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 Lorsque le saphir de ses yeux rencontre la forêt du sien. (Pierre. Solo)

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Ven 24 Oct 2014, 01:04

« Savez-vous qui vous a blessé ainsi ? ». Edwina était assise sur une chaise, à côté du lit de Gaston. Il n'était plus en danger mais ne cessait de se plaindre d'une sensation de fatigue qui ne le quittait pas. La vérité c'était qu'on lui avait fait comprendre, le jour même où l'Ultimage lui avait rendu visite pour la première fois, qu'il s'attirerait sa sympathie s'il se montrait faible un temps certain. Il prenait donc plaisir à la voir s'inquiéter pour lui, feintant une guérison lente. Elle ne se rendait pas compte du stratagème et bien qu'elle ne l'apprécie pas plus qu'auparavant pour le moment, elle voulait bien lui accorder le bénéfice du doute. Il sourit, faiblement. « Je vous ai déjà raconté, tout est flou. Je pense que l'on voulait s'en prendre à vous... ». Il avala difficilement sa salive. « Edwina, je préfère mille fois être dans ce lit aujourd'hui que de vous savoir blessée à ma place. ». Elle baissa les yeux, gênée. « Ne faites pas cette tête voyons. Je sais que nous avons commencé sur un mauvais pied, et tout est de ma faute, mais je vous assure que je ne souhaite que votre bonheur. Les Archimages m'ont choisi et j'en suis très heureux et fier. J'espère simplement que vous arriverez à m'aimer un jour, une fois que vous me connaîtrez un peu mieux. ». « Je... ». « Ne dîtes rien. C'est déjà très gentil à vous d'être venu me voir. ». Il se félicitait d'être si bon comédien. Cela dit, Sirigon l'avait bien aidé à trouver les mots justes, les mots qui la mettrait mal à l'aise mais qui la ferait réfléchir. Et puis, la potion qu'il avait bu lui donnait la justesse et le ton, la faculté de convaincre. Il sourit. « Vous devriez vous en aller à présent, je me doute que vous devez avoir bien mieux à faire. ». « Oh non... je... Ne vous inquiétez pas, je peux rester encore un peu. ». « J'en suis heureux. ».

« Où allez-vous, Ultimage ? ». L'Archimage Sirigon fixait la reine, habillée en combinaison d'entraînement, une épée accrochée à la ceinture de cette dernière. « Je vais m'entraîner. Pourquoi ? ». « Je pensais que Nylmord était contre le fait de vous attribuer une arme longue avant que vous ne puissiez la maîtriser correctement ? ». Elle se tut, il reprit. « Je n'ai rien contre cela. Allez-y, mais ne vous perdez pas. ». En réalité, Sirigon voyait en cela l'occasion d'un conflit. Nylmord était une forte tête, un homme qui était dangereux pour ses plans. Créer un malaise entre l'Ultimage et ce dernier revenait à briser un peu plus la crédibilité de la reine. Un fin sourire étira ses lèvres alors que la jeune femme reprenait sa route. Ce n'était plus qu'une question de temps.

Edwina soupira. Elle était fatiguée, ayant gravi quelques zones montagneuses avant d'arriver à destination. La forêt aux mille clochettes. Elle ne saurait dire pourquoi mais l'endroit l'attirait de plus en plus. C'était comme lorsqu'elle avait recherché l’œuf de Suris. Une intuition, quelque chose... d'indescriptible. Elle détacha sa ceinture, posant cette dernière et l'arme qu'elle tenait contre un tronc d'arbre avant de s'asseoir sur un rocher. La bande qui lui serrait la poitrine s'était un peu relâchée durant le trajet et elle devait la resserrer. Elle détestait ses formes, cette lourdeur au niveau de la poitrine. C'était disgracieux selon ses conceptions, même si celles-ci ne concernaient que son propre corps, non celui des autres femmes.. Elle défit quelques boutons de son haut avant de passer ses mains entre ses seins, attrapant deux bandes de tissus qu'elle tira autant qu'elle put avant de refaire un nœud. Un bruit lui fit lever deux yeux inquiets vers la direction d'où il provenait. La biche en peluche qu'elle avait reçu au marché de Dhitys venait d'apparaître, rassurant tout de suite sa propriétaire. Elle rit, caressant la tête du faux animal doucement avant de refermer les boutons de son haut. Qu'allait-elle faire ici ? Bien sûr, elle avait prétexté sortir pour s'entraîner mais elle n'en avait pas très envie. L'entraînement lui rappelait Adril et elle ne voulait ni penser à lui, ni le voir. Elle le fuyait depuis leur dernière rencontre et plus elle pensait à ce qu'elle allait lui dire lorsqu'elle le croiserait par hasard, plus elle ne voulait, justement, pas le croiser.

Doucement, elle laissa son dos se poser contre l'arbre voisin de son rocher, avant d'y choir également sa tête. Elle ferma les yeux. Il faisait beau, chaud, et le chant des oiseaux semblaient s'évertuer à le démontrer. Peut-être qu'elle pourrait dormir, faire une sieste loin du Lac et des Magiciens qui ne cessaient de lui poser des questions sur le Cœur Bleu. Ils étaient tous fascinés par sa création, par comment elle avait fait. Et le soucis majeur était qu'elle l'avait façonné en pensant à une personne en particulier. Elle trouvait cela honteux... oui, elle avait honte. Et si seulement il n'y avait que cela qui la perturbait concernant l'Alfar. Mais les choses n'étaient pas si simples.
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Mar 28 Oct 2014, 00:30

Sur la peau blanche de l’elfe à la chevelure brillante luisent deux chemins scintillants. C’est le cours de ses larmes, que la source de ses yeux refuse de tarir. L’arc de ses sourcils traduit la détresse, son petit nez froncé, l’expression froissée, je lis sur ses traits toute la peine qui l’habite. Elle sanglote en silence, m’appelle de son regard.
« S… Sindar. Articule-t-elle. Je sais qu’il…
Je souffle, lui réclame sans mot le silence. Luthien cultive ses doux rêves depuis que l’anéantissement de la magie leva les morts. Elle fantasme de voir revenir sa chair perdue, comme pour réparer une ancienne blessure toujours à vif. Car certain furent rendu à la vie, mais d’autres non. Mon fils n’est pas des premiers.
« Je le sais, je le sais…
Répète-t-elle.
« Non.
L’elfe ferme les yeux, passe ses poignets au coin d’eux. Je sais à quoi elle pense.
« Tu verras.
Et sans un mot de plus, elle disparait. Mon point fermé frape le tronc gris d’un arbre. Elle ravive ce qui ne doit l’être, s’acharne comme ces mères, auxquelles la mort a arraché l’enfant, à murmurer d’anciens chants au berceau vide. La nature a ses lois, quand celles-ci prennent le dessus, il faut s’y soumettre : Tinuviel ne l’a jamais véritablement accepté. Luthien, en fidèle copie, reproduit cette erreur sans discernement. Se rejoue alors l’un des chapitre le plus sombre de notre existence. Je me refuse à cette perspective. Tout ceci m’a trop couté : la balafre qui me raye le visage en est l’illustration la plus flagrante. Mais ôter de sa tête une telle idée reviendrait à vouloir changer la montagne de l’Edelweiss de place. Impossible : son entêtement est ce qui la caractérise.
« Je pense que vous devriez suivre son intuition.
Isil se détache de l’ombre. Bras croisés, tête haute, air sévère : son ascendance transparait presque trop. Elle approche, ajoute :
« Vous n’avez pas toujours raison, père.
Je la considère distraitement, avant de m’éloigner à mon tour.

« Je suis heureux que nous ayons cette conversation, vous et moi… fait l’archimage, sûr de sa personne. Voyez-vous, la question est, disons… épineuse, mais je crains que nous ne puissions indéfiniment l’éviter, hélas.
- Venez-en au fait.
Sirigon, en plus de la vague indifférence que m’inspirent d’ordinaire les humanoïdes, avait quelque chose de bien particulier, quelque chose d’irritant : une attitude, un comportement, des mots… il combinait, dans un malheureux succès, ces traits que personne n’envie. Les faux semblants, la lâcheté et des façons d’anguille… Je m’étonnais malgré tout de son ignorance. Car ses intentions ne m’avaient pas échappées : ambitieux, il était loin de la bienveillance affichée. De son côté, en revanche, je constatais quelques lacunes.
« J’imagine que vous êtes au courant pour sir Ygam, n’est ce pas ? Un incident tragique et qui nous rappelle combien la royauté est fragile. Mais, vous-même, en savez quelque chose je crois. Il esquisse un vague sourire, avant de reprendre, d’un ton tout à fait convainquant. Enfin, quoiqu’il en soit, il faut nous rendre à l’évidence que la stabilité que nous espérions instaurer avec le mariage royal n’est pas aussi… intouchable ? Que nous le pensions.  
-La reine ne veut pas de cette union, quoiqu’il en soit.
-En effet… je crains qu’elle hum… son visage exprime la désolation. Qu’elle ne soit pas prête, à accepter certaines… concession que la royauté impose. Sa nature est quelque peu instable… peut être avez-vous remarqué la curieuse orientation de sa magie. Je ne vous cache pas que cela nous place tous dans une situation extrêmement délicate. Nous ne pouvons permettre une quelconque ambigüité à ce propos.
-Certes non.
-Mais vous, en tant que son garde du corps avez peut être remarqué ce fait ?
Je l’observe de haut en bas, revient à ses yeux.
« En quoi mon opinion sur la question importe t’elle ?
L’homme fait quelques pas.
« Votre fonction vous amène à côtoyer la reine plus que n’importe qui. Il prend une longue inspiration. Vous savez, je ne suis pas de ces hommes qui négligent le point de vue de ceux qui sortent du cercle très fermé des archimages. Je crois, au contraire, que chacun possède sa propre part de vérité. En tant qu’homme d’état, il me faut en prendre note… la considérer. Un dirigeant éclairé ne peut être que celui qui connait le détail des choses. C’est pour cela que votre point de vue m’intéresse… d’autant plus que votre expérience vous confère une certaine clairvoyance.
J’esquisse un sourire entendu, feintant d’être atteint par ses flatteries.
« Naturellement. Cependant, ces affaires ne me concernent pas… J’ajoute. Il me semble que vous être au fait des raisons qui me poussent à demeurer en territoire étranger… La question n’est pas de savoir qui porte ma garantie.
-Je crois que nous sommes bien clairs sur ce point. Dans ce cas, je serai franc. Les derniers évènements ont fragilisé la royauté, au point que nous sommes nombreux à envisager une transition. Il insiste sur le dernier mot. L’idée ne me plait guère, mais nous n’avons plus le choix, je le crains. Maintenant, toute la question est de savoir de quel côté vous déciderez de vous ranger. Sachez cependant que nous sommes tout à fait disposé à assurer votre protection et ce d’autant plus si vous décidez de vous rendre… utile. Son influence chancelante ne représentera plus aucune garantie, à terme, pour vous. Il me semble que vous avez des projets, n’est ce pas ?
Silence, brève trêve, mon sourire se renforce.
« Archimage, vous aviez ma curiosité. Maintenant, vous avez mon attention.*

