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 [Echange de corps] La vie n'est qu'un jeu | Lysium

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Jeu 07 Mar 2019, 22:30

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Cet endroit ne lui était pas du tout familier. Hmmmmm… Kitoe soupira intérieurement. Elle était lasse. Elle sentait une profonde flemme l’envahir à l’idée de réfléchir à ce qu’elle pouvait bien foutre ici. Hmmmm… Peut-être qu’elle était encore dans un rêve. Comme l’autre fois – y’a un bail – où elle s’était retrouvée à parler avec un Ange à la con qui connaissait Kyra. Toki lui avait confirmé qu’elle connaissait aussi cet Ange à la con, ce qui lui avait permis de conclure plusieurs choses : le monde était petit, ce rêve s’était vraiment produit pour de vrai, et par l’Œil, elle avait oublié à quel point ces emplumés étaient des nazes. Mais bref, ce n’était pas le sujet. Le tout, c’était que la situation dans laquelle elle se trouvait présentement lui faisait penser à ce rêve, parce qu’elle était bel et bien là, pleinement consciente de ce qu’il se passait autour d’elle, sans pour autant qu’elle puisse expliquer la raison de sa présence. Elle ne se souvenait pas de ce qu’elle avait fait avant d’arriver là et sentait qu’elle ne parviendrait pas à remettre le doigt sur quoi que ce fut. Elle se dit que ça lui reviendrait plus tard. Mais du coup, en attendant, elle faisait quoi ? Kitoe plissa spirituellement les yeux. Il faisait sombre dans la pièce. On devinait que dehors, le ciel était gris. On devait être sur une fin de journée un peu morne et un peu chiante. Néanmoins, du haut de son perchoir – restait à savoir ce qu’elle foutait aussi haut et pourquoi tout avait l’air aussi énorme – elle pouvait distinguer ce qui se trouvait en face d’elle. Il y avait deux fenêtres juste devant. Elles étaient grandes, il devait y avoir… un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze… fois deux. Euh… dix-hu… deux douzaines de carreaux. Lors des jours les plus beaux, la lumière devait certainement parvenir jusqu’à elle. Les murs étaient recouverts d’une tapisserie richement décorée. Elle était bleue avec des enjolivures en argent ou en or, elle n’était pas sûre – il faisait vraiment sombre. Il y avait aussi un grand lit qui trônait au milieu de la pièce. Les draps étaient frais, propres, et le lit parfaitement bordé. Kitoe déplora que celui-ci fut trop loin pour elle, parce qu’elle y aurait bien passé quelques heures. Elle était prête à parier que les oreillers étaient d’un moelleux divin. Enfin, au pied du lit, on avait laissé une large malle. Celle-ci était grande ouverte, mais vide. Ah ? On partait ? Ou l’on rentrait ? Au final, est-ce qu’elle en avait quelque chose à foutre ? Pas vraiment, mais il fallait bien qu’elle s’occupe l’esprit.

Depuis tout à l’heure, Kitoe entendait des bruits qui indiquaient la présence d’une personne non loin. Elle ne semblait pas être dans cette pièce, mais elle pouvait aussi bien se tromper. Après tout, elle ne pouvait profiter que d’une infime partie de cette maison, qui avait l’air plutôt balaise à en juger la hauteur de plafond et la simple taille de cette chambre. Franchement, elle n’avait pas trop à se plaindre, la vue n’était pas trop pourrie. Le seul hic, c’était qu’elle voyait de travers. Sa tête était penchée, et si elle ne s’en était pas trop préoccupé jusqu’ici, cela commença à l’agacer. Bien qu’elle eût perdu le sens du toucher, elle se sentait avachie, le dos contre le mur, comme à deux doigts de piquer un somme. Elle pouvait pas se redresser un peu, par hasard ? Toutes les forces de son esprit semblaient insuffisantes pour relever un pareil défi. Ça avait le don de lui faire perdre patience. C’était quand-même pas compliqué ! Elle aurait grogné ou lâché un juron si elle avait pu. Mais là aussi, ses lèvres restaient collées.

« Ok, réfléchis… »

Elle réfléchit, mais n’y arriva pas. Ça l’énervait trop, et en plus, ce n’était pas en réfléchissant qu’elle allait réussir à bouger, soyons sérieux ! Kitoe essayait en vain de mettre ses membres en action, et plus elle essayait, plus la rage se condensait.

« Bordel de M****************************** ! » Hurla-t-elle intérieurement dans un ultime effort, nourri par la haine de sa condition.

Soudain, sa vision bascula. Le corps inanimé de Kitoe s’écroula sur le côté, sa tête émettant un « poc ! » lorsqu’elle rencontra le bois de l’étagère. Entrainé par le poids de la jambe gauche qui pendait dans le vide, Kitoe se vit mollement pivoter pour enfin terminer sur le ventre, la gueule contre ce qu’elle considéra être le sol.

« Et m****. »

Elle se fit la remarque que la scène était quand même assez humiliante.


773 mots



Bijin
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Sam 09 Mar 2019, 23:30


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Investir à Valera Morguis n’avait jamais semblé comme une mauvaise idée. La noblesse, peu enjouée à l’idée de passer ses nuits dans le froid, laissait place à des petits bourgeois et autres familles en ascension. Les Fortas-Petraliphas se devaient d’en être, et l’on ne peut pas dire que leur première acquisition immobilière ici soit un échec. Pourtant, le sorcier jalousait les propriétés de certains concurrents. Les Liotès et les Novriam avaient récemment gagné en prestige, et ne se cachaient pas pour le montrer. Ils avaient deux fois plus de chambres pour invités que lui, un troisième jardin et des sous-sols abrités. Face à eux, Lysium se sentait comme nu.

Fantôme dans sa propre demeure, il errait. Franchement, aussi spacieux soit l’endroit, l’ambiance morose gâchait le paysage. Et puis ces murs, qu’est-ce qu’ils étaient ternes ! Heureusement qu’ils avaient commencé à tous les recouvrir de tapisserie. Malheureusement, il n’avait pas son mot à dire en tant que décorateur. Tout appartenait à ses grands-parents, pour l’instant. Le roux était songeur. Il allait falloir les tuer, les menacer, ou quelque chose du genre.

« Irène revient quand ? » Il s’adressait à Hazinoklenn, qui faisait tranquillement l’inventaire des nouveaux meubles. La bibliothèque avait été revue, depuis ce qu’il s’était passé la dernière fois. « On l’a chargée d’enseigner en urgence le Zul’Dov à quelqu’un. Je n’en sais pas plus. Vous pouvez appeler Numéro Un, si besoin est. » La grand-mère des Fortas-Petraliphas donnait des leçons. Penser qu’être professeur n’est pas particulièrement lucratif serait faux, dans son cas. Irène gagnait beaucoup, et on se l'arrachait. Son efficacité avait fait ses preuves. Elle pouvait rendre un élève bilingue en quelques semaines. Son secret ? Les malédictions. « À partir d’aujourd’hui, chaque mot qui sort de ta bouche sera en Arshalà, ou ne sera pas. Le temps ou les potions n’annuleront pas ma magie. Lorsque tu connaîtras plus de la moitié des mots du dictionnaire... alors là, le maléfice sera levé. » Charmante dame.

Lysium coiffait sa tignasse rousse. Devrait-il se laisser pousser les cheveux ? Il les avait coupés hier. Avant-hier, une potion les avait fait grandir. Il adora le résultat, sur le coup. Puis, après quelques minutes, il le détesta. C’était toujours comme ça. Parfois, il arborait des couleurs sombre. D’autres fois, il prenait des teintes plus folles, comme celles de l’indigotier. Enfin, de temps à autre, il se décolorait jusqu’au bulbe capillaire. Si les sorcières rousses se teignant les cheveux avaient augmenté la demande en colorants, Lysium avait commencé à être un grand client de ce marché avant elles. Le sorcier se regardait dans le miroir. Tout à coup, il eut une idée. Devenir chauve ? Ce serait drôle. Il n’avait jamais essayé.

Le fidèle d’Asresh déposa quelques livres d’économie sur le secrétaire, fatigué à l’idée même d’avoir dû poser les yeux sur eux pendant quelques secondes. Soudainement, il se leva. Il fallait bien trouver un rasoir ou un couteau, non ? Dans la chambre de Dareios, peut-être ? Le claquement de ses chaussures contre le sol résonnait à travers la demeure. Qu’est-ce qu’on s’ennuyait, ici ! Zalnonikhen, Hazinoklenn et Nekhinolanz — quand elles étaient là — ressemblaient plus à des esclaves dont on aurait lavé le cerveau avec un burin, et les servants n’étaient pas mieux. Une triste conclusion lui vint à l’esprit : il était la seule âme un tant soit peu intéressante, ici ; tout du moins, c’est ce qu’il pensait.

Un vent glacial frappait contre les fenêtres. C’était bien le seul son qu’on pouvait entendre dans la chambre de Dareios. Enfin, « chambre »… le mot est petit. À bien y réfléchir, cette pièce ressemblait plus à un monastère pour riche qu’autre chose. C’est qu’il avait des goûts luxueux, le vieux. Tout était impeccable, ici. En fait, non. Il y avait une tâche étrange sur le sol. Une bosse ? Non, un objet.

« Ophélia ! Encore ? » Les jouets tombaient souvent de leurs étagères, même lorsqu’ils étaient à Amestris. Lysium n’avait jamais compris pourquoi. En fait, la solution résidait dans ce qu’il venait de prononcer. À chaque fois que Datura était appelée par ce prénom-là, elle se vengeait en faisant s’écraser au sol ce qu’elle pouvait. Jusque là, il n’y avait pas trop eu de casse, mais s’il continuait, elle persisterait. Si sa maison se mettait à brûler, Lysium finirait bien par comprendre que c’est à cause de la manière dont il nomme la marionnette, non ?

« Dis donc, tu es résistante. » Le sorcier continuait de baragouiner, à côté de l’objet. C’était un petit peu glauque. Une habitude d’enfance, prise étant donné que son frère et sa sœur ne voulaient pas s'amuser avec lui. L'enfant qu'il fut compensa cette absence en parlant seul et, de temps à autre, le fidèle d'Asresh se prenait à le refaire. Au moins, il avait arrêté de jouer au tueur en série avec les poupées des autres enfants. C'était déjà ça. « Ah… non, tu as perdu de la peinture.  Je vais arranger ça. »

Refermant son emprise sur la marionnette, il se dirigea ensuite vers une table de nuit somptueusement décorée. Potions, poisons, animaux miniaturisés… on y trouvait beaucoup de choses. Pressentant qu’il volerait quelques objets en plus de ce qu’il cherchait, Lysium toucha ses poches inexistantes. L’air agacé, il se résigna à enfourner la marionnette à moitié dans sa chemise, avant de la bloquer en penchant sa tête. Au moins, maintenant, ses deux mains étaient libres.

