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 Dix petits invités [quête ft. Reddas | Lilith A.]

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Jeu 15 Déc 2016, 12:04


Dix petits invités



Cette missive… Accoudée à la balustrade Lilith la parcourait sans cesse. Une raison rationnelle concernant sa réception devait s’y trouver, ou, à défaut, au moins un simple indice sur l’émissaire. Se pouvait-il réellement qu’il existât toujours dans ce monde des individus qui, par un coup du sort extraordinaire, décidaient de convier d’illustres inconnus dans des lieux rares et prétendument paradisiaque sans attendre de retour ? Peu crédible…  Les dernières aventures vécues grâce à une « invitation » en bonne et due forme lui laissaient un goût amer avec cette merveilleuse impression d’avoir été bernée. Ce fameux bal masqué aux allures royales restait en tête comme l’une des illustrations les plus marquantes.

Dubitative, la Capitaine parcourut une dernière fois l’épître, lâchant un grognement d’agacement face à son impuissance. L’antre de la Dame ? Bien sûr qu’elle s’y rendrait. Une île sur laquelle la rouquine n’avait pas foulé le pied ne pouvait être négligée. Piquée au vif, sa curiosité la guidait, faisant fi de toutes les remarques plus objectives et de la réserve qu’elle aurait pu avoir. Un point continuait néanmoins de la perturber. Cette précision : « un bâtiment sera affrété pour vous y mener », suivie de la date. Or, ne pas se rendre sur place par ses propres moyens contrariait l’Orisha. La dernière fois qu’elle n’avait pas été seule maîtresse de sa destination une fois sur les flots datait de l’époque où le Libertad œuvrait sous le joug de Rack. A cette pensée pourtant anodine, une violente migraine assaillit la rouquine, l’obligeant à ancrer ses ongles dans le bois de la pour ne pas perdre l’équilibre. Ces douleurs, rares il y a encore quelques semaines, devenaient plus que récurrentes. Toute réflexion au sujet de son ancien supérieur se voyait altérée par cette haine grandissante envers l’ex-second. Ainsi, pour tout souvenir plaisant lié au précédent Maître du galion, l’obsession de vengeance prenait les tripes de la pirate au point de parasiter tout ce qui pouvait s’y rattacher. La logique, initialement présente lorsque, avec méthode, Lilith avait guidé ses hommes à travers les mers dans l’espoir de retrouver les traîtres, disparaissait bien souvent aujourd’hui. Aveuglée par une colère folle, seul ses ressentis s’exprimaient et persévéraient dans cette traque. Un sobre règlement de compte ne suffisait plus. Vivant pour cet unique instant, celui où enfin, la Capitaine mettrait la main sur le renégat pour voir de ses yeux son dernier souffle s’échapper de son corps, elle ordonnait, toujours plus impérative, quitte à créer une incompréhension au sein de son équipage exténué. En effet, incapable de trouver le sommeil, n’y voyant là qu’une perte de temps considérable dans sa quête, il suffisait bien souvent qu’à peine l’orisha se soit glissée au sein de sa couche pour se relever d’un bond, sonner le branle-bas de combat, et orienter le Libertad vers une nouvelle piste. Le visage et le corps marqué par ces nuits réduites n’avait sans doute pas attiré l’attention en raison de la tension qui régnait désormais à bord. Depuis peu, de longues bandes de cuir masquaient ses poignets. Loin de constituer une coquetterie de la pirate, ces dernières traduisaient le délire passager qui l’animait et qu’elle ne parvenait à apaiser qu’en s’infligeant de profondes lacérations. La vue du sang, le sien ou celui d’un ennemi, lui procurait cette sensation de plénitude, qui, au moins pour les prochaines minutes, présentait l’avantage de lui faire retrouver pleinement ses capacités.

