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 La bienveillance - Lilith

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Jeu 03 Jan 2019, 17:06



"Comment t'appelles-tu ?" Pas de réponse. Agaçant... "Hum. Je comptes jusqu'à trois avant de te couper la tête." D'un geste désinvolte, le chaman s'empara d'une hache et mit brutalement fin à toute tentative de conversation avec cette créature apparemment inconsciente qui venait de toquer à sa porte. Il était déjà surprenant qu'elle ait réussi à se frayer un chemin jusqu'ici sans se faire zigouiller par un chaman mal luné. L'homme aux cristaux se tenait droit devant lui sans prononcer un seul mot, comme profondément absorbé par la contemplation du roi. "Un, deux... Oh." Faisant une moue, le chaman reposa l'instrument de mort. "Non tiens, j'ai plus envie." Ses décisions étaient désormais dignes d'un démon extrêmement cruel autant que d'un ange pur et innocent, plus rien n'était fixé. En réalité il avait toujours été aussi instable, mais la libération d'un grand poids lui avait rappelé une palette de mots que sa souffrance lui avait fait oublié : bienveillance, pitié, gentillesse... Comme il semblait peu plausible qu'un étranger ait réussi à s’infiltrer jusqu'au campement royal, Devaraj misa sur la présence d'une créature de l'île. On ne savait plus à quoi s'attendre depuis le dernier cataclysme, il ne reconnaissait même plus les fleurs de son propre potager. Ou peut-être était-ce un envoyé des Dieux, encore un autre ? Il n'avait aucun moyen de le savoir et cela attendrait sa pause café. Devaraj inspira profondément. Son subit manque de fureur lui laissait une impression étrange... Il se demandait si ce n'était pas les effets secondaires de l'Ange qu'il avait mangé, car seul, il aurait difficilement pu se souvenir de l'existence de la bonté et de la patience.

"Amüth." finit par lui répondre le satané muet après s'être fait inviter à la table du Suprême de l'Au-Delà, bien qu'il ne mangea pas un seul morceau du magnifique rôti de corbeau que Devaraj s'était préparé avec un malin plaisir personnel... Il avait appris suffisamment de bases en cuisine par Kewanee dans sa jeunesse pour réussir à produire un plat mangeable et n'avait pas besoin de demander pour qu'on dépose devant sa porte de l'alcool et des mets divers et variés en guise d'offrandes. Après son retour à Zaowa alors que tout le monde le croyait perdant, certains admirateurs s'étaient mit à le choyer de mille et une attentions. Il avait même dû préciser qu'il n'arriverait pas à en manger la moitié tout seul et qu'il valait mieux économiser les réserves. Excepté un esprit étrange qui ne cessait de répéter "J'ai faim." à longueur de journée et que Devaraj avait gardé par amusement, plus personne ne traînait dans les appartements du roi. Pour le moment, Devaraj craignait trop que quelqu'un s'aperçoive de son nouveau problème. Sa paranoïa avait atteint un niveau culminant... Heureusement il pouvait se justifier en clamant qu'il ne voulait pas dépendre des autres et que les petites mains seraient plus utiles sur l'île qu'enfermées chez lui à s'occuper de sa maison, ce qui était désastreusement vrai vu la montagne de travail qui les asseyait tous les matins.

