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 [IX] - Car grandir est une malédiction [Solo]

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Ven 21 Déc 2018, 12:07

Catégorie de quête : [IX] - Apprentissage
Partenaire(s) : Nobody
Intrigue/Objectif : Afin de le préparer à l'éclipse totale qui aura bientôt lieu en Enfer, deux Seigneurs ont étés missionnés pour endurcir Lucius de tel sorte à ce qu'il devienne un homme, voir un Démon au sens propre du terme. Convié dans une dimension spécifique, le jeune homme doit non seulement survivre, tant sur le plan physique que spirituel, mais aussi trouver des réponses.


L’heure tournait. Lentement. Les secondes qui s’égrenaient lui paraissaient interminables, tant pour la monotonie qui s’accrochait férocement à lui que pour la précarité de l’endroit dans lequel il patientait. En ce jour, de grands changements allaient s’opérer, aussi bien sur son psychisme que sur son état physique. Pour l’occasion, on l’avait cloîtré à l’intérieur d’un local peu ragoutant, exigu et très mal aéré. L’odeur nauséabonde qui recouvrait l’entièreté des murs lui rappelait ses débuts en Enfer, désastreux et saumâtre. La mort était contenue dans chacun des coins de la pièce, comme un message indirect qu’on tentait de lui transmettre. Peut-être se faisait-il des idées et qu’il commençait à divaguer, mais l’image de la mort ne cessait de persécuter son esprit. Les gens auxquels il pensait — principalement ses parents — étant eux-mêmes dépourvus de chair chaque fois qu’il se les imaginait. Pavélia, souffrante, l’appelait aussi à l’aide. L’absence de nourriture dans son estomac ne devait pas être étrangère à ce drôle de syndrome. On l’avait privé de bon nombre de plaisirs, hormis l’eau qui restait essentielle à son organisme, soi-disant pour le préparer à l’épreuve qui l’attendait. Il n’était pas idiot pour autant. Il savait pertinemment que son heure était proche, celle qui le mettrait en face de ses responsabilités, celle où il devrait assumer un autre rôle, bien moins égayant et infantile que celui qu’il avait endossé de toute son adolescence. Lucius avait appris des choses sur des gens auxquels il tenait. Les rares personnes en qui il croyait s’étaient avérées fausses, anéantissant le peu de cœur qu’il avait réussi à maintenir en vie jusqu’alors. Depuis lors, ses pensées, obscurcies par la peine, prirent peu à peu un chemin radicalement différent. Son père avait tenté par tous les moyens de le changer, certainement dans le but de le préparer au pire. Mais les enfants n’écoutent quasiment jamais leurs parents, préférant les contester envers et contre tout, par simple esprit de contradiction. Un réflexe bien contraignant tant il tend à rendre invalide l’œil le plus affuté. Toutefois, c’est avec une volonté inébranlable que Lucius acceptait désormais sa destinée. Élu pour devenir le prochain dirigeant des Enfers, il devait se comporter comme tel. Ni la sagesse ni la compassion ne lui permettrait de survivre dans ce monde-ci, épris par le chaos et la destruction. Ne pouvant plus renier ses origines davantage, le jeune homme accueillait son sort avec indifférence, supportant même jusqu’au supplice qu’on lui faisait subir. Décharné, érodé par la faim et par l’ennui, il ne tenait bon que grâce à la conviction qui l’animait.

Ce n’est que quelque temps après sa profonde introspection que la lumière pénétra enfin la cellule. La noirceur ténébreuse des lieux laissa place à une candeur réconfortante. Jamais il n’avait été aussi ravi de voir la lueur du soleil, même s’il était à moitié conscient de la réalité à ce moment-là. Deux silhouettes se présentèrent à lui. Imposantes et éclairés d’une aura particulièrement accablante, il fut incapable d’établir la moindre reconnaissance, bien trop anémié pour y réfléchir calmement. Hissé sur les épaules d’un des types, il se laissa charrier sans aucune protestation. En fait, il fut tellement soulagé que ses yeux se fermèrent, sombrant dans un doux sommeil qui fit office d’ellipse quant à sa destination. Lorsqu’il se réveilla, il ne reconnut pas davantage l’endroit. Son regard scrutant de tous les côtés, il comprit néanmoins sans trop de mal qu’il était toujours sur ses terres. D’une certaine façon, ça le rassurait, en dépit du fait que rien ne l’était. Cela étant, il était loin de connaitre l’étendue de toutes les dimensions que renfermait les Enfers, conscient de la menace permanente qui habitait certaines d’entre elles. L’une des silhouettes, qui remarqua son éveil, vint à sa rencontre. Il s’agissait d’un homme aux longs cheveux blancs, pourvu d’un bandana couvrant la moitié de son visage. Ses yeux indiquaient une sorte de pureté malsaine, portée à la frontière entre la folie et le contrôle. Ses vêtements étaient ceux d’un noble. Il appartenait à une caste privilégiée, sans le moindre doute.

