Partenaire : Solo
Intrigue : Après sa rencontre avec un étrange marchand, Bellada essayera les produits qu'elle aura reçu. Après avoir vidé sa fiole de rêve en bouteille, la magicienne fera un étrange rêve qui la travaillera pendant longtemps par la suite.

« Mais voyons Pomme d'Amour ! Nous n'avons pas les moyens de nous offrir de telles... extravagances... » protesta le vieux mage en découvrant les cigares que lui avait rapporté sa femme. « Ne te fais pas de souci mon Bichon ! Je n'ai pas déboursé un seul sous ! J'ai croisé un marchand en rentrant du marché. Un drôle d'énergumène, si tu me demandes. Il avait un air bien sympathique mais des manières quelques peu étranges, je dois le reconnaître... Bref, ce jeune garçon a essayé de me refourguer de la camelote, des produits bien peu recommandables... » « Oh, si tous ses produits étaient d'aussi bonne qualité que ces cigares, je peux t'assurer qu'il ne s'agissait pas de pacotille ! » rouspéta Gilbel dans sa barbe sans que la bavarde n'y prête attention. « Mais finalement, il m'a sortit ces cigares en prétextant que tu saurais les savourer et les apprécier à leur juste valeur, ou quelque chose de la sorte... » Le magicien laissa un bruit bourru, à mi-chemin entre le rire et un grognement approbatif, lui échapper. « Ah, par le Nylmord, ça c'est bien vrai ! Je vais profiter jusqu'à la dernière miette ! » affirma le vieillard. Bellada se mit à sourire et se pencha en avant. Elle déposa un tendre baiser sur la tempe de son époux. « Je dois reconnaître que je n'y connais rien mais si tu es content et que ça te fait plaisir, alors je suis satisfaite. » La magicienne s'apprêta à quitter le petit salon lorsque Gilbel referma le petit coffret qu'il posa sur la table basse et attrapa la dame par le poignet avant qu'elle ne se fut trop éloignée. « Attends, tu ne m'as toujours pas raconté comment tu as réussi à avoir ce cadeau sans avoir à le payer... Tu ne l'aurais quant même pas... Je veux dire... Je sais que nos finances ne sont pas au plus haut mais... Tout de même... » Le visage de l'homme s'était fait inquiet. Gilbel s'imaginait visiblement quelque chose de fort peu agréable et sa femme ne mit pas longtemps à comprendre ce qui lui traversait l'esprit. Cette idée lui arracha une grimace tout aussi horrifiée. « Quoi ? Mais qu'est ce que tu vas t'imaginer ?! Bien sûr que non, je ne l'ai pas volé ! » s'offusqua la vieille dame. « Je ne m'abaisserai jamais à ce genre de pratique ! » dit la magicienne. Les sourcils froncés, madame Ward secoua la tête avant de soupirer. « Il n'y a pas grand chose d'autre à dire, en vérité. C'était un nomade. Il est arrivé de nulle part, m'a donné ces cigares et cette drôle de fiole en me disant de les essayer, puis il est reparti... Un cadeau, qu'il disait... Offert par la maison... Je dois t'avouer que je me demande comment est ce qu'il fait tourner sa boutique. S'il est aussi généreux avec tous les inconnus qu'il croise sur son chemin, il doit avoir du mal à raccrocher les deux bouts... » Pourtant, ni sa petite carriole ni même ses vêtements ne lui avait semblé en mauvais état. « Peut-être que j'ai simplement eut la chance de le croiser lors d'un de ses bons jours... Ou alors il a conclu une très belle affaire juste avant de me rencontrer et qu'il essayait juste de se débarrasser de ce qu'il lui restait encore sur les bras... Enfin bon, c'est trop tard pour me le demander, maintenant... » conclut Bellada en haussant les épaules. Gilbel acquiesça silencieusement.

La grand-mère fit de nouveau mine de partir avant de se stopper au dernier instant. « Oh, j'allais oublier ! » Elle plongea sa main dans la poche de son petit tablier. « J'ai trouvé ça, coincé dans la boite ! » Elle tendit l'objet qu'elle avait récupéré vers son mari. « Je sais que tu collectionnais les pièces d'argent, à une époque... » dit-elle. Le magicien avait toujours collectionné un tas de choses différentes. Depuis sa retraite, il se concentrait sur les insectes mais avant cela, il avait accumulé un nombre incroyable d'objets en tous genres. La monnaie était en effet l'une de ces choses. « Je n'ai jamais vu l'une de celles-ci, alors je me suis dit que je te la donnerai. » « Hum... En effet, moi non plus je ne la connais pas... Il faudra que j'aille voir un expert pour essayer de la faire identifier ! Merci, Pomme d'Amour. »

