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 Sans l’autre, à défaut du dépit, tu mourras de maladie [Ignis]

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Sam 24 Nov 2018, 00:25

Elle marchait vers la lumière. Celle-ci était faible, timide, mais tout ce qui comptait était qu’elle était là. En réalité, ce n’était pas très loin, et le temps n’était pas spécialement moche : de hauts nuages recouvraient le ciel, rendant l’atmosphère grise, mais calme. C’était plutôt agréable. Il semblait que personne n’avait de problème majeur, que tout le monde prenait cette journée pour un jour de repos, un jour paisible et bien mérité. Sauf elle. Elle, elle continuait de marcher, essoufflée, les muscles endoloris. La peau de son visage était sèche et mordue par le froid. Ses yeux étaient plissés, un peu gonflés, son nez rougi. Elle était blottie dans son épaisse cape. Sa tête était rentrée dans sa capuche, d’où s’échappaient quelques mèches rousses. Elle ressemblait à une vieille mamie mal lotie ; elle se sentait sale, mal, et molle.

   Sot’Rahgol. C’était précisément le genre d’endroit où elle n’avait rien à faire là. Pourtant elle y était de son plein gré. Ou presque. C’était ici qu’elle devait être. Elle le savait.

   Elle n’en pouvait plus. Elle était si abattue par la fatigue qu’elle ne comptait même plus sur sa magie pour la soutenir. Elle ne cherchait qu’à atteindre cette auberge, qu’à en franchir le seuil, qu’à s’assoir près du feu et ne plus jamais bouger. En soi, c’était simple. Mais aujourd’hui, encore plus qu’hier, cela relevait d’un défi éprouvant. Ses pas lents et douloureux l’amenèrent finalement à son but. Ce fut avec un certain soulagement que Djinshee poussa la porte. Une vague de chaleur vînt aussitôt l’accueillir et la Lyrienn s’engouffra à l’intérieur. Elle resta quelques secondes plantée au milieu de la pièce, le temps de s’imprégner de l’atmosphère. Divin.

   -Bienvenue. On a attrapé la crève ?

   Djinshee posa ses yeux sur l’homme, qui l’observait avec amusement. Elle répondit par un « hm » que ses cordes vocales furent incapables d’exprimer. Il avait l’œil, le gérant. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait trois couches de vêtements sur elle, une peau anormalement pâle, des yeux éteints, la fâcheuse manie de renifler et la carrure d’une vieille peau atteinte de rhumatismes. Ayant pitié d’elle, il lui proposa de l’alcool, un grog, puis une boisson chaude, mais la Lyrienn refusa. Sans se dévêtir, elle préféra se diriger vers la cheminée. Ses doigts vinrent rencontrer les flammes dansantes. Elle le faisait discrètement. Il n’y avait pas grand monde, juste une personne ou deux en plus du patron, mais elle avait pris cette habitude. Le contact avec son élément lui fit un bien fou. Cependant, il était incapable de la soulager de ses maux physiques. C’était comme une malédiction dont elle ne pouvait se défaire. D’habitude, elle n’était jamais malade. Là, elle l’était depuis trois semaines. Tout ça à cause de ce foutu bracelet. Au début, ça n’avait été qu’un petit rhume. Puis l’anecdote s’était transformée en angine, en bronchite, en fièvre et en grippe. Maintenant, on n’était même plus capable de donner un nom à la maladie tant elle avait de symptômes. Tout ça à cause de ce foutu bracelet. Une babiole en cuir qu’elle n’avait pas eu le choix de mettre : à peine l’avait-elle touché qu’il s’était scellé autour de son poignet. Elle l’avait reçu accompagné d’un petit parchemin : "Sans l’autre, à défaut du dépit, tu mourras de maladie". L’expéditeur lui était totalement inconnu. Par négligence, elle avait brûlé le papier. Elle détestait la poésie et les gens qui se donnaient un style. Ça l’agaçait. Quant au bracelet, elle avait tout essayé pour s’en débarrasser, sans succès. Ce truc gravé de motifs sans queue ni tête la rendait malade et s’infiltrait dans ses pensées. Il lui disait des choses. Il lui demandait de trouver quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Il lui indiquait un chemin. Il lui disait de viser cette cible mouvante, de la retrouver pour… pour elle n’en savait rien. La maladie n’était que du bluff, un pauvre chantage. Elle avait voulu ignorer l’objet au prix de sa santé. Elle avait été assez surprise de voir qu’elle aussi, pouvait être malade comme un chien. C’était Elh qui lui avait demandé d’obéir, histoire d’en finir. La gamine avait gardé un œil sur elle pendant tout ce temps. Elle avait passé sa dernière nuit à son chevet, car Djinshee avait été prise d’une fièvre terrible. La rousse avait cru devenir folle. Il lui avait fallu ça pour l’extirper de son orgueil et la convaincre d’agir. Donc elle avait quitté Sülh. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas partie. Et ça lui faisait bizarre.

   Celui ou celle qu’elle devait trouver était quelque part par ici. Elle ne savait pas où exactement. Dans le coin. Djinshee retourna au comptoir, demanda une chambre pour la nuit, puis tira un tabouret. Elle s’assit, les coudes posés sur ses genoux, contemplant les flammes. Elle avait remonté sa manche droite pour mettre son bracelet en évidence. Maintenant, elle n’avait plus aucun signe. Elle ne savait plus où aller. Tout s’arrêtait là. Elle se sentait soudain seule, vouée à elle-même. Sans s’en apercevoir, elle s’était habituée à ces pensées, presque instinctives, qui lui indiquaient une direction. Elle venait de perdre un guide. Maintenant, elle n’était plus que malade. C’était le prix à payer pour ses choix. Elle avait pris le risque de suivre un objet magique en espérant arriver à quelque chose, une solution. Mais peut-être qu’il n’y avait pas de solution. Si ce n’était qu’une farce, ou bien un piège ? Si ce n’était qu’une malédiction, un fardeau avec lequel elle était vouée à vivre ? La jeune femme attendait depuis un long moment. Elle émettait un milliard d’hypothèses plus ou moins tangibles sur le pourquoi du comment. En même temps, Djinshee continuait de jouer avec le feu. Derrière elle, la porte s’était ouverte, laissant un méchant courant d’air s’immiscer à l’intérieur.

   -Bienvenue. Répéta le propriétaire des lieux. Vous avez pas l’air en point non-plus, vous. Vous voulez un grog ?

   La Lyrienn détourna le regard de son activité. Un homme venait de rentrer, mais elle n’y prêta pas tout de suite attention. Elle venait plutôt de se rendre compte qu’elle se sentait un peu mieux. C’était naïf de sa part que de remercier Shaana à ce moment-là.


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Dim 25 Nov 2018, 11:51

La porte claqua dans son dos, rabattue violemment par un méchant courant d'air, le faisant sursauter. Il se maudit intérieurement, le bruit sourd lui ayant vrillé les tympans. Le propriétaire des lieux l'apostropha. Ne lui en voulant vraisemblablement pas pour le traitement qu'il avait infligé à sa porte, il lui proposa un grog, non sans avoir souligné avant qu'il n'avait pas l'air bien. Ignis répondit par un grognement. C'était un doux euphémisme. Il faisait peur à voir. Pas que ce ne soit différent en temps normal, mais là, c'était poussé à son paroxysme. Les brûlures de son visage ressortaient dans un jeu d'ombres et de lumières, les traits tirés, émincés, les ravines plus marquées, plus profondes. En fait, tout son corps avait subi. Ses joues étaient creusées, ses yeux enfoncés dans leurs orbites, ses membres aussi raides et étriqués que des branches de bois mort, prêt à rompre à tout instant.

Le Calciné jeta un regard noir sur le bracelet à son poignet gauche. Tout ça, c'était à cause de lui. Depuis qu'il avait ouvert le colis qui lui était adressé et que ce foutu objet s'était refermé sur sa chair, tout était allé de mal en pis. A croire que dernièrement, les messages mystérieux étaient devenus la mode. Cela avait commencé par une simple toux. Rien de bien grave. Certainement qu'il avait respiré un peu trop de poussière de foin et qu'il s'était irrité la gorge. Sauf que cela n'avait fait qu'empirer. Avec la fièvre, vint les courbatures, les maux de tête, les douleurs au ventre. Et puis, il s'était mis à délirer. Enfin, c'était ce qu'il croyait au début. Des images et des idées fugaces, qui surgissaient comme cela dans son esprit, des pensées qui semblaient lui indiquer une direction, lui montrer un chemin à prendre pour retrouver quelqu'un. Sauf qu'il avait refusé de s'y conformer et que les choses n'avaient fait qu'empirer. A tel point qu'il s'agissait une nouvelle fois de son patron qui avait du prendre les choses en main et ordonné au Déchu de suivre ses hallucinations. De toute façon, dans l'état déplorable dans lequel il était, il ne lui était d'aucune utilité à l'auberge.

