« Anwen ! Que fais-tu allonger dans cette maison ? Ne travailles-tu pas ? » Sam, le petit garçon Eversha, était venu savoir ce que je faisais aujourd’hui. « Sam, je suis en repos actuellement. La vieille guérisseuse, Kalya, m’a donné un jour de congé pour que je me repose après ces longues semaines de travail. » Le petit garçon me demanda et me sourit aussitôt. Il entra dans la maison en tapant dans ces mains. Il vint me faire un câlin et me donna quelques fleurs. « En quoi ai-je le droit d’avoir ces fleurs, jeune homme ? » Sam fit demi-tour jusqu’à la porte avant de déclarer qu’il avait juste envie de me faire plaisir. Il poussa la porte et retentit dans sa famille. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu ce genre d’attention depuis des années. Mon cœur s’emballa aussitôt. Je déposais les fleurs dans un pot en terre cuite pour le mettre sur un meuble en bois.

Ma maison était petite, mais cela me suffisait amplement pour moi seule. Je me sentais bien et enfin chez moi… Même si au fond de moi, quelque chose me manquait. Je ressentais une grande envie de reprendre l’aventure, de combattre des personnes puissantes et sentir mon sang coulé sur ma peau. Je serrais le poing pour me contenir de remettre les voiles très loin d’ici. J’avais des responsabilités dans ce village, même si elles étaient faibles. J’aidais les malades et les blessés pour ceux qui n’avaient pas la possibilité d’aller chercher un médecin au fin fond de la vallée. Je les aidais gratuitement, car il m’avait aidé lorsque je n’avais plus de passé. Je leur étais reconnaissant de m’avoir pris en charge, sans rien demander de retour. Je me sentais redevable envers eux pour une durée indéterminée pour le moment. Je n’aimais pas me poser des questions existentielles.

Comme j’avais du temps libre, je décidais d’envoyer des lettres à certains de mes amis comme Alyska, Erik ou encore à ma fille, Naelina. Elle me manquait beaucoup, je l’avais confié à son père après sa naissance, car je ne pouvais pas m’occuper d’elle correctement. J’avais abandonné beaucoup de mes enfants, car j’étais incapable d’être stable dans ma vie. Je le regrettais de les avoir abandonnées, mais c’était mieux ainsi pour moi. Peut-être un jour, ils me pardonneront… Je me mis à exécution afin d’écrire ces lettres pour prendre des nouvelles. Je commençais par ma meilleure amie, Alyska, où je n’avais aucune nouvelle d’elle depuis quelques années maintenant. J’espérais qu’elle allait bien sur l’archipel d’Aeden avec son mari, Kain et ses enfants. Je commençais à écrire ces lettres, je pris bien le temps. J’écrivis plusieurs pages pour raconter ce que j’étais devenue.

Quelques heures plus tard, j’avais terminé mes lettres. Je demandais à un oiseau voyageur de les apporter aux quatre coins du monde pour moi. L’oiseau prit son envol et disparut dans les cieux. Le temps de les transporter et d’avoir une réponse, cela mettrait plusieurs semaines, voire des mois. Puis, je me décidais à créer des baumes et des infusions pour les malades. Malgré moi, j’étais quand même en train de travailler avec des herbes. J’aimais beaucoup mon métier et j’aimais créer de nouveaux remèdes. Je passais plusieurs heures à écraser des plantes et à les faire sécher. Je décidais de faire des bouillons et des bocaux pour que je puisse les garder bien plus longtemps que la normale. J’étais bien fière d’avoir à réussir tout ce que j’avais fait depuis ce matin. Une bonne tasse de thé ne me ferait pas de mal en plus.

Soudain, j’entendis un bruit sourd venant de ma cheminée… Je m’approchais de la cheminée doucement, car je ne savais pas ce qu’il allait se passer. Je restais calme, mais je pris mon épée en cas de problème. Etait-ce un voleur ? Le seul jour où je pouvais avoir un moment de solitude, il fallait toujours que je rencontre des problèmes. Le karma était peut-être contre moi en ce moment…

HRP:

Dire qu’elle était perdue serait un euphémisme. Alahna se sentait égarée physiquement autant que mentalement. Sa sœur de visage l’avait chargée de renouer avec ses origines raciales, au moins pour en apprendre un peu plus sur sa nature et s’initier à son propre évolution. D’Eversha, la jeune femme n’en avait aucunement l’apparence. Elle maîtrisait peu l’animal qui sommeillait en elle et craignait de le dompter. Aussi, elle se rassurait que ce fusse l’âme d’une mouffette qui dormait en son sein et non celle d’un grand félin.

D’un geste fébrile, elle chassa quelques mèches ténébreuses qui la gênaient dans ses observations. Les différents plateaux qui constituaient le territoire des Eversha étaient réellement nombreux et le paysage souvent sauvage ne l’aidait pas à se repérer. Demandé son chemin la dérangeait, tant elle angoissait à l’idée d’aller vers des inconnus, parfois tout aussi sauvage que leur environnement. De ce fait, elle avait marché à l’aveuglette, espérait pouvoir compter sur son totem enfoui pour la conseiller dans ses choix. Cependant, la mouffette endormie n’était pas très active ou alors peu doué en orientation.

