Partenaire : RP Solo
Intrigue/Objectif : Apprentissage du métier de chasseur.
Dhavala avait si faim qu’il ne portait aucune attention à son environnement, ou à la propreté de sa fourrure. Il enfonçait sans relâche son mufle de tigre dans le corps encore chaud et saignant de sa proie. Son ventre recueillait rapidement plusieurs kilos de viande, mais ce n’était pas suffisant. Après des jours sans rien manger, l’Eversha avait faim et son Totem n’en était que plus vorace.
La proie, un jeune chevreuil, était consumée à vue d’œil par la bête vorace qui l’avait abattu. C’était là une ingestion de viande bien supérieure aux limites de l’estomac humain, mais Dhavala n’en avait plus aucun intérêt. Il y avait à manger, alors il mangeait. Il mangea donc encore alors que toutes les pièces de choix de l’animal avaient été consommées.
Jamais dans sa vie Dhavala n’avait eu aussi faim. Sa mère l’avait toujours bien nourri et son père avait quelques fois récompensé son fils d’une portion supplémentaire. Le résultat était un Eversha du Totem du tigre plutôt gourmand. Il était difficile pour le jeune homme de comprendre son propre appétit, puisque ce trait était partagé par le reste de sa famille.
Mais quelle idée j’ai eu de partir seul !Le jeune homme faisait allusion à deux décisions. D’abord, il y avait la décision de quitter son clan, ce qui survint deux ans plus tôt. Ensuite, il y eut la décision de quitter la meute qui hébergea Dhavala durant la période de la saison de Kram, quelques semaines plus tôt. L’on avait pourtant bien fait comprendre au jeune homme qu’il y avait une place pour lui dans la meute. Malgré son appétit démesuré, selon ceux-ci, Dhavala avait un potentiel qui plaisait au chef de meute.
Le vagabond ne voyait pas cette association d’un bon œil. Le vieil homme cherchait visiblement à marier sa fille, une Wynmeris Anba, elle aussi du Totem du tigre. Dhavala ne voyait aucun mal à côtoyer et à aider ces sang-mêlé, mais il n’avait aucune intention de faire plus. Il n’était tout simplement pas question pour lui de marier quoi que ce soit d’autre qu’une Evergrim comme lui. De plus, cette fille avait du mal à gérer son Totem… Sur ce point, elle n’était pas la seule, mais les problèmes de Dhavala se règleraient avec le temps, pas ceux d’une Wynmeris.
Malheureusement pour cette meute, il y avait plus à Dhavala qu’un estomac sur patte. Il avait lui aussi sa fierté et ses ambitions, même si le jeune homme avait très certainement regretté la promesse d’abondance.
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Le tigre dut se résigner à s’éloigner de sa proie avant que sa panse n’éclate. Avec des dizaines de kilos de viande dans l’estomac, l’animal n’était pas pressé de se remettre en marche et Dhavala ne souhaitait pas non plus en retour hâtif à sa forme humaine, incapable de digérer un tel repas. L’Eversha pris donc la direction de son camp, où l’attendant ses maigres possessions.
Ce repos forcé permit à Dhavala de réfléchir. Il avait du mal à contrôler les transformations en son Totem, alors il n’aimait pas l’idée de dépendre de cette forme pour se nourrir. Il craignait qu’il en retire de mauvaises habitudes, dont celle de trop souvent trop manger. Les grands félins pouvaient passer de grandes périodes sans se nourrir, mais alors ils engloutissaient de copieux repas pour compenser. C’était bien pour ces simples animaux, mais Dhavala était un Eversha. Il avait un devoir moral de s’élever au-dessus d’un simple animal. En l’occurrence, il avait besoin d’apprendre à faire des réserves plutôt que de tout engloutir et souffrir de la faim jusqu’à son prochain gros repas.
La mère de Dhavala lui avait pourtant appris les rudiments de la chasse à l’arc. Pourquoi est-ce que maintenant qu’il était seul, il n’arrivait qu’à chasser dans sa forme de tigre ? Ça ne faisait aucun sens ! Enfin… Il y en avait un, c’était juste Dhavala qui refusait de le voir. Il avait quitté les siens trop tôt.
Bon ! Je dois me ressaisir !Suivant ces pensées inspirantes, Dhavala se retrouva sur le dos, exposant la fourrure blanche de son ventre alors qu’il envoyait des signaux conflictuels à son corps. Il voulait à la fois se lever et se coucher, alors le tigre se retrouva les quatre pattes en l’air.
D’accord… Étape un, digérer. Étape deux, apprendre à chasser à l’arc.Le plan de Dhavala fut rempli d’embuches, alors qu’une forte pluie s’abattit sur la région. La saison de Renha était une saison confortable, chaude et offrant toujours des nuits étoilées, alors la pluie, essentielle à la vie dans la forêt, tombait de jour. Ce jour-là était donc pluvieux, alors l’Eversha passa un jour de plus sous forme animale.