Grignotant sa viande, le chaman finit par donner son assiette à Gros-Ventre. L'écureuil anthropophage se chargerait mieux que lui de terminer sa part. Son invité n'avait pas l'air décidé à partir. Il n'avait pas l'air décidé à quoique ce soit, en fait... L'homme se contentait d'observer stoïquement son hôte et de le suivre à distance raisonnable partout où il se rendait. Heureusement pour lui, la bonne humeur éphémère de Devaraj écartait tout risque pour lui de perdre la vie ou de se faire dégager. En faisant sa toilette, le chaman se dit qu'il avait l'air niais avec sa nouvelle expression de bonté... C'était ridicule, mais tout de même plaisant. Il n'avait pas à s'en soucier, son subconscient savait parfaitement qu'il pouvait passer d'un enfant pur à un cynique aguerri en quelques secondes et que le flot inconstant de ses émotions les rendaient fortes dans le moment présent mais futiles sur le long terme. Ainsi il n'avait plus à se soucier ni de ses amours, ni de ses haines, ni de ses désirs profonds. Chacun d'eux vivait en lui, mourait et renaissait sous une forme ou une autre, il n'y avait plus rien à comprendre si ce n'était que les volontés qui importaient étaient celles du moment présent. Rien d'autre. Le reste de son comportement était laissé aux Aetheri, c'était précisément ce qui faisait de lui le fou des dieux. Enfilant une tunique rouge brodée d'or, Devaraj sifflota et changea de pièce.

Son bureau recouvert de pierres magiques et d'un grimoire à moitié rempli ne lui donnait guère envie. Déchiffrer le message de Raanu était un véritable casse-tête qui nécessitait une motivation sans faille. Autant dire que la sienne était si inconstante qu'il lui était difficile de se concentrer suffisamment longtemps pour voir le fruit de son travail... En soupirant, le chaman s'enfuit et préféra retourner voir les prisonniers. Il y a une semaine de cela, un bateau Kazak avait intercepté un chargement commercial qui avait eu la stupidité d'entrer dans les sillages de l'île. D'abord prit de clémence, Devaraj avait ordonné de faire des prisonniers au lieu de nourrir les sirènes. Toutefois il avait changé d'avis deux fois et la moitié des survivants s'était vue décapitée. Chacune de ses entrées dans la grande cellule provoquait un vent de terreur compréhensible. Le Fumeur Macabre venait autant pour offrir des beignets tout chauds en réconfort que pour étrangler quelqu'un dont il n'aimait pas la tête, parfois même les deux en même temps. Cette fois-ci cependant, personne n'eut le temps de s'imaginer quoique ce soit. Devaraj les transforma tous en chaman sans leur demander leur avis. Puis remarquant une femme avec un bébé mal en point, il lui arracha des bras et reparti avec l'enfant hurlant dans les bras, avec la vague intention de le nourrir et le soigner. Ce n'est que de retour à l'air libre qu'il se rappela qu'il n'avait jamais été doué avec les bébés aussi jeunes et que si la chose pleine de morve ne se taisait pas dans les dix prochaines minutes, il allait la jeter dans la cheminée pour avoir la paix... "Hum." Regardant autour de lui, un peu perdu, le chaman finit par prendre l'habitation de Lilith. Il avait de toute façon quelques questions à lui poser. Ne prenant pas la peine de toquer -sa visite était déjà annoncée par les pleurs incessant du bébé, il entra sans crier garde. "Comment on fait pour faire taire ce machin ?" dit-il en présentant l'enfant les bras tendus. "Autrement qu'en lui donnant de la morphine, je veux dire..." L'ombre d'un sourire sarcastique passa sur ses lèvres. "Aussi, tu connais ce genre de créatures ?" Il pointait du doigt son invité qui était resté dehors. Elle était bien plus vieille que lui et avait sûrement plus de chances que lui de connaître la réponse à sa question... Attendant patiemment, le chaman se darda d'un sourire idiot.