Alahna tournait en rond et force fut de constater qu’elle n’avait pas pris la bonne route pour trouver une ville importante. Bien au contraire, tous ce qu’elle voyait désormais à travers le paysage fut des petits villages disparates. Un peu tremblante, elle prit une brève respiration afin de prendre son courage pour quémander des informations sur sa localisation. Les réponses reçues ne l’aidèrent pas. Ignorante sur bon nombre de point, les noms données ne lui permettaient pas de la guider, ni même une carte. Un vieil homme sembla sensible à son désarroi et l’approcha doucement pour l’interroger sur son état. Il lui confia alors avoir vu un cas similaire au sien. Une jeune femme à la mémoire défaillante. Aurait-elle été victime du même mal ? Alahna avait dû mal à le croire, en plus de ne pas avoir de passé, elle avait le visage d’une autre sans avoir un lien du sang. Cependant, elle ne put confier l’aimable vieillard ce détail. Pas facilité, elle était devenue une jumelle Z’Odra supplémentaire et avoir une identité même fausse l’aidait à mieux appréhender ce monde étrange dans lequel elle avait été catapulté.

Toutefois, sa curiosité fut assez titillé pour prendre la direction de la maison de la dénommée Anwen. Elle prit quelques instants pour observer le petit habitacle et réfléchir à ses intentions. Elle fit une fois un pas en avant, puis une fois un pas en arrière, indécise sur la manière d’aborder les choses. Il n’était guère aisé d’entrer en contact avec les gens lorsque ceux-ci ne sortaient pas de leur chaumière. Incapable de percer le mystère des portes infranchissables qui l’entouraient, elle patienta longuement à l’extérieur en gesticulant et en se frottant les cheveux nerveusement. Quelques personnes passèrent à proximité d’elle, la regardant parfois étrangement. Elle bégaya de temps à autre une réponse inaudible pour éloigner ceux qui s’inquiétait de sa présence et de son stress apparent.
La jeune femme releva alors ses jupons noirs et décida de rendre visite à celle qui avait souffert d’un mal approchant le sien. Alahna ignorait encore les mots qu’elle lui prononcerait, mais si elle souhaitait avancer dans ses recherches, il fallait bien trouver un point de départ, aussi faible fût-il. Habituée à sa malédiction, elle ne prit pas la peine de toquer à la porte d’entrée. Elle profita d’un moment de calme pour se hisser sans être vue sur le toit de la maison. Heureusement, celle-ci n’était pas très haute et possédait une cheminée permettant son passage. Elle jeta rapidement un coup d’œil au-dessus, s’assurant qu’il n’y avait pas de fumée, signe d’un feu en préparation. S’il en avait eu un, il devait être à présent éteint. Du moins, l’espérait-elle ; sans cela elle aurait chaud aux fesses…

La chute était une routine, mais l’atterrissage était difficilement contrôlable. Elle entraîna de la suie dans son sillage et roula hors de l’âtre dans un nuage de fumée. Alahna avait pris l’habitude de se revêtir uniquement de robes sombres, la saleté des cheminées étant dès lors moins visible. Habituée à des accueils peu chaleureux en utilisant ce mode d’entrée, elle si mit immédiatement en boule pour supplier la personne présente de ne pas lui faire de mal. Un jour, il lui faudrait un bouclier magique, cela lui permettrait de mieux se protéger. D’autant plus qu’elle ne put faire sans apercevoir l’éclat d’une lame, augmentant ses craintes. Une odeur nauséabonde se dégagea alors de tout son être; la mouffette n’aimait pas le stress…

« Je suis désolée », émit-elle honteuse de n’avoir pu maîtriser ce côté-là de sa nature animale.

Heureusement pour elle, la propriétaire des lieux ne semblait pas être d’humeur bagarreuse. Elle reposa son arme et termina par un éclatement de rire. Alahna ne comprenait pas vraiment où se trouver le comique de la situation, mais elle préféra nettement cette réaction qu’un vil coup de pied aux fesses pour la chasser. Elle sembla vouloir la rassurer lui expliquant que la présence de son arme était pour se protéger des voleurs. C’était compréhensible, toutefois, entrée par la cheminée n’était guère une méthode silencieuse pour des voleurs. Cependant, l’eversha clone connaissait mal la vie pour juger sur la manière d’effraction des bandits. Alahna chercha à se détendre, se déroulant lentement pour trouver une position moins effrayée. Elle accepta la main tendue de la jeune femme pour se relever.

Gênée par sa prestation, elle frotta sa longue robe pour la défroissé, éparpillant ci et là quelques poussières sombres. Elle fit la moue en espérant que la maîtresse de lieu ne lui en tiendrait pas rigueur. Décidément, entrer par les cheminées n’était pas une malédiction aisée à porter. En plus d’un bouclier, avoir un vêtement de rechange ou une brosse pour se dépoussiérer serait un bien précieux à emporter pour ses prochaines visites. Lorsqu’elle redressa la tête vers la jeune femme, celui-ci lui lança un sourire sincère. Alahna lui en rendit un quelque peu hasardeux, toujours un brin mal à l’aise. Elle regarda les fauteuils désigner et, obéissante, s’installa sur l’épaisse fourrure moutonneuse tout en détaillant l’endroit. L’Eversha ne savait pas où poser son regard pour ne pas paraître impolie, n’osant pas laisser son regard trop longtemps sur la demoiselle accueillante. Certaines personnes n’aimaient pas être dévisagées et Alahna était trop timide pour garder un contact visuel.

