Enfance en Danger
[Diana]

Partenaire : Maya Taiji
Intrigue/Objectif : Dans un village des Terres d’Émeraude, une petite fille a perdu son doudou. Diana et Maya vont donc partir à sa recherche.


Les jambes droites et la main sur le cœur, Viola inclinait son buste devant moi. Ses cheveux châtains étaient tenus dans une queue de cheval serré. Elle me regardait avec un ample sourire. « À toi, à présent. » Mon regard glissa un instant vers les deux autres paires de yeux qui me regardaient. Sissi et Gaspard étaient assis l’un à côté de l’autre sur des malles de transport. Tous deux m’accordèrent un sourire encourageant. Je saisissais les pans de ma robe pour les relever. « Pas autant, on va finir par voir tes dessous. » Viola se redressa. Elle était dans un costume très masculin. « Lâche les extrémités. Saisis le tissu près de tes genoux et relève délicatement. » Je suivais ses instructions à la lettre. « Délicatement ! Pas comme si tu prenais à pleine main un morceau de pain ! » Gaspard et Sissi riaient légèrement. Je me concentrais davantage. « Voilà. Le tissu doit tenir entre ton pouce et ses deux doigts. » disait-elle en montrant son index et son majeur. « Et on lève le petit doigt ! » disait Sissi l’air joueuse. « Ça suffit ! Ne la déconcentre pas. » La blonde électrique fit une moue dédaigneuse et tira la langue avant de sourire. « N’empêche, je croyais que l’on t’avait enseigné les gestes primaires de la bienséance, là d’où tu viens. Une révérence, ce n’est pas si difficile, pourtant. » Je rougis, honteuse. « Je… » Je ne trouvais pas mes mots. La fatigue ne m’aidait pas. Comment leur expliquer que je n’y avais pas vraiment été élevée ? Comment leur dire que je n’avais aucune véritable expérience ? Et puis… « Je ne l’avais jamais fait dans ce type de robe. » La robe en question était un costume pour la pièce de théâtre qu’ils essayaient de me faire apprendre. Si sa facture n’était pas des plus dignes, elle n’en restait pas moins une robe de bal extrêmement bouffante. « Je ne sais même plus où sont mes pieds. Il y a trop de tissu. Et puis, je ne pense pas qu’elle soit à ma taille. » Viola se rapprocha pour me donner une chiquenaude sur le nez. « Tu-tu ! Une princesse ne se plaint pas. Elle sourit et elle fait bonne figure devant l’adversité ! » Une princesse… Pourquoi m’avait-il donné un si grand rôle pour ma première ? N’aurais-je pas pu jouer une domestique ? « Et puis, cette robe est à ta taille. Elle te va même à ravir, ce qui est un exploit vu tes cernes effrayants ! » Je baissais les yeux, irritée. L’agacement était un sentiment que je connaissais mal. Il ne faisait pas vraiment partie de ma personnalité. Pourtant, mon manque de sommeil réduisait peu à peu ma docilité. « Bon, on va abandonner la révérence pour aujourd’hui. On va essayer la danse. Tu as appris les pas ? » « Non. » Mes trois comparassent me regardaient avec un air abasourdi. « J’ai essayé. Je n’ai rien retenu. » Je levais les yeux aux ciels, agacée de n’arriver à rien ces temps-ci et de décevoir tout le monde. Comment pouvais-je réussir à apprendre quoi que ce soit quand mes nuits étaient aussi courtes que mouvementées. Je repensais vaguement au soir où j’avais voulu mettre fin à cela. Ma vie avait si peu d’importance après tout. Je pouvais peut-être recommencer. Avec succès, cette fois.

Je battais des paupières pour tenter d’échapper à mes pensées morbides. « Je veux arrêter. Pour ce matin tout du moins. » Viola soupira, montrant son mécontentement. Cependant, elle m’aidait à m’extirper de la robe impraticable. Sissi et Gaspard, eux, étaient montés sur l’estrade pour prendre notre place et répéter leur scène commune. « Tu sais… Si tu n’as plus envie de jouer… » Je secouais négativement la tête. « Ce n’est pas ça… Je suis juste exténuée. » Elle soupira plus tristement cette fois. « Encore ces cauchemars ? » Je hochais la tête en silence. « J’ai juste besoin d’air. » « Tu sais que la porte des artistes n’est jamais fermée. » Viola me tapota l’épaule sereinement et se tourna vers les deux artistes qui s’échangeaient répliques après répliques avec une facilité déconcertante. De mon côté, je rajustais ma chemise sur mon pantalon. J’étais plus à l’aise ainsi. Cela même si je savais que mon peuple était plus accoutumé aux tenues plus féminines. Encore une bizarrerie de ma part.

L’air des Terres d’Émeraude était vivifiant. Je laissais la porte de l’entrée des artistes se refermer derrière moi et entamai ma marche. Nous avions fait halte dans un petit village, il y avait quelques jours. Cependant, malgré son insignifiance, il était tout de même doté d’un minuscule théâtre. L’Art avait toujours été mis en avant sur ces terres...

Des pleurs enfantins attirèrent soudain mon attention. Située devant la devanture d’une boulangerie, une petite fille pleurait et s’attirait des regards de pitié. Pourtant, aucun passant n’avait l’air de vraiment s’en préoccuper. Je m’approchais doucement et m’accroupis à sa hauteur. « Qu’est-ce qui ne va pas ? Es-tu blessée ? » Dans un sanglot, la petite fille répondit négativement. « T’a-t-on fait du mal ? » Elle secoua la tête. Ses pleurs s’intensifiaient devant mon expression d’incompréhension. « J’ai… J’ai perdu… » Ses mots étaient entrecoupés de sanglots et difficiles à comprendre. « As-tu perdu tes pare- ? » essayais-je de deviner. « MON DOUDOUUUUUUU ! » Finit-elle par dire en hurlant et pleurant. J’écarquillais mes yeux. Mon regard glissa vers la foule, à la recherche d’aide. Je n’étais assurément douée ni avec les enfants, ni en matière de recherche.

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Petite fille : #009900