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Mer 09 Jan 2019, 23:29

La bienveillance - Lilith I7vu
La bienveillance


Ce qui lui manquait le plus était la disparition de ses ailes. « Plus bas. » murmura-t-elle doucement. Le reste était du passé et, à dire vrai, elle s’était habituée à sa nouvelle condition plus rapidement qu’elle ne l’aurait prédit. Jun ne hantait pas ses nuits pour l’instant. C’était étrange, comme si le Dieu avait disparu. Elle ne ressentait plus sa présence, du tout. Quelque chose en elle était manquant, comme si son père avait depuis longtemps implanté une part de lui-même au sein de sa chair et de son esprit. Elle se sentait plus fragile. Aussi détestable qu’il pût être, elle s’inquiétait pour lui. Elle avait senti sa détresse. Pourtant, quelque chose en elle avait fondamentalement changé. Elle n’était plus si altruiste. Elle n’était plus si empathique. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, de plaisir. En y réfléchissant, elle avait compris ô combien le statut d’Ange avait limité ses capacités. Elle ne se servait précédemment pas de ses avantages, pas pour elle, du moins. Elle se retourna, pour faire face à l’homme. Allongée sur son lit, elle profitait de ses mains sans ménagement. Devaraj avait été le seul, précédemment, à toucher sa peau nue de la sorte. Elle ne lui réservait dorénavant plus de monopole en la matière. Aussi, elle ferma les yeux afin de profiter des caresses. L’aura qu’elle dégageait lui permettait d’obtenir beaucoup plus qu’elle ne l’aurait envisagé jadis de ceux qui l’entouraient au quotidien. Parfois, elle devenait plus autoritaire, ce qui avait pour conséquence de faire plier les volontés. D’autres fois, elle se laissait aller à une certaine douceur, ce qui avait le même effet. Demander et obtenir, voilà ce qu’elle avait appris à faire ces derniers jours. Néanmoins, il lui restait beaucoup à accomplir, ne serait-ce que pour s’établir véritablement au sein de ce peuple qu’elle avait longtemps côtoyé d’un point de vue extérieur seulement. À présent, elle était englobée dans ce tout.

Lorsqu’elle entendit les pleurs d’un enfant, Lilith ouvrit les yeux. « Je crois que nous allons devoir remettre ce massage à plus tard. » fit-elle simplement. « Merci, en tout cas. ». L’homme s’écarta d’elle et lui sourit d’un air entendu. Sa grossesse lui causait quelques douleurs. La nuit, elle faisait de plus en plus de cauchemars inexplicables. C’était en cela qu’elle aurait aimé avoir Jun auprès d’elle. Il aurait pu lui expliquer les suites, ce qu’il attendait d’elle et, bien sûr, les comportements qu’elle devait adopter pour que les choses se passent pour le mieux.

