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 Le suicide est la malédiction de l'âme

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Lun 02 Juin 2014, 20:45

Il fut un temps où les foules venaient pour admirer le son de ma voix qui résonnait entre les murs de l'opéra du chaos, comme entre tous les murs de tous les autres plus grands opéras des terres du yin et du yang. Pourtant, puisqu'il fut le premier à accueillir mon talent en son sein, c'est en son sein également que je choisis de mettre fin à mes jours. Quel plus bel hommage à lui faire ? Peut-être vous direz vous que mon geste n'en est pas un car, après tout, la mort est une horrible chose. Mais, avec le recul, je trouve l'acte même de se la donner empreint d'une certaine beauté. Il s'agit d'un sacrifice, de ce que l'on pense un instant être la fin. Je me rappelle encore sentir le sang s'échapper de mes veines entaillées, pulsant en rythme avec les battements de mon cœur, lié encore et toujours à l'organe vital. Bien sûr, à cet instant, il aurait été mentir de dire que je ne souffrais pas. Néanmoins, si j'avais décidé de perdre la vie ici, c'était pour entonner une dernière fois la premier chant qui avait franchi mes lèvres. Et pendant que le rouge entachait le sol de la scène, ma voix résonnait encore, pour la toute dernière fois. Je me souviens de ma respiration, du mal qui, peu à peu, étouffait mes poumons. Mon regard était fixé sur un siège, semblant vide. Pourtant, peut-être qu'un esprit m'écoutait à ce moment précis, peut-être que plusieurs esprits, vivants déchus, m'admiraient dans mon acte final.

La mort fut pour moi comme une délivrance, du moins, je le crus avec une conviction telle au début que, lorsque je la sentis venir me saisir, je lui souris. Cela dit, la mort ne sourit guère à ceux qui décident d'enfreindre les règles du cycle qu'elle a imposé. Ma déception fut telle que j'ai sans doute encore du mal à l'accepter aujourd'hui. Mon état, celui qui sera le mien pour l'éternité, me condamne à me haïr sans vergogne, à souffrir à petit feu et à regarder ce qu'aurait pu être mon existence dans les yeux de ceux qui, inlassablement, soir après soir, viennent se repaître des spectacles les plus étonnants. J'ai toujours cru que la condition de génie était étrange, voire semblable à l'enfer, mais, bien que je n'ai jamais expérimenté cette dernière, celle qui devint la mienne après mon suicide me paraît à présent mille fois pire. De plus, quelques temps après ma transformation, je m'aperçus que je ne pouvais quitter les lieux de mon crime, comme coincée à jamais entre ces murs qui m'avaient ouvert d'autres horizons.

Le suicide. Je l'envisageais comme le début de la fin de mon calvaire, l'acte qui me délivrerait d'un mari ignoble et d'une vie de solitude. Oh oui, j'étais entourée, partout où je me rendais, des visages souriants m'accueillaient. Mais ils ne connaissaient de moi que la partie claire, celle que je jouais lorsque je brillais de mille feux sur la scène. Au final, après mon acte, l'on parla de moi un temps, certains s'étonnant qu'une femme aussi talentueuse, ayant tout pour elle et parfaitement réussi sa vie ait pu en arriver à de telles extrémités. Les gens ne comprennent pas que le bonheur n'a rien à voir avec le paraître. Le bonheur est un sentiment complexe, non offert à chaque homme et femme populaire. Aussi, après quelques semaines, l'on ne parla plus de mon cas, ou très rarement, comme si je n'avais été qu'une passade, qu'une chanteuse qui s'était éteinte et qui était, à présent, remplacée par d'autres au talent semblable ou plus glorieux encore. Leurs sourires et leurs regards pétillants n'étaient plus tournés vers moi. Cela dit, l'avaient-ils seulement été un jour véritablement ?
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Dim 08 Juin 2014, 11:32