La silhouette brune de Talcalina file au milieu des nuances de vert, dont l’abondance de clochettes rehausse la palette. Je vais, porté par le murmure inaudible de la nature maîtresse. Leurs chants sourds guident mes pas vers celle que je cherche. L’ultimage : égarée en cet écrin végétal. Je la découvre après un moment d’errance. Assise contre un arbre, elle semble dormir, en captive de la lourde et tiède atmosphère. Je vais à elle en silence, l’observe. La constater armée et correctement vêtue contraste de l’ordinaire. Reste l’expression de son visage, figé dans une fragilité semblant immarcescible. La mienne se renfrogne. Je décroche, observe la voute, aux aguets.  
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*django unchained
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Mar 04 Nov 2014, 21:26

La biche en peluche tourna son regard de boutons vers l'Alfar, seule à l'entendre. Elle finit par se coucher, comme si elle ne jugeait guère utile d'alerter en quoi que ce soit l'Ultimage immobile, perdue dans des pensées semblant tourner en boucle, encore et encore. Les mêmes problèmes, les mêmes personnages, les mêmes images. Elle aurait aimé oublier tant de choses, les écarter comme de si de rien n'était mais elle n'en avait pas les moyens, elle n'en avait pas les capacités. Puis, finalement, après quelques minutes, ses sourcils se froncèrent. Quelque chose avait changé, elle en était sûre, certaine qu'elle n'était plus seule. Elle ouvrit les yeux, consciente que ce qui était à présent devant elle pouvait revêtir bien des aspects : un visage rassurant, un visage ennemi ou le vide qui démontrerait que la présence ainsi envisagée n'était que le fruit d'une imagination bien trop débordante. Pourtant, jamais elle n'aurait songé à lui. Cela lui avait paru logique de penser que si elle l'évitait avec une assiduité minutieuse alors jamais il ne viendrait la rejoindre, où qu'elle se trouve. Mais, à présent, elle s'en voulait de ne pas l'avoir envisagé, d'être restée ainsi, à découvert. Prise de cours, elle resta un moment silencieuse, comme si elle attendait de sa part un quelconque commentaire ou qu'elle cherchait à savoir s'il était bien réel. Elle savait que sa magie se voulait parfois capricieuse et déroutante, elle aurait pu le créer de toutes pièces. Mais il semblait trop réel, trop lui, pour qu'elle ne l'envisage plus que de raison. Non, Adril était bien devant elle et avec lui resurgissaient des scènes qu'elle aurait préféré laisser à jamais dans un coin de son esprit. « Vous... hum... ». Elle sentait encore le goût de ses lèvres sur les siennes et loin de lui déplaire – comme elle l'aurait voulu – cela la mettait en revanche mal à l'aise.

Elle finit par détourner le regard, ses joues bien trop rosées pour que l'on puisse attribuer le phénomène à la chaleur ambiante. Ne pas en parler était sans doute la clef de la réussite d'une conversation normale, du moins, c'est ce qu'elle se dit, ses yeux cherchant un quelconque échappatoire. Ils finirent par se poser sur l'arme, contre le tronc. Elle se leva, se trouvant déstabilisée un instant par la vitesse du geste. Sa vue se troubla quelques secondes avant qu'elle ne revienne lui donner pleine possession de ses moyens. Sa main attrapa l'épée elfique qu'elle tendit à son garde du corps. « Je... ». Elle ne le regardait pas, luttant pourtant pour essayer d'y parvenir. Seulement, la situation était trop gênante, elle ne pouvait pas soutenir son œil. Elle avait l'impression qu'elle en serait de nouveau immédiatement attirée. « J'ai accompagné le Seigneur des Deux Rives au marché de Dhitys et j'ai trouvé ça pour vous. Comme c'est elfique je me suis dit que ça vous plairait forcément. ». Elle s'interrompit, prenant conscience de sa tournure de phrase quelque peu maladroite, son débit de paroles s'accélérant. « Enfin, je ne dis pas que vous n'aimez que ce qui est eflique, surtout que je ne suis pas certaine que les elfes et les alfars s'entendent très bien... enfin, je ne sais pas, c'est un peu comme les magiciens et les sorciers ou... ou... les démons et les anges. Voilà. Et du coup, au final, je ne sais pas si ça vous plaira ou pas mais si vous n'en voulez pas, je la garderai parce que moi je la trouve jolie... Même si Nylmord ne sera pas d'accord... Hum... Enfin, elle est à vous, vous en faites ce que vous voulez. ». Elle s'interrompit un moment. « Attendez, je vais vous montrer... ». Elle sortit l'arme du fourreau, attrapant la poignée d'une main et la lame de l'autre, se coupant sans pour autant envisager de s'arrêter dans son explication ou même de retirer sa main. La morsure engendrant un picotement n'était rien comparé à son état interne. « C'est joli vous voyez ! Je n'avais jamais vu une arme comme ça avant, c'est une forme assez amusante. Et puis elle est légère donc ça vous ira bien aussi. Enfin... pas que vous soyez léger... ». Il n'était pas gros non plus, pensa-t-elle en se disant qu'elle n'arriverait décidément par à parler correctement. « Bon mais peut-être que vous préférez les armes lourdes. Peut-être que je pourrai l'échanger contre euh... une hache ou un marteau. Je ne sais pas trop comment on peut se battre avec un marteau cela dit... Au pire, vous pouvez décorer votre maison avec peut-être... ». Un goutte de sang perla de sa main, s'abattant sur le sol. « Au fait... je voulais vous questionner, c'est vous qui avez blessé Gaston ? Je veux dire... je ne vous accuse pas mais comme vous m'avez demandé si je voulais que vous le... enfin, le tuiez je me dis... Je ne le dirai pas mais disons que ça me rend un peu triste de le voir affaibli. Je ne sais pas trop... Je ne l'aime pas beaucoup mais il ne mérite pas ça... ». Elle attendit une seconde avant de changer de nouveau de sujet. « Sinon vous... vous allez bien ? ». Elle finit tout de même par inspirer, essoufflée d'avoir trop parlé. Elle était désespérément mauvaise pour communiquer, juste mauvaise.

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Sam 08 Nov 2014, 20:23

Talcalina, prudemment, inspecte le faux animal. Son museau l’effleure. L’absence d’odeur propre à son espèce l’étonne. Il fait un pas en arrière, presque effrayé. La nature jaillie sous ses pieds. Fleurs, herbes folles, qui retombent aussitôt alors qu’il se retire dans le sous bois.
L’ultimage sort de son fragment de songe. Je la vois détourner le regard, comme se teintent de rose ses joues. Elle est gênée. J’imagine avec aise, quelles images lui reviennent. Celle de notre dernière rencontre, très certainement : depuis le palais de l’Eorishaze, jusqu’aux sombres ruelles de Megido, trop de choses se jouèrent ce soir là. Moi-même n’en garde qu’un souvenir altéré, comme si tout ceci n’avait pas véritablement eu lieu. Un rêve, une illusion absurde, peut être… Fallait il que Nylmord se charge de me rappeler toute l’étendue de la bêtise d’un geste, qui cristallisera nos rapports sous le signe de la malaisance. Ma compagnie lui a toujours provoqué de l’inconfort et je suppose qu’à présent, les choses empireront encore. Questionner ma raison ne m’apporte aucune réponse quand à la signification de ce mouvement imbécile. Cela ne m’agace que davantage.
Silencieux, dans cet état d’introspection bâtarde, je la regarde s’embarrasser à force de maladresse. Elle se lève, chancèle, me tend sa lame. J’hausse un sourcil, interdit, sans comprendre la signification de tout ceci. Son explication accentue encore mon état de perplexité. Qu’une femme s’enhardisse à faire le présent d’une arme à un homme n’est pas correct. Mon regard lié au sien, j’en oubli jusqu’à l’épée, pour laquelle je n’accorde qu’une brève attention, l’espace d’un cillement. Ses doigts se serrent alors autour de l’objet : j’anticipe le geste comme la conséquence. Elle se coupe. Et son acharnement à poursuivre, en dépit du sang qui commence à perler depuis sa paume fendue, m’inquiète. Son état est il à ce point altéré par la gêne ? A moins qu’il ne s’agisse d’autre chose. Qu’importe.