Après avoir pris confié une nouvelle fois Lemon aux bons soins de l'aubergiste et de sa femme, Ignis avait pris la route. Inconsciemment, il avait entretenu l'espoir que ce départ mettrait un terme au mal qui le rongeait de l'intérieur. Malheureusement, cette pensée fut vaine. Plus d'une fois, durant son périple, il avait été incapable de reprendre la route. Mais les rêves, les pensées parasites ou il ne savait trop quoi ne le laissaient pas en paix, le forçant à reprendre son chemin. Il arrivait au bout de ses forces quand il avait franchit les limites de ce village perdu dans le Berceau Cristallin dont il ne s'était pas attardé à retenir le nom. Tout ce qu'il comptait faire, c'était entrer dans la première auberge venue pour se laisser choir sur une paillasse. Sauf que ses pas et les images parasites de son cerveau le poussèrent à aller plus loin, presque de l'autre côté du village. Après, il avait de la chance, ce n'était pas non plus un bled énorme et il ne possédait pas trente six mille endroits où passer la nuit.

Il laissa choir son fessier sur un banc dans un coin de l'établissement. Il se fit l'incongru réflexion que ce devait être un bon endroit car ses genoux ne grincèrent pas, chose qu'ils n'avaient plus fait depuis que toute cette histoire avait commencé. Une tasse de grog fut déposée devant lui et il referma ses doigts raides dessus. La chaleur se répandit à travers la terre cuite, jusque dans ses os et il ferma un instant les yeux pour savourer cette quiétude, d'autant plus que les images parasites avaient cessé d'émettre. Il but une gorgée, laissant son regard, de ses yeux fatigués, balayer la salle autour de lui. Il n'y avait pas grand monde. Son attention s'attarda, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, sur une femme à la chevelure de sang. Il la détailla un instant jusqu'à ce que ses yeux se posent sur son poignet. Avant même d'avoir pris le temps de réfléchir, il était debout auprès de la dame à serrer entre ses doigts le poignet sur lequel trônait un bracelet de cuir. Le même que celui que lui-même arborait au même endroit.


Où est-ce que vous avez eu ça ?

Sa voix était rocailleuse, rêche, tout comme son contact contre la peau de la jeune femme, et n'avait à cet instant, rien d'amicale. Il en avait ras le bol de toute cette histoire et de toute façon, il était plus prompte à la colère qu'à la diplomatie. Depuis que toute cette merde avait commencé, elle était l'unique personne qu'il voyait avec un tel objet. Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Tout comme le fait qu'à cet instant, il ne ressentait plus aucune douleur, plus de difficulté à respirer ou d'envie de vomir. Il se sentait encore faible, comme après une longue maladie et qu'il fallait un pu de temps pour s'en remettre. Il resserra sa poigne sur elle, la foudroyant de ses yeux pâles. Attendant une réponse.

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Lun 26 Nov 2018, 23:20

Elle n’attendait plus ; elle rêvassait. Elle se sentait si bien ici qu’elle venait d’oublier la raison de sa venue. Son nez n’était plus bouché, sa gorge ne la grattait plus, ses muscles n’étaient plus douloureux. Elle ne s’était pas sentie aussi soulagée depuis longtemps. Trop longtemps. Il ne lui restait qu’un peu de fatigue, qui, dans quelques minutes, risquait de l’entraîner dans un profond sommeil. Contemplant les flammes, elle repensait à Sülh, au quotidien qu’elle avait quitté pour un temps indéterminé. Elle repensait à ses amis, à Elh. Cette fille était si gentille. Elle se demandait comment elle arrivait à la supporter, parfois. Son calme était fascinant. Elle l’enviait un peu. Mais bon, tout n’était qu’une histoire d’élément.

   Son coude glissa de sa cuisse et Djinshee crut qu’elle allait se prendre ses genoux dans les dents. Une emprise sur son bras droit la tira dans l’autre sens. La rousse se redressa et leva les yeux vers l’insolent. Oh… Pour le moment, c’était plus son visage que ses paroles qui l’intriguait. L’homme n’était pas beau à voir, et il ne faisait aucun doute qu’il avait été brûlé. Elle s’y connaissait assez bien là-dedans pour en avoir la certitude. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait un cas aussi avancé. Mais ce qui la surprenait, c’est que généralement, ces gens-là étaient morts. Pas lui. Un instant elle envisagea qu’il s’agissait d’une vieille victime venue lui rendre justice des années plus tard. Puis elle analysa la question qu’on venait de lui poser.

   -C’est un joli cadeau qu’on m’a envoyé avec une lettre. Pourquoi, c’est vous l’expéditeur ? Elle changea subitement de ton pour devenir plus sèche. Vous voulez bien me lâcher, oui ?

   Il lui faisait mal, mais ça, elle ne l’admettrait jamais. Djinshee se dégagea d’un coup sec et quitta son tabouret. Elle profita du recul pour examiner entièrement cet inconnu.

   -C’est vous que je suis censée trouver ?

   Sous sa manche gauche, elle finit par deviner le bracelet que lui aussi portait. Elle attrapa à son tour son poignet pour le voir de plus près. Ce ne devait pas être lui, l’expéditeur : il avait exactement le même qu’elle. Lui aussi était rentré dans cette auberge avec la crève. Elle jeta un œil autour d’eux.

   -Viens.

   Djinshee fouilla dans sa poche pour retrouver la clef de sa chambre. 06. Elle entraîna l’inconnu avec elle. Elle n’aimait pas parler en public, surtout lorsque c’était trop calme, comme ici. Elle détestait les gens qui écoutaient indiscrètement des conversations qui ne les concernaient pas. On pouvait lui retourner la remarque, mais elle, ce n’était pas pareil : de temps en temps, c’était son boulot. La Lyrienn fit entrer le grand brûlé et ferma la porte derrière elle. Sans attendre, elle se défit de son épaisse cape et la jeta sur le lit, qui trônait au milieu de la pièce.

   -Pas trop malade ? Dis-moi ce que tu sais sur tout ce bordel.

   Tout ce qu’elle souhaitait, c’était qu’il en sache plus qu’elle. Elle n’aimait pas ce mec, mais elle était capable de coopérer avec n’importe qui pour se débarrasser de cette m****. La rousse fit quelques aller-retours entre la porte et le lit, tout en déboutonnant son manteau. Elle ne faisait pas un strip-tease. Elle se débarrassait juste de ses couches de vêtement en trop, qui la gênaient et l’énervaient maintenant qu’elle n’en avait plus besoin. Elle le jeta encore une fois sur le lit avant de continuer sa promenade dans la petite pièce. Elle écoutait et réfléchissait mieux lorsqu’elle bougeait. C’était un moyen d’extérioriser sa nervosité naturelle.

   Et si c’était un piège ? Djinshee ne cessait de songer à ce Lyrienn d’Eau. Son âme contraire. Il avait encore tenté de la tuer il y a peu. C’est pourquoi son visage lui venait à l’esprit. Une situation pourrie comme celle-là, au final, ça lui ressemblait. Cet homme dont elle ne connaissait pas le nom était particulièrement tortueux. La première fois qu’elle l’avait rencontré, il avait fait une tentative de meurtre classique, sans avoir imaginé un quelconque guet-apens. Au fil des mois et des ans, lentement mais sûrement, il avait perfectionné ses ruses et ses techniques de chasse. Il ne revenait jamais à un moment précis. Il pouvait apparaître deux fois dans la même semaine, puis disparaître pendant un an. Djinshee s’en sortait toujours avec plus ou moins de chance. Elle se demandait parfois s’il ne faisait pas exprès de l’épargner. Peut-être cherchait-il à monter le plus grandiose des scénarios avant de l’éliminer. Malgré cela, à chaque fois qu’il revenait, elle avait peur. Elle savait pertinemment qu’il était plus puissant qu’elle. Elle savait aussi que la chance, le hasard et tout le reste n’allaient pas éternellement la sauver. Viendrait un jour où il finirait par l’avoir. Mais quand ? La prochaine fois, c’est-à-dire maintenant ? Non, elle ne devait pas tomber dans la paranoïa. Ce qu’elle oubliait, c’était qu’il avait aussi l’art de frapper lorsqu’elle s’y attendait le moins. La situation avait beau être tordue, ce devait être un peu gros à son goût. Cela n’empêcha pas la Lyrienn de jeter un œil sévère au Calciné. Peut-être aussi qu’il lui faisait penser à son âme contraire : elle sentait déjà qu’ils n’étaient pas faits pour s’entendre.