Se diriger vers un atelier perdu pour réparer un jouet. Un rasoir, un couteau et une clochette dorée en main. La tête inclinée sur la gauche, une moue d'agacement. Une marionnette dans les vêtements. Le tout, après avoir parlé à l'objet dont il était question. À croire que Lysium cherchait à imiter les fous dangereux que l’on enfermait à Ranaghar.
950 mots.
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Kitoe
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Kitoe
Mer 13 Mar 2019, 20:00

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Kitoe n’avait jamais été aussi proche de cet homme pour la simple et bonne raison qu’elle ne le connaissait pas. De manière plus générale, elle n’était pas souvent aussi proche des gens, et c’était rarement de sa volonté. Se retrouver dans la chemise de quelqu’un de cet âge aurait pu exciter n’importe quelle chaudasse de la région. Mais la Démone n’en faisait pas partie, non seulement parce que ses préoccupations actuelles étaient autres, mais aussi parce qu’elle n’était pas de la région. Elle était trop prise par sa propre stupeur et son analyse de la connerie dont faisait preuve ce parfait inconnu. Tout cela la paralysait. En effet, elle avait assisté en quelques minutes à peine, à plusieurs problèmes, venus s’ajouter, ou bien confirmer ses pensées. On pouvait les lister de la manière suivante : bordel de m****, ce mec était gigantesque ! Est-ce qu’elle était au pays des géants ? ; de quel droit se permettait-il de la prendre de cette manière ? Elle était un pantin, peut-être ? Un vulgaire jouet ? Ben voyons, elle aimerait bien voir ça ! ; qui était Ophelia ? Aux dernières nouvelles, c’était pas elle, donc elle aurait apprécié qu’il lui demande directement au lieu de lui administrer le premier patronyme qui lui avait traversé l’esprit ; et surtout, c’était quoi cette histoire de vouloir lui mettre de la peinture sur la gueule ? Kitoe aurait adoré lui balancer tout ça à la figure, mais elle était bien incapable de parler, puisqu’ignorait comment faire. Plus ça allait, plus elle trouvait la situation grotesque. Elle était coincée dans ce corps tout pourri et minuscule. Et aussi, fait étrange, elle n’avait ressenti aucune douleur en se cassant la gueule. Ce qui confirmait un peu plus l’hypothèse comme quoi elle se trouvait actuellement dans un rêve. Pourtant, elle était toujours sceptique : elle était bien trop lucide et c’était bien trop réaliste pour être faux. En même temps, c’était aussi ce qu’on pouvait se dire quand on était dans un rêve et qu’on était persuadé d’être dans la réalité, en prenant le temps de se faire la réflexion que non, ce n’était pas un rêve – généralement on se réveillait trente secondes après en se disant qu’en fait merde, si, c’était un rêve. L’esprit de Kitoe cligna des yeux, si tant est que cela fut possible. Elle se souvint que le Sorcier avait l’intention de la badigeonner. Le truc, c’est qu’il en était hors de question. Jamais il ne lui ferait ça ! Elle ne savait pas exactement pourquoi cela la révoltait. Elle devait trouver cela humiliant. Et puis flûte, depuis quand fallait-il toujours absolument être parfait ? Le monde dans lequel ils vivaient tous était si superficiel, parfois… Kitoe n’avait pas pour habitude de se maquiller et c’était pas demain la veille qu’elle avait l’intention de s’y mettre. Le diktat de la beauté, c’était très peu pour elle. C’était plutôt le délire de Lia, voire d’Ellie, mais même elles, elles ne se contentaient que des vêtements. Kitoe regardait les corridors et les décors défiler. Si seulement elle pouvait s’enfuir… Pour le moment, elle ne connaissait qu’une seule manière de tenter le coup. Cela ne la convainquait pas, mais la Démone était d’humeur à essayer. Se remémorant l’état dans lequel elle s’était mise pour réussir à tomber de l’étagère, la Tentatrice remobilisa toutes ses forces afin d’essayer d’effectuer un nouveau mouvement. Après de longs efforts, elle n’obtînt pour seul résultat qu’un soubresaut, qui eut tout de même le mérite de la faire glisser un peu. C’était pas génial, mais bon… Elle ne s’était pas attendue à casser trois pattes à un canard. Une nouvelle réflexion vînt alors germer dans son esprit : qu’était-elle capable de faire d’autre ? N’avait-elle que pour seules capacités de songer en silence et se déplacer avec difficulté ? Était-elle atteinte de sclérose ? Pouvait-elle agir sur l’humeur de ce jeune homme, comme elle était capable de le faire « dans la vraie vie » ? Kitoe se sentait réellement oppressée. Les choses allaient trop vite. Elle était comme coincée dans une coquille, une boule de verre où elle avait la sensation de pouvoir imploser à tout moment sans pour autant que cela n’arrive jamais.

« Est-ce que quelqu’un pourrait… M’AIDER ??? »

Du regard, elle cherchait toujours à capter une attention, trouver un objet avec lequel elle pourrait faire… n’importe quoi, du moment que ça puisse la sortir d’ici. Mais à la place de ça, elle n’entendit qu’un bruit sourd. Quelque chose était tombé quelque part. Peut-être d’autres trucs sur des étagères…


761 mots



Bijin
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Lun 18 Mar 2019, 23:54


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Foutues étagères ! Lysium grimaçait. À coup sûr, les esclaves les avaient mal fixées et elles tremblaient. Il allait devoir faire exécuter l’un d’entre eux, pour montrer l’exemple. « Hazinoklenn ! » Le sorcier fit remonter la marionnette dans sa chemise. La marche avait dû la faire descendre.
« Je ne compte pas me faire répéter. Viens tout de s — » Une créature apparut, un carnet en main. « Veuillez me pardonner, j’étais en train de cuisiner, conformément à la troisième tâche de ma liste. »« Demande à l'un des rares servants ici compétents de la réparer. Celui qui a les cheveux frisés, par exemple… comment s’appelle-t-il, déjà ? » La Chose vérifia l’un de ses papiers. « Thelio... Inconnu ? Thélio de prénom, et son nom de famille est inconnu. Par là, je veux dire qu’aucune information sur son nom de famille n’a été renseignée et nous devrions le lui... »« J’avais compris, bidule. Je n’ai pas besoin de son arbre généalogique non plus. Bref, demande à Célio Sans-nom de la réparer. » Il sortit de sa chemise la marionnette, avant de nettoyer la porcelaine de son visage avec un tissu.
« Oh, et il faudrait qu’on vérifie la solidité des étagères. Elles me semblent peu stables. » Le roux désigna du doigt les jouets tombés au sol, tout en gardant une poigne ferme sur les fils de la marionnette. Ophélia était une pièce de collection. « Puis-je faire une proposition ? » « Oui. » « Dois-je remettre ces objets en place, ou est-ce qu’on les laisse au sol ? » « Remets-les en place, évidemment. » Lysium aimait donner à ses interlocuteurs l’impression d’être abyssalement stupides. Si la chose marchait assez bien sur Hazinoklenn, force est d’admettre que lui-même n’était pas un génie.
Tout en donnant la marionnette au Mur, il soupirait. « Fais attention à ne pas la casser. Je sais que parfois tu manques de délicatesse. » La Chose acquiesça, sans pour autant prendre une apparence plus agréable à regarder. Ce n’est pas comme si le personnel ou Lysium ne l’avait jamais vue sous sa forme originelle. Et puis, ce n’était pas un jouet qui allait se plaindre de ça.

~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

Thélio laissait la punaise parcourir son bras, un sourire étrange aux lèvres. Elle marchait lentement, sur sa peau factice, sans but. Ces temps-ci, il était faible. Le changement d’apparence prenait beaucoup d’énergie, et il n’avait pas pu beaucoup se sustenter de ce qui le nourrissait vraiment. Les brouets qu’on servait ici ne l’intéressaient pas. Cet insecte-là, par contre… ce serait l’occasion parfaite. Dans une prise télékinétique, la punaise s’envola avant d’atteindre lentement les lèvres du domestique, qui ressemblait maintenant à un monstre. Après un mouvement de recul inutile de la part de la minuscule proie, un léger son s’échappa de la gueule du Mur. Croc. Capturée par une rangée de dents qui venait d'apparaître, la bestiole tentait de s’échapper. Les êtres de peu de conscience avaient cela en commun avec ceux que l’on dit sages. Dans les pires situations, ils pensent pouvoir s’en sortir. Pourtant, il fallait se rendre à l’évidence.

« Thélio, veuillez renseigner votre nom, puis vous rendre à l’atelier. » Le servant avait de nouveau l’apparence d’un homme à la peau cuivrée, aux dents blanches et aux fossettes innocentes. C’est fou, comme la magie pouvait servir. « Oh… Shan… Chanterinier. Je suis un Chanterinier. » Un accent aussi factice que son sourire d’enfant. L’espace d’un instant, Hazinoklenn grinça des dents. Elle ne savait pas si l’acheter avait été une bonne idée. Il allait falloir consulter ses sœurs.
« Je… je vais à l’atelier. »

Une marionnette vivante. D’autres jouets et objets. Des planches de bois. De la peinture. Une pièce isolée. Un soi-disant esclave, qui servait plutôt le camp d’une autre famille en tant que Mur. Voilà une situation qui promettait d’être intéressante. À des mètres de là, Lysium buvait un thé, en interrogeant une servante. Une folle, en fait. Elle avait juré que les jouets bougeaient, ici. Le souci, c’est que le sorcier ne pouvait pas la laisser sortir, maintenant qu’elle connaissait l’existence de Valera Morguis. Il allait devoir la vendre à un scientifique quelconque, et son état mental dégraderait le prix. Un petit rictus déforma les lèvres de l'héritier. Des objets qui bougent ? Ridicule. S’en débarrasser ne serait pas une peine.
718 mots.
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Kitoe
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Kitoe
Lun 01 Avr 2019, 20:24

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Elle n'avait jamais entendu des noms aussi pourris. Kitoe se faisait toute petite, bien que cela ne servit à rien. Elle ne bougeait plus, ne cherchait plus à lutter contre sa condition, intriguée par la tronche de celle avec qui son porteur un peu con discutait. Cette femme au nom imprononçable était étrange, et la Démone n'arrivait pas à s'enlever ça de la tête. Elle parlait comme si elle était dénuée de sentiments, comme si… il manquait quelque chose. Kitoe cherchait encore à deviner l’appartenance de cette femme quand elle se vit léguée à elle. Elle n'était pas dégoûtée par son apparence, puisqu'habituée à bien pire : la dégueulassitude de la sienne propre. D’après ses hypothèses, il lui semblait probable qu’il s’agisse là d’une Démone sous sa forme originelle. Après, la raison pour laquelle elle se soumettait volontiers à cet homme ne la concernait en rien. Peut-être avaient-ils conclu un pacte, qui sait ? Peut-être que la contrepartie serait émise plus tard…

En changeant de porteur, Kitoe avait aussi changé de panorama. Elle regrettait celui d'antan, où elle avait pu profiter du décor de cette demeure dans son entièreté. Maintenant, elle n'avait qu'une vue sur le sol. Il changea. Peut-être qu'elle s'était téléportée, elle n'en savait trop rien. Puis il défila. Elle allait trop vite pour qu'elle puisse le décrire. Il avait l'air joli, quoique sobre par rapport aux murs, ce qui n'était pas plus mal. Le tout aurait fait trop rempli dans l'autre cas. C'était un comble de la voir juger ainsi la décoration lorsqu'on voyait l'état de son logement, si toutefois on pouvait appeler ça un logement. A croire qu'elle s'habituait un peu trop vite au luxe. Retrouver l'Enfer, si elle le retrouvait un jour, risquerait de lui faire un choc.

