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 [XVII] La valeur d'un livre | Lysium & Alba

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2340
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Jeu 28 Fév 2019, 17:23

Catégorie de quête : XVII. Négociation
Partenaire(s) : Alba
Intrigue/Objectif : L'habitacle d'Alba est récupéré par Lysium. Ce dernier va être amené à l'impliquer dans une affaire de contrats commerciaux avec certaines des mines environnantes.







Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
La valeur d'un livre




S’il avait prononcé le moindre mot, peut-être que le sorcier aurait été surpris par les échos de cette salle vide. Lysium aimait les hauts plafonds et les espaces larges. Pourtant, ses demeures étaient généralement plus abondamment meublées, ce qui enlevait à la pureté de leur acoustique. Cette bâtisse-là avait été achetée peu après sa construction. L’ancien propriétaire s’était fait assassiner, après une tentative de spéculation immobilière infructueuse. La vie à Valera Morguis est dangereuse, pour qui se montre un peu trop tapageur.
« Devrais-je faire l’inventaire du mobilier ? Que nous reste-t-il à acheter, maître ? » Hazinoklenn mit fin au silence, communiquant avec son maître à l’aide d’une boule à neige enchantée. Ce genre d’artefacts se retrouvait de temps à autre dans la nature, accessible à ceux qui y mettraient le prix et aux chanceux. Il va sans dire que Lysium appartenait à la première catégorie.
« Pas grand-chose. Laisse-moi y réfléchir. » Dans sa demeure à Nementa Corum, le mage noir n’avait jamais manqué une occasion pour commander la moindre futilité matérielle. Seulement, cet endroit ne lui inspirait rien. Tout d’abord, il y faisait trop froid. Ensuite, il ne connaissait personne. Pour finir, tout le monde ici semblait obsédé par la connaissance et la science. Non pas que le fidèle d’Asresh tienne à rester inculte : il voyait juste les expériences, cadavres, dissections et autres occupations favorites du savant fou comme une obligation peu épanouissante pour lui. Ce qui le faisait vibrer, lui, c’était l’argent. Les pièces en elles-mêmes possédaient une certaine saveur, mais la manière de les obtenir, de jouer avec pour obtenir telle ou telle chose le fascinait encore plus. Ici, les motivations n’étaient pas les mêmes. On cherchait avant tout la grande science, la biologie, la runologie… Lysium ne pouvait rien apporter à tous ces champs d’études. Malgré cela, Valera Morguis représentait une opportunité d’ascension sociale à ne pas manquer : voilà pourquoi les Fortas-Petraliphas s’y étaient installés.
« Si, j’ai bien besoin de quelque chose. » Une idée étrange s’imposait, sous la tignasse rousse du sorcier. « Apporte-moi l’étagère de ma chambre. Celle d’Amestris, je veux dire. » Il n’avait pas envie d’un meuble de plus. Cependant, sur ces planches se tenait un objet magnifiquement conçu : Ophélia. Sans comprendre pourquoi, Lysium voyait bien que tout était mieux lorsque ce jouet était là. Sans doute était-ce sa valeur décorative, qui jouait sur l’humeur du sorcier.

Le jeune homme eut un instant l’envie de sortir, pour développer quelques relations sociales avec ses nouveaux voisins. Rencontrer de nouveaux plébéiens sales, cherchant à faire financer leurs faux travaux sur la nécromancie en vantant ô combien leur concept est révolutionnaire… il aimait tout cela. Pour être plus précis, il aimait faire claquer un refus catégorique au nez de ceux qui quémandaient son aide. Lysium savait à quel point ce genre de comportements pouvait le mettre en danger, mais ne pouvait s’en empêcher. À cause de ce genre de maladresses, sa famille avait dû faire face à des revanchards, à une époque. Toutefois, ces temps-ci, on les oubliait. Ce n’était pas une mauvaise chose.

Écartant d’un soupir l’idée de quitter sa demeure réchauffée, le mage noir préféra poser son regard sur ce qui l’entourait. L’avantage, c’est qu’il n’y avait pas grand-chose à voir. Une bibliothèque, un portemanteau, quelques armoires, quatre fauteuils, une cheminée… l’ensemble formait un tout très impersonnel. Il allait vraiment falloir remplir cette maison de babioles.
Ses iris turquoise s’attardaient sur les œuvres de sa bibliothèque. Lysium n’avait lu aucune d’entre elles. Les livres étaient juste là en tant qu’ornements. Cependant, tant qu’il était là à s’ennuyer, autant les trier dans l’éventualité que l’un d’entre eux se montre divertissant. Dans le pire des cas, il se cultiverait.

Juger un livre à sa couverture. Voilà une expression intéressante, que le sorcier prenait au sens littéral. En effet, sans même prendre le temps de survoler quelques pages, il mettait de côté les bouquins dont la texture, l’odeur ou la couleur ne lui plaisaient pas. Lysium s’ennuyait vite d’un livre qui ne sentait pas bon. Et puis… certains d’entre eux étaient trop lourds. Il n’avait pas non plus envie de finir avec des crampes aux doigts.
Après avoir reposé un énième dictionnaire, le mage noir commença à perdre espoir. Quand il avait dit à Hazinoklenn de prendre « n’importe quoi pour remplir la bibliothèque », il ne pensait pas vraiment que sa servante le comprendrait ainsi, et achèterait la même encyclopédie trois fois. Lysium considérait le reste de sa collection, cherchant le volume qui serait le plus fin et élégant. L’un d’entre eux sortait du lot. Les motifs dorés l’attiraient. Sorcier ou déchu d’avarice, il était parfois dur de faire la différence, lorsqu'il s'agissait de l'héritier des Fortas-Petraliphas.
792 mots
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Sam 02 Mar 2019, 19:49

