 27 Déc 2019, 15:03

La boustifaille | Vylker Qerbcf11


Lorsque les premières notes de musique et chants montèrent dans les airs, Vylker se mit instantanément à bouger les pieds au gré du rythme, d'un pas léger et souple, sautillant parfois sur place quand nécessaire. Il ouvrit ensuite grand ses quatre bras en affichant un sourire plein de dents au Lyrienn. Aaah ! Voilà qui le rassurait ! Un homme capable de se défendre et qui avait vu la mort était un homme déjà bien avancé par rapport aux autres !

 « J'ai fait un jugement hâtif. C'est une formidable nouvelle, Wenda ! Tu seras initié à la dure vie au Léviathan ainsi, mais si il y a une leçon que tu dois retenir, c'est celle ci : N'hésite jamais. Si tu dois tuer, tue, sans hésitation. Hésite et tu perds, Wenda. Ainsi est la loi de la guerre mais aussi de la vie de pirate. Dédie une partie de ton esprit a l'art dévoué à la mort rapide et indulgente. Cela te sera utile dans le futur. »

Il ne chercha pas à faire artifice de quelconque élan pacifique dont le Lyrienn pouvait envisager. Les choses étaient bien plus crues pour Vylker. En chaque être sommeillait une bête sombre, de sang, de haine et de hargne. Cette bête n'était pas une malédiction, mais une bénédiction. Il convenait d'apprendre à l'utiliser plutôt que de la refouler. Ainsi avait été son credo et celui de son équipage, depuis leur monstrueuse transformation, aussi ironique cela soit-il.

 « Songe à ceci, Wenda. Qu'est ce qui est le plus juste ? Être né vaillant et pur ? Ou paraître avec les pires tares et la plus mauvaise âme qu'il existe mais apprendre à marcher de l'avant pour devenir meilleur ? Parfois, il faut savoir faire des concessions quand à sa conduite. Non, n'hésite pas, Wenda. N'hésite jamais, même si cela te paraît contre nature ou immoral. Et les horizons de la mer du Léviathan même s'abaisseront pour te laisser passer en souverain. Ma place ici n'est encore que relative et de basse catégorie comparé aux grands noms de cette île, mais j'ai pour ambition de voir jusqu'où le petit poisson que je suis peut nager dans cette grande mare. »

Sur ces quelques notes, il changea complètement de sujet pour s'intéresser à celui que Wenda avait fait venir par la suite : Les goûts.

 « Oh ! Grande question ! Je crois savoir que moi et Kyren avons une grande passion commune pour le thé, mais plus encore, je ne connais aucun marin qui ne serait pas ravît de se remplir le ventre avec un bon ragoût de la mer. Comme je l'ai dit, il y aura du ravitaillement à bord pour palier à tes besoins logistiques. Les recettes seront toute à ta guise et ta liberté créative sera totale cependant. »

Il se pencha sur le coté et marmonna doucement de sa tête dorsale.

 « Mais si je puis être insistant, j'aime mes plats relevés. N'ayez pas peur de l'épice ou de l'assaisonnement. Et pour le dessert, existe-il autre paradis que les denrées sucrées ? »

Il se leva et recula un peu en rangeant ses notes qu'il glissa au niveau de son ceinturon, à la jointure de ses deux parties. Vylker s'inclina doucement de manière cérémonieuse et gracieuse, avant de se redresser.

 « En attendant que ce jour ne vienne, ce qui ne devrait tarder comme je l'ai déjà dit, je te laisse la charge de l'estomac de mon équipage. Oh... Ce sont des monstres, ils n'ont pas le palais bien fin, mais ils ont besoin de bien manger. Je ne sais pas si tu as vu la taille de certains, mais il mangent trois fois plus de rations que les autres. Ces recettes au rhum sont intéressantes. Tant que c'est un minimum bourratif et aromatisé, je pense qu'ils en seront très satisfait. »
 « Accepte tu le défi, Lyrienn ? Si oui, quel sera ton paiement ? Payé en denrées ? En recommandations ? Négocions. Mais restons raisonnables tout de même. Je ne pourrais pas t'obtenir un navire. »

Vylker plissa un peu les yeux mais garda son sourire quasi constant. Même si l'on aurait put faire passer le service pour une initiation, il valait mieux lui proposer quelque chose à gagner. On tissait toujours des relations plus stables en se basant sur les échanges que sur la simple confiance et bonté du cœur. L'avidité et le besoin étaient deux choses extrêmement précieuses au bon maintien des choses au Léviathan. Quoique au marché de manière générale.

En un sens, il avait besoin « d'acheter » la loyauté du Lyrienn.

