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 [XVIII] - Entretien autour d'un thé

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Mer 23 Jan 2019, 19:13


Catégorie de quête : XVIII. Persuasion
Intrigue/Objectif : Suite directe de sa fiche de présentation. Siruu ayant terminé son cursus en journalisme, il veut obtenir un métier plus calme, et espère pouvoir mettre de côté sa carrière d'empoisonneur un petit moment. Pour ce faire, il cherche à avoir l'appui de l'un de ses anciens professeurs.




Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

La vie citadine avait du bon, mais ses points positifs n'éclipsaient pas ses défauts. Les appartements que le sorcier occupait n’étaient pas bien grands et si, en tant qu’ermite, Siruu avait eu tout le loisir de se laver dans un lac ou un cours d’eau, ce n’était plus le cas en ce jour. Les bassines étaient des objets détestables, il en était certain. Le mage noir continua d’ailleurs de pester contre les tracas du quotidien urbain tandis que ses cheveux séchaient, enturbannés dans un tissu que le mage avait créé autour de son crâne. Il devait à tout prix éviter d’être en retard. Staurakios ne manquait pas d’exigence : réussir à l’amadouer pourrait rapporter beaucoup, alors qu’enchaîner les diplômes n’allait pas l’aider outre mesure.
Tolshem. Une famille assez peu reconnue, arrivant à tenir le cap tant bien que mal, à un rythme équivalent à un génie toutes les trois générations. Assez pour survivre à un niveau honorable, trop peu pour s’élever. Ils ne pouvaient se hisser aux sommets en s’appuyant sur un seul prodige. Se reposer uniquement sur Staurakios serait inutile. Cependant, lui pouvait compter sur les autres. Ce climat créait un terreau fertile pour Siruu et tous les autres opportunistes. Si quelqu’un réussissait à devenir l’allié ou l’ami de l'un de ces virtuoses des mots, la réussite sociale serait assurée.
L’empoisonneur prenait compte de ces circonstances. Il ne devait pas se presser, faire de grands sourires ou jouer les personnages énigmatiques de bas étage. Son rôle serait plus en subtilité : Siruu devait être trop honnête, détaché, agir comme un surdoué parfait à exploiter. Tant pis si le masque finissait par tomber. Il n’avait jamais été très bon comédien.
Parfois, le mage noir se demandait pourquoi chercher cette victoire sociale. En vérité, il n’en avait aucune idée. C’était peut-être, tout simplement, de la curiosité. Dans sa vie de monsieur tout le monde, tout ce qu’on lui avait offert était du temps, des informations et des légendes à foison. Survivre à l’épreuve du premier, déformer les deuxièmes, être à l’origine des derniers : là se cachait son objectif. Siruu en avait assez d’être en bas et de se nourrir intellectuellement de ce qu’on voulait bien lui donner. Il voulait le contrôle, le pouvoir et, comme toujours, le savoir qui allait avec. Et s'il pouvait rester dans l'ombre durant cette ascension, la réussite n'en serait que plus savoureuse.
Trop pressé pour se permettre de penser, le sorcier enfila un costume simple avant de jeter un dernier regard vers l’escalier menant à sa cave. Il allait devoir nettoyer le sang du sol, en rentrant. Son nez était particulièrement sensible aux mauvaises odeurs, et la magie des runes laissait des traces.


