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 Dans le coin du pub [Aëla]

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Lun 26 Nov 2018, 23:05

Le brouhaha général l’assaillait déjà de toutes parts. Elle aimait la foule, mais pas à ce point-là. Elle aimait la fluidité. Là, elle se sentait plutôt comme le fruit confit du milieu dans une boîte de fruits confits : elle était celui qui se retrouvait écrasé de tous les côtés, le plus dur à décoller des autres. Mais au moins, c’était pile poil le genre d’endroit où elle serait « tranquille ». Dans son vocabulaire, il y avait tranquille et tranquille : tranquille d’être au calme, et tranquille d’être loin de sa meute. La plupart des membres de cette dernière n’avaient à peu près aucune compétence sociale dès lors qu’ils n’étaient plus entre eux. Alors ils avaient tendance à ne pas trop se mélanger. Sheïla était contente de ne pas avoir ce même problème et en était très contente. Elle avait souvent besoin de bouger, de changer d’air. Elle imaginait qu’en était comme eux, elle serait peut-être devenue aussi niaise qu’eux. Elle ne voulait même pas y penser. Ca lui faisait froid dans le dos. Sheïla quittait régulièrement la meute, donc on était habitué à ses absences. On ne se demandait jamais où elle était et ce qu’elle pouvait bien y faire. Elle partait quelques heures, toujours à la recherche du tranquille, pour se changer les idées. L’Autruche n’était pas la personne la mieux intégrée du groupe. Elle ne cherchait pas non plus à le faire. Elle participait aux tâches quotidiennes, mais était jugée un peu froide par moments, distante. Les autres pouvaient avoir du mal à la comprendre. Mais ils n’en tenaient pas plus rigueur : chacun avait ses soucis, et ils étaient là pour se serrer les coudes.

Elle avait besoin d’alcool. D’habitude elle n’en consommait pas trop. Le goût que beaucoup chérissaient ne la charmait pas. Cependant, elle ne pouvait qu’admettre le bon côté de son pouvoir désinhibiteur. Elle comptait aussi là-dessus pour lui épargner sa migraine. Souvent, ses maux de tête étaient dus au stress. Raison de plus pour aller boire un coup. Sheïla se faufilait entre les corps. Sa progression était lente, incertaine. Elle avait beau s’excuser pour qu’on la laisse passer, c’était comme si on ne la voyait pas. Elle devait mettre les bouchées doubles pour se frayer un chemin. Cette taverne du bord du Rocher était très populaire. Petite, mais très fréquentée aujourd’hui. Aujourd’hui, et peut-être les autres jours également. Elle n’en savait rien, c’était la première fois qu’elle y mettait les pieds. Ce n’était clairement pas le genre d’endroit auquel elle était habituée. Elle n’aimait pas non plus le mélange d’alcool et de sueur qui stagnait dans l’air. La jeune femme s’approchait finalement du comptoir, ou elle commanda une bière. Les autres boissons, souvent plus fortes, ne lui disaient rien qui vaille. Elle déposa la monnaie et prit sa boisson. Chope en main, il était temps de trouver une place où elle pourrait avoir ne serait-ce qu’un peu de répit. Elle se sentait idiote d’avoir songé une seule seconde pouvoir se poser ici : à peu près toutes les chaises étaient prises. Il ne restait qu’un tabouret un peu bancal, dans le coin là-bas, mais la table était déjà prise. Tant pis, elle avait vraiment envie de s’assoir. Et puis, elle serait assise en face d’une femme. Ca la rassurait un peu : elle se disait qu’elle la laisserait en paix et qu’elle n’irait pas la draguer lourdement, comme elle avait déjà vu faire. Le trajet du comptoir jusqu’à la table fut plus éprouvant encore que celui de l’entrée jusqu’au comptoir : Sheïla renversa de la bière çà et là, nourrissant une énième fois le bois usé par le passage et les maladresses. Elle gardait le tabouret en ligne de mire et priait pour qu’on ne le lui prenne pas. Elle priait très fort, et… et… et…

Elle s’assit. Sheïla poussa un soupir de soulagement. La cohue restait quand même plus supportable lorsqu’on était assis. Elle leva les yeux et sourit à l’inconnue installée en face d’elle. C’était plus par convenance que par sympathie ; elle n’en éprouvait pas beaucoup en ce moment. En vrai, elle n’avait pas trop envie de discuter. C’est pourquoi elle ne s’attarda pas plus longtemps sur elle. L’Autruche but quelques gorgées. C’était pas super terrible. Tant pis, elle se promettait de la boire jusqu’à la dernière goutte. Même si, depuis tout à l’heure, elle ne faisait que se dire qu’elle en avait beaucoup trop pour elle toute seule.