Le buste nue, elle émit un petit geste de la main en direction de l’homme pour lui dire de partir. Il croisa Devaraj et disparut par la porte. La jeune femme, elle, croisa les bras, n’ayant pas eu le temps de se revêtir. Elle fixa le nourrisson un instant sans bouger. Ses yeux se déplacèrent vers l’autre « créature ». « Bonjour à toi aussi. » fit-elle simplement, avant de se déplacer pour attraper une chemise en coton qu’elle enfila sans attacher les boutons. Elle prit ses cheveux et commença à les tresser lentement. Elle se retourna une fois qu’elle eut fini et rejoint le Suprême de l’Au-Delà pour lui prendre le bébé. Elle sourit au bambin, tout en le berçant doucement. De sa main libre, elle amena son index sur le bout de son nez, émettant un son dès que celui-ci le toucha. « Pouc ! ». Elle répéta la manœuvre plusieurs fois, son aura aidant sans doute à calmer le petit être. Les yeux grands ouverts, il commença à l’observer intensément, ses pleurs cessant par la même occasion. Une fois cela fait, elle reporta son attention sur le Chaman. « Les enfants ne sont pas des jouets, Devaraj. J’espère que tu n’as pas tué sa mère au moins. ». S’il y avait un sujet sur lequel elle n’avait pas changé, c’était celui-ci. Elle avait entendu parler des prisonniers et de la terreur que son mari leur inspirait. Amenant l’enfant avec elle, elle s’assit dans un fauteuil à bascule, observant l’homme d’un regard clair. « Je ne compte pas rester enfermée ici très longtemps si jamais tu te posais la question. J’avais juste besoin d’un peu de calme. ». La plupart des coutumes chamaniques étaient très loin de l’être. « J’ai pensé que nous pourrions mettre un terme à notre mariage. Après tout, comme tu n’as cessé de le répéter depuis que nous l’avons célébré, il n’a jamais été consommé. Et puis, si l’envie nous reprend, plus tard, nous pourrons toujours… ». Elle s’interrompit, ne préférant pas terminer sa phrase. « Nous verrons bien. ». Elle n’était pas certaine de souhaiter être uniquement considérée comme son épouse. Elle préférait façonner son existence, représenter autre chose, ne pas être associée à quelqu’un d’autre. Elle sourit et se releva, plaçant le bébé dans les bras de Devaraj sans plus de cérémonie. Elle jeta un regard à l’autre. « C’est un Ridere. La légende raconte qu’ils étaient les premières créatures de Sympan. Ils ont failli détruire le monde une fois. Je n’en sais pas beaucoup plus. ». Elle marqua une pause et avança sa main pour caresser la joue de l’homme. Elle l’y laissa, restant silencieuse quelques secondes. Elle paraissait troublée. « Je ne sais plus comment te considérer. ». Elle aurait aimé qu’ils soient soudés, qu’ils s’entraident, en savoir plus. Pourtant, l’instabilité du Roi le rendait dangereux. Elle ne pouvait lui faire confiance, pas plus qu’elle ne pouvait deviner ses desseins, ses vérités ou ses mensonges. Elle avait besoin de moments d’intimité, c’était ce qu’elle attendait de son époux, une réciprocité, un foyer. Il n’était pas fait pour ça, vraisemblablement. Elle n’oubliait pas qu’elle l’avait fui. Elle était Chamane à présent. Elle était sur l’Île Maudite. La constatation restait cependant : elle n’était pas partie sans raison. Peut-être l’aimait-elle mais il était incapable de lui offrir ce qu’elle désirait. « Je suppose que tu as des choses à faire. » murmura-t-elle pour qu’il s’en aille.

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Dim 20 Jan 2019, 11:26




"Non. Je n'ai pas tué la mère, tu me prends pour un démon ?" fit-il dans une moue désapprobatrice, ayant déjà oublié qu'il avait en effet failli ne pas épargner la femme en question. Comme le bébé se remit à hurler dès que le chaman posa sa main dessus, il le laissa sur le lit d'un air perplexe. Pour une raison hors de sa portée, les enfants ne l'aimaient pas. Promenant son regard le long de la pièce, il écouta d'une oreille en ponctuant de "Hmm." Il s'amusa un moment à regarder les reflets rouges que sa tunique produisait lorsque les rayons de soleil passaient à travers. Quelle belle couleur, songea-t-il, avant de remarquer la main sur sa joue. Il fronça les sourcils et recula alors prudemment, à la manière d'une bête sauvage. "Évites de me toucher, je pourrai avoir une réaction qui dépasse ton imagination." avait-il envie de lui dire. Mais il resta silencieux. Amshloumkarhya avait scellé ses lèvres. Comme on attendait de lui une réponse, il fit une moue, continuant de jouer avec les coloris de sa tunique. "Ah bon. Ridere." Son regard se porta sur la créature cristallisée qui attendait dehors telle une statue. "Un nouveau spécimen pour mon jardin, ah ah ah !" Amüth était trop loin pour l'entendre. Il n'aurait pas aimé... Cela se voyait à sa tête en cailloux qu'il n'avait aucun sens de l'humour.

