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 [A] - L'Aether du Grand Tremblement

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Sam 14 Déc 2019, 17:03





Quelque part sur une île maudite, des individus tatoués de la tête aux pieds murmuraient dans un langage tribal les dernières avancées du mystère dont ils étaient la toile. L'araignée, elle, avait une tête blonde aux yeux fous et se trouvait au milieu d'eux, immobile, prête à bondir et tuer.

- Hofdingi. Notre secret commence enfin à disparaître des consciences collectives et individuelles des autres peuples.

Quelques Draugrs étaient assis en cercle autour du trône derrière lequel pendait la bannière royale. Une lueur chaleureuse se dégageait des bougies allumées ainsi que du foyer brûlant, mais les fronts barrés et les regards sérieux refroidissaient grandement l'atmosphère. Devaraj n'avait pas pipé un mot depuis le début. Non seulement la disparition de Souw l'agaçait au plus haut point, tout comme cette histoire de sacrilège. Qui était assez fou sur cette île pour vendre au marché noir des objets sacrés ? Hum, beaucoup, probablement. La démence était un trait commun. Il poussa un soupir sombre. Chaque Draugr faisait face à des problèmes bien précis auquel il devait s'efforcer d'apporter une réponse.


- Un secret déjà bien entaché par les bavardages insensés de notre roi auprès d'étrangers indignes de confiance !
dit alors une voix éraillée, malicieuse et méprisante à la fois.

- Vous avez un problème avec mon petit frère, Kaori ?
Le Chaman tapota lentement ses doigts sur l'accoudoir en bois de son trône, lorgnant sur la coupable d'un air macabre.

Pas de réponse. Il connaissait parfaitement ce qu'il se passait dans la tête de ses gouverneurs. C'était toujours la même chose, en fait. Zawa'Kar et Kazak était partis en expédition sur les bateaux fantômes d'A'Zar, mais Aylimr ne pensait qu'à se baigner dans une piscine de pièces d'or en haut de sa Pyramide, Raya se plaignait de ne pas avoir assez de moyens et de liberté pour faire évoluer son art, Raoni pensait au harem dans sa stupidité suprême... Quant à Kaori, cette vieille bique n'en manquait plus une seule pour lui rappeler son incompétence et ses multiples blasphèmes. Il n'y avait que Mior et Delawam pour se montrer toujours obéissants et par la même occasion : utiles. A chacune de leur réunion, le même sujet revenait et le même débat s'activait entre les chefs : devaient-ils s'éteindre sur d'autres territoires ou s'enfermer sur leur île ? La réponse était ni l'un, ni l'autre, mais Devaraj n'arrivait pas toujours à se faire entendre.

- Nous sommes autonomes et nous allons le rester. Notre démographie est en parfaite explosion et nous sommes en train de coloniser une nouvelle terre vierge. Des alliances vont se créer, mais nous devons faire en sorte à ne pas nous rendre dépendant d'un autre peuple.

- Majesté, les Ombres ne nous apporteront aucun bénéfice. Elles n'ont quasiment pas d'économie et-

- Les Ombres sont nos alliées dans le Secret du Cycle. Nos peuples sont les deux faces d'une même pièce et vous Aylimr...

Le roi se leva brutalement, soufflant quelques bougies sur son brusque passage. Personne n'avait eu le temps de cligner des yeux qu'il tenait déjà le menton de la Draugr dans ses doigts osseux et meurtriers.

- Vous êtes complétement folle. Votre ambition vous place au même piédestal qu'un Déchu de l'Envie esclave de son péché. Si votre tribu de voleurs ne correspond plus aux besoins des Chamans, je n'ai qu'à lever le petit doigt pour l'éradiquer, vous comprenez ?

De longues secondes passèrent tandis que leurs deux regards s'affrontaient dans la peur et la haine. L’atmosphère devint lourde et difficile à respirer pour les autres chefs, qui regardaient leurs pieds en retenant leur respiration.

- Mais je ne vais pas faire ça bien sûr, ahahahahahaha !