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Bijin
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Dim 09 Déc 2018, 11:47

Installée sur son tabouret bancal et jouant sur ses pieds pour ne pas s'étaler sur le sol tapissé de mauvaise bière, Aëla faisait preuve d'un certain équilibre. La demoiselle avala rapidement une gorgée de bière et ne put retenir une grimace. Ça n'était pas la meilleure boisson qu'il lui eut été donné de goûter. Avec un profond soupir, la grande brune eut une pensée pour Avalon. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds. La ville et ses congénères lui manquaient. Il fallait dire qu'entre cette histoire de tomates et de fausse reine, elle n'avait pas vraiment eu le temps de se reposer. Il y avait également eu la fuite du petit Dante. C'était d'ailleurs l'unique raison pour laquelle la jeune femme se retrouvait dans cette auberge bondée. Ses recherches l'avaient menée jusqu'ici. Et tout cela pour quoi ? Simplement pour apprendre que son petit compagnon était mort. Aëla avait voulu oublier sa peine dans l'alcool mais après l'avoir goûté, elle n'était pas certaine de pouvoir finir sa chope. Au final, la tristesse ne l'accablait pas tant que cela. Il s'agissait plus d'un vide. Elle avait besoin de sa présence, elle n'en avait pas eu assez. Il fallait absolument qu'elle parvienne à combler ce petit vide que Dante avait laissé derrière lui avec cet affreux silence. Plus jamais de petits cliquetis pour elle.
La Déchue était parvenue à faire fuir les quelques malheureux ayant souhaités s'asseoir en face d'elle. Il fallait dire que la demoiselle était de fort mauvaise humeur et peu encline à être agréable envers les énergumènes trop alcoolisés s'approchant d'elle. Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne vit l'inconnue qu'au dernier moment. Cette dernière lui adressa un petit sourire aimable. Aëla le lui rendit rapidement et retourna à sa chope. Cette compagnie lui convenait parfaitement et au moins elle empêcherait les autres balourds de s'approcher de trop près.
Un moment d’inattention et Aëla faillit s’aplatir comme une crêpe sur le sol. Maudissant son tabouret, la demoiselle se releva de justesse. Un petit sourire victorieux étira ses lèvres lorsqu'elle constata que sa chope ne s'était pas renversée sur elle. Un jeune homme un tantinet trop alcoolisé trébucha au même moment et lança un grand coup de coude dans la fameuse chope. Tout le contenu de cette dernière fut propulsé sur une Aëla ivre de rage. "C'est une plaisanterie ?!" Souffla-t-elle tout en jetant son regard noir le plus menaçant au fautif. Ce dernier, hilare, la contemplait d'un air béat, fort satisfait de sa personne. Le premier réflexe de la jeune femme aurait été de lui fracasser sa chope sur le crâne mais la proximité du gérant la dissuada de commettre un acte aussi stupide. Il ne manquait plus qu'elle se fasse sortir de cet endroit et qu'elle se retrouve dehors, couverte de bière et sans aucune idée d'où aller. La Déchue prit une profonde inspiration et se contenta de réduire la vue de l'importun en utilisant les Artifices de Lucifer. Une bien maigre vengeance qui ne durerait que quelques instants. Pour couronner le tout, son tabouret n'en était devenu que plus glissant. Ce constat acheva d'irriter la demoiselle et la plongea dans une humeur encore plus massacrante qu'au départ.

La Déchue se retourna vers l'inconnue en face d'elle et lui offrit un sourire forcé. Que pouvait-elle faire de plus ? Momentanément aveugle sous l'action d'Aëla, le jeune homme bouscula leur table avant de copieusement s'allonger dessus. "Non mais c'est pas vrai... Maintenant ça suffit." La grande brune rendit la vue au jeune homme avant de le saisir au col pour tenter de le jeter hors de la table. Ses maigres forces firent simplement ricaner l'intéressé qui ne bougea pas d'un pouce. Maîtrisant à grand peine son agacement et sa Gourmandise qui lui criaient de poursuivre ses tentatives, la jeune femme se releva. "Je suis désolée pour le dérangement, j'espérais qu'il s'étale de l'autre côté." Ses yeux se posèrent sur l'inconnue qui partageait sa petite table, actuellement reconvertie en lit. "Je suis prête à vous offrir la boisson de votre choix si vous m'aidez à le descendre de là." Proposa-t-elle alors avec sérieux tout en se massant les tempes. Cette soirée s'annonçait extrêmement difficile et elle commençait à regretter de s'être installée dans cette auberge. Elle enchaînait les bourdes à une vitesse ahurissante.