[XVII] La valeur d'un livre | Lysium & Alba 3vg3
La valeur d'un livre



Bon, vous vous rendez compte à présent que je ne suis pas une enfant. Non, vraiment. Je pourrai continuer à vous le faire croire mais ce n’est pas le cas, alors autant y aller franchement. Crise d’adolescence ? Peut-être. Un Génie peut-il seulement l’éprouver ? J’en doute un peu. Et puis, de toute façon, très clairement, je vous emmerde. Si vous ne pouviez pas vous reposer, comme moi, si vous ne pouviez pas copuler, comme moi, si tout vous paraissait fade, vous comprendrez sans doute mon point de vue. Vous êtes là pour rêver, à ma place, et je suis là pour exaucer vos rêves, à la condition qu’ils ne soient pas trop compliqués. La poésie vous manque ? Tenez, j’ai cette phrase pour vous : « La Poésie n’était au premier âge qu’une théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre. ». Bonne chance. Pourquoi ai-je soudainement les cheveux bleus ? me demanderez-vous sans doute. « C’est pour faire parler les bavards ! » répondrais-je. Non, en réalité, je suis fan du Roi des Magiciens, vous savez, Caliel Araé-Suellan. Ou pas. Peut-être que je mens. Ça se peut. Après tout, je suis un Génie, un menteur, un manipulateur. Suis-je seulement une femme ? De toute façon, j’ai le regret de vous annoncer que cela ne servirait à rien de le savoir. Ce n’est pas comme si, vous et moi, pouvions nous reproduire ; sauf si vous le souhaitez, bien sûr. Néanmoins, je crains fort ne point posséder assez de magie, pour le moment. Dommage hein ? Un beau petit bébé, sorti du néant, aurait sans doute été amusant à façonner. Il y en a eu d’autres, par le passé. Je vous laisse deviner qui. Quoi qu’il en soit, je vais arrêter de m’adresser directement à vous. La troisième personne a le grand privilège de laisser les mystères intacts. Alors, à partir de maintenant, partez du principe que, vous et moi, jouons au chat et à la souris. Je vous laisserai tout de même quelques indices, afin que vous essayiez de résoudre mon énigme ; je suis magnanime.  

Ƹ̴Ӂ̴Ʒ

Alba suivait en voletant les quelques papillons qui étaient apparus au-dessus de son océan. Elle aimait l’eau, elle aimait l’horizon, sans doute fruit de sa vie précédente. Le Temps lui paraissait s’écouler lentement. Elle pouvait créer, magnifier et éprouver, peut-être. Rien n’était moins sûr. Lorsque son cœur n’en pouvait plus, lorsque la morosité la prenait, alors une tempête venait s’abattre sur ce qu’elle avait façonné. Finalement, si tous les Génies avaient été de petits Sympan, le Monde n’aurait pas eu une telle longévité. Il se serait évité bien des tourments. Pourtant, peut-être est-ce que le positif ne pouvait s’apprécier qu’en comparaison du négatif. Être éternel, une punition bien cruelle. Beaucoup pensent, cela dit, que cela serait merveilleux, avoir une infinité de possibilités. La possibilité de rencontrer son grand amour, la possibilité de devenir riche… l’éternité et ses probabilités. Peut-être pas demain mais dans deux millions de lunes. Alba se demandait ce qui était le mieux : n’avoir qu’une cinquantaine d’années à vivre, une existence pas forcément parfaite, sans doute un peu fade, moyenne, ou vivre jusqu’à l’extinction de l’univers, en passant par des phases merveilleuses et des phases horribles. Serait-elle encore là, lorsque les Sages décideraient de changer d’Ère ? Son débat intérieur devrait attendre. Un rêveur venait d’apparaître dans son horizon de rien, un rêveur qui pourrait la rendre plus puissante, peut-être. Elle se demanda un instant à quoi est-ce qu’il ressemblait, aimant imaginer la tête de ceux qu’elle ne connaissait pas encore mais qu’elle serait bien obligée de servir. Une femme, cette fois ?

En avisant la crinière rousse de l’individu qui tenait entre ses doigts son livre, elle fit une moue légèrement déçue. Ce n’était décidément pas une femme ou, alors, une femme qui cachait bien son jeu. Elle soupira, se demandant quand est-ce qu’elle serait assez puissante pour ne pas dépendre de ce machin, aussi significatif soit l’ouvrage pour elle. Elle rêvait de voler de ses propres ailes, de n’être soumise qu’à ses propres caprices. Malheureusement, ce temps, le temps de la liberté, semblait bien lointain. Elle regarda autour d’elle, se rendant compte que l’heureux – cela restait à voir – élu venait tout juste d’emménager. Son livre avait-il été vendu ? Elle espérait qu’il avait été cédé à un bon prix, au moins. D’une physionomie adulte, Alba observa l’individu un instant, un air légèrement rebelle sur le visage. Elle avait envie de changer de registre. En temps normal, les Djinn étaient des êtres fait de malices, d’entourloupes, de beaux parleurs, des manipulateurs. Ils prêchaient le faux pour savoir le vrai. Cela étant, la Génie savait parfaitement qu’elle était bien trop faible pour charmer son auditoire. C’en était rageant, une rage qui s’illustrait fort bien dans sa posture. « Bon. T’es qui ? Où est-ce qu’on est ? Et qu’est-ce que tu veux ? ». Simple, direct… L’efficacité restait à démontrer. Elle se promettait qu’elle retournerait dans le chemin du Beau un jour, néanmoins. Il ne fallait pas rigoler, elle ne souhaitait pas que ses semblables la prennent pour une rustre. Elle voulait aller haut, loin.