776 mots.
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Lun 20 Jan 2020, 23:42




La boustifaille | Vylker Karakt11


Le pirate pencha légèrement sa tête sur le côté, écoutant distraitement les marins continuer sur un autre air de musique. Ce n'était plus le moment de se laisser distraire par les chansonnettes, mais celui de réfléchir à avoir l'air crédible et à tirer son épingle du jeu. « Des recommandations, bien sûr. » Tout fonctionnait du bouche à oreille ici. Certains marins valaient cher pour leurs talents ou leur réputation, pour le peu qui n'étaient pas déjà fidèles et attachés à un capitaine en particulier. « Une part du butin si je prend pars à une de vos prochaines expéditions, dans le cas contraire, des pièces d'or si tout le monde est satisfait des repas. Et pour ce menu en particulier, je demande plutôt une carte détaillée des océans. Je suis certain que vous en avez plusieurs, ou du moins que vous savez où vous en procurer de qualité. »  Il savait lire. Les talents littéraires ne faisaient pas parti des qualités nécessaires à la survie primaire dans le milieu du Léviathan, néanmoins le Lyrienn connaissait la valeur des informations écrites dans les livres de géographie et les atlas, quand il s'agissait de naviguer et d'explorer de nouvelles contrées. Beaucoup de charlatans vendaient de fausses cartes sur les marchés des Terres Oubliées et, n'en connaissant pas grand chose en la matière, il ne voulait pas dépenser de l'or durement acquis pour rien. Le cuisinier regardait tour à tour les deux têtes, avide d'une réaction de leur part concernant son prix. Il ne s'estimait pas cher, l'or était le salaire de base de tous les marins ici, peu importait leur rôle à bord. Quant au butin, et bien la répartition dépendait des capitaines et des navires. C'était un sujet sensible, source de moult meurtres sanglants, jalousies et haines. Même si cette personne lui faisait peur, il tenait à défendre ce qui lui revenait de droit. S'il se montrait faible, il était à peu près certain que cela signerait pour lui le début de la fin. Non loin, les musiciens attablés aux tavernes continuait leurs tirades.

J’ai vu la jolie fille
Qui faisait du filet
J’ai vu la jolie fille
Qui faisait du filet
Qui tirait de l’aiguille
L’aiguille qui maillait
Que fais-tu donc la belle?
Tu mailles bien trop grand
C’est un filet, dit-elle
Pour me prendre un amant
Un amant qui danse au fond de la mer
Un amant qui vire ma voile au vent

« Je prend note pour vos préférences. Ravi de voir que vous semblez être un fin gourmet. C'est plutôt rare, en tout cas en dehors des officiers. » Il faut dire que les marins de bas étage n'avaient pas le luxe, pas encore, de se payer des festins et des mets de qualité. Et au bord du navire, la nourriture devenait rapidement restreinte. Faire le difficile alors qu'il était impossible de faire et de tenir des provisions tenait du suicide.

Monsieur le capitaine
Vous naviguez trop près
Vous prendrez des sirènes
Vous deviendrez pour vrai
Un amant qui danse au fond de la mer
Un amant qui vire ma voile au vent

Il se demanda si le capitaine Vylker était plus cultivé qu'il ne le laissait paraître. L'homme -ou la créature, Wenda n'avait toujours pas défini ce qu'il en était- semblait enclin à donner des conseils, ce qui était déjà une bonne base. Peut-être qu'il pourrait apprendre auprès de lui, s'il ne se faisait pas jeter après son premier repas raté ou s'il ne se faisait pas manger par un autre membre de l'équipage entre temps. Wenda rumina quelques instants sur les possibilités qui s'ouvraient devant lui, encore très floues.


Messieurs les capitaines
Retenez la leçon
Méfiez-vous des sirènes
Qui vous font des façons
C’est l’amour qui danse au fond de la mer
C’est l’amour qui vire sa voile au vent
C’est l’amour qui danse au fond de la mer
C’est l’amour qui vire ma voile au vent


« En tout cas, nous pourrions discuter recettes plus tard. Je vais retourner sur le chantier pour préparer le repas de tout à l'heure et réfléchir au futur menu. Dans deux jours, n'est-ce-pas ? Revenez donc vers moi la veille au soir. »

Mots : 728
La chanson est tirée des paroles de Les Sirènes
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Jeu 23 Jan 2020, 14:54

La boustifaille | Vylker Qerbcf11



Une carte ? Tout cela pour une simple carte et une part de mousse ? C’était en effet un bien faible prix qui fit sourire aussitôt Vylker de ses deux têtes. Il tendit une main pour lui serrer en opinant des chefs lentement mais sûrement.

« Alors nous avons un accord. On viendra vous retrouver lorsqu’il sera l’heure d’embarquer dans le navire de ce cher Capitaine Kyren. Une journée pleine de promesse à n’en pas douter… et vous… Eh bien, je pense que vous serez parfait pour tenir le rôle dont je viens de vous affubler. La vie n’est-elle pas une gigantesque comédie macabre dans laquelle nous, acteurs, devons improviser parfois la tirade ? N’hésitez pas, Wenda. N’hésitez jamais. »

Il relâcha sa main, ramassa son bazar après avoir noté quelques lignes supplémentaires aussi bien sur la situation que sur le Lyrienn et glissa le tout dans ses armures de laiton. Finalement, le Capitaine du Geobukseon s’inclina et entama son demi-tour, non sans suivre quelques petits pas de danse au rythme des chants des marins aux alentours.

« Bien ! Sans plus tarder, j’ai des bêtes à aiguiller. Ces chiens de cale ne vont pas s’éduquer tout seuls. Oh… Si l’un d’entre eux grogne un peu trop près de vous ou bien vous regarder avec un air intéressé et l’estomac qui gargouille, signalez-le à Tarkan. C’est mon second. Vous ne pouvez pas le rater, c’est la grosse créature qui ressemble à un serpent. Il n’y en a un qu’un seul comme lui dans les parages. Il est un peu brute mais il est fidèle. Il se chargea de transformer les chiens en agneaux. De mon côté, je vais vous trouver la carte désirée. »

Le Hessha pery en chef lui renvoya un signe de salut et quitta la petite corniche herbeuse. L’engagement était conclu et le Capitaine était satisfait. Avec un peu de chance, Wenda allait se révéler encore plus précieux et utile que prévu, compte tenu de ce qui se préparait. Après tout… Il aurait été dommage de décevoir ce cher capitaine Kyren.
C’était un ami si proche.