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Dim 02 Déc 2018, 18:22

Pendant un instant, Ignis s'attendit à prendre une gifle ou à recevoir un coup quelconque. Après tout, il était rare que les gens aiment qu'on leur agrippe le bras de cette façon en les invectivant. Surtout quand c'était un parfait inconnu à la mine affreuse qui le faisait. Mais rien ne vint. Au lieu de cela, la jeune femme lui demanda si ce n'était pas lui l'expéditeur du courrier contenant ce cadeau. Ce n'était donc visiblement pas elle la responsable de toute cette histoire vu qu'elle pensait qu'il s'agissait de lui. Tout en disant ça, elle se débarrassa de son emprise et mit un peu d'espace entre eux, sans pour autant fuir. Car après tout, à première vue, elle était dans le même pétrin que lui. Et si elle disait vrai ? Qu'ils étaient sensé se chercher l'un et l'autre, que c'était vers elle que ses visions l'avaient mené ? Après tout, ce n'était pas plus idiot qu'une autre théorie. Ca n'expliquait pas pourquoi cela tombait sur eux ni à quoi rimait toute cette histoire mais ça donnait au moins une raison à sa venue ici.

Elle l'entraîna à sa suite, montant à l'étage avant de le pousser dans sa chambre et de refermer la porte derrière eux. Quand elle évoqua son état de santé, il refit un inventaire silencieux de ses douleurs … Mais il n'y en avait plus, à part celle de la fatigue. Cela avait arrêté dès l'instant où il s'était retrouvé à ses côtés. C'était assurément lié, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Encore moins avec le fait qu'elle possédait elle aussi un bracelet, reçu dans un mystérieux colis par un expéditeur inconnu. Au moins, il avait eu la réponse à sa question. Maintenant, c'était peut être à son tour de répondre aux interrogations qu'elle lui posait. Ils étaient dans le même pétrin, ils pouvaient bien s'entraider. Il ne fallait pas être devin pour se rendre compte qu'ils ne s'appréciaient pas même s'ils se connaissaient que depuis quelques minutes. En même temps, il n'avait rien fait pour qu'il en soit autrement.


Que dalle, nada. Un beau matin, il y avait un colis sur le pas de ma porte, à croire que les gens aiment bien ça, déposer des choses sur le pas de ma porte … Enfin bref …. il y avait ce colis avec à l'intérieur ce bracelet.

Il fit un geste du bras pour que l'objet qui cerclait son poignet soit bien visible. Elle possédait le même, elle devait probablement le connaître par cœur comme lui-même connaissait le sien.

Quand j'ai déchiré le papier et que j'ai touché le bracelet, ce dernier s'est refermé sur mon poignet. Impossible de m'en défaire.

Dans la panique qui s'en était suivi, ce qu'il n'avait pas vu, c'était le papier plié en deux, dans le colis, qui était tombé et avait glissé entre deux lattes du plancher sans qu'il ne s'en aperçoive. S'il l'avait trouvé, peut être que cela l'aurait aidé. Ou pas. Mais il ne pouvait pas le savoir étant donné qu'il n'était même pas au courant de son existence.

Puis j'ai commencé à se sentir mal. A être perclus de douleur, à régurgiter … Comme si tous les maux des Terres du Ying et du Yang m'étaient tombés sur la gueule. Et avec ça, les hallucinations … Enfin, les visions ou je ne sais quoi qui m'ont poussé à venir dans ce bled paumé. Et vous, c'est quoi votre histoire ?

Il la regardait faire les cents pas dans la pièce comme un fauve en cage. Etait-elle nerveuse ou bien faisait-elle ça tout le temps parce qu'elle était une hyperactive ou quelque chose du genre ? Il n'en savait rien. Ce qu'il savait pas contre, c'était qu'à agir ainsi, c'était lui qu'elle allait finir par rendre nerveuse. Déjà que toute cette histoire avait de quoi lui mettre les nerfs à vif. A cet instant, tout ce qu'il voulait, c'était s'allonger sur ce lit où elle avait jeté sa cape et qui lui faisait de l'oeil depuis qu'il était rentré dans la chambre, et pioncer jusqu'à plus saoul. Il ne savait pas combien de temps ce répit au niveau santé allait durer. Il fallait en profiter un maximum avant que ça ne soit trop ça. Tout bien considéré, il ne se gêna finalement pas pour poser son cul sur le matelas. C'était loin d'être de la première qualité mais en réalité il n'en avait rien à faire. Il avait au moins fait l'effort d'écarter l'habit et de ne pas s'asseoir dessus.

Vous ne pouvez pas vous arrêtez une seconde ? Vous allez finir par me donner le tournis alors que la nausée s'était enfin arrêtée !

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Dim 09 Déc 2018, 01:23

Ils en étaient au même point. Ils étaient dans le flou complet. Ça l’agaçait. Et après ? Qu’étaient-ils censés faire ? Qu’était-il censé se produire, après qu’ils soient réunis et guéris ?


-Pareil pour moi. Un colis anonyme avec le même bracelet, et un papier aussi. C’était écrit par un amateur de poésie, qui disait que j’allais mourir malade « sans l’autre ». J’imagine que l’autre, c’est toi.

C’était à peu près ça. Elle ne se souvenait plus de l’intitulé exact pour n’y avoir prêté que très peu d’attention. Pas très malin de sa part, mais elle ne pouvait changer ce qui avait été fait.

-Toi, tu n’avais pas de lettre ?

Peut-être qu’il avait lu une phrase qui compléterait la sienne. Histoire de savoir quoi faire après. Parce que le principal problème, c’était de savoir jusqu’à quand ils allaient être liés. Elle se doutait que s’ils s’éloignaient de nouveau, ils devraient se revoir bientôt avant d’attraper la lèpre. Cette histoire l’agaçait d’autant plus qu’elle n’avait pas que ça à faire. Encore moins lorsqu’il s’agissait de faire un yoyo inutile. Elle voulait rentrer, revenir à des choses plus sérieuses et plus constructives que juste rencontrer quelqu’un, un abruti en plus, à cause d’un vulgaire bracelet. Ces dernières années, elle n’était impliquée dans rien d’autre que ce qui concernait sa race. C’était aussi ce qui l’interpelait : pourquoi s’intéresser à elle et à cet étranger ? Quel était le but, et qui avait fait ça ?

Djinshee sentit ses muscles se crisper un peu plus sous les mots du Calciné. Il reprenait un ton agressif, non seulement pour un rien, mais en plus pour lui dicter ce qu’elle avait à faire. Elle se tourna vers lui pour lui lancer un regard noir. Ses poings étaient serrés. Elle faisait de gros efforts pour maintenir la distance qui les séparait…

-Dans ce cas arrête de me regarder. Et c’est pas en t’énervant que tu vas nous aider à trouver une solution.

… et éviter de l’insulter. Quel … hm ! Pour s’assurer d’avoir la prise, la Lyrienn ne tînt certainement pas compte de sa remarque : elle bougeait si elle voulait, et ça tombait mal pour lui, parce qu’elle comptait sur le peu d’espace qu’ils avaient pour se défouler. Quel péquenot. Elle savait que s’il continuait, elle ne résisterait pas à l’envie de l’amocher un peu plus qu’il ne l’était déjà. Un morceau de peau de plus ou de moins, il ne devait plus être à ça près. Djinshee s’imaginait déjà le prendre avec ses mains brûlantes pour lui en coller une. Il mettait son peu d’apprentissage de la patience à rude épreuve. Elle savait qu’il ne fallait pas, même si quelque part, ce n’était pas pour lui déplaire : elle n’aimait pas contenir son élément trop longtemps. Ce dernier était prêt à rugir à tout moment. La surface de sa peau avait augmenté de plusieurs degrés, mais elle continuait de déambuler dans la pièce, comme si de rien n’était. Seul son visage exprimait son irritation. Elle ne le cachait pas.

Si ça se trouvait, même si elle ne voyait pas pourquoi on les aurait fait chier sans raison, ils avaient juste été les gagnants d’un heureux hasard. Au contraire, s’ils étaient liés ce n’était pas pour rien. Ou si, peut-être qu’on avait juste voulu les faire chier. Peut-être que depuis le début, on s’amusait à regarder la tension monter entre eux deux. Cependant, la rousse refusait d’y croire. Elle savait qu’il existait plus d’un esprit tortueux sur ces terres, mais quand même. Elle préférait toujours penser qu’ils devaient être liés au-delà que par ces bracelets, qu’il y avait une suite à cela. Autrement, ils ne les auraient plus eus à partir du moment où ils se seraient rencontrés. Or, l’emprise de l’objet était toujours la même. La Lyrienn tirait dessus sans parvenir à grand-chose. Malgré toute sa bonne réflexion, elle ne retenait qu’une seule hypothèse, un seul lien potentiel : celui auquel elle avait songé, les premières secondes après qu’elle ait découvert son visage. Djinshee voulut s’asseoir de l’autre côté du lit, mais en quelques instants, s’approcher de cet homme lui était soudain devenu repoussant. Elle n’aurait su en expliquer la raison. Elle cessa de bouger mais garda toujours cette même distance. Elle était dos à lui, hésitante.