865 mots

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Mer 06 Mar 2019, 12:08


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
La valeur d'un livre


Madame Pimprenelle. Derrière ce nom ridicule se cache un odieux personnage, aux méthodes d’éducation peu orthodoxes. Tout cela remonte à quelques années auparavant, dans l’enceinte d’une des écoles de la Capitale sorcière. Professeure un poil aigrie, cette charmante femme avait décidé d’enfermer l’un de ses élèves, une fillette peu assidue. Ne pensez pas que la jeune fille — Octavie de son prénom — fut simplement mise au coin, ou déplacée dans un cachot sombre. Non, certains mages noirs savent se montrer plus inventifs, en matière de punitions. Ainsi, la petite fut enfermée dans un livre d’algèbre, condamnée à ne pouvoir en ressortir que lorsqu’elle aurait compris sa leçon.
Lysium, témoin de la scène, avait bien ri, avec tous ses amis. Enfin, ces gens-là n’avaient d’amis que le nom, puisqu’ils n’en avaient qu’après l’argent de l’héritier, mais ce n’est pas le plus important. Le rouquin s’y était habitué. Revenons plutôt à notre histoire : une lune plus tard, Octavie put ressortir de sa prison. Autant dire qu’elle n’avait pas l’air joyeuse, en apprenant que ses camarades n’avaient même pas cherché à l’aider.
Le fidèle d’Asresh songeait à cette histoire. Il aurait été plus judicieux pour lui de penser à contrôler sa mâchoire, qui tombait d’étonnement. Seulement, voilà, le cerveau fait des siennes dans les situations surprenantes, et l’on ne peut pas tout maîtriser. Alors, faisant face à la femme qui se dressait sous ses yeux, Lysium ne pouvait s’empêcher de se demander qui était la Madame Pimprenelle de cette Octavie.

« Des salutations s’imposent. Soyez plus polie, je vous prie. » Sa bouche s’était animée toute seule, prononçant des mots avant qu’il n’y ait réfléchi. Le sorcier exigeait les bonnes manières des autres par réflexe. Dès lors qu’il s’agissait de lui-même… disons qu’il savait se montrer plus laxiste, en particulier avec les esclaves. Face à cette femme, il s'était réservé le droit de ne pas répondre aux question qu'on lui posait. Sait-on jamais, il ne valait mieux pas révéler l'existence de Valera Morguis à n'importe qui.
« Qui êtes-vous ? Qui vous a mise dans ce livre ? Dépêchez-vous de répondre avant que je n’appelle la garde. » Des questions assez génériques, suivies d’une menace finalement ridicule. L’armée du Talleb devait quotidiennement abattre des dizaines de créatures sanguinaires, et n’allait probablement pas se préoccuper d’une femme aux cheveux bleus sortie d’un petit bouquin. Au moins, peut-être serait-elle intimidée par le ton sec du roux. Lysium n’allait pas se faire marcher dessus par une inconnue, peu courtoise qui plus est.

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Hazinoklenn arrachait progressivement l’étagère à son socle. Dans une autre réalité, une réalité où elle pouvait penser par elle-même, la Mur aurait remis en question la décision de son maître. Certes, elle allait la lui donner, mais que pouvait-il bien vouloir d’une planche de bois fixée à un mur ? Toutefois, dans ce monde, à cette époque, celle que ses sœurs appelaient Numéro Trois ne réfléchissait pas. Non pas qu’elle n’en ait pas la capacité : Hazinoklenn souhaitait juste agir, et prenait plaisir à cocher chaque tâche effectuée sur sa liste sans plus questionner les ordres.

Une fois l’étagère détachée, la créature s’assit pour prendre le temps de respirer. Elle n’avait pas besoin de repos au sens propre du terme. Cependant, il faut bien reconnaître que créer un portail assez grand, y faire entrer l’objet et le porter jusqu’à la nouvelle demeure familiale sont trois actions demandant des muscles neufs. Elle ne voulait pas risquer de faire tomber quoi que ce soit. Alors, la créature attendait patiemment que sa force et sa magie lui reviennent.

« Si tu vas voir Lysium là-bas, explique-lui qu’une nouvelle mine cherche des investisseurs. Ne dis pas que l’information vient de moi, par contre. Il n’aime pas que je le conseille. » Irène souriait, prête à téléporter la servante.