« Enfin réveillé, pas trop tôt. Debout. »  

Articula-t-il avec une forme de clarté dans la voix. L’autre, bien plus massif et âgé, apparu instantanément derrière lui en le gratifiant d’un sourire qui se voulait apaisant, mais qui entreprit l’effet inverse. Lucius se leva sans plus attendre. Étonnamment, l’énergie qui l’avait quitté ces derniers jours était retournée dans son corps. Il le constata assez rapidement en refermant ses doigts contre sa paume, chose qu’il était incapable de faire avant ça.

« L’épreuve tant redoutée, je suppose. Celle censée me préparer au Jīvana athavā maraṇa. »

« Le ciel annonce son imminence, gamin. Rouge comme le sang, s’étendra sur le monde une averse apocalyptique déclarant officiellement son inauguration. Les premiers signes se sont pointés il y a déjà quelques lunes, c’est pourquoi nous t’avons amené ici. Tu dois renoncer à ce que tu es et changer d’enveloppe. »  

« Je suis au courant, oui. J’imagine que je dois m’y résoudre, même si je n’ai aucune confiance envers ce procédé. Pas plus qu’un autre du moins. »

« Ne t’en fais pas. Les règles sont différentes à celles que tu as l’habitude de suivre. Les innombrables corps que tu vois étalés au sol sont ceux des échoués. Les autres… sont ceux qui, comme nous, ont passés un cap. ».  

L’inquiétude aurait pu prendre part aux traits de l’adolescent, mais curieusement, il avait plutôt hâte de commencer. Certes, l’appréhension se lisait sur son visage, mais de manière pragmatique cette fois-ci. Quant aux deux hommes prétendus être là pour le former, il comprit qu’il s’agissait de seigneurs non liés. Ésotériques et très discrets en temps normaux, peu en dehors du Roi avaient la chance de les approcher.

« J’en déduis que si mon père vous a commandité vous particulièrement, c’est parce que je vais devoir vous affronter. »

Les deux Démons se regardèrent un instant, après quoi le vieillard se mit à rire.

« On ne m’avait pas prévenu de ton sens de l’humour, l’avorton. Tu n’es clairement pas prêt pour affronter le quart d’un Seigneur, alors deux… »  

« Disons qu’il faut d’énormes pouvoirs pour maintenir l’équilibre de cette dimension. Sans des garde-fous de notre acabit, les Ombres t’auraient déjà dérobé à nous. Cela dit, nous ne serons pas complètement inactifs non plus. Juste ce qu’il faut. »  

Il pouvait souffler. Ou pas. Survivre à des terreurs pareilles lui retirait une sacrée épine du pied, mais le danger, le vrai, venait d’ailleurs. L’instinct qui composait ses sens ne cessait de lui lancer des alertes, de plus en plus vives. Quelque chose dans l’atmosphère était en train de se produire. L’oxygène se faisait de plus en plus rare, la pesanteur graduellement plus lourde, ses cinq sens perdaient en efficacité. C’est comme si soudain, il venait d’être privé de son seul avantage : son expérience. Comme s’il avait mué en un Ange qui foulait les terres enflammées pour la première fois. Cette sensation, celle de ne pas être chez soi, elle décontenançait les êtres les plus forts.