La foule, ce soir est à son comble. La salle est remplie, complètement. Et, invisible, telle une ombre qui se dissimule dans celle d'un pilier, je regarde ces gens qui n'ont en aucun cas conscience de ma présence. Les hommes sont élégants, ne refusant rien à leurs promises aux robes plus étonnantes les unes que les autres. Pourtant, je sais la vérité, je connais cette impression de mal être. Cette réalité est terrible. Chaque femme ici fait semblant, rentrant son ventre, souffrant dans ses chaussures à talons. Chaque femme se force à sourire, tout comme ces hommes qui les amènent ici alors qu'ils auraient sans doute bien d'autres choses à faire, des choses plus utiles, comme discuter politique avec leurs amis autour d'un cigare et d'une partie de cartes, un verre de whisky à la main. Je connais leur monde, celui qui fut un jour le mien et, si je n'étais pas si désespérée, si emplie de mauvaises pensées, de tristes sentiments, peut-être trouverai-je cela normal. Mais non, rien ne l'est. Tout ceci n'est qu'illusions. Pourtant, je suis certaine que dans cette foule d'idiots se trouve une personne qui connaît l'art, qui l'apprécie à sa juste valeur et qui n'a point besoin de l'assentiment des autres pour formuler sa propre critique. Il faudrait que je la trouve, afin d'admirer ses sentiments scintiller dans ses mires, des sentiments qui me semblent si lointains que j'aurai sans doute à jamais besoin de ceux des autres pour avoir ne serait-ce que l'impression d'exister.

Cette nuit, la folie semble me guetter alors que le chanteur entame les premières notes du chant qui fut mon premier, le premier qui résonna de ma voix dans le théâtre du chaos. Et comme si cela ne suffisait pas, ses yeux semblent ne voir que moi, coincés sur ma silhouette faite d'ombre. Aussi, j'en suis convaincue : il chante à mon attention. Si je possédais la moindre apparence humaine, peut-être que des larmes auraient perlé sur mes joues blêmes. Mais, malheureusement, je ne suis que cette forme répugnante, symbole des blasphèmes et de l'affront que j'ai pu faire aux dieux en attentant à mes jours. Pourtant, je suis prise d'une envie de me montrer, d'une envie de danser sur cette scène qui fut le dernier acte de la pièce de ma vie. Je veux lui rendre hommage, je veux que l'on m'admire,  que l'on sache la résultante d'un acte si horrible, ce même acte que je ne peux m'empêcher de trouver emprunt d'une certaine beauté. Après tout, n'est-ce pas plus répugnant de prendre la vie d'autres que soi ? N'est-ce pas plus injuste ?

Aussi qu'importe mon ressenti, qu'importe ma peur, je me cache depuis trop longtemps maintenant pour que les mœurs aient encore une quelconque valeur à mes yeux. Alors, ma forme ombragée se dirige vers la scène et il me suffit de baisser « les yeux » vers les individus présents pour savoir qu'ils me voient, qu'ils m'observent avec une curiosité dans laquelle s'immisce petit à petit la peur. Je vois ce qu'ils pensent, ce qu'ils chuchotent à leurs voisins, les interrogations de leur esprit. Mais cela, je m'en contre-fiche, tout ce que je souhaite c'est danser sur cette scène que j'ai quitté depuis bien trop longtemps. Oui, je danse, une valse qui ne ressemble à rien, qu'à une sorte de tornade noire, faite de souvenirs de la même flagrance, des souvenirs que tous ici préféreraient oublier. Je me plais à penser que je suis le fléau de ces infâmes spectateurs qui n'apprécient que le reflet de leur silhouette dans le miroir. Ces cérémonies ne sont que de vulgaires illusions, la meilleure manière de faire briller ce reflet, de l'étoffer, de se faire voir.

Et, pendant que les cris et les pas précipités se dirigent vers la sortie, je continue de danser, encore et encore, jusqu'à arriver jusqu'au chanteur qui, malgré l'abandon des musiciens, continue de chanter. Je m'arrête. Il me voit, je le sens. Il me voit, non comme une forme faite d'ombres mais comme celle que je suis. Aussi, il me demande : « Allez vous me rembourser pour le fiasco de ce soir ? ». Si j'avais pu, j'aurai ri volontiers.
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Jeu 24 Juil 2014, 23:11