D'ici, elle voyait ses bras ballants pendre et se balancer mollement au rythme de la marche de la servante. Kitoe remarqua, bien qu'elle aurait pu le faire plus tôt, que ses membres étaient assez singuliers. En effet, ils étaient marqués au niveau des articulations. Des fils étaient accrochés un peu partout sur son corps et il ne semblait pas possible pour elle de s'en défaire. Une vague de panique vînt de nouveau l'assaillir. Nouvelle tentative de déplacement. Nouvel échec. Et puis, elle était coincée par une emprise. Peut-être valait-il mieux qu'elle se repose. L'effort psychologique avait été plus intense qu'escompté, comme si prendre vie nécessitait de la magie.

*

Thélio semblait plus sympathique que cette femme. Disons que physiquement, il était plus normal. Le truc, c'est que, si elle avait tout suivi, c'était lui qui était supposé lui peinturlurer la gueule, et ça, c'était toujours non. Elle ne s'y résoudrait pas, sympathique ou non. Ses forces étaient peut-être maigres, mais elle comptait bien les rassembler pour se soustraire à cet acte qui relevait du châtiment à ses yeux. Malgré les chances minimes de parvenir à ses fins, Kitoe ne songeait pas à l’échec. Non, c’était non. Comme on disait, sans consentement, c’est du viol.

-J'te préviens mon coco, tu m'touches, j'te bouffe. Et il avait intérêt de le prendre au pied de la lettre. Elle n'était pas cannibale pour rien. Attends un peu…

La détermination laissa place à la surprise. Elle avait parlé ? Vraiment ? C'était sorti si spontanément… Comment avait-elle fait ? Kitoe guettait la réaction du servant. Elle arrivait à peine à croire qu'elle pouvait communiquer avec lui. C’était comme si, de base, ils faisaient partie de deux mondes distincts et hermétiques l'un à l'autre. Cela voulait dire qu'elle allait enfin pouvoir demander des explications sur sa condition.

« Est-ce que tu peux m’expliquer ce que je fous ici ? »

Mais sa voix ne retentit pas comme elle l'aurait voulu. Elle ne se répercuta pas contre les murs. Il n'y eut pas cette profondeur. Elle resta dans sa tête, comme les fois d'avant. Posée sur un meuble dudit atelier, Kitoe se sentait de nouveau seule avec l'impression de n'être qu'un vulgaire objet sans âme. Ascenseur émotionnel. Nouvelle vague de panique mêlée à une bouffée de tristesse. Puis la rage, encore. Ses émotions étaient prises dans un cycle. Elles allaient et venaient avec une cohérence incertaine, au fur à mesure de ses expériences et de ses découvertes. Elle les maîtrisait assez mal dans cet environnement inconnu. Elle ne cherchait pas à les maîtriser. Au contraire, il semblait que les exprimer était sa seule issue pour s’extirper de son mutisme et de son immobilité. Kitoe émit un cri intérieur. La marionnette bascula sur le côté. C'était devenu sa spécialité. De ses grands yeux de poupée, elle fixait Thélio, attendant une réaction de sa part. Il semblait que la scène venait de prendre une tournure inquiétante.


780 mots



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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Ven 26 Avr 2019, 17:31


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Passé la confusion du moment, Thélio dut ressentir de la peur, en entendant la voix de la marionnette. Alors certes, les Murs sont rarement décrits en premier par leur émotivité, qui frôle généralement le néant. Cela dit, dans ce contexte d’infiltration, et face à cet objet vraisemblablement ensorcelé… il ne pouvait qu’être effrayé à l’idée d’être découvert, ou même de mourir. Était-ce au moins vraiment la poupée, qui avait parlé ? Peut-être qu’il s’agissait plutôt d’un plaisantin ? Non, ceux-là ne vivaient généralement pas en ces lieux. Une hallucination ? Ce serait surprenant. Ses sens ne l’avaient jamais trompé, quand bien même des excroissances grisâtres recouvraient ses yeux lorsqu’il n’était pas sous couverture. Non, ça ne pouvait être qu’elle. Que ça.
Légèrement paniqué tandis qu’il toisait la marionnette du regard, son changement d’apparence faiblit un instant, pour révéler brièvement sa vraie nature. Si, par la suite, il put reprendre sa forme innocente, savoir que cette poupée l’avait aperçu demeurait inquiétant. Et si elle révélait la vérité ? Et si elle était une autre espionne ? Et si… ? Le mur paniquait, trop faible pour n’avoir aucune directive. Il avait tant de choses à apprendre, à perfectionner. Lire dans les pensées de cette fille-là aurait pu l’aider.
« Qui… qui est là ? » Il parlait haut, comme s’il adressait à quelqu’un qui se cachait sous l’une des chaises de l’établi. Pourtant, ses yeux fixaient la vraie coupable. « O… Ophélia, c’est ça ? C’est ton nom ? » Son accent factice avait perdu en réalisme, et devenait caricatural.

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« Numéro Un, je me pose des questions complexes, où ton expertise est requise. C’est par rapport à Thélio Chanterinier, une des nouvelles arrivées. Je ne sais pas si on devrait le laisser en place. Il m’a l’air louche, vraiment. Il fait du bon travail, mais… » Hazinoklenn, toujours aussi monotone, cherchait ses mots. « Mais quoi ? » Son aînée, trop absorbée par ses propres travaux — la rédaction d’une lettre, répondait sans trop se soucier de ce qu’on avait à lui dire. « Je ne sais pas, il m’a l’air douteux. Je l’observe depuis plusieurs semaines et quelque chose me semble faux. Sa peau… j’ai vu qu’elle peut changer de teinte d’une heure à l’autre. Les autres domestiques font parfois des remarques sur lui, aussi. Surtout, je ne suis pas convaincu par certains des créneaux horaires qu’il s’est donné. Il travaille souvent de nuit comme de jour, de manière assez arythmique. De plus, il avait oublié de faire noter son nom de famille. Pour résumer : j’ai un mauvais sentiment à son égard. » Zalnonikhen releva les yeux de son papier, pour fixer sa sœur. « Donc, tu as l’impression qu’il est louche. »« En effet. Je suis consciente que c’est peu, mais… »« Non, tu as raison. Je te fais confiance. » Voilà qui pouvait paraître surprenant. Celle que l’on appelait Numéro Un accordait rarement d’attention à la Troisième. Sans doute était-ce un essai. « Si tu veux, j’irais le surveiller. Où est-il, actuellement ? » Hazinoklenn hésita un instant. « L’atelier. » « Soit. J’irais à pied. »

~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

« Où allez-vous ?! » La servante soi-disant folle courrait, se doutant que Lysium allait la faire exécuter. Ses granbes enjambées la portaient loin, tandis que le fidèle d’Asresh se contentait de la regarder l’air hébété. Où allait-elle, vous demandez-vous ? Eh bien… l’atelier. Là, elle trouverait sûrement une arme, ou quoi que ce soit qu’elle puisse utiliser pour se défendre. Pourrait-elle survivre à la maison, puis aux gardes de la ville, puis au froid ? Elle ne le savait pas vraiment. C’était le seul moyen. La seule chance. Le seul espoir.

~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

Zalnonikhen sortait, d’un portail, se dirigeant lentement vers l’atelier. La porte n’était plus qu’à quelques mètres. Elle tenait son calepin et son papier — à destination d’un notable d’Amestris — d’une main, et écrivait de l’autre. Rien ne pouvait la perturber, ou presque.
« Quelqu’un ! Vite ! Il y a fuite ! Rattrapez la servante ! » La voix de Lysium était forte, mais finalement assez calme. Il avait passé l’âge d’hurler au moindre problème — quoique —. Zalnonikhen regarda tout de suite en direction du couloir où Lysium devait se situer, et fut bousculée dans la seconde. C’était la servante.

~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

Thélio eut à peine le temps de terminer sa dernière question. Il entendit du grabuge au pas de la porte, mais n’osait pas arrêter de fixer la marionnette, basculée sur le côté. « C’est toi qui fais ce bruit  ? Tu leur as dit à distance ? »

727 mots. Je sais que ces changements de point de vue toutes les trois lignes sont perturbants, mais c'est ce qui m'est venu pour essayer de secouer un peut tout le monde donc voilà 8D. Concrètement Thélio s'est révélé sans faire exprès et pose des questions, tandis que Zalnonikhen (PnJ Mur) et la servante PnJ que Lysium comptait revendre dans le post d'avant sont sur le point de rentrer dans l'atelier. Tu peux faire les faire ouvrir la porte en trombe ou alors me laisser faire ça le post d'après 8D.
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Kitoe
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Kitoe
Mer 01 Mai 2019, 22:48

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

-MAIS BORDEL VOUS AVEZ FINI DE M’APPELER OPHELIA ? J’m’appelle Kitoe ! Et qu’est-ce que je fous ici, d’abord ? On n’est pas en Enfer ?