Elle ne put faire sans sursauter en entendant le prénom qui l’avait guidé vers sa sœur de visage. Anwen s’interrogea donc tout naturellement sur leur lien de parenté. Son amie ne lui avait pas parlé d’une connaissance sur le territoire des Evershas, mais elle n’était guère bavarde sur ses voyages d’avant. La mouffette s’enfonça quelque peu dans le fauteuil, maîtrisant peu le mensonge, elle craignait de ne pouvoir donner le change. Toutefois son interlocutrice la rassura, lui annonçant qu’elle était probablement venue pour une bonne raison et qu’elle était prête à l’écouter. Alahna, elle, n’était pas vraiment prête à parler.

« Je… oui… non, bégagea-t-elle avant de prendre la tasse de thé qui trônait devant elle d’une main tremblante et nerveuse. Elle dû se concentrer pour ne pas verser le contenu à côté. Lorsque la mouffette constata la noirceur de ses mains, elle reposa aussitôt la tasse, gênée de déposer de la saleté partout. Je suis sa sœur, reprit-t-elle pour éviter de se retrouver dans un silence pressant. Jumelle, ajouta-t-elle. C’pour ça la ressemblance », continua-t-elle en pointant un doigt sur son visage.

« Je suis venue parce… une nouvelle fois, elle peinait à parler et sa timidité lui fit prendre une faible voix pour tenter d’expliquer la situation. Je… Aaliah m’a dit de venir… pour comprendre… je me suis… perdue et… une personne m’a dit que… toi… vous… moi… c’était pareil… que vous pourriez… m’aider ? Le dernier mot fut à peine murmuré dans un souffle étranglé par la crainte qui l’envahissait au fur et à mesure qu’elle discutait. Je… j’ai… perdu mon passé et je ne sais pas franchir un porte, alors… je rentre par les… cheminées, couina-t-telle quelque peu honteuse par ce fardeau lourd à porter. Une mouffette sommeille en moi… apparemment… quand je stresse, ça fouette, je suis désolée »

L’Eversha n’était pas certaine d’avoir été claire dans ses propos, d'autant plus qu'elle avait tendance à s'éparpiller dans ses déclarations. Aussi, pour éviter le regard de son interlocutrice, elle attrapa une nouvelle fois la tasse de thé. Cette fois, elle la porta jusqu’à ses lèvres pour goûter le breuvage. La bouche pleine l’empêcherait de se ridiculiser plus et la douceur du breuvage l’aida à se rassurer. Elle n’était pas très douée en communication et ignorait si elle pouvait faire confiance à la jeune femme pour lui confier l’entièreté de l’étrange situation qui l’entourait. Peut-être qu’Aaliah souhaitait provoquer leur rencontre. Alahna ignorait encore bien des choses à son sujet et elle ne pouvait être certaine de rien. Le monde lui semblait difficile à cerner tant il était complexe pour ceux qui comme elle, s’éveillait un jour sans rien connaître d’eux.

La jeune femme lui confia avoir connu sa sœur il y avait longtemps. Alahna osa durant un bref instant regarder son interlocutrice, s’interrogeant sur ce lien qui les avait unis jadis. Cela la rassura un peu de ne pas être avec une totale inconnue. Indirectement, elle avait une connaissance commune. Un détail, certes, mais qui permettait à l’Eversha mouffette de s’apaiser au fur et à mesure qu’elle tentait de converser. Chose peu évidente pour la craintive naturelle qu’elle était. Toutefois, les cris de rire d’Anwen la faisaient à chaque fois sursauter. Elle n’était pas habituée et l’animal qui sommeillait en elle avait tendance à prendre cela pour une attaque de la part de l’eversha aigle. Heureusement que le fauteuil en mouton était accueillant, sinon elle aurait déjà filé sous la table pour se terrer dans un trou.  Pour la maîtresse des lieux, sa situation d’eversha mouffette et sa condamnation à passer par les cheminées semblaient être drôle. Alahna ignorait pourquoi. Elle en subissait les conséquences jour après jour et elle n’y voyait rien de drôle. Bien au contraire, cela générait souvent plus des situations problématiques… Toutefois, elle ne maitrisait pas encore assez l’art de la conversation pour échanger et exposer son point de vue sur cette partie de sa vie quotidienne.

La conversation tourna alors vers le sujet premier qu’elle avait lancé, à savoir sa perte de passé. Anwen l’interrogea alors à plusieurs reprises, intriguée par le fait qu’elle n’avait pas le moindre souvenir qui revenait à la surface. L’eversha intimidée fit signe que non à chaque interrogation, à chaque fois un peu plus honteuse. Décidément, rien ne l’aidait et l’évocation du temps indéterminée, parfois relativement long pour retrouver des brides de souvenirs ne la rassurait pas. Devrait-elle porter ce fardeau une éternité ? Et si elle ne faisait pas partie de la normalité et ne retrouvait jamais le moindre souvenir ?