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Après quelques jours de procrastination, Dhavala finit par reprendre sa forme humaine, nettoyer et ajuster son arc et prépara quelques flèches d’entrainement. Il était grand temps de chasser comme un homme respectable et de se nourrir comme tel.
Les séances d’entrainement furent plutôt courtes. Dhavala tirait à l’arc depuis son plus jeune âge. D’aussi loin que remontent ses souvenirs, le jeune homme avait eu un arc en main. Le problème, c’était le manque de flèche et la nécessité d’acquérir des têtes en fer. L’Eversha ne pouvait espérer abattre une proie d'ampleur avec des bouts de bois aiguisés. Il lui fallait de vraies flèches. Malheureusement, pour avoir des têtes de flèches, il fallait quelque chose à offrir en échange. Sans richesse, Dhavala devait compter sur le troc. Malheureusement, un tigre affamé qui dévorait sa proie faisait des ravages dans la carcasse de celle-ci. Il y avait donc peu à tirer, gaspillant de précieuses ressources et offrant une raison de plus à l’Eversha de cesser de dépendre de son Totem.
Dhavala devait impérativement acquérir les biens qui lui faisaient défaut pour mener sa vie solitaire. Donc, il lui fallait trouver de la fourrure, du cuir et des os. Sa mère lui avait enseigné, mais le jeune homme n’avait jamais dû faire tout le travail par ses propres moyens. Sa mère n’était plus là pour lui donner des pièces déjà coupées à traiter. Sa mère n’était plus là pour sélectionner les pièces sur la carcasse de l’animal. Sa mère n’était plus là pour abattre l’animal sans déchiqueter toute la fourrure inutilement. Bref, la mère de Dhavala faisait beaucoup pendant que ses enfants recevaient l’enseignement de leurs ainés.
En repensant aux séances d’apprentissage, Dhavala se demanda à quel point il était important de savoir se battre à l’arme et de parler le commun. Oui, il avait une épée, mais ce n’était pas ce qu’il allait le nourrir et le jeune homme risquait de bien mieux se porter s’il n’avait jamais besoin de manier cette lame. De même, aux dernières nouvelles, la langue commune était inutile pour chasser. Pourquoi donc avoir perdu autant de temps à l’apprendre, plutôt que de chasser ?
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À défaut de flèche adéquate, Dhavala chercha à s‘exercer sur des proies plus accessibles. Il procéda donc à installer divers collets autour de son camp, dans l’espoir d’attraper des petits rongeurs. Ce n’était pas une chasse bien glorieuse, ou nourrissante, mais l’idée était de partir d’un bout de ficelle et d’avoir quelque chose de valeur à échanger. La fourrure de rongeur avait son utilité. Son principal inconvénient était la quantité d’animaux à abattre avant d’avoir une quantité désirable.
Le résultat de cette tentative fut pitoyable. La moitié des collets étaient vide, deux avaient été détachés par les animaux et la seule prise avait été dérobée par un autre prédateur. Au final, Dhavala n’avait toujours rien et devait retourner à la case départ. Ce nouveau revers s’ajoutait à la faim grandissante qui n’avait de cesse de lui rappeler le nombre de jours depuis son dernier repas. Avec cette faim s’ajoutait évidemment le désir de tout abandonner et de simplement laisser la place au Totem. Il faudrait quelques jours, tout au plus, à un Eversha sous la forme d’un tigre pour se remplir la panse, mais Dhavala devait résister à la tentation. Ce n’était pas une vie d’Eversha, c’était une vie d’animal. Le chasseur en herbe se choisit un nouvel endroit et posa de nouveaux pièges. Il avait besoin de manger. Il avait besoin de fourrure. Il avait besoin de devenir un véritable chasseur.
La persistance de Dhavala fut récompensée par deux prises. Deux minuscules prises, mais de la viande et de la fourrure potentielles malgré tout, pour peu que le jeune homme réussisse à dépecer ces petites bêtes.
Le dépeçage se passa mieux que ce que Dhavala craignait. Le résultat était au plus grossier, mais les compétences que lui avait léguées sa mère avaient été assimilées. Une fois traité, ces petites fourrures auraient un minimum de valeur et si le jeune homme pouvait ajouter une douzaine de ces petites bêtes au lot, il devrait avoir une collection susceptible d’intéresser une meute dans le besoin. Prix de consolation, la viande de ces rongeurs donna à l’Eversha l’énergie nécessaire pour résister à la tentation de laisser sa forme animale assurer ses besoins.