Elle aurait été très contente qu’on l’applaudisse pour sa prestation. C’était la première fois qu’elle sortait une réplique aussi longue sans être interrompue par son propre manque de contrôle sur ce corps – qui lui, n’était pas propre, sans pour autant dire qu’il était sale, haha vous l’avez ? En revanche, son regard restait fixe. Elle n’arrivait pas à bouger et parler en même temps. Elle en allait jusqu’à ignorer si ses lèvres bougeaient, ou si sa voix retentissait comme un écho. Elle n’aurait jamais la réponse. En tous les cas, faire deux choses simultanément lui demandait trop de concentration. Kitoe se sentait un peu comme un bébé incapable de coordonner ses mouvements. Un bébé atteint d’une sclérose, ou à moitié tétraplégique. A moitié, parce que ça dépendait des fois. Par exemple, elle fut incapable de répondre à la question d’après, alors qu’elle y avait mis le même entrain que précédemment. De toute manière, elle ne la comprenait pas. Elle la trouvait complètement débile. Bien sûr qu’il y avait un bruit pas possible de l’autre côté de la pièce, mais quel était le rapport avec elle ? Monsieur ne voyait-il pas qu’elle avait déjà suffisamment de problèmes comme ça pour qu’il en remette une couche ? Pourtant, telle une coupable prise la main dans le sac, elle continua d’observer cet homme vraiment bizarre. Elle l’avait vu changer de forme – ou bien elle avait halluciné – et se demandait pour lui aussi, de quel peuple il pouvait bien être issu. Jamais elle n’avait vu une maisonnée pareille et à vrai dire, la seule explication pour justifier tout ça, c’était qu’en fait si, elle était toujours en Enfer. L’endroit des possibles. Celui où une situation pareille aurait pu exister. Mais dans un tout autre lieu que celui qu’elle avait l’habitude de fréquenter.

La porte de l’atelier s’ouvrit avec fracas. Kitoe sursauta intérieurement, tomba de la table extérieurement. Elle entendit encore du bruit, celui d’un ou deux autres objets qui tombaient, comme emportés par son sursaut. Mais elle n’était pas sûre. Elle ne voyait pas. Une voix éclata soudain.

-Regardez ! Cette marionnette est possédée ! Regardez ce qu’elle vient de faire ! S’écria la servante à bout de nerfs.

Elle continuait de s’agiter. Kitoe pouvait le sentir aux vibrations du sol. Une marionnette. Elle ? D’après ce qu’elle avait pu voir, ça collait. Mais pourquoi ? C’était redondant, mais au final, c’était la seule à se poser : pourquoi est-ce qu’elle était là, et sous cette forme ?

La servante poussa violemment Thélio pour se ruer sur la commode d’en face. Lorsqu’elle se retourna, elle avait un marteau entre les mains. Elle regardait consécutivement chacun des protagonistes présents dans la pièce, y compris la marionnette. Elle ne savait pas de qui elle avait le plus peur. Ils étaient tous dangereux, d’une manière ou d’une autre. Et surtout, ensemble, ils l’encerclaient. Ophélia à sa gauche, Lysium et Zalnonikhen en face, obstruant la sortie, l’homme dont elle ne connaissait pas le nom – elle l’appelait juste Le Nouveau – à droite.

-NE VOUS APPROCHEZ PAS ! Elle serrait tant son marteau que ses phalanges en étaient devenues blanches. Elle respirait fort, la mâchoire serrée. Elle transpirait. Elle tremblait comme elle n’avait jamais tremblé. Elle avait tout d’une folle. Ne vous approchez pas, sinon… sinon… Elle avait peur, très peur de ce qu’elle était sur le point de faire. Mais au point où elle en était… sinon je la casse !

Elle s’empara de la marionnette et brandit son arme, prête à l’abattre sur la tête du jouet. Kitoe, elle, fut plutôt contente de changer de vue. De retrouver face contre terre était toujours aussi ennuyeux – et quelque peu humiliant – que tout à l’heure. Elle avait très bien entendu le sort qui la menaçait. Seulement, elle ne voyait pas le marteau, et d’après son expérience, le fait de chuter représentait plus de peur que de mal. La servante était terrifiée par ce qu’elle tenait entre ses mains. Elle s’attendait à tout moment à ce que ce maudit jouet ne tente quelque chose contre elle. Mais rien ne se passa. Du moins, pas pour le moment. Entrainée par son désespoir croissant, elle se tourna vers Le Nouveau.

-Et vous, vous n’avez rien vu ? Rien entendu ? Vous avez bien dû… enfin, cette poupée est vivante, n’est-ce pas ? Elle a dû faire quelque chose, elle vous a montré ? Hein ? Elle n’est tout de même pas tombée par hasard ? Et ce cheval en bois, là-bas ?

Sa voix chevrotante se brisa. Les larmes qu’elle tentait de contenir depuis quelques minutes commencèrent à dévaler ses joues. Dans tout cette histoire, il était le plus à même d’être neutre et quelque peu objectif. Il était son seul espoir.


815 mots
Aucun problème 8D Voilà qui agite un peu tout le monde, non ?
Servante = #ff9933



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Lun 13 Mai 2019, 00:21


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Tout le monde s’échangeait des regards. La servante soi-disant folle, qui cherchait avant tout à pouvoir s’enfuir, mais ne savait pas comment s’y prendre ; Zalnonikhen, qui ne comprenait pas comment une telle situation avait pu se créer ; Lysium, qui bouillonnait à l’idée qu’une tarée brise un de ses objets fétiches ; la démone enfermée dans le corps d’une marionnette et enfin Thélio, qui paniquait sans rien laisser paraître.

« Je n’ai jamais rien vu de suspect avec ce… jouet. » Ce qui était pratique, avec les Murs, c’est qu’ils avaient naturellement un visage assez impassible. Thélio paraissait donc comme un assez bon comédien. Au fond, il avait peur que cette Kitoe se révèle aux yeux de tous.
« Quoi ? Mais si ! Vous l’avez forcément vue faire trembler les… vous l’avez vue ! Et le cheval ? Et... écoutez, je ne suis pas folle ! » Ce qui, à l’opposé, n’était pas pratique, avec les humains, c’est qu’ils avaient naturellement un visage assez expressif. Or, puisque la servante était en pleine détresse, hurler « Je ne suis pas folle » dans un tel état n’allait pas vraiment la rendre plus convaincante. C’était même plutôt l’inverse.
« Et puis qui d’autre aurait pu lui mettre ce bonnet, si ce n’est elle-même ? » Pour le coup, elle n’avait pas tort. Ce minuscule couvre-chef rouge à pompon blanc ne passait pas entièrement inaperçu, et, s’il semblait tenir parfaitement sur son crâne grâce à un fil, ses couleurs juraient avec la tenue de la marionnette. Pourtant, l’argument ne fit pas mouche, notamment parce que n’importe qui aurait pu la décorer. Et puis, après tout, un objet vivant, c’est une idée ridicule, n’est-ce pas ?
« Puis-je savoir pourquoi tout le monde s’affole après cette babiole ? On peut la jeter, sinon. » Zalnonikhen fixa la marionnette, l’air désapprobateur. Ce n’était pas une si bonne décoration, après tout. Cela dit, proposer de s’en débarrasser n’allait pas plaire à Lysium, et ce dernier ne manqua pas de le rappeler. « C’est ridicule, elle a de la valeur ! »« Pas tant que ça. »« Tu vois bien que c’est de la faute de cette dégénérée, là ! » La voix du sorcier crépitait comme s’il était retombé dans l’adolescence. « Elle s’appelle Euphélie Darminn. Je ne la connais pas très bien, mais… » Thélio s’arrêta en milieu de phrase, se rendant compte qu’il avait oublié de simuler un accent. Il n’avait plus qu’à espérer qu’on ne le remarque pas.
Zalnonikhen se contenta de tourner la tête sans prêter attention au servant. Elle voulait en finir rapidement avec cette histoire. Il ne suffit que de quelques messes basses avec le sorcier, pour obtenir son autorisation de neutraliser la servante. Cette dernière, sans avoir pu entendre la conversation, se doutait que les choses n’allaient pas dans son sens et, acculée, elle leva son marteau. La porcelaine, ça cassait facilement ?
« Je vais le faire ! » Thélio, espérant probablement qu’une action majestueuse leur ferait tous oublier que son accent était factice, se jeta sur la femme paniquée. Ses grandes enjambées lui permirent de rejoindre rapidement sa cible. Lui qui était son seul espoir, celui qui aurait pu attester de la véracité des faits, il se présentait maintenant comme un ennemi. Il se trouvait devant elle, à quelques centimètres de la marionnette, quand l’arme s’abattit d’un coup sec. Seulement, on n’entendit pas le bruit de la porcelaine brisée. La marionnette avait disparu.
Incapable de savoir où elle était passée, Thélio dut improviser. C’était décidé : il ferait comme s’il l’avait téléportée. C’était peut-être le cas, en fait. Jeune Mur, il ne maîtrisait pas toutes ses capacités eu aurait pu avoir ce réflexe. Cependant, la possibilité que Kitoe elle-même se soit sortie de ce pétrin lui semblait tout aussi probable.
« Je… je l’ai envoyée… » Où avait-elle atterri ? Bonne question. Malheureusement, il n’eut pas le temps d’y réfléchir. La servante, le voyant trop proche, lui envoya un revers de marteau dans la mâchoire dès qu’elle se rendit compte de la situation. Thélio s’effondra quelques secondes après. Je ne saurais vous dire si c’était parce que le coup l’avait réellement blessé, ou si cette réaction lui sembla être la meilleure option vis-à-vis de ce qu’il se passait à côté.

Un parallèle assez évident pouvait se tracer, avec la situation de départ. Tout le monde s’échangeait des regards. La servante qui reculait lentement, son dos se rapprochant dangereusement du mur ; Zalnonikhen, qui allait certainement l’intercepter dans les secondes qui suivraient ; Lysium, qui se contentait de ciller des yeux sans vraiment réaliser quoi que ce soit ; la démone enfermée dans le corps d’une marionnette, qui pouvait tout aussi bien se trouver sous les pieds d’un de nos protagonistes que sur une armoire à dix mètres de là et enfin Thélio qui… ah, non, lui ne regardait pas grand-chose, à part du carrelage.