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La boustifaille | Vylker J2rfaNH

Les deux jours qui suivirent furent relativement calmes. La plupart des matelots difformes du Geobukseon ne cherchèrent pas de confrontations avec le Lyrienn. Dans les faits : Tarkan le second à bord veillait au grain et avait tendance à chasser tout individu qui tentait de s’approcher un peu trop du cuisinier. Il avait déjà distribué des coups et beuglé sur certains. C’était une créature bien plus large que ses pairs monstrueux, et il usait de cet avantage pour faire respecter la loi et l’ordre au sein des rangs. Vylker avait compris qu’il était une arme importante de savoir s’entourer. De manière générale, ses hommes étaient bien plus compétents que lui sur bien des domaines, mais c’était pour cette raison qu’il les gardait près de lui en conséquence.

Il y avait également le bénéfice de l’assistance de quelques mousses. C’était souvent les créatures les plus pathétiques que l’on pouvait trouver à bord. Trop faibles pour le combat direct, petits, courbés, décharnés, déformés parfois et dans une douleur ou disgrâce permanente. Leur simple apparence suffisait à les renvoyer à l’état de misère nauséabonde que la morsure des Sang Mêlé pouvait provoquer. Certains semblaient vivre dans l’ombre et craignaient la lumière, d’autres encore ne supportaient pas le bruit et prenaient la fuite au moindre son un peu trop intense.

Il semblait que même dans l’infortune, il existait toujours une forme d’injustice. Les individus comme Vylker ou Tarkan étaient peut-être loin de leurs apparences originelles, mais leurs corps étaient robustes et définis, présentables et nettoyés. Ils avaient été en mesure de se forger une nouvelle identité et d’embrasser leur nouvelle nature, probablement car ils n’avaient pas été frappés aussi sévèrement par le mal de métamorphose. Quoique Vylker eut été gracié d’une nouvelle tête.

En dépit des handicaps apportés par leur forme, les mousses firent au mieux pour supporter Wenda dans sa tâche. Ils étaient dociles et un craintifs, et même le simple fait que le Lyrienn puisse lever la main pour ramasser un ustensile pouvait les intimider. Probablement des reliques d’un passé difficile et violent.

Le soir était tombé lorsque Vylker se décida finalement à se rendre auprès de Wenda. Le lendemain allait être bien remplit car c’était le jour d’embarquement. Il traversa donc l’entrepôt qui faisait office de refuge temporaire aux monstres, le temps que le navire ne soit de nouveau en état, et se rendit dans l’alcôve qui faisait office de cambuse. Il se déplaça légèrement en esquivant les matelots et les mousses pour venir finalement retrouver le Lyrienn.

« Aaah… Wenda. Comme vous me l’avez demandé, je suis venu vous voir. Demain sera un grand jour. Avez-vous fait un peu la connaissance des mousses ? Ils ne sont pas très reluisants ainsi, mais ils sont serviables et loyaux. Une qualité, compte tenu de notre situation. » lança la tête arrière du Capitaine.

Il laissa planer un silence et afficha un léger sourire sur ses deux visages.

« Avez-vous ressenti du dégoût pour eux ou pour quelconque personne à bord de notre affaire ? Y compris ma propre personne ? Inutile de mentir : Soyez professionnel. J'aime connaître les ressentis de mes collaborateurs. Ce n'est pas tout les jours que nous avons l'occasion de se renseigner sur le vis à vis d'autres créatures. »


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Dim 16 Fév 2020, 18:25




La boustifaille | Vylker Karakt11

Wenda laissa le Capitaine prendre un peu d'avance. Il préférait faire le retour seul, déjà parce-que la peur de dire quelque chose de travers devant Vylker était toujours là, ensuite parce-qu'il avait besoin d'espace pour réfléchir au fait qu'il était toujours en vie, et que c'était pas si mal. Enfin, pour réfléchir aux possibles menus... Au lieu de suivre les quais, il tourna au croisant d'une ruelle et fit un détour pour passer devant les étalages du marché, pensif. Au moins le Capitaine avait conscience que son nouvel employé était une possible proie pour ses co-équipiers. Il l'admettait même de bon cœur. Était-ce rassurant ? Oui et non. Toujours est-il que s'il avait un problème, il pouvait maintenant faire appel à ce fameux Tarkan... si ce dernier n'était pas trop loin au moment J. Un frisson lui parcourut l'échine. Son imagination lui jouait des tours d'horreur, il devrait plutôt se concentrer sur la réalité, sur ce qu'on attendait de lui dans les prochains jours. Le pirate déambula parmi les étalages, saluant parfois les marchands. Quand on travaillait dans une taverne, on rencontrait beaucoup de personnes et l'on apprenait beaucoup de choses que nos oreilles n'auraient jamais dû entendre. Il sourit et surmonta la tentation d'aller voir le vieux Myrk. Cela lui ferait perdre un temps précieux. Sous ses yeux défilaient armuriers, forgeron, charpentier, l'inscription bancale d'une maison de passe, un revendeur de bric à brac... Enfin, il remarqua légumes et fruits, certains dont il ne connaissait même pas le nom, aux formes incongrues. Qu'y connaissait-il ? Pas grand chose. La nourriture de base des pirates n'était ni variée, ni appétissante car plus on passait de temps en mer moins les denrées restaient fraiches. Bien sûr, il existait quelques subterfuges magiques pour améliorer le maintient de l'eau potable par exemple, principalement grâce aux mages capables de produire ou maintenir de la glace. On pouvait aussi emporter à bord des poules et des cochons pour la viande et les œufs frais. Le poisson était quand à lui l'ingrédient de base. Toujours est-il qu'à part quelques fins gourmets, les pirates étaient en mer pour explorer et piller, et qu'il n'y attendait pas une cuisine de haute gastronomie. Pour un bon repas, il était plus logique pour eux de dépenser leur butin de retour à la Capitale, ou bien de se servir chez leurs victimes pour fêter une victoire. Wenda ruminait tout ceci, qu'il avait apprit de Myrk, tout en inspectant les produits. Si le strict nécessaire était amené à bord pour partir en mer, sur terre en revanche, une véritable profusion de mets surgissait des entrailles du marché des Terres Oubliés, résultat de différents butins.