Devaraj se retourna vers Lilith, tout sourire. "Ne pas savoir comment me considérer ? Oui, c'est un défaut commun à l'ensemble de mes proches. Vous devriez créer un groupe de paroles sur le sujet." Pour la première fois dans l'histoire de leurs confrontations, il se sentait moins troublé qu'elle. D'habitude c'était lui le fiévreux remplis d'amour, de haine, ou d'un autre sentiment extrême. Ce fait surprenant l’amena à réaliser que leurs chemins s'étaient séparés un peu trop brusquement pour être compatibles. Il ne lui avait permis de revenir que pour l'arracher à Jun, comme un gosse reprendrait à son père un objet confisqué injustement. Ce n'était pas un choix personnel, en fait, la plupart de ses sentiments pour l'ancienne Ange s'étaient envolés en fumée avec le Parasite. Bien sûr, il la trouvait toujours belle, envoutante, attirante... Quoique sur ce dernier point, il ait du mal à définir où se trouvaient ses envies sexuelles. Écrasée sous la montagne de souvenirs et d’identités mélangées qui accaparait son esprit, sûrement. Il n'y avait plus ce fantasme ancien de la voir comme un rocher derrière lequel se réfugier pour échapper à l'Emprise. Il n'y avait plus l'Emprise. Il n'y avait plus beaucoup de choses en lui sur lesquelles poser des mots et des noms, à vrai dire.  "Envie de ? Finis tes phrases, voyons... Je ne mange personne." Le choix de l'expression provoqua en lui un malaise qu'il surmonta avec difficulté. Tôt ou tard, son appétit revenait torturer son esprit, même sous la forme d'une blague prononcée sans réfléchir. Il se mordit violemment la lèvre inférieure. "C'est trop tard." souffla-t-il. "Tu le sais plus que quiconque, je vis seulement dans l'instant présent. C'est ironique, parce-que tu es devenue exactement la personne que je désirais, voire plus. Mon moi du passé serait fou amoureux et probablement à tes pieds pour toujours ah ah ah !" Une vague grimace traversa son visage. Chamane, élue des Dieux... Peut-être qu'à l'époque, il aurait même pu se réjouir de ce que Jun avait fait. A l'époque, il l'aurait tué pour Jun. Beaucoup de choses avaient changé pour la simple raison que son père avait agit dans son dos... "Quant tu vivais-là... Je me suis mis à espérer que tu serais assez solide pour me soutenir." se remémora-t-il. Il n'avait pas besoin d'ajouter de précisions, tout deux savaient qu'il parlait de sa démence. "Ce n'est pas la cas." Un bref rire le secoua. "J'avais oublié que tes enfants étaient ta seule raison de rester avec moi et encore à la fin, ils ne suffisaient même plus pour me supporter. N'est-ce-pas ? C'est tout dire, car même-moi je ne t'aurais pas imaginer les abandonner." Un vague haussement d'épaules éloigna toute pensée négative. Il était de bonne humeur, après tout. Son ton était plus indifférent voir éteint que venimeux. La principale raison était qu'il avait l'impression de regarder des ères en arrière alors qu'il ne s'agissait que de quelques lunes... Mais ces années de vie commune lui semblaient loin, floues. Indéfinies.