789 mots. Merci pour la couleur ^^ ! Tu peux faire atterrir Kitoe où tu veux 8D.
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Kitoe
Jeu 30 Mai 2019, 22:57

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Et si on l’avait punie ? Et si on l’avait condamnée à vivre cette nouvelle vie, après toutes les insanités qu’elle avait pu faire jusqu’ici ? Et si cela était le fruit d’une quelconque vengeance ? … C’était franchement pas juste. C’était pas comme si elle était la pire engeance qui fut. Elle pouvait paraître sympathique à côté de bien des Démons, et il avait fallu que ce sort tombe sur elle. C’était qui déjà le soi-disant Aether de la justice ? Un ivrogne ? Elle ne savait pas ce qui était le plus frustrant entre son incapacité à se mouvoir et à s’exprimer, et la sensation d’avoir été internée dans une maison de fous sans qu’on lui demande son avis. Si ça se trouvait, elle était là sa réponse : on l’avait fait interner. Mais par qui ? Le problème, c’était que lui déclarer qu’elle était folle était en quelques sortes devenu une routine. Ou du moins, on l’avait pensé tellement fort qu’elle l’avait entendu. Mince. Elle ne s’était jamais souciée de l’image qu’elle renvoyait aux autres, ni de son comportement envers eux. Se serait-elle retrouvée dans cette situation si elle avait fait plus attention ? C’était une pensée parfaitement stupide qu’elle avait là, elle le savait : ce qui était fait ne pouvait plus être changé, et malgré la leçon, elle n’avait nullement l’intention de se transformer en sainte. Mais comme on disait, on n’était jamais trop prudent, et dans des moments comme celui-là, il fallait penser à tout.

*

-Mince !

-Quoi ?

-Ça va brûler ! Où est Hazinokl-AAHH !

-Quoi, encore ?

Kitoe regardait avec indifférence cette femme qui venait d’apparaître dans son champ de vision, entraînée par un sursaut parfaitement ridicule. La Démone en riait intérieurement. Néanmoins, elle ne comprenait pas ce qu’il venait de se produire. Jusqu’ici, elle avait à peu près assimilé le sens et les motifs des transports qu’on lui avait infligés. Seul le dernier lui échappait, et elle en allait à se demander si elle n’avait pas eu une absence.

-C’est… c’est la marionnette, elle m’a fait peur. Qu’est-ce qu’elle fait là ? C’est toi qui l’as mise là pour me faire une blague ? C’est pas drôle. Elle me fait vraiment peur, tu sais. Et puis, je ne pense pas qu’on ait le droit de toucher aux affaires de…

-Je comprends rien à ce que tu racontes, Annie. J’ai rien fait. Et arrêtes de crier comme ça, j’ai déjà un début de migraine, c’est pas pour que t’en rajoutes une couche.

-On est où ?

La dénommée Annie recula et se heurta au plan de travail derrière elle. Ses yeux exorbités cherchaient l’origine de la voix. Elle l’avait entendue venir de la marionnette, mais trouver une autre explication lui semblait plus supportable.

-Qui a dit ça ? Souffla-t-elle. Tesla, c’est pas drôle je t’ai dit !

Tesla n’était pas visible. Elle était dans le garde-manger, coincée entre la carcasse d’un porc et une caisse remplie de pommes de terre. Elle n’y voyait rien là-dedans, et en plus, il faisait froid ! Ils étaient où, ces foutus butternuts ? Personne ne pouvait ranger les choses correctement, ici ? Et puis, les trouver, c’était rien, il fallait encore les couper ensuite ! Quelle plaie.

-T’as pas bientôt fini ? Figures-toi que je n’ai rien fait ! Et viens m’aidez, là, au lieu de me sortir des âneries ! Non mais c’est pas possible…

-Je… j’arrive.

En réalité, elle était paralysée. Annie était une grande peureuse. C’était pour ça qu’elle s’était retrouvée à faire un simple travail de servante. L’ambition même lui faisait peur. C’était une crainte absurde, et la source de nombreuses moqueries. C’était pourquoi elle essayait de le cacher du mieux qu’elle le pouvait et qu’elle prenait sur elle lorsqu’il s’agissait de garder un peu d’honneur. Elle s’en était plutôt bien sortie jusqu’à présent, elle faisait même des progrès. Cependant, la mettre face à une poupée qu’on disait animée, c’était mettre la barre un peu haute. Quant à la trouver aussi proche du service à couteaux, c’était supplier Ezeckyel pour que son cœur ne s’arrête pas de battre.

-On est où ? Répéta Kitoe.

-C’est toi qui parles ? Enfin, vous, la marionnette ? Car après tout, mieux valait la tenir en respect pour avoir toutes les chances de survie.

Mais elle allait lui répondre, à la fin ? Kitoe serra les dents. Elle aussi avait remarqué les couteaux à proximité. Elle les aimait bien, ils étaient beaux. Ils semblaient pouvoir trancher n’importe quoi, et surtout, ils brillaient. Ils l’appelaient.

-Tu vas me répondre, bordel de m*rde ?!

Sa rapidité avait été remarquable. La Démone était en pleine possession de ses moyens. Elle se sentait gagnée par une vague d’énergie et d’enthousiasme malgré son impatience. Elle devait être sous une bonne étoile, juste pour un instant, et elle avait su en profiter. La domestique poussa un cri suraigu comme elle n’en avait encore jamais poussé, puis enjamba le plan de travail à une vitesse qu’elle n’avait pas cru possible d’atteindre. Debout, Kitoe brandissait toujours le couteau à l’aide de ses deux petites mains pâles. Ce fut alors qu’elle réalisa la bêtise de sa question. Forcément, un couteau de cuisine, c’était dans la cuisine… L’arme avait changé d’allure : elle était tordue et émoussée. En dépit de la peur, Annie n’était pas peu fière de son travail. A défaut d’avoir du courage, elle avait de très bons réflexes lorsqu’il s’agissait de manier la magie.

-Annie, tout va bien ? Que se passe-t-il ?


-… C’est la marionnette… Murmura-t-elle tout en scrutant les moindres gestes de l’intéressée.

Elle tremblait de tous ses membres. Elle avait hésité. Elle avait entendu parler de cette nouvelle servante, celle qui avait déjà mauvaise réputation. On la disait folle, et ce pour exactement les mêmes raisons que l’explication qu’elle venait d’avancer. Mais qu’aurait-elle pu inventer d’autre ? Le jouet se tenait debout sous ses yeux, et puis, elle avait crié tellement fort… On avait dû l’entendre dans toute la maison.



1003 mots
Arc-en-ciel en vue o/ Je me suis permise d'impliquer très brièvement Hazinoklenn xD
Servante = #ff9933
Annie = #ffcc00
Tesla = #00cccc



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Siruu Belhades
Mer 19 Juin 2019, 19:21


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Hazinoklenn triait tranquillement les registres aux archives. Après, elle devrait ranger le garde-manger. Puis, elle irait se renseigner sur les contrats commerciaux des concurrents, avant de superviser les esclaves à l’étage. Enfin, quand tout le monde dormirait, elle n’aurait plus qu’à lire toute la nuit, en prenant des notes pour Lysium — même si, concrètement, elle n’y comprenait rien —. C’était un emploi du temps assez aéré, pour une fois. Cela lui laissait la possibilité de réfléchir à Zalnonikhen. L’aînée était partie surveiller Thélio, le nouveau servant. Qu’allait-elle trouver sur lui ?

Pendant ce temps, Zalnonkihen interpellait la servante.

Il y avait des bruits, au loin. Hazinoklenn se rappela la fois où Lysium l’avait autorisée à quitter sa tâche actuelle en cas d’urgence. Il s’était brûlé la main avec une potion, tandis qu’elle s’occupait à trier l’argent familial. Elle n’osa pas agir, car après tout, on lui avait ordonné de trier. Depuis, et après une longue dispute, la Mur n’était dorénavant plus interdite d’initiative si la situation était jugée pressante. Le hurlement qu’elle avait entendu il y a de cela quelques secondes laissait supposer qu’il y avait urgence. Devait-elle agir ? Hazinoklenn hésitait… non, ça ne devait pas être important. Pourtant, après quelques secondes, elle quitta tout de même son poste. Trop irritée à l’idée de ne pas savoir ce qu’il se tramait, elle se devait d’aller vérifier.

Pendant ce temps, Zalnonikhen interrogeait la servante, après l’avoir attachée.

La Chose marchait à travers les couloirs. Un contremaître l’interpella assez rapidement. Les employés finissaient par être habitués — ou au moins désensibilisés — à son apparence monstrueuse.
« Bon, ça fait que de gueuler de partout, je peux savoir ce qu’il se passe ? D’habitude, il fait un silence de mort. Là, les esclaves sont inquiets et je vais pas vous cacher que ça commence à être mon cas. »« Justement. Je me demandais d’où ça venait. »« Bah on sait pas trop. Du côté des cuisines, je dirais. Peut-être vers l’atelier, aussi ? On a aussi cru en entendre près de la salle de l’autel. Ou alors c’est les échos. J’en sais rien, honnêtement. Mais ça reste étrange. » Il y eut un léger flottement, laissant à la créature le temps d’assimiler ces informations. « J’irais voir. » Sans plus de cérémonie, elle s’éloigna.

Pendant ce temps, Lysium s’inquiétait pour la marionnette.

On lui avait dit d’aller où, déjà ? Les cuisines, non ? Ou alors la bibliothèque ? Elle ne savait plus tout à fait. En moins d’une minute, Hazinoklenn avait déjà oublié. Comme souvent, sa mémoire lui faisait défaut. Après tout, ça ne devait pas être si grave. Les hurlements ne sont pas forcément mauvais signe. Puis... elle devait ranger le garde-manger de toute façon, donc si elle trouvait âme qui vive au passage, elle lui poserait la question. C’est en tout cas ce que la Chose pensait, tandis qu’elle poussait la porte des cuisines où il semblait régner une discussion agitée. Ah, ces servants, toujours à se crêper le chignon !

Pendant ce temps, Thélio continuait de jouer au cadavre.

« On a signalé des cris, vous savez d’où ça vient ? Lars a fouetté les esclaves de l’étage ? » Hazinoklenn marchait, regardant à peine le visage livide de ses deux interlocutrices. À vrai dire, même si elle les fixait, on aurait difficilement pu le remarquer, étant donné les excroissances qui recouvraient ses yeux. « Le garde-manger a été rangé ? J’ai assigné ça à un servant hier, mais on m’a dit qu’il avait perdu un bras dans une expérience et que je devais le remplacer. Peut-être que quelqu’un s’est dévoué à ma pl- » Le Mur s’arrêta net. « Oh, Ophélia. Elle n’a rien à faire dans les cuisines. Surtout pas avec... » Elle prit le couteau des mains de la marionnette, rencontrant une légère résistance dans le processus. Elle contempla la lame boursouflée, dubitative. « Ça. Je croyais qu’on avait jeté tous ceux qui étaient dans cet état. Qu’est-ce que vous avez fait ? » Son manque d’expressivité faciale était compensé par sa voix, qui portait une certaine réprobation. Les deux servantes ne répondirent pas immédiatement. Tesla s’avança tout de même.