« Capitaine ! » Collaborateur ? Il haussa un sourcil, perplexe, avant de se reprendre. « Euh. Plus de méfiance qu'autre chose, devrais-je dire. Comme un souris avec un chat, voyez-vous ?! » Non, probablement pas parce-que sa métaphore était aussi ridicule qu'inutile. Il se fendit d'un rire nerveux particulièrement aigu puis passa sa main dans sa tignasse grasse. Il avait dû user d'une forte patience pour faire comprendre aux mousses qu'ils étaient dans le même bateau, façon de parler, et qu'il ne leur voulait aucun mal. La majorité d'entre eux ne connaissait rien au métier, mais ce n'était pas grave, les gestes s’apprenaient vite. Ils seront capables de monter les tables, mettre les couverts, servir, débarrasser, laver. « Voyons. Voici le menu pour demain : Rouleaux de saumon fumé sur son lit de fromage frais ; Bouillabaisse aux fruits de mer et au tourteau ; Tenez vous pouvez goûter la rouille. » Il l'avait faîte tellement forte que lui-même en devenait rouge, peut-être était-ce exagéré. La sauce portait son nom à cause de son ingrédient principal : le safran. « Et en dessert, mousse au fruit de la passion accompagnée d'un thé. Pour la boisson principale, le tafia sucré bien sûr. J'ai moi-même l'étrange capacité magique de changer l'eau en rhum à la volée, tenez ! » Mélangé avec certains jus de fruits, cet alcool rude devenait docile et mensonger. On pouvait en boire à volonté et se rendre compte de ses effets seulement trop tard. La mixture n'en restait pas moins extrêmement populaire parmi les marins. Wenda attendit le verdict. Tout était prêt si ce n'était le feu vert du Capitaine.


Mots : 760
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Mer 11 Mar 2020, 15:49



Amusant : C’était la première fois que Vylker faisait face à quelqu’un qui ne prenait pas en pitié ou en dégoût ses mousses. Pathétiques créatures qu’ils étaient. Parfois, il se disait qu’il leur rendrait plus grand service en les suspendant au bout d’une corde par le cou. M’enfin, voyons plutôt ce que le chef de cambuse avait mit au point…

« Juste ciel, vous avez été rapide. Je mentirais si je disais que j’ai compris exactement tout ce dont vous me parliez… mais ma foi, qu’est ce que je risque à essayer cela ? Un empoisonnement ? Vous n’êtes pas un empoisonneur, comme nous en avons discuté précédemment. N’est-ce pas Wenda ? »

Il lui renvoya un regard insistant avec un sourire plein de dents avant de porter les échantillons que le cuisinier lui avait préparé. L’expression faciale des têtes de Vylker passa de la surprise, à l’incertitude, à la détente, avant de brutalement se ranimer pour tire les langues et souffler fortement.

« Ooh ooh ohh ! Par les chaussettes de l’Amiral Bökk ! Ca sera parfait ! C’est exactement ce dont il me fallait : Quelque chose de puissant en bouche, loin de la fadeur des biscuits de mer. Cela conviendra parfaitement. »

Il ne pouvait pas espérer mieux. Il avait de grande espérance pour la petite réception qui serait organisée demain. Le capitaine s'installa sur un baril à proximité avant de frapper dans ses mains : Il était temps de lui détailler un peu le programme, en espérant que tout se passe comme prévu. La journée promettait d’être agitée et pleine de surprises, pour sûr… Sans doute quelques petits détails ne pourraient pas être contrôlés.