Je vais à elle. Mon regard la scrute encore. Quelques secondes s’égrainent, avant que ma main ne se referme sur la lame qui mord sa chair.
« Calmez-vous. Fais-je, inflexible. Et donnez-moi cela, avant de vous blesser davantage.
Je dépose l’arme contre l’arbre sur lequel elle dormait encore il y a peu et m’en retourne à elle. Prenant sa main, j’inspecte la coupure.
« C’est une bonne arme, mais vous n’avez pas à m’en faire cadeau Milady. Ma prunelle smaragdine cherche son azur. Puis je, toutefois, savoir en quel honneur vous avez jugé bon de me l’offrir ? Sa motivation importe plus que l’objet. Attendez.
Je relâche sa main et m’éloigne un moment entre les arbres de la forêt aux mille clochettes. La flore abonde. Quelques minutes me suffisent pour trouver la correcte essence d’une fleur aux vertus cicatrisante, fort courante en alchimie. Je m’en retourne à l’ultimage, m’empare à nouveau de sa main et la contraint à serrer la plante entre ses doigts.
« Patientez un moment ainsi.  
Mon étreinte se relâche, je croise les bras. Silence : la forêt murmure, indifférente au concert des animaux de passage. Je songe à sa question avant de me décider à trancher la quiétude des lieux en basse langue.
« Je n’ai pas tenté de tuer votre fiancé Milady.
Elle n’a pas besoin de connaitre l’identité de la responsable. Pas tant que les véritables intentions de Mitsuko Taiji ne me seront pas tout à fait claires... Cela est sans compter que la mort de cet humain imbécile n’est pas pour me déplaire. Percevant des bribes d’attendrissement dans son discours, je lance.
« Vous êtes trop tendre ultimage. J’esquisse un sourire goguenard. Ce n’est qu’un opportuniste sans lignage. Qu’il vous laisse s’apitoyer sur son sort est une autre preuve de l’absence d’honneur qui le caractérise.  
Semblable à la vermine, il n’avait pas eu la décence de crever l’arme au poing : un fort bel exemple de ce que la race humaine génère de pire. Les sourires sulfureux d’une courtisane l’auraient effectivement achevé si la magie ne s’était pas trouvée de son côté. Un déshonneur sans nom, dans lequel il se complaisait manifestement sans scrupule, aucun. Fallait-il que l’ultimage soit naïve pour se prêter ainsi au jeu de ce pantin grotesque.
« Vous avez refusé que je le tue. Si j’avais eu l’intention de le faire de toute façon, je ne vous l’aurais pas proposé. Ma main se porte à la sienne. J’inspecte l’état de sa paume : le sang coagulé a refermé la coupure. Mais si vous changez d’avis… Un rictus étire le coin de ma bouche. Sachez que mon bras est toujours votre. Par ailleurs…
Je me détache d’elle à nouveau et, de mes pas, trace un vaste arc de cercle dans la clairière.
« Puis je savoir où vous étiez le jour où vous avez prétendu vous rendre à Avalon ? Le Daedalus en personne et moi-même vous avons cherché, vous pensant égarée… comme cela vous arrive… trop fréquemment.
Le dernier mot se teint d’une pointe d’ironie à peine dissimulée. Ses errances sont régulièrement motivées par quelque manigance secrète. D’ordinaire, cela n’implique que moi et son cercle de conseiller. Mais il est ici affaire de diplomatie étrangère. Un fait qu’elle ne peut avoir omit par simple négligence ou caprice.
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Mer 26 Nov 2014, 23:16

Les yeux de la reine se portèrent sur l'Alfar qui s'était un peu éloigné, posant une dernière question à laquelle elle ne pouvait consentir à répondre. Elle baissa son regard sur sa paume, le sang ayant arrêté de couler comme par enchantement. Cet homme savait bien des choses qu'elle ignorait, des choses qui servaient, le plus souvent, à réparer ce qu'elle provoquait. Elle soupira, essayant de calmer ses pensées, de calmer sa respiration. Tout rapprochement avec lui était presque insupportable. Elle avait chaud, elle se sentait gênée, honteuse, elle sentait sa respiration prendre un rythme irrégulier, comme si un geste trop proche d'elle de la part d'Adril était capable d'arrêter totalement son souffle. Elle ne savait que faire de toutes ces émotions incompréhensibles. « L'arme... ». Elle réfléchit un moment. Pourquoi avait-elle voulu la lui offrir ? Elle pouvait plus décemment répondre à cette question qu'à la dernière, bien que la tâche ne soit pas aisée. « J'ai... simplement songé à vous en la voyant et puis... comme nous nous disputons souvent, j'ai pensé que ce serait... ». Elle marqua une pause, regardant la biche en peluche laissée à l'abandon par l'étrange monture de l'Alfar. Est-ce qu'il la laisserait tomber de la sorte un jour ? Est-ce qu'il partirait sans un mot avec l'intention de ne plus jamais revenir ? « Je voulais m'excuser, en quelque sorte. Nous ne sommes pas toujours d'accords alors... Pas que vous ayez tout le temps raison, je continue à penser quelques paroles que je vous ai... ». Elle s'interrompit de nouveau, ne sachant comment s'exprimer. C'était vrai, elle le trouvait irritant mais d'un autre côté... Elle finit par s'énerver quelque peu. « Oh et puis, personne sur ces terres n'a besoin d'une quelconque justification quant au fait de recevoir un présent ! Vous êtes vraiment étrange à la fin ! Prenez-le et c'est tout ! ». Elle croisa les bras, son regard se fixant enfin sur lui. Elle resta un moment ainsi, le regardant simplement. « Et puis, vous êtes maître d'armes. J'ai pensé que ça vous plairait, voilà tout. Mais la prochaine fois, si vous préférez, je vous ferai une tarte. On ne va pas en disserter pendant des heures. ». Vu ses talents en cuisine, l'arme était cela dit un meilleur choix. « En plus, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas vous l'offrir puisque j'en ai envie. On ne s'offre pas de cadeaux chez vous ? ». Elle réfléchit un moment. « Et puis, ne vous avisez pas de refuser. C'est très mal poli. ». Elle attendit un instant, son regard fixé sur lui mais pourtant aveugle. Elle ne voulait pas le détailler, pas l'observer, elle préférait faire simplement illusion pour ne pas ressentir l'effet que sa présence provoquait en elle.

Elle se détourna, préférant s'occuper de la biche en peluche, avançant vers elle avant de murmurer, de dos. « Merci pour la... blessure. ». Quant à Gaston, elle ne savait pas quoi ajouter de plus. Elle ne savait pas si elle devait le croire, même si elle le voulait. Mais, après tout, il n'avait aucune raison de mentir. Edwina posa l'une de ses mains sur le tronc d'un arbre, fermant un instant les yeux. Non, ça ne pouvait pas être Adril. Même si son « fiancé » disait ne se rappeler de rien, il connaissait le visage de l'Alfar, il ne l'aurait pas oublié. Il était difficilement oubliable. « Pour... pourquoi est-ce que vous... ». Elle n'alla pas jusqu'au bout de sa phrase, se rendant compte qu'elle allait évoquer un événement qu'elle fuyait depuis qu'il s'était produit. Mais elle était curieuse. Pourquoi est-ce qu'il avait pris des traits dénués de balafre au bal d'or ? Pourquoi est-ce qu'il l'avait fait en cette seule occasion et pourquoi ne le faisait-il pas chaque jour ? Elle finit par avancer, disparaissant derrière l'arbre, posant son dos contre le tronc centenaire. « Votre balafre... qui vous l'a fait ? Est-ce en prison ou bien lorsque vous avez fait votre coup d’État ? ». Cet homme était dangereux. Elle en avait conscience au fond mais elle n'était pas la plus à plaindre... contrairement à ceux qui essaieraient de s'en prendre à elle. D'ailleurs... « Et que faites vous ici ? ». Elle ne s'était pas interrogée auparavant mais la question s'imposait à présent à elle. Doucement, son visage se tourna vers l'une des extrémités du tronc. Elle n'osait pas vraiment regarder où est-ce qu'il était, hésitant à aller un peu plus loin, à dépasser l'arbre pour le voir. Et puis, elle espérait qu'il ne remarquerait pas qu'elle avait ignoré sa dernière question. Sa main lui faisait mal à présent.

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Dim 30 Nov 2014, 21:44

Mon regard se fronce, l’expression partagée entre étonnement et agacement. Une femme se prenant à offrir une arme à un homme : voila qui touche à l’absurde. Je n’ose imaginer que les humanoïdes se livrent à de telles pratiques, bien que leurs mœurs barbares permettent de le concevoir. Car en plus de n’être lié par aucun engagement marital, ce qui justifierait une telle attention, je me trouve démuni quand elle jouit d’opulence et donc dans l’impossibilité matérielle de lui retourner son présent… Mais peut être souhaite t’elle me rappeler la réalité de ma condition : celle d’un homme sans terre, ni gens, ni biens. Car il n’est pas d’attention que l’on ne rende chez les mithedhels. Aussi, se garde-t-on d’offrir quoique ce soit à celui qui ne possède rien, hormis la prose, la musique et un rang en arme aux côtés duquel se battre.
Je ne peux admettre de voir mon honneur ternis par la simple ignorance d’une femme. En tant que reine, il me faut la combler à hauteur de son statut. Car il est un point sur lequel elle a raison : on ne peut refuser un présent. Plus reine que femme, je me trouve contraint d’accepter, quand bien même cela entache ma dignité.
« Fort bien…
Dis-je alors, bras croisés, dans un grognement. Les convenances m’interdisent de lui exposer la maladresse de son geste. J’irais donc bientôt en quête d’un bien à sa mesure. Un présent de valeur supérieure au sien, puisqu’elle jouit du titre suprême. Par ailleurs, il est exclu que j’apparaisse devant elle, tel un manant désargenté, incapable de rétablir mon honneur. La reine d’un peuple d’humain à pouvoir ne peut décemment ridiculiser un alfar. Et je ne peux que saluer la fortune de priver cette outrageuse scène du regard de mes pairs.