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On raconte qu’un sage elfe aurait théorisé, il y a des siècles de cela, un principe fondamental, constante de l’univers. Cette règle fut plus tard baptisée par un réprouvé non moins sage : ainsi naquit la loi de l’emmerdement maximum. « Un emmerdement suit dans la majorité des cas un autre emmerdement, amplifiant ainsi l’ennui causé par l’emmerdement précédent. La somme de ces emmerdements tend alors vers une courbe exponentielle. »
En pratique, cela signifie que la tartine tombera du côté beurré, et que, en tentant de la ramasser, vous vous coincerez un nerf du dos. Cela peut aussi dire que, en cherchant à sauver cette feuille sur laquelle vous avez renversé un verre d’eau, vous la déchirerez par maladresse. Appliqué à la situation actuelle, ce principe dictait que Lysium, devant déjà faire face à une clandestine qui venait d’apparaître dans sa nouvelle maison, devrait expliquer la situation à celle qui venait de passer la porte. Hazinoklenn.
« Une intruse ? » La servante commença à brandir une dague. Si seulement elle avait pensé à emporter sa hallebarde... Ils avaient déjà eu affaire à des voleurs, voire des assassins. Elle ne comptait pas perdre son maître à nouveau.
« Reste calme, Hazin. Ce n’est rien de grave. » Quelques années plus tôt, il aurait hurlé à la mort et se serait écroulé sur le sol en voyant une inconnue apparaître chez lui. Cependant, aussi étrange que cela puisse paraître, le seul moyen d’échapper à la loi de l’emmerdement maximum était de ne plus rien faire, de ne plus rien penser, de ne plus rien dire. Alors, le bourgeois imitait la statue, comme si la situation allait s’arranger d’elle-même. Il serait longtemps resté dans cet état si Hazinoklenn, maintenant paisible, n’avait pas haussé la voix.
« Une nouvelle mine cherche des investisseurs. » L’information était sortie comme ça, sur un ton inadapté et sans vraiment que la servante la comprenne réellement. Au moins elle avait eu le mérite de réveiller son maître.
930 mots.
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Dim 10 Mar 2019, 20:40

[XVII] La valeur d'un livre | Lysium & Alba 3vg3
La valeur d'un livre


Alba sourit après qu’il ait formulé sa demande. « Bien sûr. » répondit-elle, comme une serveuse l’aurait fait après qu’un client lui ai indiqué ce qu’il souhaitait consommer. C’était bien là ce que faisaient les Djinns, n’est-ce pas ? Répondre aux attentes des Rêveurs. Ce désir-ci était facile à satisfaire.  « Je vous présente mes excuses, jeune homme. ». Elle exécuta un léger signe de tête. « Enchantée, je m’appelle Alba. Quant à ce livre… ». Elle sembla réfléchir un moment. « Souhaitez-vous réellement savoir ? ». Plus il formulait des désirs, plus sa magie grandirait. Cela étant, pour le moment, à part lui raconter ce qu’elle savait et effectuer de petites tâches ou créations sans grande importance, elle s’avérerait forcément décevante. La Génie en avait conscience et c’était pour cette raison qu’elle devait aussi miser sur de plus petits souhaits. Le contrat pouvait se renouveler. Trois vœux pour commencer puis, s’il s’avérait intéressant, elle continuerait de le servir jusqu’à ce qu’il se lasse. Il pouvait être celui qui la ferait grandir. « L’histoire est bien complexe, trop sans doute. Sachez simplement que ce livre n’est pas réellement une prison. Et… ». Elle marqua une pause, le fixant d’un air entendu. « Il possède une grande valeur. ». Elle sourit. C’était vrai, tant par son contenu, caché aux yeux du monde, que par le fait qu’il l’enchaînait, elle. Néanmoins, elle n’avait pas l’intention de lui en dévoiler plus. Elle comptait gagner en puissance, ce qui se ferait forcément au détriment de ce roux, à un moment ou à un autre. Elle était trop faible pour le tromper, tel un poussin à peine sorti de l’œuf, mais s’il restait lié à elle, les choses ne seraient pas toujours ainsi. Ceux qui souhaitaient trop finissaient souvent par se perdre. Les contreparties étaient rarement à l’avantage de celui qui rêvait. Dommage qu’elle ne puisse encore en exiger. Elle devait patienter et expliquer à cet homme qu’ils étaient à présent liés. Il s’était approprié son habitacle. Ils étaient coincés, ensemble.

Avant qu’elle n’ait pu prononcer le moindre mot, une étrangère vint briser leur duo. Alba regarda la dague d’un air contraint, soupirant discrètement. « Vous pouv… ». Elle avait commencé à murmurer que ce serait bien inefficace de la menacer d’une arme mais, finalement, il valait mieux garder la surprise pour plus tard, au cas où l’un des deux essaye de la tuer pour de bon. En plus de cela, ce n’était pas parce que l’objet en lui-même ne pouvait pas la blesser physiquement qu’elle ne ressentirait pas la torture psychique de sa morsure ; autant s’épargner une douleur inutile. « Des mines ? » demanda Alba, d’un ton intéressé. Son physique muta lentement mais surement. Ses traits d’adolescente s’effacèrent pour laisser place à un visage plus rond et plus doux. Ses cheveux devinrent moins fluorescents, le bleu se retirant au profit d’un violet foncé. Elle réfléchit quelques instants. « Hum… ». Ses yeux fixèrent le néant un moment avant qu’elle ne prenne une décision. « Bien, recommençons, voulez-vous ? » fit-elle d’un air apaisé. « Comme je le disais, je me nomme Alba. ». C’était faux mais là était l’une des règles fondamentales chez ceux de son espèce : le pseudonyme sauvait de la servitude éternelle. Était-elle assez folle pour se lier ad vitam aeternam ? Non. « Disons que je suis ici pour vous aider, plus que moins, en tout cas. Je ne suis pas une servante mais si vous souhaitez quelque chose de… eh bien… ». Elle soupira, cherchant une image afin d’appuyer ses propos, une façon adéquate de lui présenter la situation. « Voyez-moi comme un faon venant de naître et devant apprendre à marcher. J’exaucerai vos désirs si vous êtes capable de modération, dans un premier temps. Plus notre lien durera, plus vous souhaiterez, plus je serai capable de vous apporter de plus grandes satisfactions. Par exemple, à termes, ces mines pourraient vous appartenir… ». Elle n’était pas certaine de son coup mais l’attention de l’homme avait semblé se tourner vers la nouvelle avec une certaine passion. « Il faut, pour cela, que je m’exerce. La magie est une chose complexe. ». Ses capacités étaient surtout limitées. Quoi qu’il en soit, pour l’instant, elle ne le connaissait pas et ne savait pas où est-ce qu’ils se trouvaient. Le fait que le territoire comporte des mines pouvait lui servir d’indication mais, d’un autre côté, elle n’était pas sûre que les mines se trouvent effectivement proches d’eux. Sur qui était-elle tombée ? Où se trouvait-elle ? La dernière fois, elle était au beau milieu de Basphel. Avait-elle beaucoup voyagé, depuis lors ?