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Musique

Bellada regagna sa cuisine puis s'afféra à ses occupations habituelles. Elle rangea ses paniers de courses, passa un rapide cou de balais pour dépoussiérer le plancher puis rassembla quelques légumes de son jardin pour commencer à préparer le souper. Elle éplucha les courgettes et les aubergines, les coupa en morceaux grossiers puis réserva le même traitement à ses tomates, ses poivrons, de l'ail et un oignon. Elle jeta au fur et à mesure les légumes dans sa marmite qu'elle avait mis sur le feu, puis alla piocher dans son placard à épice quelques branches de thym ainsi qu'une feuille de laurier. Elle laissa le tout mijoter pendant plusieurs minutes puis ajouta son ingrédient secret : une cuillère de miel. Cela adoucissait encore plus le goût de son plat et puis, si elle était honnête, la magicienne avait toujours eu un petit faible pour les plats sucrés-salés. Elle laissa cuire son plat puis, une fois fait, éteignit les flammes à l'aide de sa baguette magique. Elle rassembla tous ses ustensiles dans une bassine qu'elle rempli d'eau du puits voisin, puis se mit à faire sa vaisselle en fredonnant un petit air magicien. Une fois terminé, elle rangea la vaisselle puis... Puis plus rien.

La journée était passé très rapidement et elle avait déjà terminé tout ce qu'elle avait à faire. D'habitude, Bellada n'était pas de ces gens qui s'ennuyaient. Elle avait toujours quelque chose de prévu, une activité pour s'occuper ou quelqu'un avec qui parler. Ce jour là néanmoins, elle se sentait anormalement fatiguée et n'avait pas grande envie de faire quoi que ce fut... Elle n'avait pas la patience de cuisiner, n'avait pas l'esprit à lire, s'était déjà occupé de son potager, avait nourri les chats... La fin d'après-midi approchait à grand pas si bien qu'elle ne se sentait pas la force d'essayer de trouver quelqu'un pour se mettre à une activité créative avec elle. Tandis qu'elle se grattait le crâne pour essayer de trouver une idée de comment écouler la fin de sa journée, elle sentit la petite fiole que lui avait donné le nomade. Elle était là, dans la poche droite de son tablier. La magicienne passa les doigts sur le récipient en verre et le caressa distraitement... Un rêve en bouteille ? Elle devait avouer être curieuse de ce que cela pouvait-être. S'agissait-il d'un rêve normal, comme tous ceux qu'elle faisait la nuit ? Ou bien avaient-ils une autre dimension ? Le marchand le lui avait dit : il 'y avait qu'une seule façon de le savoir, c'était d'essayer et de se rendre compte par elle même des effets... Se sentant tiraillée entre son envie de se laisser tenter et sa méfiance vis à vis de ces étranges produits, Bellada resta immobile plusieurs minutes, se demandant ce qu'elle allait faire...

Finalement, la vieille dame céda à la tentation. « Bichon, je vais faire une petite sieste, je me sens un petit peu fatiguée. »  « D'accord ! Rien de grave j'espère ? Ca ne te ressemble pas d'avoir un cou de mou à cette heure-ci. » « Oh non, ne t'en fait pas. Je n'ai pas passé une très bonne nuit alors ce n'est pas surprenant. A tout à l'heure, mon amour. » salua-t-elle son époux avant de monter les escaliers jusqu'à sa chambre. Là, elle se changea pour revêtir sa tenue de nuit puis se glissa dans ses draps. Avant de poser ses lunettes sur sa table de nuit, elle scruta la fiole. Elle était petite et ronde, tenant dans le creux de la main. Une lueur bleutée s'échappait à travers le verre froid. C'était quelque chose de flou, comme si l'intérieur de la bouteille était recouvert de givre, masquant les formes qui semblaient évoluer derrière la barrière de verre. La rêveuse se mordit la lèvre un instant, prise d'une dernière hésitation. Elle soupira avant de déboucher l'objet et d'en boire le contenu. Étonnamment, le liquide ne fut pas aussi froid qu'elle s'y était attendue. En fait, il était plutôt tiède, une température agréable et douce, tout comme le gout sucré mais quelque peu acidulé qui dévala le long de ses papilles. Bellada eut tout juste le temps d'ôter ses lunettes et de poser le tout sur la commode qu'elle se sentit aspirer par les bras de Harabella.