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« Vous n’êtes pas bien en avance. » Ce genre de réplique était prévisible, mais ne rassurait pas l’étudiant. « Oui, veuillez m’excuser. » Siruu aurait bien aimé ajouter un 'ça ne se reproduira plus', mais il n’était pas même certain de rencontrer Staurakios à l’avenir. C’était maintenant ou jamais. « C’est déjà pardonné. » Le professeur lui fit signe de s’asseoir, tout en conservant son regard vague. S’installer en terrasse n’était pas une excellente idée compte tenu du climat parfois capricieux de la Vorace, mais l’apôtre obscur n’allait pas s’amuser à négocier le moindre détail. Il comptait obtenir une recommandation : rien de plus, rien de moins.
« J’ai bien aimé vos travaux, Sirh Juuka. Vous avez réussi à mêler quelques connaissances scientifiques à un style agréable et clair, tout en préservant l’information. » Le rédacteur jouait aux flagorneurs pour déstabiliser, c’était évident. « Votre compliment me va droit au cœur. Cependant, je ne sais pas s’il a une quelconque valeur. » Tout était une question de répartie, avec les Hommes de lettres. Les remarques cinglantes faisaient partie de l’arsenal du sorcier. Son interlocuteur, surpris comme il s’attendait à l’être, haussa un sourcil et reposa son dos sur la chaise.
« Je ne vous apprends rien en disant que les mots ont l’intérêt qu’on veut leur donner puisque c’est vous-même qui me l’avez enseigné. Ce qui compte... » Presque didactique dans sa démarche, le blond laissa son professeur compléter sa phrase. « Ce sont les actes. » Staurakios esquissa un sourire. Renverser l’ordre des choses, laisser son instructeur en second-plan dans sa démonstration… c’était un tour de force rhétorique intéressant.
« Vous avez tout à fait raison. J’avoue moi-même volontiers avoir eu besoin de plusieurs coups de pouce. » Le rédacteur marqua une pause, regardant son ancien élève dans les yeux. Siruu aurait pu intervenir et placer un trait d’esprit interrogatif, mais n’était pas encore assez confiant dans son éloquence pour cela. Il valait mieux faire peu et bien, que tenter d’impressionner le plus possible. Les personnes comme Staurakios avaient déjà entendu mille pirouettes philosophiques insipides. « Cela dit, une telle action doit se mériter. Un professionnel appuyant la candidature de quelqu’un engage sa réputation, après tout. » Le professeur était loin d’être un imbécile, et savait qu’il possédait un avantage certain. Le persuader n’allait pas être chose aisée.


L’apôtre obscur ne savait pas si l’air se refroidissait ou si l’ambiance devenait terne. Pourtant, la conversation durait depuis ce qui semblait être une éternité. Le thé avait perdu toute chaleur, et faisait frissonner Siruu à chaque fois qu’il portait la tasse à ses lèvres. Ce n’était pas grave. De toute manière, il n’aimait les infusions que si elles venaient des cultures du Rocher au Clair de Lune, et ce n’était manifestement pas le cas de cette boisson-là. Les goûts de la classe moyenne pouvaient égaler ceux des bourgeois, parfois.
« Ancien rédacteur en chef de La Calamité, c’est un beau passif. Vous disiez avoir reçu de l’aide. Si vous deviez nommer quatre étapes de votre parcours, quelles seraient-elles ? » Le blond utilisait des formulations journalistiques volontairement, et n’hésitait pas à fixer son ancien professeur. « J’ai commencé pigiste, une agente s’occupait de me trouver des places. Comment s’appelait-elle, déjà ? Zélie Nianrah, c'est ça. Une femme charmante, qui n’a pas bien tourné. Elle est tout à fait capable de travailler, cela dit. »« Et vint votre mariage. » Siruu ne le cachait pas : il avait fait ses recherches. « Tout à fait. Deux alliances, une première promotion et les choses se sont enchaînées jusqu’à ce que je devienne rédacteur en chef. Après tout ça, j’ai reçu l’offre de l’université et j’ai enseigné ma discipline parmi d’autres professeurs tout aussi talentueux. Voilà vos quatre étapes. » La seconde partie demeurait la plus importante, aux yeux de Siruu. Le mariage. Quelles que soient les vantardises du professeur, ils ne les devaient qu’à sa femme, celle qui avait vu le talent en lui, celle qui l’avait financé, celle qui l’avait promu. L’apôtre obscur espérait secrètement obtenir une union aussi avantageuse : l’argent et la reconnaissance, obtenus par un simple bout de papier ? Voilà le rêve de plus d’un sorcier. Toutefois, n’importe qui pouvait deviner que Staurakios n’obtint pas son mariage aussi facilement qu’il le racontait. Les mages noirs ne font pas dans la charité.