-Dis-moi, est-ce qu’on s’est déjà rencontré, ne serait-ce que de loin ? Elle hésita encore un peu. Tu les tiens d’où, ces brûlures ?

Au fond, il n’était pas obligé de répondre. Pendant un temps, aveuglée par la connerie, elle avait elle-même caché beaucoup de choses à tout le monde, sans vraiment savoir pourquoi. Lui qui semblait avoir vécu un accident conséquent, ça ne l’étonnerait pas qu’il soit lui-aussi aveuglé par la connerie. Beaucoup de gens l’étaient parce qu’ils avaient peur d’avoir honte. Alors qu’au final… tout le monde s’en foutait. Là, ça ne pouvait que les aider. Au mieux, ça leur donnerait un semblant de piste. Au pire, ça éliminerait une hypothèse. C’était rien. Mais comme ils partaient déjà de rien, c’était déjà ça de gagné.


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Jeu 20 Déc 2018, 18:55

Sans vraiment savoir pourquoi, Ignis n'apprécia pas vraiment le fait d'être appelé comme « l'autre ». C'était totalement idiot, surtout qu'en plus, ils ne se connaissaient même pas et qu'elle ne faisait que répéter ce qui était écrit sur la lettre accompagnant le bracelet. Il sentait le petit pic vert agaçant de la Colère battre ses tempes. S'il ne faisait pas attention, il allait s'échapper et ça deviendrait légèrement problématique, pour ne pas dire plus. Il fallait donc qu'il se concentre sur la situation présente et sur les choses importantes et non pas sur un mot ou une appellation qu'elle avait utilisé sans s'y attarder outre mesure. Elle parlait d'une lettre, mais cela ne lui disait absolument rien. Est-ce que le commanditaire avait décidé de ne pas lui en envoyer ou bien celle-ci s'était-elle perdue d'une façon ou d'une autre entre l'instant où on lui avait envoyé le bracelet et celui où il avait réceptionné le colis. Il faudrait qu'il regarde un peu plus attentivement chez lui au cas où qu'il soit passé à côté.

Non, j'ai pas eu de lettre. Et si tu ne veux pas que je te regardes, tu n'avais qu'à pas nous enfermer dans cette chambre !

Le ton était en train de monter entre eux. Ca ne présageait absolument rien de bon. Cela ne faisait même pas une heure qu'ils se connaissaient qu'ils étaient déjà insupportable l'un envers l'autre. Il n'avait aucune idée du pourquoi ils avaient tous les deux étaient embrigader dans cette histoire ni comment le choix avait été fait. Cependant, ce qu'il savait, c'était qu'il ne l'aimait pas. En la voyant continuer à faire les cent pas dans la pièce exigüe, il se retint de se lever et de la forcer à s'asseoir. Il était venu ici dans le but de démêler toute cette histoire et d'avoir un problème en moins. Ce n'était donc pas le moment d'envenimer les choses surtout s'ils avaient besoin de coopérer pour se libérer du morceau de cuir fixé à leur poignet respectif. Comme s'ils faisaient la pair, elle semblait éprouver les mêmes sentiments que lui à son égard. Il y avait dans la vie des gens qui s'aimaient dès le premier regard. Il existait aussi le contraire. Assurément, ils faisaient parti de la deuxième catégorie. Plus vite ils trouveraient une solution, plus vite ils seraient débarrasser l'un de l'autre. Puis elle s'arrêta, lui tournant le dos et un mauvais pressentiment l'assaillit. Il allait répondre à sa première question quand il entendit le reste de sa phrase. Un grognement plus animal qu'humain lui échappa. Il serra les poings à s'en faire blanchir les jointures et se releva d'un bon. Il abattit sa main sur l'épaule de la jeune femme et la retourna violemment pour qu'ils se fassent face. Visiblement, c'était la goutte d'eau qui était en train de faire déborder le vase.

Qu'est ce que ça peut vous foutre ? C'est pas vous qui l'avez fait à ce que je sache ? ! Alors maintenant vous allez arrêter avec vos conneries de questions à la con. Et puis, on n'a pas élevé les cochons ensemble à ce que je sache, alors vous seriez prié d'arrêter de me tutoyer !

Il y avait des sujets qui étaient tabou chez lui et celui de ses brûlures faisait parti de la tête de liste. Toute cette histoire avait mis ses nerfs à rude épreuve. C'était certainement le cas pour la rousse aussi mais en réalité, il s'en foutait. A cet instant, il était juste un égoïste nombriliste qui se laissait aller à son péché. Sa poigne s'était resserrée sur l'épaule de la jeune femme à lui broyer les os s'il avait eu plus de force. Son regard dériva jusqu'à sa main et il se força douloureusement à relâcher ses muscles. Il n'était pas question de brider sa colère mais il savait malheureusement que s'il la libérait entièrement, elle ne viendrait pas seule. Il avait découvert que les Dieux – dans leur sadisme immortel – lui avait octroyé la capacité de créer le feu. Evidemment, création qu'il ne contrôlait absolument pas et qui avait tendance à se déclencher un peu à n'importe quel moment … Mais surtout quand il se mettait en rogne. Le bon côté des choses, c'était un bon maître pour apprendre à réprimer son ire !

Et maintenant, allons voir un mage, un alchimiste ou même un p*tain de sorcier si y'a besoin pour nous débarrasser de ça !

Il laissa retomber dans le bras et frappa d'un violent coup de poing dans le mur. Finalement, il avait quand même besoin de se défouler.

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Ven 28 Déc 2018, 22:35

Vu le caractère de merde de ce mec, elle aurait dû se douter qu'il réagisse aussi violemment. C'était la deuxième fois qu'il s'en prenait physiquement à elle. Au moins, il l'assurait d'une chose : elle détestait ça. Surtout qu’il ne voulait pas la lâcher. Encore un peu et il allait commencer à lui faire mal. Ça lui donnait envie de lui péter le poignet. Le grand brûlé s'emportait comme un gamin. Il semblait qu’elle avait abordé un sujet épineux. Elle ne reviendrait pas dessus. Si ce n’était pas elle qui avait fait ça, alors elle s’en foutait. Par contre, elle ne supportait pas son comportement. Djinshee ne pouvait plus résister. Leurs yeux étaient ancrés l'un dans l'autre, comme si chacun misait sur la disparition immédiate de son insolent interlocuteur.

-Bah si, justement ! Je voulais savoir si c'était moi qui t'avais fait ça, crétin !

La plante de ses cheveux s’était échauffée au rythme de ses exclamations. Sa dernière insulte avait été la première étincelle. La crinière de la Lyrienn s’embrasa. Les flammes dévalèrent son visage pour venir l'immerger. Le phénomène ne dura que quelques secondes. Ça faisait un bien fou. Elle aurait aimé faire durer ce moment un peu plus longtemps. Cependant, son but n'était pas de détruire l'auberge. C'était simplement pour lui montrer, histoire que le message passe plus vite, et pourquoi pas, qu’il ferme sa grande gueule.

-Je voulais savoir s'il pouvait y avoir le moindre lien entre nous deux.

Mais non. Apparemment, on se foutait clairement d'eux et on avait juste voulu les faire chier. Est-ce qu’il y avait au moins un quelconque sens à tout ça ? Elle commençait déjà à en douter. Bon sang, combien de temps allait-elle devoir supporter ce gars ? À son avis, suffisamment longtemps pour qu'ils finissent par se tutoyer, alors autant commencer maintenant. Elle ne comprenait pas pourquoi ils devaient s’encombrer de politesses. En plus c’était mal parti. Ils étaient déjà en train de s’agresser et de s’insulter. Ce soir, ça ne l’étonnerait même pas qu’ils terminent la journée par un combat à mort – et en l’occurrence, ce serait lui qui mourrait, elle en avait la certitude. Il ne lui suffirait que de terminer la cuisson.

-Oh, veuillez m’excuser ! Je vais cesser d’importuner Monsieur avec mes futiles questions et tâcher de m’adresser à lui de manière plus convenable.