Se massant les tempes pour tenter de se changer les idées et d’adoucir la douleur lancinante qui l’assommait, Lilith se raccrocha au frêle morceau de papier toujours entre ses doigts. Finalement, l’idée de passer quelques jours loin de son équipage serait peut-être meilleure encore que ce qu’elle pouvait imaginer.

Autour d’elle, les hommes s’agitèrent sur le pont, impulsé par la présence d’Azraël, Tsakiel n’étant toujours pas revenu de Drosera. L’ancre fut jetée, l’arrivée au port de Sceptilinôst permettrait à l’équipage de trouver un peu de repos au repaire, tandis que la rouquine prendrait ses congés. La ville n’était pas due au hasard. En dehors du fait qu’ici-même, n’importe quel navire pirate pouvait amarrer sans être inquiété, il s’agissait surtout d’un double point de rendez-vous. Le premier avec l’inconnu de la missive. Le second, avec un tout autre interlocuteur, cette fois, bien choisi par la Capitaine. Le fameux vampire aristocrate qui avait eu déjà par le passé le loisir de croiser sa route à de nombreuses reprises.

- Tu vas accepter cette invitation, n’est-ce pas ?


Azraël se tenait aux côtés de l’orisha, la poussant à le regarder de travers. Depuis quand était-il là ? Absorbée par ses pensées, elle n’avait prêté garde qu’à l’horizon qui se rapprochait et au port désormais familier qui se dessinait peu à peu sous ses yeux.

- Ca t’arrangerait, n’est-ce pas ? A croire que tu voudrais presque m’éloigner du commandement du Libertad.

Le sourire habituelle de la jeune Capitaine se faisait bien plus sarcastique, n’appréciant que très moyennement qu’on lui dicte sa conduite, quand bien même sa propre décision allait dans le même sens.

- Tu es usante.
Soupira le réprouvé. Pour tout le monde d’ailleurs.
Ca ne te fera pas de mal de te reposer un peu en mettant un peu Rain de côté… Et cette occasion tombe à point nommée.


- Un peu trop même.

Beaucoup trop, mais c’était une donnée déjà intégrée et un point déjà tranché qu’elle ne comptait pas soulever.


- Tu es trop méfiante.

- Tu es trop naïf. On arrête là, ou tu veux que nous continuions en une litanie d’adjectifs plus sympathiques les uns que les autres ?

La mâchoire du réprouvé se crispa légèrement avant qu’il ne soupire une nouvelle fois.


- Très bien, on arrête là. Va sur cette île. Et reviens une fois que tu es passée à autre chose. Même l’équipage n’en peut plus que tu les bassines avec Rain. Ca fait des mois que nous sommes sur les mers, quasiment sans arrêt, partagés entre abordage et chasses aux traîtres.

- Et le galion ne s’est jamais si bien porté. Ne vas pas me faire croire que le fait d’avoir tant d’or déprime les hommes… Les abordages, ça paye.

- Ouais… Enfin, s’ils peuvent en profiter un minimum… Là… Ils travaillent sans relâche.

- Les pauvres…. Tu vois toute ma compassion dans mon regard ? railla la jeune femme, un sourire narquois fiché sur son visage.

- Li…


Agacée et se sentant prête à laisser éclater une nouvelle crise de colère, Lilith leva la main pour mettre un terme à la discussion. Son propre équipage n’avait-il pas la moindre conviction pour délaisser l’espace de quelques mois ou années, la fatigue ou la jouissance des richesses ? Arborant un sourire aussi enjôleur qu’hypocrite, la rouquine n’hésita pas à accentuer cette qualité pour désarmer davantage son ami et accréditer ses paroles.

- Très bien… Je te promets de me rendre sur cette île. Uniquement parce que tu me le demandes, vois à quel point je te trouve de sage conseil. Et je veillerai à revenir dans de meilleures dispositions, sans plus être encombrée de Rain. Ca te va ?