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Dhavala était fier de sa collection de petites fourrures. C’était peu, mais c’était le produit de sa chasse et il avait fait tout le travail. Malheureusement, ce travail fut insuffisant pour nourrir l’appétit vorace de l’Eversha qui se transforma à la vue d’un cerf solitaire. Cette fourrure aurait été de loin plus profitable que la douzaine de peaux de divers rongeurs, mais après le passage du tigre, la fourrure était une perte totale. Dhavala récupéra tout de même les bois pour l’ajouter à sa collection de biens destinés au troc.
Le ventre plein, le jeune homme devait maintenant faire face à son prochain défi. Il devait trouver une meute disposée à échanger ses biens contre des têtes de flèche en fer. Il s’agissait là d’une double difficulté. D’abord, il fallait trouver une meute. Ensuite, il fallait que la meute ne se contente pas de dérober les biens de Dhavala.
La recherche mena le jeune homme en territoire de meute, ce qui était toujours un risque non négligeable. En pleine saison de Renha, les meutes se préparaient à la saison à venir, la saison de Neeha, autrement dit, la Saison des Neiges. Si Dhavala souhaitait passer cette saison dans sa forme humaine, il avait impérativement besoin d’outils de chasse et des vêtements plus épais. L’Eversha n’avait ni l’un ni l’autre, alors il avait un grand besoin d’acquérir ces têtes de flèches pour pouvoir chasser des proies plus consistantes et profiter de leur fourrure.
Les soucis de Dhavala étaient malheureusement partagés par tous les Evershas, alors il était possible, même probable que la venue d’un étranger sur ce territoire déclenche les hostilités.
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Dhavala s’était trompé, il n’avait pas mis les pieds dans le territoire d’une meute, mais dans un repaire de brigands. Maigre chance dans son malheur, ces brigands étaient eux aussi jeunes. Ils comptaient principalement sur la force de leur nombre et de l’agilité de leurs Totems de chacals et de hyènes pour dérober le bien d’autrui et rapidement prendre la fuite. Enhardis par l’intrus d’apparence vulnérable et leur position avantageuse de leur repaire, ces Evershas entrainèrent Dhavala dans leur petite caverne, dépouillèrent le jeune homme du fruit de son labeur et procédèrent à rouer leur victime de coups.
Pour la première fois de sa vie, Dhavala fit usage de son épée pour se défendre et il en vint à la fois à comprendre et à regretter le temps passé à la pratique de son maniement. Le jeune homme qui avait pensé perdre son temps remarquait alors à quel point sa maitrise était déficiente et qu’au contraire, il avait un besoin criant de pratique et d’expérience pour se servir adéquatement de cet outil de guerre. Il ne réussit qu’à se faire dépouiller de l’arme de son père, mais non sans verser le sang.
Ce sang versé était le résultat d’une blessure superficielle, mais il suffit à exciter les sens de ces Totems charognards. Les brigands n’avaient plus l’intention de simplement dépouiller leur victime de tous ses biens, ils allaient se repaitre de sa chair. Crocs et griffes s’entremêlèrent, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un tigre debout.
Dhavala manquait d’expérience. Il manquait de compétence. Il manquait d’entrainement. Toutefois, des chacals d’une douzaine de kilos et quelques hyènes d’une cinquantaine de kilos ne faisaient pas le poids face à un grand tigre de deux-cent-quarante kilos. Deux ou trois s’échappèrent de la caverne, mais au moins cinq gisaient sans vie dans la forme de leur Totem.
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Le butin des brigands comprenait des vêtements, de la nourriture, quelques matériaux et quelques armes. Dhavala était trop gros pour les vêtements, la nourriture avait une odeur infecte, mais parmi les armes, il y avait quelques couteaux émoussés et quelques bouts de flèches brisées. Visiblement, ces jeunes brigands étaient dans une situation similaire à Dhavala. Ils étaient trop jeunes et trop peu expérimentés et ils avaient payé ces fautes de leur vie.
Le jeune homme n’éprouvait absolument aucun remords quant à ses actes. Au final, c’est de la satisfaction qui anima l’Eversha lorsqu’il trouva trois têtes de flèches de fer. Ces têtes étaient déformées, signe que ces flèches avaient atteint leur cible déjà, mais elles pouvaient être réparées. Au prix de quelques ecchymoses et de quelques égratignures, Dhavala avait acquis les têtes de flèches tant désirées.
Le vagabond choisit de ne pas s’encombrer du butin des jeunes brigands, même s’il y en avait pour une certaine valeur. Il récupéra ses propres biens et se limita aux trois têtes de flèches découvertes avant de quitter la caverne. Les survivants allaient certainement revenir et Dhavala ne voulait pas leur donner une raison pour qu’ils cherchent à se venger. Il quitta les lieux pour retourner s’enfoncer dans la forêt, loin des meutes et des brigands, où le jeune homme pourrait parfaire ses compétences de chasseur à son propre rythme.
Fin du RP Solo
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