Elle aurait pu faire mieux, comme par exemple, ne pas prendre un ton aussi agacé alors qu'elle avait voulu inspirer l'ironie avec un minimum de théâtralité. Elle se doutait bien qu'il allait mal le prendre, mais ça avait été trop tentant. Il fallait bien qu’elle se défoule, elle aussi, et ce dans le respect du bâtiment. Elle n’avait pas envie qu’on les chasse alors qu’elle avait payé sa chambre. Elle s’était déjà fait chier à venir jusqu’ici, tout ça pour rencontrer ce type… Elle avait connu meilleure escale. A la proposition de l’homme, Djinshee rit nerveusement. Un mage, un alchimiste et un sorcier… Elle n'aimait pas ces gens et toutes les histoires d’entourloupes qui tournaient autour de leur réputation. Avec un peu de chance, ils se feraient arnaquer, ou encore mieux, ils tomberaient sur un Sorcier ou un Magicien qui ne pourrait pas les blairer, et qui ne ferait qu'entasser les maléfices sur leur dos. La rousse regarda le Déchu coller son poing dans le mur. Elle soupira et se pinça l'arête du nez. Elle ne commenterait pas. Il fallait qu'ils se calment. Il fallait qu’ELLE se calme et qu’elle chasse sa mauvaise foi.

-Bordel, on n'est pas sortis de l'auberge. Marmonna-t-elle.

...

-Sans mauvais jeu de mot.

Elle aurait voulu se remettre à tourner en rond pour chercher une idée meilleure. A la place de ça, elle croisa les bras et alla s’appuyer contre le pauvre mur qui venait de se faire frapper. En réalité, elle ne voyait pas d’autre solution que ce que le grand brûlé venait de proposer. Il était vrai qu’ils ne connaissaient rien sur ces bracelets, pas même la nature de la magie dont il était question. On les avait balancés ensemble dans une obscurité totale qu’aucune lumière ne pouvait repousser. Ils devaient avancer à tâtons à la recherche d’un mur sur lequel s’appuyer, au risque de se casser la gueule.

-Bon, d'accord. On cherche quelqu'un susceptible de nous aider. Et susceptible, ça veut dire quelqu’un de compétent, par le premier arnaqueur qu’on trouve. Elle s’arrêta un instant. Je reviens.

Djinshee ouvrit la porte à la volée et disparut dans le couloir. Le Calciné l’avait bien dit : on commençait maintenant. Elle allait demander au gérant.

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Dim 06 Jan 2019, 14:09

Les affres de la maladie n'étaient apparemment pas toutes parties. Des hallucinations continuaient à faire leur apparition dans le but de le faire souffrir. Quel idiot il avait été de penser que de retrouver son binôme mettrait fin à tout ceci d'un seul coup. Il y avait toujours des réminiscences. La moitié de ce qu'elle dit après que les flammes envahirent son visage passèrent à la trappe. Même si tout ceci n'avait duré qu'à peine quelques secondes, cela s'était incrusté en lui. Les flammes l'avaient renvoyé dans son enfer personnel. A tel point qu'en réalité, il ne se mit pas encore plus en colère contre Djinshee parce qu'elle tentait de le tourner au ridicule avec sa demande de vouvoiement. Il avait tenté de chasser tout ceci en se défoulant sur le mur, mais cela n'avait rien donné – à part un mal de main – les flammes étant toujours là, derrière ses orbites, imprimées en lui. Tout son corps tremblait, comme si la fièvre l'avait repris. Son regard, hagard, cherchait à se raccrocher à quelque chose pour ne pas partir à la dérive et couler.

Le départ précipité de la Lyrienne lui fit l'effet d'une douche froide et le ramena quelque peu sur terre. Il ferma les yeux et serra les poings, exhortant son corps à cesser les tremblements, son esprit à chasser les images, à les remiser dans cette prison au fond de son esprit. Ce même esprit qui lui jouait des tours. Ce ne pouvait être que ça. Après tout, la jeune femme n'avait pas réagit un seul instant quand les flammes avaient dévoré ses cheveux et son visage. Ce ne pouvait être qu'une invention de son cerveau malade. Il n'y avait pas d'autres explications. Pourquoi aurait-elle fait cela en réalité ? Elle ne pouvait pas connaître sa phobie. Tandis qu'il se calmait, les derniers instants de conversation lui revinrent en mémoire. Elle voulait réellement savoir si c'était elle qui lui avait fait cela, qui l'avait rendu comme il était. Cela voulait dire que … Non. Ce n'était pas possible. L'horreur se peignit un instant sur son visage. Se pouvait-il réellement qu'elle … Qu'elle est brûlé vif des gens ? Il avait du mal comprendre ou tout inventer.

Quoiqu'il en soit, c'était une raison de plus pour se débarrasser le plus tôt possible du bracelet et se retrouver le plus loin possible d'elle ! Elle était parti vraisemblablement demander conseil à quelqu'un en bas, dans la salle. Il ne lui faisait pas confiance, pas après ce qu'il pensait avoir compris et même si elle semblait aussi désireuse que lui de mettre fin à toute cette histoire. Il préférait la garder à l'oeil tant que ça ne serait pas réglé. Il descendit donc à son tour et la trouva en pleine discussion avec le gérant de l'établissement. Il les rejoignit, fixant un regard impénétrable sur l'homme. « Par Kinath, faites qu'il y ait quelqu'un dans ce stupide village qui puisse nous venir en aide ». C'était tout ce qu'il demandait à cet instant.


Alors, il a dit quelque chose ? Un pequenot du coin va pouvoir nous soulager ou bien va falloir qu'on reprenne la route pour se taper tous les bleds pourris du coin dans l'espoir de trouver notre bonheur ?

La grace et la délicatesse incarnées dans les paroles du Déchu. La diplomatie n'avait jamais été son fort et ne le serait certainement jamais en réalité. Ce n'était pas non plus comme s'il cherchait à faire un effort de ce côté là. Sa spécialité, c'était plutôt de se mettre les gens à dos, que cela soit avec ou sans son péché. Pour cela, il lui suffisait juste de laisser son aigreur prendre le dessus, ce qui n'était pas bien compliqué. L'aubergiste fronça les sourcils en observant le brûlé. Il tourna la tête pour s'adresser à la rousse.

Vous voulez vraiment que je vous aide ou vous êtes juste là pour chercher les emmerdes ?

Quelques clients du lieu avaient entendu la conversation et n'avaient visiblement pas apprécié, eux non plus, la façon dont Ignis considérait les habitants de la région. Pour le moment, ils se contentaient juste de former un demi-cercle autour d'eux, les fixant de leur regard lourd de sens, leur attitude dégageant dans l'air une tension plus que palpable. Le Calciné se tourna à demi vers eux.

Vous voulez notre dessin peut être ?!

Oh oui, les choses n'allaient pas tarder à s'envenimer. Et on pouvait dire merci qui ? Merci Ignis !

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Sam 12 Jan 2019, 18:50

Elle put contenir son rire, mais pas son sourire. S’il avait vu sa tête. Il ne s’était même pas énervé contre elle. A partir du moment où elle lui avait montré son pouvoir, il s’était juste… décomposé. C’est vrai qu’il ne devait pas être très à l’aise avec le feu. Elle avait dû le surprendre. En avait-il eu peur ? Intéressant. Elle tâcherait de le vérifier par la suite. Elle n’était pas sûre. Prise dans sa propre colère, elle n’avait pas bien vu, pas bien interprété. Djinshee parvînt à la fin du couloir, descendit vite les escaliers et alla se poster au comptoir. Elle avait repris son sérieux.

-Vous avez besoin de quelque chose ? Demanda le maitre des lieux. Il terminait d’essuyer quelques verres qu’on venait de lui rendre.

-Est-ce que vous connaissez quelqu’un qui s’y connait en objets magiques ?

Le Réprouvé réfléchit, pas bien sûr de comprendre. C’était que la magie, chez eux, c’était pas leur fort. Il entrouvrit la bouche mais le grand brûlé lui coupa la parole. Tiens, il était déjà là ce con. Djinshee serra les dents, ferma les yeux et inspira profondément. Bon sang qu’il était con. Il pouvait pas la boucler cinq minutes ? C’était quand-même fou d’avoir aussi peu de compétences sociales. Son tact, on n’en parlait même pas, son score devait être négatif. Encore mieux, il venait d’ouvrir sa gueule devant des Réprouvés. C’était irritable ces gens-là. On disait qu’il y en avait qui l’étaient plus que d’autres. Ce devait être vrai, mais elle n’en savait rien. C’était pas comme si elle en avait croisé beaucoup. En tous les cas, elle ne s’y serait pas spécialement tentée.

-Excusez-le. Il ne voulait pas dire ça, il est…, con ? Elle prit une autre inspiration, pas au meilleur de sa forme. C’est pour ça qu’on cherche un mage. Quelconque.

-Je pense surtout que votre copain ferait mieux de dégager.

Copain ? La bonne blague. Djinshee pianotait nerveusement sur le rebord du comptoir. Il n’y avait qu’elle qui tentait de calmer les choses ici ?

-Oui, d’accord, si vous voulez, mais est-ce que vous connaissez quelqu’un ?

Il la regarda avec agacement. Il faisait des efforts pour lui répondre, parce qu’il n’en avait franchement pas envie.