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Musique

Bellada avait l'impression de flotter, de voler à travers un océan de nuage. L'appréhension qu'elle avait ressentit face à l'inconnu, face à ce qu'elle ne pouvait anticiper et contrôler s'était totalement dissipée. Elle se sentait désormais apaisée. Euphorique, même. Elle sentit un rire lui chatouiller la gorge et laissa le son exploser, aussi clair et pur qu'un tintement de cristal. Les échos de sa voix résonnèrent à travers le ciel. De la fumée vaporeuse dans laquelle elle évoluait, aussi légère qu'une plume balayée par une brise d'été, s'élevait la même lueur bleutée qu'elle avait vu plus tôt miroiter à travers le verre de la fiole. Curieuse de comprendre d'où venait cette lumière, la magicienne se pencha en avant, ce qui eut pour effet de la faire chuter à travers les nuages disparates. La descente fut rapide et brève, mais ne lui fit ressentir aucun malaise, aucune frayeur. C'est comme si elle avait été une goutte de pluie se détachant des cieux pour regagner la terre. Cela semblait tout à fait naturel.

La vieille dame perça la limite des cieux et atterrit sur le sol ferme, le paysage changeant soudainement pour la transporter dans un décor totalement différent. Elle était dans une grande prairie à l'herbe verte et tendre. Devant elle, une brebis bêla avant de partir en bondissant, suivant de prêt une baleine miniature qui nageait dans les airs sans que cela ne paraisse déroutant. La chose semblait somme toute banale. Un sourire rêveur étira le faciès de la vieille dame qui se mit à avancer à travers un chemin qu'elle seule discernait. Elle tendit les mains, paumes grandes ouvertes, afin de sentir les brins d'herbe la chatouiller délicieusement. Elle évolua ainsi pendant quelques secondes, mais ce fut suffisant pour lui donner l'impression de parcourir des kilomètres. « Mamie ! » l'appela une voix familière, au loin. Lorsqu'elle releva son regard bleu et pétillant, elle aperçut la silhouette d'Orlane qui lui faisait signe. « J'arrive ! » répondit la dame en se hâtant de la rejoindre. Une fois fait, l'enfant la serra dans ses bras. « Tu savais que les nénuphars ont repeint les canards ? » « Hum, je crois plutôt que les horloges ont servit du café aux cafards mais que ceux-ci ont lu la carte menant aux toilettes de la Khaeleesi. » « Ah oui ? Et qu'en est-il des casseroles alors ? » « Elles ont montré le chemin aux collines. » « Et elles ne se sont pas perdues ? » « Non, il y avait l'Ultimage pour jouer du triangle. » répondit Bellada comme si cela était évident. Aussi nébuleuse cette conversation fut-elle, elle semblait avoir du sens pour le duo qui hocha de la tête d'un air entendu. La plus jeune glissa sa main dans celle de son aïeule et, ensemble, elles se dirigèrent vers le salon de la demeure des Ward. C'était étrange car le mobilier était totalement différent de d'habitude. Les sofas et canapés usés avaient été remplacés par des tapis épais et des coussins colorés posés à même le sol. Les murs étaient recouverts d’œuvres d'art et les malles remplies de bric-à-brac avaient été remplacées par des buffets en bois massif. « Bellada ! Merci pour ces cigares, ils sont vraiment délicieux ! Surtout quand on les trempe dans la cannelle ! » s'écria Hortanse en voyant arriver sa sœur. Cette dernière lui fit un signe de la main pour la saluer puis souffla un baiser en direction de son époux, qui était occupé à fumer les épaisses cigarettes qu'elle lui avait apporté plus tôt, en compagnie de la vieille magicienne. Toute la famille Ward semblait réunie en ce vaste lieu onirique.

La grand-mère s'installa sur l'un des coussins et attrapa la coupe de thé que Huguette lui tendit. « Tu sais, l'Honorable et le Délaissé sont des hommes très intéressant. » lui dit sa cousine par alliance. « J'ai entendu dire que ni l'un ni l'autre n'avait jamais succombé à la tentation de la compagnie d'une autre femme et qu'ils se seraient préservés pour la Belle. » « Vraiment ? Mais n'y avait-il pas une fiancée, dans tout ce bazar ? » « Oh si mais la pauvre ne fait pas le poids face à la Reine. L'homme ne pose pas les yeux sur elle et garde le regard rivé sur la silhouette de la Voilée. Quant au Pianiste, il n'a jamais réussi à se remettre de la disparition de sa bien-aimée... » « C'est beau... » « Très poétique. » confirma Célestine. « J'imagine qu'un bouquet de rose lui remonterai le moral. Oui, nous devrions lui en offrir un, demain, lorsque nous irons le voir pour jouer au criquet. »

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Musique

« Bien, les groseilles sont cuites, il est temps d'aller chasser les tubercules ! » Bellada hocha la tête et se releva pour se diriger vers une porte qu'elle ouvrit et qu'elle referma derrière son passage. Le décor changea de nouveau.