Il remarqua qu'il mourrait d'envie de se rapprocher d'elle, ce qu'il retint avec grandes difficultés en trépignant sur place. Il mourrait aussi d'envie de lui raconter ce qui lui était arrivé, de tout partager en espérant un fardeau moins lourd. Mais cela ne lui avait pas réussi la première fois et il ne voulait pas recommencer son erreur de jeunesse. Le vent s’engouffra dans l'entrée, faisant claquer les pans dorés de sa tunique. "Oui, beaucoup à faire." marmonna-t-il, le regard perdu ailleurs dans le vague. Sur ces mots, une fatigue sans nom parut sur ses traits et le vieillit d'une décennie entière. "Cessons de nous mentir. Il y a nos envies, nos besoins. Mais la vérité est que seul un autre Fou pourrait partager ce que je vis sans se brûler les ailes et le regretter." murmura-t-il, prenant un ton de défi si violent qu'il s'en étonna lui-même, le regard plongé dans les prunelles de la chamane. Puis, trouvant sa supplique muette particulièrement ridicule, il tourna les talons dans un brouhaha de tissu froissé. Fixant l'astre brûlant au dehors jusqu'à ce brûler les yeux, il rajouta. "Il paraît qu'il existe un autre Fou sur l’échiquier divin. Mais les combinaisons du Destin pouvant les placer côte à côte sont rares." Quelque part, il acceptait ce qu'il pensait être la fatalité de sa solitude. Quant à Lilith, il trouvait qu'un fou instable n'était pas adéquat pour soutenir la jeune femme dans son propre fardeau, ni pour lui être utile. "Je me trompe peut-être. J'ai des doutes, des regrets, des envies de tout recommencer. Pourtant rien de tout ceci n'a de l'importance, ni mes souhaits éphémères, ni tes envies. Ce qui a changé Lilith, entre ton départ et ton retour, c'est que ma vie ne m'appartient plus. Quoiqu'il arrive entre nous, c'est hors de ma portée. Je batifole, je viens faire des blagues, prendre de tes nouvelles ou te crier dessus, mais rien de ceci n'est réellement sérieux. Les actes qui ont de l'impact, comme le mariage que tu fantasme toi... Ce n'est plus mon choix, ni le tien." Mais celui des Dieux et particulièrement de ceux avec lesquels Devaraj avait passé des pactes. Son ton grave fit place à un silence pesant. Le Suprême de l'Au-Delà fouilla dans sa poche pour en sortir deux bonnets rouges. "Oh ! J'oubliais." Sans plus de cérémonie, il plaça les deux chapeaux sur leurs têtes respectives.

"Hum." L'homme regardait son ventre rond dans un corps qui ne lui appartenait pas. "Je n'imaginais pas ça comme ça." grommela-t-il en faisant quelques pas. Puis, dans un sourire particulièrement idiot, il releva la tête pour admirer son homologue. "C'est normal, le mal au dos ?" Quelle idée d'être enceinte. "Tu sais, si tu tiens toujours à tes activités de... Voleuse, machin chose. J'ai une idée d'une entreprise que nous pourrions tenir à deux."

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Sam 26 Jan 2019, 00:56

La bienveillance - Lilith I7vu
La bienveillance


Lilith plissa les yeux. Elle n’avait rien dit jusqu’ici. Sa main se porta à sa tête et elle ôta le chapeau d’un geste vif, mettant fin à la plaisanterie. Il gesticulait depuis tout à l’heure, n’ayant à la bouche que sa petite personne. Elle était désolée mais pas cette fois. Elle n’allait pas le plaindre. Et elle n’allait pas le soutenir non plus. « Devaraj. » dit-elle, entrant dans une sorte de colère froide, étrangement calme. Il ne fallait pas croire. Pour le supporter, elle avait dû s’endurcir. Elle s’était rendu compte, en l’espace de très peu de temps, qu’ils ne pourraient jamais reprendre ce qu’ils avaient commencé, ni même entreprendre autre chose. Elle ne le voulait pas à ses côtés. Elle ne voulait pas le voir.  Il l’avait trop blessée. Sans doute l’aimait-elle mais son amour était en train, progressivement, de se changer en haine. Pour une fois, c’était elle-même qu’elle allait plaindre, ses propres sentiments qu’elle allait écouter et, actuellement, tout ce que lui criait son instinct était de s’éloigner de ce psychopathe. Il lui trouverait bien une remplaçante. « Je n’ai pas envie de tenir une entreprise avec toi. ». Elle marqua une pause, en le fixant. « De toute façon, je ne suis même pas certaine de te connaître. Celui que j’aime, ce n’est pas celui que tu es devenu. ». Elle continua. « Et j’en ai ma claque de te voir. Je préférais ton père, finalement. Lui, au moins, voyait quelque chose en moi. Lui, au moins, m’a soutenue. Ce n’était pas à sens unique. Toi, il n’y a que ton nombril qui t’intéresse. ». Elle traversa la pièce et ne se retourna qu’à l’embrasure de la porte. « Alors retourne prier tes Dieux et évite de te rappeler que j’existe, à l’avenir. ». Elle se retrouva face à face avec le Ridere qui s’écarta pour la laisser passer. Un corbeau vint se poser sur sa chemise, ses serres griffant légèrement la peau de son épaule. Elle boutonna le vêtement et se dirigea au hasard. Partout sauf là où le Suprême de l’Au-Delà se trouvait.