L’eversha rapace lui parla alors d’une terre qui lui avait permis de faire resurgir son passé. Alahna ne connaissait pas ce lieu, mais ses connaissances du monde étant très limité, cela n’était guère une référence en la matière. Apparemment, il lui avait été offert de revoir des scènes du passé et tout lui était revenu. Alahna la regarda, bouche béate d’une ingénue qui gobait les informations sans en comprendre toute la complexité. D’ailleurs, pensive, elle ne réagit pas lorsque son interlocutrice lui attrapa les mains pour reprendre sa conversation en la rassurant. Elle lui confia alors avoir un pouvoir permettant de voir le passé, le présent et même le futur d’une personne en lui touchant le visage. Naturellement, elle lui proposa d’exercer cette faculté magique sur elle pour lui révéler des brides de son passé. Une proposition qui eut pour effet de la faire sursauter comme si une guêpe venait de lui piquer les fesses. En effet, la mouffette avait menti sur un point. Aaliah n’était pas sa sœur, celle-ci avait été formelle sur ce point. Son adoption secrète lui permettait d’avoir un semblant de situation familial à défaut de mieux. Alahna ignorait si le pouvoir d’Anwen lui permettait également de voir les scènes du passé, mais elle souhaitait ne pas prendre de risque.

« J’ai menti », laissa-t-elle échapper dans un couinement apeuré en ramenant ses mains prêt d’elle pour éviter tout contact avec son hôte.

Alahna maitrisa très mal l’art du mensonge et n’avait su trouver d’autres mots pour expliquer son refus. Cependant, elle regretta aussitôt ses paroles et même la suie sur ses joues ne purent cacher le rouge qui lui monta jusqu’au bout des oreilles. Décidément, elle n’en ratait pas une ! Elle baissa la tête, gênée avant de tenter de s’expliquer dans des murmures et des bégaiements confus. Sa situation était complexe, trop probablement pour sa récente venue au monde. Car c’est ce qu’elle était dans les faits, un nouveau-né à l’apparence adulte qui devait tout apprendre.

« Aaliah… n’est pas ma sœur… lâcha-t-elle dans un murmure presque inaudible, comme si elle craignait d’être entendu. Mais on se ressemble… alors… elle m’a… adoptée… pour que j’ai une famille officielle… pour expliquer ma ressemblance », trouva-t-elle la force de continuer. Savoir qu’Anwen connaissait Aaliah l’aidait à dévoiler ce fait. Si elles étaient amies, la transmission de ce secret de devrait pas offusquer la première concernée. Du moins, l’espérait-elle. Alahna ignorait bien des choses sur les liens de sa sœur de visage. Peut-être faisait-elle une énorme erreur, mais de toute façon, il était déjà trop tard pour rectifier ses aveux. Aussi, elle reprit une grande respiration pour tenter d’éclaircir sa situation.

« Son… projet… lui prend beaucoup de temps… expliqua-t-elle en évitant toutefois de trop s’étendre sur le sujet. Alahna avait bien conscience que sa sœur souhaitait garder quelques faits sur elle secret. Elle préférait donc limité les dégâts au vu des révélations déjà faites. Il faut que… j’apprenne à être une Eversha… à connaître ma race… comprendre… et apprivoiser la mouffette en moi ». Apprendre à dompter son animal était un ordre donné à plusieurs reprises, mais elle ignorait comment faire. Tout lui était inconnue, les Ætheri vénérés, les lieux de sa race, les us et coutumes. Elle ne connaissait et ne comprenait rien. Par conséquence, tout l’effrayait et l’animal en elle usait du seul moyen de défense qu’il possédait : une odeur nauséabonde. Elle qui appréciait se faire discrète annonçait bien souvent sa venue à l’avance sans même le vouloir.

« Aaliah ne sait pas consacrer du temps pour m’apprendre tout ça, termina-t-elle en levant brièvement les yeux vers son interlocutrice pour montrer son désarroi. Mais quand je saurai… je pourrai… la rejoindre là-bas... et l’aider à mon tour. Alahna souhaitait pouvoir aider la jeune femme qui lui avait donné son nom et une famille. C’était là une manière de la remercier, mais elle savait que pour cela, elle devait progresser et s’améliorer. Vous la connaissez bien, Aaliah ? fini-t-elle par demander sans transition, espérant ainsi tourner la conversation vers un sujet moins stressant afin de faire oublier le mensonge honteusement révélé à l’instant. A aucun moment encore, elle ne pensa à donner son prénom. Le stress probablement de la situation qui ne l’aidait pas à prendre conscience des règles de des conventions sociales qui voulaient que l’on se présente, au moins en début de rencontre… Alahna se contenta de sourire pour masquer sa gêne et rendre à la situation un semblant de normalité.