Il s'était détendu aussi rapidement qu'il s'était énervé. Un grand sourire bienveillant était alors imprimé sur sa face, mais personne n'osait le suivre dans son rire.

- Je sais que la Terre d'Edel ne pourra pas suffire pour que votre économie continue de vivre, surtout avec les travaux démesurés que vous avez commencé. Non seulement, elle est éloignée des routes marchandes intéressantes mais en plus, elle est vouée à rester discrète sur les cartes. J'aimerai bien, comme vous, faire de notre peuple un vrai secret tout en lui permettant de circuler librement sur les Terres du Yin et du Yang. Mais cela va demander beaucoup de temps et d'efforts.


Il n'exposa pas son idée. La fermeture des frontières avait été provoquée par un ensemble d'événements chaotiques et violents dont il était le principal responsable. Personne dans cette pièce ne pouvait savoir qu'il s'en voulait pour ce moment-là du passé, et c'était très bien ainsi. Awaku No Hi était une terre sacrée qui ne devait être foulée que par les élus. La Terre d'Edel était plus libre déjà, mais la présence des Ombres et des Chamans nécessitait une certaine discrétion par rapport au reste du monde. Qu'avaient-ils d'autre ? Taelora ? Les ruines qu'il avait découverte pourraient former une colonie viable, certes. Mais cela ne résoudrait pas le problème. Le devoir des Chamans les amenaient parfois à aller chercher des Esprits et mener leurs missions n'importe où dans le monde. Ils avaient besoin d'une couverture. Il avait entendu parler de races secrètes qui avaient dans leurs dons magiques le pouvoir de se fondre dans d'autres sociétés sans se faire jamais remarquer. Mais lui, il cherchait quelque chose de beaucoup plus simple et accessibles : des clones.

------------

"Ma chère Alvine, bonjour..." Dire qu'il ne l'avait pas revue depuis le génocide qu'il avait perpétré dix ans en arrière serait faux. Beaucoup d'Esprits rodaient dans cette partie-là de l'Antre des Marais, aux bordures du Royaume de Grimvarr. Ses espions. A travers de nombreux rapports, le Suprême de l'Au-Delà n'avait pas raté une miette du voyage d'Alvine sur Taelora, ni de la croissance du dinosaure géant qui lui servait de monture, ni de ses altérations avec ses homologues Humains. Parfois, il venait les observer en personne, de loin à l'orée de leur Royaume, presque amoureux de cette façon qu'ils avaient de sauter d'arbre en arbre sans peur ni prudence.

Etait-il responsable d'avoir créé sans le faire exprès des sortes d'hybrides Chamans-Réprouvés ? Non, absolument pas. Il n'était pas le créateur de ce peuple. A l'origine, il avait plutôt essayé de les éradiquer pour évacuer sa haine contre les Humains après la Guerre des Dieux. L'objectif de son action s'était complétement renversé, mais ce n'était pas si étonnant pour un Fou.  

Il avait simplement planté quelques graines au détour d'une promenade de santé et voilà que, une ou deux dizaines d'années plus tard, de magnifiques arbres avaient poussé par eux-même sans qu'il ne leur donne un seul coup de pouce. Ces arbres étaient beaux car ils lui ressemblaient d'une façon presque dérangeante. Impossible d'expliquer pourquoi ces enfants Humains laissés à eux-même avaient tous fait en sorte de recopier la moitié de la culture chamanique... Lui n'expliquait cela que par un heureux Destin. Puisqu'il ne possédait pas de magie divine, il ne pouvait tirer aucun parti du culte voué à l'Aether du Grand Tremblement, néanmoins l'existence même d'une telle religion l'amusait au plus haut point.