« Vous savez, les sentiments ne sont pas ce qui m'étreint le plus, malheureusement. ». Nous nous trouvions, lui et moi, sur l'un des balcons de l'opéra, regardant dans le silence de la nuit le néant et le tout s'étendre devant nous. « Je crains de ne point pouvoir vous apporter grand chose sous une forme si monstrueuse. ». Il n'était pas comme les autres, comme s'il avait connu cet état un jour. Mais il ne dit rien, comme s'il avait décidé de me laisser parler à ma guise. Seulement, quand il vit qu'un certain temps passait sans que je n'ose continuer, il relança la conversation par une habile suggestion. « Pourtant, vous êtes coincées ici, n'est ce pas ? Quelque part, vous m'apportez déjà beaucoup en m'écoutant exercer mon art. ». « Mais puis-je seulement le ressentir comme il pouvait m'étreindre avant ? J'admire votre voix, j'admire les musiciens qui vous accompagnent mais, malheureusement, au fond de mon cœur, il y a cette chose qui n'existe plus, qui s'est brisée, sans doute pour toujours. ». Si j'avais une forme particulière, sans doute m'aurait-il offert une coupe du champagne qu'il buvait. Néanmoins, là était une chose que je découvrirai plus tard : les merveilles du goût m'étaient dorénavant interdites. J'avais compris depuis un certain temps que le sommeil jamais ne me reviendrait. Je n'avais pas besoin de dormir mais, dans un sens, il me manquait. Heureusement, j'avais cru bon de me donner la mort au cœur de Somnium, l'île des rêves, où l'imagination pouvait faire de la réalité un rêve. Mais en ressentirai-je seulement la moindre joie ? Je ne ressentais que de la honte, une forme de douce déprime qui m'étreignait comme une corde aurait aimé le cou d'un pendu. « J'ai l'impression d'être perdue. Je sais que votre art est beau mais cela n'est qu'objectif. Mon âme ne vibre plus à son entente, comme si l'insensibilité l'avait corrompu. Ce n'est qu'une chanson bien interprétée. Ce n'est plus quelque chose d'émouvant, ayant le pouvoir de m'arracher une larme. Non, je ne ressens que du vide et, entre nous, ma forme actuelle ne pourrait, quoi qu'il en soit, me permettre de pleurer, de tristesse ou de joie. ». « Peut-être cela n'est-il qu'une question de temps ? ». « Comment le savoir ? L'on ne m'avait guère prévenu que mes actes entraîneraient de telles conséquences. Peut-être est-ce logique après tout. Qui aimerait finir ainsi ? ». Je me tus un instant, marquant une pause que l'homme au nom inconnu n'interrompit pas. Je devais réfléchir. Après tout, je ne le connaissais pas et, pourtant, j'étais en pleine discussion avec ce dernier. Je ne pensais pas à mal, ni même aux conséquences. Je n'avais pas l'impression de pouvoir m'attacher à lui d'une quelconque manière que ce fut en plus de cela. Mais devais-je continuer à lui adresser la parole ? A quoi cela me mènerait-il ? Peut-être n'était-il qu'une sorte de fouine sournoise essayant de me tirer des informations sur un statut dont, moi-même, je devais l'avouer, ignorai les tenants et les aboutissants. A vrai dire, depuis ma transformation, personne n'était venu à moi dans l'intention de m'informer. J'étais simplement là, impuissante, attendant que le temps passe en ressentant ces bribes de sentiments négatifs. Je ne connaissais plus la joie, plus le bonheur. Je ne faisais que me blâmer pour mon comportement et même si la mort avait été telle une délivrance, elle n'était à présent qu'une malédiction, la malédiction de mon âme.

Ainsi, suite à ces songes qui me hantaient en mon éveil, je décidai subitement de quitter mon interlocuteur, préférant retrouver ma solitude. Sans doute était-ce ma punition. Rester là, à jamais, enfermée dans le lieu où j'avais osé défier les dieux.
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Ven 25 Juil 2014, 00:39