La façon dont elle ne voulait plus être encombré paraissait évidente à ses yeux, beaucoup moins à ceux de son ami, sans doute sous l’effet de sa magie. Sans attendre plus longtemps, la pirate l’embrassa sur la joue en se hissant sur la pointe des pieds, avant de faire demi-tour et d’emprunter la passerelle. La réponse de son pilote n’avait pas le moindre intérêt. Il ne souhaitait plus l’aider dans sa quête de vengeance. Soit. Son prochain rendez-vous, lui, le lui avait promis. Et elle gageait que sa parole avait davantage de valeur que la sienne. Et puis, ce dernier n’était-il pas un chasseur ?  L’isolement sur l’antre de la Dame permettrait de faire le point sur les faibles indices qu’elle avait toujours en sa possession sur la localisation et les trajectoires de Rain. Quant à quitter l’île… Même sans le Libertad, Lilith ne s’en inquiétait pas. Réquisitionner un bâtiment à des fins propres ne constituait-il pas le propre de son métier ?

Entrant dans l’une des tavernes de la ville pas très différente de toutes celles qui occupaient la Capitale réprouvée, soit enfumée à souhait, empestant l’alcool, et propices aux mœurs légères, Lilith esquissa un sourire. De quoi être parfaitement à son élément. Quoique… Peut-être un peu moins pour son interlocuteur, qui, à n’en pas douter, détonnerait dans ce paysage. Un rapide coup d’œil lui permit de constater qu’elle était donc la première arrivée. Satisfaite, l’orisha se dirigea vers le bar, saisissant au passage une bouteille à moitié pleine, abandonnée par son propriétaire, perdu à présent dans les bras d’Harabella. Les jambes croisées, assise confortablement sur son tabouret, elle attendait désormais son futur allié.  


©gotheim pour epicode


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Jeu 15 Déc 2016, 23:47

Mes pérégrinations sur le continent dévasté n'eurent de cesse qu'à l'enterrement de l'aube voilée par le linceul de la vindicte. L'incessant et incommensurable crépuscule de la mort planait, nacrant la voûte céleste d'une pluie d'orages et de sang elle-même portée par l'ombre du talion. Ne dissiperaient ces obscurs nuages que le triomphe du ravage et de la vengeance – l'exécution punitive d'Alexander et ses sbires, insaisissables et crapuleux fugitifs. Ratisser le périmètre de son repaire de fortune supposé n'aboutissait qu'à de vains et périlleux déboires : l'hostilité ubiquiste pullulait jusqu'aux confins de l'antre des damnés. Toute expédition dans cette colonie scabreuse de la souillure ne relevait plus de l'inconscience ; seule une hargneuse et implacable volonté justifiait une descente dans ce berceau pestilentiel. Son potentiel pernicieux dissuadait le fat, le sot, l'insouciant et le miséreux pour peu qu'ils osassent y pénétrer. L'immondice y régnait par absolutisme ; les cadavres fleurissaient, teintaient la « végétation » de leur chair nécrosée. On humait l'infamie, on pressentait le vice, on baignait dans le trouble, et on pataugeait dans la fange funeste des funérailles anticipées.

Il était impensable que, d'aventure, je retournasse dans ces landes méphitiques sans précaution préalable. Une localisation hasardeuse de ma cible figurait dans le registre de l'inadmissible. Je déléguais, pour qui osait accepter, les affres du pistage dans ce sanctuaire de la désolation. Si de hardiesse, l'intrépidité se monnayait, la destination affichait un onéreux tarif, entravant une quelconque aisance d'accès audit service. Saupoudrée d'un zeste de prudence dans laquelle marinait la sauce des négoces avec les forbans de la côte septentrionale de ce continent, la recette destinée à me servir Alexander sur un plateau d'argent nécessitait la maestria d'un virtuose. Sur recommandation de connaisseurs du milieu, je m'étais adressé à Navara, un informateur à la loquacité régie par l’appât du gain. D'entreprise ardue il était question : ses nouvelles se faisaient languir. De consternation, mon impatience ne put que s'appesantir, jusqu'à ce que je reçusse une missive.