Pendant ce temps, Zalnonikhen réveillait Thélio de force.

« On sait pas d’où elle vient. Sûrement un plaisantin. J’ai pas vraiment envie d’y réfléchir. » La domestique se massait les tempes, migraineuse, et donnait l’impression qu’elle n’en avait rien à faire. Pourtant, son intonation trahissait une certaine inquiétude. « Je… » Annie, quant à elle, peinait à retirer son regard de la marionnette. « Je vais démissionner bientôt, je pense. » Ses mains se joignirent, dans un soupçon d’anxiété. « Enfin c’est pas lié à ce dont on parlait, hein ! Mais voilà, j’ai d’autres projets à accomplir, je veux m’élever, et caetera… enfin vous voyez, quoi. » C’était bien la peur qui la faisait quitter ce métier, et non pas le courage. Dormir dans cette maison avec la marionnette non loin lui paraissait inenvisageable, maintenant que ses soupçons étaient confirmés.

Pendant ce temps, dans l’atelier, Lysium criait sur tout ce qui vivait.

« C’est noté. On verra ça plus tard. Par contre… vous agissez étrangement. » Hazinoklenn prit la marionnette par les fils pour l’observer de face. Il devait y avoir une blague écrite sur son visage, ou quelque chose du genre qui expliquerait leur comportement. Pourtant, elle était on ne peut plus normale. Pas la moindre trace de nouveauté, depuis la fois où elle l’avait portée. Ce qui, en soi, était déjà une étrangeté. « On a oublié de la repeindre à l’atelier ? C’était le travail de Thélio, je lui ai apporté Ophélia moi-même… » Lorsqu’il y avait soupçon, les Fortas-Petraliphas finissaient généralement par faire boire un sérum de vérité à la personne inculpée, pour s’assurer d’avoir le vrai point de vue. Seulement, la Chose n’était pas autorisée à toucher au stock de potions pour le moment, alors elle décida d’agir plus directement.

Pendant ce temps, Thélio était interrogé sur la position d’Ophélia. C’était un objet précieux, et s’il avait fini détruit en mille morceaux, il allait falloir le rembourser.

« Nous pouvons retarder le repas. Venez avec moi, je pense savoir qui vous a joué un tour. Vous pourrez le confronter. » S’il y a bien une chose qu’elle n’avait pas oublié, c’est que Thélio devait être à l’atelier, et qu’il était suspect. À coup sûr, il était à l’origine de tous les troubles des lieux. Il se servait de la marionnette pour faire peur aux gens. Quelle stratégie lâche ! Hazinoklenn resserra son emprise sur les fils, et fit signe aux deux domestiques qui se dévisageaient. Annie tremblait encore, mais Tesla semblait presque compatissante. Leurs regards étourdis en disaient long sur leur état. La situation leur semblait incompréhensible.

La Mur et ce qu’elle tenait, suivis de loin par les deux domestiques, s’avançaient vers l’atelier.

1139 mots. Kitoe en marionnette est une arme de destruction massive. Faut vraiment pas la mettre au milieu d'un conseil des chefs.
Servante = #ff9933
Annie = #ffcc00
Tesla = #00cccc
Contremaître qui reviendra probablement pas mais qui a été utile = #000099


[Echange de corps] La vie n'est qu'un jeu | Lysium 3v8q
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Lun 08 Juil 2019, 23:25

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

De toutes ses forces elle tentait de maintenir sa contenance en place. C’était un exercice particulièrement difficile du fait de la honte, qui, en temps normal, aurait fait tourner son visage au cramoisi, le tout accompagné d’une forte bouffée de chaleur. Elle avait été lamentable. Son échec cuisant lui pesait sur les épaules. Elle avait essayé, pourtant, elle avait essayé de toutes ses forces, mais elle n’avait pu résister à l’emprise de Hazinoklenn sur le couteau. Sa force avait été si inexistante que cette femme n’en avait rien eu à carrer d’elle, comme si elle lui avait cédé l’arme de son plein gré. Forte, peut-être que le Mur l’était, mais aussi stupide. Complètement débile, justement, d’en avoir rien à carrer et de l’appeler Ophélia. Elle trouvait presque Annie plus maline, même si son comportement à elle était vraiment excessif – Kitoe était d’ailleurs prête à parier que cette dernière préférerait se suicider à l’instant présent plutôt que de rester seule dans une pièce en sa compagnie. Au moins, elle, elle avait les yeux en face des trous : elle avait conscience de sa conscience. Après tout, ce n’était pas comme s’il n’y avait pas la moindre preuve qu’elle était vivante. La façon dont personne n’était capable de se mettre d’accord là-dessus était spectaculaire.

De son côté, Annie se tortillait de plus en plus nerveusement les mains. Elle aurait préféré que le Mur disparaisse avec la marionnette et qu’elle puisse retrouver son calme dans la cuisine, qui, il fallait le dire, était un peu comme sa deuxième maison. Elle lança un regard inquiet à Tesla, qui elle semblait relativement détendue. Comparé à Annie, il fallait dire qu’on avait forcément l’air détendu. En fait, son amie était plus préoccupée par ses maux de crâne que par l’incident qui venait de se produire. Elle se demandait quelle potion serait suffisamment puissante pour lui permettre de s’en débarrasser sans pour autant la mettre à terre. Elle se demandait aussi s’il existait une rune capable d’imposer le silence à tout le monde, car elle entendait déjà le tumulte provenant de l’atelier et doutait fortement que cela n’améliore son état.

Les trois femmes entrèrent dans l’atelier. Comme ce qu’elles avaient pu comprendre depuis quelques couloirs, Lysium était furieux. Thélio était en train de se prendre la pire correction de sa vie. Annie enfonçait de plus en plus ses ongles dans sa peau. Elle venait de se persuader qu’elle serait la prochaine à se prendre un savon de la sorte, ce qui, en contrepartie, la confortait dans l’idée de perdre son travail. Tesla, qui s’était efforcée de prendre une attitude plus convenable depuis qu’elle était en présence de Hazinoklenn, était maintenant droite comme un piquet. Lysium était peut-être loin d’être l’homme le plus impressionnant de sa famille, il n’empêchait qu’elle se méfiait fortement de lui. A vrai dire, elle aussi avait toujours douté de l’inertie de cette poupée. Néanmoins – jusqu’ici – elle n’avait entendu que quelques rumeurs sans jamais être témoin de rien du tout. Aujourd’hui était un peu différent. Elle avait presque eu la preuve sous les yeux, il lui semblait. Quoique, Annie pouvait quand-même avoir peur de tout et de rien…  D’ailleurs, cette dernière s’était rapprochée d’elle, certainement pour trouver en elle un rôle de protectrice ou de soutien psychologique. Tesla avait l’impression qu’Annie était sur le point de tomber dans les pommes, ce qui l’irritait. Elle n’avait pas envie de se retrouver à la porter, alors qu’elle-même devait parfois se concentrer pour tenir sur ses jambes. En fait, elle avait terriblement envie de demander si elle pouvait disposer. Après tout, elle ne leur serait pas d’une grande aide, elle était dans le garde-manger quand l’action s’était passée. Elle n’avait qu’entendu Annie crier, comme à peu près tout le monde dans la maison. On pouvait très clairement se passer de son témoignage.

« Hmmmm hm hmhmmmmmmm hmhmmmmmhmhmhmhmmm HMHMMHMHMM hmhm hm hmhmhmhmmmmmmmm. »

Tandis qu’on n’en avait rien à foutre d’elle, suspendue à la main de Hazinoklenn, Kitoe s’était mise à fredonner de manière totalement improvisée et disharmonieuse. Personne ne l’entendait, elle avait perdu le contrôle, et ses tentatives étaient à vaines. Elle le savait, et pourtant, elle continuait d’essayer. Au pire, ça ferait rien et puis voilà.

-HMHMHMHMMMMMMM HMHM HMHM hmhm hmhmmmmmm HMMM !

Les ongles d’Annie avaient rougi. Elle les avait enfoncés jusqu’au sang dans sa chair rosie et endolorie. La servante braqua son regard sur ses pieds. La marionnette, elle venait tout juste de… devant lui. Et pourtant, elle avait encore plus peur que s’il ne s’était rien passé. Peut-être que ce n’était pas si affreux, de passer pour une folle. Peut-être valait-il mieux cela que de vivre dans une histoire d’horreur, comme celles que les adolescents aimaient se raconter la nuit. Annie avait toujours détesté ces histoires, et maintenant, elle les haïssait plus encore.

-Oh, merde, pardon. Se précipita d’ajouter Kitoe, elle-même surprise. Ouais, euh, du coup, j’aimerais bien savoir ce que je fous là une bonne fois pour toutes.

Enfin ! Enfin elle était parvenue à le dire clairement et sans interruption. Enfin, elle allait obtenir une réponse. La Démone était heureuse de cette simple chose, si heureuse qu’elle en riait presque. Tout ce bordel allait finalement pouvoir avancer dans son sens.



869 mots
Tes "Pendants ce temps" sont magiques !
Servante = #ff9933
Annie = #ffcc00
Tesla = #00cccc



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Lun 12 Aoû 2019, 19:50


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Imaginez un enfant, parti puiser de l’eau aux environs du village. Il est un peu en colère, parce que c’était censé être au tour de sa sœur, mais cette dernière doit s’occuper de la nouvelle brebis, née hier. Maintenant, imaginez que, alors que cet enfant sifflote gaiment sur la route du retour, il voit une gigantesque explosion magique raser toute la bourgade. Sa sœur, sa maison, la brebis, le fromager du coin… tous ont disparu dans la déflagration. C’est bon, vous avez le récit en tête ? Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de ça. Sachez que, en cet instant, c’était à peu près ce qu’il s’était passé dans l’esprit de Lysium, d’Annie et de Tesla. Fort heureusement, Zalnonikhen et Hazinoklenn avaient une émotivité assez risible, tandis que Thélio était plus occupé à loucher sur le sol.

« Elle… elle a parlé ? » L’héritier des Fortas-Petraliphas savait très bien de quoi il en retournait, mais il avait besoin de confirmation. « Oui » affirmèrent les deux Mur de la famille en parfaite synchronisation. « Oui… » souffla Annie, qui tremblait. « En effet. » Tesla se massait les tempes. Thélio commença à articuler un « Oui » silencieux pour suivre le mouvement, mais préféra se taire sous peine de recevoir un énième coup de pied dans le ventre.