-J’en sais rien moi. Allez demander à quelqu’un d’autre, je connais personne qui fait ce genre de trucs ici. Allez, dégagez avant que je m’énerve. Les règles sont strictes, je veux pas de bagarre chez moi.

-On peut…

-Dégagez.

C’était bref et ça avait le mérite d’être clair. Elle n’avait franchement pas envie de se confronter à lui. Djinshee se tourna vers la petite assemblée qui s’était formée autour d’eux. Et à eux, elle n’avait pas envie de leur demander des renseignements. Ils n’en donneraient pas. La Lyrienn serra les poings. Elle regardait le Déchu avec une haine profonde. A l’intérieur de ses paumes, elle sentait quelques étincelles crépiter.

-Tu fais chier. Siffla-t-elle entre ses dents.

La Lyrienn alla chercher sa cape dans la chambre, puis rendit la clef. Jeter l’argent pas les fenêtres, ça lui faisait plaisir ça aussi. Elle prit le Déchu par le bras et l’entraîna dehors avec elle. Ils allaient passer le reste de leur journée à chercher. Quelle belle occupation en si charmante compagnie. Elle en était folle de joie. A l’extérieur, l’atmosphère avait changé. Il s’était mis à neiger. C’était calme, paisible, silencieux. Djinshee enfila sa capuche et partit dans une petite ruelle. Là, elle attrapa le Calciné et le plaqua contre le mur. La droite partit avant même qu’elle ait besoin d’y penser. Celle-là, elle venait du fond du cœur. Ça lui faisait du bien, mais c’était loin d’être suffisant pour la défouler. Djinshee ancra son regard dans le sien. La prochaine, elle serait un peu plus douloureuse. Elle brandit de nouveau son poing, l’enflamma et l’arrêta à une vingtaine de centimètres du visage du Colérique.


-La première fois c’était pas juste pour faire joli. Je te préviens que si tu nous fous encore des gens à dos, je termine le travail. J’ai cru voir qu’il te restait encore un peu de peau saine.

Et elle n’hésiterait pas à prendre son temps. C’était bien la seule chose pour laquelle elle était patiente. La violence. Après un effort qui lui parut monstre, elle le lâcha. Elle luttait très fort pour ne pas se jeter de nouveau sur lui. Elle misait sur sa dernière chance. La prochaine fois, elle le ferait vraiment. Sinon, il ne la prendrait pas au sérieux. Et aussi parce qu’elle en avait très envie. Djinshee tourna les talons et sortit de la ruelle. Elle n’en pouvait plus de voir sa tronche.

-J’imagine que t’es pas très doué au porte-à-porte. Elle non-plus, mais mieux que lui, certainement. Au fait, tu t’appelles comment ?


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Dim 27 Jan 2019, 18:19

Seul le silence répondit à l'interrogation de la Lyrienne, perdue dans la rue, sous le couvert ouaté et duveteux qui emplissait peu à peu leur horizon. Le frottement du tissu contre la roche, contre les pierres de formations de la maison contre laquelle il était adossé, le déchirement des fibres pris dans une aspérité de la paroi tandis que les jambes du Déchu cessaient de le porter et céder sous lui, en douceur, presque maternellement, comme si elles ne voulaient abîmer plus en avant leur hôte dans sa chute. Même son souffle s'était fait plus fin qu'une brise, aussi délicat qu'une feuille de glace ou qu'un pétale de rose. Pour un peu, si on prêtait attention à lui, on aurait pu penser que cette ruelle était à présent sa dernière demeure. Mais en y prêtant encore un peu plus attention, en se focalisant un tant soit peu sur sa carcasse, on pouvait observer sa poitrine se soulever et s'abaisser faiblement, imperceptiblement, mais quand même bouger, comme le frémissement du duvet d'un oiseau. D'une certaine façon, en l'observant, on aurait pu le prendre pour un endormi par le froid. S'il n'y avait pas eu ses yeux.

Son regard était grand ouvert, rivé sur le mur en face de lui, rivé sur les moindres anfractuosités de la roche. Cependant, si l'on se mettait devant, dans la ligne de mire, on se rendait dans l'instant compte qu'il ne regardait pas en face de lui. Qu'en réalité, ce regard, ses yeux ne regardaient nul part. C'était comme si, ses organes que l'on appelait habituellement miroir de l'âme étaient vides. L'amas de chair dans la ruelle n'était plus qu'à présent une coquille vide, un corps sans âme, ou presque. Si on était plus attentif aux prunelles du colérique, si on s'y penchait un peu plus, presque à le regarder dans le blanc des yeux, on pouvait voir que tout au fond, quelque chose bougeait, se déployait. Des tourments de flammes et de terreur qui enserraient et engonçaient son esprit. Le poing enflammé de Djinshee venait de plonger Ignis dans les affres de ses tourments. Son esprit avait tenté de s'évader, de le faire s'échapper mais malheureusement, il n'avait pas réussi. Au contraire, il avait fait bien fait pire. Il l'avait enfermé en lui-même, piégé par les propres limites de son cerveau.

Son regard, c'était un cri silencieux lancé à la cantonade. Un appel à l'aide de terreur et d'impuissance qu'il était incapable de lancer et d'émettre autour de lui. Imperméable à tout ce qui l'entourait, au froid de l'air qui s'emprisonnait peu à peu autour de lui, il était emprisonné dans son monde de terreur et de flamme dans son enfer personnel. Chaque respiration, chaque battement de cœur était en proie aux flammes qui le ravageaient. Son esprit était l'incendie de son passé, le brasier qui avait fait de sa vie un enfer. Il était dans un monde de fournaise sans aucune porte de sortie, condamné à brûler éternellement, à sentir chaque pore de sa peau s'assécher avant de se mettre à friper, à se racornir, puis à frétiller et à bouillir. Voir les bras de la combustion s'accrocher à ses membres, les lécher presque amoureusement, se refermer autour, continuellement, perpétuellement, comme les caresses d'un amant. Il ne restait plus que ses os, plus que ses cendres et pourtant, il pouvait encore hurler de douleur dans son esprit, il pouvait encore brûler, dans un cercle sans fin comme si tout n'était que chair et peau, flammes et chaleur, terreur et horreur.

Dehors, la blancheur des flocons tombant mollement déposait son écrin sur le paysage et sur le village où ils s'étaient retrouvés. Les sons étaient assourdis, alourdis. Les contours devenaient flous, masses indistinctes donnant des allures de brouillon à ce monde inconditionnel qui était en train de se former autour d'eux. Un environnement de douceur et de quiétude, qui contrebalançait presque avec ironie, le cauchemars qui se passait sous la voûte crânienne d'Ignis. Ils étaient seuls dehors, deux abandonnés, deux rejetés qui n'arrivaient à se joindre, qui n'arrivaient pas à communiquer. Ils étaient dans l'anti-chambre des malheurs et de l'incompréhension. Ils étaient l'un près de l'autre et pourtant, des continents entiers les séparaient. Les flammes, bien que destructrices, pouvaient aussi parfois être salvatrice. A moins qu'il ne s'agisse des flocons et de la neige qui les sauveraient cette journée et qui leur permettrait de continuer à avancer. Blanc et Rouge, fraîcheur et chaleur au cœur du berceau cristallin.


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Jeu 31 Jan 2019, 22:17

Elle leva les yeux au ciel, attendant toujours une réponse. Les nuages étaient assez éblouissants. La fine couche de neige qui s’empressait de recouvrir les rues aussi. Tous ces flocons qui tombaient ne changeaient en rien la forte luminosité environnante, qui émanait de partout à la fois. C’était comme si Sot’Rahgol tout entier était enfermé dans une boule parfaitement opaque et blanche. L’atmosphère était feutrée. Ici, personne ne semblait les entendre. Djinshee croisa les bras. Le paysage avait quelque chose d’apaisant, certes, mais elle ne l’aimait pas. Son visage était enfoncé dans sa capuche pour éviter que les flocons ne l’atteignent et ne fondent en voulant se poser sur sa peau. Encore une fois, elle se disait qu’il fallait vite qu’elle règle cette histoire. D’ailleurs, il allait lui répondre, celui-là ? Quel insolent.

-Bon, t’es devenu muet ou quoi ? Lâcha-t-elle en se retournant vers lui. C’est pas poss-oh…

Ce ne fut pas à un homme passablement énervé qu’elle fit face, mais plutôt… comment dire ? A un corps ? L’homme était écroulé dans la neige, les yeux ébahis.

-Qu’est-ce que tu fous ?

Le juron attendait impatiemment au bord de ses lèvres et elle ne résista pas longtemps avant de le lâcher. Elle ne savait pas quoi faire. Elle était trop énervée pour comprendre. Elle regardait le Déchu gisant à ses pieds avec haine. Il le faisait exprès. Il faisait exprès depuis le début.