En l'absence de Kiyuri, je m'étonnai qu'on parvînt à me joindre avec exactitude. Elle régissait ma correspondance et me surprenait avec ses capacités d'intendance. Était-elle parvenue, avec une justesse d'estimation, à localiser ma présence céans, dans les faubourgs de Sceptellinôst ? La belle affaire que voici : je m'empressai de m'enquérir du contenu. Point d'erreur, elle m'était adressée. De vraisemblance, je n'escomptais point une épître en provenance de cette Orisha ; encore moins qu'elle m'invitât à la rencontrer, par le plus grand des hasards, en ces lieux. Je donnai tout naturellement suite à l'invitation. Quelques jours plus tard, je regagnai l'Aigre Sel, point de rendez-vous enjoint par Lilith. Notre dernière entrevue datait ; je n'avais guère revu la pirate depuis l'acheminement qu'elle m'avait assuré jusqu'à cette même cité. Nos échanges de bons procédés m'avaient valu une traversée mouvementée. Mon hôte s'était montrée garante de mon intégrité et ma sécurité, occultant controverses et animosités déversées sur son navire. Suite ses préconisations, j'étais entré en contact avec ledit informateur réprouvé. Je m'acquittais à présent d'une dette indésirée, au demeurant toutefois incontestable. Tel devait être l'objet de nos retrouvailles.

J'arpentai avec circonspection les ruelles – réflexe acquis par ma mésaventure de bienvenue – lorsqu'on me héla peu avant que je ne pénétrasse dans la taverne. Nonobstant l'effort de discrétion employé pour me fondre à la masse – plutôt pour ne point déteindre de cette dernière avec mon singulier apparat – mon interlocuteur, un jeune homme, fit abstraction de mon accoutrement sommaire pour me livrer… une seconde missive. Gageant qu'il s'agissait de précisions qu'adjoignait Lilith relatives au rendez-vous, je me hâtai d'en prendre connaissance. La lecture de l'écrit ainsi soumis écarta cette hypothèse, me soutirant une expression dubitative. Celui-ci promouvait, en effet, une invitation en petit comité, à destination de l'antre de la dame. Un bâtiment avait même été affrété par l'émetteur mystère du billet, si je me fiais à ses dires. Point de signature. Je relevai la tête pour interpeller le courtier, potentiellement le questionner sur la remise de l'enveloppe. Contre toute attente, il s'était éclipsé sans que je ne m'en rendisse compte. Consterné, je repliai la missive pour la ranger dans une poche intérieure. Subséquemment, je regagnai mon cheminement. Ce curieux intermède bénéficierait de mon attention en temps et en heure ; je ne souhaitais guère manifester un retard excessivement prononcé.

**

Lilith m'attendait, partageant la compagnie d'un truisme localement ordinaire. A en juger par la contenance, ou plutôt la vacuité du récipient, l'impatience avait rongé sa tolérance. Suspectant une plausible forme d'ébriété avancée, j'entamai une première approche, visant à jauger sa lucidité tout comme la teneur de sa loquacité.  « Voilà une bien sordide entrée en matière. Te languissais-tu à ce point de ma compagnie pour qu'une telle soif s'imposât ? » En maître mot que constituait la taquinerie au cœur dans nos échanges, celle-ci ouata d'emblée le corps de la conversation. Toute espièglerie introduite en préambule n'endigua point un minimum de bienséance, à laquelle un individu de ma condition se prêtait irréductiblement.  « Tu me vois navré pour ce retard. Une curieuse correspondance m'a été livrée alors que je faisais route. » Je m'installai, ôtant ma cape par souci de confort, puis entrai dans le vif du sujet.  « Que me vaut ce service que tu souhaites quérir ? »

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