« Vous prévoyez de devenir journaliste, donc ? Ce n’est pas l’investissement le plus rentable, ces temps-ci. » Les personnes travaillant dans son milieu pouvaient immédiatement voir de quoi Staurakios parlait. Les censeurs recevaient des directives claires, devant laisser transparaître une image parfaite du souverain. Néanmoins, lorsque ce dernier enchaîne les erreurs, il devient difficile d’imprimer le moindre contenu et, le marché forçant la parution fréquente des gazettes, les informations relayées s’en retrouvent d’autant plus amaigries. Ce phénomène n'aurait pas été un problème s'il ne causait pas une baisse certaine des ventes.
« C’est une profession qui m’intéresse, et je me vois mal pêcher le crabe. » Si Siruu s’évertuait jusque là à jouer un rôle, il n’avait pas à mentir face à cette question. « Les Naseph s’en sortent très bien. Ils sont même plutôt bons négociateurs. Il leur suffit d’enfiler des perles sur leurs filets de pêche et d’appeler ça une robe ondine hors de prix. » Les blagues entre vieux amis de guerre sont communes — bien que, dans le cas présent, le caractère amical de la relation liant les sorciers et les sirènes soit discutable —. Cette boutade-là ne brillait pas par son originalité, mais n’en restait pas moins efficace. Siruu se mit à rire. Il n’eut que peu de fois l’occasion de voir une ondine en habit traditionnel, mais leur sens de la pudeur lui avait toujours paru surprenant. De toute manière, les messieurs se plaignaient rarement de ces coutumes-là.
« Blague à part, le domaine est trop restrictif pour que je me permette de jouer avec le népotisme. Vous n’avez pas l’expérience, vous seriez mangé trop rapidement. Sachez que j’apprécie votre travail, malgré mon refus. » Refus. Le mot était donné. « On ne peut pas réussir à tous les coups. » L’apôtre obscur se sentait abattu par la nouvelle. Tous les efforts y avaient été mis, le retard était sa seule erreur. « Non, en effet. » L’on ne corrompt pas un mage de la corruption. Ce sont eux qui mènent la danse, et non l’inverse. Staurakios tenait probablement à le rappeler à son ancien élève. « Je vois. Je saurais me reconvertir si besoin est, et je n’abuserais pas plus de votre temps. » Se trouver une nouvelle lubie n’était pas compliqué, mais devoir abandonner la collecte et la diffusion d’informations ne plaisait pas au sorcier. Siruu devait prendre en compte ce nouveau contexte, en plus de se retenir d’essayer d’étrangler son interlocuteur. Personne n’aime échouer, surtout pas quelqu’un d’aussi ambitieux que lui.
« Vous me disiez quelques minutes plus tôt être intéressé par la profession, ce serait dommage de partir du territoire conquis. » Le professeur but d’un seul trait son thé, un léger sourire aux lèvres. « Vous vouliez une lettre de recommandation pour commencer avec de l’avance, je présume. Je ne vous la cèderais pas, certes, mais ce n’est pas une raison pour abandonner. » Il posa sa tasse, passablement écœuré par le goût de la boisson. « N’ai-je pas dit avoir commencé pigiste ? Si vous voulez atteindre le haut du panier, il va falloir démarrer au bas de l’échelle. »
Cela peut paraître bête à dire, mais Siruu n’avait pas envisagé cette manière de voir la situation. Le favoritisme lui semblait être la seule option viable. S’il devait travailler à la pige, sa situation risquerait bien vite de devenir précaire. L’apôtre obscur n’en avait pas fini avec les poisons, semblait-il. Les choses allaient être plus compliquées que prévu.
« Zélie Nianrah, donc. Savez-vous où je peux la trouver ? »« Pas exactement. Ses locaux ont bougé récemment. De ce que j’en sais, c’est ici à Amestris. Vous devrez pouvoir vous débrouiller avec ça, Sirh Juuka. Voyez ça comme une première recherche journalistique. » Sous ses airs de bougre aimable, Staurakios restait impitoyable. « Bien. Je vous remercie de vos conseils. En espérant vous revoir. » Les deux mages noirs se saluèrent, prêts à se retirer de la conversation.« Oh... avec un peu de chances, ce sera bien assez tôt. » Cet entretien paraissait finir sur une bonne note, mais reflétait simplement un triste constat : la voie royale, sans embûches ni écueils, n’existait pas.


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Cette journée ne devait pas contenir plus d’une contrariété. Si ce n’était pas le bon cabinet, si cette Zélie le refusait ou si les conditions le poussaient à devoir décliner sa candidature au dernier moment, Siruu chercherait probablement à incendier toute la ville. Bien évidemment, le sorcier savait que, le cas échéant, il serait arrêté dans l’heure. Il valait donc mieux pour lui que tout se passe à merveille. Ne pas avoir cette lettre était déjà suffisamment agaçant. Les mains réchauffées par son état d’esprit, le blond toqua contre la lourde porte en acajou.



Environ 1980 mots. J'ai chopé le nom Nianrah du RP de Vanille où elle arrache le cœur de l'Impératrice Noire parce que... pourquoi pas, ma foi xD. Mais s'il faut modifier pour une raison ou pour une autre, ça ne me dérange pas.
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