Insouciante, je la regarde se détourner. Ses pensées semblent l’étreindre avec une force telle qu’elle en perd ses mots, murmure. Elle a cette lassitude de femme écrasée par quelque poids, de morale, de culpabilité sourde : que sais-je… Sa question avorte de fin, elle disparait alors derrière l’arbre imposant que ses doigts blancs caressaient naguère. Une autre interrogation point alors, puis une seconde.
Silencieux d’abord, j’approche de l’arbre qui la cache et ramasse l’épée. Celle-ci trouve place le long de mon flanc libre et je me trouve contraint de reconnaitre qu’il s’agit d’un bel ouvrage : son intuition l’a bien guidée. Un soupir sourd s’échappe d’entre mes lèvres, tandis que je m’adosse au tronc gris, en miroir à sa posture. Sa première question ne me surprend guère, pour m’être souvent posée. Toujours, se ravive alors le souvenir de cette époque.
« Aucune main d’homme, Milady. Fais-je à voix basse. Un dragon.
Il n’est aucun homme à m’avoir jamais atteint au visage. Je me redresse, songeur : les traits de mon fils se superpose aux essences de la forêt, ses couleurs, ses fleurs. La scène a vu passer des générations d’hommes, aujourd’hui oubliés, des guerres, des unions, mais elle est toujours nette à ma mémoire. A défaut des images, ce sont les affects qui s’étiolent : tout ceci m’est fade, à présent, terne. Sindar fut mon premier fils, d’autres suivirent : d’autres moururent. Et dans la vaste course de l’existence il n’est que les vivants pour aller plus avant.

Oubliant ceci, je m’en remets alors à sa seconde interrogation. Un pas, deux, tracent un arc autour de l’arbre. Elle m’apparait le visage fuyant, orienté vers l’extrémité opposée du tronc.
« Quand à moi… Je me place face à elle. Je vous cherchais. Cela vous surprend t’il ?
Un mince rictus s’esquisse sur mes traits. Je laisse s’égrainer quelques secondes, tout en la considérant silencieusement. Mes mains se posent alors contre l’écorce rugueuse, de part et d’autre de son visage.
« N’est ce pas là ce que nous faisons de mieux ? Vous partez un jour… Vos archimages m’envoient alors vous pister, à la manière d’un chien de chasse…
A chaque mot, mon visage approche du sien, la confinant dans un espace toujours plus restreint.
« Savez vous que certains de vos gens de cour se plaisent à m’appeler ainsi ? Le « chien de la reine »… Je m’immobilise à quelques centimètres de sa peau, susurre. Me considérez-vous comme un chien, Milady ?
Mon regard s’ancre dans le sien : ses prunelles bleues… tandis que me parvient son odeur. Son odeur et quelque souvenir. Je me dégage alors, d’un geste exagérément las, puis m’éloigne de quelques pas.
« Si tel est le cas, continuez à ignorer mes questions.
Intonation rude. Je m’en retourne à la clarté de la clairière, comme les paroles de Sirigon ravinent mon esprit. Des traitres l’entourent et je dois porter le fardeau de son innocence. Sait-elle qu’à l’heure actuelle, ma personne se trouve attachée à des projets de régicide ? La mort de son règne : voila ce à quoi je me suis engagé auprès du félon. Des feux de menace s’allument partout autour, au point que j’en interroge mes compétences, ma capacité à la protéger, et elle, se plait à garder quelque secret. Je gronde. Mourir ignorante et ingénue : voila ce qui l’attend.
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Lun 01 Déc 2014, 18:07

Un dragon. La réponse lui sembla étrange. Les lèvres d'Edwina se pincèrent. Bien sûr, elle savait que ces animaux n'étaient en rien pacifiques en temps normal, pourtant, elle en côtoyait souvent et les dragons qui étaient en sa possession – puisque c'était ainsi que son entourage les désignait – lui semblaient incapables de ce genre de choses. En réalité, pour elle, ils étaient libres. Ils ne lui appartenaient pas. Elle ne les considérait pas comme des animaux de compagnie que l'on aurait pu asservir à souhait. Elle aimait les voir voler, les voir apparaître parfois, comme s'ils se souvenaient d'elle, comme s'ils avaient envie de la côtoyer de temps à autre.

La reine sursauta quand l'Alfar parla. Elle tourna le visage vers lui. Il était trop proche, beaucoup trop proche. Elle se crispa légèrement, ne faisant pour autant rien afin de le repousser. Elle ne savait pas quoi faire, et, plus que tout, elle ne savait pas ce qu'elle avait envie de faire. Au lieu de produire un mouvement qui l'aurait dégagé de l'emprise de l'homme, elle recula contre le tronc, du moins, essaya, sachant très bien que tout ceci était peine perdue. Sa poitrine commença à se soulever, un peu plus vite au fur et à mesure qu'il approchait son visage. Elle n'aimait pas cette situation, ce confinement dans lequel elle se trouvait, coincée entre l'arbre et l'Alfar. Qu'allait-il faire à terme ? Elle se questionnait. Jusqu'où avancerait-il ? Ses épaules se soulevèrent doucement, comme si elles pourraient constituer, à terme, un moyen de défense suffisant contre l'attaque de l'homme. Elle le prenait comme ceci, un acte offensif contre lequel elle ne pouvait que se défendre. La chute ne tarda pas à arriver et la compréhension de la jeune femme s'en trouva éclairée : il n'avait pas apprécié qu'elle ne lui réponde pas et, à présent, il se vengeait.

Déjà éloigné d'elle, elle resta un moment sans bouger avant de serrer les poings. Les manières de cet homme étaient inexistantes. Elle finit par lâcher « Parce que ce sont 'mes' Archimages peut-être qui vous ont demandé de me suivre à Megido et de... de... ». Elle ne termina pas, se trouvant de nouveau coincée dans la spirale infernale de ce dont elle ne voulait en aucun cas parler mais qui, au final, l'interrogeait le plus depuis sa survenance. Elle se détacha de l'arbre, s'approchant d'Adril en posant un doigt accusateur sur son torse : « Si vous faites tout ce que 'mes' Archimages vous demandent, vous devriez plutôt être considéré comme leur chien à eux par les gens de ma cour dans ce cas ! ». Elle finit par croiser les bras sur son buste, maintenant la proximité entre eux. « Quant à ce que je faisais vraiment, ça ne vous regarde pas. Du moins, ce n'est pas cette attitude qui me donnera envie de vous dire quoi que ce soit ! Vous m'énervez à la fin ! ». Les gestes de l'Alfar étaient trop changeants, trop peu clairs. Elle ne savait pas sur quel pied danser. Il passait le plus clair de son temps à se jouer d'elle, à être rude et cassant et parfois il... l'embrassait. Elle soupira, ses bras retombant de chaque côté de son corps lentement. « Et puis, je suis venue ici pour m'entraîner un peu. Je ne suis pas perdue et encore moins en danger. Il n'y avait rien d'autres que des arbres, des animaux et moi dans cette forêt avant votre arrivée. ». Si on omettait l'étrange chose qui l'attirait et qui incarnait sa principale motivation à se trouver en ces lieux. « En plus de cela, si je vous considérai comme un chien, je ne vous parlerai pas, je m'intéresserai pas à votre vie et je ne vous offrirai pas de présent. ». Elle marqua une pause, réfléchissant un instant. Elle s'approcha de lui, vraiment très près. Il fallait qu'il comprenne à quel point il la mettait mal à l'aise, si tant est qu'il puisse ressentir ce qui la tracassait. Proche, elle ne put empêcher sa gêne de pointer et, pourtant, elle tint bon, murmurant : « Chez les magiciens, ce n'est pas poli de s'approcher de cette manière d'un individu, c'est déplacé et très gênant. Seules les personnes ayant un lien peuvent le faire... un lien familial ou marital ou... quelque chose dans cet esprit. ». Elle s'humecta les lèvres, reprenant. « Donc... quand vous le faites avec moi je... je suis mal à l'aise. Vous... vous comprenez ? ». Edwina essayait de prendre la situation avec recul mais ce n'était pas évident, loin de là même. Chaque contact avec cet homme éveillait en elle des choses aussi vastes qu'incontrôlables et maintenait qu'elles étaient juste en face de lui, qu'elle avait pris conscience de toutes les implications, elle n'arrivait plus à se reculer, le fixant comme si elle attendait quelque chose de sa part, un geste, un mot.

Un peu plus loin, dans la forêt, un air fut siffloté. Quelqu'un venait.

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Lun 01 Déc 2014, 22:29

Une exclamation d’hilarité meurt, étouffée entre mes lèvres closes, lorsqu’elle se prend à évoquer Megido. Voila donc le nœud de toute l’histoire. Un baiser perdu, une bêtise invitée par un clair de lune complice : mal m’en a prit. Je la regarde approcher, pointer sur moi son index, le visage imprégné de cette expression unique, que ses traits revêtent à chaque contrariété. A ses mots, je me retiens de rire. Détournant simplement d’elle le regard, un sourire figé sur les lèvres, je me rappelle de mon dernier entretien : elle ne sait pas tout ce que me demandent ses archimages.
Je soupire, comme elle croise les bras, critique mon attitude. Cette conversation résonne en écho à ma mémoire : une scène familière. Sans doute ne sommes-nous bon qu’à la jouer inlassablement. Cette variation d’agacement relevée d’incompréhensions fondamentales. Elle ne saisit pas que ma nature est ainsi faite et prend pour elle ma rudesse, comme si cela devait blesser son amour propre. Petite chose fragile : va t’elle, un jour, ouvrir les yeux ? Je réprime un grognement, comme elle revient sur ses manières de pie curieuse et l’épée qu’elle jugea bon de m’offrir. Voila pourquoi les hommes de mithedhel tiennent leurs femmes à l’écart. Ces conversations, chargées de reproches incessants, ôteraient à tout guerrier l’envie de protéger son foyer. Et il faut bien que nous ignorions la véritable nature des femelles qui peuplent nos couches, pour vouloir encore guerroyer pour elles… encore que les femmes elfes arborent davantage de distinction : l’humanité à cela de rendre grossier tout trait, qu’il s’agisse de caractère ou de façon.