Oui, je suis au taquet    

La jeune femme semblait bien être effrayée par la situation. Je la comprenais parfaitement. Le fait d’avoir perdu entièrement la mémoire, pouvait être problématique à la longue, mais aussi terrifiant. Chercher continuellement des brides de mémoires partout dans le monde, pour connaître son identité et savoir qui nous sommes, nous fatiguaient et nous faisaient perdre l’espoir. On m’avait dit que la mémoire était exceptionnelle, mais tellement fragile au moindre coup donnée à la tête. Ou même suite à une magie suprême, si notre esprit était trop faible… Comme si cela m’était arrivée pendant la guerre des Dieux. J’étais prête de la jeune femme, qui semblait avoir tellement peur de tout ce qu’il lui arrivait en ce moment. Je ferai tout pour l’aider, car je ne voulais pas qu’elle devienne comme moi, à une certaine époque. Vivre dans la peur de ne rien savoir, était vraiment horrible. Nous étions remplis de doutes et d’incertitude sur notre passé. Notre passé était notre identité d’aujourd’hui. Il ne fallait pas s’en douter. Je lui souris en lui pressant la main doucement pour qu’elle soit en sécurité avec moi. Elle n’avait rien à craindre. Puis, la jeune femme me lâcha qu’elle avait menti. Je plissais des yeux subitement. De quoi parlait-elle au juste ? Sur quel sujet m’avait-elle menti ? Je restais calme et j’attendis la suite.

Elle me racontait avec honnêteté qu’elle n’était pas la sœur jumelle d’Aaliah, mais qu’elle a été adoptée, car elle se ressemblait énormément. Ah ! Visiblement, ce n’était pas la même chose et cela semblait être important de faire partie de la famille d’Aaliah. Cela voulait dire qu’elle n’avait pas le même sang qu’Aaliah… Donc aucun lien de parentalité… Enfin. Cela devait être plus compliqué que prévu, je pense. La jeune femme continua de me réléver d’autres éléments. La jeune Eversha me confirma qu’Aaliah était extrêmement occupée avec son projet, dont elle m’avait parlé autrefois. Donc, cela voulait dire qu’elle était toujours en train de réaliser ce qu’elle voulait. C’était un bon point pour moi, alors. Cela me fit chaud au cœur de savoir qu’elle travaillait toujours dessus. Il fallait absolument que je sache si tout allait bien de son côté et de prendre des nouvelles, surtout. Elle continua à me dire qu’elle devait maîtriser son totem, apprendre la vie quotidienne des Evershas et s’en imprégner afin d’évoluer. Elle m’avoua qu’Aaliah n’avait pas le temps de lui apprendre toutes ces petites choses de notre peuple, bien trop occupé avec son projet.

Hum, je pouvais la comprendre totalement. S’être fixée des objectifs, et ne jamais s’éloigner pour quelconques raisons. Alors, elle devait savoir bien se transformer et apprendre à être comme tous les Evershas, avant de repartir rejoindre Aaliah, afin de l’aider dans son projet immense. Je devais avouer qu’Aaliah n’avait pas tort… Prendre en charge une Eversha qui n’avait pas encore réaliser la transformation en son totem, pouvait être compliqué à gérer. Elle me posa une question concernant sa sœur adoptive :« Moi ? Hum, comment dire ? Je l’ai rencontré qu’une fois. Mais je pense que c’est le genre de rencontre qui vous marque à vie. C’est une belle personne, avec une aura puissante et différente de tout ce que j’ai rencontré dans ma vie. Elle semblait si sûre d’elle, une grande confiance qui m’avait sidéré. Mais depuis cette rencontre, je n’ai plus eu de nouvelle et je ne sais pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Cependant, si vous me dites qu’elle est très occupée et toujours à la tâche de son projet, cela me va très bien alors. » Je me tus aussitôt, laissant la jeune femme digérée les informations que je venais de lui donner. « Bon, je vais commencer à utiliser mon pouvoir sur toi. Dans un premier temps, je vais voir ton passé. Je vais toucher ton visage, tu n’as pas à avoir peur. Tu ne ressentiras aucun effet de la magie sur toi, je te le promets. »

Je lui souris calmement et je déposais mes doigts sur sa joue chaude et poussiéreuse encore. Je me concentrais sur ma magie et des images apparurent dans mon esprit. Je vis la jeune femme qui se réveilla dans une grande maison en bois, au beau milieu de nulle part. Elle s’était réveillée, ne sachant que son prénom : Alahna. Voilà, au moins, je connaissais son prénom maintenant. Une bonne information pour la suite. La vision continua. Alahna quitta la maison en bois pour errer dans la région. Je ne pus reconnaître la région, trop de flou. Quelques jours après ce réveil, une grande jeune femme la trouva dans un piteux état. Elles se ressemblaient vraiment trop… Bizarre… Très curieux tout cela. Comme si elle était une copie parfaite d’Aaliah… Une copie parfaite… Un clone ? Non, c’était impossible. Je continuais de sonder son passé, mais il n’y avait rien d’autre avant le réveil dans la maison en bois. Je retirais mes doigts de son visage. Les traits de mon visage n’avaient rien de rassurant. Serait-elle un clone ? Mais qui avait osé faire cela ? « Hum, malheureusement, je ne vois rien d’avant ton réveil dans cette cabane en bois. J’en suis désolée. Mais, je vais voir ton futur maintenant. Peut-être que tu retrouveras ta mémoire dans quelques mois. »