769 mots

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Mar 19 Mar 2019, 22:34


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
La valeur d'un livre


Lysium se taisait. En dehors des esclaves, rares étaient ceux qui lui obéissaient aussi facilement. Peu imposant, et généralement perçu comme agaçant, asseoir son autorité n’avait jamais été chose aisée, pour le sorcier. Avec le temps, ces choses s’arrangeraient — tout du moins c’est tout ce qu’il pouvait espérer —. Chaque jour que le temps lui offrait le renforçait un peu plus. Ce n’était pas assez. Il n’était pas satisfait. Il se sentait — et demeurait — faible. Si le fidèle d’Asresh voulait un jour dépasser tous les mages de la corruption, il devait soit augmenter sa longévité et s’armer de patience, soit améliorer la vitesse à laquelle il se perfectionnait. Cependant, quiconque connaissait Lysium savait qu’il n’était pas homme à choisir. Il voulait les avantages des deux options.

« Un jour, moi aussi, je serais éternel et puissant. »

La dénommée Alba changeait d’apparence aussi rapidement que de comportement et de niveau de langage, ce qui piqua légèrement la jalousie du sorcier. Pour ajouter une touche de nouveauté à leur apparence, ceux qui, comme lui, n’avaient pas ce pouvoir se contentaient d’utiliser colorants et potions. Souvent, il assombrissait ses cheveux à l’aide de feuilles d’indigotier, ou prenait un teint différent, mais la magie lui permettait difficilement d’aller plus loin.

« Un jour, moi aussi, je serais capable d’être ce que je veux, tant mentalement que physiquement. »

Après que la menace toute relative que représentait Hazinoklenn se soit calmée, l’étrange femme au livre reprit la parole. Elle se présentait comme une... aide, ou quelque chose du genre. Ce fait fit hausser un sourcil au mage noir. En ces lieux, il suffisait de ne pas être sorcier pour recevoir le rôle de serviteur ; inversement, quiconque possédant l’essence d’un mage noir pouvait, en l’échange de quelques pièces, asservir ceux dont on avait pris tout droit. Là était l’avantage d’une société basée sur l’esclavage. Savaient-elle où ils se situaient ? Gardant cette réflexion dans un coin de son crâne, Lysium se contenta d’acquiescer face au discours d’Alba. Il valait mieux ne pas sortir toutes ses cartes maintenant. Et puis... les propos de cette étrange femme semblaient tout droits sortis d'un livre fantastique — aussi ironique cela soit-il —.

« Tout ceci est assez perturbant. Il faudra que je prenne plus de temps pour méditer sur les tenants et aboutissants de ce que vous me proposez. Mais avant cela, je tiens à réagir à ce que vous disiez plus tôt ; à ce que vous n'avez pas dit, pour être exact. Que s’est-il passé pour que vous finissiez dans ce livre ? Est-ce dangereux ? Contagieux ? Une malédiction, peut-être ? » Bien que la principale concernée ne semblât pas considérer ce carnet comme une prison, Lysium peinait à imaginer que l’on ne puisse pas se sentir à l’étroit entre deux pages. Cependant, sentant que ses questions se faisaient un peu trop nombreuses, le sorcier se mit à soupirer. « Vous m’expliquerez tout ça en temps et en heure. Cela nous occupera tous les deux. » Il voulait tuer l'ennui, on l'avait servi. Cette Alba avait exaucé ce souhait avant même qu'ils ne se soient rencontrés.

« Hazinoklenn, présente les lieux à notre invitée. Sous une forme plus agréable, bien entendu. » L’apparence monstrueuse du Mur n’avait pas résisté à la panique récente. Elle tenta de reprendre sa physionomie la plus passe-partout, mais échoua. Sa peau s'étira dans tous les sens sans vouloir prendre une forme qui convenait. Puis, le sort se dissipa. Elle aussi, ne maîtrisait pas ce don. « Je crains devoir continuer en l’état, maître. » Lysium grinça des dents. On lui avait expliqué que la faiblesse de Haze n’était que le reflet de sa propre incompétence. Avait-il vraiment besoin d’une personne pour lui rappeler chaque jour qu’il n’était pas parfait ?

« Un jour, elle aussi, sera l’une des meilleures. »

La Chose se tourna vers Alba, cherchant à ajouter de l’émotion dans sa voix. « Bon, et bien… soyez la bienvenue ici. Nous sommes à Va — » « Vannkielst de Marny. Charmante bourgade située sur l’île de Morguis. Mais ça, notre invitée le sait sûrement. Fais-lui plutôt le tour du propriétaire. » Cette interruption fut étonnamment vive, pour quelqu'un d'aussi lent que lui. Dire que Lysium foudroyait sa servante du regard serait un terrible euphémisme. Dans son esprit, il l’avait égorgée une trentaine de fois pendant les quelques microsecondes où Hazinoklenn menaça de révéler le nom du territoire secret. Cela étant dit, l’empressement spectaculaire dont le roux avait fait preuve pour rattraper l’erreur de la créature était révélateur d’une certaine gêne. Et, au-delà de ces considérations-là, le nom factice qu’il avait inventé frôlait le ridicule. Vannkielst ? Un confiseur, à Amestris. De Marny ? Les propriétaires de l’Antre de la dame. Quant à Morguis, il me semble ne pas avoir besoin de préciser de quel endroit il s’était inspiré.