« Quelqu’un a possédé Ophélia ! » Lysium serrait les poings. Une telle offense était intolérable. Il allait falloir sévir. « Je pense que ce quelqu’un n’est pas plus au courant que nous. » Hazinoklenn continuait de tenir l’objet avec la même délicatesse — aucune, donc — et parlait de la marionnette comme si elle n’était pas ici avec eux. La servante que l’on croyait folle, menottée dans un coin, se contentait de toiser tout le monde sous un air vicieux. Ses yeux criaient « Vous voyez ? J’avais raison ! »

« Peut-être qu’un concurrent a essayé de faire d’une pierre deux coups en enfermant l’un de ses adversaires chez nous. » Zalnonikhen émettait toujours les hypothèses les plus rationnelles. C’était peut-être la personne la plus intelligente, ici. Elle se rapprocha du jouet, pour s’accroupir à quelques mètres devant lui. C’était assez loin pour que la marionnette ne se mette pas à se jeter sur elle pour lui déchiqueter le visage. Et puis, de toute façon, vu qu’Hazinoklenn la tenait par les fils, il n’y avait pas trop de quoi s’en faire. « Qui es-tu ? Tu es originaire de Valera Morguis ? On peut essayer de te renvoyer là d’où tu viens. »

Tesla recula de quelques pas. Elle n’osait pas parler, pour son propre bien. S’ils réagissaient à ce qu’elle disait, sa migraine allait encore empirer. Annie, toujours aussi chevrotante, rejoint sa collègue, accrochée comme un nourrisson à sa mère. « Il faut la faire partir vite, elle a pris un couteau dans la cuisine la dernière fois ! »« Alors ? Elle aussi vous n’allez pas la croire ? » La servante enchaînée – Lizbeth – avait repris la parole pour la première fois depuis quelques minutes.

« Un couteau, vous dites ? Elle est dangereuse ? » Zalnonikhen se redressa, détaillant la marionnette du regard. Annie, quant à elle, voulut se rassurer en pensant à son passé. Malheureusement, le premier souvenir qui vint ne fut pas le bon. « Il y avait cette histoire avec une marionnette-poupée-machin dangereuse, je crois. On me la racontait dans mon adolescence. C’était… Nanabelle ? » Lysium leva les yeux au ciel. « Je suis presque sûr que c’était Mammabelle. »« C’était pas Lanabelle ? Dans tous les cas c’était une légende ridicule et clairement pas effrayante. Pas comme ça. » Tesla pointa du doigt la marionnette. « Ne défie pas mon autorité ou je te vire ! C’était Mammabelle. »« Silence. On n’en a rien à faire de son nom. Là, on parle d’elle. » L’aînée des Mur haussait le ton. « Comment tu t’appelles ? » La question s’adressait à la marionnette. Sait-on jamais, elle pourrait se montrer coopérative.

Hazinoklenn se mit à sourire. Elle ne ressentait pas de joie, mais on lui avait ordonné de toujours enrober ses propositions d’une belle expression faciale. Quel dommage, tout de même, qu’elle ressemble à un hybride entre un lézard, une écorce d’arbre et un humain. « Il ne faudrait pas organiser un exorcisme ? » Lysium protesta. « Quoi ?! Mais… qu’est-ce qui te dit que ça va marcher ? Je pense que c’est le chapeau. Il a dû être ensorcelé. »« Peut-être que le chapeau n’est que le symptôme du sort. Un exorcisme c’est plus en profondeur, non ? »

Le roux soupira, en se caressant le haut du crâne. Si avec un seul couvre-chef, on pouvait posséder quelqu’un, ça se saurait. Sans doute que Hazinoklenn avait raison… mais il ne voulait pas l’admettre. « Je propose de faire un exorcisme. » Annie, Tesla et la servante incarcérée se regardèrent, l’espace d’un instant. C’était habituel, chez le sorcier, de s’approprier les idées d’autrui.

« Je dois avoir un livre avec une rune sur comment faire ça… » Il se tourna vers Annie. « Toi. Va me chercher le premier volume de L’Éodès Veimentar Haz dans la bibliothèque. » Tesla s’avança. « Je peux m’en charger, sinon… » Elle avait besoin de respirer. Seule. « Non, ça ira. Allez, va. » Annie se précipita vers la sortie, ravie de s’éloigner d’Ophélia. Seulement, Il y avait une chose qu’elle ne savait pas, en travaillant aux cuisines. Une chose dont Lysium ne s’était pas rendu compte en lui donnant cette tâche. La bibliothèque avait été déplacée, depuis un incident — l’apparition d’une drôle de femme sortie d’un livre —. Les étagères se trouvaient maintenant dans la même salle que la collection de jouets et autres objets du Vicomte. Est-ce que Annie paniquerait en les voyant ? C’était une certitude. Est-ce qu’elle partirait en courant et quitterait la maison quitte à mourir ? C’était possible.



955 mots. Encore désolé pour le retard ^^.
Servante/Lizbeth = #ff9933
Annie = #ffcc00
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Jeu 21 Nov 2019, 23:16

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Kitoe passait vraiment un bon moment. Elle avait parlé, on avait remarqué – enfin – puis on avait de nouveau considéré qu’elle ne faisait plus partie de la conversation, aussi loin que l’on pouvait appeler cela une conversation. Beaucoup de remarques lui passaient par la tête, et même si elle aurait bien remis tous ces abrutis à leur place malgré sa condition de naine tétraplégique à mi-temps, elle préférait les écouter. C’était paradoxal, mais maintenant que l’attention semblait pleinement tournée vers son existence, elle ne savait plus trop quoi dire ni comment réagir. Il y avait toujours quelque chose de décousu dans leurs propos à tous, ce qui faisait qu’elle peinait à suivre, comme depuis le tout début. Sauf que cette fois-ci, ils étaient huit. Alors, quand cette femme trop froide pour être humaine commença son interrogatoire, elle prit le temps de la fixer pour donner un sens à tous ses mots. Du peu qu’elle comprenait, il lui semblait que cette femme comprenait sa situation un peu mieux que les autres.

-Je comprends pas la moitié de ce dont vous parlez, mais oui, bordel, sortez-moi de ce corps !

Ses globes oculaires pivotèrent vers Annie. Elle aurait aimé adopter une mine contrariée, mais ne sut pas bien comment faire. Elle se contenta donc de la considérer avec des yeux parfaitement ronds. Cette servante exagérait vraiment. Ce devait être une hypersensible, ou ce genre de personne susceptible que personne ne comprenait vraiment.

-Ça ne serait pas arrivé si tu m’avais répondu, sale cruche. Tout ce que je veux depuis le début, c’est que vous m’écoutiez. Ce fut à ce moment précis qu’ils repartirent en débat sur le nom d’une poupée qui lui faisait apparemment référence. La Démone tenta en vain de recapter leur attention. Heureusement, la femme froide revînt à sa rescousse. Kitoe.

Elle voulut continuer en leur faisant remarquer que l’appeler Ophélia était d’une connerie incompréhensible tout en les insultant gratuitement, mais pour une raison qui lui échappa, elle ne le fit pas. Ça ne sonnait pas bien, certainement. Et puis, il y avait cette histoire d’exorcisme qui venait de faire son apparition. Kitoe connaissait plus le mot que la pratique en elle-même. Elle se demanda de quel chapeau on parlait, puis la décision finale d’expérimenter un sort apparemment maîtrisé d’aucun dans la pièce sur sa personne finit par la calmer un peu.

-Ça a intérêt à marcher ou je trouverai un moyen de venir vous péter les dents. Elle fit une pause. C’est toi qui t’y mets, le Roux ?

Ce surnom lui allait comme un gant, d’autant plus qu’il avait l’air stupide et qu’il semblait le moins décidé de tous à vouloir la prendre au sérieux, et ça avait le don de l’agacer. Pour ce qui était de l’exorcisme en lui-même, Kitoe n’avait pas peur. Elle savait qu’elle ne mourrait pas, et les potentielles séquelles ne la dissuadaient pas. Elle voulait sortir de cette prison au plus vite, retourner en Enfer et ne plus voir les visages insupportables de ces gens étranges.

*

Cela faisait quelques minutes qu’Annie tournait en rond dans les couloirs de la demeure. La bibliothèque était introuvable. Pourtant, elle y était déjà allée et était convaincue qu’elle se situait à l’étage, à droite du bureau et à deux pas du salon… D’habitude, elle n’était pas si nulle en orientation. La servante passa une main sur son visage. Ce devait être le stress, ou quelque chose comme ça. Son esprit ne faisait que divaguer, au point qu’elle perdait des sens. Elle prit une profonde inspiration pour reprendre son calme. Ça ne faisait rien. Elle allait demander son chemin à ce majordome qu’elle venait de croiser.

Aussitôt qu’elle entra dans la pièce qu’on lui avait indiquée, Annie replia ses bras contre sa poitrine. Voilà qu’elle allait devenir paranoïaque. Sur son passage, elle dévisageait chaque jouet qu’elle soupçonnait de l’observer. Et si ce n’était pas que cette marionnette, au final, qui était vivante ? Après tout, si l’une des rumeurs de la maison venait d’être vérifiée sous ses yeux, toutes les autres pouvaient être aussi vraies. Elle pesta. Ce maître avait vraiment un pète au casque. Ou il était extrêmement immature. Dans tous les cas, elle ne comprenait pas son affection pour les jouets. Elle avait bien fait de démissionner.

-Eodès Veimen… quoi déjà ?

Démissionner. Elle jeta un œil aux jouets avant de reprendre sa recherche par ordre alphabétique. Quand est-ce qu’elle avait dit qu’elle démissionnerait, déjà ? « Bientôt »… Annie se mordillait nerveusement l’intérieur des joues. Qu’est-ce que ça voulait dire, bientôt ? Doucement, elle se tourna vers la porte qu’elle avait laissée ouverte par précaution. Est-ce qu’elle pouvait se permettre de partir comme ça ?

*

Les doigts de Tesla pianotaient nerveusement sur ses bras croisés. Annie prenait vraiment du temps. Elle se racla la gorge pour ramener un peu d’attention à elle, qui en avait presque oublié cette marionnette possédée à force de rêver de retrouver du calme. En plus de cela, ils étaient quinze autour d’elle, et la Sorcière ne voyait pas vraiment en quoi elle pouvait encore être utile à poireauter ici.

-Peut-être que je devrais aller voir où en est Annie ? Elle s’est peut-être perdue, vous savez, elle est un peu… tête en l’air.

Elle avait besoin de respirer, et surtout, de ne plus entendre la voix insupportable de cette foutue poupée.