Je redéposais mes doigts sur son visage pour me concentrer à nouveau sur son futur. Plusieurs scènes me vinrent dans mon esprit. La première était qu’elle devenait réellement la sœur d’Aaliah et qu’elle put être un membre à part entière de la famille. C’était une bonne nouvelle ! La deuxième vision était qu’elle allait intégrer au projet d’Aaliah, lorsqu’elle aura acquis plus de connaissances du monde et aussi gagner en assurance. Je souris. Et enfin… Son suicide. Une malédiction sur la famille d’Aaliah, depuis des siècles. Tous les membres appartenant à cette famille, se suicidaient lorsqu’ils étaient jeunes encore. Je m’écartais de la jeune femme aussitôt. Je repris mon souffle. Non, elle ne pouvait pas mourir ! Elle était bien trop jeune… Je me mordis les lèvres… Elle ne devait, ô au grand jamais, devenir un membre de la famille d’Aaliah. Cependant, je devais lui mentir pour qu’elle ne s’inquiète pas : « Dans le futur, tu auras ce que tu voudras. Une famille, une mémoire et aider ta sœur. Cependant, tu auras un grand combat dans ta vie, terrible et compliqué. Ce sera l’épreuve de ta vie. »

Hrp:

La jeune femme ne sembla pas choquée par les révélations sur son mensonge. Elle se contenta de l’écouter sans jamais la reprendre, ni lui faire des reproches. Anwen répondit à sa question, lui parlant de sa rencontre avec Aaliah. Alahna l’écouta avec des yeux ronds, absorbant les informations données avec la curiosité d’une enfant. Cela l’aidait à se créer des souvenirs et à mieux connaître celle qui lui avait offert un nom pour mieux se mélanger au monde yinois. Une rencontre qui avait marqué l’eversha aigle et dont l’absence de sa sœur semblait peser lentement sur ses épaules. Alahna avait ressenti une pointe de tristesse qui s’était évaporée lorsqu’elle avait évoqué la continuation du projet d’Aaliah. La mouffette hocha la tête lentement lorsque la jeune femme lui proposa d’user de son pouvoir. Rassurer par le fait d’avoir dit la vérité sur son lien de parenté, elle se détendit légèrement en se préparant à recevoir les mains d’Anwen sur son visage.

Intriguée par les révélations qu’elle pourrait recevoir, la jeune eversha parvint à garder un contact visuel. Elle cherchait à  lire sur les traits du visage ce que son passé pouvait lui révéler. Alahna s’inquiéta en se demandant ce que son passé cachait. Était-elle une mauvaise personne ? Avait-elle fait de sombre chose ? Anwen lui annonça alors qu’il n’y avait rien dans son passé, au du moins, qu’elle ne voyait rien. La jeune femme la regarda étonnée. La seule chose qu’elle était parvenu à voir, c’était son réveil dans une vieille cabane en bois. Le seul souvenir d’elle dont elle était certain. Alahna fut un peu déçue par cette révélation et ne put s’empêcher de s’interroger sur la véracité de la jeune femme. Lui cachait-elle un élément de son passé où n’y avait-il vraiment rien à voir ? Toutefois, elle n’eut pas le temps de se questionner plus longuement qu’Anwen lui proposa de voir son futur.

La jeune femme se cala un peu plus dans le fauteuil en laissant Anwen explorer son futur, non sans une pointe d’angoisse. Ses yeux restèrent sur le visage de l’eversha, cherchant à comprendre ses traits. Cependant, elle était mauvaise traductrice d’expression, surement à cause de sa timidité maladive qui la poussait à éviter les regards. Elle avait du mal à définir ses émotions aussi, elle attendit sagement que la jeune femme termina son exploration dans le futur. Lorsqu’elle lui confia ses visions, la jeune eversha ne put cacher sa déception. Certes, apprendre qu’elle aurait effectivement une vraie famille, une mémoire et qu’elle aiderait en retour celle qui l’avait aidé, c’était rassurant. Mais rien d’exceptionnelle. C’était ce que la jeune Alahna souhaitait faire de sa vie. La seule chose qui l’interpella fut la révélation du grand combat de sa vie.

« Ah bon… un… un  combat ? Bégaya-t-elle dans un étranglement inquiet. Je vais devoir me battre ! Mais… je ne sais pas me battre moi», se désola-t-elle. L’idée du combat terrible et compliqué, selon les termes de l’eversha, la perturba profondément. Mille et une questions, voire plus,  l’assaillir aussitôt et ses yeux reflétèrent l’inquiétude et l’angoisse qui montait en elle. La mouffette s’imaginait déjà livrer le plus terrible des combats et mordre la poussière. Comment pouvait-il en être autrement ? La jeune femme n’était pas fortement armée et elle ne pouvait pas vraiment compter sur sa carrure ou sur sa magie pour venir  à bout d’un adversaire. Alahna se demanda si elle aurait le temps de devenir plus forte avant son grand combat. Il lui faudrait s’entraîner pour remporter un combat et ce, contre n’importe quel adversaire. Angoissée, elle ne laissa pas le temps à l’eversha d’en dire plus sur son futur qu’elle l’interrogea désormais sur l’épreuve de sa vie qu’elle assimilait déjà à une épreuve de coupe des nations à remporter pour sa propre survive.