« Bien. Bien… Je vais vous expliquer ce qu’il va se passer. Nous embarquerons demain matin à l’aube sur le navire du Capitaine Kyren, où nous mettrons cap sur l’atoll Corvali. Ce n’est pas un endroit spécialement remarquable, juste une place que le Capitaine Kyren apprécie. Je crois que c’est là-bas qu’il a été déclaré capitaine… Pour la passation de son titre, il désirait s’y rendre, en toute logique. Le repas aura lieu à Midi. C’est là que vous entrez en scène. »

Il descendit de son tonneau pour en sortir une carte roulée sur elle même. Celle-ci venait directement de son navigateur Zun. Il la déplia afin de la montrer au Lyrienn : Il s’agissait en effet d’une carte maritime graduée et quadrillée, le navigateur avait visiblement griffonné plusieurs notes dessus qui devaient représenter des voies maritimes fréquentées ainsi que de potentiels lieux d’intérêts. Elle avait été agrémentée ainsi au fil du temps, précisément depuis que les Hessah étaient sortis de leurs prisons maritime.

« Vous pouvez voir l’atoll juste ici. Vous pouvez garder la carte, j’ai demandé au navigateur d’en faire une copie… Outre les composantes classiques, il a noté plusieurs informations complémentaires dessus qui pour la plupart sont des marques d’intérêts de flibusterie… Des routes commerciales, des cachettes éventuelles, des zones de dangers liées aux Ondins… Bref, des points d’intérêts. »

Le capitaine enroula la carte et glissa l’anneau autour avant de la donner à Wenda. Elle n’était pas spécifiquement rutilante ou flambant neuve, mais l’intérêt d’une carte était sa valeur informative. Complétée des remarques du navigateur, elle remplissait mieux cette fonction que vierge.

« Lorsque midi sonnera, le repas démarrera : Vous aurez l’assistance de mes mousses et de ceux de Kyren pour le service. Il va y avoir du monde à bord, alors vous aurez pour tâche de coordonner tout ce peuple afin d’assurer que cela se passe bien, d’accord ? Je ne veux pas provoquer d’incident diplomatique et je veux assurer que notre hôte soit à l’aise. La méfiance endormie est toujours mieux pour conduire quelques négociations… »

C’était là le coeur de l’affaire. Vylker ne faisait pas sa journée par simple question de bons procédés et d’amitié. Il avait quelque chose à y gagner, même si il restait assez vague dessus. Le repas n’était donc pas désintéressé et il misait sur la bonne impression pour faciliter le climat qui lui permettrait sans doute de tirer les meilleurs affaires avec ce Kyren. Autrement dit : le cuisinier allait avoir un rôle pivotant, et un mauvais service risquait de poser préjudice à la bonne ambiance, et donc à la conduite des affaires de manière générale.

« Suivez le plan, faites ce que vous savez faire le mieux. Nous nous chargerons du reste. Peut-être qu’il y aura quelques modifications ou imprévus. Nous vous tiendrons au courant dans tous les cas. Gardez votre calme. »

736 mots
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Ven 10 Avr 2020, 15:47




La boustifaille | Vylker Karakt11

Non, il n'était pas empoisonneur, repensa fortement Wenda, en devenant aussi blême et gris que son tablier tâché alors que le Capitaine faisait une énième supposition au sujet de sa théorique culpabilité. Etaient-ils tous autant paranoïaques, ces propriétaires de navires ? Peut-être que plus on montait dans la hiérarchie du Léviathan, plus on le devenait. L'Empereur n'avait pas la réputation d'être saint d'esprit, n'est-ce-pas ? Le cuisinier fût toutefois soulagé de constater qu'il avait contenté son client, pour le moment. Une certaine vague de fierté l'envahit, malheureusement le contexte étrange de se voir entouré de créatures monstrueuses le gardait nerveux en permanence et l'empêchait de se réjouir comme il le voudrait. Wenda s'essuya les mains sur un torchon propre et se rapprocha -à regret- du Capitaine afin de mieux discerner le parchemin déplié. Sa carte ! Enfin, sa future carte ! L'étonnement et l'envie impatiente se lurent sur sa face. C'était tout à fait ce qu'il avait espéré, voire mieux étant donné les inscriptions manuelles rajoutées... A moins qu'elles ne soient volontairement fausses ?! Voilà qu'il devenait parano lui aussi, à l'exemple de son Capitaine. Le Lyrienn attrapa la carte d'un geste empreint d'un certain respect. « Merci ! J'espère en faire bon usage ! »

Le plus était des plus simple, en effet. Cependant.. Des imprévus ? Gardez votre calme. « Bien sûr, oui. Je comprend. Tout à fait. A demain, Capitaine ! » Ahahahahaha ! Prit de sueurs froides, il s'assit à l'exacte place où se trouvait Vylker quelques instants auparavant, sur le rebords du tonneau. Il ne savait pas gérer les crises. Il préférait quand tout était calme et plat comme l'eau d'un lac sans vent. C'était peut-être un goût lâche pour la facilité, mais le Lyrienn ne pouvait que difficilement changer son caractère. Il retourna se rincer les mains par réflexe, tel un automate, ne faisant plus vraiment attention à ses nouveaux sous-fifres.