Elle approche jusqu’à franchir le cercle de la convenance. Mon regard s’en retourne à ses prunelles bleu terne. Elle semble gênée, mais persévère. J’observe alors sa bouche parler, relâcher des mots qui m’indiffèrent, pensant seulement à l’érotisme que m’évoque ses lèvres brillantes : une scène offerte pour me provoquer.
« Quelle étonnante façon vous avez, Ultimage, de réclamer à un homme de la distance.
Fais-je d’un ton un brin goguenard. Sa démonstration me semble bien fragile, comme si maintenir droitement sa posture lui coutait. A moins qu’il ne s’agisse de cette autre force : celle qui guide contre la raison ses gestes, provoque maintes maladresses et éclats de magie inappropriée. La chose m’amuse et il nait en moi quelque envie de jeu… je pourrais me plaire à éprouver la solidité de sa conviction. Le silence s’étire, comme nous demeurons immobiles, face à face. Je fais alors un pas en avant, réduisant encore cette distance sujette à tant de controverse.
« Chez les alfars, les femmes se gardent d’apparaître nue devant l’homme dont elles ne souhaitent recevoir les avances.
Second pas. Il n’est plus d’espace entre nous. J’esquisse un sourire, progresse encore. Le souvenir de notre périple, au sein de la forêt des murmures, est encore empreint de fragrances de feuilles, d’air lourd et de musc à mon esprit. Un troisième pas, un quatrième, qui la contraint à reculer.
« Chez les alfars, les femmes ne font pas le récit de leur rêve érotique à l’homme dont la présence incommode.  
Cette lente progression nous ramène à la configuration précédente, lorsque son dos rencontre l’arbre derrière lequel elle se cachait il y a encore peu. Je la toise alors, comme s’éveillent à mon esprit quelques idées lascives, suggérées par l’atmosphère lourde et tiède de la forêt et sa frêle carrure, son audace maladroite. L’envie de la saisir me traverse. Je n’en fais rien, ajoutant seulement quelques mots à la charge de mon impertinence.
« Chez les alfars, les femmes ne réclament pas de faveurs sexuelles à l’homme dont la distance ne leur semble convenable.
Ultime provocation. Ma main retrouve sa place contre le tronc de l’arbre, au dessus de son épaule. J’approche alors, d’un geste exagérément lent, la bouche près de son oreille et susurre.
« Je suis votre obligé, Milady… Mon dessein n’est pas de vous mettre mal à l’aise.
Je me redresse alors. Le mouvement se casse. Bref immobilisme. Je regarde ses lèvres, le souffle lourd : l’attirance en ce qu’elle a d’indicible… Une seconde, puis deux : un son lui arrache mon attention.
Je recule vivement, oreille tendue, aux aguets. Ma main se porte à mon arc, que je bande en silence.  Le son est ténu, inaudible pour une oreille non elfe. A moi, il apparait clair : un humain de quelque sorte. Cela n’a pas d’importance. Il approche, j’avise et renonce finalement à ouvrir les hostilités. Son pas n’est pas celui de l’assassin et autre bandit de grand chemin. Mon arc retrouve l’attache de ses lanières, tandis que glisse dans son carquois la flèche.
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Mar 02 Déc 2014, 00:30

« Eda, je vous cherchais. ». Le Magicien à l'allure d'Ange jaillit d'entre les arbres, arborant, cette fois un pantalon dans les poches duquel ses mains étaient fichées, une peau de bête pendant nonchalamment sur ses épaules. Le reste était entièrement nu, jusqu'à ses pieds qui, pourtant, semblaient ne souffrir d'aucun méfait qu'aurait pu lui provoquer l'environnement. Il ne semblait pas non plus prêter grande attention à la situation. « C'est que, comprenez, vous avez partagé ma couche, menti sur votre identité, volé l’œuf qui me servait de siège – œuf que je vous ai aidé à porter malgré tout jusqu'au Lac – et, pour finir, vous m'avez laissé en plan dans un monde à la magie aussi étrange que dangereuse. ». La réalité était un peu déformée mais il profitait du fait que, cette fois, il y ait un témoin, pour en rajouter. Il aimait la voir gênée. Pour la fin, à vrai dire, il s'en était sorti tout seul, comme un grand, et il était le seul à l'avoir laissé en plan dans le labyrinthe que représentait le cœur bleu. « Alors j'ai réfléchi et je me suis dit que je devais vous retrouver pour clarifier la situation. ». Il marqua une pause, commençant à observer un peu les protagonistes plus en détail. « Vous n'êtes cependant pas facile à trouver... ». Ce qui était faux. Il était assez puissant pour savoir la localiser. Simplement, elle n'était jamais loin des terres du Lac là, où, justement, lui n'allait jamais. Il finit par s'arrêter, les mains toujours dans les poches, fixant les positions et les expressions de ceux qui se trouvaient là. Il devait bien avouer qu'il se fichait un peu du vol de l’œuf et de toutes les choses qu'il avait énuméré. Il avait simplement souhaité la revoir, par curiosité.

Quant à Edwina, son visage avait dû passer par toutes les expressions possibles et imaginables pour se figer après l'apparition de l'Ange dans ce qui conviendrait d'appeler « douce vengeance irréfléchie ». Essoufflée, encore sous le choc de ce qu'elle venait de vivre, elle se dirigea vers Cocain, s'arrêtant juste en face de lui pour désigner l'Alfar du doigt. « Cet homme s'appelle Adril, il est dangereux. Je me promenais dans les bois et il... il me suivait. ». L'Ange leva les yeux vers l'Alfar, le fixant tout en écoutant le reste de la plainte de celle qu'il pensait s'appeler Eda. « La dernière fois il m'a... embrassé. Et là... je ne sais pas ce qu'il veut ! Vous êtes un Ange alors protégez-moi. ». Il ne bougea pas, semblant attendre autre chose. « C'est un Alfar ! Et moi... moi... ». « Vous êtes une elfe. ». Un petit sourire apparut sur les lèvres de l'homme. « Pa... pardon ? ». Il semblait prendre tout avec philosophie, non inquiet de la situation, comme s'il savait pertinemment qu'il avait les ressources nécessaires pour venir à bout de ce malentendu, que cela soit de manière pacifique ou violente. « Vous avez des oreilles d'elfe, c'est tout. ». Edwina porta ses mains à ses oreilles. Elle les toucha un moment et ses yeux s'agrandissant devant l'évidence. Était-ce elle qui avait fait ça ? Était-ce à cause de ce qu'Adril lui avait dit, à propos des femmes de son peuple ? Seulement, elle n'eut pas le temps de s'émerveiller sur la chose car Cocain reprenait déjà, observant l'Alfar. « Alors c'est vous Adril, celui qui a peut-être tué Gaston ? ». Il ne connaissait pas Gaston mais la reine parlait dans son sommeil et puisque lui n'était pas arrivé à dormir à ses côtés, il avait entendu plein de vérités, malus des mensonges qu'elle disait éveillée. « Je suis Cocain. ». Il posa son bras sur les épaules d'Edwina, s'appuyant sur elle sans la moindre gêne avant de refermer sa main sur le haut de son crâne. Il sourit, lâchant sa prise sur la jeune femme qui commençait à se demander si l'idée de jouer à la princesse en détresse – chose qui ne lui serait jamais passée par la tête si Adril ne s'était pas comporté de la sorte – était bonne ou non. « Je... je ne vous ai jamais dit qu'il avait tué Gaston... ». « Dans votre sommeil. Vous m'avez même avoué que vous n'alliez pas à Avalon, chose que je savais déjà puisque vous étiez à la recherche de l’œuf en ma possession. Et autre chose à propos d'Adril... que vous le trouviez... hum c'était quoi déjà... ». « Grossier et impoli. » dit-elle avec irritation. Il sourit. « Non, ce n'était pas ça, quelque chose de plus sympathique... mais peu importe. ». Il rit. « Je vous aime bien vous savez, mais vous mentez trop. ». Il finit par attraper le menton de la reine entre son pouce et son  index, l'observant un moment avant de se tourner vers l'Alfar, maintenant la position. « Bien. Avant que je vous mette mon poing dans le visage, puisque c'est visiblement ce qu'Eda souhaite pour une obscure raison, j'aimerai savoir qui elle est au juste. Après tout, une fille de paysan ne se ferait pas suivre autant par un homme comme vous. D'ailleurs, je ne savais pas que les Alfars se plaisaient à nourrir un quelconque intérêt pour des femmes appartenant à d'autres peuples. Les mœurs ont dû changer depuis que je vis retiré du monde. ». Il haussa les épaules avant de poser son regard de nouveau sur elle, attendant simplement.

Edwina tourna les yeux vers Adril. Elle le détestait pour ce qu'il venait de faire. Elle s'était sentie défaillir sous ses actes. Il l'avait acculé, encore et encore et elle s'en voulait de ne rien avoir dit, rien avoir fait. Les frissons qui avaient parcouru son corps la faisaient culpabiliser, comme s'ils étaient anormaux. Il jouait avec elle et ce simple sentiment d'impuissance quant il se montrait si offensif, entreprenant, lui faisait penser qu'elle devrait l'éviter à l'avenir, qu'elle ne devrait plus jamais le revoir. Il était dangereux pour elle, pour ses sens, pour ses émotions, pour son équilibre. Elle finit par balayer la main de l'Ange, tournant les talons sans un mot pour disparaître dans la forêt. Cocain passa une main dans ses cheveux. « Avec un caractère pareil, je ne comprend pas qu'on puisse être trois à la poursuivre le même jour... ». Il y avait le chasseur aussi – puisqu'il n'avait pas voulu lui donner son nom – qui avait décrit Eda plutôt fidèlement.

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Mar 02 Déc 2014, 23:30

Un humain ailé franchi la frontière de la lisière. Je le vois apparaitre sous la clarté vive d’un rayon de soleil. Une peau de bête en guise de vêtement, les pieds nus : une allure nonchalante d’homme animal, associée à des façons détachées. Sa voix se porte à la reine, qu’il connait manifestement. Je l’écoute discourir et l’observe sans mot dire, immobile. Son propos est dénué de sens et sa présence m’agace. Il semble toutefois que quelque aventure le lie à l’Ultimage. Fait bien peu surprenant, en vérité : cette femme est entourée de plus d’homme que les bonnes mœurs ne le recommandent. S’étonner encore de voir l’un de ses valets surgir d’entre les bois, une histoire absurde aux lèvres, n’a, et c’est bien regrettable, rien d’exceptionnel. Je constate cependant, non sans quelque âcre saveur d’arrière bouche, que celui-ci partage avec elle l’excentricité du langage, en plus de manières inappropriées.