-Lève-toi. Elle s’accroupit en face de lui. Ses yeux étaient droit rivés sur elle, mais ils ne la voyaient pas. Impossible à capter. Ils étaient vides. C’en était presque effrayant. Djinshee passa une main devant son visage. Finalement, c’était peut-être sérieux. Hé, j’te parle ! … Tout va bien ?

Visiblement, non, tout n’allait pas bien, mais c’était la seule chose qu’elle avait trouvé à dire. Elle attendait juste une réponse de sa part, réponse qu’elle n’obtînt jamais. Djinshee resta quelques temps à l’observer, l’air impassible. Sa colère s’était un peu dissipée. Le grand brûlé était inquiétant, en fait. Il ressemblait vraiment à quelqu’un qu’on venait de tuer. Qu’elle venait de tuer. La rousse jeta un œil par-dessus son épaule. Comme si elle avait quelque chose à se reprocher... Mais c’était toujours aussi désert. Elle passa une main au niveau du cou du Calciné pour prendre son pouls. Son cœur battait encore, c’était déjà bien. Néanmoins, ça ne l’aidait pas à savoir ce qu’elle était supposée faire de lui. Il faisait vraiment chier jusqu’au bout, celui-là ! Il méritait bien une nouvelle tarte. Pas aussi violente que tout à l’heure, mais une tarte quand-même. Aucun effet.

-Dis-moi ce que j’t’ai fait, hein ? C’est ça qui te fait peur, peut-être ?

Elle lui montra sa main et y mit doucement feu. La réaction du Calciné fut imperturbablement la même : rien. Il lui faisait presque douter d’avoir bien vérifié son activité cardiaque. Elle le détestait pour ça aussi, la faire douter. D’ailleurs, elle n’avait pas la moindre idée de ce qui était supposé se produire avec les bracelets si l’un des deux mourait ? C’était une expérience qu’elle n’avait pas franchement envie de mener avant de comprendre tout le pourquoi du comment.

Cet abruti avait la peau glacée. Djinshee avait oublié que le Berceau était particulièrement froid. Autant elle était très sensible à l’humidité, autant elle n’était pas très douée en ce qui concernait les températures. Elle n’avait plus froid depuis qu’elle n’était plus malade. Si on mettait de côté les effets de son bracelet sur elle, elle n’avait quasiment jamais froid. Elle oubliait donc souvent que tout le monde n’était pas habité par son élément et qu’être capable d’avoir chaud dans un lieu pareil n’était pas normal, à moins d’être habillé en circonstances.

Ses tentatives pour le réveiller étaient vaines. Elle aurait pu aller chercher de l’aide, et elle en aurait sûrement trouvé. Néanmoins, quelque chose lui disait que ce fou-furieux allait encore tout foutre en l’air si elle le ramenait quelque part. Djinshee avait attrapé son avant-bras. La peau du Déchu y était déjà abimée. Elle l’avait pris du bout des doigts pour éviter de trop toucher la neige qui avait fondu au contact de sa peau. Ses précautions ne suffirent pas à la dispenser d’un contact, aussi futile qu’il fut, avec son élément contraire. La Lyrienn serra la mâchoire en même temps qu’elle tenait fermement l’avant-bras du Calciné. Il avait intérêt à réagir, ou elle n’aurait plus aucune idée de quoi faire de lui.

Ça risquait de brûler un peu.


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Ven 15 Mar 2019, 20:18

Tout d'abord, il ne se produisit rien. Imperméable au monde qui l'entourait, son esprit ne réalisa pas tout de suite que la douleur de la brûlure qu'il ressentait sur son bras n'était pas le simple fruit de son imagination et des tourments psychiques qu'il s'infligeait. Il fallait que ses chairs soient marquées une nouvelle fois, en profondeur, pour lui faire comprendre qu'il y avait une différence entre le réel et les souvenirs même si les deux pouvaient être tout autant fatidiques. Un hurlement pris naissance au creux de ses tripes, remonta le long de son œsophage avant de s'extraire vers l'extérieur en lui arrachant les cordes vocales au passage. Il fit un bond violent en arrière, retirant brusquement son bras de l'origine de la douleur tandis que sa tête venait se fracasser contre le mur de pierre derrière lui contre lequel il était appuyé. Ses yeux étaient grands ouverts, exorbités mais ils avaient retrouvé cette mobilité, cette petite étincelle qui permettaient de déterminer que quelqu'un était vivant, qu'il pouvait vous voir et vous regarder. Sa main vint s'abattre frénétiquement sur son bras, pour éteindre les flammes qui en réalité, avaient déjà disparu.

Que … ?

Ignis était aussi tremblant qu'une feuille prise en pleine tempête, incapable de contrôler ses frissons. Son regard vint se fixer dans celui de Djinshee, cherchant un point d'encrage sur lequel se retenir. Son souffle était saccadé, laborieux. Puis les derniers événements lui revinrent en mémoire et il tenta de s'éloigner de la Lyrienne en reculant sur les fesses. Malheureusement, il ne pouvait aller nul part avec le mur derrière lui. Il chercha à se relever mais ses jambes ne le portèrent pas et il s'écroula au sol, se rattrapant au mur comme il pouvait. Il avait la tête qui tournait, quelque peu la nausée … Avec le bout de ses doigts, il vint tâter l'arrière de son crâne, là où il s'était cogné. Lorsqu'il les ramena devant son visage, ils étaient légèrement poisseux de sang. Il ne put s'empêcher de pousser un juron. Ses yeux papillonnèrent avant de se reposer sur la manipulatrice de feu. L'inquiétude de ce qu'elle pourrait faire se disputait à la colère de se dire que tout ceci était sa faute.

Va-t'en. Fous moi la paix.

Bien que le sens des mots était vindicatif, il n'y avait pas de hargne dans la prononciation. Juste un désir, presque une supplique. Qu'elle ne le brûle plus, qu'elle n'use plus de feu sur lui et en sa présence. Il était hors de question qu'il prononce les mots comme un enfant qui quémande. Plutôt se caparaçonner derrière son péché. Si cela pouvait la faire partir, c'était tout ce qu'il souhaitait. Il essaya une nouvelle fois de se redresser, échoua encore, libérant une flopée de mots doux digne d'un charretier. La troisième tentative fut la bonne même s'il dut prendre appui contre le mur et qu'il était aussi flageolant qu'un agneau nouvellement né. Son bras ripa contre les pierres et il baissa son regard sur le bracelet enserrant son poignet. Tout ça, c'était à cause de ce foutu objet et de la personne qui avait tout manigancé et qui l'avait envoyé. Plus tôt il en serait débarrassé, plus tôt il serait aussi débarrassé de la Lyrienne. Il fallait qu'ils trouvent un magicien ou autre marabout qui pourrait en venir à bout.

Débarrassons nous de ça ..

Ignis entreprit de regagner la rue principale en utilisant le mur comme béquille pour soutenir ses jambes. Il était glacé et tremblait de tous ses membres, en parti du au froid mais aussi et surtout, à cause de ce qu'il venait de vivre, du contre-coup de sa crise et de sa peur. A cet instant, il aurait payé cher un verre mais il ne pouvait même pas s'en enfiler un vu qu'ils étaient personna non grata dans la seule taverne du coin – grâce à lui. Quelle était la solution ? Se rendre dans un autre village ? Fouiller celui-ci de fond en comble en espérant trouver une pépite de mage derrière l'une de ses portes ? Il n'avait pas vraiment envie à voir avec elle mais il n'avait pas le choix. Il se retourna pour l'observer.

Une idée lumineuse ?

A cet instant là, une voix les interpella. Une femme emmitouflée jusqu'au bout du nez était en train de s'approcher d'eux. Elle les prenait pour des voyageurs perdus et gelés, ce qui n'était pas tout à fait faux, ni tout à fait vrai non plus. Ignis ne la contredit pas, encore moins à l'instant où elle leur proposa de venir se mettre à l'abri chez elle. En plus, la chance semblait commencer à leur sourire car elle se disait guérisseuse. Cela ne voulait pas forcément dire qu'elle était une utilisatrice aguerrie de magie mais elle devait au moins avoir des rudiments plus poussés qu'eux.

Suivons-là

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Dim 17 Mar 2019, 22:53

Elle n’avait rien dit et s’était contentée d’obéir, même si ses mots la froissèrent. Elle était fatiguée de lutter contre lui. Oui, déjà. L’optique de réenclencher une dispute la séduisait autant qu’une bonne averse, et ça aurait été inutile. Il était vivant, c’était déjà ça... Les bras croisés, elle le regardait se mouvoir du coin de l’œil. Vu la qualité de sa locomotion, elle aurait pu lui proposer de l’aide, mais « foutre la paix » avait aussi ce sens qu’il fallait fermer sa gueule. Ce temps de pause était nécessaire, au fond. Il fallait refroidir les esprits. L’un comme l’autre n’était pas en mesure de réfléchir, encore moins en mesure de communiquer. Combien de siècles leur faudrait-il pour parvenir à s’entendre suffisamment ? Djinshee préférait ne pas y penser et se dire que tout serait terminé bien avant qu’ils n’arrivent à ce moment où ils seraient susceptibles de se supporter. En attendant, quel Aether était le plus à même de l’aider ? Sarina ? La Lyrienn lui émit aussitôt une prière.