Le lendemain matin à bord du navire de Kyren, Wenda enfila son pantalon, ses chaussures et son tablier de cuisiner en se répétant pour la cent-cinquantième-fois tout ce qui allait suivre, dans le bon ordre, au mot près. Encore s'agissait-il de cocher un par un les multiples lignes de cette liste mentale, sans incident. Les ramequins de mousses pour le désert étaient déjà prêts et conservés dans une petite pièce qu'il avait réquisitionné pour s'en servir comme chambre froide. Heureusement, le Lyrienn ne manquait pas de ressources et en travaillant à la taverne, il avait rencontré Sobek, un autre Lyrienn, un peu simplet, tout juste bon à congeler tout ce qu'il lui passait sous la main... Wenda avait vite remarqué l'utilité d'un tel don dans son pragmatisme habituel. La bouillabaisse était bien plus complexe à préparer et pour cela il avait fait charger des livraisons toutes fraiches de l'aube, de rascasses, rouget, lotte, congre, oursins, crabes qu'il fallait pour certains ouvrir, nettoyer, couper. Mais ce n'était pas assez, pour être pimpant et m'as-tu-vu, il fallait encore rajouter, bien sûr, du homard, ingrédient qui lui couta aussi cher que les épices requis : piment et surtout safran. En combinant jaune d’œuf, safran, ail et huile d'olive (pas dans cet ordre), il montra avec patience à quelques uns de ses apprentis comment préparer la rouille -élément garantissant la réussite de la recette, qui serait mise sur les tartines de pain grillées, lesquelles plongeront dans la soupe de poissons broyés entiers. Pendant la matinée, le coq supervisa aussi l'agencement des tables, en veillant bien au passage à la position des deux capitaines et de leurs seconds. Heureusement, le bouillon n'était pas très difficile à servir, encore que fallait-il bien le présenter sans quoi tout était fichu.

Un peu avant le coup de midi, tous les mousses concernés mangèrent leurs parts, dans un coin qui leur avait été réservé et qui sera débarrassé ensuite. La mise en place était terminée et un fumet appétissant envahi tous le navire jusqu'aux cales. Les serveurs mirent en place une première tournée de tafia, mais le cuisinier tint à s'occuper lui-même de Vylker et Kyren. Il vint offrir aux capitaines une bouteille de vin magicien qu'il avait déniché -piqué- un jour dans la cave de son ancien employeur.

Mots : 745 - comme prévu tu peux disposer de Wenda /sbam
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Dim 26 Avr 2020, 18:11

La boustifaille | Vylker Qerbcf11

Le Capitaine Kyren était un vieux briscard dont la carrière de pirate était désormais derrière lui. Gentleman dans le banditisme, c’était un vieil homme : l’adage disait de prendre grande méfiance envers les hommes âgés dans une profession où l’on mourrait jeune. Sa succession était toute trouvée : l’humain qui allait le remplacer était comme un fils pour le vieux marin, et il comptait sur la journée pour enfin faire sa passation. Vylker était parvenu à entretenir des relations cordiales avec lui suite à une soirée arrosée au fond d’une taverne de la capitale du Léviathan. Le goût de l’inconnu et du risque sans doute, car jamais l’Hessah Pery n’avait rencontré un homme si rapide à faire passage sur le faciès disgracieux des siens.

« Je vous souhaite la bienvenue sur mon navire, Capitaine Vylker. Puisse notre journée être placée sous les meilleurs auspices pour la petite célébration que nous avons prévue. » lança le vieil homme souriant dans ses beaux habits de marin.
« C’est un honneur et un plaisir de partager ce moment en votre compagnie, et je prie chaque instant pour le bon déroulé de nos retrouvailles et de votre passation. » renvoya la seconde tête de Vylker.

On libéra la rampe de façon à ce que Vylker et sa compagnie puisse embarquer à bord. Ce navire était un splendide galion dont les quartiers étaient bien supérieurs à ceux du Geobukseon : son équipage tout autant. L’Hessah Pery le savait, seul un nombre limité de monstres allait avoir accès au bateau. Et aussitôt embarqués vers la pleine mer, les mousses et Wenda eurent accès à la cambuse, elle aussi bien plus spacieuse et fournie que le placard du Geobukseon. Le Lyrienn eut donc à sa disposition une armée conséquente de servants de fortune, moussaillons et jeunes, humains comme monstres. Et bien que les deux groupes semblaient définitivement antipathiques l’un contre l’autre, la bonne entente de Vylker et de Kyren les contraignaient à coopérer. L’ambiance était un peu tendue, mais ultimement, mieux valait se dévouer au service plutôt que de provoquer la colère des deux capitaines.

Lorsque la cloche du midi sonna, quelques heures plus tard, le service pût commencer…

Le navire du capitaine Kyren était stationné en pleine mer, aux alentours de bancs de sable, au milieu de rien. Un endroit tranquille au milieu des flots bleus et sous un ciel ensoleillé.
Vylker et Kyren trinquèrent lorsque Wenda vint apporter le vin.

« Ha ha ha ! Oh ! Laissez-moi vous présenter Wenda : C’est le chef du jour et le responsable du service. » lança la première tête de Vylker.
« Ma foi : Mes compliments à votre cuisine. Je suis enchanté d’avoir bénéficié de vos compétences et j’ai grande hâte à goûter la suite. » répondit le vieux Kyren.

On avait placé au milieu du pont une grande table où les officiers du Galion ainsi que les invités honoraires mangeaient. La plupart des mousses et membres d’équipages, eux, mangeaient leur repas là où ils le pouvaient. Sur les tonneaux, sur les rambardes, sur les caisses… Vylker lui-même bénéficiait d’un tabouret à côté de la chaise sur laquelle reposait le Capitaine Kyren. Après avoir échangé les politesses, on renvoya Wenda aux cuisines pour procéder à la suite du service. Tout se déroulait jusqu’ici sans accrocs, jusqu’à ce que Tarkan, le second monstrueux du Geobukseon ne débarqua avec fracas dans la cambuse, sous le regard globuleux des mousses monstrueux et inquiets des humains. Il transportait avec lui une large caisse plate sur son épaule qu’il déposa au milieu de la cambuse.