La reine le rejoint alors, parle. Mon expression se renfrogne à peine : la vengeance… voila qu’elle ose. De garde du corps, je passe au statut de prédateur indélicat. La manœuvre est habile, en un sens : inhabituel de sa part. J’esquisse un vague rictus, le regard ancré sur l’humain à aile, tandis qu’elle énumère l’infinité des tourments que mon âme corrompue lui inflige. Un petit oiseau chétif venant quérir l’aile du noble aigle : la manœuvre s’offre en évidence. Je toise son protecteur providentiel, alors que se croisent nos regards : il m’interpelle. Mon sourire s’accroit encore. Il semblerait que quelque rumeur courre au sujet de l’agression du prétendant déchu : à moins qu’il ne s’agisse d’une confession de l’ultimage sur sa couche. N’est ce pas cela qu’il déclara sans détour ?
« Lui-même. Fais-je en croisant les bras. Et comment dois-je vous appeler, vous qu’aucune réputation ne précède ?
Sa réponse décompose mon expression. Impassible, je fulmine. Maudit manant : voila qu’il ose m’insulter. Je saisirais la première occasion de ficher sa tête sur une pique et l’exposer en exemple, afin que tous se rappellent de ce qu’il en coute d’offenser un alfar. Quand à la reine, bien l’en a prit de s’entourer d’un tel exemplaire de ce que l’humanité offre de grotesque. Il semble que la médiocrité sonne en trait d’union, auprès des basses espèces qui, unanimes, se complaisent dans la fange de leur indécence et de la bêtise mêlée.
Mais voila que s’éclaircissent les secrètes aventures de l’ultimage. Au lieu de la demeure du roi des ailés noirs, j’apprends qu’elle se livrait à la fornication avec cet homme grotesque. Ainsi donc, la prude reine des mages blancs se plait à séduire sous le couvert d’identités factices. L’autre déclare ignorer son véritable statut : une commodité je suppose… Une succube en habit de colombe : de combien d’homme se plait-elle à allumer les feux ?
Ire et dégout : j’ancre mon regard en direction de l’humain à pouvoir, dont l’assurance accentue encore ma fureur. L’ultimage me lance un regard : je l’ignore. Elle disparait alors dans l’ombre du sous bois. Eternelle fuite. A croire que le dénouement de tout ceci ne l’intéresse guère.

N’attendant pas la dernière réplique du sauvage, je me débarrasse de mon arc, trop encombrant, ainsi que de mes épées. Elles s’en vont reposer sur l’herbe tendre, tandis que je me redresse face à l’autre.
« Et l’on dit des hommes de votre espèce qu’ils frappent comme des femmes. Mes pas vont à lui. Cela a t’il changé ?
Sans plus de cérémonie, je le gratifie d’un coup de tête en plein front, prêt à réagir à la moindre réplique ou esquive. En cet instant, rien ne me préoccupe plus que d’effacer de son visage cette expression de suffisance insouciante. Et puisque la reine se targue tant de ne rien craindre en ces bois, qu’elle aille seule et laisse ici, les affaires d’honneur. N’est-ce pas du sien dont il est question ? De son honneur bafoué par mes manières… Maudite femme, à qui j’ai tout offert : bras, épée et la vie s’il l’avait fallu. Et j’apprends que tout ce que je croyais la faire n’est que façade. Un bien beau jeu. Un bien beau jeu, digne des alfars.
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Mer 03 Déc 2014, 01:01

Le chasseur s'accroupit, prenant une infime parcelle de la terre de la forêt entre ses doigts comme si ce fait aurait pu lui donner la moindre information sur celle qu'il cherchait. L'homme qu'il avait croisé lui avait dit ne point connaître pareille femme mais ces dires sonnaient faux à son oreille, comme si l'expression du visage de l'inconnu trahissait son mensonge. L'odeur de l'Ultimage régnait en ce lieu et il ne faisait aucun doute qu'elle n'était pas loin. Il lui suffirait sans doute d'attendre, en espérant ne point trouver un quelconque serviteur aux côtés de cette princesse à laquelle il avait décidé d'arracher le cœur. Immobile, il écoutait les bruits de la forêt, entendant bientôt un pas précipité qui fit naître un petit sourire sur son visage. Elle venait. Il se releva, se plaquant contre l'un des troncs de la forêt. Il positionna sa flèche, doucement, arquant en silence, pointant l'extrémité de l'arme à hauteur de visage d'homme.

Cocain secoua le visage, reculant au moyen de ses ailes pour se remettre du coup de l'Alfar sans risquer d'en prendre un deuxième dans la foulée. Sa magie le guérit presque instantanément mais ses yeux se rétrécirent, fixant l'homme qui avait porté l'assaut le premier comme s'il avait fini par comprendre quelque chose d'important, quelque chose qui ne l'arrangeait pas. « Je vois. ». Il ricana brièvement, usant de quelques secondes précieuses pour visualiser le passé, juste avant son arrivée, vérifiant si, au moins, Eda disait la vérité. Ce qu'il vit ne lui plut pas le moins du monde. Il inspira, serrant les dents, son regard changeant légèrement, se faisant plus colérique. « Hum. Il n'y a vraiment que les hommes sans valeur pour essayer de forcer une femme. Vous êtes pire que le plus méprisable des sorciers... ». Il avait dit cela avec rudesse avant qu'un sourire ne teinte son visage. « Quant à la répondre à votre question, je suppose que la pratique vaut mieux que la théorie pour un esprit tel que le votre. ». Il disparut, apparaissant juste devant l'Alfar, son poing venant s'abattre dans la face de ce dernier, sans qu'aucun ménagement ne puisse trouver place. Non, ce n'était pas l'heure d'avoir des états d'âme, surtout qu'il ne le pouvait. Il s'était certes légèrement moqué de cette femme mais les faits parlaient d'eux-mêmes. L'idée de donner une correction à cet individu – sans doute plus pour des raisons personnelles que pour une quelconque moralité – était la plus forte. Il allait s'employer à lui enseigner les bonnes manières. Et puis, cet homme était détestable au plus haut point.

Edwina fulminait, littéralement, parlant seule dans la forêt, pestant à la fois contre l'Alfar et contre l'Ange. Pourtant, loin de pouvoir leur infliger tous les maux, elle leur cherchait, dans son discours, des circonstances atténuantes. Adril n'avait pas tout à fait tord... et Cocain non plus. Mais tout ceci n'était qu'un quiproquo. Elle était apparue nue devant l'Alfar parce qu'il l'avait poussé à le faire. Elle lui avait demandé des faveurs sexuelles par désespoir et elle lui avait raconté son rêve à cause de... oh et puis ça n'avait aucune importance. Plus elle y pensait, plus elle se trouvait sotte. Elle ne pouvait nier ressentir quelques étranges sentiments lorsqu'il s'approchait un peu trop près d'elle. Mais n'étaient-ils pas normaux ? Dus au fait que lui seul se permettait ce genre de fantaisies en sa présence ? Elle ne savait plus ce qu'elle devait penser. Quant à Cocain, il en avait trop dit et il en savait trop. Cependant, son statut d'Ange la rassurait un peu. Elle ne pouvait pas partir comme ça, les laisser tous les deux. Ils allaient sans doute échanger des informations qu'elle ne tenait pas à partager. Adril révélerait son identité à Cocain et Cocain révélerait ce qu'elle faisait véritablement à Adril. Elle s'arrêta puis tourna les talons, revenant sur ses pas d'un air décidé à en démordre. Le chasseur quant à lui, baissa son arc, s'interrogeant sur ce soudain changement de trajectoire de la demoiselle. Il la suivit, prenant garde à ne pas se faire repérer.

Arrivée à destination, l'Ultimage porta l'une de ses mains à ses lèvres, son expression figée dans le désappointement le plus total. « Mais qu'est ce que vous... ? ». Elle n'avait jamais vu chose pareille. Où se croyaient-ils ? « Adril ! Cocain ! ». Les armes de l'un étaient au sol et la peau de bête de l'autre les y avait rejoint. Quant à leurs propriétaires, ils semblaient déterminés à résoudre un problème que l'esprit de la jeune femme n'était pas en mesure de qualifier ni même de soupçonner. Elle ne pensait même plus à ce qu'elle avait dit à l'Ange un peu plus tôt et même si elle avait sans doute souhaité un bref instant rendre la monnaie de sa pièce à l'Alfar, elle n'aurait jamais pensé que ça puisse aller aussi loin.

Pourtant, quelque chose vint perturber le cours de la scène, une flèche qu'Edwina sentit siffler en sa direction. Elle ferma les yeux, par réflexe, la flèche se perdant dans la forêt, s'échouant un peu plus loin. Elle avait disparu, ses vêtements seuls demeuraient. Pourtant, au creux de ceux-ci, quelque chose bougea. Une oreille apparut, blanche et longue, puis une deuxième. Cocain interrompit les hostilités, comprenant qu'il y avait quelque chose de plus urgent à régler que le cas de ce sale Alfar. Il se téléporta, attrapant le lapin qui se tenait à la place d'Eda, le plaçant dans ses bras. Le chasseur arriva, fixa Cocain d'abord puis Adril. Il connaissait les deux. Le premier lui avait menti, le deuxième l'avait fait disparaître. « Où est-elle ? » rugit-il, l'air furieux d'avoir raté sa cible une énième fois.