Après cette fameuse rencontre, je restai un temps considérable sans revoir cet homme. Je regrettais sa présence à vrai dire car il avait été le seul à me voir comme j'étais, sans réellement poser de questions sur mon état. Je ne nourrissais aucun sentiment à son égard, juste que j'aurai aimé le revoir, l'entendre de nouveau chanter cette chanson qui n'avait d'âme que pour les spectateurs. Au lieu de cela, j'étais condamnée à errer dans cette salle, sortant de mes cachettes uniquement lorsque les serveuses et les cuisiniers se retiraient de la grande pièce quelques instants avant le spectacle. Je fixais cette nourriture que j'avais sans doute trop boudé plus tôt, dans ma vie. L'état que j'entretenais à l'égard des plats était des plus étranges. Je n'avais pas faim, ou, pas réellement et, pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me remémorer le goût de ces derniers, comme leur parfum succulent. Ce n'était rien, pas un crime, mais ce n'était pas tout. J'étais comme bloquée, incapable de les sentir de nouveau. Ils n'existaient que dans mes souvenirs et plus le temps passait, plus ces derniers devenaient de véritables tortures. Puis, l'odeur disparut de mon esprit, comme n'ayant jamais existé. Quelques années plus tard, j'avais vaguement l'impression qu'auparavant, certaine chose avait eu un parfum, mais j'étais totalement incapable de me remémorer ne serait-ce qu'une flagrance. Je ne pouvais que la simuler, chose que je fis régulièrement, souriant au creux de ma forme ombragée en répétant tout haut, comme pour être certaine de ne jamais effacer la vérité de mon esprit : « Quelle odeur succulente, je mangerai volontiers de ce merveilleux saumon fumé. ». Ce n'était pas faux mais, encore une fois, j'étais dans l'impossibilité de le faire physiquement. En plus de cela, odorat et goût étant liés d'une certaine manière, ce fut ce dernier qui disparut bientôt en mon cœur. Au début, la tentation était grande que d'essayer de m'emparer des plats pour vérifier mes connaissances, mais je dus me résoudre à ne point le pouvoir. Je n'avais pas de forme humaine et tout ce que je touchais avait la fâcheuse manie de me traverser. J'étais comme morte et, pourtant, bien vivante. Ainsi, j'oubliai tout concernant cette nourriture, tout hormis le supplice qu'un regard vers elle m'infligeait. Je ne pouvais rien faire, ni la toucher, ni la goûter, ni la sentir. Pourtant, elle était comme une sorte d'interdit douloureux, comme le reste de mon existence maudite au cœur de l'opéra du chaos.

Je ne sais combien de temps passa, les visages défilant tous les soirs devant mes yeux inexistants. C'était un concept que j'avais du mal à saisir. Je voyais, mais je n'avais aucun orifice pour. Je repensais d'ailleurs souvent à ce que m'avais dit cet homme rencontré un soir. Peut-être n'était-ce qu'une question de temps. La formulation me faisait rêver à présent que les semaines, les mois et peut-être les années avaient passé. Une question de temps. Si seulement je pouvais au moins retrouver un corps à moi, qui pourrait être touché et avec lequel je pourrait toucher. J'étais en quelque sorte aigrie de la mort, déprimant parfois durant des heures sur cette attente qui m'englobait à chaque seconde de mon existence. J'attendais quelque chose, quelqu'un, n'importe quoi, et rien ne venait à moi. Je ne dormais plus, ne mangeais plus, ne buvais plus, je n'étais plus rien, qu'une âme égarée qui aurait désiré un guide. Souvent, je me remémorai les épisodes de ma vie, comme une personne âgée racontant en boucle les mêmes anecdotes à ses petits enfants, inlassablement. Sauf que, dans mon cas, il n'y avait personne pour m'écouter, personne pour me demander de continuer, personne pour rire ou pleurer. Savais-je au moins encore ce qu'était le rire ? Comment faisait-on pour rire ? Comment celui-ci était-il provoqué ?

Je les voyais tous sourire, rire, leur voix s'élevant dans le grand opéra alors qu'ils mangeaient avec délice. Ils m'apparaissaient comme des étrangers, des sortes de monstres qui n'étaient pas comme moi. J'étais le plus horrible d'entre eux, mais eux, avec leur grands airs, leur vivacité, ils éveillaient en moi les pires tourments. Je voulais que cela cesse et ça ne dura pas. En réalité, je n'avais plus la notion du temps mais, petit à petit, le théâtre du chaos se vida, emportant avec lui chant et mélodie, rire et nourriture, me laissant seule, au milieu d'un décor qui devint rapidement le lieu d'habitation des souris et des araignées sans qu'aucune explication ne me soit fournie.
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