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Mer 11 Mar 2020, 23:07


Crédits : Michael Oswald
La vie n'est qu'un jeu


Lysium se sentit comme poignardé en plein cœur. Il ne réussit pas à articuler une réponse adéquate. Sa marionnette favorite venait de lui parler comme à un malpropre. Sans surprise, les entités magiques monstrueuses — puisque c’était ce qu’était apparemment Kitoe — n’apprenaient pas les manières. Cela dit, il n’avait pas l’habitude d’être traité comme un moins que rien. Fort heureusement, cette créature semblait elle aussi vouloir quitter le corps d’Ophélia. Quand l’autre imbécile aurait ramené l’Éodès Veimentar Haz, ils pourraient pratiquer un rituel. Si rien ne marchait, eh bien… il faudrait la briser en mille morceaux puis la jeter au feu.



Tesla prenait son temps, pour chercher sa collègue. Elle était heureuse d’être seule, et se délectait du silence ambiant. Tout le monde semblait dérangé, dans l’atelier. Finalement, Annie n’avait peut-être pas tort de vouloir démissionner. Seulement, elle était trop dirigée par sa peur. Une servante raisonnable préparerait son plan, ferait son travail correctement, et poserait sa lettre au moment adéquat. Annie semblait si terrorisée qu’elle pourrait, tout à coup, décider de partir en claquant la porte. À ce propos, de rapides pas provenant de la bibliothèque s’éloignaient peu à peu. Et si…

« Annie ! » Tesla serrait sa robe pour courir après l’autre servante. « Ne fais pas ta froussarde, c’est pas le moment. » Les deux servantes se trouvaient désormais près de la porte d’entrée. La fuyarde cherchait les clés, mais fut dépassée par Tesla qui les lui subtilisa dès qu’elle en eut l’occasion. « C’est fermé, tu ne peux pas sortir sans moi. Reste au moins une heure. » Son mal de crâne ne faisait qu’augmenter en intensité. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait arrêté ces singeries et se serait reposée sur le premier divan.

Annie prit un air désolé. « J’ai pas réussi à trouver le livre. »« Tu as probablement à peine cherché. » Ce n’était pas tout à faux. De toute façon, la fuyarde en avait marre. Elle voulait partir à Lagherta, y démarrer une exploitation en supervisant les esclaves d’un des propriétaires, et oublier les Fortas-Petraliphas et leur foutu héritier. « Bon, écoute. Je vais chercher quelqu’un qui pourra gérer la situation. Toi, pendant ce temps-là, tu attends. Je te donne ma parole. » Tesla acquiesça en silence, ne souhaitant pas faire plus de bruit. Elle espérait que cette journée se termine vite.




Il y avait un homme, sur le parvis. Si ses vêtements raffinés ne révélaient pas sa classe sociale, l’on aurait pu le prendre pour un servant ou un coursier. Son regard froid et ses cheveux sombres le rendaient presque transparent, au milieu de l’atmosphère morose de Valera Morguis. Pourtant, on lui ouvrit la porte et, à peine eut-il fait quelques pas, son aura changea radicalement. La lumière d’un velux mit en avant les reliefs de sa veste. L’insigne d’Ethelba devenait facilement discernable, taillé au cœur du velours. C’était un prêtre.

« Où se trouve l’objet possédé ? » Sa voix était douce. Tesla sembla rassuré, l’espace d’un instant, et guida l’inconnu jusqu’à l’atelier. Elle prit garde de ne pas entrer, et fit quelques pas en arrière dès que le prêtre atteint l’encadrement de la porte. Ce n’était plus de son ressort. La servante en avait vu assez.

« Bonjour. Je suis prêtre d’Ethelba. On m’a prévenu d’une possession. L’entité est-elle coopératrice ? » Le silence fut assourdissant. Tout le monde le regardait. Il n’avait pas été invité, et l’héritier devait se demander comment réagir. Zalnonikhen prit l’initiative. « Oui. Son nom est Kitoe. »« Bien. A-t-elle donné des indices quand à ce qui pouvait l’avoir amenée ici ? Et a-t-elle dit comment elle comptait sortir ? » Il parlait comme si la marionnette n’était pas là, juste à côté.

« Non. Enfin, pour être exacte, elle a mentionné… » Zalnonikhen désigna Lysium du regard sans que ce dernier ne comprenne quoi que ce soit. Il voulait juste faire partir ce parasite de son jouet. « Bien. Alors ce sera lui qui donnera son sang pour la rune. » Soudain, le fidèle d’Asresh sembla se réveiller. « Quoi ? Non, elle a juste demandé si c’était moi qui m’y collais et… dis-lui, toi, qu’il y a pas besoin de mon sang ! » Lysium s’adressait à la marionnette.

Après une légère pause, le prêtre reprit son souffle. « Par précaution, nous utiliserons ton sang. » Il sortit un Phurbu de sa poche comme s’il s’agissait d’un jouet, puis donna un coup sec sur la paume du jeune homme roux. Il fallait agir vite. Une rune élaborée fut tracée. Faire partie du clergé ne faisait pas de lui quelqu’un qui résolvait ses problèmes par la prière. Au contraire : les prêtres d’Ethelba n’imploraient que rarement l’aide de leur Protectrice. La Lune Noire devait être arbitre. C’était aux sorciers de correspondre aux attentes de leur mère. Les ecclésiastiques, tout particulièrement, étaient éduqués à des arts occultes. Cette éducation unique leur permettait de servir de conseillers sur certains cas particuliers, comme la possession. L’utilisation de runes n’était donc pas surprenante.

« Vade retro, satanas ! » Voilà l’incantation utilisée. Avec un peu de chance, Kitoe ne se mettrait pas à léviter dans les airs.
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Kitoe
Jeu 02 Avr 2020, 18:47

La vie n'est qu'un jeu

Lysium

Kitoe

Non, Kitoe aurait préféré ne pas utiliser le sang de cet idiot. Elle se serait bien montrée coopérative avec lui si seulement ils n’avaient pas eu à attendre encore cinquante mille milliards de millénaires que la servante – elle supposait que c’était elle – trouve enfin quelqu’un capable de la faire sortir d’ici. Jusqu’à ce que ce prêtre arrive, elle avait été persuadée que le processus aurait eu lieu à l’aide d’un livre, mais elle avait dû louper une phrase ou deux. Ça ne faisait rien. En silence, elle fixait le prêtre. La Démone était de plus en plus nerveuse. Elle prêtait attention à chaque gestes et paroles du nouvel arrivé. Maintenant que le moment de vérité s’approchait, elle se rendait compte que c’était inquiétant et qu’elle perdait toute confiance en cet homme. Il était peut-être un professionnel, mais il avait aussi une mauvaise tête. Elle ne savait même pas comment il comptait s’y prendre pour la libérer. En fait, depuis le début, elle ignorait carrément la race à laquelle appartenaient tous ces gens. Par ce simple rituel de sang, elle admettait qu’il s’agissait de Sorciers ou d’Alfars, mais sachant à quel point ils paniquaient comme des tapettes en la voyant s’animer, elle doutait un peu. Kitoe ferma spirituellement les yeux. Le sort avait été lancé. Elle s’attendait peut-être à recevoir une gifle ou quelque chose de douloureux. Qu’est-ce que l’incantation était supposée lui faire, au fait ? Qu’était-elle sensée ressentir ? Comment était-elle garantie de bien rentrer chez elle ? Elle aurait aimé demander mais bien sûr, c’était trop tard.
Ils attendirent une seconde. Puis deux. Puis trois. Il ne se passa rien. Puis finalement, il se passa quelque chose : Kitoe se sentit soudainement mal. Elle ignorait si c’était positif, sachant que c’était la première fois depuis qu’elle était dans ce corps qu’elle ressentait comme une vraie sensation. C’était une sorte de mal-être douloureux, un sentiment d’arrachement de force. Cela dura quelques secondes, puis la sensation disparut. Kitoe rouvrit les yeux de son âme. Elle était toujours au même endroit. On – le prêtre en particulier – la regardait avec insistance pour savoir si cela avait fonctionné.

-J’suis toujours là. Dit-elle pour mettre fin au doute.

Lizbeth rit nerveusement, préférant croire à une blague. Le prêtre fronça les sourcils.

-Eh bien il faut croire que ce sang n’a pas eu les effets escomptés.

Evidemment, c’était plus facile pour lui de remettre en cause le sang de son client plutôt que ses propres capacités. Kitoe préféra s’amuser du propos, qui la confortait dans l’estime qu’elle portait au Roux. Le prêtre se pencha pour s’adapter au mieux à la hauteur de la poupée.

-Kitoe, c’est bien cela ? Puis-je entrer en communication avec vous ?

-Le jour où vous arrêterez de me parler comme à une sauvage inhumaine, oui.

Certes elle tuait des gens en les dévorant vivant, mais elle cuisinait des gâteaux aussi. Et ça, les sauvages inhumains n’en faisaient pas.

-D’accord, toutes mes excuses. Dites-moi, comment être vous arrivée jusqu’ici ? Quel était votre but ?

-Je sais pas, et mon but est de retrouver mon corps.

-Et… où se trouve votre corps ?

-En Enfer.

-Un Démon ! S’écria Lizbeth qui continuait de pouffer.

On ne lui prêta pas la moindre attention. Le prêtre resta de marbre. C’était une situation inédite, mais il ne devait pas perdre la face pour autant. L’exorcisme était sa spécialité et il était impensable qu’il faillisse à une telle tâche.

-Dites-le si vous ne savez pas comment faire. Vous resterez quand même l’une des personnes les plus intelligentes dans cette pièce… je suppose.

Il ne répondit pas. Il ne se laissait jamais atteindre par les provocations de cette bassesse. Toujours était-il que ça vérifiait un peu plus ses origines démoniaques. Après un instant de réflexion, il se tourna vers Zalnonikhen, car elle semblait être la plus à même de gérer la situation ici.

-Je dirais en fait qu’il y a deux hypothèses. Soit son sang n’est pas suffisant, auquel cas il serait préférable d’en utiliser un autre, soit une autre magie intrinsèque ou extrinsèque au Démon est en cours et m’empêche de procéder à la dépossession…

Il y en avait une troisième, mais elle était très peu probable : soit il avait raté son sort. Comme la marionnette ne s’était pas envolée, il y avait toutes les chances que personne ne songe à cette possibilité.

-A moins que vous n’ayez autre chose à ajouter concernant cet objet, je pencherais plutôt pour la deuxième. Auquel cas il faudra trouver de quoi il s’agit.


752 mots
El pretro = #6633ff
Lizbeth = #ff9933
Annie = #ffcc00
Tesla = #00cccc
Au passage, ça fait une occasion de clôturer si tu veux finir ce rp. Autrement on continue, dans tous les cas moi je me marre donc ça m'est égal xD



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