« Vous savez quoi ? Oublions la visite, je suis certain que Alda saura se repérer. » L’intonation de Lysium ne laissait pas paraître sa panique ; sa prononciation, au contraire, en disait long sur son état mental. Il venait d’écorcher le prénom de leur invitée. « Dites-moi, Alba, vous disiez pouvoir m’aider à posséder ces mines… comment pourriez-vous vous y prendre ? » Dans d’autres circonstances, il aurait agrémenté ses paroles d’un trait d’esprit acerbe et de mauvais goût. Il y songea, mais rien ne vint. Dans les situations comme cela, la panique peut avoir différents symptômes, variant d’une personne à l’autre. Certains emplissent la pièce d’un rire anxieux qui n’en finit pas. D’autres pleurent. Lysium, lui, se murait dans une manière de parler sobre et ennuyeuse. Son ton perdait tout naturel, ressemblant de plus en plus au discours d’un aliéné à qui on aurait enlevé toute conscience.
961 mots.
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Ven 12 Avr 2019, 09:54

[XVII] La valeur d'un livre | Lysium & Alba 3vg3
La valeur d'un livre



« Excusez-moi. » fit-elle dans un murmure avant de disparaître.

L’océan s’étendait de nouveau, calme, cette fois. Sans doute aurait-elle pu contempler son reflet sur cette eau, semblable à de la glace. Perdant toute matérialité, elle « soupira ». Il était bien plus aisé de n’être qu’une magie sans forme et sans artifice, plus tenable d’être elle-même, tout simplement. Quant à ce qu’elle était avant d’être transformée, elle se refusait d’en utiliser l’apparence. Alba fit le vide un instant dans son esprit, un vide salutaire. Après quoi, elle se mit à réfléchir à la situation. Hazinoklenn avait tout l’air d’un Mur, ou d’un esclave maudit. Elle « grimaça ». Avant, elle aurait pu continuer la déduction logique, faire courir le fil de ses pensées d’une main de maître pour arriver à deviner le lieu dans lequel elle se trouvait. Ce n’était pourtant pas bien difficile, eu égard aux éléments du décor, au comportement de ce jeune homme et à ce qu’il avait clamé. Seulement, ces indices lui échappaient totalement. L’ignorance était pire que tout. La connaissance apportait le pouvoir ; l’inverse était tout aussi vrai cela dit, à condition de se servir du pouvoir pour se procurer ladite connaissance. Elle n’avait ni l’un ni l’autre, juste les bribes de son existence passée qui pouvaient l’aider ; ce qu’elle entendait parfois, aussi. La punition avait été sévère. Elle réfléchit à la réaction bien trop vive du rouquin. Il cachait quelque chose. Qui était-il ? Avoir un Mur était révélateur d’un avenir prometteur, en règle générale du moins. Cependant, elle n’était même pas certaine que la créature en soit un. Après tout, le monde regorgeait de choses qui pouvaient modeler leur apparence à volonté. Cela dit, choisir une forme aussi moche relevait soit de la bêtise, soit du talent. Elle soupira de nouveau, rassemblant ses forces. Elle devait réapparaître, sinon, il allait finir par essayer de détruire son livre. Elle lui devait quelques explications.

Elle réapparut, sous une nouvelle apparence. C’était toujours étrange de se retrouver dans le monde principal. Les lois de la physique y étaient différentes. Elle se sentait bien plus lourde et la « fatigue » la gagnait vite. « Encore une fois, désolée. Je ne peux pas encore rester dans ce monde longtemps. Envisagez-moi comme un Humain qui se retrouve tout à coup dans un climat glacé. L’adaptation est rude. » fit-elle. Quant au livre, elle devait trouver de quoi satisfaire sa curiosité sans lui en dire trop. « Cet ouvrage est l’équivalent de ma maison, un endroit dans lequel je peux me reposer et me ressourcer. Il est parfois capricieux cependant et est bien plus étendu qu’une simple maison. ». Elle sourit. « C’est plus grand à l’intérieur. ». Heureusement car la magie qui la constituait aurait sans doute eu bien du mal à trouver sa place au sein du volume du journal. « Je ne suis pas maudite. Ce n’est pas dangereux, ni contagieux. C’est simplement ainsi. Un peu comme le physique d’Hazinoklenn, si je ne me trompe pas. ». Elle avait eu un Mur, elle aussi, même si elle n’avait aucune idée de sa position actuelle. La transformation avait changé tant de choses, entre autres…