« Changement de plan. L’Capitaine Vylker souhaite que vous cuisiniez c’te viande en ragoût : Et vite. Le service ne doit pas perdre de temps. »

Le regard dur et la carrure large de l’Hessah Pery aux traits serpentins et à la grande queue en guise de jambes intimidait. Les mousses se mirent à tirer la caisse pour l’ouvrir, révélant ce qui devait être des pièces de viande rouge salée et probablement saumurée… Alors que Tarkan restait dans la pièce pour surveiller, Wenda se saisit des morceaux qu’il palpa, en clignant des yeux.

Il n’était pas dupe : Il y avait quelque chose d’étrange avec cette viande…



« Tout de même, c’est curieux. Ma vigie n’est toujours pas revenue de la cale… Ce n’est pas son genre de se saouler ainsi... »
« C’est jour de fête, mon cher Kyren. Laissez donc vos hommes profiter du repos et d’une sieste forcée par les vapeurs d’alcool. »

On riait, on buvait et on chantonnait à la table des deux capitaines. Dans une ambiance étrangement bonne enfant, les esprits affaiblis par l’alcool qui avait coulé à flot. C’était comme si la barrière qui séparait les hommes des monstres invités s’étaient affaiblies. Bien entendu, les mousses les plus misérables étaient cantonnés au service. Avec tout cela, on était repu et plus personne n’avait envie de simplement bouger un petit doigt. Assis sur son tabouret et le verre dans l’une de ses quatre mains, Vylker trinqua avec Kyren et bût, avant d’être interrompu par son hôte.

« Puisque vous êtes mon invité, il est l’heure de payer votre embarquement. Et si vous nous chantiez quelque chose, Vylker ? Je crois savoir que vous étiez plutôt intéressé dans le domaine... »
« Oooh… Je ne suis point un grand ménestrel, mais il est vrai que j’ai nourri intérêt dans le domaine de la musique et de la poésie. Mais soit : Je vais me plier à l’exercice. Cela nous aidera à digérer. » répondit la seconde tête de Vylker. La première était en effet occupée à siffler l’intégralité de sa chope d’une bonne traite et ne semblait pas intéressée à l’idée de la reposer.

On lui donna quelques instruments, luth et tambourin et on dégagea un peu la place pour lui laisser l’espace nécessaire à la prestation. Le capitaine monstre sembla un instant évaluer son assemblée, et se fendit de deux sourires puissants. Sans plus de réflexions et de dialogues, Vylker se mit à pincer quelques cordes de luth afin de produire une mélodie à laquelle vint très vite se joindre les sons du tambourin.

Les sons et mélodies, changent, changent, changent,
Et tanguent,
Mais ils restent toujours les mêmes.
Les mélodies que l’on entonne lorsque les heures sombres viennent,
Sont celles que l’on se chante lorsque nous les chassons finalement.

Si un jour, je trouve un fontaine d’or,
J’achèterai quantité de nectar des vignes
Je mourrais des étoiles plein les yeux,
Car j’ai chanté, raconté, aimé, exclamé, et bu tout mon saoul !

Demain est un autre jour,
Les monstres et terribles sont dehors pour jouer,
Ce vieux vaisseau de bois flotté veut à nouveau naviguer,
Naviguer dans sous les étoiles cruelles,
Et sur une rivière de liquide rouge écarlate.



Les dernières paroles du couplet attirèrent un peu l’attention des hommes ambiant. Était-ce une référence au Geobukseon ? La chanson ne semblait pas terminée, mais le second officier du Capitaine Kyren sembla être pris d’une violente quinte de toux. Ses comparses eurent crû qu’il s’étouffait d’abord avec de la nourriture, jusqu’à ce que le phénomène ne se reproduise pour un autre marin, puis un autre, et encore un autre. Quelques instants plus tard, c’était la majeure partie des humains du navire, a l’exception du Capitaine Kyren, qui étaient en train de tousser et de se tortiller, comme attaqués par une force invisible, sous le regard juge des différents monstres qui composaient l’assemblée du Capitaine Vylker, encore prit dans sa chanson, qui vira dans une Jtournure plus sombre.

Fuyez… Fuyez… Fuyez…
Nous allons enfin avoir de quoi,
Nous Amuser… Amuser… Amuser…
Portons un toast aux fils,
Condamnés...condamnés...Condamnés…



Le sang du capitaine Kyren ne fit qu’un tour, et il jeta immédiatement son verre sur le côté, répandant le vin rouge sur le pont. Réalisant le piège qui se refermait sur eux, un des officiers de Kyren porta sa main vers la poignée de son sabre, ne recevant finalement qu’une hache qui vint lui fendre le crâne, lorsque le monstre derrière lui eut décidé de se lever de son siège.

La situation dégénéra, très vite. Les Hessah Pery se levèrent de leurs sièges respectifs et s’attaquèrent aux humains immobilisés ou rendus faibles par le poison que l’on avait déposé dans la nourriture et le vin. Le pont commença à dégouliner de sang lorsque les lames furent dégainées, et que l’on commença à égorger et étriper son prochain, qu’il soit sur sa chaise, ou au sol, occupé à déglutir et lutter contre l’empoisonnement. Vylker, lui se leva, et dans sa suite musicale accompagnée d’une danse presque gracieuse, poursuivit sa chanson.


Oh ! Quelle belle journée aujourd’hui !
Aujourd’hui est un jour à fêter !
Saisis t a chope et ton coutelas !
C’est en haute mer que grondent les affres du combat !
Lors de si beaux jours, on fait face au sang qui ruisselle des canots !
De cette même vie que l’on tente désespérément d’économiser !
Je ne vivrais que du sang, et en arrosera mes vignes !
Je dormirai aux vents avec les feux de nos ambitions proches !
Je chanterai sur les plages et danserai dans la nuit !
On criera : « Je passe du bon temps, et j’en suis fier ! »


On dissimula des couteaux dans les entrailles, on placarda des corps contre les rambardes à l’aide de lames, et on épingla les survivants à l’aide de lances contre le pont supérieur. On suspendit les membres mutilés et les corps de leurs propriétaires aux mats et aux haubans. Il était du marin avisé de ne jamais accorder sa confiance même à ses plus proches alliés.

Car il était d’une connaissance publique, dans le Léviathan, que la mer était le tombeau des braves et le terrain fertile de la traîtrise et de l’infortune.




Au retour sur la terre ferme, après avoir joyeusement massacré l’équipage du Capitaine Kyren et renvoyé ce dernier aux Ondins, on ramena le galion à bon port. Désormais privé de son équipage. Nul n’était présent pour condamner l’action, les lois du Léviathan étaient claires. Si l’on ne pouvait s’attaquer à ses pairs à terre, tous les coups étaient permis en mer. Vylker avait juste eut besoin d’un cuisinier assez compétent pour dissimuler le goût acide du poison des glandes de Tarkan. Cela eut été le labeur de plusieurs mois de préparation.

Vylker n’avait jamais aimé Kyren. Mais il avait toujours été frappé de convoitise vis-à-vis de son navire. Cela ne l’avait pas empêché de faire semblant de s’entendre avec le vieux marin, qu’il avait désormais pût piller et envoyer au fond des flots. Il aurait sans doute été honnête de faire construire son navire par d’autres moyens, mais Vylker espérait bien forger ses galons au Léviathan par ce genre d’actes de décimation et de traîtrise. Parfois, il fallait accepter de provoquer l’infortune pour en récolter ses plus grandes récompenses. L’eversha n’était pas mécontent de son affaire : il allait enfin pouvoir arrêter de prétendre une relation cordiale avec cet homme qu’il avait toujours profondément détesté et jalousé. Cela n’avait pas été le premier sur sa liste cependant. Mais les autres viendraient en temps venu. Vylker avait besoin de plus de ressources et surtout de légitimité au sein du Léviathan avant tout.

On démonta le galion pièce après pièce en cale sèche, se servant de ses différents morceaux pour rénover et agrandir le Geobukseon, vieux navire ayant souffert des différents voyages qu’il eut vécus par le passé, et qui avait besoin d’un bon coup de charpente. On agrandit sa cale et ses quartiers, on répara la tête de dragon, et on renforça la carapace de fer du navire. Tout ce qui ne pouvait pas être utilisé dans le galion pour réparer et améliorer le Geobukseon fut vendu.  

Finit le Geobukseon, maintenant venait l’heure de son descendant direct : le Jin-Geobukseon.

La boustifaille | Vylker Rafael10

Le navire reprenait le même principe que son vénérable ancêtre. Le Jin-Geobukseon était un navire-tortue, un bateau de forme ovale caractérisé par son blindage. On avait disposé une large carapace de fer à piques sur le dessus du navire, deux voiles escamotables, ainsi que des flancs renforcés par des poutres et des couches de métal. Il était armé de douze canons et d’une tête de dragon abritant un éperon et un projecteur de précipité incendiaire. Les Hessah Perys utilisaient un mélange d’huile, de salpêtre et de copeaux de bois de façon à produire la mixture inflammable. Plus grand, plus lourd, plus résistant. Le Jin-Geobukseon était plein de promesses.

Assis sur un rocher, sirotant un rhum et observant l’assemblage du Jin-Geobukseon sur la cale sèche, Vylker laissa échapper un léger rire de ses deux têtes. Il tendit finalement son verre à Wenda qui le resservi. En dépit de la décimation qui avait eu lieu en pleine mer, le Lyrienn avait survécu. Après tout, il avait participé à l’effort et n’avait pas dénoncé Vylker et son équipage lorsqu’ils avaient empoisonnés les plats et la boisson.

« C’est bien, Wenda. Tu as fais tes premières armes dans la vie de pirate que tu as choisis. Ca sera une vie dure, probablement courte, mais pleine d’aventures et d’émotions, pour peu que tu n’ai pas peur de te salir les mains. »
« Après tout : l’hésitation conduit à la mort. Mais je te l’ai déjà dit, n’est-ce pas ? »

Le Lyrienn allait pouvoir poursuivre le reste de son existence comme il le désirait. Vylker n’avait pas de désir de le garder à bord. Il avait eut besoin d’un complice pour accomplir son méfait, et maintenant que c’était fait, les deux allaient pouvoir voguer à leur propre rythme sur leurs propres destins.

Qui sait. Peut-être qu’ils viendraient à se revoir un jour ?


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