Il n'était qu'une imposture mais il pouvait alors toucher du doigt ce que cela pouvait faire d'être un Dieu. Parfois il ne demandait s'il pencherait pour la tyrannie ou la protection, s'il serait salvateur ou destructeur. Valait-il mieux qu'un véritable Aetheri ? Avait-il plus de morale ? Pour le moment, il n'avait rien fait, à part espionner sa propre création d'un oeil toujours plus surpris et réjoui. Pour l'artiste curieux et fou qu'il était, cette histoire avait prit une tournure aussi improbable que passionnante.

Le seul point véritablement déplaisant était leur Ma’Ahid.

Heureusement, les Chamans étaient particulièrement bons en maquillage et n'avaient pas besoin d'utiliser une seule once de magie pour se montrer très convainquant. Sous son costume, personne ne pouvait voir qu'il avait le teint blafard, voir jaune, les yeux vitreux. Ses lèvres tremblaient, mais mêlé à un sourire carnassier, cela donnait finalement un résultat aussi horrible que terrifiant. Il avait bien évidement attiré la Reine hors de son territoire, afin de lui parler en tête à tête. L'Antre des marais faisait remonter en lui de très vieux souvenirs de sa jeunesse chamanique. Quelle ironie que Grimvarr ait choisi pour territoire le lieu où étaient nées toutes les tribus Chamanes. Le faux Dieu expira longuement. Maintenant qu'il avait sa première fanatique en face des yeux, il regrettait amèrement son idée et la trouvait tout à fait stupide. S'allier avec ces choses, vraiment ? Ils restaient des Humains et ce simple mot lui donnait la nausée. D'un autre côté, elle était mignonne avec son masque ensanglanté et ses crocs. Parce-qu'ils ressemblaient tellement aux Chamans, le Suprême de l'Au-Delà commençait à développer une sorte de double personnalité à leur égard. En voici un bref état des lieux : Devaraj haïssait les Humains et Grimvarr adorait ses enfants. Voilà pourquoi il se mit à rire tout seul dans le dos de la Reine qu'il avait attrapé dans ses bras pour le meilleur comme pour le pire, alors que tous ses nerfs claquaient en même temps au vu de l'absence de magie et de sa propre folie.


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Mitsu
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Mitsu
Mer 15 Jan 2020, 16:40



Alvine, qui se trouvait précédemment en haut d’un arbre, le descendit à-même le tronc, la tête en face du sol, tel un animal ; bien plus agile qu’un chat. Les lames qui recouvraient ses mains et ses pieds l’aidaient dans sa quête mais, en réalité, elle aurait pu y arriver sans, en contractant ses muscles fins ; aussi parce qu’elle était très légère. Le feu brûlait au centre de la place et le sang coulait. Les crépitements du bois qui se consumait accompagnait les bruits de tambours et les cris d’agonie de ceux qui avaient été choisis pour le sacrifice. La Reine portait une fourrure tachée du liquide qui maintenait le corps en vie. C’était une énième charge. Une fois au sol, elle cria et bondit, exécutant en l’air des figures qui furent accompagnée par les acclamations des autres Humains de Grimvarr. Elle était immensément agile. Agile pour sauter, agile pour exécuter des acrobaties, agile pour découper des bouts de chair, agile pour baiser, agile pour tout. L’air déterminé, elle s’approcha en rythme des étrangers qui avaient osé souiller le sol de son Royaume de leur impureté. Grimvarr les recevrait aujourd’hui. « GRIMVARR ! » cria-t-elle d’une voix profonde et bestiale. « GRIMVAARRRRR ! » répondirent les Humains qui l’entouraient. Des prières étaient faites à l’attention de l’Æther qu’ils vénéraient tous ici. Même les bébés étaient peinturlurés de bleu et de rouge. Tous ici portaient des peintures horrifiques, qui auraient foutu des frissons à n’importe quel individu égaré. Il ne faisait pas bon d’entrer dans l’Antre des Marais. Une disparition était si vite arrivée. Parfois, des troupeaux entiers de voyageurs étaient interceptés par les Humains. Ils plantaient leurs dents dans la chair tendre de leur corps, les assommaient et les ramenaient chez eux où commençait une lente et douloureuse agonie.