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Mer 24 Déc 2014, 00:36

Il recule. La magie rectifie la teinte bleuie de sa peau, tandis que son regard me scrute. Je le toise en retour, la mine satisfaite. L’intonation de sa voix trahi quelque colère, galvanisant encore ma propre agressivité. Sa réplique m’agace. Je gronde en réplique à son insulte. L’envie qui m’habite s’accroit encore : le réduire au silence, le rayer à la liste des vivants de l’existence. Son identité m’importe peu. Sa fonction m’indiffère. Il est au rang de ces audacieux qui osent me défier et, bientôt, il s’en ira goûter à l’âpre gout de la terre mêlé de défaite.
Mon expression se durcit. Il disparait. L’instant suivant, je me trouve projeté vers l’arrière : le ciel danse avec les feuilles, les futs et l’herbe de la clairière. Le coup s’est abattu sans que je ne puisse l’anticiper. Ma vue se brouille l’espace d’une seconde, mes repères chancellent. Je laisse mes pieds trouver d’eux même l’équilibre, tandis que mes sens s’éclaircissent. La douleur n’irradie pas, gommée par l’adrénaline qui fuse et inonde mes veines. Je me redresse, la gestuelle passablement incertaine et porte une main à mon visage. Un sourire étire mes lèvres. Je crache à terre un mélange de salive et de sang.
« Une femme, c’est encore trop, à charge de comparaison.  
Fais-je, avant de me ruer sur lui. Échange de coup. J’esquive, encaisse et rend chaque frappe. Il apparaît que cet humain ailé sait se battre. Sa technique, bien qu’imparfaite car probablement peu entrainée, est indéniable. Comme si cette allure de manant pouilleux recelait bien davantage… Qu’il s’agisse de sa présente implication dans le giron de l’ultimage, ou d’une expérience passée qu’il juge bon de dissimuler sous une peau de bête puante. Peu importe. Il n’est pas une âme, dans l’entourage de cette femme, qui m’inspire sympathie ou confiance. Celui-ci doit en sortir. La chose est fort simple et je m’y attèle.

La voix de l’ultimage s’élève en fébrile tentative pour nous séparer. Je l’ignore. La rage sourde qui m’étreint balaie toute autre considération. Du moins, jusqu’à ce que fuse la flèche. La tension se suspend. Mon regard fouille la scène et se rive sur l’amas de tissus duquel se dressent les deux oreilles de lapin, de la reine transformée. J’aperçois la flèche plantée dans l’écorce d’un arbre à quelque distance, avant de me retourner dans la direction opposée.  
L’homme qui apparaît enfin m’est vaguement familier. Je fouille brièvement mes souvenirs, avant de voir ressurgir à mes pensées la scène de la forêt des murmures. Ainsi donc cette créature, dont j’ignore la véritable nature, est bien vivante… toujours en quête de sa proie. J’esquisse un rictus empreint de contrariété : il est peu de choses, en ce monde, qui m’apparaisse plus désagréable que de devoir occire plus d’une fois un même ennemi. La magie le permet pourtant, ce qui suscite régulièrement de fâcheuses complications. Visiblement désappointé, il questionne au hasard. Je laisse échapper un rire sardonique.
« Qu’est ce que cela peut te foutre ? Tu seras mort avant de le savoir.
Je fais un pas en direction de mes armes : il bande aussitôt son arc, furibond, en ma direction. Une seconde, son visage se teinte de cette provocation typique qu’arborent ceux qui tiennent la vie d’autres entre leurs mains.
« Je ne crois pas… glisse t’il. Son regard oscille entre tous les protagonistes de la scène. La retrouver ne sera pas difficile... Mais j’aime lorsque la traque reste l’affaire d’une proie et d’un chasseur, aussi…
La corde se tend. Mes muscles se raidissent, ma respiration se coupe. Des épines acérées jaillissent soudain, lacèrent, transpercent. L’homme disparaît, emporté dans un tourbillon de lettre et d’encre. Puis, la magie s’apaise. J’abaisse le regard en direction de mon pectoral, sur laquelle s’est fichée la flèche relâchée, arrêtée par le cuir durcit de mon armure et son renforcement métallique. Un geste sec l’en extrait sans peine. Je la brise dans mon poing, en relâche les morceaux à terre. Je grogne : combien de fois devrais encore occire ce maudit gêneur ? La tâche me lasse déjà. Je crains que la prochaine, s’il en est une, s’avère fort ennuyeuse.
« Sombre idiot…
Fais-je dans un grognement à peine audible. Mes pas s’en retournent à mes armes, que j’équipe, sans prêter guère trop d’attention à l’homme ailé et son lapin blanc. La reine s’est métamorphosée : cela m’évoque un autre de ses tours… sans rappeler encore sa ravissante tenue, toujours froissée à terre. Dédaigneux, je veille à demeurer dos à eux. La précédente conversation m’agace encore. Je n’aie nulle envie de croiser le regard de l’un ou l’autre et, tout en achevant de boucler ma ceinture, j’ajoute.
« Vous devriez la lâcher.
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Mer 24 Déc 2014, 02:12

Cocain fronça les sourcils en regardant les restes de la flèche tomber sur le sol, se demandant si l'Alfar était tout simplement fou à lier ou s'il possédait un brin d'intelligence. Savait-il qu'il venait de risquer sa vie ? L'avait-il au moins risqué ou avait-il tout manipulé depuis le début, contrôlé chaque variable ? Non, cet homme était primaire, un guerrier qui mourrait au combat, du moins, plus volontiers que dans une maison douillette, vieux et entouré de ses enfants. C'est ce que le faux ange pensait. Il ne dit cependant rien jusqu'à ce que l'autre lui conseille de la lâcher. « Pour que vous en profitiez ? Pas question ! » répondit-il sèchement, tout en faisant disparaître les traces de leur précédent accrochage à l'aide de sa magie. Il l'avait vu à l’œuvre, pas directement bien sûr, mais il avait aperçu un morceau du passé et il n'avait pas l'intention de laisser ce porc s'approcher d'Eda de nouveau, lapin, femme ou n'importe quoi d'autre. Il avait un art du combat particulièrement aiguisé et Cocain doutait qu'elle puisse véritablement lui échapper s'il décidait de se montrer plus entreprenant. A vrai dire, il considérait la jeune femme comme une petite chose à protéger, ou assimilé. Il ne savait pas trop mais, quoi qu'il en soit, il ne considéra pas les paroles de l'Alfar comme un avertissement, s'en rendant compte trop tard quand un bruit étrange succéda de peu une charge plus lourde qu'un lapin contre lui. « m*rde. » ne réussit-il pas à intérioriser. Il n'avait pas encore regardé mais il savait parfaitement ce qu'il venait de se passer.

Il baissa les yeux, rencontrant ceux d'Edwina qui semblait ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Son visage devint entièrement rouge en quelques secondes, quelques secondes après lesquelles elle essaya de fuir vers Adril, comme un réflexe, ses jambes fébriles à cause de ses mésaventures. « Ah non, pas question. » lâcha-t-il en lui attrapant le poignet. Il l'attira vers lui, tournant le dos à l'Alfar dans un même temps, comme une précaution supplémentaire. Elle se débattit, il la fixa. « Vous vous rappelez n'est-ce pas ? Je suis un Ange. Un Ange, d'accord ? Et lui, c'est un obsédé qui vous suit. Vous comprenez la nuance ? ». Bon, c'était vite dit. Un Ange un peu faux et puis, même, depuis le temps qu'il vivait dans sa grotte, l'expérience s'avérait difficile. Sentir son corps contre le sien n'avait rien de sain. Il la repoussa légèrement, soupirant. « Bon, on va marcher vers vos vêtements et vous les remettrez pendant que je surveillerai l'autre. ». Il marqua une pause, continuant : « Il se pourrait qu'il ait les yeux... ». Il ne le fit pas fait exprès mais il descendit un peu trop son regard, lâchant mollement la fin de sa phrase : « … baladeurs. ». Il resta un moment sans rien dire avant de se racler la gorge, essayant de s'auto-motiver par quelques exclamations. « Allez, on y va ! Plus vite vous serez habillée, mieux ce sera pour tout le monde, surtout pour vous parce que moi ça m'est égal. ».

Il la força à avancer, se baissant lui-même pour ramasser les tissus à terre. Il se retourna, les vêtements à la main, surveillant Adril tout en déployant ses ailes pour faire paravent. Il regarda ce qu'il avait dans les mains, passant le contenu à la jeune femme, tout sauf une chose. Après quelques longues secondes d'observation qui suffirent à l'habillement d'Edwina, il demanda : « Mais qu'est ce que c'est ? ». Il tenait entre ses doigts une bande de tissu sans réelle forme et ne semblant servir à rien. « Euh... c'est pour... enfin... ». « Pour ? ». Elle murmura. « Pour euh... serrer... ». « Serrer quoi ? ». Il finit par rire en comprenant. « Ah oui, je me disais aussi qu'ils semblaient moins... imposants dans mes souvenirs. ». « Vous... vous avez regardé ! » s'indigna-t-elle. « Je suis un Ange, je me fiche de vos seins. D'ailleurs, vous ne devriez pas remettre ça, c'est mauvais pour la circulation. ». « Je fais ce que je veux, rendez-le moi ! ». Elle essaya de l'attraper, Cocain levant le bras en l'air, ne lui laissant aucune chance de récupérer son bien. Edwina plissa les yeux après avoir essayé de le récupérer en vain, se heurtant au dos de l'Ange. Elle sentit une sorte de colère monter en elle, colère qui finit en moue boudeuse. Les bras en croix sur sa poitrine pourtant couverte, elle se dégagea des ailes de l'Ange, s'avançant vers Adril, rouge de confusion et d'agacement, avant de lui dire sans le regarder. « Venez, on rentre. Cet ange est agaçant. Je m'étonne d'ailleurs que vous ne vous entendiez pas. ». Elle s'arrêta, rectifiant. « Si vous ne voulez pas rentrer, vous pouvez tout aussi bien rester ici. Après tout, vous n'êtes pas mon chien. ». La voix de Cocain s'éleva. « Non mais attendez, ça veut dire quoi ça « on rentre » ? Vous voulez que ce type vous suive ? Et puis, il est quoi pour vous au juste ? Vous allez où comme ça ? ». Il s'approcha d'eux, ne comprenant pas. « Et c'était qui ce malade mental tout à l'heure ? Ça ne semble pas vous troubler le moins du monde qu'il ait essayé de vous tuer. ». Elle soupira, émettant une plainte d'agacement. Il s'approcha encore un peu plus, plaçant une main sur l'une de ses épaules. « Vous allez répondre ? ». « Non ! Demandez lui si vous y tenez tant. ». Elle désigna Adril des yeux. Il le regarda à son tour, sceptique quant à la réponse.