La magicienne se retrouva dans une petite salle emplie d'encens. L'atmosphère était chaleureuse, intime, avec une fragrance de rose et de romarin se mariant à la perfection. Une jeune femme était assise à une table, sirotant un verre de limonade. Elle avait de longues boucles blondes, aussi dorées qu'un champ de blé. Ses yeux perçants arboraient la couleur de l'émeraude et si elle semblait bénéfique, une puissance sourde semblait gronder derrière son masque de sérénité. « Je vous attendait, Bellada. » dit-elle calmement en l'invitant d'un geste à la rejoindre, ce que la concernée fit sans se faire prier tout en attrapant le verre lui étant destiné pour se désaltérer. « Vraiment ? Ai-je fait quelque chose de mal ? » demanda la vieille dame d'une voix timide. Elle se sentait soudainement comme une enfant qui aurait fait une bêtise et qui craindrait les remontrances d'un adulte. Ça lui faisait étrange d'être dans cette position. Depuis plusieurs décennies, c'était elle qui disputait les enfants et non plus l'inverse. Heureusement, l'inconnue lui adressa un sourire chaleureux qui la détendit instantanément. « Non, n'ayez crainte. En réalité, c'est tout l'inverse. Vous avez fait de très bonnes choses, je l'ai vu. » « Ah oui ? Vous le pensez vraiment ? Pourtant, je n'ai rien fait d'exceptionnel... » « Non, mais ce sont vos actions du quotidien qui rendent vos actes plein de valeurs. Vos efforts répétés pour répandre la bonté et la joie dans le cœur de ceux qui vous entourent... C'est pour cela que je vous ai choisi pour me représenter... » « Choisie ? Moi ? Pour vous représenter ? » La vieille dame était quelque peu perplexe. La jeune et belle femme acquiesça. « Pour continuer à répandre le bien autour de vous, en mon nom... Je vous confie une mission très importante : celle de protéger le cœur pur des enfants qui vous entourent. Pour les garder des maléfices sorciers qui menaceraient de les corrompre et de noircir leurs âmes. Ils sont encore jeune et influençables, c'est à ce moment là qu'ils sont le plus susceptibles de se faire happer par le Mal. Et il faut à tout prit éviter cela... Mon royaume en dépend. »   dit la femme d'un ton grave et sérieux. « Oui, c'est une mission très importante, mais... Mais je ne comprends pas. Qui êtes-vous ? Et comment puis-je protéger les enfants ? Je veux dire, comment faire plus que ce que je fais déjà ? » La blonde but une gorgée de sa limonade au citron. Ses yeux pétillaient d'une lueur que l'aïeule ne parvenait pas à décrypter. « Je suis la Bonne Fae. Et pour ce qui est de la façon de s'y prendre, il vous suffira de... »

Les mots se noyèrent dans la fumée qui balaya la scène. Cette fumée bleutée qui se regroupa en nuages autour de la magicienne. « Non ! » protesta celle-ci. « Non, je n'ai pas terminé ! » Mais trop tard : Bellada, allongée dans son lit, papillonna des yeux. Elle venait de sortir du monde des songes, bel et bien éveillée. Elle se sentait reposée, revigorée, et une sensation de bien-être l'habitait. Pourtant, les dernières bribes de son rêve la laissaient sur sa faim. Elle doutait que cela ait quoi que ce soit de réel mais un étrange sentiment d'urgence sommeillait dans un coin de sa tête. La vieille dame prit quelques secondes pour s'étirer. Lentement, elle se redressa en position assise, attrapa ses lunettes qu'elle fixa sur le haut de son nez, puis s'empara de la fiole vide qu'elle toisa intensément, dans la paume de sa main. Ce rêve intense qu'elle venait de faire, était-ce dû à la particularité de l’élixir contenu dans cette bouteille ? Ou à quelque chose d'autre ? Sans doute ne le saurait-elle jamais, à moins d'essayer à nouveau. L'envie de partir à la recherche de ce marchand itinérant lui traversa l'esprit mais elle se ravisa bien vite : il était sans doute déjà loin, et puis elle n'avait pas l'intention de se perdre dans ce tourbillon de songes ! La vie ne lui souriait sans doute plus pour très longtemps, autant qu'elle l'emploie à des choses utiles.

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