« Il sera fort mon adversaire ? demanda-t-elle alors ingénue. Après tout, peut-être que la force de combat de son adversaire était toute relation. Alahna appréciait de garder espoir. Il me faudra m’entraîner, apprendre à maîtriser mes pouvoirs… continua-t-elle plus pour elle-même, les yeux roulant dans tous les sens tandis qu’elle s’agitait sur son fauteuil telle une Jil électrifiée. Comment vais-je faire ? Aaliah saura peut-être me protéger, non ? Elle se tourna vers la jeune femme, cherchant après une solution pour éviter l’épreuve de sa vie. Alahna n’était pas très combative et facilement terrorisée. Et puis pourquoi je dois me battre ? lâcha-t-elle en réalisant qu’après tout, elle n’était pas méchante de nature. Alors pourquoi quelqu’un s’en prendrait à elle ? Le monde était-il si belliqueux ? Tant de question tournait dans sa tête qu’elle dût la prendre dans ses mains pour stopper ce tourniquet incessant et entêtant. Puis, une lueur d’intelligence brilla brièvement dans ses yeux. Mais au fait, si tu as vu mon futur… tu n’as pas vu si je remportais ce combat ? » questionna-t-elle alors Anwen avec l’innocence d’une fillette.

« Ah » laissa s’échapper la jeune Eversha tandis qu’Anwen lui expliquait qu’un combat n’était pas systématiquement synonyme d’échange violent de poings et de magie. Il existait également une version mentale. Alahna regarda la jeune femme, incrédule. Comment un simple choix pouvait bouleverser sa vie au point de provoquer un combat dans son propre esprit ? Malheureusement, il s’agissait là d’une chose qu’elle devait apprendre et découvrir de part elle-même. Anwen ne souhaitait pas lui donner de plus amples détails sur ce sujet. La mouffette fit la moue, elle ignorait tant de chose que ne pas avoir des informations complètes lui laissait un vide intellectuel dont elle se passerait volontiers. Toutefois, son hôtesse ajouta qu’elle devait apprendre à user de sa magie et des pouvoirs en lien avec sa race.

Alahna accepta cette révélation en hochant la tête comme une enfant acceptant une leçon de vie. La femme dont elle était le clone n’était pas comme elle. Il lui faudrait apprendre à devenir une Eversha en entrant en contact avec les siens qui sauraient pleinement lui inculquer leur coutume. D’ailleurs, Anwen se proposa pour lui enseigner ce qu’elle savait afin de faire d’elle une Eversha complète et entière, en accord avec son Totem endormi. Amicale et bienveillante, l’Eversha aigle était prête à offrir de son temps pour être présente à ses côtés lors de sa transformation. Alahna apprécia cette main tendue dont elle savait qu’elle en aurait grandement besoin. Elle se sentait isolée dans ce corps qui ne lui semblait être le sien. L’Eversha ressemblait comme un manque constant et espérait trouver sa place en éveillant et en apprenant à gérer son totem à l’odeur si caractéristique. Toutefois, cela l’effrayait également et ne put masquer son angoisse sur son visage expressif. Parviendrait-elle seulement à devenir une Eversha complète ?

« C’est dommage pour le futur plus lointain. Je me contenterai du proche, alors. Conclua-t-elle résigner. Et des obstacles », ajouta-t-elle, puisqu’apparemment, ils seraient nombreux et qu’elle ne pourrait les éviter. Cela l’ennuyait un peu, elle n’était pas très sportive. Aussi, elle espérait que les obstacles seraient assez espacés dans le temps pour lui permettre de reprendre des forces pour les affronter l’un après l’autre. La jeune femme fixa un point vague, pensive sur son avenir quelque peu flou, mais prometteur en rebondissement. Elle qui appréciait le calme et rester en retrait, il lui faudrait probablement apprendre à être plus assurée. Cependant, avoir de l’assurance, n’était pas la seule chose qui lui faudrait acquérir. Si elle était tant emplie de doute, c’était parce qu’elle avait du mal à se définir et à trouver une voie rassurante vers laquelle évoluer. Mieux se connaître était peut-être une clé qui lui permettrait de mieux affronter les obstacles qui lui feront face un jour. Alahna passa une main dans ses cheveux pour rejeter des mèches folles et reporta son attention sur la maitresse de lieu. Elle cligna des yeux comme si elle s’éveillait d’un rêve qui avait attisé sa curiosité.  Elle avait soudainement envie d’en savoir plus sur le peuple auquel elle appartenait, un point commun qu’elle partageait avec la jeune femme qui lui face. Plus expérimenté, elle saurait l’aiguiller et ce n’était peut-être pas pour rien que sa sœur de visage avait souhaité leur rencontre.

« Est-ce… douloureux de maitriser son totem ?» demanda-t-elle alors, souhaitant par-là aborder un tout autre sujet afin de laisser l’angoisse de son futur annoncée s’apaiser. La jeune femme était ingénue et un peu craintive. Elle appréciait donc d’avoir un totem en accord avec sa personnalité même si elle craignait un peu de le réveiller. Tout comme elle craignait de ne pouvoir le maîtriser pleinement. Que deviendrait-elle si elle parvenait pas à être maître de l’animal qui sommeillait en elle ?

« Comment as-tu fais pour apprivoiser l’animal en toi ? L’aigle, ce n’est pas un animal docile», fit-elle dubitative et à la fois admirative. Fallait-il avoir plus de force pour dompter un animal plus fougueux ? Elle avait tant de question à poser, mais peu trouvaient le chemin vers ses lèvres pour être murmurées de manière audibles et restaient perdues dans ses pensées. Alahna dévisagea la jeune femme, intriguée par les réponses rassurantes, ou non, qu’elle pourrait lui apporter. Pourrait-elle un jour avoir une meilleure maîtrise de l’odeur qu’elle dégageait ? C’était une question délicate qui resta également silencieuse, car la jeune femme la trouva gênante à émettre. D’ailleurs, son visage rougit, comme si elle était gênée des questions récemment posées.