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Ven 26 Déc 2014, 00:13

Mon visage se teinte d’une expression que la cicatrice rend fort disgracieuse. Je ris jaune. En profiter ? Voila donc l’image que ce bougre à demi nu a élaborée de moi : un violeur de femme. Pauvre imbécile… Si telle avait été mon intention, elle serait étendue sur le dos à l’heure actuelle et moi entre ses cuisses*. Mais il ne sait rien... Comme tous les gens de son entourage, tellement baignés d’ambition ou de naïveté qu’ils en occultent le reste, il ne sait rien. Immobile, je laisse donc la scène se dérouler.
Et comme l’on pouvait s’en douter, l’ultimage retrouva son apparence de femme après quelques secondes. Une situation un brin ironique, source intarissable, sans doute, de mille satires, si elle venait à être portée aux oreilles de bardes un tant soit peu créatif. Elle ne m’inspire pourtant nulle envie de rire. Le jeu est fort mauvais. J’imagine sans peine son visage rougi par la honte, la gestuelle incertaine d’un parti ou de l’autre… et le timbre de voix de cet humain ailé faussement détaché. S’il est un sens que j’ai, affuté plus que tout autre, c’est bel et bien l’ouïe. Aucune variation ne m’échappe… Ni ce que cela charrie en termes d’intention. Il y a fort à parier pour que la belle indifférence dont il se targue ne soit qu’un masque de bienséance. Quoique aucun sens ne soit utile à de telles déductions en vérité. L’innocence n’existe pas. Soupirant d’impatience, je croise les bras, toujours dos à la scène. Oui, tout ceci m’agace et cela croît à chaque seconde.
Grimaçant encore, je réprouve quelque envie de terminer ce que nous avions si bien commencé. La douleur des coups reçus irradie finalement, comme pour raviver ce qui me reste d’agressivité. Une flèche entre les deux yeux : quoi de plus facile ? Mais elle s’en offusquerait. Grondement sourd. Me refréner ainsi me coute. Je suis nerveux, mais je ne bouge pas. La reine approche finalement. Lorsqu’elle exprime le désir de retrouver la terre des siens, j’acquiesce simplement en silence, sans réagir davantage.
Mon regard dévie alors sur l’humain ailé. Je hausse un sourcil dédaigneux en l’entendant parler, questionner… Des questions auxquelles l’ultimage me charge de répondre à sa place, comme si cela me concernait. Par ailleurs, je saisis mal la légitimité de cet homme, à voir sa curiosité contentée sans précaution, aucune. Était-il seulement digne de confiance ? Posant une main sur le pommeau de mon sabre elfique, je laisse s’égrainer quelques secondes et le toise.
« Je suis Adril Helaren de Nimbrethil, garde du corps et maître d’arme de cette femme…
Je me place entre eux deux, de manière à ce que la main de l’ailé quitte l’épaule de la reine.
« Qui n’est autre que l’ultimage, souveraine du lac de la transparence et des mages blancs. Paupières étrécies, j’approche d’un pas face à lui. Quand à cet homme, il compte au nombre des innombrables gêneurs cultivant quelque projet de régicide et que je veille à occire pour le bien être de sa majesté.
Brève trêve. Je scrute ses prunelles, comme pour lui mieux percer l’âme.
« Quand à vous, qui que vous soyez, je vous conseille de rester hors de ces affaires. Je n’ai nul besoin de travail supplémentaire.
Le message est limpide. Je prends un instant supplémentaire pour le considérer, avant de m’écarter.
« Milady…
Fais-je au moment de passer à côté d’elle, comme pour lui signifier qu’il n’est plus nécessaire de s’attarder dans les environs. Cette tendance naturelle qu’elle a, à accorder au premier venu sa confiance, ne cesse de complexifier mes affaires. Comme si la présente situation manquait en périls, j’en viens à espérer voir s’en profiler le dénouement. Que tout ceci se règle : les traitres dévoilés et tous ses ennemis projetés dans l’autre monde… je pourrais enfin m’en retourner aux miens et à ce qui importe vraiment.
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Sam 21 Mar 2015, 18:09

Le regard de Cocain prouvait clairement qu'il était troublé par les révélations. Au contraire, un sourire s'était dessiné sur les lèvres d'Edwina au fur et à mesure de celles-ci. Oh la jeune femme n'était pas fière d'être reine et ne voulait pas écraser le pauvre homme de sa souveraineté, mais elle trouvait que tout ceci, sorti de la bouche d'Adril, sonnait bien. Il avait une manière d'annoncer les choses qui lui plaisait, plus belle que si elle-même les avait décrite. On aurait pu s'attendre à des aventures épiques avec une telle présentation ; Elle donnait à l'imagination de quoi se développer. Cocain, lui, ne disait rien, du moins, au début. Quand il vit qu'Adril invitait la jeune femme à partir, il n'eut plus rien à faire de sa mise en garde, préférant parler à la principale intéressée. Il attendit qu'elle tourne les talons pour se téléporter devant elle. Les mains sur ses épaules, il la secoua légèrement. « Est-ce vrai ? Dîtes-moi seulement si c'est vrai. ». Elle détourna les yeux. « Vous m'aviez dit que l'ancien Archimage Nylmord gouvernait ! Mais si c'est vous, alors... ». Il s'arrêta, les mâchoires crispées. Cette femme n'avait aucune idée du guêpier dans lequel elle se trouvait. Lui avait été Archimage, lui avait préféré quitter le Lac de la Transparence en découvrant quelle supercherie y était jouée par la moitié de ses semblables. Le monde n'avait aucune idée de l'étendue des puissance maléfique en jeu et certains hauts dignitaires sorciers auraient pu trembler d'effroi face à certains des Archimages. Nylmord aurait pu découvrir tout ceci, mais elle... elle n'avait pas les épaules. Il finit par soupirer, écartant ses mains d'elle avant de faire un pas sur le côté. « Bien, rentrez chez vous. ». Ses yeux se portèrent sur Adril. Et lui ? De quel côté était-il ? Un Alfar. Il n'en avait aucune idée. Il pouvait très bien jouer le garde du corps mais, en réalité, n'être qu'un traître, avec les Archimages ou œuvrant pour son propre compte. Il finit par articuler à son attention, visiblement furieux de la situation. « Il est dans votre intérêt, en effet, de vous occuper des innombrables gêneurs qui pourraient avoir des projets de régicide. J'espère pour vous que vos mots sont le reflets de vos pensées et non une tentative de régicide déguisée. ». Il marqua une pause. « Ou une tentative d'obtenir les faveurs de la reine, même si vous semblez déjà prendre vos aises. ». Il n'avait plus le choix à présent. Il ne pouvait pas retourner au cœur de sa caverne en oubliant tout ceci. Le déni ne fonctionnerait pas. Cocain devait reprendre ce qu'il avait voulu quitter. Cette idée l'énervait dans un sens. Il aurait mieux fait de ne jamais aider cette femme. Dès qu'il l'avait vu, il aurait dû la chasser de sa grotte. Maintenant, il était trop impliqué, il en savait trop. Il devait vérifier ce qu'il soupçonnait. Il devait se procurer la liste des Archimages actuellement en place, même s'il doutait avoir des surprises. Les mêmes avaient siégé des siècles, pourquoi les choses auraient-elles changé ? Et cet homme, Adril Helaren de Nimbrethil, il ne lui faisait pas confiance. « Rentrez bien. ». Ce n'était qu'une capitulation de surface. Il disparut.

Edwina soupira à son tour, consciente que les choses devenaient de plus en plus complexe. Elle finit par murmurer « Cet homme est fou. » avant que son attention soit de nouveau attirée par quelque chose. Ce sentiment était récurent ici. Elle ne comprenait pas ce dont il s'agissait et elle ne le découvrirait sans doute pas en ce jour. Elle resta un instant sans bouger avant de tourner son regard vers Adril, lui et ses oreilles à la courbe parfaite. « Je... je vais rentrer seule, finalement. ». Elle venait de se rappeler des mots de Cocain sur ses faveurs et tout ceci la mettait mal à l'aise. En plus, sans le tissu qui serrait sa poitrine habituellement, elle se sentait aussi nue que lorsqu'elle l'avait véritablement été. C'était sans doute psychologique mais elle n'y pouvait rien. Elle commençait à comprendre certaines choses et ce dont elle était certaine, c'est qu'il la rendait toute chose. Être seule avec lui à l'heure actuelle relevait du défi. Elle n'arrivait pas à se concentrer. Peut-être était-ce sa virilité. Oui, sans doute. Il savait se battre, il était fort, ça lui faisait de l'effet, c'était normal. Elle n'avait pas l'habitude, voilà tout. Elle devait se ressourcer. « Je vous donne congé. Vous pourrez vous occuper de... votre femme et de toutes les choses que vous souhaitez comme ça... J'ai des choses à faire de mon côté. ». Elle marqua une courte pause, les battements de son cœur s'étant un peu intensifiés. « Nous aurons qu'à nous rejoindre ici plus tard. J'enverrai quelqu'un vous chercher... ». Ses yeux passèrent sur les lignes de son cou avant qu'elle ne se retourne. Il y avait un soucis chez elle, c'était sûr.
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Lorsque le saphir de ses yeux rencontre la forêt du sien. (Pierre. Solo)

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