Les armes d’Alvine tailladèrent encore une fois la chair, des coups précis, effectués par une lame si fine et aiguisée qu’il était impossible de sentir la douleur tout de suite. Ça venait après. Tous dansaient. Certains faisaient l’amour. Quatre hommes étaient allongés par terre, attendant que la Reine vienne pratiquer le coït. C’était toujours bref. Elle ne restait jamais jusqu’au bout. Elle donnait quelques coups de reins avant de repartir à ses occupations. Elle était une Princesse Guerrière, Reine des sacrifices, Élue de Grimvarr. On ne la mettait pas enceinte. On n’avait pas le droit d’entacher son aisance et sa rapidité. Elle devait rester libre de tout poids. Elle devait être disponible. Tous ici étaient « ses enfants » et aucun ne l’était vraiment. Ses yeux, rougis par la fumée, étaient entourés de peinture noire. Celle-ci avait légèrement coulé du fait de sa transpiration. Elle sentait fort. Le sang qui se trouvait sur ses lèvres était celui des impures. Elle en avait bu car c’était le seul moyen de les purifier légèrement avant l’arrivée de Grimvarr qui leur arracherait la vie, symbolisé par sa massue. Elle la lèverait au-dessus de la tête des malheureux et l’abattrait sur eux, impitoyablement. La musique était comme l’atmosphère : entêtante. Il arrivait que les plus faibles perdent connaissance pendant les rituels. Quant à ces Humains dégueulasses qui venaient des autres Royaumes pour effectuer leur Grand Voyage, tous ici les méprisaient profondément. Ils ne connaissaient rien. Ils étaient des hérétiques, plongés dans de fausses croyances. Ils étaient faibles, incapables d’aller d’arbre en arbre, incapables de se nourrir seuls dans l’Antre des Marais. Des enfants. Voilà ce qu’ils étaient. Heureusement, ils ne restaient pas bien longtemps. Certains mourraient même de faim, incapables d’accéder aux plantations du haut des arbres. Personne ici ne les aidait, ou si peu. Alvine faisait régner la terreur sur son territoire pour tous ceux qui n’y étaient pas nés. Elle était convaincue d’être dans le vrai, de leur apprendre des fondamentaux. Grimvarr était vrai et s’ils ne s’y soumettaient pas, ils finiraient par mourir. « RAAAHHH ! » cria-t-elle après un énième aller-retour dans les arbres. Cette fois, elle attrapa la massue au passage. Elle sauta, fit un salto et canalisa sa force sur ses bras pour qu’à l’instant où ses pieds toucheraient le sol, le bois fracasse le crâne de l’impur. Il y eut un bruit horrible et des éclaboussures. Elle s’essuya la bouche du dos de la main.

La phrase émise par l’homme lui provoqua un frisson horrible. Elle n’avait pas oublié. Elle n’aurait jamais pu. Enfant, il avait détruit la majorité des adultes de son détachement. Il était à l’origine de son Royaume. Elle eut du mal à respirer. Était-ce le sacrifice qui avait fait revenir Grimvarr ? Peut-être. Pourquoi venait-il ? Il n'y avait qu'une seule explication. Elle paniqua complètement, hantée par ce qu’elle avait vécu durant son enfance. Si elle avait été objective, sans doute n’aurait-elle eu pas eu peur de lui, sans doute la terreur n’aurait-elle jamais glacé son être. Seulement, les démons du passé étaient tenaces et elle croyait ce que ses souvenirs voulaient bien qu’elle crût. Au lieu de douter, elle s’aplatit par terre, ses yeux fixés sur le sol, en signe de soumission. Quoi que Grimvarr veuille, elle le lui donnerait. Il parlait le commun. « Grimvarr. Prend ce qui te revient. » Elle aurait aimé lui demander d’épargner les siens mais il était impossible de discuter avec un Dieu. Celui-ci prendrait ce qu’il voudrait. Le Monde allait sombrer dans le Chaos car l'heure du Grand Tremblement venait d'arriver.

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