« Montre-nous de quoi tu es capable. »  
« Essaie de ne pas crever, j’ai parié gros sur toi. »  

Ils s’éloignèrent en hauteur, sur des protubérances rocheuses afin de l’observer comme les juges qu’ils étaient censés représenter. Un symbole fort. Eux au sommet, à l’abri de tout péril, lui au sol, déjà fatigué avant même d’avoir commencé…

Soudain, une secousse lui fit reprendre ses esprits. Peu intensive, il se retira toutefois à temps en guettant la formation d’une crevasse, qui, quelques secondes plus tard fit surgir une scolopendre de la taille d’un homme. Nanti d’une seule arme pour se défendre, l’héritier au trône fit glisser un couteau sur son avant-bras, qu’il fit tourner entre ses doigts avant de jaillir sur la bête sur laquelle il asséna une multitude de coups visant à lui ôter ses pattes. Il optait pour une posture assaillante dans le but d’optimiser son rendement face à ce dont il savait une menace mineure, mais potentiellement croissante s’il la laissait agir à sa guise. Plus coriace que ses consœurs habituelles, elle se déplaçait avec une si grande vivacité qu’il dû s’y reprendre à plusieurs fois avant de lui trancher ses points vitaux. Cependant, il venait à peine de la mettre à mort qu’une autre bestiole fit irruption. Puis une troisième, une quatrième et ainsi de suite. Le réflexe de se protéger à l’aide de sa toison capillaire lui sauva plus ou moins la mise lorsqu’elles l’accablèrent en nombre, mais ce n’était que temporaire. Afin d’y échapper avec plus d’aisance, il déploya ses ailes, engrena une acrobatie et déchaina sa colère sur les scolopendres en leur administrant une dose de toxine botulique suffisamment élevée pour les faire fondre d’évanouissement. Il avait réussi ? Loin de là. Une immense douleur frappa sa colonne, comme si un coup de couteau chargé à la foudre lui avait perforé son dos, son corps valsant lourdement contre le sol qui souleva un épais brouillard nuageux. Les yeux à demi clos, il rampa difficilement pour atteindre son arme et la déraciner de la roche. Il se retourna ensuite péniblement pour les apercevoir. Une infinité de corbeaux reposait dans le ciel, les pupilles rouges teintées de mépris, leur croassement en chœur semblant sonner le glas d’une fin peu louable. Tous sans exception fondirent sur lui en un piqué harmonieux et déloyal. Il ne pouvait pas survivre à ça, pas dans cet état. Pas dans ces conditions. Il était sur le point de renoncer…

« Si tu es incapable de vaincre quelques oiseaux, comment espères-tu laver ton honneur ? Quel est son nom déjà ? Sauhl ? Nous savons qu’il t’a trahi. Et elle aussi. »  

Le choc émotionnel. Voilà ce qui manquait réellement à sa volonté pour faire table rase d’une vie qu’il voulait à tout prix oublier. La gentillesse, l’attention, le contrôle… Rien de tout cela ne pouvait fonctionner dans un monde régi par la corruption. Dévoré par une rage folle, un éclair fissura succinctement le paysage — frappant les corbeaux au passage — pour attribuer le jeune démon d’une nouvelle puissance. Muté en une créature difforme recouverte d’un sombre voile, d’immenses tentacules noirs percèrent le ciel, se mouvant de toute part afin de mettre fin à l’existence de ces volatiles qui disparut au terme de quelques battements. La transformation, gigantesque ne dura guère plus longtemps et s’effondra immédiatement après l’action. Lucius avait réussi à éveiller une part de lui-même, mais pas suffisamment. La formation venait à peine de débuter.

« Impressionnante, mais elle n’était que partielle. »  

« J’ignore s’il a compris le vrai sens de cette épreuve. Il en reste quelques-uns auprès de lui, et même s’ils sont faibles, il n’a pas complètement vaincu son alter ego. »  

En effet, quelques corbeaux s’étaient rétablis, et bien qu’inoffensifs, ils représentaient le cœur encore actif du jeune démon. Pour autant, il allait devoir subir quelque chose de plus éprouvant qu’une singulière confrontation physique. Ailleurs, dans un autre endroit, d’une époque différente, le petit Lucius riait aux éclats aux côtés de son frère chéri, au sein de leur demeure familiale.



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