Elle finit par se retrouver au Lac Rouge. L’île avait changé. Il s’était passé de nombreux événements. Sans doute était-ce nouveau aussi pour Devaraj… Non. Elle s’interdisait de penser à lui. Elle l’avait fait durant trop d’années. Elle l’avait fait au détriment de sa propre vie. Elle l’avait fait, sans doute, pour de mauvaises raisons. Maintenant, elle devait simplement assumer ses choix et, surtout, en faire qui ne l’incluraient pas. Elle soupira et le corbeau s’envola vers un horizon sans doute moins morose. Ce fut à ce moment là qu’elle le remarqua. Il la regardait depuis un certain temps déjà. Elle entra dans l’eau pour l’approcher. Il flottait sur cette dernière, sa robe immaculée scintillant doucement. Lilith tendit sa main pour toucher son museau. Le contact fut doux. Elle comprit bien vite qu’il ne s’agissait pas simplement d’un cheval ailé. Il y avait quelque chose dans son regard… quelque chose de profond. La Chamane défaillit et l’espace d’un instant, ce fut comme si elle voyait plusieurs scènes en même temps. Un miroir à main. Un livre. La nature. Elle-même… Elle n’arriva pas à décrypter chaque paysage. Il y en avait trop. Elle manqua de s’évanouir, souffrant quelques secondes qui lui parurent une éternité. Pégase la soutint jusqu’à ce qu’elle se sente mieux. Elle savait ce qu’il voulait, sans réellement comprendre comment elle en était arrivée à cette conclusion. Peut-être pourrait-elle monter sur le dos de la bête en échange, et s’enfuir de cet endroit pour toujours. « Je comprends. » murmura-t-elle. C’était le moment de s’en séparer. Après tout, la Couronne ne lui appartenait pas vraiment. Elle en avait obtenu la garde, simplement.

Alors qu’elle réfléchissait, les immenses ailes de Pégase se refermèrent sur son corps. Une douce lumière bleue émana du cocon ainsi formé et, lorsque les immaculées se retirèrent, une femme la regardait. Elle sourit, un brin espiègle. « L’Impératrice en aura besoin. ». « L’Impératrice ? ». « Donne-la moi, s’il te plaît. » susurra-t-elle pour toute réponse. Lilith acquiesça, joignant ses mains pour faire apparaître la Couronne des Rêves. Elle la lui transmit. L’objet disparut par la volonté de Pégase. « Je souhaite partir d’ici… » se risqua-t-elle. « Je n’exauce pas les vœux, j’en suis un. Et puis, tu dois rester ici et donner le meilleur de toi-même pour atteindre le point culminant de la hiérarchie de ton peuple. ». Il y eut un silence. « Tu m’as comprise. » fit-elle avant de reprendre une forme animale et de se volatiliser. Sans doute avait-elle raison. Il ne devait plus y avoir de place pour les « si », pour les « peut-être ». Elle ne pouvait plus se le permettre parce que ça ne lui avait rien apporté jusque-là. Devaraj jouerait tout seul à l’avenir. Elle n’avait pas besoin d’un indécis, d’un déséquilibré. Elle ne méritait pas de supporter son fardeau. Il l’avait accepté à la seconde même où il avait été couronné Roi. Il en était le seul responsable. Il avait fait des choix. Point.

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