Hrp: Ponctualité, zéro /sbaf/ désolé  

Je l’avais prévenu. Je l’avais fait, mais quelles seront les conséquences de mon acte sur sa vie ? Aurais-je dû tout lui dire ? Aurais-je dû tout simplement me taire ? Je ne savais pas. Je n’étais pas la Déesse du Destin. Je n’avais pas ce pouvoir de faire changer le chemin déjà tracé de la jeune fille. Mais elle était si jeune… Je devais garder un œil sur elle, pour voir ce qu’elle allait faire de sa vie. D’un autre côté, j’avais besoin de savoir qui elle était réellement. Donc, je devais avoir un entretien avec Aaliah. Malheureusement, Aaliah était compliqué à rejoindre et à trouver dans le monde. Je n’avais jamais su où elle se trouvait réellement. Cette femme était vraiment un fantôme, une ombre dans ce monde. J’avais essayé de la chercher pendant quelques mois, mais aucune personne n’avait su me donner le moindre indice la concernant. Elle était vraiment fascinante… Donc, cela me donnait envie plus d’envie de la retrouver et d’avoir une petite conversation sur plusieurs sujets majeurs.

Alahna trouvait bien dommage de ne pas connaître son futur à long terme, mais qu’elle ferait avec pour l’instant. Je sentais bien que la jeune femme avait envie de tout savoir sur sa vie. Mais ce n’était pas une bonne idée, il n’y aurait pas de surprises à la clé. La vie était une boite de Pandore pour ma part. La vie était floue, tu marches dans le noir et tu butes sur des obstacles infranchissables au début. Tu combats tes ennemis, puis tu continues son chemin, ainsi de suite. J’avais pensé au bout d’un moment de me tuer, pour abréger mes souffrances dans ce monde sans lendemain. Cependant, plusieurs personnes avaient réussi à me tirer de là, et à reprendre le goût de la vie. C’était compliqué, mais je réussissais à vivre malgré tout. Je lui souris tendrement avant de répondre à ses questions concernant la race des Evershas. « Hum… Je ne vais pas te mentir. La transformation en ton totem, pour la première fois, est tellement douloureuse que tu as l’impression qu’on essaie d’arracher tes membres. Tout ton corps se tort de douleur, tu ressens les émotions de ton totem qui essaie de prendre l’ascendant sur ton corps et son esprit. Tu n’es plus maître de toi… Le jour où tu devras faire ta première transformation, je serai là pour toi. Crois-moi, tu ne seras pas seule dans cette épreuve. » Je respirais doucement et j’eus une petite pensée pour cet eversha, qui fut présent pour moi. Itak. Je ne l’avais plus jamais revu depuis cet événement précis. Je me demandais ce qu’il était devenu depuis. J’espérais que la Reine ne l’avait pas tué ou bien capturé… Je serais très triste de l’apprendre.

Mon regard se déposa sur la jeune femme, et je continuais mon récit : «Après la première transformation, tu auras aussi dû mal à gérer ton totem. Il voudrait prendre le dessus sur ton corps et sur ta conscience. Tu dois réussir à créer un équilibre entre toi et ton totem, sinon cela ne fonctionnera jamais entre vous. Chaque totem est un animal, qui a ses forces et ses faiblesses. Je ne le sous-estime jamais, c’est un conseil que je te donne. Tes premières transformations te seront dures, compliquées et tu auras vraiment mal. Ce sera moins pire que ta toute première transformation, mais la douleur sera toujours présente. Après, au fil du temps, tes transformations seront totalement naturelles et tu ne ressentiras plus rien. Cependant, il te faut du temps, beaucoup de patience et l’envie de créer un lien avec ton totem. » Je voulais lui faire comprendre que ce n’était pas du gâteau de créer une relation avec son totem intérieur.

« Oui, tout à fait. J’ai pour totem, un Aigle royal. Ce rapace a beaucoup de fierté, de courage et un très bon chasseur. Alors, pour la chasser, moi, en tant que personne, je suis une nullité absolument. Tes premières transformations te seront dures, compliquées et tu auras vraiment mal. Aujourd’hui, je suis sereine et je n’ai pas de doutes sur ce que je suis. Mais encore une fois, cela te prendra du temps à connaître ton totem. Alors ne vas pas trop vite, prend le temps. » Je lui caressais la tête, avec un mouvement naturel. Elle me rappelait un peu, Erine. Elle aussi était trop désireuse de vouloir tout, tout de suite. J’avais eu dû mal à lui faire comprendre que la force et la sagesse venaient avec le temps et de l’entraînement. Mais rien à faire… Elle était bornée… Tellement bornée, qu’elle avait disparu avec le temps. Je soufflais un peu avant de me resservir une tasse de thé. Il ne faisait pas chaud, et Neeha allait bientôt arriver dans notre beau territoire. « Que veux-tu savoir d’autres ? Je suis à ta disposition aujourd’hui, pour répondre à tes questions les plus folles… »

HRP: