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 La chouette et les framboises | Solo

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Lun 20 Jan 2020, 00:10


Sur la colline, les basses branches d’un arbre aux feuilles rose s’agitaient doucement au vent. C’était une petite excroissance de terre qui dominait le creux d’une vallée sauvage, où s’affrontaient herbes, fougères et buissons de ronces. Un œil aguerri pouvait remarquer la trace subtile d’un ancien chemin de pierre, des restes d’un muret couverts de mousse, ou un tas de tuiles fragmentées, laissé à l’abandon, lentement rongé par des décennies de saisons pluvieuses. Le village habité le plus proche était à plus d’une journée de marche, et dans ce paradis isolé de tout, rien ne bougeait beaucoup. Les animaux préféraient le couvert ombragé du bois qui s’étendait un peu plus à l’est. Là, seuls quelques corbeaux et corneilles venaient de temps en temps se repaitre d’insectes et des baies amères qui poussaient sur les bosquets inégaux qui clairsemaient le paysage. Dans le cerisier, une vieille chouette avait établi un nid, des siècles auparavant ; sans qu’aucun humain n’y prête attention, elle avait laissé l’endroit à sa progéniture en mourant, et ses enfants avaient fait de même. Il y avait toujours eu un rapace nocturne pour loger entre ces branches rendues noueuses et dures comme la roche par les ères. On aurait pu s’asseoir, regarder l’endroit exister et traverser le temps, sans presque jamais changer. Les feuilles fleurissaient puis tombaient, mais jamais l’arbre ne changeait, et la chouette était toujours là. Parfois, la neige venait couvrir la vallée, mais elle finissait inévitablement par fondre, et parfois la foudre s’abattait avec violence, mais les impacts roussis qu’elle laissait sur la terre ne pouvaient que disparaitre. Et tous les dix ans, une autre constante faisait son apparition, dans un craquement sec et une odeur de soufre.

Jil fut soudainement là, un panier en osier au bras, l’air guilleret. Elle grimpa la colline en suivant l’ancien sentier dallé, enjamba ce qui avait été le petit portique en bois du vieux cimetière, et se dirigea vers une pierre étrangement lisse et dressée vers le ciel. Elle posa son panier non loin, avant d’ôter la mousse et les feuilles de la tombe.

— « Salut papa ! Je t’ai ramené des muffins aux framboises cette fois, je sais que tu adorais ça. C’est ce qu’on m’a raconté en tout cas ! »

Elle disposa la pâtisserie sur la pierre, et en pris une dans le panier pour elle-même, avant de s’asseoir juste à côté, en tailleur. Blottie dans un trou confortable du bois, la chouette ouvrit un œil contrarié et s’ébroua avant de se rendormir. La rouquine croqua dans son gâteau, et poussa une exclamation ravie, la bouche pleine :

— « Ah, tu vois, ils sont délicieux ! » –  et ils l’étaient – «  C’est parce que je suis allé chercher les framboises du côté de Bouton d’Or, c’est tout bonnement incomparable. J’y ai rencontré quelques personnes bienveillantes, tu les aurais adorées. Calmes et posées, comme toi ; elles ne se sont jamais énervées contre moi. »

Ses grands yeux verts se perdirent sur l’horizon, une moitié de muffin encore dans la main.

— « J’ai parlé de toi, récemment, dans une lettre. De cette fois-là, sur le lac. J’espère que tu ne m’en voudras pas. Mais ne t’inquiète pas, j’ai fait comme je fais parfois, comme si je n’avais pas compris, depuis le temps. C’est plus simple, je pense, et ça va mieux avec qui je suis maintenant. Oh, je suis retourné chez les pirates aussi ; tu sais, je t’avais parlé de Lily – Lily la Grue. On a trainé ensemble à nouveau, le temps d’un voyage, et elle embrasse toujours aussi bien. On chassait les Sardines-Kraken, quand Tibalt, l’un des plus jeune mousses, a trouvé une bouteille avec une carte, comme dans les vieux contes ! On l’a fait traduire, et tu me croiras si tu veux, mais ça indiquait vraiment un trésor ! Donc on s’est mis en quête de l’épave de la Joviale, et je te passe les détails, mais après cinq mois de pot-de-vin, d’arraisonnage de navires marchands et de plongées en eaux profondes, on l’a trouvée, posée sur le flanc, dans la vase d’une lagune, près d’Avalon… »

Sans jamais tarir de paroles, la Lyrienne continua ses histoires, sautant sans cesse d’un sujet à un autre, mimant parfois avec une gestuelle comique ses frasques et ses aventures. Quand la nuit vint à tomber, et que la chouette s’éveilla pour observer l’intruse avec un air hautain, Jil bailla et s’étira. Elle alla s’adosser à la pierre, et pendant un temps, ne dit rien. Elle se laissa aller à fermer les yeux un instant, mais quand un frisson la surprit en la faisant sursauter, elle se redressa en gémissant.

— « C’était sympa de passer te voir, papa. Fais un bisou à maman de ma part si tu la trouve. On se verra dans dix ans ! »

Et elle disparut comme elle était arrivée, laissant un muffin aux framboises, que la chouette s’empressa d’aller saisir entre ses serres, et de grignoter avec ardeur, car c’était sa pâtisserie préférée.  

833 mots.


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