***

Djinshee considérait la guérisseuse avec un immense soulagement. Ils s’étaient installés à sa table et elle leur proposait toutes sortes de boissons chaudes. C’était principalement des infusions. La maison était modeste, mais tout ce que l’on demandait ici était d’avoir quatre murs isolant du froid extérieur. Et puis, il y avait une belle cheminée, ce qui donnait un bonus qualitatif non négligeable à l’ensemble. La guérisseuse s’était occupée des blessures d’Ignis avant de leur demander ce qu’ils faisaient tous les deux dans le coin. Tandis qu’elle ramenait de l’eau chaude, la Lyrienn découvrit son bracelet et lui expliqua brièvement la situation, en prenant le soin d’omettre des détails comme leur renvoi de l’auberge, ou encore la syncope du Calciné.

-Hmm… Moi je ne vous serai pas d’une grande aide, mais mon mari pourrait en savoir plus sur le sujet. NAHL’KA ! DESCEND ON A DE LA VISITE.

Djinshee aurait aimé ne jamais sursauter, mais cette femme avait crié tellement fort que ça avait été inévitable. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’une personne aussi fine et petite ait autant de coffre. Les lattes du plafond craquèrent doucement sous les pas dudit mari. Il fit rapidement son apparition. Lui, par contre, c’était un grand gaillard assez large d’épaule. Ça ne l’empêchait pas de paraître tout aussi sympathique que sa femme. On lui raconta.


-En effet, ils sont magiques vos bracelets, commença-t-il par dire en examinant les artefacts. Djinshee se retint de lever les yeux au ciel. Il y a clairement un lien entre les deux, et ils ne disparaîtront pas tant qu’il y aura ce lien. Franchement, je ne sais pas grand-chose là-dessus. Si ça avait été de la Magie Noire ou Blanche, il n’y aurait pas eu de p…

-Vous ne connaissez pas quelqu’un capable de le faire ? Briser ce lien ?

-Si, commença-t-il doucement, conscient de l’ascenseur émotionnel qu’il risquait d’engendrer, mais il est mort.

-Vous n’avez vraiment aucune idée ? Demanda Djinshee en passant une main devant ses yeux. Le sort s’acharnait sur eux, c’en était risible.

-Je pense qu’avec du temps, je serais capable de faire quelque chose pour vous, il faut que j’étudie ça…

-Combien de temps ?

-Ça dépend de la puissance. Mais dans votre cas, ça m’a pas l’air d’être de la tarte. Sinon la deuxième solution c’est d’attendre l’objectif qui vous lie. Là, le charme se brisera.

-C’est bien ça le problème : on n’a pas la moindre idée de ce qu’on doit faire !

-Si vous vous montrez patients, je pense que vous le découvrirez bien assez tôt. Celui qui vous a fait ça ne va pas vous laisser sans piste indéfiniment.

-Qui sait ?

Elle ne voulait pas passer pour une parano en exprimant tous les scénarios qui lui passaient par la tête. Qu’ils finissent par s’entretuer ou que l’un ramène l’autre quelque part dans des objectifs obscurs, qu’on les suive à la trace... Les hypothèses étaient multiples, souvent tordues, mais tout à fait possibles. L’homme sourit. Il comprenait ce qu’elle voulait dire par là, et était heureux de pouvoir tourner la conversation sur un sujet qu’il maîtrisait mieux.

-Si ça peut vous rassurer, je ne vois aucune affiliation maléfique dans ce lien. On ne vous veut pas du mal.

Il était vrai qu’après tout, tomber malade à crever n’avait rien de maléfique. Djinshee échangea un regard avec Ignis. Et être lié à un mec comme ça, ça aussi c’était clairement une bénédiction.


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Lun 11 Nov 2019, 17:55

Pour une fois, Ignis était silencieux et calme. En réalité, il était à bout, épuisé physiquement et mentalement. Il n'avait même pas réagit quand la guérisseuse avait appelé à plein poumon son mari, c'était dire. Il écoutait d'une oreille lointaine la discussion. De toute manière, visiblement, ce qui en ressortait, c'était que personne ici ne pouvait les aider et qu'ils étaient apparemment voués tous les deux à devoir se coltiner l'un l'autre tant que rien ne serait fait. Cette situation n'avait rien de drôle mais ce qui l'était encore moins, c'était qu'il soit tombé sur une lyrienne du feu. Il aurait probablement préféré que cela soit un zombie plutôt qu'une élémentaire de sa phobie. Il ne fallait pas se leurrer, il était entièrement à sa merci. A présent qu'elle connaissait sa faiblesse, elle s'en servirait contre lui quand cela lui chanterait, dès l'instant où il ne marcherait pas dans la même direction qu'elle. Et il ne pouvait rien faire contre rien, absolument rien. Il porta la main à l'arrière de son crâne, là où il s'était cogné contre le mur. La guérisseuse s'était occupée de nettoyer la plaie et de poser un cataplasme dessus. Se méprenant sur son geste, elle s'adressa à lui en remplissant de nouveau son bol de tisane.

Cela va certainement vous faire souffrir pendant encore quelques jours. La plaie est propre mais assez profonde. Vous n'avez pas du y aller de main morte quand vous vous êtes cogné. Tenez, continuez de boire ça, vous verrez, vous vous sentirez mieux.

Ignis se contenta de l'observer en silence avant de reporter son attention sur la cheveux rouge et l'autre homme. Les bracelets étaient magiques. Ca, ils l'avaient deviné sans qu'on ai besoin de le leur dire. Eux, ce qu'ils voulaient savoir, c'était comment s'en débarrasser et être ainsi libérer l'un de l'autre au plus vite. Malheureusement, Nahl'ka était bien incapable de les aider comme ils l'auraient souhaité. Ce machin ne leur voulait pas de mal ? Génial ! On voyait bien que ce n'était pas lui qui avait eu le corps aussi douloureux que si une horde de chevaux lancés au triple galop lui était passé dessus, tout ça à cause de ce bracelet. Si ça, ce n'était pas maléfique, il ne savait pas ce qu'il fallait d'autres à ce pauvre bougre de réprouvé. Maintenant qu'il se réchauffait et allait un peu mieux, la colère revenait lui brûler les entrailles. Toutefois, il se retint de tout commentaire désobligeant. Après tout, ces gens les avaient gentiment aidé. Et puis, il fallait reconnaître qu'il avait peur de la sorcière rouge, de ce qu'elle était capable de faire, de lui faire, avec son feu, s'il les faisait encore virer d'un endroit chaud.

Quand elle lui jeta un coup d'oeil, il fronça les sourcils d'un air de dire « qu'est ce que tu me veux ?! ». Elle ne dit rien mais il n'était pas dupe, il savait qu'elle n'en pensait pas moins. S'il y avait une bonne chose dans toute cette histoire, c'était qu'elle n'était pas plus heureuse que lui de la situation. Savoir qu'elle rageait lui mettait un peu de baume au cœur. Après tout, il fallait savoir profiter des plaisirs simples de la vie et celui-là en faisait parti, surtout quand tout le reste partait en couille. Lui non plus n'avait pas demandé à être collé avec une plaie pareil. Plus fort que leur animosité l'un envers l'autre, était celle qu'ils avaient envers le farceur anonyme. Peut être que lorsqu'ils arriveraient à lui mettre la main dessus, seraient-ils enfin d'accord pour le châtiment qu'ils lui feraient subir. En attendant, ils étaient coincés tous les deux. Et vu comment ce matin les avait rendu malade quand ils étaient loin l'un de l'autre, il craignait le pire. Et le pire, dans sa vision actuelle des choses, c'était de devoir cohabiter avec Poing de feu. Il n'osait imaginer l'horreur que cela devait être. Il secoua la tête. Autant chasser tout de suite cette vision d'horeur avant qu'elle ne devienne réalité.


Donc si je comprends bien, on est à la merci de ces bracelets et du bon vouloir de leur propriétaire d'origine ?

L'homme acquiesça. Ignis soupira. La guérisseuse échangea un regard avec son mari.

Allons donc, ne faites pas cette tête. Vous allez voir, tout va s'arranger.Déjà, vous allez commencer par prendre une bonne nuit de sommeil ici même et demain, à votre réveil, tout ira déjà mieux.

Si seulement.

FIN

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Sans l’autre, à défaut du dépit, tu mourras de maladie [Ignis]

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