« Quant à votre question, ô Maître de Vannkielst de Marny, elle est assez simple… ». Elle s’était approchée du rouquin d’un air joueur. « Si vous souhaitez ces mines, vous avez deux choix : essayer de les obtenir par vous-même après un travail acharné de plusieurs années, qui sera peut-être vain, ou me laisser vous aider. Pour que je puisse influer le cours des choses, j’ai besoin de puissance. Pour obtenir de la puissance, j’ai besoin que vous souhaitiez. Comme je l’ai dit, il faudra commencer par de petites choses : un baiser, une information de faible importance, la création d’un objet inutile. Je suis telle un artiste qui découvre son art. J’ai besoin de m’entraîner avant de devenir un peintre de talent, un musicien de génie. ». Génie, c’était ce qu’elle était. « Je ne suis pas tenue à la réalisation physique, je n’ai guère besoin d’éplucher des pommes de terre à la main pour obtenir ce résultat. Je peux les modeler, les modifier, pour qu’elles soient prêtes à être dégustées. Je peux être ce que vous voulez, qui vous voulez, prendre l’apparence de votre mère, de votre amante, et vous faire obtenir ce que vous désirez. Rêvez et j’essaierai de faire au mieux pour que votre rêve devienne réalité. ». Elle sourit. « Cela vous va-t-il comme explication ? ». Elle haussa les épaules. « Si vous n’êtes pas convaincu, nous pouvons pratiquer. ».

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Lun 06 Mai 2019, 14:44


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
La valeur d'un livre




« Oui. Votre explication est limpide. » La chose qui était sortie de ce livre portait en elle une certaine éloquence. Sans doute avait-elle une ascendance bourgeoise, voire noble. Cela dit, puisque les apparences peuvent être trompeuses et que la première impression qu’elle lui avait faite n’était pas celle d’une dame du monde, Lysium préféra considérer que, pour une roturière, Alba savait flatter autrui. C’était loin d’être déplaisant.
Le sorcier ne pouvait s’empêcher de noter son appréciation des images et autres comparaisons. Elle était artiste découvrant son art, humain dans un climat glacé, faon à peine né… mais ces pirouettes-là ne fonctionnaient qu’à moitié, car, pour son interlocuteur, elle se présentait avant tout un avantage potentiellement dévastateur. Bien entendu, la plupart des mages noirs aime voir la vie comme un jeu d’échecs dont ils seraient les maîtres alors qu’en réalité, ils ne sont que les pions de confrères, eux-mêmes le Fou de quelques-uns, la Tour de certains, et le Cavalier d’autres. Lysium ne faisait pas exception à ce petit manège qui, souvent, perdait de son sens avec les années. Cependant, cette fois-ci, ce n’était pas sa vision biaisée du monde qui parlait, mais bien la mystérieuse créature qui lui faisait face. Elle se présentait comme un atout de manière presque trop honnête. Peut-être que tout cela était un mensonge. Qu’était-elle, au juste ? Ses explications ne lui suffisaient pas, mais le sorcier doutait qu’il obtienne plus. Surtout, il était bien plus intéressé par ce qu’Alba avait à lui proposer. Une partie de son être essayait tout de même d’éviter de s’emballer. Peut-être était-ce une espionne ? Quoi qu’il en soit, découvrir la vérité n’allait pas être chose aisée. C’est pourquoi il fallait la garder proche.

« Je ne suis néanmoins pas contre la pratique, puisque vous me le proposez si gentiment. » Souhaiter ? C’était bien son premier talent. Lysium saurait remplir sa partie du contrat. « Je suppose que vouloir objet petit, mais extrêmement utile, comme, par exemple les clés du Palais d’Amestris, serait trop demandé. Alors pourquoi pas… » Lysium buta dans sa réflexion l’espace d’un instant. Cela pouvait paraître surprenant, puisqu’il avait fait preuve d’une curieuse vivacité une minute auparavant, mais il s’agissait de son état normal. « Pourquoi pas une marionnette ? Ce n’est pas très utile, mais assez décoratif. » Ce jouet, Ophélia — puisque c’était ainsi qu’il l’appelait — lui manquait, étrangement. Quel dommage qu’Hazinoklenn ait ramené l’étagère sans penser à prendre ce qu’il y avait dessus. Ou, plutôt, quel dommage que Lysium ne soit pas assez puissant pour que son Mur ait l’intelligence qui allait avec. « Vous pouvez en créer une ? Sinon, vous pouvez aussi téléporter celle qui se trouve dans l’une de mes autres résidences. » Les deux options lui plaisaient, mais il penchait pour la seconde.

« Vous pouvez créer… un arbre ? Des pierres précieuses ? Une boisson chaude, peut-être ? Des bijoux ? » Lysium n’était pas un homme de petites ambitions, mais, puisqu’on le forçait à en trouver, il en donnerait toute une flopée. Il pouvait en citer des dizaines ; des centaines, même. Cependant, étant donné que son invitée se retrouverait sûrement rapidement débordée, il s’arrêta. Cela lui laissa le temps de réfléchir à nouveau, puisqu’il semblait incapable de penser si sa bouche s’animait. Le don de création, la magie bleue… ce n’était pas commun. Oh, bien sûr, si on limitait la chose à un élément ou un objet — Lysium savait déjà le faire avec l’or, dans une certaine mesure, c’était envisageable pour un non-magicien. Le souci, c’est qu’Alba ne lui proposait pas juste cela. Elle devait être autre chose.

« Rassurez-vous, vous avez tout le temps devant vous pour vous perfectionner et invoquer ces bidules de je ne sais où. Je suis patient, et ma famille vous offrira le gîte, ainsi que le couvert. » Si le sorcier supposait vaguement que l’essence de cette femme devait être celle d’une race mythique, il ne se doutait pas encore de l’étendue des contraintes de sa forme. « Tout cela dans l’idée, bien entendu, d’obtenir ces mines. » Un sourire machinal vint fendre son visage, et redonner un peu de vitalité à sa peau, encore pâle de l’incident qui avait failli se produire.