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Kitoe
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Kitoe
Sam 22 Déc 2018, 17:02

Leurs contacts sociaux s’étaient arrêtés là : à un sourire. Sheïla sirotait doucement sa bière en scrutant le plan de la table, en examinant les défauts sans pour autant les juger. Tout ce qu’elle évaluait, c’était sa boisson, dont elle réalisait qu’elle n’aimait pas le goût. Trop amer. Elle ne quitta sa rêverie que lorsqu’une énorme masse vînt encombrer sa vue. Elle eut un mouvement de recul et retînt un cri de surprise. Grâce au dos de l’homme derrière elle, elle échappa à une chute certaine. La jeune femme s’excusa auprès de ce dernier. C’était un grand barbu qui s’était retourné, l’air irrité. Pas très commode. Sheïla avait préféré revenir vite à ce qui se passait en face d’elle pour échapper à son regard, qui lui faisait un peu peur. Elle sentait des gouttes froides tomber sur ses jambes. Sa chope s’était renversée sur le côté. Elle avait eu la chance de ne pas être totalement dans sa trajectoire. Le liquide s’était répandu sur toute la longueur de la table ; il étendait maintenant son territoire dans la largeur, ses bras les plus longs se jetant dans le vide, ou dans son cas, sur elle. Sheïla décala son tabouret et essuya le liquide d’un revers de main. Puis son attention en revînt réellement à l’élément perturbateur. Elle n’avait pas rêvé : un homme s’était effectivement avachi sur leur table. Elle regardait la femme faire, les mains le plus loin possible de l’énergumène, comme s’il avait été particulièrement sale. D’un côté, elle se disait qu’elle devait peut-être aider sa voisine d’en face. De l’autre, elle se disait qu’elle non-plus n’arriverait pas à le dégager. Et elle ne voulait pas d’ennuis, elle n’était pas venue pour ça, au contraire. Alors elle ne savait pas quoi faire. Alors elle restait aussi passive qu’un chou-fleur. Elle n’était même pas énervée, juste surprise, dans un état de panique étrange.

Elle prit du temps à comprendre que l’on s’adressait à elle. Elle leva les yeux vers l’inconnue, qui, apparemment, requérait son aide. Machinalement, Sheïla se leva. Elle n’osait toujours pas toucher cet homme, d’autant plus qu’elle n’avait pas envie de se mettre de la bière partout. Elle ne savait pas trop par où le prendre pour le dégager. Disons… les épaules, ça avait l’air bien.

-Vous devriez dégager de là.

Pas de réponse. Un simple rictus qui en disait long sur le fait qu’il n’en avait rien à foutre. Elle soupira et finit par le prendre par les épaules. L’insolent. Il allait finir par l’agacer tout autant qu’il avait agacé son interlocutrice. Un instant elle se dit qu’elles n’avaient qu’à quitter les lieux. « As-tu vraiment envie de partir devant tout le monde sous prétexte qu’on t’a piqué ta place ? ». Non, sûrement pas. Sheïla avait beau ne pas être très forte physiquement, elle était trop fière pour se laisser abattre. Bien qu’une autre part d’elle-même la suppliait de partir et d’aller dans un endroit plus calme.

-La table est trempée, en plus, c’est ridicule.

En réalité, elle ne l’était pas là où il s’était étalé. La jeune femme soupira. Maintenant, elle le serait. Sheïla retroussa sa manche droite jusqu’au coude. Finalement, elle allait devoir se salit un peu. Elle posa son avant-bras au bout de la table et d’un coup sec, elle balaya tout le liquide qui s’y trouvait dans le visage de l’insolent. Ce dernier se redressa aussitôt. Son visage était crispé par la surprise et la vexation. A cette vue, Sheïla ne put s’empêcher de penser que c’était un abruti. Et elle aussi. Elle venait de faire quelques pas en arrière. Elle craignait déjà les conséquences de son acte.

-Mais t’es complètement stupide ! Espèce de cinglée !

Quelques personnes s’étaient retournées vers lui, d’autres rigolaient car elles l’avaient vu se faire asperger. Lui, il regardait les gens qui le regardaient, peut-être à la recherche d’un quelconque soutien. Mais au mieux, personne n’en avait grand-chose à foutre. Il se résolut donc à regarder les deux femmes avec haine.

-Vous allez voir, vous deux. Vous ne vous en sortirez pas comme ça.

Et il partit, les poings serrés. Sheïla s’assura qu’il soit vraiment sorti avant d’enfin oser se rassoir, un demi-sourire aux lèvres. Elle puait la bière, mais au moins elle avait la paix pour un moment. Elle leva les yeux vers l’inconnue.

-Ne vous embêtez pas pour la bière, ça ne fait rien. Il y en avait trop, de toute façon.

Elle avait repris sa chose vide et la faisait tourner entre ses mains, admirant les reflets qu’elle faisait sur la table humide. Long silence. Elles avaient entamé une discussion, peut-être pouvaient-elles la poursuivre pour ne pas tomber dans l’embarras. Ça lui ferait sûrement du bien de discuter avec quelqu’un de totalement extérieur à sa vie. Même si elle aurait préféré avoir affaire à une Eversha.

-Et sinon, qu’est-ce que vous faites ici ?



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