Hazinoklenn, quant à elle, restait fixe. Ses réflexions l’amenaient à se demander comment Alba avait deviné que son apparence était tout à fait naturelle. Quand bien même les Murs n’étaient pas particulièrement rares, la plupart des gens auraient directement sauté à la conclusion d’une malédiction ou d’une maladie, en voyant son faciès. Peut-être que, si cette étrange femme avait su qu’ils se situaient en territoire sorcier, les choses se seraient déroulées autrement.
781 mots.
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Lun 10 Juin 2019, 17:20

[XVII] La valeur d'un livre | Lysium & Alba 3vg3
La valeur d'un livre


Un sourire étira les lèvres d’Alba. Bien. Il semblait que son explication ait convaincu. Elle avait répété une réplique semblable plus d’une fois, à l’intérieur de son habitacle, mais l’aléa existait toujours. Elle avait besoin de puissance, elle avait besoin de lui. Malheureusement, elle n’était pas assez forte pour lui faire gober le contraire. Il valait mieux opter pour un lien d’interdépendance. Ensemble, il pourrait s’entraider. La chose sonnait désagréablement à son oreille. Elle aurait préféré s’affranchir des Rêveurs, faire d’eux ce qu’elle désirait, d’un claquement de doigt. Cela viendrait. Elle devait simplement patienter. Un escalier menait au pouvoir et elle n’était que sur la première marche. Petit à petit, au fur et à mesure, elle les gravirait, une à une, écrasant de ses talons ceux qui oseraient se placer sur sa route. Elle pousserait dans les abysses infernaux ses rivaux. Néanmoins, pour l’instant, elle devait se contenter de ce qu’elle pouvait obtenir. Façonner des marionnettes ou des clefs, voilà ce que serait son quotidien pour encore bien des lunes. Son regard sur le rouquin qui lui faisait face, elle se demandait, au fond, s’il ne possédait pas la même ambition qu’elle. Beaucoup se croyaient appelés alors qu’il n’y avait que très peu d’élus. Serait-elle une élue ? Elle voulait le croire. Elle ne supporterait pas qu’il en soit autrement. « Les clefs du palais… » murmura-t-elle, réfléchissant à la question. Elle n’était pas sûre de pouvoir les façonner, déjà parce qu’elle ne connaissait pas la serrure en question. Sans doute un Génie plus expérimenté aurait-il pu les créer sans nul besoin d’en savoir plus. Le pouvait-il seulement ? Alba n’était pas certaine. Elle ne connaissait pas encore l’étendue de ses propres pouvoirs. Elle avait déjà bien du mal à les mettre en œuvre… Même avant sa transformation, les Génies restaient un peuple mystérieux, un peuple que gardait jalousement ses secrets, au beau milieu des rêves et des cauchemars.

Alba se retrouva rapidement engloutie sous la montagne d’informations et de possibilités. À peine essayait-elle de se concentrer pour visualiser dans son esprit l’objet qu’elle devait créer que Lysium passait du coq à l’âne. Elle l’aurait volontiers tué s’il n’était pas son Maître et si elle en avait eu la possibilité. Malheureusement, dans sa condition, tout ce qu’elle pouvait tuer était insignifiant. Elle avait bien écrasé des fourmis, pour s’amuser de la brièveté de l’existence, l’autre fois mais c’était réellement petit. Était-elle maléfique ? Elle l’avait légèrement oublié, pour tout avouer. Les voix qui résonnaient fréquemment dans sa tête n’arrangeaient pas son cas. Parfois, elle croyait être investie d’une mission divine, d’autre fois elle se demandait qui elle était. La connaissance et le chaos, dans un cerveau qui peinait à récupérer les bribes de son existence passée, qui peinait aussi à affronter le réel. Elle finit par soupirer de reconnaissance lorsqu’il lui signifia qu’elle avait le temps. Heureusement parce qu’elle avait pris conscience de la faiblesse de ses capacités. Changer d’apparence ? Oui. Créer quelque chose ? Non. Elle devait se concentrer. C’était dans ces instants qu’elle comprenait que le chemin était encore long. La présence d’autrui était un frein à sa créativité. Il était tellement plus facile de façonner l’intérieur de son habitacle. Un simple bijou lui paraissait être le bout du monde. « Je ne mange pas, ni ne dors. ». Alba grimaça malgré elle. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, pourtant. Penser au sommeil lui rappelait à quel point son esprit était fatigué. Elle aurait tout donné pour pouvoir fermer les yeux un instant et connaître de nouveau ce bien-être intense. C’était impossible. Seul son habitacle lui apportait un certain réconfort ; jamais entier, toujours éphémère. « Une pièce me suffira. Vous n’aurez qu’à placer mon habitacle dedans. ». Elle marqua un arrêt, ses yeux remontant vers le Mur qui semblait l’observer d’un air étrange. En même temps, tout était étrange chez ces créatures. « Si jamais vous sortez, n’hésitez pas à prendre mon habitacle avec vous. Voir le monde me fera le plus grand bien. ». Son existence était si limitée. Elle devait croître jusqu’à ne plus avoir besoin de ce livre. Lorsqu’elle serait capable de se déplacer sans, de nouveaux horizons s’ouvriraient à elle. Elle se sentait si fatiguée, à présent. « Je vais devoir y retourner. Lorsque je serai plus stable, je sortirai de nouveau pour essayer de faire l’un des objets que vous m’avez demandés. ». Son corps avait du mal à rester entier, comme si des interférences magiques venaient troubler l’ensemble. Elle finit par disparaître, regagnant son océan.

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